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FGSM3 - Formation Générale aux Soins Médicaux de niveau 3 MED0501 – Agent infectieux, Hygiène, Aspects généraux Pr L. ANDREOLETTI S5 – 18/09/2020 BOUVET Jeanne & LAMBA Jordana Correcteur : Iyman Oussily Cours 13 : Infections intestinales : rotavirus, adénovirus, norovirus Nous nous sommes servis du ronéo de l’année dernière pour compléter le nôtre car le diaporama seul n’était pas suffisant (notes en italique) I/ Les Virus Entériques : Diagnostic virologique, prise en charge et prévention 1) Introduction : Les virus entériques pénètrent par voie orale et passent par les entérocytes, lieu où ils exercent leur virulence. Attention, car tous les virus entériques ne donnent pas de gastro-entérites ! Les norovirus, rotavirus et les adénovirus sont les trois principaux virus responsables de gastro- entérites. Leur transmission s’effectue de manière féco-orale. Famille Genre Espèce Virus de Gastro- entérites Caliciviridae Norovirus Sapovirus norovirus virus sapporo 1/15

 · Web viewrare : 10% des sujets infectés ont des manifestations bégnines et 1% une forme paralytique Paralysie ascendante en quelques heures (Paralysie Flasques Aigues ou PFA)

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FGSM3 - Formation Générale aux Soins Médicaux de niveau 3

MED0501 – Agent infectieux, Hygiène, Aspects généraux

Pr L. ANDREOLETTI

S5 – 18/09/2020 BOUVET Jeanne & LAMBA Jordana

Correcteur : Iyman Oussily

Cours 13 : Infections intestinales : rotavirus, adénovirus,

norovirus

Nous nous sommes servis du ronéo de l’année dernière pour compléter le nôtre car le diaporama seul n’était pas suffisant (notes en italique)

I/ Les Virus Entériques : Diagnostic virologique, prise en charge et prévention

1) Introduction :

Les virus entériques pénètrent par voie orale et passent par les entérocytes, lieu où ils exercent leur virulence.

Attention, car tous les virus entériques ne donnent pas de gastro-entérites !

Les norovirus, rotavirus et les adénovirus sont les trois principaux virus responsables de gastro-entérites.

Leur transmission s’effectue de manière féco-orale.

Famille

Genre

Espèce

· Virus de Gastro-entérites

Caliciviridae

Astroviridae

Reoviridae

Coronaviridae

Adenoviridae

Parvoviridae

Norovirus

Sapovirus

Astrovirus

Rotavirus

Reovirus

Coronavirus

Torovirus

Mastadenovirus

Parvovirus

norovirus

virus sapporo

astrovirus

rotavirus (groupes A et C)

réovirus

coronavirus

torovirus

adénovirus type 40 et 41

parvovirus

· Virus des Hépatites

Picornaviridae

Hepeviridae

Hepatovirus

VHE

virus de l’hépatite A (VHA)

virus de l’hépatite E (VHE)

· Autres maladies

Picornaviridae

Adenoviridae

Enterovirus

Mastadenovirus

poliovirus, coxsackievirus A et B, ECHOvirus, enterovirus 68-71

adenovirus 40 et 41

Comme on peut le voir sur le tableau ci-dessus, les virus entériques sont répartis en 3 groupes de famille :

· Les virus de Gastro-entérites

· Les virus des Hépatites (A+E)

· Les autres virus

2) Modes de transmission :

Les virus se diffusent par contact (transmission de personne en personne).

Dans le cas d’une gastro-entérite, la transmission peut s’effectuer de différentes façons :

· Par la salive

· Par les mains

· Mais également par voie aérienne

Exemple de l’an dernier : Une maman qui contracte une gastro-entérite virale doit dans l’idéal porter un masque, des gants (voir même un vêtement de protection type surblouse) lorsqu’elle s’occupe de son enfant pour éviter de la lui transmettre car comme évoqué précédemment, la gastro-entérite se transmet principalement par contact.

En plus de la transmission par la salive, les mains ou l’air,

on peut tout aussi bien contracter une gastro-entérite en mangeant des aliments/plats préparés, également par contamination de l’environnement extérieur (ex : l’eau du robinet) mais aussi par la consommation de fruits ou légumes (pensez à bien laver vos fruits et légumes avant consommation).

Cours de l’an dernier :

· Les virus de gastro-entérites peuvent également être transmis par les fruits de mer, et notamment les huîtres car elles filtrent l’eau et si celle-ci est contaminée, les huîtres mangées seront elles aussi contaminées par le virus.

· La gastro entérite d’été est plus bactérienne

· Il y a également des transmissions par les collectivités risque d’épidémie++

3) Description des virus entériques :

Caractéristiques des virus entériques 

Transmission

· Virus= parasite intracellulaire obligatoire

· Structure simple, génome ARN

· Petite taille

· Non enveloppés

· Très résistants dans le milieu extérieur (cours de l’an dernier)

· Non détectable par les techniques classiques de virologie

Utilisation de la virologie moléculaire

· Directe : par les selles (HAV, HEV, Rotavirus, Norovirus…) et par les vomissures (Norovirus) car le norovirus donne beaucoup de vomissements donc si le patient vomit, le virus est transmis et peut contaminer tout le service.

· Les gastro-entérites peuvent aussi commencer par des vomissements donc pas forcément des diarrhées (cours de l’an dernier)

· Indirecte : eaux, aliments, crustacés, eaux de piscine

· Hautement contagieux : faibles doses infectieuses (1000 à 10000 particules virales par individu par excrétion de forte charges virales)

NB : Pour les patients immunodéprimés, possibilité d’évoluer vers une gastro-entérite chronique notamment les greffés de reins atteints de norovirus (évolution vers une forme chronique probable++) cours de l’an dernier

2 types de virus entériques

NON responsables de diarrhées

· Entérovirus (dont poliovirus)

· Hépatite A

· Hépatite E

Responsables de diarrhées

· Rotavirus

· Norovirus

· Adénovirus (sérotypes 40 et 41)

· Sapovirus

· Astrovirus

II/ Les virus entériques non responsables de diarrhées : les Entérovirus

1) Physiopathologie :

Les entérovirus sont très communs en pathologie humaine. Ils sont soit inhalés, soit ingérés.

Ils passent par 4 phases :

1) Phase digestive

2) Phase lymphatique

3) Phase virémique

4) Phase neurologique

C’est la phase d’incubation qui est d’une durée de 7 à 14 jours

Le virus se réplique dans les ganglions lymphatiques cervicaux ou mésentériques, ainsi que dans les structures lymphoïdes comme les amygdales, plaques de Peyer

Phase durant laquelle le virus est distribué vers les « organes cibles »

Ex : Organe cible = système nerveux pour la poliomyélite

Atteinte des motoneurones de la corne ventrale de la moelle spinale/épinière

Ex : le poliovirus, chef de file des entérovirus

Concernant la phase neurologique :

L’atteinte des motoneurones va être à l’origine des signes cliniques car les entérovirus (avec pour chef de file le poliovirus) sont les 1ères causes de méningites aseptiques chez l’enfant.

« Aseptique » fait référence au fait que c’est une méningite à liquide clair car si on effectue un prélèvement de LCR via une ponction il n’y aura pas la présence de germes infectieux.

L’absence de germes dans le prélèvement s’explique du fait que :

· Le LCR est contaminé durant 1 à 2 jours pendant la phase dite « d’état »

· Il va rester dans la gorge (c’est-à-dire la porte d’entrée du virus) durant 7-14 jours, puis dans le sang pendant environ 1-2 jours

· Le poliovirus est éliminé pendant 2 mois dans les selles.

L’enfant est donc porteur sain et transmet le virus via la voie d’élimination.

Conclusion : Si on veut déceler une méningite à entérovirus il faut faire une ponction du LCR, un prélèvement dans la gorge et dans les selles pour identifier la souche virale en question.

NB : Les informations ci-dessus proviennent du ronéo de l’an dernier car le prof n’a mis aucun commentaire concernant la physiopathologie des entérovirus.

2) Clinique des entérovirus :

En pathologie humaine

· Infections fréquentes

· Asymptomatiques ou bénignes dans plus de 90% des cas

· Gravissimes chez l’immunodéprimé et le nouveau-né

· Possibles atteintes cardiaques, hépatiques ou cutanéo-muqueuses (vésicules au niveau des pieds-mains-bouche/voile du palais chez les enfants)

· Virus neurotropes : atteintes méningées non exceptionnelles (épidémies de méningites aseptiques)

Comme entérovirus NON responsables de diarrhées nous prendrons les exemples de la Poliomyélite Antérieure aigue (ou PAA) et les Hépatites.

Poliomyélite Antérieure Aigue (ou PAA)

Clinique

Prévention

· Du grec : polios (gris) et myelos (moelle)

· Infection par le Poliovirus (1,2,3) de la substance grise de la corne antérieure de la moelle épinière atteinte des motoneurones

· L’Homme est le seul réservoir

· Expression clinique rare : 10% des sujets infectés ont des manifestations bégnines et 1% une forme paralytique

· Paralysie ascendante en quelques heures (Paralysie Flasques Aigues ou PFA)

· Mortalité entre 5 et 10% par paralysie des muscles respiratoires (« poumons d’acier »)

· Paralysies résiduelles à degrés variables

· Maladie à déclaration obligatoire (si souche de type sauvage URGENCE de santé publique, doit être notifié à l’OMS)

· Exceptionnelle dans les pays à haut niveau de vie, fréquentes chez les jeunes enfants (<5 ans) dans quelques foyers africains ou asiatiques où la PAA sévit sous forme épidémique, endémique ou sporadique.

· Avant l’ère vaccinal = 600 000 morts infantiles/an liées à la poliomyélite !

1988 : Plan d’éradication lancé par l’OMS :

Vaccin Polio Injectable ((VPI) en sous cutanée, souches Jonas Salk et Lépine)

· Inactivé (cultivé sur lignées cellulaires)

· Contient les 3 sérotypes de virus 1+2+3 =vaccin trivalent

· Immunité générale (IgG)

Vaccin Polio Oral (VPO, Sabin)

· Vivant atténué (réversion 1 cas sur 107)

· Contient aussi les 3 sérotypes= vaccin trivalent

· Immunité locale + générale (et collective)

· Faible coût de production mais thermolabile (bien respecter la chaîne du froid)

France : Vaccination OBLIGATOIRE depuis 1964 :

Enfants avant l’âge de 18 mois

Rappel tous les 10 ans

Les virus des Hépatites :

Hépatites virales = infections systémiques atteignant préférentiellement le foie, provoquant des lésions inflammatoires et des altérations hépatocytaires pouvant conduire dans certains cas à la fibrose puis la cirrhose.

Chez l’Homme :

· Hépatite A (VHA)

· Hépatite B (VHB)

· Hépatite C (VHC)

· Hépatite D (VHD, agent delta)

· Hépatite E (VHE)

· Virus de l’Hépatite A (VHA):

Définition

· Famille des Picornaviridae

· Genre Hepatovirus (VHA seul représentant du genre)

· Virus à ARN + non enveloppé

· 1 seul sérotype

Épidémiologie

· Virus strictement humain

· Contamination par voie digestive, féco-orale directe (mains) ou indirecte (coquillages, aliments ou eau contaminée)

· France : maladie à déclaration obligatoire depuis 2005

Zone tempérée :

- Fin d’automne

· Cas sporadiques ou petites épidémies limitées

· Endémicité faible

· < 20% des sujets ont des anticorps à 20 ans

Zone tropicale :

· Toute l’année

· Haute endémicité

· Anticorps présents chez la plupart des enfants <10 ans

· 70-100% des sujets ont des anticorps à 20 ans

Virus de l’Hépatite A

Clinique

Diagnostic

Prévention

· Incubation asymptomatique et courte : 10 jours à 6 semaines

· Une hépatite virale A évolue en 3 phases :

1) Pré-ictérique (1 à 3 semaines) : asthénie intense, anorexie, nausées, douleurs intermittentes hypochondre droit, asthénie, syndrome pseudo-grippal, parfois un rash

2) Ictérique (10 à 15 jours) : ictère, oligurie, décoloration des selles

3) Phase de convalescence (parfois plusieurs semaines)

· Formes cliniques majeures (hépatite fulminante) ou mineures, voire inapparentes (influence de l’âge+++)

· Bilan hépatique :

- Transaminases (ALAT surtout) très élevées (x20 à x40)

- Syndrome de rétention biliaire variable : élévation de la bilirubine sanguine

- Taux de prothrombine :si taux < 50% fait craindre une forme fulminaire (rare)

· Sérologie :

-test ELISA IgM (3mois)

· Virologie :

-PCR selles, sérum, salive (utile lors d’investigation d’épidémies)

· Prévention de l’hépatite A = règles d’hygiènes !

· Vaccination contre le VHA : proposé aux voyageurs (pays à l’hygiène précaire) ou sujets à risques, profession à risques, sujets autour d’un cas contact (dans les 8 jours si contage)

Vaccin inactivé (Havrix®)

· 1 injection puis rappels à 1 an et à 10 ans

Vaccin combiné VHA + VHB (Twinrix®)

Sur ce schéma, on voit que l’augmentation des transaminases se réalise en même temps que les IgM et IgG.

Les pics des transaminases et des IgM sont atteints au même moment.

Pour effectuer le diagnostic d’hépatite A, il est nécessaire d’effectuer une sérologie de l’hépatite A, à la recherche des IgM et des IgG anti-hépatite A.

La PCR peut être effectuée à partir de selles, de sérum ou de salive en complément du test sérologique mais ce n’est pas indiqué en pratique courante.

Donc, retenir que pour le diagnostic de l’hépatite A, on s’appuie sur la clinique et sur la sérologie.

(Le commentaire de la courbe vient du cours de l’an dernier car le prof n’a pas donné d’explication)

NB : Un patient ictérique n’a pas forcément une hépatite A car cela peut très bien être causé par une hépatite B, hépatite E ou herpès virus qui peuvent aussi provoquer une cytolyse hépatique.

(cours de l’an dernier)

· Virus de l’Hépatite E (VHE) :

Définition

· Famille Hepeviridae (seul membre)

· Virus à ARN + non enveloppé

Épidémiologie

· Transmission oro-fécale :

Par ingestion d’eau contaminée : génotype 1 et 2 responsables de grandes épidémies dans les zones à hygiène défectueuse : Asie (Inde), Afrique, Amérique du Sud (Mexique)

Par ingestion de viande mal cuite (porc+++) : génotypes 3 et 4 cas sporadiques dans les pays industrialisés : réservoir animal (porcs++, gibier)

Virus de l’Hépatite E

Clinique

Diagnostic

Prévention

· Idem que le VHA

· Pas de passage à la chronicité sauf chez les immunodéprimés

· Risque d’hépatite fulminante+++ chez la femme enceinte (3èmetrimestre surtout) avec risque de transmission materno-fœtale. Réalisation d’un contage viral lors du dépistage. Aujourd’hui, on interdit beaucoup d’aliments aux femmes enceintes (la viande mal cuite notamment pour éviter l’Hépatite E et le Toxoplasme

· Idem que le VHA (IgG et IgM)

· 2 examens sont plus souvent réalisés dans le cas du VHE : la PCR dans le sang et dans les selles avec une quantification. En effet, chez le sujet immunodéprimé, la PCR permettra de trancher si la sérologie n’est pas clairement positive ou négative.

· Règles d’hygiène comme pour le VHA (éviter de manger de la viande peu ou mal cuite et éviter l’eau contaminée)

· Pas de vaccin 

III/ Les virus entériques responsables de diarrhées

· La majorité des épisodes de gastro-entérite est due à des virus.

· Pas de diagnostic étiologique dans la plupart des cas.

· Ces virus surviennent davantage en hiver (différents des gastro-entérites parasitaires et bactériennes qui surviennent davantage pendant l’été)

· Reflet de l’amélioration du traitement des eaux. Exemple de la Suède : prévalence GEA été années 30 = hivers des années 80

· Risque de déshydratation majeure, en particulier chez les sujets fragiles comme le nourrisson, l’enfant et la personne âgée.

· Parmi les virus entériques responsables de diarrhées, on trouve : le Rotavirus, le Calicivirus (Norovirus et Sapovirus), l’Astrovirus, les Adénovirus 40 et 41.

· On retrouve également les Torovirus, Coronavirus, Picobirnavirus, Bocavirus humains, virus Aichi …

Structure

Virus

Acide nucléique

Enveloppe

Taille

Rotavirus

ARN

NON

80 nm

Calicivirus

ARN

NON

30 nm

Astrovirus

ARN

NON

30 nm

Adénovirus

ADN

NON

80 nm

Remarque : ce sont tous des virus à ARN sauf l’adénovirus et ils sont tous non enveloppés donc ils peuvent très facilement résister dans le milieu extérieur.

1) Epidémiologie des virus entériques responsables de diarrhées :

Les virus entériques responsables de diarrhées : épidémiologie

Virus

Fréquence

Epidémie

Rotavirus

+++

Hiver

Calicivirus

+++

Collectivités

Astrovirus

+++

Hiver

Adénovirus 40 et 41

±

0

Cas des Norovirus

· Nus donc résistants

· Transmission directe (de personne à personne) et indirecte (par l’eau et les aliments)

· Bonne efficacité de l’hypochlorite de sodium si concentrations > 160 ppm

· Inefficacité des solutions hydro-alcooliques : 0,14 à 0,34 log10

· Rinçage des mains à l’eau : 0,58 à 1,58 log10 (Liu P. et al., Appl Environ Microbiol, 2010)

· Infectivité élevée

· Il suffit de 10 à 100 particules virales pour infecter un individu

· 1010 virus /ml de selles

· D’après le cours de l’an dernier, un lavage des mains à l’eau savonneuse et à la solution hydro-alcoolique est indispensable pour se débarrasser du norovirus.

Harris et al., J Hosp Infect, 2010

47 articles évoquant 72 épidémies

Si procédures de contrôle : 16 jours

En l’absence de procédures de contrôle : 14 jours

Exemple : Sur une période de 3 jours, un pêcheur malade contamine 23 000 boisseaux d’huîtres vendues dans environ 14 Etat avec une seule souche de norovirus.

· 1ère cause de GEA dans les pays développés (85% des GEA tout âge confondu aux Pays-Bas)

· GEA (gastro-entérites aiguës) plus fréquentes chez les adultes que les enfants

· Epidémies de gastro-entérites en collectivité : EHPAD, bateaux de croisière, bateaux de guerre, hôpitaux, crèches …

Conclusion : si on voit une épidémie de gastro-entérite qui flambe dans une collectivité, en particulier chez les adultes, il faut penser au norovirus !

Cas des Rotavirus

30 à 50% des GEA (gastro-entérites aiguës) de l’enfant

70% des GEA durant la 1ère année de la vie

Touchera tous les enfants avant l’âge de 5 ans

140 millions de cas/an

18 millions de diarrhées sévères

600 000 à 800 000 décès/an dans les pays en voie de développement

Retentissements des rotavirus

Pays développés : principale cause d’hospitalisation des nourrissons

1ère cause d’infections nosocomiales pédiatriques (saturation des urgences pédiatriques lors d’une épidémie de gastro-entérite à rotavirus -> contamination des enfants qui viennent aux urgences pour une autre raison + environ 20% des enfants souffrant de gastro-entérite sont contaminés par ceux venant pour une infection respiratoire. C’est la hantise des pédiatres car l’enfant sort avec une infection qu’il n’avait pas initialement : c’est une infection nosocomiale. Au vu de la période d’incubation, on considère que tout enfant déclarant une gastro-entérite au bout de 48h d’hospitalisation a une infection nosocomiale.)

Epidémie de GEA en décembre-janvier, concomitante des épidémies de viroses respiratoires (VRS, grippe) créant un engorgement des hôpitaux

Impact économique important :

France : 3 millions de consultations médicales/an

USA : 220 000 hospitalisations/an chez l’enfant < 5 ans

· Coût direct : 500 millions de dollars

Vaccination (non obligatoire) dès 2 mois et avant la 24ème semaine de vie (voie orale, obtenus à partir de rotavirus animaux)

Indiqués ++ chez les enfants prématurés et/ou présentant une malformation congénitale ++++

Cas des Astrovirus

· 1,5 à 9% des selles d’enfants diarrhéiques

· 75% des enfants séropositifs à 10 ans

· Epidémies de gastro-entérites en collectivité : hôpitaux, maisons de retraite, crèches …

· Etiologie de GEA sous-estimée ?

· Recherche d’astrovirus quand norovirus et rotavirus sont négatifs.

Cas des Adénovirus

· Cause endémique de GEA (5%) en collectivité (maisons de retraite, hôpitaux, crèches et orphelinats)

· Tous âges

· Responsables d’infections sévères : entérocolites nécrosantes

· Chez l’immunodéprimé : rejets de greffe (GvH : réaction du greffon contre l’hôte, il faut donc faire une PCR chez les immunodéprimés)

2) Clinique des virus entériques responsables de diarrhées :

· Incubation courte (12 à 48h) (rappel : un enfant hospitalisé depuis plus de 48h présentant une GEA aura une GEA nosocomiale)

· Durée courte (2 à 3 jours max)

· Début brutal

· Diarrhées aqueuses : ni glaire ni sang. La présence de sang évoque une nécrose qui peut être liée à une amibe et les glaires (sécrétions muqueuses de défense) peuvent être consécutives à une infection bactérienne.

· Vomissements

· Fièvre modérée < 39°C (cours de l’année dernière)

· Douleurs abdominales à la palpation (cadre colique)

· Déshydratation (éventuellement intra et extracellulaire) avec troubles hydroélectrolytiques : faire un ionogramme

· Irritabilité, anorexie

· Nombreuses formes asymptomatiques ou modérées (Adéno et Rota +++) chez l’enfant et chez l’adulte (exemple de l’externe en pédiatrie non immunisé pendant son enfance, il peut être infecté par le rotavirus pendant son stage : vomissements, asthénie, diarrhées)

3) Excrétion du virus : cas des Norovirus :

· Chez l’immunocompétent : excrétion virale 15h p.i. avec un pic à 24-48 heures et jusqu’à 14 jours

· Chez le patient transplanté : infection virale persistante et diarrhées intermittentes pendant 97 à 898 jours

4) Diagnostic des virus entériques responsables de diarrhées :

Il y a deux niveaux de diagnostic : pas de sérologie et l’agglutination ainsi que le test ELISA ne sont plus utilisés (cours de l’année dernière)

4.1) Immunochromatographie :

Après dépôt d’un échantillon de selles sur une carte, on observe une migration. Le repère correspondant nous indiquera s’il s’agit d’un adénovirus ou d’un rotavirus dans le cas où les Ag seraient présents (cours de l’année dernière)

4.2) PCR :

Aujourd’hui, on peut faire des PCR norovirus, rotavirus, adénovirus en particulier chez l’immunodéprimé ou chez l’enfant en réanimation. On ne peut pas faire des PCR à tout le monde (problématique de coût …) (cours de l’année dernière)

4.3) Conduite à tenir si réception d’une selle pour « recherche virus » : organigramme à connaître par cœur d’après le cours de l’année dernière

5) Traitement et prophylaxie des virus entériques responsables de diarrhées :

· Pas de traitement antiviral

· 1 vaccin rota oral à virus vivant atténué

· Prévention = hygiène (lavage des mains) / précautions de type contact (lavage de mains, utilisation de solution hydroalcoolique, port de gants et d’une surblouse) d’après le cours de l’année dernière

· Traitement symptomatique = réhydratation

· Voie orale :

Soluté de réhydratation orale (SRO) sodium-glucose

A proposer frais, en petites quantités, à volonté

Prescription systématique +++

· Voie intraveineuse :

Si perte de poids > 10% du poids du corps (en particulier chez l’enfant, pose d’une voie intraveineuse avant que la déshydratation ne soit encore plus avancée car sinon il faudra lui poser une voie centrale. Parmi les signes cliniques de déshydratation de l’enfant, on trouve : hypotonie, hypotension, pli cutané, dépression de la fontanelle, yeux cernés)

Cas clinique

Lisa, 2 mois, hospitalisée pour une bronchiolite début mars… (bronchiolite = inflammation des bronchioles, le plus souvent d’étiologie virale VRS = virus respiratoire syncitial)

· Deux jours après son admission dans le service :

· Apparition de selles liquides profuses, 2 épisodes de vomissements.

· A l’examen :

· Ventre ballonné mais souple avec augmentation des bruits hydro-aériques, poids de 4,8 kg

(poids d’entrée = 5kg), pas d’autres signes de déshydratation

· Lisa continue de bien boire ses biberons.

Quel diagnostic évoquez-vous ?

Diagnostic :

· Gastro-entérite aigue

· Nosocomiale

· Sans signes de gravité

· Chez un nourrisson de 2 mois car apparition d’un tableau digestif typique sans signes de déshydratation majeure (perte de poids 4%, isolée) en cours d’hospitalisation

Quel est l’agent infectieux le plus probablement responsable de cette pathologie ?

Principal agent infectieux : - Le Rotavirus (autres : Adénovirus, Norovirus)

Diagnostic rapide (20 minutes) par test immunochromatographique

NB : Nous pouvons déjà penser que le virus le plus fréquent en pédiatrie au mois de mars chez un enfant/nourrisson est le rotavirus.

Pour le diagnostic : On ne fait pas de PCR : elle n’est pas immunodéprimée ni en réanimation donc on fait juste le test immunochromatographique qui va confirmer dans 90% des cas le diagnostic. (cours de l’an dernier)

Quelle prise en charge va être proposée à Lisa ?

· Isolement entérique (gants, surblouse = mesures de type contact à adopter)

· Mesures hygiéno-diététiques :

· Réhydratation orale avec un soluté de réhydratation (Adiaril®) proposé frais, en petites quantités, à volonté

· +/- Remplacement du lait habituel par un lait sans lactose (Diargal®)

· +/- Traitement anti-sécrétoire (Tiorfan®). Ne surtout pas donner de l’Imodium® car il y a un risque de perforation et d’occlusion du tube digestif en cas de présence d’une salmonelle ou d’une shigelle (d’après le cours de l’année dernière).

· Surveillance :

· Clinique+++, efficacité et tolérance du traitement : reprise de poids, fréquence des selles et des vomissements, tonus (température, tension, pouls, bonne hydratation) …

· Évolution :

· Le lendemain matin, malgré le traitement prescrit, Lisa ne va pas mieux.

Elle a toujours beaucoup de diarrhées, vomit de plus en plus et continue de perdre du poids…

· Vous la réexaminez : poids de 4,5kg (-10%), fontanelle déprimée, bébé hypotonique, hémodynamique conservée.

· Le bilan sanguin montre :

Natrémie

Kaliémie

Chlorémie

Réserve alcaline

Protidémie

150 mmol/L

3 mmol/L

90 mmol/L

13 mmol/L

80 g/L

Quelle prise en charge va être proposée à Lisa ?

Prise en charge :

· Mesures hygiéno-diététiques :

· EN URGENCE : Réhydratation parentérale avec un soluté glucosé polyionique

· Repos digestif avec un arrêt transitoire de l’alimentation (quelques heures)

· Surveillance :

· Clinique+++, efficacité et tolérance du traitement : reprise de poids, fréquence des selles et des vomissements, tonus…

· Biologique : correction progressive des désordres hydro-électrolytiques

Comment aurait-on pu essayer d’éviter tout ça ?

Prévention :

· Hygiène des mains+++ (personnel soignant, famille du patient) : eau savonneuse, SHA

· Respect des mesures d’isolement

· Limiter les contacts avec les sujets malades

· Vaccination orale anti-Rotavirus possible dès l’âge de 6 semaines (en pratique, 1ère dose administrée à 2 mois avec les 1er vaccins)

En général, devant un cas de GEA : cours de l’année dernière

· Identification : penser aux GEA d’origine virale

· Isoler

· Prévenir : mesures barrières

· Traiter

16/15