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1 Sénégal, 2009 Journal d’un récent voyage au Sénégal de Gail Kaneb et de sa famille Le Sénégal est un pays où les villages reculés sont à peine touchés par le temps, où la famille passe avant tout, où la communauté est une force puissante et où les habitants ont pour coutume d’accueillir les étrangers dans leur demeure. Voici le compte rendu de la visite de notre famille dans les dix villages que nous commanditons avec Tostan, une organisation sénégalaise sans but lucratif qui a créé le Programme de renforcement des capacités communautaires (PRCC). Dans le cadre du PRCC, qui s’échelonne sur trois ans, on enseigne au cours de la première année la démocratie et les droits de la personne ainsi que des notions en matière de santé, d’hygiène et de résolution de problèmes. Dans les deux années suivantes, la formation porte sur l’alphabétisation, le calcul, l’établissement du budget et le microcrédit. La participation au PRCC améliore nettement la santé et la prospérité des communautés, si bien que de nombreuses communautés veulent à leur tour y participer, et ce, même si elles doivent fournir le gîte et le couvert à un facilitateur pendant trois ans, construire un bâtiment pour l’école, élire un Comité de gestion communautaire de 17 membres et scolariser 30 adultes influents et 30 adolescents. Le Programme donne aux communautés l’information et les outils dont elles ont besoin pour prendre en main leur propre développement, amorcer un dialogue relativement aux droits et aux responsabilités, et prendre des décisions éclairées sur des enjeux tels que le mariage précoce et forcé, la mutilation génitale des femmes (MGF) et la scolarisation des filles et garçons. Nous pensions que le Programme allait avant tout contribuer à l’abandon de pratiques ancestrales. Mais les résultats ont dépassé de loin nos attentes… Ce journal, initialement écrit au jour le jour sur mon Blackberry, est le compte rendu de quatre incroyables journées dans la vie de notre famille.

BHPB Kaneb Journal Sep-09-fr - Bank of Montrealvillas et gratte-ciel. En quittant Dakar, le paysage se transforme, même si nous roulons encore sur du sable. Nous voyons notre premier

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Sénégal, 2009

Journal d’un récent voyage au Sénégal de Gail Kaneb et de sa famille

Le Sénégal est un pays où les villages reculés sont à peine touchés par le temps, où la famille passe avant tout, où la communauté est une force puissante et où les habitants ont pour coutume d’accueillir les étrangers dans leur demeure. Voici le compte rendu de la visite de notre famille dans les dix villages que nous commanditons avec Tostan, une organisation sénégalaise sans but lucratif qui a créé le Programme de renforcement des capacités communautaires (PRCC). Dans le cadre du PRCC, qui s’échelonne sur trois ans, on enseigne au cours de la première année la démocratie et les droits de la personne ainsi que des notions en matière de santé, d’hygiène et de résolution de problèmes. Dans les deux années suivantes, la formation porte sur l’alphabétisation, le calcul, l’établissement du budget et le microcrédit. La participation au PRCC améliore nettement la santé et la prospérité des communautés, si bien que de nombreuses communautés veulent à leur tour y participer, et ce, même si elles doivent fournir le gîte et le couvert à un facilitateur pendant trois ans, construire un bâtiment pour l’école, élire un Comité de gestion communautaire de 17 membres et scolariser 30 adultes influents et 30 adolescents. Le Programme donne aux communautés l’information et les outils dont elles ont besoin pour prendre en main leur propre développement, amorcer un dialogue relativement aux droits et aux responsabilités, et prendre des décisions éclairées sur des enjeux tels que le mariage précoce et forcé, la mutilation génitale des femmes (MGF) et la scolarisation des filles et garçons. Nous pensions que le Programme allait avant tout contribuer à l’abandon de pratiques ancestrales. Mais les résultats ont dépassé de loin nos attentes… Ce journal, initialement écrit au jour le jour sur mon Blackberry, est le compte rendu de quatre incroyables journées dans la vie de notre famille.

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Nos filles en tenue sénégalaise. Tostan respecte la culture et les coutumes africaines qui ne sont pas nuisibles.

À : Amis et parents Objet : Sénégal I Dakar est étonnante. Nous savions pour l’avoir lu que les marchands sont très insistants, et c’est vrai. Nous ne savions pas, cependant, que personne ne souffre de la faim, car les gens partagent leur nourriture. De même, il n’y a pas de sans-abri, puisque même les gens qui vivent dans une seule pièce trouvent toujours une place pour une personne de plus. Chaque fois que la voiture s’arrête, de jeunes garçons s’approchent, la main tendue pour une aumône. Ce sont les talibés, des garçons de la campagne envoyés à Dakar pour étudier le Coran. Leurs enseignants, appelés marabouts, ne sont pas rémunérés, si bien que les garçons passent la moitié de la journée à mendier et l’autre à étudier. Certains marabouts en profitent, et les élèves finissent par passer plus de temps à mendier qu’à apprendre. Mais récemment, des marabouts qui veulent changer la tradition ont manifesté, et essaient de trouver d’autres moyens d’amasser des fonds pour la nourriture, les vêtements et le logement des garçons. Le climat est exquis. Un soleil brillant, une légère brise marine, une fraîcheur dans l’air. Il y a longtemps, cette terre était couverte d’une savane, c’est-à-dire le nom donné aux prairies africaines qui hébergent des

animaux de safari. Maintenant, le Sahara gagne du terrain. Le sable est partout, retenu par des bandes de palmiers et des immeubles de tous genres – cabanes, villas et gratte-ciel. En quittant Dakar, le paysage se transforme, même si nous roulons encore sur du sable. Nous voyons notre premier baobab. Selon la légende wolof, c’était le plus bel arbre du monde, mais il est devenu vaniteux et Dieu l’a retourné à l’envers. On dirait un immense tronc enfoncé dans le sol, les racines pointant vers le ciel.

Après avoir roulé pendant deux heures, nous empruntons une route poussiéreuse qui mène au village où Molly a vécu pendant trois ans. C’est l’expérience de cette dernière parmi les villageois qui l’a amenée à fonder avec eux le Programme de renforcement des capacités communautaires, le cœur de Tostan.

Tom mesurant un baobab de 600 ans avec ses bras.

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Présidente du Comité de gestion communautaire Notre fils, George, et l’homme qui lui

a donné son nom sénégalais. Les ballons de soccer sont aussi précieux que l’or.

Les enfants sont beaux et pleins de santé. Les jeunes filles portent leurs jeunes frères et sœurs dès qu’ils peuvent s’accrocher.

Je pensais que nous faisions simplement un arrêt, mais je vois que les villageois sont assis en cercle, à l’ombre, et nous attendent visiblement. Nous descendons de la voiture et ils entonnent un chant en tapant des mains. Un homme mène le chant et nous répétons après lui. Les villageois sont chaleureux et accueillants, mais se tiennent à bonne distance de nous jusqu’au moment où je photographie les enfants et leur montrent les résultats. Ces derniers se rapprochent, touchent l’écran, se montrent du doigt, et s’exclament : « Pourriez-vous me prendre avec mes amis? » ou « Et moi et moi! » Je ne comprends pas leur langue, mais je comprends TRÈS bien ce qu’ils veulent.

Puis, une femme sculpturale, exceptionnellement belle, prend la parole. C’est la présidente du Comité de gestion communautaire, brillante, chaleureuse et gracieuse. Elle explique (avec traduction simultanée) qu’à l’arrivée de Molly, en 1982, les villageois se sont réunis pour discuter

de leur avenir. Ils ont établi 18 priorités, dont de l’eau potable, un endroit où les femmes pouvaient accoucher sans danger, un jardin, un four à pain, une école, un endroit pour entreposer le grain, etc.

Pendant qu’elle lisait chaque objectif et l’année de sa réalisation, les autres nous regardaient pour s’assurer que nous comprenions bien l’ampleur de ce qu’ils avaient accompli. C’était extraordinaire. Ils n’avaient reçu des fonds que pour trois ans, et après ils se sont débrouillés seuls, payant eux-mêmes pour certaines initiatives et demandant pour d’autres des subventions avec financement de contrepartie. Seulement trois de leurs objectifs n’ont pas encore été atteints, dont deux échappent à leur contrôle : l’électricité et une route pavée.

Un ancien, presque aveugle et tout de blanc vêtu, est guidé par un jeune homme. C’est un religieux, un imam réputé pour ses pouvoirs guérisseurs; il nous bénit tous, même les enfants assis calmement les mains ouvertes. Quand il a fini, nous portons les mains au visage, puis au cœur, nous imprégnant de ce qui nous entoure, la spiritualité, la beauté du moment et la bienveillance des gens. Puis vient notre tour de dire combien nous sommes honorés de leur accueil (ils n’ont rien à gagner de notre présence parmi eux) et impressionnés par leurs réalisations. Je leur présente les membres de ma famille, et pour chacun, un villageois se lève, lui prend la main, le regarde dans les yeux et lui donne un nom. Le

mien est Kumba Sar, le nom de la femme qui a « adopté » Molly lorsqu’elle vivait parmi eux. Un contact merveilleux

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Une infirmerie très bien organisée

Molly et le chef

Le Comité de gestion communautaire est tenu de rendre compte au village entier.

s’établit à travers le temps, l’espace et la race! Cette communauté réalise désormais ses propres études de faisabilité, s’occupe de sa comptabilité, forme son infirmière et possède une organisation enviable. Tout est formidable : leur fierté, leur peau radieuse, leur habillement, la propreté des adultes, la santé des enfants, l’infirmerie immaculée avec ses graphiques de vaccination…

Nous rencontrons le chef, un vieil homme sage qui ne voit presque rien. Il dessine deux arbres dans le sable et dit qu’on peut « nourrir » une personne comme on nourrit un arbre. « Vous avez deux arbres ici, celui qui est arrosé fleurit et prospère. Mais l’autre est fragile et sec. » Sa présence est apaisante, et les enfants l’écoutent silencieusement. Nous avons apporté deux ballons de soccer. Molly invite deux adolescents à les accepter. Un garçon et une fille s’approchent, et Molly demande à celle-ci si elle s’en servira. Elle dit oui, mais Bach, notre chauffeur, a des doutes. Les garçons sont les champions régionaux, et c’est probablement eux qui les utiliseront. Mais on ne sait jamais. Ce village a parcouru tellement de chemin. C’est ici que le PRCC a connu ses débuts, et il transforme le monde. Alors, on peut espérer qu’il sera assez facile de surmonter un obstacle tel que l’accès du soccer aux filles. Nous, Occidentaux, aurions beaucoup à apprendre de cette communauté, qui a uni ses efforts pour changer les choses. Le Programme est axé sur le développement durable, et c’est là sa grande qualité. Les fonds n’ont duré que trois ans, mais ont donné à la communauté les outils pour poursuivre son propre développement. Les gens sont en santé, TOUT est mis sur papier, chaque seau d’eau est comptabilisé, chaque pilule est payée. Les registres, qui remontent à 1982, sont très détaillés et révisés par le village entier tous les ans – un niveau de transparence et de bonne gouvernance rarement égalé. La première fois que Molly est venue au village, les gens vivaient dans des huttes au toit de chaume. Aujourd’hui, ils se sont enrichis et ont construit des maisons permanentes, une école, une infirmerie dirigée par une infirmière qui sert 21 communautés, un grenier, deux fours commerciaux, un projet d’engraissement d’animaux, une meule pour le maïs, une coop aviaire, un programme de microcrédit et un potager pour chaque famille. Ils dégagent une telle fierté et disent que tout est possible, pourvu qu’on y mette l’effort et les prières. Franchement impressionnant, Gail

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Les hommes et les garçons qui forment notre garde d’honneur.

L’accueil des villageois par une chaleur de 40 °C

À : Amis et parents Objet : Sénégal II La nuit dernière, nous avons dormi dans un vieil hôtel colonial français, sur le bord du majestueux et fougueux fleuve Sénégal. Nous sommes en route vers la région du Fouta, où nous commanditons le Programme dans certains villages. En 2002, les chefs religieux de cette région très traditionnelle avaient conseillé à Molly, la fondatrice de Tostan, de ne pas venir, car ils ne pouvaient pas garantir sa sécurité. Mais les femmes locales ont dit : « Venez tout de même, nous nous occuperons de votre sécurité. » Les villageois ont pu poursuivre le Programme et, depuis, la demande a été forte. Tostan a choisi cette région pour « notre » commandite, car c’est celle qui résiste le plus au changement, d’où l’importance d’amener les choses jusqu’à leur point de bascule. Nous traversons une région poussiéreuse, et il fait une chaleur intense. Les arbres et les buissons poussent à même le sable, mais leur feuillage est beige. Pour toute couleur, il n’y a que les vêtements des gens que nous croisons sur le bord de la route et le vert de l’occasionnel caroubier. Puis apparaissent soudain des hommes et des garçons, à cheval et à pied, nous attendant sous le soleil brûlant pour nous escorter. Nous suivons notre garde d’honneur jusqu’au bureau du sous-préfet, où se fait l’accueil officiel. Nous poussons ensuite jusqu’au village. Les gens ont revêtu leurs plus belles tenues, frappent des mains et chantent pour nous accueillir. Les larmes me montent aux yeux. Je regarde les femmes et les filles, reconnaissante pour cette occasion incroyable qui m’est donnée. C’est une chose d’en entendre parler, mais c’en est une toute autre d’échanger des regards, d’apprécier tous les préparatifs de notre visite, de sentir ce que cela représente pour elles… Le chef se lève pour parler des répercussions du Programme : les familles autrefois déchirées par le conflit se parlent maintenant, tous comprennent leurs droits et responsabilités, et réagissent aux

violations de ces droits dans leur propre communauté. Il a dit qu’ils avaient abandonné la pratique des mariages précoces et forcés et, à notre grand étonnement, qu’ils étaient en voie d’abandonner la mutilation génitale des femmes. Nous avions été avertis qu’il s’agissait d’un sujet absolument tabou dans cette région traditionnelle, que nous ne devions même pas prononcer le mot…

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Sketch sur le mariage précoce

Les hommes sourient et baissent la tête, se reconnaissant dans le

sketch.

Pourtant, voici le chef disant que la communauté songe à déclarer publiquement qu’elle abandonne la MGF, seulement huit mois après le début du Programme. Puis, quelques participants adultes du Programme ont monté et joué un sketch très convaincant sur le mariage précoce. C’est l’histoire d’un père qui se fait offrir cent mille francs (environ 200 $ - une somme énorme dans cette partie du monde) pour marier sa fille de 12 ans. La mère s’oppose, mais cède quand son mari lui rappelle à quel point la famille a faim et pourra désormais s’acheter un poulet. La fille essaie de contester, disant à son père qu’elle est première de classe, mais ce dernier dit qu’il divorcera d’avec sa femme si elle ne se soumet pas. Donc, la fille se marie, l’union est malheureuse et sa belle-mère est horrible. Elle tombe enceinte, son mari divorce d’avec elle, et elle retourne chez elle en larmes, complètement désemparée. Que va-t-elle faire maintenant? La mère crie après le père, disant que les amies de leur fille qui ont poursuivi leurs études ont aujourd’hui des emplois bien payés. L’enseignante vient les trouver et se met en colère contre le père, lui disant qu’il n’aurait pas dû retirer sa fille de l’école. D’autant plus qu’elle est trop jeune pour mettre un enfant au monde et risque de mourir en couches. Le père dit qu’il ne le savait pas, que c’est la faute de sa femme – elle ne lui a pas dit que sa fille pouvait mourir. Tout le monde rit… Le sketch, à la fois sérieux et sarcastique, plaît autant aux hommes qu’aux femmes, qui rient tout en se couvrant le visage d’embarras lorsqu’ils reconnaissent la réalité de la situation. Je comprends pour la première fois comment une soixantaine de personnes arrivent à diffuser leurs messages dans un village d’un millier de personnes et amener celles-ci à accepter de changer des coutumes vieilles de plus de 2 000 ans. Les discours se succèdent, traduits du peul au français, puis en anglais lorsque nous ne

comprenons pas leur français. Trois des dix villages de la région sont venus pour la célébration, et des représentants des classes et des comités se présentent tour à tour pour nous remercier du fond du cœur, les yeux dans les yeux, la main dans la main. À notre arrivée, les gens étaient solennels et le sont restés tout au long des présentations. Mais après avoir entendu mes trois mots de peul, ils se sont fendus d’un grand sourire. « Prenez une photo de notre groupe! Merci! Nous sommes si contents que vous soyez venus! » Ces communautés sont si chaleureuses et reconnaissantes, surtout que nous ne leur avons rien donné de tangible.

Mais l’éducation qu’elles reçoivent est une fenêtre sur le monde. Fini l’isolement, la soumission. Leur santé et celle de leurs filles ne sont plus à la merci des esprits. C’est un cri de victoire et non de détresse. C’est si touchant de voir que le Programme porte ses fruits. Affectueusement, Gail

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Nous avons été séduits par les petites filles.

Sachant maintenant qu’elles ont droit à leur propre voix, les femmes parlent publiquement, mais la transition est difficile. Cette femme tremblait en parlant des droits humains.

À : Amis et parents Objet : Sénégal III Nous poursuivons notre route, soulevant des nuages de poussière sous le soleil brûlant de la campagne, jusqu’à l’endroit où se sont réunis les cinq autres villages que nous commanditons. Nous avons l’impression de changer de siècle. Sur la route, nous voyons un homme s’enrouler la tête dans un turban, passer une robe et enfourcher un superbe cheval blanc, puis galoper jusqu’à nous. Il nous escorte jusqu’au village. Le reste de notre garde d’honneur nous attend à dos de cheval, des hommes vêtus du costume traditionnel et armés de fusils. Ils tirent une salve au sol, faisant jaillir le sable. Nous sortons de la voiture et marchons au centre des deux haies formées par les villageois, qui tapent des mains et chantent. Une femme à la peau d’albâtre commence à danser comme si elle avait vécu toute sa vie au Sénégal. C’est Diane, la sœur de Molly et une importante collaboratrice de Tostan. La foule se déchaîne; les gens sont transportés de joie chaque fois que nous montrons combien nous apprécions leur culture. Nous entrons dans un bâtiment fait de poteaux soutenant un toit de paille et nous assoyons au bout de la table. Devant nous, six jeunes filles en costume traditionnel, l’air solennel et concentré, tiennent des affiches proclamant l’importance de l’éducation des filles et de l’abandon du mariage précoce. Les filles et quelques femmes se sont maquillé le visage de noir, imitant un ancien tatouage. Malgré les lignes qui leur barrent le visage, elles sont si belles que je ne peux m’empêcher de prendre des dizaines et des dizaines de photos pendant qu’elles parlent et dansent.

Certaines femmes, vêtues de robes indigo traditionnelles, parlent à tour de rôle d’un droit de la personne et expliquent ce que celui-ci signifie pour elles. Par exemple, le droit à la survie veut dire qu’elles ont abandonné le mariage forcé et précoce ainsi que d’autres traditions qui peuvent conduire à la souffrance et à la mort. Le droit à un environnement sain veut dire que le village est désormais immaculé. Le droit à la santé veut dire qu’elles font maintenant la promotion de consultations pré et postnatales, que les enfants ont tous été vaccinés et que la malaria a considérablement reculé. Le droit à l’égalité veut dire que les filles peuvent aller à l’école et que les femmes n’ont pas à obéir aveuglément à leur mari. Le droit d’être libre de toute forme de violence veut dire que les filles et les femmes ne sont

plus battues. Il y a autant d’hommes que de femmes dans l’assistance, et tous appuient les changements. Les hommes perdent leur pouvoir sur les femmes, mais gagnent en retour une communauté plus saine, plus heureuse et plus prospère. Et au fond d’eux, lorsqu’on leur demande, ils savent que c’est la bonne chose à faire. Ce village particulier n’a pas encore abordé la question de la mutilation génitale des femmes. Le fils d’un chef religieux du village voisin a répandu des histoires, disant que Tostan est contre l’islam, et le village a failli laisser tomber le Programme. Mais le chef religieux d’ici est intervenu et a dit à sa communauté que Tostan n’impose rien, que son village participe au Programme, que les gens n’ont pas cessé de prier et que le village prendra ses propres décisions. Étant donné la campagne de salissage, les facilitateurs locaux, tous issus du même groupe ethnique, ont décidé de laisser la poussière retomber avant d’aborder les risques de la MGF pour la santé.

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Un flot d’un millier de personnes sortant de la célébration. Pendant que je me retourne pour prendre la photo, Tom me dit : « Nos enfants sont dans cette foule! »

Nos enfants au milieu des jeunes.

Des jeunes filles au visage maquillé de noir pour faire honneur à la coutume des tatouages.

Plus de mille personnes sont entassées dans le pavillon ombragé, sérieuses et joyeuses à la fois. Une fois les formalités terminées, les petites filles portant les affiches éclatent de rire, leur tâche bien accomplie, et les gens battent des mains et dansent en sortant. Nos enfants sortent avec la foule, qui forme une file le long de la route tout en battant des mains et en dansant. Ne les voyant pas faire, nous suivons Molly pour une visite du village et entrons dans une maison, étincelante de propreté. Tout est impeccable, même dans les villages qui n’attendaient pas notre visite. Je fais l’erreur de prendre des photos de quelques enfants, et me voilà assaillie de toutes parts. Une jeune fille de 12 ans m’aide à rétablir l’ordre. Elle est première de classe, me dit-elle, et aimerait avoir un ballon de soccer. Si elle avait un ballon, jouerait-elle, lui ai-je demandé. Bien sûr que oui, me répond-elle. Cela me désole vraiment de savoir que les garçons, et non les filles, finiront probablement avec le ballon. Mais comme nous n’avons pas donné deux ballons aux autres villages, nous ne pouvons le faire ici sans créer de remous. Nous allons certainement trouver un moyen d’envoyer des ballons au Sénégal, car ils sont précieux comme l’or. Et quand il y en aura assez, j’aimerais bien confier aux comités de gestion communautaires le dossier des filles et du soccer. Je sais qu’il faut choisir ses luttes, et celle-ci me plaît particulièrement. Nos enfants viennent nous chercher et nous quittons finalement le village, découvrant que des gens attendent encore sous le soleil ardent en battant des mains et en dansant pour nous dire au revoir. Une fois de plus, je suis abasourdie de constater combien il en coûte peu – maintenant 6 000 $ par année, pendant trois ans – pour transformer à jamais des milliers de vies. Je n’arrive pas à croire qu’enseigner de façon constructive des concepts comme la démocratie, les droits de la personne, la résolution de problèmes, l’hygiène et la santé puisse aboutir à une révolution pacifique qui met fin à des pratiques vieilles de 2 000 ans telles que le mariage précoce. Et nous n’avons pas encore abordé les questions d’alphabétisation, de calcul et de microcrédit! Je suis bien curieuse de voir ce qui se passera alors! Gail

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Khalidou, directeur du Programme pour Tostan au Sénégal, a décliné une invitation à

parler devant le Parlement européen pour être aux côtés des villageois qui avaient travaillé si

fort en prévision de notre visite.

L’homme sur la droite dégage une telle présence. Il enseigne aux élèves du secondaire de Podor et tente avec eux de mettre fin au mariage

précoce et à l’excision. C’est extraordinaire de voir les hommes

appuyer l’émancipation des femmes.

À Podor, on célèbre l’élection d’une femme à la mairie et d’un conseil municipal

entièrement féminin.

À : Amis et parents Objet : Sénégal IV Le matin, nous rencontrons les facilitateurs, superviseurs et coordonnateurs au bureau local de Tostan, d’une part pour rendre hommage à leur travail et, d’autre part, pour en apprendre davantage sur l’organisation et ses défis. Ce sont des gens extraordinaires, membres du même groupe ethnique, les Peuls, avec lequel ils travaillent. La plupart n’ont aucune éducation formelle, sauf celle qui leur a été donnée par Tostan. Sans le Programme, ils auraient quitté leur région pour chercher en ville des emplois qui n’existent pas. Ils sont visiblement fiers de leurs réalisations. Ils nous ont fourni des statistiques intéressantes : dans cette région, le Programme a été lancé il y a deux ans et comptait au départ 530 participants. Or, il y en a maintenant 562! La plupart des programmes d’alphabétisation en Afrique ont un taux de décrochage très élevé – entre 50 % et 80 %. Dans celui-ci, c’est le contraire qui s’est produit. Un groupe de femmes participant au Programme est venu nous retrouver. Depuis qu’elles savent qu’elles ont voix au chapitre, plus rien ne les arrête. Elles nous font savoir que nous aurions dû aller les visiter, puisque nous les commanditions, mais viennent quand même nous remercier. Molly leur demande quel a été l’élément le plus important pour elles. L’égalité, a dit une femme, qui avait cru jusque-là que la femme devait se tenir dans l’ombre, alors que maintenant, étant les égales des hommes, elles peuvent faire tout ce qu’ils font. Tom lui demande ce que son mari en pense, et elle répond qu’il est bien content – ils peuvent maintenant se disputer! Nous poursuivons notre route jusqu’à Podor, une petite ville qui a manifesté beaucoup d’animosité à l’égard de Tostan en 2002, croyant que l’organisation mettrait fin à la mutilation génitale des femmes. Huit femmes bien solides nous accompagnent pour la visite. Or, il se trouve qu’elles faisaient partie du groupe original, en 2002. Ce sont elles qui ont tenu tête aux chefs religieux, assurant ainsi la survie du Programme. Ce sont elles qui ont veillé à la sécurité de Molly lorsque les autorités ne voulaient pas le faire et elles encore qui ont

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Le succès de Tostan s’explique en partie par

l’hommage que le programme rend aux coutumes et talents locaux. Cette femme

dansait comme une déesse. Remarquez sa belle robe – par une chaleur de 45 °C!

demandé à Tostan de revenir pour établir un autre Programme. Elles nous ont dit que les choses avaient vraiment changé en sept ans. Le jour de notre visite, on procédait à l’investiture de la mairesse – une première –, et elles avaient toutes participé à sa campagne. Qui plus est, ces huit femmes avaient été élues au conseil municipal!

Ce sont des femmes extraordinaires. Les changements spectaculaires survenus depuis 2002 s’expliquent en partie par les nombreuses démarches qu’elles ont faites dans d’autres villages pour parler des droits de la personne et souligner que, dans ce contexte, des pratiques nuisibles comme l’excision et les mariages précoces et forcés n’ont plus de sens. Elles nous ont dit qu’à leur arrivée dans les villages, elles présentaient d’abord leurs expériences douloureuses et celles de leurs amies et parentes. Devant cette ouverture, les villageoises en faisaient autant, ce qui amenait les gens à se rendre compte à quel point les conséquences de ces pratiques étaient terribles.

Nous étions impressionnés par ces huit femmes. « Les gens croyaient que j’étais folle d’aller à l’école à mon âge! Mais regardez-moi aujourd’hui. Personne ne peut m’imposer quoi que ce soit », a dit l’une d’elles. Et une autre a ajouté : « Plus personne ne peut me mettre un morceau de papier entre les mains et essayer de me duper. Je sais lire maintenant! » En 2002, elles se cachaient derrière leurs écharpes lorsqu’elles parlaient. Aujourd’hui, elles mènent des campagnes sociales et politiques, elles occupent des postes dans la fonction publique, et pendant que nous étions là, elles organisaient une célébration pour des milliers de personnes. Chapeau! Affectueusement, Gail

Tout le monde veut participer à la célébration. Des gens sont installés sur les balcons, sur les flancs de la colline et même sur l’autre rive du fleuve, en Mauritanie.

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Un accueil des plus chaleureux dans l’un de « nos » villages

À : Amis et parents Objet : Sénégal V Sur le chemin du retour vers Dakar, nous nous arrêtons dans le village d’un vieux chef qui a développé le modèle de « diffusion organisée », et c’est grâce à cet homme que Tostan a pu contribuer au changement social dans des villages qui n’ont jamais eu accès au Programme, soit quatre fois plus de villages. En 1997, alors qu’un premier village venait d’abandonner la mutilation génitale des femmes, ce chef a dit à Molly qu’il était impossible de se limiter à ce village. Il lui a expliqué que les mariages se faisaient entre villages et non au sein d’un même village. Ainsi, tous les villages concernés devaient donner leur accord avant que ne soit abandonnée une pratique comme la MGF. Si tous acceptaient, il y aurait une déclaration publique d’abandon, et ce serait respecté. À Molly qui lui demandait ce dont il avait besoin pour réussir, le chef a répondu que s’il avait l’argent nécessaire pour prendre l’autobus, il se rendrait dans les autres villages et parlerait aux gens. Molly lui a donné l’argent, et il a passé trois mois à se promener de village en village. À la fin de son périple, les 13 villages concernés avaient fait la première déclaration publique d’abandon de la mutilation génitale des femmes. Le chef de ce petit village, un vieillard, s’est adressé à l’ONU et au Parlement britannique. Il connaît la valeur de l’enseignement qu’il a donné à Molly. Pourtant, il est humble. Il nous a regardés, nous a souri et nous a dit à peu près ceci : « Je suis un vieil homme. Qui aurait pu imaginer que je réussirais à changer tant de choses à mon âge? »

Nous avons fait un voyage extraordinaire. Nous avons été aux côtés de nos enfants, par qui tout a commencé. Nous avons dansé avec eux et les villageois, célébrant la joie de vivre, le changement et notre périple commun en Afrique. Nous avons vu des femmes de villages reculés sans éducation formelle retenir l’attention de milliers de gens. Nous avons été témoins de la reconnaissance des gens envers l’aide qui leur est donnée et de l’utilisation qu’ils en font pour s’aider eux-mêmes et aider les autres. Nous avons vu des hommes appuyer l’émancipation des femmes. Nous avons vu les pratiques de bonne gouvernance et

de transparence se maintenir au fil du temps. Nous savons désormais que Tostan est présente dans sept pays, même si le besoin est encore plus grand. Partout où nous allions, nous avons vu des gens aborder Molly pour que leur village puisse participer au Programme et bénéficier à leur tour des changements favorables qu’il suscite sur le plan de la société, de la santé et de l’économie – mais la demande est si forte qu’il est impossible d’y répondre. Jamais je ne m’attendais à voir toutes ces choses. Comment imaginer qu’en arrêtant sur le bord de la route pour acheter une robe, une femme viendrait vers nous et prendrait la main de Molly pour la remercier : elle avait participé au Programme et sa classe avait décidé de confectionner ces robes pour générer un revenu. Comment imaginer que les hommes allaient appuyer les femmes, au prix de leur propre pouvoir. Je n’avais jamais vraiment su qu’il était possible de rassembler les gens, village par village, et dans les villes, quartier par quartier, pour créer une vision commune et, avec des moyens très limités, la mettre en œuvre. Cette expérience m’a donné l’espoir. Gail

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À : Amis et parents Objet : OUPS! J’ai oublié d’expliquer… Une très bonne amie m’a fait remarquer que je parle de MGF sans vraiment expliquer de quoi il s’agit. L’acronyme désigne la mutilation génitale des femmes. Il ne faut pas croire que cette pratique est faite dans l’intention de blesser les femmes. En fait, les mères aiment leurs filles au point d’économiser pour payer l’intervention et pouvoir les marier. La MGF a de graves conséquences sur la santé : elle entraîne des douleurs terribles, des hémorragies et jusqu’à la mort dans certains cas. Plusieurs femmes disent avoir perdu une sœur ou une fille. D’atroces douleurs se produisent non seulement au moment de la mutilation, mais aussi des premières relations sexuelles et de l’accouchement. Il y a différentes formes de mutilation, la plus grave étant l’infibulation, qui consiste à coudre ensemble les lèvres du vagin. On a demandé à Tostan d’évaluer la situation à l’échelle de l’Afrique. Dans certains pays, on mutile jusqu’à 98 % des femmes. Dans les cinq premières années du PRCC au Sénégal, 173 villages ont abandonné cette pratique, et dans les cinq années suivantes, le mouvement s’est accéléré, et plus de 3 300 villages l’ont maintenant abandonnée. Compte tenu de ce résultat sans précédent, en 1998, divers organismes relevant de l’ONU (OMS, UNICEF, etc.) ont officiellement adopté ce modèle afin d’enrayer cette pratique. Tostan étonne par la manière dont elle obtient de tels résultats : elle ne prêche pas, mais donne aux communautés les outils nécessaires à leur propre développement. La première année, le facilitateur enseigne les droits de la personne et la démocratie, la santé et l’hygiène, et le processus de résolution de problème. Il ou elle demande toujours aux gens ce qu’ils souhaitent pour leur village, et la réponse est invariablement la santé et la prospérité. C’est aux villageois eux-mêmes de déterminer les pratiques qui les mèneront vers leurs objectifs et celles qui les en éloigneront. Voilà la méthode qui a permis de faire d’incroyables progrès dans les domaines suivants : - Abandon du mariage précoce et de la mutilation génitale des femmes - Inscription et maintien des filles (et d’un nombre plus grand de garçons) dans les écoles - Soins pré et postnataux, et vaccination des bébés - Villages propres et eau potable - Gouvernance démocratique et transparente des communautés, avec la participation des chefs traditionnels et religieux Dans les années deux et trois du Programme, le facilitateur enseigne à lire, à écrire et à calculer, à faire des budgets et des études de faisabilité, puis aide le Comité de gestion communautaire à établir une banque de microcrédit. Les villages qui ont eu accès au Programme gagnent en propreté, en santé et en prospérité, ce qui en accroît la demande. Avec 6 000 $ par année, pendant trois ans, on peut changer la vie d’un village entier. Cela revient à environ 6 $ par personne, par année. Incroyable, n’est-ce pas! Affectueusement, Gail

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Page 13 À : Amis et parents Objet : Ça ne s’arrête pas là… Les enfants ont quitté l’Afrique et nous restons pour passer du temps avec Molly et sa sœur Diane. Elles mettent la dernière main au programme d’une initiative des plus originales : l’alphabétisation par la messagerie texte. Pour la plupart des villageoises, nous dit Molly, savoir lire et écrire semble être un luxe. Elles ne peuvent s’imaginer avoir le temps de s’asseoir à l’écart pour lire un livre. Mais leurs maris travaillent dans des villes éloignées, et elles sont sans nouvelles d’eux pendant des mois. Le téléphone coûte trop cher, mais si elles savaient lire et écrire, elles pourraient leur envoyer des messages textes. Tostan a récemment évalué un modèle d’alphabétisation par la messagerie texte. Les résultats ont été phénoménaux et l’initiative a été intégrée au PRCC. En fait, l’utilisation de cette technologie pourrait révolutionner l’alphabétisation du monde en développement, car les villageois ont toute la motivation voulue pour apprendre – ils adorent le téléphone cellulaire et s’exercent quotidiennement à lire et à écrire. Et ce ne sont pas les seuls avantages : la télémessagerie leur donne accès à de l’information comme les prix des denrées sur le marché et les campagnes de vaccination, et leur permet de communiquer avec les membres de leur famille qui vivent à l’étranger et de faire appel à eux au moment de prendre d’importantes décisions. Molly est également très enthousiaste par rapport à une autre initiative : l’énergie solaire pour les villages reculés. En partenariat avec le Barefoot College, établi en Inde, Tostan forme des techniciennes solaires, soit des femmes âgées de 40 à 55 ans qui ont suivi le PRCC. Ces dernières vont en Inde pour suivre une formation de six mois sur l’installation, la maintenance et l’entretien d’unités d’énergie solaire capables d’alimenter une cinquantaine de foyers. De retour dans leur village, elles seront en mesure de former d’autres techniciennes. Imaginez si vous deviez faire une intervention médicale d’urgence à la lumière des chandelles ou d’une lampe au kérosène (qui éclaire mieux, mais dégage une fumée toxique), si vous n’aviez aucun moyen de recharger votre téléphone cellulaire, si votre ordinateur n’existait pas, si toute votre vie devait s’arrêter à la tombée de la nuit. Imaginez la perte de productivité, d’occasions et peut-être même de vies.

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Nous avons demandé à Molly comment allaient être choisis les villages participant au projet pilote. Le premier critère, nous a-t-elle dit, était l’éloignement et la bonne organisation de la communauté. Au Djibouti, par exemple, un village voulait absolument participer au PRCC, mais il n’y avait pas suffisamment d’argent pour le financer. La communauté a donc décidé d’envoyer une bénévole dans un village qui avait eu accès au Programme. Elle a suivi celui-ci et, à son retour, l’a donné gratuitement dans son propre village. Maintenant, une autre femme est partie en Inde suivre la formation en énergie solaire, et le village s’est engagé à lui verser une allocation de 6 $, qui servira aussi à payer en partie une pile de rechange. À son retour, elle ira dans les villages avoisinants pour installer des unités solaires et former d’autres techniciennes. Avec 400 $, on peut éclairer une famille et avec 20 000 $, un village entier. Plutôt incroyable. Affectueusement, Gail Ce journal est présenté par BMO Banque privée Harris. Pour obtenir de plus amples renseignements ou pour raconter votre propre histoire de réussite, communiquez avec Marvi Ricker, vice-présidente et directrice générale, Services conseils en philanthropie, BMO Banque privée Harris, au 1-866-310-6228. Ce journal est fourni à titre informatif seulement. Les opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement celles de BMO Banque privée Harris. Les services bancaires sont offerts au Canada par BMO Banque de Montréal, et aux États-Unis par Harris Private Bank, Harris Trust Savings Bank et ses filiales. Les services de gestion de portefeuille sont offerts par BMO Harris Gestion de placements inc., une filiale indirecte de la Banque de Montréal. Les services en matière successorale, fiduciaire et fiscale, d’administration, de planification et de garde de valeurs sont offerts par la Société de fiducie BMO, une filiale en propriété exclusive de la Banque de Montréal. Tous droits réservés © 2009, Banque de Montréal, 10/09. MD « BMO (le médaillon contenant le M souligné) Banque privée Harris » est une marque de commerce déposée de la Banque de Montréal, utilisée sous licence. MD Marque de commerce déposée de la Banque de Montréal, utilisée sous licence. Toutes les images sont reproduites avec autorisation.

Des mères et des grand-mères deviendront des techniciennes en énergie solaire dans leurs villages respectifs.