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World Library and Information Congress - 73rd IFLA General Conference and Council. Durban (Sudáfrica), 19-23.ago.2007. Ver "Bibliotecario" (http://biblio-tecario.blogspot.com.es/).
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Date : 07/08/2007
Bibliothques, peuples indignes, identit et inclusion
(intgration, amiti)
Edgardo Civallero
Universit nationale de Cordoba
Argentine
Meeting: 128-4 Division III (4) Simultaneous Interpretation: Yes
WORLD LIBRARY AND INFORMATION CONGRESS: 73RD IFLA GENERAL CONFERENCE AND COUNCIL
19-23 August 2007, Durban, South Africa http://www.ifla.org/iv/ifla73/index.htm
Rsum Les peuples originaires (natifs) reprsentent une majorit dmographique, de mme quune minorit sociale, dans de nombreux pays dAmrique Latine. Ils constituent la base
ethnique de la diversit culturelle du continent, une diversit compose de centaines de diffrentes langues, coutumes, religions, littratures, et traditions orales. Faiblement inclus dans le dveloppement social, mme sils ont atteint plusieurs succs au cours de leurs
luttes, ces groupes humains ont t discrimin et laiss de ct par presque chaque gouvernement. Leurs pertes incluent leurs langues maternelles, de mme quune grande
partie de leur culture originale. De plus, tant donn quils ont toujours transmis leurs
mmoires travers la tradition orale, leur histoire galement est en train de se perdre. Les services des bibliothques pour les populations aborignes ont t peu dvelopps en Amrique Latine, mme si des propositions intressantes existent. Parmi ces propositions, on compte le travail de lauteur, qui a mis en uvre des units dans le Nord-est de lArgentine, en introduisant des collections sonores dans les petites bibliothques invites
dans les coles, au sein de communauts natives. Ces collections rcupraient la tradition orale, et la connectaient avec le plan dtudes scolaire. Par lintermdiaire de ce matriel enregistr et sa transcription partielle en langue originelle et en castillan, une partie importante du patrimoine culturel de la communaut a t sauv de loubli, et a t utilis (en se servant de la langue aborigne) pour soutenir lducation interculturelle bilingue.
Dautres services, comme ceux des livres vivants , ont t mis en uvre pour revitaliser des anciens canaux dinformations.
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A travers ce type de services, les bibliothques peuvent rcuprer des identits en voie de disparition, et les soutenir pour encourager les socits indignes croire en eux mmes, en oubliant lexclusion sociale. De plus, en supportant lducation, pour les adultes mais
aussi pour les enfants, les bibliothques peuvent viter la perptuation de lignorance et la dsinformation qui a maintenu les communauts aborignes dans les tnbres pendant des sicles. La confrence prsente un rsum des expriences de lauteur, et quelques unes de ses ides sur les bibliothques indignes. A son tour, il expose un bref panorama de ltat
actuel de la question dans dautres parties de lAmrique Latine.
Mots cls
Bibliothques indignes peuples indignes identit inclusion sociale langues en
voie de disparition diversit culturelle
Identit, exclusion et bibliothques
Dans son uvre classique dintroduction la sociologie, Giddens (1944: 15) fournit une
juste dfinition de culture :
les valeurs que partagent les membres dun groupe donn, les normes selon lesquelles
ils agissent et les biens matriels quils produisent
La culture rassemble des valeurs, des ides et des biens, dans une structure dense et complexe qui met en relation et en contact les individus entre eux. La prise en charge des
caractristiques culturelles propres aboutit la cration dune identit, un ensemble de caractristiques qui identifie une personne et lui cre un sentiment dappartenance au
groupe. Selon Kleymeyer (1193: 18) :
La culture aide dterminer qui nous sommes, ce que nous pensons de nous mmes et
comment nous agissons envers les autres, aussi bien lintrieur ou lextrieur des
groupes auxquels nous appartenons .
Les pratiques culturelles et les perspectives propres de chaque ensemble dindividus se
constituent dans les caractristiques dune ethnicit, une identit comme une ethnie, comme un peuple. Les membres dun groupe se voient eux mmes comme culturellement
diffrents, et sont perus de la mme manire. Les diffrences entre les ethnies (du fait de
caractristiques comme la langue, lhistoire, lorigine sociale, la religion, les styles
vestimentaires, etc.) sont rarement neutres. Gnralement, elles sassocient a des
antagonismes entre groupes, des ingalits de richesses et de pouvoir, ou bien une
faon, la plus rpandue, de construire limage propre en la distinguant de celle de
l autre .
Les opinions ou attitudes observes par les membres dun groupe vis--vis dun autre,
gnralement soutenant des points de vue prconus, sappellent des prjugs. Lorsque
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cette opinion passe du plan idal au rel, et se concrtise en une attitude envers un
ensemble dtermin dindividus, on parle de discrimination : une srie dattitudes qui dsavantagent les membres dun groupe par rapport des opportunits qui sont ouvertes
dautres. Le dclassement, la mise au banc, peut se transformer en exclusion, cest--dire lannulation dopportunits, la fermeture totale des portes des individus dtermins ou
des groupes entiers. Selon le rapport Exclusion sociale au Royaume Unie , lexclusion
sociale est :
Cest lincapacit de notre socit maintenir tous les groupes et les individus la
hauteur de ce que nous esprons comme projet de socit [Ou bien] reconnatre son
complet potentiel
Le philosophe Alex Honnneth (1996) parle de lutte pour la reconnaissance , expliquant
qutre socialement exclu, cest tre priv de toute reconnaissance et valeur sociale.
LUNESCO signale, dans le rapport 2000 sur la Culture, lenracinement, le caractre
profond au niveau mondial, des problmes qui affectent les relations humaines : des pertes
didentits, le racisme, la xnophobie, la discriminationDe tels problmes sont
intrinsquement lis lidentit dun groupe humain, sa culture, ses mcanismes
dapprentissage, sa vision de l autre et son respect par rapport lui La mme
organisation internationale prcise dans la Dclaration des principes de la coopration
culturelle (1996), que toute culture a une identit et une valeur qui doivent tre
respectes et protges (art. 1. 1), et que tout peuple le droit et le devoir de
dvelopper sa culture (art. 1.2).
Les problmes de perte didentit, de pression culturelle, de discrimination et dexclusion
se retrouvent partout dans le monde. Dans le cas de lAmrique Latine, ce sont peut-tre
les peuples originaires qui doivent subir une plus grande pression au respect.
La bibliothque, institution gestionnaire de mmoires et de patrimoines, non seulement
peut se transformer en un outil de rcupration culturelle et de consolidation didentit,
mais elle peut galement fournir, en tant que centre dinformation, des services qui
plaident en faveur dune ralit pacifique et plurielle, et en faveur du rapprochement et de
linteraction constructive entre les groupes dominants et les minoritsDe mme, elle
peut-tre un outil dinclusion sociale en facilitant le processus de changement des
circonstances qui ont provoqu lexclusion. Au cur des populations indignes et en
accomplissant ces fonctions cites, la bibliothque aurait un important rle jouer.
Les bibliothques dans les communauts indignes : la thorie
La gographie latino-amricaine est profondment marque par les racines et les traces de
ses peuples originaires. Dcouverts par les explorateurs europens qui saventuraient au
del des frontires de leur propre monde (intellectuel et spatial), ces civilisations
peuplaient leurs terres depuis des millnaires en transitant de chemins en chemins, et en
dveloppant de trs riches traditions culturelles qui formaient un cadre complexe, diverse
et pluriel. Des milliers de langues rsonnaient sous ces cieux qui assistrent le devenir
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dtats et de groupes, la naissance et la mort de communauts entires et les conflits et
victoires de millions dindividus.
Le rsultat de la rencontre (ou peut-tre du choc forc ) entre les nouveaux venus et les
rsidents est connu de tous. Les livres dhistoire nous parlent des batailles, des massacres,
du gnocide, de la torture, de lhumiliation et de loubli qui est survenu ensuite avec
lesclavage, la discrimination et lexclusion...
Parler de cultures indignes ramne toujours la mmoire un pass douloureux (voir
quelquefois honteux). Pourtant, ces peuples ne sont pas un souvenir diffus des temps
passs. A travers les sicles, ils ont survcu et ils ont su sadapter, sans oublier leur identit
dans la plupart des cas, aux nouvelles circonstances sociopolitiques, aux nouveaux schmas
conomiques, aux nouvelles situations culturelles et de travail, au partage des terres ( de
leurs terres), aux strotypes et aux tiquettes dont on les a affubl tous les niveaux
concevables dloignement. Ces survivants, ces combattants, ces rsistants vivent aujourdhui. Et ils ne le font pas parmi nous, mais plutt avec nous . Mme si leur
sang est quelquefois mtiss, mme si quelques unes de leurs coutumes se sont affaiblies et
dilues au sein dune autre culture dominante, et mme sils sont considrs comme des
minorits (mme quand dans la plupart des cas ils sont majoritaires dmographiquement),
et mme si on continue les viter, ils sont encore l. Ils luttent, dfendent leurs racines et
leurs fruits, ils fleurissent, mme si beaucoup ne veulent pas le voir, ils crent, ils croient,
ils grandissent et cherchent trouver leur place dans un univers qui semploi les
considrer comme des reliques dun pass rvolu.
Ceux qui croient aux socits plurielles et qui dfendent outrance la valeur de la
diversit, du plurilinguisme et de la transculturalit reconnaissent immdiatement la
ncessit de soutenir la recherche des chemins de toutes ces communauts,
numriquement rduites aprs des annes de lutte, mais toujours actives. Ils reconnaissent
limportance profonde dviter les perspectives paternalistes et caritatives, daides qui
ressemblent plus des aumnes, de programmes orients pour imposer dautres ralits,
diffrentes des leurs. Ils reconnaissent lurgence dagir, de prendre parti, de tendre la main
et de porter sur leurs paules un travail qui a du commencer i l y a des sicles mais qui
continue tre relgu un futur incertain.
Il est ncessaire de commencer par une approche aux problmatiques relles des peuples
originaires latino-amricains. Au del des statistiques (inter)nationales et des dclarations
officielles (qui dhabitude se contentent de bonnes intentions mais ne se transforment que
trs rarement en actions), et au del des collaborations entre organismes qui tentent
daider daprs des cadres culturels et idologiques diffrents, il est ncessaire et urgent
dentendre la voix de ceux avec qui nous souhaitons collaborer. Eux, mieux que
quiconque, savent quel sont leurs problmes et leurs manques, ils savent ce quils veulent
pour leur futur, ils savent ce quils cherchentIls connaissent les solutions prcises leurs
problmes, mme si pour des motifs divers, ils ne peuvent les mettre en uvre. Les
couter, les comprendre, travailler avec eux ( perspective de dveloppement de base ), cest ainsi que doit dbuter nimporte quel programme de collaboration. Le bibliothcaire
ne doit pas tre ni un hros ni un sauveur mais seulement des mains qui aident,
collaborent et accompagnent sur le long chemin de rcupration didentits et de forces.
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La bibliothque peut (et doit) jouer un rle fondamental et dcisif au sein de la
rorganisation et de la revitalisation culturelle et sociale des communauts natives. En tant
que poumon culturel et gestionnaire de mmoires, linstitution peut effectuer son apport en processus de rcupration dhistoires perdues, de renforcement de la tradition orale et
des langues menaces et affaiblies, de promotion de lalphabtisation et de lducation
bilingue au primaire, de garantie des droits humains fondamentaux, de fourniture
dinformation stratgique sur la sant, de travail et de dveloppement soutenable, de
fourniture doutils de croissance et de bien-tre, de diversit, de formation et
dinformation, et surtout, de connexion du monde indigne la ralit internationale. Il
ne sagira pas de travailler avec des groupes humains de muses, mais avec des socits
vivantes et puissantes, avec lenvie de progresser, de dire leurs mots, de crier leurs voix, de
chanter leurs chants et de raconter leurs contes. Avec lenvie dapprendre, dacqurir le
meilleur de la culture dominante dans leur propre intrt, et de donner cette culture le
meilleur de la leur. Cest de cela que parle le dialogue interculturel, un dialogue qui a
chou pendant cinq sicles, et dont labsence a conduit la situation actuelle disolement,
de non communication et dincomprhension.
Du point de vue dune froide analyse bibliothconomique, une communaut indigne se
transforme immdiatement en usagers et services . Mais qui sont ces usagers ?
Comment vivent-ils ? Que cherchent-ils ? Quest quils ont dj ? De quoi manquent-ils ?
Comment leur donner ce quils cherchent ? Comment les aider ce quils y parviennent ?
Les rponses ces questions doivent tre intgres de faon rapide aux mthodes
dorganisation des bibliothcaires, pour que les rsultats de cette organisation, la
bibliothque, ses collections et ses activits, rpondent vritablement aux attentes de la
population utilisatrice. Il ne sagit pas dappliquer un modle dj utilis des
circonstances spciales : les greffes trangres en gnral chouent et sont rejetes par
nimporte quel systme organique. Il sagit plutt de crer un nouveau modle, unique et
imaginatif, qui sadapte au fur et mesure la propre volution de nimporte quel groupe
humain au travers dune mthodologie de recherche-action. Peut-tre serait-il ncessaire
de runir les outils mthodologiques qualitatifs issus dautres disciplines.
Linterdisciplinarit enrichit les horizons et les points de vue, en fournissant plus
dinstruments pour la recherche et lactivit.
Les bibliothques dans les communauts indignes : la pratique
Depuis 2000, diffrents modles de bibliothques indignes se sont progressivement
mis en place en Amrique Latine, en se servant dides dj utilises dans des units
multiculturelles de pays scandinaves ou de bibliothques aborignes australiennes, et en
cherchant et en dcouvrant, de mme, quelles sont les possibilits dans le contexte
rgional. Les propositions locales sont en gnral des projets petite chelle, mis en
pratique par des individus ou des petits groupes de recherche dans le champ des
universits, des institutions gouvernementales ou des ONG indpendantes. Dans la plupart
des cas, les modles thoriques sont construits depuis des perspectives interdisciplinaires
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qui incluent lanthropologie, lhistoire, lducation linguistique et le droit, en plus de la
bibliothconomie. Quelques uns des projets les plus connus ont t les suivants :
Argentine
-depuis la bibliothque du CIFMA (Centre Intgral de Formation dans la Modalit
Aborigne), dans le quartier Nal sous la prsidence de Roque Senz Pena (province de Chaco), on a fourni des outils et des services aux tudiants Qom, Moqoit y Wichi, en les incorporant leurs pratiques pour les transformer en matres auxiliaires dEIB. La
bibliothque est ouverte galement lensemble de la communaut de la zone.
-quelques bibliothques populaires et scolaires dans les quartiers Pitlax (dans la province
de Formosa) y Wichi y Av (dans la province de Salta) proposent quelques activits pour leurs usagers indignes.
-la Bibliothque Populaire Ethnique Qomlaqtaq est un projet intressant et novateur mis en place pour fournir des services la communaut Qom qui habite dans les zones suburbaines de la ville de Rosario (province de Santa Fe).
LUniversit Nationale de Comahue (Gnral Roca, province de Rio Negro) soutient
encore ltat de projet lide de gnrer la Bibliothque Mapuche et les peuples
originaires Nimi Quimn , un centre qui ferait le lien avec linstitution universitaire Bibliothque Ernesto Sbato ) et la communaut indigne (communaut urbaine Elel
Quimun )
Bolivie
-Des organisations comme le CIDOB (la Confdration des Peuples Indignes de Bolivie)
et leurs auxiliaires CIPOAP, CIRABO, CPILAP, CPIB, CPITCO, CPESC, APG et
ORCAWETA, dirigent des bibliothques, des liens et de linformation pertinente sur la
ralit originaire nationale, en proposant des services constants vers les communauts
natives de leurs rgions respectives.
-Des organismes comme lAPCOB (Aide pour le paysan indigne de la Bolivie orientale) et
autres membres de REDETBO (rseau dinformation ethnologique de Bolivie) comme
CEDEPA, CER-DET, CIDDEBENI, MACPIO, MUSEF, et la bibliothque ethnologique de
Cochabamba, possdent de nombreuses ressources dinformations (y compris audiovisuel)
autour des diffrentes ethnies du pays qui sont diffuses la fois auprs des secteurs
indignes et auprs de ceux non-indignes.
-Des initiatives aborignes comme Aymara Uta se distinguent ( La Maison Aymara , site
web ddi cette culture et cette langue) ainsi que des projets comme le THOA (Atelier
dHistoire Orale Andine).
Brsil
-Le muse Magta des Ticuna est install la confluence des fleuves Javari et haut
Solimes, tat dAmazonas. Il a une bibliothque annexe qui propose des activits de
collecte du patrimoine oral et de soutien aux matres dcoles bilingues.
-Des expriences similaires celle du Muse Magta se sont droules, plus petite
chelle, dans les escolas da floresta de la rgion dAcre, et dans la zone du Rio Negro.
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-La consultation de bibliothques virtuelles par Internet est une pratique courante parmi les Ticuna, les Waimiri-atroari, les Makuxi de Roraima, les Karaj, les Guarani et autres groupes de lAmazonie.
Colombie
-Les bibliothques municipales implantes dans la zone Wayuu de la Guajira sont un
excellent exemple dunits avec des services interculturels. Une de celles-ci, celle de Rio
Acha (capitale du dpartement de la Guajira) appartient la Banque de la Rpublique, et
fournit des services pour les usagers Wayuu et Alijuna. -Dautres units cres par les quatre villages originaires de la Sierra de Santa Marta, dans
la zone du Cesar, commencent collecter la tradition orale et des contes, et proposer des
services adquates lidiosyncrasie et aux attentes de leurs usagers.
Chili
Le bibliobus de lUfro (Universit de la Frontire, Temuco) et la DIBAM (Direction des
Bibliothques, des Archives, et des Muses) a t une activit dextension ralise en 1998
en territoire Mapuche. Cela incluait la cration dune audio thque mapudungu (enregistrement de cassettes en accord avec les demandes des communauts, selon les
centres dintrts, par lintermdiaire dun traducteur), et dun vaste travail avec la
communaut, en particulier avec les femmes et les enfants.
-le Centre de Documentation Indigne de lInstitut dEtudes Indignes (Universit de la
Frontire, Temuco) est ddi en priorit ltude de la culture Mapuche, et la diffusion de documents au sein de la communaut.
-Des bibliothques dorganisations comme LIWEN (disparue depuis 2005), et des archives
de radios indignes comme Wixa Agenay (Santiago de Chile, 2007) diffusent des
informations au sein des communauts rurales et urbaines Mapuche.
Mexique
Les salles communautaires dinformation Puebla, dans la zone Nhuat de la Sierra Central, se distinguent des autres. De telles units ont t des expriences menes par le
CESDER (Centre dEtudes pour le Dveloppement Rural) et son Centre dInformation et
de Documentation Lorenzo Servitje . Leurs services se sont bass sur la rcupration et
la diffusion de savoirs locaux et traditionnels.
Prou
-A Huancavelica (Sierra Central) le Rseau de Bibliothques Rurales fonctionne autour
dune dizaine de bibliothques qui servent la population, majoritairement Quechua, de la rgion.
-Dans les bibliothques populaires situes au sein des communauts Ashninka du grand Pajonal sest cre Ashninka Net, une des premires initiatives numriques de la zone qui comprend cette ethnie.
-Le projet de Bibliothque Quechua de Ayaviri (dpartement Puno) est spcialis sur
lactualit par la Prelatura de Ayaviri et le Collge de Bibliothcaires du Prou, et il inclut,
entre autres actions directes, la collecte de tradition orale locale.
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-Le rseau de bibliothques fluviales du haut Maraon a t un projet mis en place par la
Bibliothque Nationale du Prou en collaboration avec la OEA. Ils offraient des services
ponctuels aux usagers des villages Aguaruna et Huambisa.
Venezuela
-Le Systme National de Bibliothques Publiques du Venezuela entretient un service de
bibliothques mobiles (des fargues, des canots de servitude, des canos et des barques
passagers) tout au long des fleuves du bassin du haut Orinoco, avec des services en
majorit pour les indignes (surtout Piaroa). Lactivit est centre sur la Bibliothque Publique Centrale Simon Rodriguez Puerto Ayacucho, tat Amazonas.
-Le Systme dEcoles Boliviennes en rseau a t un projet exprimental implant dans
ltat de Zulia, ou vit lethnie Wayuu. Il sappuie sur les bibliothques et la participation de livres vivants.
Il existe des rfrences gnralistes sur les travaux dans les zones Aymara du nord du
Chili ; dans les bibliothques Guarani au Paraguay ; dans les units dinformation des
communauts Quechua (Otavalo, Salasaca, Napo) dEquateur ; chez les groupes afro-
descendants au Honduras, en Colombie, en Equateur et au Surinam ; dans les localits du
Costa Rica et du Panama ; et spcialement dans la zone maya du Guatemala et au sud de
Mexico. De plus, il existe des nouvelles sur les propositions dans les bibliothques de
frontire en Colombie, au Brsil, dans les coles et les missions religieuses de la zone nord
et nord-est de lArgentine. Il nexiste pas de bibliographie sur elles ni dautres rfrences
part celles strictement personnelles.
En Argentine, lauteur a dvelopp, depuis 2001, la mise en place et lvaluation dun
modle propre, destin satisfaire les ncessits des populations originaires de la rgion
NE du pays, ou sont rassembles les ethnies Qom, Moqoit, Pitlax et Wichi. Le projet, intitul Bibliothques Indignes a t rendu possible grce au soutien de plusieurs
donations, et se base sur lide dvaluer les demandes dinformation et les caractristiques
culturelles de chaque communaut pour essayer dapporter une rponse cohrente et
pertinente aux demandes similaires depuis la bibliothque, un organisme qui peut
modifier totalement sa structure pour sadapter de faon souple aux conditions les plus
diverses.
Exprience en Argentine : le projet Bibliothques indignes
Les premires approches des communauts indignes dans lesquelles il a t souhait
mettre en uvre le projet ont permis lauteur dvaluer la situation et didentifier les
besoins. Les destinataires ont mis en avant la ncessit de rcuprer la mmoire
communautaire, de revitaliser les expressions culturelles traditionnelles et la tradition
orale, et de faire en sorte que les gnrations les plus jeunes se les approprient. De mme,
ils ont souhait que la culture locale soit incluse dans les activits des coles (qui
comprennent, dans le NE argentin, quelques programmes dducation bilingue), et que
soit russit la manire dont on diffuse linformation prcieuse (sant, droits, travail,
dveloppement durable, technologie), en regroupant les canaux dinformations indignes
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de la communaut avec les moyens modernes utiliss par la bibliothque (criture et
nouvelles technologies).
Le rseau semble norme. Cela est du au fait que le modle traditionnel de la bibliothque
ne pouvait pas se mettre en place dans de tels contextes. Le manque de matriel crit et
dit en langue indigne tait (et est toujours) quasiment total. Par consquent, lauteur a
opt pour concevoir un modle propre bas principalement sur les collections sonores.
Les units seraient de taille rduite avec une structure flexible, elles seraient implantes
dans les coles, un endroit ou toute la communaut (et en particulier les jeunes) pourrait
se rencontrer. A leur tour, les documents sonores pourraient se transformer en matriaux
de pratique pour lenseignement bilingue.
Ensuite, la bibliothque a t dpouille de ses tagres et de ses murs, adapte aux
conditions climatiques et aux infrastructures extrmement dures, dpossde de ses
catalogues et de sa signalisation, et modifie totalement pour sadapter aux ncessits des
diffrentes communauts. Dans certaines de ces communauts, la bibliothque tait une
simple caisse conserve dans un coin de la salle de classe, dans dautres, ctait une tagre
bancale, et dans dautres ctait un sac indigne en fibre de caraguata
Le travail de recueil oral sest ralis entre 2002 et 2005, et mme sil fut long, il a pu
bnficier de la participation active des membres de la communaut, soucieux de ce que
leur culture et leur mmoire se transmettent. Des voix en quatre langues indignes ont t
enregistres sur de simples cassettes magntiques de 60 minutes, support le meilleur
march et le plus facile utiliser au sein des communauts. Les documents rcolts
comprenaient des mythes de la cration, des lgendes, des contes piques, des rcits
personnels, de lhistoire, de la mdecine, de la cuisine, des chants, des devinettes, des jeux
et dautres choses encore. En gnral, la transmission orale indigne saccompagne dautres
actes culturels, comme des chants, des danses, du langage corporel ou de la musique, des
lments qui nont pas toujours pu tre recueillis et enregistrs avec les moyens utiliss.
Les enregistrements ont permis de renouer avec des souvenirs quasiment oublis, et la
naissance despaces dans lesquels, nouveau, on pratiquait lart de parler. Cela a permis
lintroduction de livres vivants -narrateurs et conteurs dhistoires- dans les activits des
bibliothques.
Quelques uns des matriaux sonores ont t retranscrits en utilisant une adaptation de
lalphabet latin- et crits sur des supports papier, en particulier les contes et les lgendes.
Ce genre dcrits ont t illustrs par les enfants, et sont devenus des volumes de ces
bibliothques naissantes, et des textes pour la pratique de la lecture-criture de la langue
originaire.
Les canaux oraux ont t utiliss pour rcolter lhistoire locale, la gnalogie et la
gographie. Les coutumes sanitaires et la pharmacologie naturelle indigne ont t
recueillies et compares avec les connaissances mdicales modernes, en collaboration avec
des quipes mdicales locales. Des petits travaux sur les droits de lhomme ont t
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galement raliss, ainsi que sur la formation au travail, la gestion des ressources naturelles
et autres thmatiques similaires, en prenant toujours en compte les intrts du groupe
destinataire et ses priorits. Enfin, on a assist la naissance de services de lecture
familiale.
En 2004-2005, quelques uns des matriaux ont commenc tre numriss, de sorte que,
sur les ordinateurs donns par le gouvernement certaines coles communautaires, on a
pu couter les enregistrements sonores, et on a pu galement crire (et lire) quelques unes
des histoires du village. Etant donn que les matriaux produits par les bibliothques
appartiennent aux communauts respectives (car ils codifient leurs connaissances
traditionnelles), se seront elles qui dcideront du destin de ces documents.
La bibliothque a dmontr travers de petites expriences, quen tant adapte aux
circonstances (et non pas le contraire), elle pouvait apporter un grain de sable et atteindre
quelques marches de lchelle vers le bien-tre et la croissance.
Quelques mots pour la fin et un dbut
Le travaille avec les bibliothques indignes vient tout juste de commencer. Les
expriences continuent se dvelopper, modestes mais puissantes, avec peu daide
institutionnelle mais avec beaucoup de motivation de la part des chercheurs,
bibliothcaires et professionnels de linformation qui souhaitent les faire avancer. Les
archives sonores, les bibliothques mobiles et les livres en langue indignes sont encore
rares, de mme que les bibliothcaires formes au sein de la propre communaut native,
les trsors conus la hauteur des cultures originaires ou des codes de classification qui
abandonnent lhabitude de cataloguer les natifs comme des peuples primitifs . Les
travaux thoriques consacrs cette thmatique sont galement peu nombreux : tude des
usagers indignes, le travail avec des mthodes anthropologiques, la gestion de fonds
sonore, le recueil de tradition oral, le catalogage de documents en langues indignes
Parmi les nombreux services et activits qui pourraient se mettre en place dans une
bibliothque indigne qui a pour seul limite limagination et la disponibilit des
ressources-, ceux en lien avec le recueil de langues et de la tradition orale, de patrimoines
parls et dhistoires sonores, reprsentent une part importante. Ces services quelle que
soit la forme quils prennent- sauveront de loubli des sons et des mots qui reprsentent
une de nos plus grandes richesses comme espce. Non seulement ils la recueillent, mais ils
la conservent galement et ils la diffusent, pour quelle continue rsonner dans la bouche
des personnes parlant la langue, et dans les oreilles dautres individus, et enfin pour quelle
continue codifier des contes et des lgendes, des recettes et des remdes. Mais surtout,
cela permettra au gens qui parle la langue de rcuprer, de sapproprier et de valoriser leur
propre culture, leur identit, leur dignit
Et, travers de cette appropriation, se constituera une opportunit pour commencer
lchange et lapprentissage intergroupe et interculturel qui facilite linclusion sociale. En
effet, car lexclusion se fonde sur le prjug, cest--dire, sur la mconnaissance. Donc cest
11
seulement au travers de la connaissance que lon peut russir crer des ponts sur ces
failles construites par lhomme lui-mme, qui jour aprs jour, semploient diviser et
sparer de plus en plus lincroyable mosaque humaine.
Bibliographie cite
1. Giddens, Anthony. 1994. Sociologa. Madrid: Alianza. 2. Honneth, Axel. 1996. The Struggle for Recognition. Moral Grammar of Social Conflicts. Cambridge, Mass.: The MIT Press.
3. Kleymeyer, Charles D. (comp.) 1993. La expresin cultural y el desarrollo de base. Quito: Abya-Yala/Fundacin Interamericana.
4. UNESCO. 1966. Declaracin de los principios de la cooperacin cultural [En lnea]
disponible en http://portal.unesco.org/es/ev.php-
URL_ID=13147&URL_DO=DO_PRINTPAGE&URL_SECTION=201.html [Accesado el 27
de Mayo de 2007]
5. UNESCO. 2000. Diversidad cultural, conflicto y pluralismo: Informe Mundial sobre la Cultura [En lnea] disponible en http://www.unesco.org.uy/centro-montevideo/informecultura.pdf [Accesado el 27 de Mayo de 2007]
Traduction : Catherine Leclerc
Bibliothcaire adjointe
Service Recherche du muse national de la Marine
17, place du Trocadro
75116 Paris
Tl. 01 53 65 81 36