Upload
others
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Bilan de l’échange culturel et artistique 2019-2020 « Mentoullins »
Entre le lycée Parc Chabrières d’Oullins
Et le lycée Pierre et Marie Curie de Menton
2
Présentation du projet :
A l’initiative de Monsieur Ramo, ancien proviseur du lycée Parc Chabrières d’Oullins
et nouveau proviseur du lycée Pierre et Marie Curie de Menton, un échange culturel
et artistique a eu lieu pour la première fois entre des élèves des options artistiques
théâtre et arts plastiques. L’idée était de créer une dynamique entre les établissements
à travers une expérience artistique qui croise ces deux domaines. Cinq enseignants
se sont donc embarqués dans cette aventure inédite : Francine Capelletti (enseignante
en théâtre et italien) et Hervé Contoli (enseignant en arts plastiques) du lycée de
Menton et Quentin Delobel et David Rignault (enseignants de théâtre et de lettres)
avec Claire-Marie Durand-Bärtschi (enseignante d’arts plastiques) du lycée d’Oullins.
Pour mettre en œuvre ce projet sous l’angle de l’enrichissement culturel local et de la
création collective, deux approches ont été articulées : une découverte de quelques
sites et musées marquants de chaque ville et la rencontre d’une équipe artistique en
création ou en représentation au moment de la venue des élèves dans la ville d’accueil.
Ainsi, chacun des séjours s’est construit comme un tissage entre rencontres avec les
œuvres, les lieux et les artistes et création hybride entre arts plastiques et théâtre,
élèves de Menton et d’Oullins. Dès le début, les deux groupes ont formé une
dynamique en symbiose efficace qui a permis d’aboutir à des présentations de projets
remarquables de la part de tous les élèves.
Déroulement du projet :
Le projet s’est déroulé en deux temps :
- Du 14 au 16 octobre 2019 : venue des mentonnais à Oullins.
- Du 10 au 12 février 2020 : venue des oullinois à Menton.
Programme et déroulement de l’échange à Oullins :
Lundi 14 octobre 2020 :
Arrivée des mentonnais, accueil et repas commun.
L’après-midi fut consacré à la découverte de l’ancrage romain de Lyon avec la visite
de l’amphithéâtre gallo-romain, de l’importance de l’architecture religieuse avec la
visite de la Basilique de Fourvière et de la cathédrale Saint Jean et de l’influence
italienne avec le Vieux Lyon.
3
4
Mardi 15 octobre 2019 :
La matinée a été consacrée à la présentation du projet artistique sur lequel les élèves
allaient travailler pendant deux jours. Celui-ci s’est construit à partir de deux éléments :
la présentation au théâtre de la Mouche de Saint-Genis-Laval de la pièce « Cannes
39-90 » mise en scène par Etienne Gaudillère et la proximité entre Cannes et Menton.
De ce rapprochement est née l’idée de travailler sur la montée des marches et
d’interroger les caractéristiques de cet espace tant réel que symbolique. Les élèves
répartis par groupes mélangeant des mentonnais et des oullinois, des plasticiens et
des « théâtreux » devaient réfléchir aux enjeux de cet élément d’architecture.
Comment un élément fonctionnel placé dans un contexte de festival posait la question
des liens entre espace public et espace privé à travers la présence de différents
regards. En quoi devenait-il un moyen de stratégie de visibilité, de retrait ou
d’effacement ? L’escalier comme espace ascensionnel pouvait être appréhendé
comme une fabrique du regard, une machine à voir donc à penser à partir des postures
du montrer. De cette approche appuyée sur des références artistiques, les élèves ont
mis en place des présentations performatives qui croisaient créations plastiques,
théâtralisation et fictionnalisation.
Voici le document de travail qui leur a été donné :
Montée des marches, espace des regards
Atelier de pratique en dialogue avec le spectacle Cannes 39 - 90 mis en scène par Etienne
Gaudillière au théâtre de la Mouche que les élèves verront le mardi 15 octobre 2019.
Objectif : Travailler sur la prise de conscience et la matérialisation de la construction des
regards.
L'équipe de film : " Je me donne à regarder, je suis regardé ".
Le journaliste : " Je construis le cadre, donc le regard ".
Le public : "Je regarde celui qui construit le regard qui me dirige vers ceux qui se donnent à regarder
".
5
J'essaie alors de me donner à voir regardant ceux qui construisent le regard sur ceux qui se donnent
à voir
Qu'est-ce qu'un regard ?
→ C'est une action qui part des yeux et se fonde simultanément sur le point de vue et le
cadrage.
Le point de vue désigne d'où je regarde et dans quelle direction. Il permet de repérer à quelle distance
je me situe par rapport à ce que je regarde et dans quelle position (proche, lointain, frontal, en plongée,
en contre plongée).
Le cadrage renvoie au fait de déterminer les limites extérieures d'une image par rapport à la réalité
observée. Il permet de composer l'image en la découpant dans un ensemble plus vaste. Il relève donc
d'un choix qui permet de focaliser sur une partie précise de la réalité. Il désigne ainsi un hors-cadre.
→ Le regard désigne également l'expression des yeux de la personne regardant.
Demande :
- Constituer 4 groupes d’une dizaine d’élèves en respectant les binômes et en mélangeant les
options arts plastiques et théâtre.
- Diviser chaque groupe en 3 équipes : l'équipe du film, l'équipe des journalistes et l'équipe du
public.
Mettre en place une montée des marches qui rende visible le regard de chacune des équipes.
- Comment se positionnent les corps dans leurs attitudes, leurs postures, leurs jeux ?
- Quels éléments, quels dispositifs peuvent matérialiser ces différents regards ? Vous
réfléchirez à la question du cadrage, du point de vue et de l'éclairage.
La présentation finale du travail se fera mercredi en début d’après-midi.
Références aux champs artistiques :
- Nu descendant l'escalier N°2, Marcel DUCHAMP, 1912, huile sur toile.
- Shazam, Philippe DECOUFLE, "Le tableau des cadres", 1998.
- Cavale, Yohann BOURGEOIS, 2010.
L’après-midi, les élèves ont découvert le musée des Confluences à travers
l’architecture caractéristique du groupe Coop Himmelblau et les collections
consacrées à la naissance de l’humanité. Cette visite a été également l’occasion
d’interroger la fonction des escaliers très présents dans les espaces. Au-delà de
l’aspect fonctionnel, la dimension symbolique et poétique très marquée a permis de
concrétiser les analyses et questions travaillées le matin en atelier de pratique.
6
7
Le soir, les élèves sont allés voir le spectacle « Cannes 39-90 » d’Etienne Gaudillière
au théâtre de la Mouche à Saint-Genis-Laval. La façon dont le metteur en scène s’est
approprié les sources historiques et dont il a centré la scénographie autour d’escalier
monumental est entré en résonnance avec les projets de élèves. Loin des strass et
des paillettes souvent associés au festival de Cannes, c’est l’aspect politique et
contestataire qui a été privilégié. L’escalier était ainsi le vecteur d’échanges d’idées et
de réflexions sur le cinéma, la création et la politique culturelle de chacune des
périodes évoquées. Les élèves ont pu ainsi retraverser leurs intentions de projets et
les nourrir d’une dimension plus réflexive et critique.
Mercredi 16 octobre 2019 :
Le début de la matinée a été marquée par la rencontre avec Etienne Gaudillière. Ce
fut un temps d’échanges très riche croisant le parcours personnel du metteur en scène,
le contexte de création du spectacle, les recherches de documents historiques, la
question de l’écriture et de la scénographie avec la perception du spectacle par les
8
élèves. Un échange entre orientation, regard critique et approche technique qui a
relancé le travail des élèves de façon beaucoup plus concrète et éclairée.
Rencontre et échanges avec Etienne Gaudillière au lycée
Le reste de la journée a été consacré à la réalisation et à la finalisation des projets.
A 15 heures, chaque groupe a présenté son projet sous forme performative en
présence d’Etienne Gaudillière et de la direction du lycée. L’énergie déployée pour
aboutir à des prestations achevées et de qualité fut remarquable. Tous les élèves se
sont pleinement investis et la fusion entre les lycées était telle qu’il était difficile de
discerner d’où venaient chaque élève.
9
Présentation publique avec M.Savey et Mme Gruson
10
Les discutions après la présentation publique sont venues enrichir la compréhension
des projets et leurs enjeux. Un moment de parole très humain et très constructif a
conclu cette première étape de l’échange.
11
Echanges avec Etienne Gaudillière
12
Programme et déroulement de l’échange à Menton :
Lundi 10 février 2020 :
Après des retrouvailles à la gare de Nice, nous sommes allés visiter la parfumerie
Fragonard et son atelier. Une plongée poétique et scientifique dans la région
prolongée par une promenade bucolique et pittoresque du village d’Eze et de son
jardin exotique.
La seconde partie de l’après-midi a été consacrée à la visite guidée de l'architecture
du vieux Menton avec un patrimoine exceptionnel caractérisé par ses églises baroques
et ses ruelles en pente.
Le village d’Eze
13
La parfumerie Fragonard
14
Au départ du chemin de Nietszche, le château d'Eze.
Visite du Vieux Menton
15
Mardi 11 février 2020 :
Cette journée a été consacrée à la création d’un projet collaboratif entre les élèves des
deux lycées, le collectif artistique La Machine et un écrivain italien Antonio Fresa.
Les élèves ont d’abord découvert le thème sur lequel ils allaient travailler inspiré des
nouvelles d’Antonio Fresa, la scène de crime.
Une série de références picturales allant de Caravage à la figuration narrative
représentant la scène de crime leur a été présentée et analysée tant du point de vue
de la composition, que de la lumière et de l’iconographie.
Les procédés relevés dans les références picturales étaient les suivants : « morceler,
arracher, retrancher, déraciner, décontextualiser, ajouter, agglomérer, coordonner,
ajuster, connecter, greffer, suturer, plaquer »
La consigne de travail était la suivante :
« Prélevez dans le texte des éléments qui vous permettront de créer une peinture en
collage évoquant l'atmosphère de la nouvelle. Choisir parmi les entrées du dossier
pédagogique celle qui correspond à votre point de vue sur la nouvelle. Cette production
plastique prendra place sur la scène lors de la représentation. »
Les élèves ont ensuite formé des groupes de plasticiens et de théâtreux croisant les
deux lycées. Chacun a formé des sous-groupes qui ont lu plusieurs nouvelles et choisi
sur laquelle il allait proposer un projet. Les élèves de théâtre ont travaillé avec les
comédiens du Collectif La Machine et les plasticiens ont créé des images, des
symboles, des objets qui permettaient de matérialiser et concrétiser le sens des
16
scènes de crime. En concertation et à travers des échanges d’idées, les élèves se sont
entendus pour rendre cohérents les travaux plastiques et théâtraux.
Accueil par M. Ramo et présentation par les enseignants
Ateliers de pratique
17
18
En début d’après-midi, les élèves ont assisté au spectacle « Passage à l’acte »
présenté par le Collectif La Machine, en présence de l’écrivain Antonio Fresa dans la
salle théâtre du lycée de Menton. Ce temps d’expérience de spectateur a été suivi d’un
moment très riche d’échanges entre les élèves, l’écrivain et les comédiens.
Les questions abordées portaient notamment sur la représentation de la violence du
quotidien, l'influence du temps sur les relations humaines, la question de la langue et
de la traduction au théâtre.
19
Accueil d’Antonio Fresa et spectacle du collectif La Machine
La fin de l’après-midi a été consacrée aux répétitions et calages afin d’être prêts pour
la présentation publique du soir.
20
A 18h30, tous les élèves ont présenté la forme créée devant un public composé
d’élèves, de parents, d’enseignants, du proviseur Monsieur Ramo et de son adjointe,
Mme Henry, des intervenants et de l’écrivain.
Ce fut un moment très intense où les élèves ont révélé toutes leurs capacités à
travailler en harmonie.
21
La journée s’est terminée par un magnifique buffet offert par le lycée Pierre et Marie
Curie.
Moment très convivial autour d’un buffet mentonnais
22
Mercredi 12 février 2020 :
Tous les élèves sont allés à Nice pour visiter les collections du MAMAC sous une
approche inédite : « Visite-enquête : l’œuvre, du crime au forfait ». Les élèves se sont
répartis par groupes mélangeant oullinois et mentonnais, plasticiens et théâtreux et
ont choisi une œuvre parmi une liste de cinq œuvres. Ils ont ensuite mené l’enquête
sur cette œuvre afin d’en saisir la matérialité, le contexte, la démarche et ont présenté
aux autres le fruit de leurs prospections. Les œuvres venaient en écho avec la pratique
artistique de la veille.
23
Présentation et travail au MAMAC
24
25
Enfin, le séjour s’est terminé par une visite du Vieux Nice et un pique-nique en bord
de mer.
Cette expérience inédite fut très enrichissante pour les élèves mais également pour
les enseignants tant d’un point de vue pédagogique qu’humain. Nous remercions nos
proviseurs respectifs, M. Ramo et M. Savey de nous voir permis de vivre de tels
moments ainsi que toutes les personnes, agents, parents, intervenants et structures
culturelles qui ont rendu ce projet réalisable et passionnant. A refaire !
Les enseignants : CM. Durand-Bärtschi, Q. Delobel, D. Rignault, F. Cappelletti, H.
Contoli, M. Legrand et A. Maffei.