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bilan et mémoire de la seconde guerre mondiale fiche pour l'élève

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TERMINALE LES HISTOIRE

H1/2 : L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France.

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I. Introduction : La seconde guerre mondiale est un traumatisme majeur dans l’histoire de France.

Génocide

Épuration.

Enjeu de mémoire

II. La mémoire de la guerre.

A. Une mémoire changeante.

90.2 : Une vision unitaire de la déportation.

a. Décrivez cette affiche. b. Quelle vision de l’histoire offre-t-elle ? c. En quoi cette vision est-elle problématique ? La bataille du rail : texte ci-dessous et extrait du film de René Clément (1946).

Le film est structuré en deux parties, de longueurs inégales, articulées autour d'une scène pivot annonçant le débarquement de Normandie. La première époque, située dans un espace temporel flou, décrit les astuces des cheminots résistants pour faire franchir la ligne de démarcation aux hommes et au courrier, puis pour gripper le dispositif allemand en infligeant du retard aux transports de l'occupant. Comme l'a souligné Michèle Lagny, le début de La Bataille du rail «affecte la forme documentaire, en redoublant parfois d'un commentaire off les scènes évoquées et reliées entre elles par des fondus enchaînés sans que s'amorce de récit continu » […]

La seconde époque est centrée sur la bataille de libération, à laquelle Résistance Fer prit une large part dans le cadre du «plan vert ». […] elle délaisse le commentaire en voice over au profit des dialogues et opère une fictionnalisation plus poussée du récit. Clément recourt à des effets de dramatisation et adopte un montage plus transparent. Il s'emploie à identifier et à diversifier les figures de ces cheminots résistants : les ouvriers anonymes et interchangeables du début du film se mêlent à des personnages de « cols blancs » représentant les différents échelons sociaux de l'entreprise ; tandis que les employés du poste de commandement prennent l'initiative, la complicité apparaît généralisée au sein de la compagnie.

Ce glissement stylistique et narratif ne s'explique pas que par l'allongement du métrage et la nécessité de maintenir l'intérêt des spectateurs. Elle tient aussi aux enjeux promotionnels de la SNCF qui entendait promouvoir l'image d'une grande famille du rail, tout entière engagée dans la Résistance, de la base au sommet. La translation vers le mythe s'opère notamment dans la scène Mi un ingénieur en chef se rend au poste de commandement : elle laisse supposer que les têtes pensantes de la résistance ferroviaire se trouvaient au sommet de la pyramide sociale, et que l'organisation hiérarchique du réseau redoublait celui de la société des chemins de fer. Cette scène ne figurait pas dans le scénario initial ; elle fut ajoutée par Clément à la demande de la SNCF. Cette dernière obtint encore la réécriture du prologue désignant comme acteurs de la Résistance non plus les membres du réseau, mais les « chemins de fer français », entité collective et abstraite célébrée par le film de Clément. En passant de la logique de classe portée par le CLCF à une stratégie d'entreprise, La Bataille du rail fia habilement capitalisée par la compagnie ferroviaire. En entretenant la confusion entre la partie Résistance Fer et le tout SNCF, celle-ci redorait son blason et faisait écran aux chapitres moins glorieux de son rôle et de ses activités sous l'Occupation.

S. Lindeperg, René Clément, Cinéaste sismographe, Positif n° 612, Février 2012.

Le père tranquille de R. Clément et texte ci-dessous.

René Clément devait lui-même le reconnaître, en tirant les leçons du succès commercial du Père tranquille : son héros d'apparence attentiste fournissait une justification morale à la majorité des Français qui avaient subi sans agir et attendu que sonne l'heure de

la Libération. À l'image de la bonne des Martin qui vitupère contre les « Boches » et applaudit chaque bombardement, les villageois sont patriotes et expriment sans retenue leur admiration pour les soldats de l'ombre. Ce tableau idyllique de la France occupée souffre une seule exception en la personne d'un traître, étranger à Moissan. L'exécution de cet agent français de la Gestapo renvoie à la théorie du pharmakos analysée par René Girard : le sacrifice du bouc émissaire chargé du péché de collaboration purifie le village en son entier. Cette reconstruction de la communauté nationale s'articule sur le modèle de la cellule familiale. Le foyer d'Édouard Martin est présenté comme une synecdoque de la nation, comme l'indique le sous-titre du film : La Vie d'une famille française sous l'Occupation. Le scénario de Noël-Noël s'élabore autour d'un conflit ouvert par le fils (José Artur) contre son père qu'il juge attentiste. Il se résout dans la séquence finale, où l'adolescent (qui a rejoint le maquis) découvre que son géniteur est le chef de la Résistance pour toute la région. Ces séquences sont aussi l'occasion d'opposer la résistance discrète et avisée des pères aux agissements inefficaces et dangereux des jeunes agités du maquis. En filant la métaphore familiale, Noël-Noël proposait une représentation paternaliste du pouvoir, qui assurait dans la continuité la transition entre le maréchal Pétain et le général de Gaulle. La fidélité de Noël-Noël au

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gaullisme s'exprime encore dans sa vision de la Libération (dans l'épilogue situé en 1945). À son voisin communiste qui évoque les discussions houleuses au sein du « Parti » et lui demande pourquoi il refisse la mairie, Martin répond qu'il ne s'est pas battu « pour avoir un bon point ». Et le quinquagénaire de retourner à la culture de ses orchidées... Sur le ton gentillet propre au chroniqueur de la famille Duraton, tout était dit sur la nécessité pour les résistants de rentrer dans le rang, sur le désir d'un retour à l'ordre et les premières désillusions d'un après-guerre marqué par la revitalisation des clivages partisans. Les critiques de l'époque ne manquèrent pas de rapprocher la retraite du chef de Moissan et celle du grand homme qui s'était retiré à Colombey. De fait, l'épilogue fut inspiré par le tournant de l'année 1946 : le premier synopsis du film, écrit dans l'euphorie de la Libération, se contentait d'évoquer avec ravissement « l'aube de bonheur et d'espérance » levée sur la petite ville de Moissan.

S. Lindeperg, René Clément, Cinéaste sismographe, Positif n° 612, Février 2012.

B. Un terrain d’affrontement.

Extrait de la traversée de Paris de Claude Autant-Lara (1956), d’après la nouvelle de Marcel Aymé, Traversée de Paris, parue en 1947.

- A cet égard, le documentaire de Marcel Ophuls, le chagrin et la pitié constitue un tournant majeur qui annonce un retournement de l’appréciation sur cette période : On passe du « tous résistants » à « tous collabos »

Extrait du film le chagrin et la pitié de Marcel Ophuls (1971) et extrait de Une vie de S. Veil (2007).

[…] je m'étais personnellement opposée au financement et à la diffusion par la télévision du célèbre film Le Chagrin et la Pitié.

Les producteurs nourrissaient le projet de vendre leur film à la télévision, où il serait passé avant sa sortie en salles ; sûrs de leur fait, soutenus par de nombreux médias et accompagnant la vague d'une opinion publique largement acquise à leur cause, ils en demandèrent un chiffre astronomique qui nous laissa pantois. Et puis, très vite, le débat dépassa l'aspect financier. Grâce à notre ami Marcel Bleustein Blanchet, président de Publicis, j'avais pu voir le film en projection privée. Il m'était aussitôt apparu indigne d'être acheté par la télévision française. Je ne me suis d'ailleurs pas privée de le dire au conseil d'administration. Venant de moi, un tel rejet en surprit plus d'un ; comment une juive ancienne déportée pouvait-elle être hostile à un documentaire qui stigmatisait l'attitude pour le moins frileuse des Français durant l'Occupation ? La chose semblait incompréhensible. Mais comme je ne manquais pas d'arguments, je suis partie au combat sans la moindre hésitation, et je l'ai gagné.

Les années 1970 avaient inversé la tendance des années 1950 ; à l'époque, réconciliation des Français et reconstruction du pays obligent, les gaullistes étaient parvenus à imposer l'idée d'une France héroïque et résistante à laquelle tout le monde avait fait semblant de croire. Vingt ans plus tard, la pensée dominante avait changé, tout aussi simplificatrice. Désormais les jeunes se montraient ravis qu'on leur dise que leurs parents s'étaient tous comportés comme des salauds, que la France avait agi de façon abominable, que pendant quatre ans la dénonciation avait été omniprésente, et qu'à l'exception des communistes, pas un seul citoyen n'avait accompli le moindre acte de résistance. Le Chagrin et la Pitié tombait à pic dans ce concert d'autoflagellation, et c'est à ce titre que je trouvais ce film injuste et partisan. En outre, il ne nous épargnait aucun raccourci mensonger. Ainsi la ville de Clermont-Ferrand, où un grand nombre d'étudiants avaient rejoint la Résistance, où nombre d'entre eux furent arrêtés, et pour beaucoup fusillés ou déportés, était présentée en exemple de la collaboration universelle. Un tel choix témoignait des manœuvres grossières du film. Germaine Tillion, qui avait elle aussi assisté à la projection, partageait largement mon point de vue.

J'ai exprimé avec vigueur ma réprobation, tant au conseil d'administration de l'ORTF qu'à l'extérieur. Certes je ne disposais que d'une voix, mais si le conseil décidait d'acheter l'œuvre, j'avais annoncé que j'en démissionnerais aussitôt. Après des débats embarrassés, la décision a finalement été prise de ne pas acquérir le film. Certains, sans doute pour se dédouaner, se sont ensuite répandus dans la presse en affirmant que Mme Veil n'en avait pas voulu. Je n'en avais pas fait mystère et si l'incident m'a valu une certaine notoriété publique, ce n'est pas de mon fait. Quant à Marcel Ophuls, il ne décolérait pas, car cette décision le privait d'une recette espérée. Ses craintes comptables ne durèrent pas longtemps. Lors de sa sortie en salles, Le Chagrin et la Pitié rencontra d'emblée un vif succès. Il est vrai qu'il bénéficia d'une large publicité parce que l'ORTF en avait refusé la diffusion ; preuve irréfutable, aux yeux de certains, que le pouvoir ne voulait pas que la vérité éclate.

C'est peu de dire qu'à l'époque, ces campagnes me choquèrent. La pseudo-vérité que le film prétendait faire éclater, j'en connaissais les limites. J'avais suffisamment travaillé sur la Shoah pour savoir que la France avait été de loin le pays où le pourcentage de Juifs déportés s'était révélé le plus faible, un quart de la communauté et, toujours en proportion, très peu d'enfants. Ce phénomène ne trouvait son explication que dans une réalité indéniable : nombreux étaient les Français qui avaient caché des Juifs, ou n'avaient rien dit lorsqu'ils savaient qui en protégeait. Or le film n'en disait mot. Il se montrait en cela d'une grande injustice, moins d'ailleurs à l'égard du pouvoir de Vichy que des Français eux-mêmes. Quand j'exprimais de telles idées, je me gardais d'invoquer les hauts faits de résistance des uns ou des autres. Je mettais en avant les actes de tous ces gens perdus dans la foule qui avaient prévenu des familles entières, sauvé des enfants, caché des adultes. Ils avaient agi avec un courage digne de respect, alors même qu'ils ne savaient rien du sort qui attendait les déportés, mais ne pouvaient ignorer le leur au cas où les

Résistancialisme

Robert Aron

Nuit et Brouillard d’A. Resnais

Marcel Ophuls

Affrontement des mémoires

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Allemands les arrêteraient. Ils n'en avaient tiré aucun profit ; beaucoup durent même se priver pour nourrir des bouches supplémentaires. La plupart d'entre eux ne se sont jamais fait connaître, n'ont pas reçu d'honneurs, de pensions, de médailles. C'est pourquoi j'aurais eu honte vis-à-vis d'eux que la télévision française programme à grand fracas de publicité un tel film. Je n'aurais pas voulu que des familles semblables aux Villeroy de mon adolescence pensent que la société réglait ses comptes sur leur dos. Pour toutes ces raisons, et même si mon attitude a pu choquer certains, je ne la regrette pas.

a. Quel changement de climat Simone Veil observe-t-elle en France à partir des années 70 ? b. En quoi le film le chagrin et la pitié est-il symptomatique de ce changement ? c. Quels sont les reproches adressés par S. Veil à ce film ? - En 1974, Lacombe Lucien de Louis Malle relate le parcours d’un adolescent, qui n’ayant pas réussi à entrer

dans la résistance se fait milicien. La mémoire de la guerre cesse d’être unanime.

C. Le poids des acteurs et des communautés.

93.4 : Discours de Jacques Chirac lors de la commémoration de la rafle du Vel d’hiv du 16 juillet 1942 (16 juillet 1995). Questions du livre.

Lecture de la lettre de Guy Môquet fusillé le 22 octobre 1941 à l'âge de 17 ans par les Allemands.

III. L’histoire de la seconde guerre mondiale.

Le discours des historiens sur Vichy

« Venons-en au bilan moral. […] Tout au plus est-il possible d’énumérer quelques faits qui semblent indiscutables et non soumis à des révisions. […] La plupart des personnels de Vichy s’ils se sont trompés, ce dont l’avenir décidera, l’ont fait en tous cas de bonne foi et dans la conviction sincère qu’ils servaient la patrie. […] Le dernier fait consiste en l’équivoque que Vichy a créée dans l’opinion publique française. Si l’on en juge d’après les déclarations officielles du Maréchal, de Darlan ou de Laval; Vichy joue le jeu de l’occupant et s’aligne sur la politique de l’Axe. En réalité, négociations secrètes, télégrammes clandestins, mesures dilatoires, impossibles à percevoir par l’opinion, ne cessent de réduire la collaboration proclamée. Mais cela, les Français ne pouvaient pas le savoir.»

Robert Aron, Histoire de Vichy, Fayard, 1954.

« Pétain avait de surcroît dans son entourage des hommes […] intelligents et compétents qui ont conduit d’autres hommes à se faire les complices d’un Reich aux abois : la Solution finale, le travail obligatoire, les représailles contre une Résistance de plus en plus énergique. Comment expliquer une erreur de jugement aussi monstrueuse ? […] La vie ne fut manifestement pas plus facile en France que dans les pays d’Europe occidentale entièrement occupés. C’est donc pour d’autres motifs évidemment que les Français se sont laissés entraîner jusqu’au bout sur une mauvaise pente. L’inertie bureaucratique, l’impossibilité de voir quoi que ce soit au-delà de l’efficacité administrative, ont joué sans aucun doute. Mais il y eut surtout l’attrait de la Révolution nationale pour ceux qui en étaient férus. »

Rober Paxton, « La France de Vichy », Seuil, 1973.

a. Quel jugement porte chaque auteur sur Vichy ? b. Comment l’un et l’autre expliquent-ils le choix de la collaboration ?

IV. Les relations entre histoire et mémoire.

99.6 : Les apports et les limites du procès Papon selon un historien. a. Quelle a été la position personnelle de l’historien interrogé par Libération ? b. Quels sont les effets positifs de ce procès selon lui ? c. Les effets négatifs ? d. Pourquoi J-N Jeanneney pense-t-il préférable que l’historien participe au procès comme témoin ? (98.2)

Le Figaro magazine, 11 octobre 2008. Débat : faut-il légiférer sur l'histoire?

Une mission d'information de l'Assemblée nationale étudie actuellement l'impact des lois mémorielles sur notre société. Le Parlement doit-il légiférer sur l'histoire ? Ne risquons-nous pas une « guerre des mémoires », et pire encore, une mise sous tutelle des historiens ? […]

Jean-Claude Gayssot - Pour autant, la loi Gayssot n'écrit ni ne réécrit l'histoire ! C'est une loi pénale visant à combattre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie. La Shoah a bel et bien existé ! Mais elle était si contestée à l'époque par les négationnistes qu'il fallait leur donner un coup d'arrêt. Il était nécessaire de légiférer dès lors qu'existait un vide juridique dans la loi sur la presse. C'est ainsi que le négationnisme a été caractérisé comme délit. Les Nations unies l'ont stigmatisé comme le vecteur principal de l'antisémitisme. Etes-vous d'accord avec cette définition ? Si votre réponse est négative, je comprendrai que vous soyez en désaccord avec la loi Gayssot ! Si vous estimez au contraire que le négationnisme est un facteur majeur et dangereux de l'intoxication des esprits, alors

Rafle du vel’d’hiv

L’affiche rouge

Revendications mémorielles

Procès Barbie (1987)

Discours de J. Chirac (1995)

Affrontement des mémoires

Guy Môquet

Henri Michel

Robert Paxton

Robert Aron

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n'attaquez pas cette loi et faites en sorte qu'elle soit universalisée !

Françoise Chandernagor1 - De toutes les lois mémorielles, la loi Gayssot est la moins mal rédigée, et elle a accru utilement les pouvoirs d'action en justice des associations de déportés. Mais elle est dangereuse dans son article 9, qui impose la vérité historique par la loi et punit de prison non la « négation », ce qui serait clair, mais la « contestation », ce qui est plus vague : dans « contestation », notre langue entend aussi « discussion ». […]

Reste que, même si votre loi s'est appuyée sur le verdict fort juste de Nuremberg, pour la première fois on a sacralisé un jugement. Jusqu'alors, les historiens pouvaient exprimer leur avis sur un jugement, sinon on ne parlerait plus aujourd'hui de « l'affaire du courrier de Lyon » ou de « l'affaire Dominici » ! Les négationnistes n'étaient pas des historiens. Mais pourquoi faire cette loi dès lors qu'ils avaient déjà été condamnés sur la base des textes existants, qui sanctionnaient l'incitation à la haine raciale, l'antisémitisme, la diffamation, etc. ? Avec cette sacralisation, vous êtes entré dans un processus dangereux. Ce n'est pas au Parlement de décréter la vérité historique. Sans vous en rendre compte, vous avez créé une machine folle, et une machine à remonter le temps ! Vous avez ouvert la voie à une compétition intense sur le passé.

Jean-Claude Gayssot - Mais non !

Françoise Chandernagor - Mais si ! A partir de là, tout le monde a voulu sacraliser le pan d'Histoire qui le concernait et que plus personne n'aurait le droit de discuter. […]

Jean-Claude Gayssot - Est-ce à dire que vous comptez pour rien les propos de Le Pen avec son « détail » des chambres à gaz ? Banalisation reprise récemment par le président iranien qui a réuni à Téhéran des négationnistes pour célébrer à sa manière l'holocauste... […]

Jean-Claude Gayssot - Je reviendrai donc à la valeur sûre que constitue la loi Gayssot, qui ne s'apparente nullement aux lois mémorielles. Elle n'appelle même pas au devoir de mémoire pourtant si important à mes yeux. Citez-moi un historien sérieux qui ait été gêné par cette loi ? Citez m'en un ! La loi existe depuis dix-huit ans. Aucun historien n'a été gêné. Au contraire, elle a permis que soient condamnés des négationnistes, que leurs théories ne soient pas diffusées dans les écoles et les universités ni exposées dans les vitrines des librairies, des kiosques à journaux et des encarts publicitaires dans nos gares. C'est une arme de dissuasion.

Françoise Chandernagor - Le problème est que vous avez utilisé une arme de dissuasion massive pour exterminer un petit groupe d'imbéciles. Finalement, votre texte de circonstances a des conséquences infinies. […]

Jean-Claude Gayssot - Mais nous ne sommes pas les seuls, puisque l’Europe a demandé qu'il y ait une amélioration des possibilités de poursuites judiciaires. L'Allemagne, la Suisse, la Belgique, l'Autriche disposent de lois similaires à la loi Gayssot, alors ne dites pas que j'ai ouvert la boîte de Pandore !

Françoise Chandernagor - Si. Car il n'y a que la France pour avoir entrepris cette politique mémorielle tous azimuts. Elle est désastreuse pour l'histoire et les historiens.

Jean-Claude Gayssot - Ce n'est pas au Parlement de faire l'histoire.

Françoise Chandernagor - J'aime à vous l'entendre dire !

Jean-Claude Gayssot - Mais il est de son devoir de veiller à ce que des faits avérés ne puissent être remis en cause avec l'objectif de perpétuer des comportements racistes. Je suis pour que les historiens puissent travailler en toute liberté et sécurité. Et ma loi le permet ! C'est le rôle du Parlement de protéger la liberté, mais ne lui enlevons pas la liberté de protéger.

Propos recueillis par Patrice de Meritens.

a. Résumez la position des deux participants. b. Sur quel(s) point(s) s’opposent-ils ? c. Quel est votre point de vue ? justifiez-le.

Négationnisme

Loi Gayssot (1990)

Lois mémorielles

1 Porte-parole de l’Association pour la liberté de l’histoire constituée par des signataires de la pétition du même nom en 2005.