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44 ème année - n°48 « Un puzzle à reconstituer : la restauration de l’unité de la personne chez les Goums « Avril 2014 SOMMAIRE Editorial, par Michel David 3 Editoriale L’Homme est … un : corps-âme-esprit, par Michel Menu 5 L’Uomo è … uno : corpo-anima-mente Aider les jeunes à refaire leur unité, par Stéphane de Saint Albin 10 Aiutare i giovani a costruire la loro unità Parabole de l’oreille interne, par le Michel David 21 Décalogue de la sérénité, du Pape Jean XXIII 22 Decalogo della quotidianità Les Goums, un ciment pour l’Eglise, par Christophe Courage 25 Unité Goum et Seigneur des anneaux, par Antoine Ravel d’ESclapon 27 L’arc, la pierre et l’Amour, par Roberto Cociancich 31 L’arco, la pietra e l’Amore En Terre-Sainte, sur les pas de Moïse, par Etienne du Fayet 37 Livres à lire 39 Boussole intérieure et unité retrouvée, par Maria Gioia Fornaretto 41

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44ème année - n°48

« Un puzzle à reconstituer : la restauration de l’unité de la personne chez les Goums

«Avril 2014

SOMMAIRE

Editorial, par Michel David 3Editoriale

L’Homme est … un : corps-âme-esprit, par Michel Menu 5L’Uomo è … uno : corpo-anima-mente

Aider les jeunes à refaire leur unité, par Stéphane de Saint Albin 10Aiutare i giovani a costruire la loro unità

Parabole de l’oreille interne, par le Michel David 21Décalogue de la sérénité, du Pape Jean XXIII 22Decalogo della quotidianità

Les Goums, un ciment pour l’Eglise, par Christophe Courage 25Unité Goum et Seigneur des anneaux, par Antoine Ravel d’ESclapon 27L’arc, la pierre et l’Amour, par Roberto Cociancich 31L’arco, la pietra e l’Amore

En Terre-Sainte, sur les pas de Moïse, par Etienne du Fayet 37Livres à lire 39Boussole intérieure et unité retrouvée, par Maria Gioia Fornaretto 41

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Notre monde est devenu un monde en patchwork. Dans cet univers émiet-té, dans une société où le mot d’or-

dre est celui de la déconstruction, l’homme, ne sachant plus vers où aller, est dans tous ses états. Certains évènements récents nous le font cruellement sentir de manière exa-cerbée. Sur toutes les radios, un refrain à la mode, actuellement, est assez révélateur : « Je coule, je coule … faut tout refaire à l’inté-rieur de moi ». Nous savons bien que les Goums peuvent permettre à l’homme éparpillé dans tous ses états, dans tous ses éclats de redevenir un homme dans tout son éclat.

Déjà, en 1972, Michel Menu nous mettait en garde contre cet émiettement de la so-ciété et de l’individu en indiquant le remède simple et effi cace que constituent les Goums. Message tellement d’actualité par les temps qui courent où nous assistons à une confu-sion des genres au propre comme au fi guré. Epoque où les sophismes sont légions. Mais, heureusement, la marche au long cours les élimine.

Antoine, en cinéphile ou lecteur averti, part du Seigneur des Anneaux pour mieux nous faire saisir comment la communauté d’un Goum vaut bien mieux encore que la communauté de l’anneau. Les Lanceurs eux-mêmes y trouveront quelques sujets de méditation sur la manière de conduire leur Goum de A à Z.

La parabole de l’oreille interne laisse à vo-tre sagacité le soin de mieux saisir comment cette quête de l’unité et de l’équilibre est ins-crite au cœur même de l’homme depuis le commencement par son créateur.

Et Maria Gioia Fornaretto va mettre l’ac-cent sur cette boussole intérieure qui nous gouverne et nous remet dans l’axe de cette

marche.

Pour autant cette unité n’est pas innée. Sté-phane nous rappelle la mission du Lanceur: aider les jeunes à construire leur unité. Pour sauver le monde, Dieu s’appuie sur notre goût de l’aventure, sur notre énergie et notre capacité à entrainer, sur l’exemplarité de no-tre propre unité, en union avec Lui.

C’est d’ailleurs pourquoi Roberto nous rap-pelle que le Lanceur de raid est un homme qui aime tout à la fois les personnes qui lui font confi ance, les paysages traversés, les pierres et le bois nécessaires à la construction de nos bivouacs se plaisant à unir tous ces éléments en lançant des ponts comme des arcs.

Oui, nous avons pour mission de polir notre âme, comme un diamant habité dont notre corps et notre intelligence forment l’écrin.

Le témoignage d’un autre Lanceur, Chris-tophe, vient même nous surprendre en in-sistant sur le rôle des Goums, en particulier, pour l’unité de l’Eglise. Oui, nous avons un rôle à jouer, à notre mesure.

Rien d’étonnant alors à ce que Etienne nous invite à mettre nos pas dans ceux du Christ, en recherchant de nouvelles voies pour cheminer en Terre Sainte. Quoi de mieux que d’explorer de nouvelles terres d’aventure. Oui marcher avec le Christ, ce n’est pas marcher à tâtons. On peut aller loin avec des cœurs volontaires.

Alors, les dix conseils de sérénité du pape Jean XXIII, bientôt canonisé, au moment de la publication de ce numéro, seront à savou-rer, jour après jour. Rien qu’aujourd’hui… pas à pas.

Michel David

Le 31 mars 2014

Editorial

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Editoriale

Il nostro, è diventato un mondo pat-chwork. In quest’universo sbriciolato, in una società la cui parola d’ordine po-

trebbe essere « decostruzione » non sapendo più dove andare, l’uomo è scombussolato. Alcuni eventi recenti ce lo fanno percepire in maniera cruda ed esacerbata. Su tutte le radio francesi, un ritornello attualmente di moda, suona piuttosto rivelatore : « Je coule, je coule … faut tout refaire à l’intérieur de moi » («Sprofondo, sprofondo… tutto è da rifare dentro di me ». Sappiamo bene che i Goum permettono all’ uomo frantu-mato, scombussolato, spezzettato di ritornare a essere un uomo illuminato - e illuminante.

Fin dal 1972, Michel Menu ci metteva in guardia di fronte alla frammentazione della società e dell’individuo additando il rimedio semplice ed effi cace costituito dai Goum. Il suo messaggio resta attuale più che mai in un’epoca in cui assistiamo alla confusione dei generi, in senso sia proprio che fi gurato. Un’epoca in cui i sofi smi si moltiplicano. Per fortuna una marcia prolungata basta a farli fuori.

Antoine, da esperto cinefi lo e lettore, parte dal Signore degli Anelli per meglio farci co-gliere come la comunità formatasi nel corso di un Goum sia ancora maglio della comunità dell’Anello. I Lanciatori stessi vi troveranno argomenti di meditazione sulla maniera di condurre un Goum dalla A alla Z.

La parabola dell’orecchio interno lascia che la vostra sagacità si renda conto di come la ricerca di unità e di equilibrio sia iscritta fi n dal principio nel cuore stesso dell’uomo ad opera del suo Creatore.

E Maria Gioia Fornaretto mette l’accento su quella bussola interiore che ci guida e ci

rimette sempre nell’asse della marcia.

Però quest’unità non è una cosa innata. Stéphane ci ricorda la missione del Lanciato-re : aiutare i giovani a costruire la loro unità. Per salvare il mondo, Dio fa appello al nostro gusto d’avventura, alla nostra energia e capa-cità trainante, all’esempio della nostra unità, in unione con Lui.

Ed ecco perché Roberto ci ricorda che il Lanciatore di raid è uno che ama, insieme, le persone che si affi dano a lui e i paesaggi attraversati, le pietre e il legno necessari per costruire i bivacchi ; è uno a cui piace unire tutti questi elementi lanciando ponti che sono come archi.

Sì, abbiamo per missione di levigare le nos-tre anime come un diamante il cui scrigno sia formato dal corpo e dall’intelligenza.

La testimonianza di un altro Lanciatore, Christophe, viene a sorprenderci, insistendo sul ruolo particolare dei Goum sulla via verso l’unità della Chiesa. Sì, alla nostra misura, anche noi abbiamo un ruolo da svolgere.

Nulla di strano allora che Etienne ci inviti a mettere i nostri passi in quelli di Cristo, e a cercare nuove strade per camminare in Terra Santa. Cosa c’è di meglio che esplorare nuove terre di avventure? Sì, camminare con Cristo non vuol dire andare a tastoni. Se il cuore è volontario, si va lontano.

Ecco allora che i dieci consigli di serenità di papa Giovanni XXIII, che sarà canonizzato a breve proprio mentre pubblicheremo questo numero, sono da assaporare, giorno dopo giorno. Solo per oggi… un passo dopol’altro.

Michel David31 marzo 2014

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L’Homme est … un : corps-âme-espritpar Michel Menu

Dans la revue « Goums » du 15 décembre 1972, Michel nous livre cette réfl exion qui qui n’a rien perdu de son actualité.

Qui pourrait nier que les hommes de nos grandes villes se laissent asphyxier ou même anéantir en

masses compactes ? On en bavarde assu-rément à tout instant. On en parle, ici ou là, mais comme d’un orage sur une île per-due du Pacifi que. Rares sont ceux qui osent en regarder le drame en face. Un drame dont l’enjeu n’en est pas moins… vital, car si les hommes se laissent ainsi asservir et asphyxier en masses c’est parce qu’ils ont perdu leur instinct de conservation !

On a déjà vu plusieurs fois dans l’histoi-re, il est vrai, des peuples entiers marcher au suicide, inconscients… On a vu des ci-vilisations englouties dans des cimetières grands comme la France. Rome et Byzance ont péri, pendant que leurs édiles discu-taient… du sexe des anges. [N’est-ce pas encore le cas en 2014. NDLR] Il n’est rien là de stupéfi ant : une fois riches et gavés les hommes perdent non seulement la dy-namique, mais la mémoire de l’instinct de conservation…

On commence à comprendre, enfi n, que l’homme n’est pas cette étrange mécanique faite de mille facultés, réfl exes, tensions, pulsions, intelligences, plus ou moins bien connectées ou parallèles. On sait, maintenant, que l’Homme est… un : corps, âme, esprit. Insécable. On en pénètre d’autant mieux le complexe qu’on le saisit entier, dans le tout de ses forces biologiques, psychiques, sociales et trans-cendantales.

Les meneurs de foules ont bien compris qu’un homme qui cultive son unité et déve-loppe toutes ses forces en cohérence garde

vive son intelligence et… rapides tous ses réfl exes. Quand on l’attaque, il se défend. Il se rebelle, sent qu’on veut l’asservir. Un homme entier est allergique aux es-clavages collectifs. Il est indompta-ble. Il est… lui-même un homme. [Les sai-nes manifestations de 2013 et de 2014 en sont heureusement un témoignage, ndlr].

Autant dire que ce genre d’individu ne convient guère à ceux qui rêvent de pouvoir absolu, économique ou idéologique, sur les masses humaines concentrées dans nos vil-les. Il devient, bientôt, l’homme à abattre !... Pour asservir un homme entier il faut, d’abord, le « casser » ou, mieux encore, le mettre… en miettes.

On peut commencer dès l’école, qui est, en France, une organisation gigantesque de plus d’un million de travailleurs et ca-dres. Nul ne conteste qu’on y éduque les enfants par bribes, par petites touches ou par spécialités : un petit coup de maths ou de sciences naturelles par ci, un petit coup de français par là, de sport ou de civisme et même de religion, pourquoi pas ? Qu’est-ce qu’on risque ? Mais surtout… pas de synthèse ! Rien qui puisse unifi er, rassem-bler, donner un sens fédérateur à ce bazar. Quant à l’homme mûr, il suffi ra de sépa-rer son Tout en trois ou quatre : l’homme au travail, l’homme civique ou politique, l’homme surnaturel. Friedmann explique très bien comment, même dans le travail, on peut mettre l’homme « en miettes ». De même dans le commerce. Pour accélérer l’appétit d’un acheteur, il suffi t de bien sé-parer son intelligence de son affectivité ou de son sens pratique. L’expérience a, main-tes fois, prouvé que l’homme désarticulé

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consomme davantage et paie mieux !

Les manipulateurs s’appliquent éga-lement, grâce aux facilités qu’offrent les médias de masse, à faire « éclater le cer-veau » de l’homme, en lui faisant croire qu’on l’informe mieux que les hommes ne l’ont jamais été sur terre : un fl ash sur l’in-cendie atroce à quinze morts, un coup de tango en vitesse, deux mots sur l’assassin génial, Mozart… 20 secondes, le Pape en crise de sublime, un rappel du tiercé, jazz fou, météo… [Le développement des ta-blettes multi medias multiplie à l’envie ce scénario. Ndlr] Vous devinez qu’on fi nit, en se soumettant à ce tintamarre, par avoir le cerveau en miettes. Car, vous savez, sans doute, que le cerveau « prend la structure de ce qu’il encaisse ». Le ka-léidoscope fabrique immanquablement des têtes éclatées…

Cet émiettement, cette partition de la personne humaine, est un virus qu’on nous injecte, sciemment, pour nous contrôler… L’éclatement mental des individus provo-que l’éclatement des sociétés, car il engen-dre… l’impuissance. Et n’est-ce pas, juste-ment, ce qui nous arrive aujourd’hui ? Ne sommes-nous pas en train de perdre notre instinct de conservation ? …

Il parait qu’avec le temps tout s’arrange et tout s’oublie : les inondations, les guer-res ratées, les faillites noires. Pourtant, cet-

te fois, plus d’un expert en prospective a le pressentiment qu’on se prépare des surpri-ses désagréables si, de la masse des hom-mes manipulés ne surgit pas une poignée de rebelles qui cassent … les casseurs d’unité de la personne humaine.

Seuls peuvent rendre sa chance à l’Eglise et à l’humanité ceux et celles qui auront trouvé le moyen pratique et effi cace de se reconstituer, corps-âme-cerveau, dans leur intégrité. Rien de tel pour y parvenir que la fuite pour un temps hors du tintamarre.

En plein désert. De temps en temps.

Avec une plongée en profondeur dans le froid, la faim, la nuit, les pierres, le soleil, dans la terre-mère, dans la matrice, qui a éveillé, épanoui, enrichi, notre intelligence et mis au point sans trop d’erreurs… notre instinct de conservation.

Quand on évalue ces risques mortels de désintégration de la personne humaine on comprend un peu mieux pourquoi des jeu-nes, par centaines, prennent chaque été, avec les Goums,

le chemin… du désert.

In Les Goums, une expérience de liberté, p.31

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L’Uomo è … uno : corpo-anima-mentepar Michel Menu

Michel Menu : rivista « Goums » del 15 dicembre 1972Estratti da una rifl essione che non ha perso nulla della sua attualità

Chi può negare che tanti abitanti delle nostre città si lascino asfi ssiare per non dire annientare in una massa

compatta ? Certo, se ne chiacchiera conti-nuamente. Se ne parla qui e là, ma come si parlerebbe di una tempesta su un’isola perduta del Pacifi co. Rari sono quelli che osano guardarne in faccia il dramma. Ep-pure in gioco c’è qualcosa di vitale : se in-fatti le persone si lasciano asservire e as-fi ssiare in massa, è perché hanno perso il loro istinto di conservazione!

Veramente, già varie volte nella storia abbiamo visto, interi popoli andare in-contro al suicidio senza accorgersene… Abbiamo visto intere civiltà inghiottite da cimiteri grandi come la Francia. Roma e Bisanzio sono morte mentre i loro edili discutevano…sul sesso degli angeli. [non accade forse la stessa cosa anche nel 2014 ? ndr] E non c’è di che restare sorpresi : una volta diventati ricchi e sazi, gli uomini perdono non solo la dinamica, ma perfi no la memoria del loro istinto di conserva-zione …

Finalmente cominciamo a comprendere che l’uomo non è uno strano meccanismo

fatto di mille facoltà, rifl essi, tensioni, pulsioni, intelligenze più o meno ben connesse o parallele. Adesso sappiamo che l’Uomo è uno: corpo, anima, spirito. Indissociabile. La sua complessità può essere colta solo a patto di considerarlo un tutt’uno in cui intervengono forze biologi-che, psichiche, sociali e trascendenti.

Gli agitatori di masse hanno capito per-fettamente che un uomo capace di colti-vare la propria unità e di sviluppare coe-rentemente tutte le sue energie mantiene l’intelligenza ben viva e i rifl essi pronti. Quando viene attaccato, si difende. Si ri-bella, sente quando lo si vuole asservire. Un uomo ben integrato è allergico alle schiavitù collettive. È indomabi-le. È davvero un uomo. [Le sane manifes-tazioni organizzate in Francia nel 2013 e nel 2014 ne sono una felice testimonianza, ndr].

Come dire che individui di questo tipo non vanno bene a chi sogna di esercitare un potere assoluto - economico o ideo-logico che sia - sulle masse umane che si concentrano nelle nostre città. Uno così diventa ben presto il nemico da abbattere

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!... Per poter asservire un uomo ben inte-grato, occorre infatti prima « spezzarlo », o meglio ancora ridurlo… in briciole.

Si può cominciare fi n dai banchi di scuo-la. In Francia la scuola è un’organizzazione gigantesca formata da più di un milione di lavoratori e di responsabili. Nessuno può negare che educhi i ragazzi per settori, a pezzetti, per specialità : un colpetto di ma-tematica o di scienze qui, un colpetto di francese là, un po’ di sport o di educazione civica e perché no ?, anche un pizzico di religione. Non può far male, no? Basta che non si cerchi una sintesi ! Niente che possa unifi care, raccogliere, dare un senso com-piuto a questo guazzabuglio. Per quanto riguarda l’uomo maturo, poi, basterà di-videre il suo Tutto in tre o quattro parti : l’uomo al lavoro, l’uomo civile o politico, l’uomo soprannaturale. Friedmann spiega molto bene come, anche nel lavoro, si pos-sa fare a pezzettini un uomo. Lo stesso nel commercio. Per aumentare l’appetito di un consumatore, basta separare per bene l’intelligenza dall’affettività o dal senso pratico. L’esperienza ha provato in molti casi che l’uomo disarticolato consuma di più e quindi rende meglio !

Grazie alla facilità offerta dai mezzi di comunicazione di massa, allo stesso modo, anche i manipolatori s’ingegnano a fare « esplodere il cervello » dell’uomo, facendogli credere di essere informato molto più di quanto l’umanità lo sia mai stata su tutta la faccia della terra : un fl ash su quell’incendio atroce con quindici mor-ti, un veloce giro di tango, due parole sul geniale assassinio, Mozart… 20 secondi, il Papa se si è in crisi di sublime, un in-vito al gratta e vinci, e poi jazz folle, me-teo… [Lo sviluppo dei tablet multimediali moltiplica all’infi nito questo scenario, ndr]. Sottomettendoci a un tale baccano, potete immaginare di fi nire con l’avere il cervello stesso in briciole. Perché di sicuro sapete anche voi che il cervello « prende la struttura di ciò che immagazzina ». Il caleidoscopio fabbrica immancabil-

mente teste scoppiate…

Questo sbriciolamento o suddivisione della persona umana, è un virus iniettato-ci consapevolmente per controllarci… La frammentazione mentale degli individui provoca la frammentazione delle società perché genera… l’impotenza. E non è ap-punto ciò che ci sta accadendo oggi ? Non stiamo forse perdendo il nostro istinto di conservazione ? …

Sembra che, con il tempo, tutto si sis-temi e tutto possa essere dimenticato : inondazioni, guerre sbagliate, fallimenti neri. Eppure, stavolta, più di un esperto ha il presentimento che, in un prossimo fu-turo, avremo sorprese sgradevoli a meno che, dalla massa degli uomini manipolati non sorga un pugno di ribelli in grado di spezzare …chi spezza l’unità della persona umana.

Gli unici che possano restituire una chance alla Chiesa e all’umanità sono co-loro che troveranno un mezzo pratico ed effi cace per ricomporsi nella loro integrità di corpo-anima-cervello. E per giungere a questo scopo, nulla è più utile che fuggire per un certo tempo furi dal baccano.

In pieno desertoogni tanto.

Con un tuffo in profondità nel freddo, nella fame, nella notte, tra le rocce, il sole, la terra madre, la matrice che ha risve-gliato, fatto sbocciare, arricchito la nostra intelligenza e elaborato senza grandi errori il nostro istinto di conservazione.

Quando uno valuta i rischi mortali di disgregazione della persona umana, ca-pisce un po’ meglio perché sono centinaia i giovani che, ogni estate, con i Goum, prendono

La via… del deserto.

In Les Goums, une expérience de liber-té, p.31, nostra traduzione

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Jubilé des 40 ans des Goums

Mont Chabrio, oaoût 2010

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L ’individu, étymologiquement « ce qui est indivisible », n’est pas spontanément uni, ou unifié. Il y a

des personnalités entières, mais les per-sonnes entièrement cohérentes sont ra-res. On remarque les hommes et les fem-mes qui ont réalisé leur unité : ils sont concentrés, comme rassemblés autour de qualités ou charismes qui sautent aux yeux. L’honnêteté, la douceur, la capacité d’entrainer, et bien d’autres vertus, sont quasiment palpables chez certaines per-sonnes : elles se voient sur leur visage, se lisent dans leur regard, se reconnaissent dans leurs moindres gestes. Ces traits de caractère, éléments distinctifs de leur per-sonnalité, transpirent par tous les pores de leur peau, dans leurs paroles et dans leurs actes. Ce qui rend ces personnes si remarquables, c’est l’unité profonde de leur être, au-delà de leur façon d’être.

Cette unité est rarement innée. Elle ré-sulte d’un travail personnel, souvent de longue haleine. Celui-ci commence par l’imitation : l’enfant cherche d’abord à rassembler à son père ou à sa mère, qu’il admire. Le jeune adulte sort de l’ado-lescence en construisant son unité par l’action résolue de sa volonté, pour met-tre en conformité la personne qu’il est, aujourd’hui, et la personne qu’il aspire à devenir, demain. A l’âge mûr, le main-tien de cette cohérence est un effort de chaque instant, peut être même le travail de toute une vie. Surtout dans la société moderne, où l’unité de la personne est la cible de multiples tentatives de division. Mais l’unité individuelle se renforce et se

nourrit aussi de la communion avec nos frères. C’est l’un des grands secrets des Goums.

La personne humaine au cœur du projet des Goums.

Depuis plus de 40 ans, la restauration de l’unité de la personne humaine est la priorité des priorités pour les Goums. Loin de toute aspiration grandiose de changer le monde à l’échelle de nos na-tions ou de l’humanité, notre ambition se porte plus modestement et fondamenta-lement, sur la particule élémentaire de la société, l’Homme dans son individualité, la personne humaine prise à l’unité.

Aider un petit nombre de nos contem-porains à rétablir ou à construire leur unité, dans ses dimensions physiques, psychiques, relationnelles et spirituelles, est notre façon de contribuer à sauver le monde. Nous le faisons à petite échelle, une personne après l’autre ou presque : nos équipes de raids excèdent rarement la vingtaine. Nous le faisons parce que l’histoire nous apprend que dans les périodes de crise, il suffit de quelques hommes pour sauver la situation, pour éviter les catastrophes. Dans le domaine de l’héroïsme, ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité.

Il faut bien constater qu’ils sont relati-vement peu nombreux ceux que tente le désert. Si les Goums ont accueilli plus de 15 000 jeunes depuis le début des années 70, cela reste une goutte d’eau à l’échelle des 65 millions de Français ou des 60 millions d’italiens ou des 7 milliards d’habitants de notre planète.

Notre mission : aider les jeunes à construire leur unité par Stéphane de Saint Albin

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Pourquoi construire ou parfaire son unité ?

Dans nos raids, l’expérience du désert permet de remettre dans le bon axe – vertical – toutes les dimensions de l’être humain : le corps, l’esprit et l’âme. Notre but, c’est l’Homme debout, en pleine pos-session de ses moyens, vivant dans l’ins-tant présent une relation filiale assumée avec son Créateur, et des relations fra-ternelles vraies avec ses frères et sœurs. Car de l’unité de l’homme dépend tout le reste, comme l’écrivait Michel Menu :

« La vitalité, la créativité, la puissance créatrice de la personne humaine est in-dissociable de son unité. La dispersion physique ou mentale, le papillonnage sentimental, la confusion entre image et réel, désintègrent totalement l’individu. En face d’une pareille épidémie, il n’est pas de salut sans reconstitution des in-dividus dans leur unité. Ce dont notre Europe a le plus besoin, aujourd’hui, c’est d’hommes et de femmes qui aient les pieds sur terre ! De vivants en chair et en os qui, ayant eux-mêmes renoué le contact avec le réel, deviennent des points de repères culturels, des éclai-reurs. Pour renouer contact avec le réel, il faut, mécaniquement parlant, commencer par une rupture totale avec l’abstraction. Avec le culte et la culture de l’image, avec le spectacle. Il nous faut en passer par des actes qui rendent à nos corps leur vérité et leur puissance, à nos esprits leur liberté, à nos appétits surna-turels leur nourriture et à nos relations humaines leur authenticité. »

Dans la perspective anthropologique chrétienne qui est la nôtre, l’unité entre le corps et l’âme est la condition sine qua non du bonheur. Que cette unité vacille ou fasse défaut, que le corps et l’âme ne soient plus en phase et c’est l’insatisfac-tion existentielle, le mal-être, le désor-dre, la chute. Dixit le pape Jean-Paul II (2) : « la personne, comprenant son corps, est entièrement confiée à elle-même, et

c’est dans l’unité de l’âme et du corps qu’elle est le sujet de ses actes moraux. Le corps et l’âme sont indissociables : dans la personne, dans l’agent volon-taire et dans l’acte délibéré, ils demeu-rent ou se perdent ensemble ». C’est cette union mystérieuse entre le corps et l’âme, l’incarnation, qui différencie l’Homme d’autres créatures spirituelles, lui permet de transmettre la vie et de participer à l’œuvre créatrice de Dieu.

Dispersion, manque de vérité : construire son unité est un défi .

De nombreux jeunes entrent dans l’âge adulte en tâtonnant. Ils touchent à tout, font des expériences, consomment dans tous les domaines : émotionnel, sexuel, culturel, spirituel, etc. Pour peu qu’ils aient reçu une éducation centrée sur des valeurs, telles que la responsabilité, le respect et la prudence, ils auront évité les expériences trop marquantes ou dé-finitives, qui affectent profondément la psychologie, altèrent le jugement et la capacité à se remettre en cause. S’il ne porte pas à conséquence grave, ce pa-pillonnage tend à retarder la maturation et l’entrée définitive dans l’âge adulte, celui de la maitrise et du don de soi. En attendant, le jeune joue un ou plusieurs rôles, change de masque en fonction des situations. Il batifole, louvoie, adopte des attitudes et des valeurs contradictoires. Il n’est pas vrai en toute circonstance, il tri-che. Il n’est pas maître de sa vie. Il n’est pas pleinement heureux.

Car le bonheur véritable, mille fois plus pérenne que ceux procurés par les plai-sirs passagers, passe par un regard lucide sur soi. Comme une métamorphose, le passage de l’adolescence à l’âge adulte requiert une phase d’introspection, pen-dant laquelle le jeune s’interroge sur ce qu’il est puis choisit, ou accueille, ce qu’il va devenir. Ensuite, il faut se construire, faire des choix. S’ils sont orientés vers l’accomplissement de sa vocation, le bon-heur est assuré.

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Le raid Goum est le lieu idéal pour changer de regard sur soi. Et pour po-ser des choix simples mais fondateurs. Dans le cœur à cœur de la méditation et en se mettant au service des autres. En profitant de la marche au long cours et du silence pour effectuer une relecture des signes qui ponctuent son existence. En découvrant au contact de ses frères d’autres façons d’être, en vérité. En ef-fectuant sa révolution copernicienne et en réalisant que le monde ne tourne pas autour de soi. En accueillant le pardon de Dieu dans le sacrement de réconciliation, qui fait grandir en soi la part de la lu-mière. En faisant reculer aussi les zones d’ombre, pour corriger ce qui doit l’être, et mettre en cohérence ses actes et son désir de mener une vie belle, de servir, d’aimer, d’être saint. Bref, en accordant sa vie au projet de Dieu, pour devenir le « serviteur inutile » de ses desseins.

Restaurer l’unité « corps-esprit-âme » est donc une belle ambition, qui vise l’essentiel. Avec le dépouille-ment et l’effort qui caractérisent l’expé-rience Goum, nous nous libérons de ce qui nous enchaine au quotidien. Nous nous redressons, nous reprenons pos-session de nous-mêmes. En quelques jours, nous pouvons recadrer ce que les rythmes de la vie moderne et le péché tendent à déformer dans notre vie. Le raid est l’occasion de discerner et de re-mettre en cause les mauvaises habitudes de l’homme ancien dont il nous faut nous dévêtir afin de revêtir l’homme nouveau. C’est l’opportunité d’ajuster le cap, de re-dresser la barre d’une existence plus ou moins déboussolée. L’unification passe par la conversion. Car chacun de nous est pécheur et ne peut que se désoler, comme l’apôtre Paul, de constater que « le bien

que je veux, je ne le fais pas; mais le mal

que je hais, je le fais (3) » . Il nous faut en permanence réajuster notre agir à nos engagements, à notre idéal.

Le défi de l’unité dans le monde mo-derne.

Les techniques modernes raccourcis-sent non seulement les distances mais aussi, semble-t-il, la course du temps. Les rythmes de la vie moderne s’accé-lèrent. Nous sommes de plus en plus multitâches, comme nos ordinateurs, sauf que l’Homme n’a qu’un seul cœur, contrairement aux puces électroniques qui équipent nos multiples écrans. Nos besoins fondamentaux restent ce qu’ils ont toujours été depuis le temps des ca-vernes cependant. Comme l’écrivait le Père Etienne Roze (4), « essayer d’adapter les rythmes profonds de l’Homme, qu’ils soient physiques, psychologiques ou spi-rituels, sur les rythmes de la technique moderne toujours plus rapide, c’est ris-quer l’explosion ».

Une telle explosion fait partie des buts de l’idéologie moderne qui prône, dans une fausse vision de la liberté et du pro-grès, de céder à toutes les pulsions instinc-tives, d’abandonner toute prudence dans la conduite de sa vie et toute modération dans la consommation, qu’il s’agisse de nourriture, de drogues, de divertissement mais aussi d’autrui. Dans la doctrine post-soixante-huitarde, « s’éclater » est le but ultime, le maitre mot des éternels adolescents, égocentrés et narcissiques, incapables de maitriser leur force vitale et d’aimer en vérité. Cette tentation et ce risque sont d’autant plus grands que nous sommes dorénavant connectés en perma-nence, non pas à la transcendance, mais à l’immédiateté de l’Internet. Le monde virtuel prend de plus en plus le pas sur le monde réel. Panneaux publicitaires, télé-visions, ordinateurs, téléphones et autres tablettes, la vie moderne est rythmée par l’instantanéité et l’omniprésence de l’in-formation. Nous sommes dans le divertis-sement permanent. Et la dépendance est aliénante, surtout pour les jeunes géné-rations, qui sont plus habitués à « chatter » avec leurs amis sur les réseaux sociaux qu’à vivre avec eux dans le monde réel.

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Cette fuite dans le virtuel et la recher-che des occasions de s’éclater cachent une grande peur de la vie et de l’avenir. La consommation effrénée de bruit et d’information futile permet d’échapper à la réalité de l’être au présent, de fuir ses responsabilités. Il est paradoxal qu’en cette société de l’hyper-connectivité, tant d’hommes et de femmes souffrent de solitude. La peur de s’engager fait des ravages dans le cœur des jeunes adultes d’aujourd’hui.

Permettre à l’Homme moderne de dé-brancher pour se retrouver est donc to-talement utile. Rien de tel que l’effort, la confrontation avec la nature, la redé-couverte du silence et de la présence de l’autre, pour se libérer, pour reprendre conscience de notre essence divine et de notre vocation au bonheur, dès ici-bas, et pour la vie éternelle, afin de partici-per pleinement à l’œuvre créatrice de Dieu selon le projet qu’il a pour nous. Indubitablement, le bonheur que nous expérimentons en fin de raid vient de ce que nous sommes de nouveau unifiés, en cohérence avec nous-mêmes, en com-munion avec notre Créateur, mais aussi en union avec nos frères et sœurs Gou-miers.

Ensemble : la dimension collective de l’unité.

C’est souvent la qualité des liens tissés entre nous qui frappe le plus les jeunes Goumiers. La cohésion qui nait au bout de quelques jours de marche, de peine et de joie partagée, n’est pas sans rappeler l’esprit de corps qui soude les équipes de sportifs ou de militaires qui vivent des moments forts et se dépassent ensemble. L’aventure soude. La force du collectif s’impose lorsque, prenant conscience de sa faiblesse, chacun trouve réconfort dans la présence de l’autre. Dans l’effort, les regards viennent au secours des paroles pour soutenir celui qui souffre, compatir et encourager la volonté qui flanche.

Nous vivons au sein d’une équipe de raid une qualité de relations humaines qui tranche avec ce que chacun à l’habitude d’expérimenter au quotidien. Empreintes de respect et de discrétion, les amitiés qui se forgent en Goum sont authenti-ques. Avec la vie de service et grâce aux sacrements, la cohésion devient commu-nion fraternelle. La dimension spirituelle donne à ces amitiés nouvelles une pro-fondeur inattendue. Elle les inscrit dans la durée, à l’échelle de l’éternité, dans la Communion des Saints. La conversion que chacun vit sur le plan intérieur parti-cipe à l’élévation des âmes et permet d’ap-profondir encore les échanges. A la fin du raid, les Goumiers s’émerveillent de la beauté de leur unité, alors que la plupart ne se connaissaient pas huit jours plus tôt. La communion et l’amour fraternel qu’ils vivent illustrent le commandement du Christ : « soyez un comme mon Père et moi nous sommes Un » (Jean, 10,30).

Après les inévitables adieux, l’unité entre membres d’une équipe de raid s’entretient à l’occasion de retrouvailles plus ou moins régulières. Elle s’étend ensuite, naturellement, aux autres Gou-miers, membres de la communauté fra-ternelle informelle que nous formons, et qui aime à cultiver ces liens à l’occasion de soirées ou de week-ends. Le mot «en-semble», souvent utilisé en signature de nos échanges épistolaires devenus élec-troniques, illustre la permanence que nous voulons donner à notre unité dans le temps, et notre désir de continuer à vivre dans l’esprit de la Communion des Saints, dont nous faisons si intensément l’expérience pendant nos raids.

Une vocation, un appel.

Parce qu’ils contribuent à remettre l’Homme debout, les Goums font œuvre de salut public. Modestement mais ré-solument, ils ont conscience de remplir une mission sacrée, de répondre à un appel de Jésus, le Christ. Pour sauver le monde, Dieu s’appuie sur notre goût de

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l’aventure, sur notre énergie et notre ca-pacité à entrainer, sur l’exemplarité de notre propre unité, en union avec Lui. Notre réponse à cet appel nous engage, il nous rend responsables des jeunes que nous entraînons au désert. C’est une belle œuvre que de conduire sur les chemins escarpés de l’unité une petite tribu de « corps-esprits-âmes », appelés par le Seigneur à vivre pleinement leur vocation

d’hommes et de femmes libres, maîtres de leurs vies.

(1) A La Belle Etoile, Toussaint 1991

(2) Encyclique Veritatis Splendor, 1993

(3) Romains 7,15

(4) in Spiritualité des raids Goums au désert

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La nostra missione: aiutare i giovani a costruire la loro unità di Stéphane de Saint Albin

L’individuo, etimologicamente « ciò che è indivisibile », non è spontanea-mente unito o unifi cato. Ci sono delle

personalità tutte d’un pezzo, ma le persone interamente coerenti sono molto rare. Si vede subito quali siano gli uomini e le donne che hanno realizzato la propria unità: sono concentrati, quasi raccolti attorno ad alcu-ne qualità o carismi che saltano agli occhi. L’onestà, la mitezza, la capacità di trasci-nare gli altri e tante altre virtù che, in alcune persone, sono quasi palpabili : si vedono sul volto, si leggono negli occhi, si riconoscono fi n nei minimi gesti. I tratti di carattere dis-tintivi della loro personalità, trasudano da tutti i pori della pelle, dalle parole e dagli atti. E ciò che rende queste persone così spe-ciali, è la profonda unità del loro essere, al di là della maniera di essere di ognuno.

Non si tratta quasi mai di un’unità innata. È il risultato di un lavoro personale, spesso di lunga durata. Questo lavoro comincia per imitazione: il bambino cerca innanzi tutto di assomigliare al proprio padre o alla propria madre, perché li ammira. Il giovane adulto, all’uscita dall’adolescenza, costruisce la pro-pria unità grazie all’azione risoluta della propria volontà nel conformare la persona che è oggi a quella che aspira a diventare domani. Nell’età matura, mantenere tale coerenza è uno sforzo ad ogni istante, e forse è addirittura il lavoro di tutta la vita. Soprattutto nella società moderna, in cui l’unità della persona è minacciata da molti tentativi di divisione. Ma l’unità individuale si rafforza e si nutre anche nella comunione con i fratelli. E questo è uno dei grandi se-greti dei Goum.

La persone umana al centro del pro-getto dei Goum.

Da più di 40 anni, per i Goum, la priorità delle priorità consiste nel restaurare l’unità della persona umana. Invece di grandiose aspirazioni a cambiare il mondo al livello delle nazioni o dell’umanità, la nostra am-bizione riguarda più modestamente e più fondamentalmente la componente più ele-mentare della società, cioè l’Uomo nella sua individualità, la persona umana singolare.

Aiutare anche un piccolo numero di nos-tri contemporanei a ristabilire o a costruire l’ unità, nelle proprie dimensioni fi siche, psichiche, relazionali e spirituali, è il nos-tro modo di contribuire a salvare il mondo. Lo facciamo nel nostro piccolo, una per-sona alla volta: le equipe dei nostri raid superano raramente la ventina di persone. Lo facciamo perché la storia c’insegna che, nei periodi di crisi, bastano pochi uomini a salvare la situazione, a evitare le catastrofi . Nel campo dell’eroismo, non è la quantità che conta, ma la qualità.

Certo, occorre constatare che quelli che affrontano il deserto sono relativamente pochi. Dall’inizio degli anni ’70, i Goum sono stati seguiti da più di 15.000 giovani, ma tutto ciò non è che una goccia d’acqua paragonata ai 65 milioni di francesi, ai 60 milioni di italiani o ai 7 miliardi di abitanti del pianeta.

Perché costruire o portare a compi-mento la propria unità ?

Nei nostri raid, l’esperienza del deserto permette di ricollocare – nell’asse verticale

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! – tutte le dimensioni dell’essere umano : corpo, mente e anima. L’obiettivo è l’Uomo diritto in piedi, nel pieno possesso di tutti i suoi mezzi, che vive, nell’istante presente, una relazione fi liale pienamente assunta con il suo Creatore e delle relazioni fra-terne autentiche con i suoi fratelli e sorelle. Dall’unità della persona dipende infatti anche tutto il resto, come scriveva Michel Menu :

« La vitalità, la creatività, la potenza creatrice della persona umana è indis-sociabile dalla sua unità. La dispersione fi sica o mentale, lo sfarfallamento senti-mentale, la confusione tra immaginario e reale, disintegrano totalmente l’individuo. Di fronte a un’epidemia del genere, non ci può essere salvezza senza una ricos-truzione degli individui nella loro unità. L’Europa oggi ha bisogno innanzitutto di uomini e donne con i piedi per terra ! Di viventi in carne ed ossa che, avendo essi stessi ripreso contatto con il reale, diven-tino a loro volta dei punti di riferimento culturali, degli esploratori. Per riprendere contatto con il reale, meccanicamente parlando, occorre cominciare a rompere totalmente con l’astrazione, con il culto e la cultura dell’immagine, con lo spettaco-lo. Occorre passare agli atti che rendono verità e potenza ai nostri corpi, libertà alle nostre menti, nutrimento ai nostri deside-ri soprannaturali e autenticità alle nostre relazioni umane »(1).

Nella prospettiva antropologica cristiana - che è la nostra - l’unità tra corpo e anima è la conditio sine qua non della felicità. Se tale unità s’incrina o viene a mancare, se il corpo e l’anima sono in disaccordo, ca-diamo nell’insoddisfazione esistenziale, nel malessere, nel disordine. Papa Giovanni Paolo II ha detto : « la persona, corpo com-preso, è integralmente affi data a se stessa e, nella sua unità di anima e corpo, costi-tuisce il soggetto dei propri atti morali. Il corpo e l’anima sono indissociabili : nella persona, nell’agente volontario e nell’atto deliberato, è solo insieme che il corpo e

l’anima permangono o si perdono (2) ». Questa misteriosa unione di corpo e anima, l’incarnazione, distingue l’Uomo dalle altre creature spirituali, permettendogli di tras-mettere la vita e di partecipare all’opera creatrice di Dio.

Dispersione, mancanza di verità : costruire la propria unità è una sfi -da.

Molti giovani entrano nell’età adulta come a tentoni. Toccano un po’ dappertu-tto, fanno esperienze di ogni tipo, consu-mano in tutti i campi : emotivo, sessuale, culturale, spirituale ecc. Se hanno ricevuto un’educazione appena appena centrata su dei valori come la responsabilità, il rispetto e la prudenza, eviteranno le esperienze troppo stigmatizzanti o senza ritorno, quelle che segnano la psiche in profondità, alterando il giudizio e la capacità di rimet-tersi in discussione. Questo sfarfallamento tende comunque a ritardare la maturità e il defi nitivo ingresso nell’età adulta con la padronanza di sé e il dono di sé che ne deri-vano. Nel frattempo, un giovane può gioca-re a uno o a più ruoli, cambiando maschera in funzione delle situazioni. Va per campi, soffre di strabismo, adotta atteggiamenti e valori contraddittori. Non è sempre auten-tico in qualsiasi circostanza ma a volte mente. Non è padrone della propria vita. Non è pienamente felice.

La vera felicità, infatti, mille volte più du-revole di quelle procurateci da tutti i pia-ceri passeggeri passa attraverso un lucido sguardo su se stessi. Come una metamor-fosi, il passaggio dall’adolescenza all’età adulta richiede una fase d’introspezione, nel corso della quale il giovane s’interroga su ciò che egli stesso è e poi sceglie o ac-coglie ciò che diventerà. Occorre costruirsi, compiere delle scelte. Se queste ultime sono orientate al compimento della propria vocazione, la felicità è assicurata.

Il raid Goum è il luogo ideale per cam-biare il proprio sguardo su se stessi. E per compiere scelte semplici, ma fondanti. Nel

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cuore a cuore della meditazione e metten-dosi a servizio degli altri Approfi ttando del cammino di lungo corso e del silenzio per effettuare una rilettura dei segni che accompagnano l’esistenza. Scoprendo, a contatto coi fratelli e le sorelle, altri modi di essere, in verità. Effettuando la propria rivoluzione copernicana e comprendendo che non siamo il centro del mondo. Acco-gliendo il perdono di Dio nel sacramento della riconciliazione che fa crescere la parte di luce che è in noi. Facendo inoltre indie-treggiare le zone d’ombra, per correggere ciò che va corretto e fare coerenza tra gli atti e il desiderio di vivere una vita bella, di servire, amare ed essere santi. Insomma, accordando la propria vita al progetto di Dio, per diventare il « servo inutile » dei Suoi disegni.

Restaurare l’unità « corpo-mente-anima » è quindi una bella ambizione che tende all’essenziale. Grazie allo sforzo e all’es-senzialità che caratterizzano l’esperienza Goum, ci liberiamo da ciò che ci incatena al quotidiano. Ci raddrizziamo, riprendiamo possesso di noi stessi. In qualche giorno, possiamo riequilibrare i nostri ritmi che la vita moderna e il peccato tendono a defor-mare. Il raid è l’occasione di discernere e di rimettere sul tappeto le cattive abitudini dell’uomo vecchio di cui dobbiamo svestirci per rivestire l’uomo nuovo. Ci dà l’opportu-nità di aggiustare la mira, di raddrizzare il timone di un’esistenza che forse ha un po’ perso la bussola. L’unifi cazione passa attra-verso la conversione. Ognuno di noi infatti è peccatore e non può fare altro che rattris-tarsi constatando come l’apostolo Paolo che « io non compio il bene che voglio, ma il male che non voglio (3) » . Dobbiamo continuamente riaccordare l’agire con gli impegni presi, e con il nostro ideale.

La sfi da dell’unità nel mondo mo-derno.

Le tecniche moderne non sembrano ac-corciare solo le distanze, ma anche lo scor-rere del tempo. I ritmi della vita moderna sono accelerati. Siamo sempre più pluri-fu-

nzionali come i nostri computer, se non che l’Uomo ha un cuore solo, contrariamente a tutti i microchip di cui sono muniti i nostri numerosi schermi. I bisogni fondamentali però restano ciò che furono fi n dai tempi delle caverne. Come ha scritto Padre Etien-ne Roze (4), « cercare di adattare i ritmi profondi dell’Uomo – fi sici, psicologici o spirituali che siano – ai ritmi della tecnica moderna sempre più rapida, signifi ca ris-chiare di esplodere ».

Un’esplosione del genere fa parte degli obiettivi dell’ideologia moderna che, secon-do una falsa visione della libertà e del pro-gresso, incita a cedere a qualsiasi pulsione istintiva, ad abbandonare ogni prudenza nel dirigere la propria vita e ogni modera-zione nel consumare, che si tratti di cibo, di droghe, di divertimenti, ma anche degli… altri. Nella dottrina post-sessantottina, poter « scoppiare » è lo scopo, è la parola d’ordine di eterni adolescenti, egocentrici e narcisisti, incapaci di gestire la propria forza vitale e di amare in verità. Tentazione e rischio tanto maggiori quanto più siamo ormai tutti connessi in permanenza e non con il trascendente, ma con l’immediatezza di Internet. Il mondo virtuale ha sempre più il sopravvento sul mondo reale. Tra pannelli pubblicitari, televisione, compu-ter, telefoni e altri tablet, la vita moderna è ritmata dall’istantaneità e dall’onnipresen-za dell’informazione. Siamo in un perenne divertimento. E la dipendenza è alienante, soprattutto per le giovani generazioni, più abituate a « chattare » con gli amici sui social network che non a vivere insieme a loro nel mondo reale.

Tale fuga nel virtuale, con la ricerca esas-perata di occasioni per scoppiare, nasconde una grande paura della vita e dell’avvenire. Il consumo sfrenato di rumori e d’informa-zioni futili permette di sfuggire alla realtà del presente, di fuggire dalle proprie res-ponsabilità. È paradossale che in questa società superconnessa, tanti uomini e don-ne soffrano di solitudine. La paura d’impe-gnarsi fa danni nel cuore dei giovani adulti di oggi.

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Perciò, permettere all’Uomo moderno di staccare per ritrovarsi è decisamente utile. Non c’è nulla di simile allo sforzo, al confronto con la natura, alla riscoperta del silenzio e della presenza dell’altro, per libe-rarsi, per riprendere coscienza della nostra essenza divina e della nostra vocazione alla felicità, fi n da quaggiù e per la vita eterna, al fi ne di partecipare pienamente all’opera creatrice di Dio secondo il progetto che lui ha per noi. Senza alcun dubbio, la felicità che sperimentiamo alla fi ne di un raid pro-viene dal fatto che siamo di nuovo unifi cati, coerenti con noi stessi, in comunione con il Creatore, ma anche uniti ai nostri fratelli e sorelle Goumier.

Insieme : la dimensione collettiva dell’unità.

Spesso i giovani Goumier sono colpiti so-prattutto dalla qualità delle relazioni intes-sute fra di noi. La coesione che nasce dopo qualche giorno di cammino, di gioie e di pene condivise, ricorda lo spirito di corpo che unisce le squadre sportive o militari che hanno vissuto dei momenti forti e li hanno superati insieme. L’avventura strin-ge i legami. La forza del collettivo si mani-festa quando, prendendo coscienza della propria debolezza, ognuno trova conforto nella presenza dell’altro. Nella fatica, gli sguardi vengono in aiuto delle parole per sostenere chi soffre, compatire e incorag-giare la volontà che sta cedendo.

All’interno di un’equipe durante un raid viviamo una qualità di relazioni umane ben diversa da ciò che ognuno di noi spe-rimenta di solito nel suo quotidiano. Le amicizie forgiatesi durante un Goum sono piene di rispetto e di discrezione e quindi sono anche autentiche. Con la vita di ser-vizio e grazie ai sacramenti, la coesione diventa comunione fraterna. La dimen-sione spirituale dona alle nuove amicizie una profondità inaspettata. Le iscrive nella durata, sul piano dell’eternità, nella Comu-nione dei Santi. La conversione di ognuno nella propria interiorità gioca la sua parte nell’elevare le anime e nell’approfondire gli

scambi. Alla fi ne del raid, i Goumier sono stupiti dalla bellezza della loro unità, men-tre, per la maggior parte, otto giorni prima non si conoscevano affatto. La comunione e l’amore fraterno illustrano il comanda-mento di Cristo : che « tutti siano una sola cosa; come tu, Padre, sei in me e io in te » (Gv 17,21).

Dopo gli adii, inevitabili, l’unità tra i membri di un’equipe di raid si ravviva in occasione di ritrovi più o meno regolari. Può inoltre allargarsi, in seguito, agli altri Goumier, membri di quell’informale co-munità fraterna che formiamo, e che ama coltivare queste relazioni attraverso delle serate o dei week-end. La parola « insieme », spesso usata come fi rma nei nostri scam-bi epistolari ormai diventati elettronici, il-lustra il desiderio che l’unità permanga nel tempo e che continuiamo a vivere nella Co-munione dei Santi di cui facciamo intensa-mente esperienza durante i nostri raid.

Una vocazione, una chiamata.

Proprio in quanto contribuiscono a ri-mettere in piedi l’Uomo, i Goum compiono un’opera socialmente utile. Modestamente ma con decisione, sono consapevoli di com-piere una missione santa, di rispondere a una chiamata di Gesù, il Cristo. Per salvare il mondo, Dio si serve del nostro spirito di avventura, della nostra energia e capacità di trascinare e dell’esempio della nostra unità personale in unione con Lui. Rispondere a questa chiamata è un impegno che ci rende responsabili dei giovani che portiamo con noi nel deserto. È un’opera bella quella di accompagnare sui ripidi sentieri verso l’unità una piccola tribù di « corpi-men-ti-anime », chiamati dal Signore a vivere pienamente la loro vocazione di uomini e donne liberi e padroni delle loro vite.

(1) A La Belle Etoile, Toussaint 1991

(2) Veritatis Splendor, 1993

(3) Rm 7,15

(4) in Spiritualité des raids Goums au désert

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Nous savons tous que le sens de l’équilibre se situe dans l’oreille interne en lien étroit avec la vision

oculomotrice et la plante des pieds. Pour peu que l’oreille interne soit en défi cit et c’est tout l’édifi ce humain qui s’en ressent. Fâcheux pour un Goumier qui, fi dèle à l’étymologie de son nom, marche debout.

Garder l’équilibre est un processus inconscient et automatique qui permet de se tenir debout facilement et de se déplacer sans avoir peur de tomber. Généralement, on ne fait pas attention à l’équilibre. Cela va de soi. Seule règle : le centre de gravité doit toujours être en projection entre les deux pieds, c’est ce qu’on appelle le poly-gone de sustentation. Dès que le centre de gravité dépasse ce polygone, notre corps est en déséquilibre et le risque de chute augmente. Le cerveau nous permet de ré-tablir notre position.

Pour garder l’équilibre, le cerveau reçoit en permanence des informations en pro-venance des organes des sens. Des ré-cepteurs sensoriels de la plante des pieds et des muscles du squelette, l’informent sur les mouvements et la position du corps dans l’espace. Les yeux interviennent éga-lement en envoyant des images nettes de ce qui nous entoure, même quand nous sommes en plein mouvement. Or, l’œil est comme un appareil photo : tout mouve-

ment est censé provoquer une image fl oue. Mais un réfl exe permet de s’adapter. Dès qu’on bouge la tête vers la droite, le globe oculaire va vers la gauche. Et dès qu’on bouge la tête vers la gauche, l’œil va vers la droite. Ainsi malgré les mouvements de la tête, l’image reste toujours stable sur la rétine pour garder une vision nette.

Cette adaptation est possible grâce aux oreilles. Elles jouent un rôle central puis-que la partie postérieure renferme le vé-ritable siège de l’équilibre: le vestibule. Le vestibule est formé de trois canaux semi-circulaires disposés dans les trois di-rections de l’espace. L’intérieur de ces ca-naux est rempli de liquide renfermant des cristaux. Quand on bouge la tête, le liquide se déplace, les cristaux détectent le mouve-ment et stimulent les capteurs sensitifs qui tapissent les canaux.

Les deux oreilles envoient alors à tra-vers le nerf vestibulaire des impulsions au cerveau. Ces impulsions sont équiva-lentes quand la tête est immobile et elles sont différentes quand la tête bouge. Mais lorsque l’une des deux oreilles est malade, et que les cristaux des canaux du vestibule se sont détachés et se sont déplacés, le cer-veau reçoit des informations erronées, c’est le confl it sensoriel. Il va croire que la tête bouge et va induire un mouvement de l’œil dans un sens opposé pour compenser, c’est

Vertige : la parabole de l’oreille interne par Michel David

L’être humain est une pure merveille et son corps est en soi un univers que nous ne fi nis-sons pas d’explorer. Il est assez étonnant de remarquer par exemple, dans une époque où un sentiment de confusion programmée voit le jour jusqu’à donner une impression de vertige, une confusion des genres en particulier, à quel point le sens de l’équilibre du corps humain repose sur quelque chose de simple et de complexe. Je connais un Goumier qui a expérimenté dans sa chair ce qui suit.

Suite en page 24

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Rien qu’aujourdhui, J’essaierai de vivre exclusivement la journée sans tenter de ré-soudre le problème de toute ma vie.

Rien qu’aujourd’hui, Je porterai mon plus grand soin à mon apparence courtoise et à mes manières: Je ne critiquerai personne et ne prétendrai redresser ou discipliner personne si ce n’est moi-même

Rien qu’aujourd’hui, je serai heureux dans la certitude d’avoir été créé pour le bon-heur, non seulement dans l’autre monde, mais également dans celui-ci.

Rien qu’aujourd’hui, je m’adapterai aux circonstances sans prétendre que celles-ci se plient à mes désirs

Rien qu’aujourd’hui, je consacrerai dix mi-nutes à la bonne lecture en me souvenant que, comme la nourriture est nécessaire à la vie du corps, la bonne lecture est néces-saire à la vie de l’âme.

Rien qu’aujourd’hui, je ferai une bonne ac-tion et n’en parlerai à personne.

Rien qu’aujourd’hui, je ferai au moins une chose que je n’ai pas envie de faire et si j’étais offensé, j’essaierai que personne ne le sache

Rien qu’aujourd’hui, j’établirai un pro-gramme détaillé de ma journée. Je ne m’en

acquitterai peut-être pas mais je le rédige-rai et me garderai de deux calamités : la hâte et l’indécision.

Rien qu’aujourd’hui, je croirai fermement - même si les circonstances prouvent le contraire - que la Providence de Dieu s’oc-cupe de moi comme si rien d’autre n’exis-tait au monde.

Rien qu’aujourd’hui, je ne craindrai pas et tout spécialement, je n’aurai pas peur d’apprécier ce qui est beau et de croire en la bonté. Je suis en mesure de faire le bien pendant douze heures, ce qui ne saurait pas me décourager, comme si je pensais que je devais le faire toute ma vie durant.

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Décalogue de la sérénité du bienheureux Jean XXIII

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Solo per oggi cercherò di vivere alla gior-nata senza voler risolvere i problemi della mia vita tutti in una volta

Solo per oggi avrò la massima cura del mio aspetto, vestirò con sobrietà, non alzerò la voce, sarò cortese nei modi, non criticherò nessuno, non pretenderò di migliorare o disciplinare alcuno, tranne me stesso.

Solo per oggi sarò felice nella certezza che sono stato creato per essere felice non solo nell’altro mondo, ma anche in questo.

Solo per oggi mi adatterò alle circostanze, senza pretendere che le circostanze si adattino tutte ai miei desideri.

Solo per oggi dedicherò dieci minuti del mio tempo a qualche buona lettura, ricor-dando che, come il cibo è necessario alla vita del corpo, così la buona lettura è ne-cessaria alla vita dell’anima.

Solo per oggi compirò una buona azione e non lo dirò a nessuno

Solo per oggi mi farò un programma che forse non riuscirà a puntino, ma lo farò e mi guarderò dai due malanni: la fretta e l’indecisione.

Solo per oggi crederò fermamente nonos-tante le apparenze che la Provvidenza di Dio si occupa di me come se nessun altro esistesse al mondo.

Solo per oggi farò almeno una cosa che non desidero fare, e se mi sentirò offeso nei miei sentimenti farò in modo che nes-suno se ne accorga.

Solo per oggi non avrò timori, in modo particolare non avrò paura di godere di ciò che è bello e di credere alla bontà.

Posso ben fare per dodici ore ciò che mi sgomenterebbe se pensassi di doverlo fare per tutta la vita. Basta a ciascun giorno il suo affanno.

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Decalogo della quotidianità di Papa Giovanni XXIII

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l’une des raisons des vertiges. On appelle cela le nystagmus. Différents types de ver-tige existent, ce sont des symptômes dont il faut rechercher la véritable cause.

Parmi ces différents types de vertige, le vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB) est le plus fréquent : il atteint près d’un tiers des patients vertigineux.

Il s’agit d’un vertige rotatoire, souvent violent et d’apparition rapide (3 à 20 se-condes), parfois accompagné de nausées. Il apparaît à la suite d’un changement de position de la tête, toujours le même, et le cas le plus fréquent est la rotation de la tête en décubitus dorsal, mais il peut très bien survenir en position debout la tête en hy-per extension ou tout au contraire la tête penchée vers le sol. Un patient sur quatre se plaint en outre de troubles de l’équilibre lors de la marche. Très ennuyeux pour la marche au long cours.

Approchons-nous d’un peu plus près. A l’intérieur de l’oreille, au sein du vestibule osseux, on trouve donc deux poches rem-plies d’endolymphe, qui est un liquide riche en potassium, pauvre en sodium et quasi-ment dénué de calcium. Ces poches sont l’utricule et le saccule : ce sont les organes otolithiques. On peut encore entrer plus dans les détails sur le processus : l’homme est un univers en soi dont nous n’avons pas fi ni de découvrir les secrets.

Les trois canaux semi-circulaires sont perpendiculaires entre chacun d’eux, ce qui leur permet d’être dis-posés dans les trois plans de l’espace pour détecter les accélérations angulaires. Il y a le canal antérieur, le canal latéral et le canal postérieur.

Ces canaux sont aussi remplis d’endo-lymphe. Chacun débute par l’utricule et se terminent par des ampoules (renfl ement situé dans l’utricule). Dans ce renfl ement, on trouve les cupules, chargés de détecter les accélérations angulaires. Les cupules sont tout d’abord une substance gélati-neuse, composée de cristaux de carbonate

de calcium (CaCO3) qui s’appellent les oto-lithes. Ils renferment des cils reliés à des cellules ciliées qui sont liées aux axones du nerf cochléo-vestibulaire, c’est-à-dire, le nerf reliant l’oreille interne au cortex du cerveau. Tout un poème… concentré sur quelques millimètres cubes.

Les otolithes sont donc des cristaux qui peuvent se détacher et vont se balader dans un des canaux circulaires, occasion-nant alors des vertiges. Paradoxalement, le plus commun étant celui qui se produit alors que l’on est allongé, qui vous réveille un homme vers cinq heures du matin. Tout semble alors tourné dans tous les sens. Le lit passe à la verticale. L’homme s’as-soit et retombe sur son lit. Un peu comme quelqu’un qui sort d’un manège tournant de fête foraine.

Il va donc falloir aller trouver un kiné ou un médecin ORL qui par des mouvements rotatoires précis, va permettre à ces otoli-thes de revenir dans l’utricule, de se dissou-dre puis de se recristalliser sur les parois. Le principe du siphon en quelque sorte.

Pendant deux ou trois nuits, le patient devra dormir en position semi-assise pour éviter le retour des cristaux dans les canaux. Il se peut qu’il faille par la suite rééduquer la mémoire visuelle s’il y a eu prépondérance visuelle pour compenser le déséquilibre de l’oreille.

Mais quel rapport avec notre société et avec les Goums me direz-vous ? Où placer le polygone de sustentation, le vestibule, l’endolymphe, les otolithes. Cherchez et vous trouverez. Le rédacteur de cet article attend avec impatience vos suggestions.

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Lors du raid étincelle à la Sainte Bau-me à l’automne 2008, je discutais avec un vieux Goumier de tous les

fruits merveilleux qu’on pouvait observer dans les Goums. Il nous est apparu que ces richesses sont si nombreuses et si diverses que beaucoup d’entre elles échappent en-core à nos intelligences humaines. Peut-être faudra-t-il encore de nombreuses gé-nérations de Goumiers pour les découvrir toutes, et elles seront autant de manifesta-tions de l’amour de Dieu à travers ce mou-vement chrétien.

L’une de ces richesses peut paraître sur-prenante (mais la vie de foi nous apprend que le Seigneur aime nous surprendre) : il s’agit, manifestée à travers les Goums, de l’unité de l’Eglise, voire de l’unité des Chré-tiens.

Les divisions entre Chrétiens, ainsi que les divisions qui peuvent déchirer l’Eglise, ont été le lot douloureux de toutes les épo-ques. Aujourd’hui l’Esprit œuvre à l’unité et le Saint Père recoud inlassablement les déchirures du manteau du Christ. Dans cette œuvre d’unité, les Goums ont déjà toute leur place.

Les Goums, un ciment pour l’Eglisepar Christophe Courage

« Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, par leur prédica-tion, croiront en moi, Pour que tous ils soient un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous, pour que, eux aussi, ils soient un en nous, afi n que le monde croie que vous m’avez envoyé. » (Jean 17, 20 et 21).

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En effet, ce n’est pas seulement dans l’ef-fort partagé, ni dans la fraternité vécue que se manifestent l’unité de l’Eglise et l’uni-té des chrétiens en Goum. La fraternité Goum, qui fait d’une vingtaine de parfaits inconnus une petite communauté de frères et de sœurs une semaine plus tard, ne suf-fi t pas à tout expliquer. Il est ainsi possible d’aller plus loin et d’observer que les Gou-miers viennent de tous les horizons (pro-fession, origines, âge, etc.) mais aussi de tous les courants qui font la richesse de la Maison du Père. Catholiques de toutes obé-diences, chrétiens d’autres églises, catholi-ques engagés depuis toujours ou depuis un mois, jeunes en recherche retrouvant le sens de leur baptême, personnes en quête d’une vocation ou d’un sens à leur vie, jeu-nes arrivés là par hasard (c’était mon cas !), quelles que soient leurs opinions, leur place dans l’Eglise ou leur chemin de foi, ils sont tous unis dans un même chemin vers le Père.

Cette situation n’est pas le fruit du ha-sard. En effet, ce qui nous unit est d’abord le Vrai, au sens de l’absence d’artifi ce. L’ins-piration des Goums, qui vient certainement d’en haut, fait que nos raids et la façon dont ils sont lancés et vécus sont une expérience authentique, un moment pendant lequel on ne peut pas mentir ni se mentir à soi-même, un moment pour cheminer vers

Dieu et se découvrir soi-même. Ensuite, après le principe, il y a son application : le Lanceur veille aussi à ce que chacun se sente accueilli, ce qui est une source d’uni-té. Il imprime un beau carnet de chants dans lequel chacun pourra trouver quel-ques chants d’église classiques qu’il pourra connaitre, et fait parfois taire ses propres souhaits qui le conduiraient à privilégier ses goûts. La djellaba, si surprenante à porter pour celui qui arrive, n’uni-formise pas mais est aussi source d’unité, en ce qu’elle renvoie chacun, mis dans la condition d’un pauvre, à être avant tout un regard et un visage rayonnant.

C’est ainsi que chacun découvre l’autre et, loin des préjugés, apprend à aimer l’Eglise quelle qu’elle soit, à comprendre la richesse de tel ou tel engagement si diffé-rent du sien, à se réjouir du grand nombre de demeures que comporte la Maison du Père, ces demeures qui se révèlent si com-plémentaires quand au lieu de se concur-rencer, elles marchent ensemble sur un même chemin du Causse pour se retrouver, le soir à la veillée, à invoquer la bénédiction du Seigneur quand autour, tout s’endort.

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En philosophie, l’unité poussée à l’ex-trême pourrait faire penser à PLO-TIN (205 - 270 après J.-C.), philo-

sophe grec qui énonce le principe de l’UN et préfi gure, en un certain sens, le Dieu de la foi chrétienne. Plus près de nous, dans l’imaginaire de certains, l’unité évoquera l’anneau unique. Cet objet magique est au centre de l’intrigue du Seigneur des Anneaux (The Lord of the Rings) de John Ronald Reuel TOLKIEN. Le roman en trois volumes (et les fi lms éponymes principa-lement ceux sortis en 2001-2003) sont-ils seulement des contes pour enfants dans un monde magique avec ses hobbits, ses mons-tres et ses nains ? TOLKIEN est d’abord un grand professeur d’université anglais enseignant à Oxford la philologie (l’étude d’une langue écrite). Son œuvre littéraire, avec pour pièce maîtresse le Seigneur des Anneaux, est d’une richesse, d’une sophis-tication et d’une cohérence si remarquable qu’elle inaugure un style littéraire à part entière. Ainsi, dans cette lumière dorée de l’anneau unique, l’idée d’unité pourra être mieux comprise dans notre aventure Goum.

Dans notre monde contemporain, l’uni-té est diffi cile à trouver (I) et en cela nos Goums sont un moyen de la retrouver (II).

I. L’unité dévoyée dans notre monde

Actuellement l’unité est bien rare à vivre dans le quotidien de nos vies même si une tentative dangereuse d’unifi cation se mani-feste insidieusement.

A. L’absence d’unité physique dans l’hédonisme et intellectuelle dans le relativisme

Le Goum est un moyen de se retirer, temporairement et volontairement, du monde. Nous pouvons donc porter un re-gard plus perspicace sur nous-mêmes, sur les autres, sur le monde. Parmi les grandes tendances contemporaines se trouve celle de l’hédonisme, la recherche du plaisir en lui-même, à bien dissocier de la recherche du bonheur. Le corps se trouve alors écar-telé. Michel QUOIST dans Réussir explique ceci :

« L’homme atomisé c’est celui dont la sensibilité est exaspérée ; l’émotivité, la sensibilité, l’imagination affolées ; tou-tes ses puissances indisciplinées agissant sans contrôle, cherchant leur pâture cha-cune pour soi, hors des lois de l’esprit et de l’idéal. C’est à proprement parler l’éclate-ment et la dispersion de ce qui fait l’être profond de l’homme. Il n’y a plus d’homme ». Dans le Seigneur des Anneaux, les Or-

L’unité en Goum à la lumière du Seigneur des Anneauxpar Antoine Ravel d’Esclapon

L’unité est un mot curieux. Il respire une certaine neutralité, la froideur de la science : dans l’expression « une unité de mesure » par exemple. Mais ce mot évoque également l’harmonie, la cohérence, l’homogénéité, la complétude, va-leurs connotées positivement. L’unité pourrait être défi nie comme le caractère de ce qui n’est ou ne fait qu’un, forme un tout substantiel et cohérent, ou encore, ce qui se tient.

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ques par exemple sont des créatures af-freuses, transformées en machine de guer-re. À l’origine, ce sont des Elfes mutilés. La Création a été ainsi défi gurée dans son unité originelle pour une instrumentalisa-tion blessante au service du mal.

Sur le plan intellectuel, la grande mode actuelle est celle de penser que toutes les opinions se valent au détriment donc de toute unité. Cette idéologie du relativisme est présentée comme le summum de la tolérance puis qu’aucun confl it ne peut naître entre des personnes qui, si elles ont des idées différentes, acceptent de les tenir pour de même valeur et donc de ne pas l’im-poser à l’autre. Plus rien n’est fondamenta-lement bien ou mal, bon ou mauvais, mais affaire de point de vue personnel. Pour certains l’avortement serait un bien et pour d’autres, il serait un mal. Laissons chacun libre de le percevoir comme il l’entend ! Cette idéologie se pense inéluctablement au détriment de toute authentique vérité. Penser que chacun aurait sa vérité relative et temporaire revient à nier une vérité ab-solue et défi nitive qui, pourtant en s’im-posant à tous, fait unité. Paradoxalement, les partisans du relativisme ne tolèrent pas d’autres point de vue que le leur... pa-radoxe et contradiction qui montre l’igno-minie profonde de cette idéologie abjecte. Mais, bien plus profondément qu’un enjeu rhétorique, cette vision doute de l’unité de la réalité et de la vérité pour s’illusionner dans des réalités et des vérités, simples projections des désirs de chacun, réducti-

bles à une certaine irrationalité.

B. La corruption de l’unité par l’as-servissement

Dans le récit du Seigneur des Anneaux, l’anneau unique l’est parce que : « Trois Anneaux pour les rois elfes sous le ciel, Sept pour les seigneurs nains dans leurs demeu-res de pierre, Neuf pour les hommes mor-tels destinés au trépas, Un Anneau pour le Seigneur ténébreux sur son sombre trône, Au pays de Mordor où s’étendent les om-bres Un Anneau pour les gouverner tous, Un Anneau pour les trouver, Un Anneau pour les amener tous, et dans les ténèbres les lier ». Autrement dit, l’anneau réalise l’unité par l’asservissement de tous envers lui. La puissance néfaste de l’anneau est de détruire tous les éléments contribuant à l’identité de chacun pour, par cette mu-tilation, nous rendre tous artifi ciellement semblables les uns et les autres car nous n’aurions plus rien de différent (pays, lan-gue, religion, culture, famille, couple, iden-tité sexuelle...).

Dans un aperçu limité mais si-gnifi catif de notre époque sur ce subter-fuge du Malin : le mariage est détruit de l’intérieur par sa dénaturation, et de l’ex-térieur par le concubinage ; la sexualité est détruite de l’intérieur par la négation de la détermination élémentaire sexuelle (idéologie dite du genre), et de l’extérieur par la libéralisation des mœurs ; la patrie est détruite de l’intérieur par la négation d’une identité nationale, et de l’extérieur

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par la dissolution dans la mondialisation ; la culture est détruite de l’intérieur par sa falsifi cation idéologique, et de l’extérieur par le scintillement fugitif de l’information médiatique ; la foi est détruite de l’intérieur par la tentation de la tolérance sans limi-tes, et de l’extérieur par le matérialisme athée. Cette déconstruction inhérente à la post-modernité est totale et absolue. Elle vise à détruire la personne pour n’en faire qu’un individu interchangeable à l’extrême dans des relations uniquement marchan-des comme consommateur et comme pro-ducteur. La personne humaine devient une simple « unité » comme l’est une unité de mesure. Mille personnes égales mille per-sonnes si elles sont devenues - comme les chevaliers servants de l’Anneau dans le ré-cit - des spectres, vidés intérieurement de toute substance, de toute dignité, de toute personnalité.

Un remède effi cace est celui du Goum qui restaure notre unité.

II. L’unité restaurée dans notre Goum

Le Goum est une pédagogie reposant sur des principes et une expérience d’une grande simplicité. Le Goumier y retrouve notamment l’unité en lui-même puis l’uni-té de la communauté.

A. L’unité de la personne

Dans le Goum, nous sommes dans un environnement spatial et temporel d’une grande simplicité : une marche d’une se-maine, de bivouacs en bivouacs, dans une région désertique aux vastes horizons. L’es-pace, par exemple, fait unité car les limites, les frontières, les zones n’existent plus et nous sommes dans un continuum de mar-ches en bivouacs. De la même manière, le temps du Goum est un car nous refusons les marqueurs que sont les horaires. Nous vivons l’instant présent de manière souple et déliée. Cela contribue à une unité inté-rieure, une cohérence entre ce que nous faisons, ce que nous disons, ce que nous

pensons. De même, dans l’apparence par exemple, le Goumier ne se cache pas der-rière les illusions de l’apparence cosmé-tique ou sociale car le désert l’a ramené à être lui-même. L’absence de bijoux ou le silence volontaire sur le métier permettent de refaire unité sur un autre point qu’une illusoire apparence dans un conformisme collectif plus ou moins conscient.

L’unité est perceptible partout pour qui prend la peine de l’observer et en particulier par la relation à Dieu. Par exemple, Dieu ne s’exprime pas par des Paroles mais une Parole, le Verbe se fait chair. Par exemple, le Prophète Jérémie re-çoit sa mission ainsi : « la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes » (Jérémie, 1, 4) même si cela passe par des reprises « une seconde fois, la parole de Yahvé » (Jérémie, 1, 13). Cette unité de la Parole façonne de manière lumineuse chaque per-sonne humaine comme fi ls de Dieu dans l’unique personne du Christ, pain rompu dans nos eucharisties Goum. L’unité dans la verticalité de cette relation débouche sur l’horizontalité de la relation à mes frères et sœurs Goumiers. Nous y trouvons la struc-ture de la Croix dont nous sommes alors le centre dans l’unité !

B. L’unité de la communauté

Dans le Seigneur des Anneaux, l’idée de communauté est très forte avec, bien sûr, la communauté de l’anneau, titre du premier livre sur les trois qui forment le récit. La communauté est composée de tous les peu-ples (hommes, hobbits, elfes, nains) donc avec de grandes différences physiques et culturelles en plus de personnalités fortes. Mais la communauté fait unité précisément en raison d’un but commun : protéger le porteur de l’anneau dans sa mission utile à tout le monde libre. Chacun, fort ou fai-ble, y a sa place. En particulier, « au moins pour un temps, dit Elrond. II faut prendre cette route, mais elle sera très dure à par-courir. Et ni la force ni la sagesse ne nous mèneront bien loin. Les faibles peuvent

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tenter cette quête avec autant d’espoir que les forts. Mais il en va souvent de même des actes qui meuvent les roues du monde : de petites mains les accomplissent parce que c’est leur devoir, pendant que les yeux des Grands se portent ailleurs. »

Dans notre Goum, nous faisons commu-nauté. Chacun est riche de sa propre per-sonnalité qu’il n’efface pas mais au contrai-re approfondie dans le service des autres. Par exemple, la voix d’or donne le la et une autre voix d’or donne ici et là la route à prendre. La djellaba portée, l’alignement des sacs, des jerricans ou les Goumiers dormant en étoile, bercés par la voûte cé-leste sont des marques visibles de l’unité retrouvée. Dès lors que l’un ou l’autre, sous les raisons les plus fallacieuses s’écarte de la règle et l’unité est perdue : un tel a trop chaud pour porter la djellaba, un autre a trop froid pour dormir dehors, tel autre a trop faim pour ne pas avoir de barres nutri-tives. Ou, plus grave, tel Lanceur n’adresse au trésorier des Goums qu’une partie des cotisations... L’unité se meurt dans les égoïsmes individualistes de chacun. Et

pourtant nous sommes appelés à être en communion, tant mystique que physique, seulement dans la mesure de l’adhésion li-bre de chacun à un destin commun, à une réalité préalable qui est une dans sa nature, absolue dans son étendue, défi nitive dans l’éternité, totale dans son espace, infi nie dans sa taille et ultime dans sa fi nalité.

Sachons apporter aux Goumiers le sens profond et authentique de l’unité par la pé-dagogie de l’exemple à tout instant au cours du Goum. Être un avec soi-même et avec ses prochains est une exigence nécessaire pour être de vrais disciples du Seigneur, pour cheminer vers la Jérusalem Céleste, « Jérusalem, te voici dans tes murs : ville où tout ensemble ne fait qu’un ! » (Psaume 122 (121), 3).

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Dans le livre fameux d’Italo Calvino « La cité invisible », on trouve un dia-logue entre le Grand Khan et Marco

Polo, dans lequel celui-ci décrit la cité fan-tastique et mystérieuse qu’il a visité pendant son long voyage. Le Grand Khan est très curieux et il lui demande de continuer son récit en lui donnant plus de détails et d’in-formations. Il est particulièrement avide de précisions. Marco Polo lui décrit alors le pont et la courbe de l’arc qui soutient la pierre. Le Grand Khan insiste : « Pourquoi me parles-tu tant de la courbe ? C’est au su-jet de la pierre que je m’interroge. » Marco explique : « sans l’arc, le pont ne pourrait pas se soutenir ». Après un long temps de réfl exion en silence, le Grand Khan conclut alors : « Assurément ! Mais sans la pierre, l’arc n’existerait pas… »

Ce bref dialogue résume bien l’un des thèmes fondamentaux que l’homme doit affronter chaque fois qu’avant de se lancer dans une grande entreprise, il commence à raisonner sur les relations entre la fi n et les moyens. Nous en avons tous l’expérience : quand on se lance dans cette petite mais ex-traordinaire aventure qu’est un raid Goum, notre première préoccupation est de cher-cher les moyens matériels nécessaires à la réussite de l’opération. Qui d’entre nous n’a pas connu quelques anxiétés pour trou-ver djellabas, jerricans, étapes du parcours, pour éditer le carnet de chantiers ou pour recruter quelques Goumiers expérimentés ? Il est hors de doute que ce sont là des élé-ments indispensables, sans lesquels le raid ne pourrait pas exister. Il ne suffi t pas pour

autant d’une organisation matérielle, si ef-fi cace soit-elle, pour faire un raid !

Ces opérations préliminaires sont com-parables au transport d’un grand nombre de pierres sur la rive d’un fl euve. L’ingé-nieur qui veut construire un pont sait très bien que c’est alors, et alors seulement, que commence la véritable entreprise. Il a donc besoin d’un projet, d’une idée forte qui lui permette de mettre toutes ces pierres en ordre, pierres qui autrement crouleraient dans un tas informe. [Nous pourrions avoir la même réfl exion pour la construction d’un autel en pierres. Ndlr]. Ainsi un raid Goum se réalise presque tout seul [ce qui n’est pas souhaitable, ndlr], à condition de prévoir un itinéraire, des étapes, un hori-zon à l’intérieur duquel les journées de rou-te prennent peu à peu leur signifi cation et, pas à pas, nous rendent plus compréhensi-ble le sens de notre fatigue qui, autrement, pourrait nous sembler sans raison et même absurde.

J’ai eu la chance, il y a quelques temps, de pouvoir m’arrêter longuement devant l’abbaye de Sant Antimo et d’en observer la façade. On s’aperçoit alors que le por-che n’est pas tout à fait terminé et laisse entrevoir quelques pierres encore à l’état brut, non travaillées. Ce fait n’enlève rien à la beauté de ce chef d’œuvre du français gothique qui a été construit au cœur caché de la Toscane.

Mais cette espèce de fracture m’a fait souvent réfl échir à l’origine et au secret de cette beauté, qui tient à des matériaux

L’arc, la pierre et l’Amourpar Roberto Cociancich

Dans la revue Bivouac de la Pentecôte 1998, notre vieux Goumier Roberto sou-lignait que l’on ne peut construire un pont sans savoir tracer un arc avec la pierre. N’est-ce pas là la vocation du Lanceur qui permet ainsi de mettre en perspective l’unité même d’un Goum…

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si simples et si pauvres… Celui qui cher-cherait le secret de la beauté dans les seuls matériaux avec lesquels a été construite l’abbaye et sans connaître pourquoi on les a empilés se trouverait fatalement en face d’un tas de pierres fumantes dont rien ne pourrait dire l’antique beauté.

Celui qui chercherait le secret de la beau-té de cet édifi ce dans les vieux dessins ou dans les plans de l’architecte de l’époque pourrait peut-être approcher un peu plus du mystère de la beauté de cette grande ab-baye, mais il ne réussirait pas à le pénétrer jusqu’au fond… Le secret de Sant Antimo (et de toutes les grandes cathédrales) ne réside pas seulement dans son dessin ou dans son projet architectural, mais dans un troisième élément qui échappe même aux ordinateurs les plus sophistiqués, qui n’ont jamais, comme on sait, réussi à créer une cathédrale digne de notre admiration. Il y faut absolument un troisième facteur, hu-main, unique et exclusif.

C’est le facteur de l’harmonie, du rythme, du pouvoir d’assembler, d’unir et de fondre les matériaux, forces et idées qui confèrent à l’œuvre un aspect nouveau qu’on n’a jamais vu et qu’on ne verra ja-mais plus avec ces éléments. Pour en arri-ver là, il faut évidemment connaître à fond les matériaux, les techniques de construc-tion, les règles de l’esthétique. Il faut une vision intellectuelle, mûrement réfl échie et rationnelle, du mouvement et du statique. Il est même nécessaire, d’une certaine ma-nière, de laisser parler son cœur, ses rêves et, dans un certain sens, son amour pour les pierres cachées qui constituent les fondations de la construction. Mais, en réalité, l’architecte aime profon-dément les pierres de la cathédrale, non à cause de leur nature de pierre, mais pour ce que ces pierres pourront devenir et exprimer lorsqu’elles auront été taillées, sculptées et qu’elles auront trou-vé leur place prévue dans l’édifi ce.

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Ainsi, un Lanceur de raid n’est pas seulement un technicien des matériaux ni même… un ingénieur. Il est avant tout un homme qui aime les personnes avec qui il marche sur la route, qui aime les pay-sages qu’il traverse, les pierres qu’il foule à ses pieds, le bois dont il se sert pour al-lumer le feu et les ingrédients qu’il utilise pour la cuisine. Ce qui compte pour lui, c’est d’unir tous ces éléments, de leur donner un sens, une harmonie, un idéal de beauté. Le secret profond réside dans le rythme de toutes ces activités Goums : un rythme, loin de l’indolence ou de l’activis-me frénétique, qui cueille les choses dans leur beauté singulière et qui parvient à les transformer en un chœur magnifi que.

Ainsi donc, le Vieux Goumier se lève à l’aube, non seulement pour contempler les étoiles, (étoiles qu’il voit quand même !) mais pour préparer l’aube d’un jour nou-veau et pour allumer le feu (mais pas seule-

ment pour cela…) et pour préparer le petit déjeuner (mais pas seulement non plus)… vous comprenez ! L’important, en fi n de compte, c’est de réussir à trouver le temps de regarder nos compagnons, (même ceux qui sont fatigués, qui ont les pieds abîmés ou qui râlent un peu…). De les regarder et de leur faire comprendre la profondeur de l’amitié et de l’amour que nous leur portons, non seulement pour ce qu’ils sont présentement, mais pour ce qu’ils peuvent devenir… de grand, même si, pour l’instant, ils ne croient pas pouvoir être ce qu’ils sont.

Personne ne peut construire un pont sans savoir tracer un arc avec des pierres. Mais c’est seulement si nous aimons la pierre et l’arc que le pont deviendra une construc-tion destinée à unir quelque chose de bien plus important que deux simples rives…

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Nel famoso libro di Italo Calvino « La città invisibile », c’è un dialogo tra il Gran Khan e Marco Polo, dialogo

nel quale quest’ultimo descrive una città fantastica e misteriosa che ha visitato du-rante il suo lungo viaggio. Il Gran Khan è molto curioso e gli chiede di continuare il racconto dandogli maggiori dettagli e infor-mazioni. È particolarmente avido di preci-sioni. Allora Marco Polo gli descrive il ponte e la curva dell’arco che sostiene le pietre. Il Gran Khan insiste : « Perché mi parli tanto della curva ? Io mi faccio domande sulle pietre, invece ». Marco gli spiega: « Senza l’arco, il ponte non starebbe su ». Dopo un lungo momento di rifl essione silenziosa, il Gran Khan conclude : « Certo ! Ma senza la pietra, l’arco non esisterebbe… »

Questo breve dialogo riassume perfet-tamente una delle questioni fondamentali che l’uomo deve affrontare ogni volta che , prima di lanciarsi in una grande impresa, comincia a ragionare sulle relazioni fra il fi ne e i mezzi. Ne abbiamo tutti l’esperien-za : quando ci lanciamo nella piccola ma straordinaria avventura di un raid Goum, la nostra prima preoccupazione è quella di cercare i mezzi materiali necessari alla riuscita dell’operazione. Chi di noi non ha conosciuto una certa ansia per trovare le djellabas, i bidoni dell’acqua, le tappe del percorso, per stampare i libretti dei canti (chantiers dans l’original: erreur ?) o per andare in cerca di qualche esperto Gou-mier ? Certo, si tratta di elementi indis-pensabili senza i quali il raid non potrebbe esistere, Però l’organizzazione materiale –

per quanto effi cace essa sia - non basta a fare un raid !

Queste operazioni preliminari possono essere paragonate al trasporto di una gros-sa quantità di pietre sulla riva di un fi ume. L’ingegnere che vuol costruire un ponte sa bene che la vera e propria impresa comin-cia solo dopo. Per questo ha bisogno di un progetto, di un’idea forte che gli permetta di disporre tutte queste pietre in un certo ordine senza il quale sarebbero ammuc-chiate in un ammasso informe [Potremmo fare la stessa osservazione a proposito della costruzione di un altare di pietra ndr]. Un raid Goum perciò si realizza quasi da solo [non c’è da è da augurarselo! ndr], basta prevedere un itinerario, delle tappe, un orizzonte all’interno del quale le giornate di marcia prendano pian piano il loro signi-fi cato e, passo dopo passo, ci rendano più comprensibile il senso di una stanchezza la quale, altrimenti, potrebbe sembrarci im-motivata e perfi no assurda.

Un po’ di tempo fa, ho avuto la fortuna di potermi fermare a lungo di fronte all’ab-bazia di Sant’Antimo osservandone la fac-ciata. Ci si accorge allora che il portico non è del tutto terminato e lascia intravedere alcune pietre ancora allo stato grezzo, non lavorate. Un fatto del genere nulla toglie alla bellezza di un capolavoro del gotico francese costruito nel cuore nascosto della Toscana.

Ma questa sorta di frattura mi ha spesso fatto rifl ettere sull’origine e sul segreto di una bellezza scaturita da materiali tanto

L’arco, la pietra e l’Amoredi Roberto Cociancich

Nella rivista Bivouac della Pentecoste 1998, il nostro vecchio Goumier Roberto sottolineava che non si può costruire un ponte senza saper traccaiare un arco con la pietra. Non è forse la vocazione del Lanciatore quella di offrire in pros-pettiva l’unità stessa di un Goum?

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poveri e semplici… Chi cerca il segreto della bellezza solo nei materiali con cui è stata costruita l’abbazia senza conoscere il motivo per cui sono stati messi così uno so-pra l’altro, fatalmente si troverà un giorno di fronte a un mucchio di pietre fumanti di cui nulla più dirà l’antica bellezza.

Chi cerca il segreto di tale bellezza nei vecchi disegni o nei progetti dell’architetto dell’epoca, forse può avvicinarsi un po’ di più al mistero della bellezza di una grande abbazia, ma non riesce a penetrarlo fi no in fondo… Il segreto di Sant’Antimo (come di tutte le grandi cattedrali) non sta solo nel suo disegno o progetto architettonico, ma in un terzo elemento che sfugge anche ai computer più sofi sticati i quali, come ben sappiamo, non sono mai riusciti a creare una cattedrale degna della nostra ammira-zione. Occorre assolutamente un terzo fat-tore : umano, unico ed esclusivo.

È il fattore dell’armonia, del ritmo, del potere di mettere insieme, di unire e fon-dere i materiali, le forze, le idee che danno all’opera un aspetto nuovo, mai visto e che non si vedrà mai più con questi stessi ele-menti. Per giungere fi n qui, occorre chia-ramente conoscere a fondo i materiali, le tecniche di costruzione, le regole estetiche. Occorre una visione intellettuale, razionale, meditata e maturata, del movimento come della statica. È perfi no necessario, in un certo senso, lasciar parlare il proprio cuore, i sogni, e direi anche il proprio amore per le pietre nascoste che costituiscono le fonda-menta della costruzione. Ma, in realtà, l’ar-chitetto ama profondamente le pietre della cattedrale non per la loro natura di pietre, ma per ciò che queste pietre potranno di-ventare ed esprimere una volta tagliate e scolpite, una volta che avranno trovato il loro posto previsto nell’edifi cio.

Così anche un Lanciatore di raid non è solo un tecnico dei materiali e neppure un ingegnere. Innanzitutto è un uomo che ama le persone con cui cammina per strada, che ama i paesaggi che attraversa, le pietre che

calpesta, il legno di cui si serve per accen-dere il fuoco e gli ingredienti che usa per cucinare. Ciò che conta per lui è unire tutti questi elementi, dar loro un senso, un’ar-monia, un ideale di bellezza. Il segreto pro-fondo sta nel ritmo di tutte queste attività Goum : un ritmo che stia a uguale distanza dall’indolenza e dall’attivismo frenetico, che colga ogni cosa nella sua bellezza sin-golare e che riesca a fare di tutte in un ma-gnifi co coro.

Per questo allora, il Vecchio Goumier si all’alza all’alba, non solo per contemplare le stelle (stelle che vede, comunque !) ma per preparare l’alba di un nuovo giorno e per accendere il fuoco (ma non solo per quello…) e per preparare la colazione (ma neppure soltanto per quello)… capite ! L’importante, alla fi ne, è riuscire a trovare il tempo per guardare i propri compagni, (anche quelli che sono stanchi, hanno i piedi rovinati o brontolano un po’…). Guar-darli e far loro capire la profondità dell’ami-cizia e dell’amore che nutriamo per loro, e non solo per ciò che sono attualmente, ma per ciò che possono diventare… di grande, anche se, per il momento, non credono di poter essere ciò che sono.

Nessuno può costruire un ponte senza saper tracciare un arco con le pietre. Ma è solo se amiamo la pietra e l’arco che quel ponte diventerà una costruzione destinata a unire qualcosa di molto più importante che non due rive …

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La Jordanie n’est pas dans le top dix des destinations touristiques et lors-que l’on parle de Terre sainte, l’on ne

pense qu’à l’Ouest du Jourdain ; et pour-tant.

Pourtant, ce qui était la Transjordanie avant l’indépendance du royaume haché-mite (le 22 mars 1946 avec la fi n du mandat britannique sur la partie transjordanienne de la Palestine mandataire) est bien la terre de l’Exode du peuple hébreu (Deutérono-me, Nombres, Josué), qui a vu mourir Moï-se, la terre du baptême du Christ, la terre des premières communautés chrétiennes

hors de Palestine.

Les recherches archéologiques, princi-palement au siècle dernier ont permis de mettre à jour de très nombreux vestiges de l’époque antique gréco-romaine avec un nombre impressionnant d’églises, mais aussi des traces de l’âge de bronze moyen, vers les années 1500 av.JC, c’est-à-dire l’époque de Moïse.

C’est au sud du pays que se passe l’his-toire de l’Exode. En effet après avoir tra-versé la « mer rouge » le peuple hébreu est remonté, d’abord vers le Nord - nord-est pour contourner les royaumes de Moab et

Cheminer en Terre Sainte, sur les pas de…Moïse et des premiers chrétiensPar Etienne du Fayet de la Tour

Après avoir passé quatre mois en Jordanie pour raisons professionnelles, l’en-vie m’a pris d’un petit retour en arrière pour vous faire découvrir ce pays, cette expérience et, pourquoi pas, vous donner l’envie d’y lancer un raid.

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d’Edom puis vers le Nord jusqu’à son arri-vée au Mont Nébo, à une dizaine de kilo-mètres de l’antique ville de Madaba. Com-ment ne pas se plonger dans cette histoire en sillonnant l’actuelle route du roi ? D’une certaine manière, la Jordanie a encore la chance de ne pas avoir subi les assauts de la modernité et du tourisme. Les étendues ocres et rosées du plateau jordanien sont une invitation permanente à la marche au long court et l’on retourne 3000 ans en ar-rière en un rien de temps ! Les bédouins que l’on croi-se ici ou là ne doivent pas avoir un mode de vie très différent de l’époque. Puis l’on plonge dans un wadi aux reliefs épous-toufl ant où l’on décou-vre quelques pans de ver-dure, un peu de fraicheur et d’huma-nité dans cet univers mi-néral. Enfi n, le mont Nébo s’offre au pèle-rin avec sa vue sur la vallée du Jourdain, Jéricho et la terre sainte. Et là, naturelle-ment l’on se sent porté à méditer sur la Foi. Imaginer que Moïse, à 120 ans après avoir enduré pendant des années l’impatience, l’infi délité, l’indiscipline du peuple juif a dû s’arrêter là parce qu’il avait manqué de Foi au moment de faire jaillir de l’eau pour le peuple assoiffé ! Alors quelle est-elle ma Foi ? comment suis-je vivant dans ma Foi ? Moi qui suis tombé dedans quand j’étais petit, quelle confi ance accordé-je à Dieu ? Suis-je vraiment capable de lui abandon-ner mon sort ou ai-je toujours besoin de cette petite sécurité qui me raccroche à la

terre? Moi qui suis plein de mes certitudes dogmatiques, suis-je capable de croire qu’Il m’accordera ce que je lui demande ?..

Heureusement nous pouvons nous consoler en descendant la route sinueuse qui conduit, jusqu’à Béthanie-au-delà-du-Jourdain ou Jean Baptiste donna le baptê-me de l’eau à Jésus, son cousin. Réfl exion faite, le pape François a bien raison, j’aime-rai bien me souvenir de la date de mon bap-tème ! Le fl euve ne coule plus à l’endroit pré-

cis du baptême du Christ tel qu’il a été i d e n t i f i é , mais à quel-que dizaines de mètres plus loin, l’on peut s’y plonger, en face de la rive israé-lienne où est aménagé un site pour les b a p t ê m e s par immer-sion, sous la vigilance des gardes fron-

tières armés qui, sur chaque rive se regardent en chiens de faïence.

En pensant à Saint Jean-Baptiste, on n’oubliera pas de quitter la grand’ route pour se rendre à Machéronte, ancienne place forte d’Hérode où se déroula l’épi-sode de la décollation du saint.

D’ailleurs, à Madaba l’église de la décol-lation est là pour nous rappeler cette his-toire. La messe en arabe de la paroisse y est d’une grande ferveur !

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En 1907, à l’âge de 26 ans, Raymond Rallier du Baty s’embarque sur un ketch de vingt mètres avec cinq

hommes d’équipage pour une expédition de près de deux ans dans une région du monde alors pratiquement inconnue : les îles Kerguelen, situées à mi-chemin entre le cap de Bonne Espérance et l’Australie, au niveau des cinquantièmes hurlants. L’aven-ture va durer près de deux années.

Revenu en France, Rallier du Baty aurait pu se rengorger et son équipage bomber le torse. Chacun choisit le parti de l’humilité. Un repli tout à fait dans le ton de l’aventure qu’ils venaient de vivre. Une attitude qui ne peut que plaire aux Lanceurs de Goums. C’est de gestes simples qu’il est question, de décisions réfl échies, de coura-ges authentiques que les mots rapportent au gré d’une vérité sans fard. Rallier du Baty est le fi dèle héritier du commandant Charcot avec qui il avait auparavant bour-lingué. Il est le parfait représentant d’une génération d’entrepreneurs pour qui le dé-roulé du voyage importe autant que son but proprement dit. Comme un Goum.

Voici ce qu’il raconte : « Mon histoire est une histoire de mer. L’histoire d’un petit bateau de pêche et de six hommes – dont j’étais –d’un long voyage et de nombreuses aventures étranges en des lieux reculés, à l’écart des grandes voies de circulation du monde. » De quoi plaire aux Goumiers. Et encore plus loin : « Les résultats de notre expédition ne marqueront pas l’histoire. Nous n’avons pas à notre retour annoncé la découverte du pôle sud. Telle n’était pas

notre ambition. Nous avons néanmoins exploré de nombreuses îles inconnues. »

Oui, les Goumiers peuvent revendiquer le titre de ce livre : On peut aller loin avec des cœurs volontaires. Je me pro-pose de narrer cette aventure dans un pro-chain numéro de La Belle Etoile, non sans avoir rencontré auparavant son fi ls, âgé de 88 ans, qui vit à Vannes et l’un de ses arriè-res petit-fi ls – Antoine – qui est l’un de mes amis ni sans m’être recueilli sur sa tombe qui est à Locmiquélic dans le Morbihan.

Savez-vous d’ailleurs qu’il y a, grâce à Rallier du Baty, un golfe du Morbihan aux îles Kerguelen ? Allez-voir sur la carte.

Livres à lire pour en parler... à la veillée

On peut aller loin avec des coeurs volontaires

On peut aller loin avec des coeurs volontaires, Raymond Rallier du Baty, Poches Classique, 2012

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Soyez tranquille ! Ce livre ne traite pas de ce que vous devez ou ne devez pas faire en tant que femme. Nous sommes las de ces ouvrages dont les messages semblent dire : «Tu n’es pas la femme que tu devrais être, mais si tu suis les dix étapes proposées, tu peux encore réussir ta vie.» Dans leur grande majorité, ces livres as-sassinent l’âme. Car la féminité ne se réduit pas à une formule.

Voici ce que dit l’une d’entre elles : « Nous avons des amies qui aiment les moments de détente autour d’une tasse de thé en porcelai-ne, et d’autres qui frémissent d’horreur à cette pensée... Alors qui représente la vraie femme : Cendrillon, Jeanne d’Arc ou Marie-Madeleine ? Comment assumer sa vraie féminité sans tomber dans des stéréotypes, ou pire, géné-rer davantage de pression ou d’humiliation ? C’est bien la dernière chose qu’il nous faut ! Nous avons toutes en commun au fond de no-tre cœur une même réalité profonde et vraie. C’est pourquoi nous allons nous engager dans l’exploration de la féminité par le cœur. Qu’y a-t-il au plus profond du cœur féminin ? Quels sont les désirs de la femme ? Après quoi sou-pirions-nous lorsque nous étions petites fi lles ? Après quoi continuons-nous de soupirer en tant que femmes ? Comment une femme envi-sage-t-elle la guérison des blessures et des tra-gédies de sa vie ? » Entre les rêves de jeunesse et aujourd’hui, il se perd parfois quelque chose de précieux. Ce trésor, c’est le cœur, le précieux cœur féminin.

Pour réussir sa vie, l’homme ne doit pas domp-ter sa nature profonde qui est force, aventure et courage. Il doit renouer avec l’image d’un Dieu passionné. Un livre clé sur la masculinité. L’auteur détruit pas à pas idées fausses et cli-chés véhiculés par la société ou les églises et aide ainsi l’homme à retrouver une vie riche de sens, d’action et de communion avec Dieu. Ce livre est écrit à l’intention des hommes qui luttent contre une vie fade, mais aussi des fem-mes qui souhaitent mieux les comprendre et les aimer.

Sans être forcément d’accord avec le prototy-pe d’homme que l’auteur de ce livre veut mettre en exergue (il y a, à mon avis, plusieurs maniè-res d’être un homme) il n’en est pas moins vrai qu’il y a certaines constantes au cœur de chaque homme qui peuvent mettre en avant sa virilité (du latin vir : homme). Ce qui, à une époque où l’on voudrait nous faire croire à la confusion des genres, ne manque pas de sel. Bien sûr, il y a forcément une conception anglo-saxonne dans ce livre qui mériterait d’être acculturée à notre pays. Cependant, il y a bien pour chaque homme un combat à livrer. Autrement dit, le cœur de chaque homme, même le plus roman-tique, recèle quelque chose de fougueux. C’est d’ailleurs ma femme qui a lu en premier ce li-vre, me conseillant de le lire. Et l’auteur de don-ner pour titre au chapitre trois : « La question qui hante tout homme ». Je n’en dis pas plus, vous invitant à lire ce livre, sinon cette phrase tirée du fi lm Braveheart : « Tous les hommes meurent. Peu vivent vraiment. »

Coeur de femme, du rêve à la réalité

Indomptable, le secret de l’âme masculine

L’auteur d’indomptable ne pouvait pas en res-ter là. Avec son épouse il a écrit ce livre que tout homme aura envie de lire pour saisir les secrets de l’âme féminine.

Une réfl exion sur ce qu’est la féminité à la lumière d’archétypes tels que Cendrillon, Jeanne d’Arc ou encore Marie-Madeleine. Stasi Eldredge relate son itinéraire pour éclairer sur l’essence caractéristique que Dieu a conférée à chaque femme.

Indomptable, John Eldredge, Editions Farel, 2005Coeur de femme», John et Stasi Eldredge, 2007

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La boussole intérieurePar Maria-Gioia Fornaretto

Traduit de «La Croce del Sud», année 13, numéro 39, Épiphanie 2011

Lorsque nous donnons les indications d’un chemin en ville, nous disons : « Au premier feu, à droite, puis vous

poursuivez jusqu’au rond-point et là vous prenez la troisième sortie… » et ainsi de suite.

Je n’y ai prêté attention que le jour où un collègue m’a parlé de gens que nous considérons comme des primitifs et qui vivent en des endroits désertiques : leur orientation est entièrement fondée sur les points cardinaux : Nord, Sud, Est et Ouest. C’est une façon de concevoir l’espace telle-ment enracinée en eux qu’elle ne s’efface jamais, même lorsqu’ils se trouvent en des lieux fermés. C’est comme s’ils avaient une boussole intérieure à laquelle ils se re-portent jusqu’à l’intérieur d’une maison. Pensez donc : moi, si on m’interpellait à brûle-pourpoint, je ne saurais où se trouve le nord même en étant à l’extérieur ! Figu-rez-vous à l’intérieur !

Une telle adhésion au système magné-tique terrestre peut paraître impossible, mais je suppose qu’en s’y habituant de-puis tout-petits cela puisse faire partie de notre système de perception, comme pour les musiciens l’oreille « absolue » qui leur fait situer avec exactitude chaque son dans l’échelle musicale.

Le récit de mon collègue - qui aurait pu ne sonner que comme une extravagance ethno-anthropologique - de fait, a suscité en moi toute une série de réfl exions au su-jet de notre rapport avec l’espace et avec la vie en général.

Alors que nous nous déplaçons en réfé-

rence à des points de repère relatifs, ces populations ont des repères « absolus ». Alors que nous mettons au centre de notre marche nous-mêmes et ce que nous avons construit, eux se situent à l’intérieur d’un système beaucoup plus vaste et qui, de plus, est commun à tous. Alors que nous sommes perdus lorsque nous manquent les petites marques que nous employons d’habitude (il suffi t d’une déviation ou que le GPS perde ses pédales…), eux savent toujours où aller.

Je me pose la question de savoir si ces attitudes se réfèrent uniquement à notre orientation dans l’espace ou si, en fi n de compte, elles concernent aussi d’autres domaines de notre « être au monde » et jusqu’à notre manière de concevoir l’exis-tence elle-même.

Je m’interroge : quels sont nos repè-res dans la vie ? Sont-ils relatifs à notre moi, au point où je me trouve à présent, et jusqu’au prochain croisement de rues ? Ou bien sont-ils absolus, indépendants de mon état actuel, et donc valables aussi pour tous ceux avec qui je partage la route (qu’ils sachent ou non le reconnaitre) ?

Dans les Goums, du moins, nous es-sayons de nous orienter à la boussole, nous référant aux points cardinaux : voilà l’un des nombreux enseignements des raids. Le manque d’habitude, d’ailleurs, nous oblige à détecter d’autres repères connus et à chercher aussi sur une carte. Sans quoi, il est facile de se perdre ; tandis que petit à petit on apprend, et déjà vers la fi n de la semaine il nous arrive de savoir

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où se trouve le nord, même sans regarder la boussole.

Dans un Goum, nous affi rmons que no-tre point cardinal est Jésus, celui dont la parole et les gestes sont les repères aux-quels nous nous confrontons pour choisir

notre chemin dans la vie. Voilà un autre niveau au sujet duquel notre conscience augmente au cours d’une semaine de raid, au point que souvent, une fois rentrés à la maison, cette conscience demeure.

Dans l’ampleur d’horizon de la marche

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physique, petit à petit s’affi rme donc un système de référence bien plus large pour notre regard. Il faut ensuite nous exercer au quotidien, nous orientant vers l’Absolu jusque dans les petits pas qui sont ceux de nos journées « normales », vivant selon cette boussole intérieure qui nous permet

de nous déplacer dans la vie sans hésita-tions.

Et de temps à autre, si on s’égare, on peut prier qu’il y ait une étoile pour nous guider, une étoile juste pour nous !

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Revue irrégulodomadaire – Dépôt légal en cours. Supplément gratuit à A La Belle Etoile. Edité par Groupes de plein air, association agréée. Président : Didier Rochard. Directeur de la publication : Christophe Robin. Rédacteur en chef : Michel David. Ont collaboré à ce numéro : Michel David, Michel Menu, Stéphane de Saint Al-bin, Christophe Courage, Antoine Ravel d’Esclapon, Roberto Cociancich, Etienne du Fayet de la Tour, Maria Gioia FornarettoAbonnements à A La Belle Etoile : Christophe Robin, 17 Lotissement Saint-Pierre - 82200 Moissac. 2 ans - 8 numéros - 20 euros (par chèque à l’ordre de GPA)Contact : [email protected]