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1 Autres publications de Jean-Marie Boisdefeu Page 2 - De Gaulle et l’extermination des juifs. Le général était-il un 7 - Au sujet du convoi de juifs hollandais arrivé à Birkenau le 25 mars 1944 ou Comment les historiens fabriquent des gazés 9 - Etude sur les Survivors américains de l’Holocauste 12 - Joseph G., juif polonais né à Birkenau en 1943 et arrivé en France en 1945 16 - Le « Plan Birobidjan » des Allemands 18 - A propos des jumeaux d’Auschwitz 23 - La sélection à l’arrivée à Auschwitz. Les camions chargés d’inaptes allaient-ils vers les chambres à gaz ou vers les ghettos polonais ? Exemple d’interprétation d’un témoignage à la lumière du dogme. 25 - Des enfants rescapés d’Auschwitz 28 - Un témoignage d’enfant sur Auschwitz 29 - Ernst Nolte et le révisionnisme 30 - Interview des jumeaux Irène H. et René S. 32 - Mais pourquoi donc les enfants juifs déportés de Vught (Pays-Bas) à Auschwitz le 3 juin 1944 n’ont-ils pas été gazés ? 34 - « Alors Charles, tu savais ou tu ne savais pas ? » 36 - « En 1942 déjà, on savait … » A propos du « télégramme Riegner » 38 - Mais pourquoi donc Sara (11 ans), son petit frère et son (tout) petit neveu n’ont-ils pas été gazés ? 39 - Auschwitz-Birkenau : Sélection des aptes pour le travail (« file de droite ») et des inaptes pour les crématoires file de gauche »). Exemple : le convoi belge n° XXV arrivé le 21 mai 1944. Publication de Enrique Aynat et Jean-Marie Boisdefeu 41 - Victor Martin et le « rapport Martin ». Etude de sa valeur en tant que source historique.

Boisdefeu Jean-Marie - Divers Articles

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Autres publications de Jean-Marie BoisdefeuPage 2 - De Gaulle et lextermination des juifs. Le gnral tait-il un rvisionniste ? 7 - Au sujet du convoi de juifs hollandais arriv Birkenau le 25 mars 1944 ou Comment les historiens fabriquent des gazs 9 - Etude sur les Survivors amricains de lHolocauste 12 - Joseph G., juif polonais n Birkenau en 1943 et arriv en France en 1945 16 - Le Plan Birobidjan des Allemands 18 - A propos des jumeaux dAuschwitz 23 - La slection larrive Auschwitz. Les camions chargs dinaptes allaient-ils vers les chambres gaz ou vers les ghettos polonais ? Exemple dinterprtation dun tmoignage la lumire du dogme. 25 - Des enfants rescaps dAuschwitz 28 - Un tmoignage denfant sur Auschwitz 29 - Ernst Nolte et le rvisionnisme 30 - Interview des jumeaux Irne H. et Ren S. 32 - Mais pourquoi donc les enfants juifs dports de Vught (Pays-Bas) Auschwitz le 3 juin 1944 nont-ils pas t gazs ? 34 - Alors Charles, tu savais ou tu ne savais pas ? 36 - En 1942 dj, on savait A propos du tlgramme Riegner 38 - Mais pourquoi donc Sara (11 ans), son petit frre et son (tout) petit neveu nont-ils pas t gazs ? 39 - Auschwitz-Birkenau : Slection des aptes pour le travail ( file de droite ) et des inaptes pour les crmatoires ( file de gauche ). Exemple : le convoi belge n XXV arriv le 21 mai 1944.

Publication de Enrique Aynat et Jean-Marie Boisdefeu41 - Victor Martin et le rapport Martin . Etude de sa valeur en tant que source historique. 2

De Gaulle et lextermination des juifs. Le gnral tait-il un rvisionniste ?Jean-Marie BoisdefeuEn 1984 dj, le professeur Robert Faurisson avait relev le fait que le gnral De Gaulle navait jamais prononc les mots chambres gaz et cela, suggre le professeur, pour la simple raison quil ny croyait pas [1] ; toutefois, ce nest vraiment qu loccasion du procs Papon quon sest enfin interrog publiquement sur lattitude de De Gaulle face lextermination des juifs par les Allemands. Pour les uns, le gnral savait -dailleurs, de Pie XII Papon, tout le monde savait- mais il sest tu au point de ne mme pas faire allusion lextermination des juifs dans ses Mmoires de guerre ; De Gaulle aurait ainsi fait preuve dune insensibilit impardonnable quexpliquerait un antismitisme quasi atavique. Terrifis par ces accusations, notamment celle dantismitisme, les autres rpondent que le gnral ntait nullement antismite, au contraire, mais quil ne savait pas : il ignorait tout simplement lexistence des camps dextermination et de leurs chambres gaz ; il navait connaissance que de la dportation des juifs et il la dailleurs dplore plusieurs reprises dans ses Mmoires de guerre. En fait, tout cela est imprcis, confus, peut-tre mme hypocrite : De quoi discute-t-on ? Quest-ce que le gnral savait ou ne savait pas ? Certains confondent dportation et extermination dans des chambres gaz. A quelle poque se situe cette connaissance ou cette ignorance ? Certains confondent avec une lgret tonnante la priode de la guerre, celle de limmdiate aprs-guerre et celle daprs les grands procs mdiatiss (parfois mme pdagogiques) organiss par les vainqueurs (dont la France). Pourquoi le gnral a-t-il eu lattitude que certains lui reprochent ? Parce quil tait antismite ? Parce quil ne savait pas ? Ou, tout simplement parce quil ne croyait pas lextermination des juifs dans des chambres gaz ou par tout autre moyen, comme le pense Robert Faurisson ? Avant dexaminer dans le dtail les arguments des uns et des autres, rappelons sommairement la chronologie de certains faits : Janvier 1942 : Confrence de Wannsee, signal donn lextermination des juifs europens, selon les historiens officiels. Ds le deuxime trimestre de 1942 commence la dportation des juifs installs en Europe occidentale, notamment en France ; destination : Auschwitz et ses chambres gaz. Ds 1942, les associations juives informent les Allis de lextermination systmatique des juifs.

1945 : Capitulation de lAllemagne et retour en Occident dun faible pourcentage des dports juifs (dont, avant mme la fin de la guerre, un certain nombre de dtenus dAuschwitz). A partir de 1945 : Procs des chefs nazis Nuremberg. Le procureur franais nest pas le moins ardent dans laccusation de gnocide. Le jugement de Nuremberg est la rfrence retenue dans lamendement Gayssot destin rprimer la contestation de la version officielle de lhistoire en cette matire. A partir de 1947 : Procs des chefs SS des camps dextermination dAuschwitz et ailleurs Cracovie et Varsovie. 1949 : Publication en franais des Mmoires du gnral Eisenhower. De 1948 1954 : Publication en franais des Mmoires de Winston Churchill. 1954 : Publication du tome 1 des Mmoires de guerre de De Gaulle. 1956 : Publication du tome 2 des Mmoires de guerre de De Gaulle. 1959 : Publication du tome 3 des Mmoires de guerre de De Gaulle. 1961 : Procs de Jrusalem contre Eichmann, lequel est prsent comme le grand organisateur de la Solution finale. Il est noter que ce procs avait dj t instruit depuis longtemps par la presse. 1963-1965 : Procs de Francfort dit aussi procs dAuschwitz contre des SS subalternes dAuschwitz. 1967 : Dclaration de De Gaulle sur les juifs, peuple dlite, sr de lui-mme et dominateur . 1970 : Les Mmoires de guerre de De Gaulle seront rdits sans modification de texte jusquen 1970 au moins, cest--dire jusqu la mort du gnral. Le premier avoir rpondu laccusation porte contre De Gaulle est Henri Amouroux. Dans le Figaro- Magazine du 10 avril 1998 [pp. 30 et 32 : De Gaulle est-il coupable ? ], le clbre historien et membre de lInstitut sinterroge sur la responsabilit ventuelle du gnral dans lignorance franaise face au gnocide . Amouroux y reconnat que la question du gnocide des juifs na t que peu - ou pas- aborde par le gnral de Gaulle dans ses Mmoires de guerre. Ceci peut sexpliquer, dit-il, par le fait que lextermination et le rle de[1] Interview donne M. Mugarza le 18 juin 1984 ; voyez aussi Prcisions sur le dtail , National Hebdo, 1-7 janvier 1998, p. 15 et Pires que Le Pen, les rvisionnistes Churchill, Eisenhower et de Gaulle , National Hebdo, 5-11 novembre 1998, p. 17. On peut en trouver le texte dans Ecrits rvisionnistes (1974-1998) , dition prive hors-commerce, 1999 : vol. II, p. 521 ; vol. IV, pp. 1843 sqq. et pp. 1889 sqq.

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Vichy ntaient pas connus des Franais de 1945. Et de sappuyer sur le fait quen 1945, des journaux comme Le Monde et Le Figaro ne contenaient pas dinformations sur le sujet. Cette analyse est vraiment tonnante : Tout dabord, on doit se demander comment il se peut que le chef de la France Libre nait pas t au courant ds 1942/1943 de lextermination des juifs ? Cette thse est dailleurs contraire aux enseignements de lhistoire officielle. Ensuite, Amouroux compare deux priodes [1945 et 1954/1959, priode de parution des Mmoires de guerre] certes trs proches mais trs diffrentes, car elles sont spares, ainsi que nous lavons vu, par toute une srie de procs largement mdiatiss contre les chefs nazis Nuremberg et les chefs SS responsables des camps dextermination (sans oublier, en ce qui concerne les rditions, les procs de Jrusalem et de Francfort). On doit donc exclure que De Gaulle nait pas entendu parler de lextermination des juifs, lorsquil publia ses Mmoires de guerre de 1954 1959. (Rappelons quils ont t rdits au moins jusquen 1970 sans correction du texte original.) Rpondant Grard Boulanger, avocat des parties civiles au procs Papon et qui a fait remarquer dans son livre Papon, un intrus dans la Rpublique que, jamais, De Gaulle navait parl dextermination des juifs dans des chambres gaz ou par dautres moyens (remarque dj faite par le professeur Faurisson ainsi que nous lavons vu), Jean Foyer, ancien ministre du gnral De Gaulle et prsident de lInstitut Charles De Gaulle, crivait dans Le Figaro-Magazine du 8 novembre 1997, p 11, que cela tait faux et de citer les passages suivants des Mmoires de guerre du gnral (pagination de ldition en livre de poche chez Plon : 1958 pour le tome 2 et 1961 pour le tome 3) : Tome 2, p 49 : Au cours de lt [1942], saggravait la perscution des Juifs, mene par un commissariat spcial de concert avec lenvahisseur.

Tome 2, p 109 : Au cours de lhiver [1942], redoublait la perscution des Juifs malgr lindignation publique, les protestations des vques -comme Mgr Salige Toulouse, le cardinal Gerlier Lyon-, la rprobation du pasteur Boegner, prsident de la Fdration protestante de France. Tome 2, p 209 : Pendant la mme priode [premier semestre de 1944], stalent les honteuses horreurs de la perscution juive. Tome 3, p 208 : (...) car la lutte fut salie de crimes qui font honte au genre humain. Contrairement ce que prtend Jean Foyer, il est bien difficile dadmettre que tous ces passages, en admettant quils sappliquent tous aux juifs, portent sur une extermination massive et programme des juifs. Certes, le gnral emploie lpithte horrible mais il se garde bien demployer les mots extermination et chambres gaz ; ces passages semblent donc plutt dcrire une perscution honteuse prenant finalement la forme dune dportation dhommes, de femmes et denfants dans des conditions horribles ; ce discours est dailleurs fort banal, tout le monde admettant, par exemple, que les conditions rgnant Auschwitz au plus fort de la dportation des juifs de France taient lamentables. De son ct, en appui un article de Georges Broussine dans Le Point du 20 juin 1998 (article napportant rien au dbat) et en rupture avec lhistoire officielle, Alain Peyrefitte, ancien ministre et biographe de De Gaulle affirmait (Le Point du 27 juin 1998) : Je peux affirmer, daprs ses propres confidences, que le gnral, qui naffabulait jamais sur ce genre daffaires [sic], ntait pas inform de lexistence des camps dextermination. Dans le tome III de Ctait de Gaulle, je me propose de rendre publics ces propos privs. Comment en aurait-il connu lexistence, tandis que Churchill et Roosevelt, apparemment, lignoraient ? Pourquoi nont-ils pas ragi ? En attendant, Peyrefitte protestait contre laffirmation que le gnral ait omis de parler des Juifs dans ses Mmoires mais en ne sappuyant toutefois que sur les seuls 3 premiers des quatre extraits dj cits par Jean Foyer et dont nous avons dit quils ntaient pas convaincants. Certains ont pris cette promesse de rvlations pour argent comptant et nont mme pas attendu la publication dudit tome 3 pour sy rfrer : ainsi, Jean-Louis Crmieux-Brilhac (ex-chef de service linformation de la France Libre Londres) crit-il dans La lettre des Rsistants et des Dports Juifs de sept-oct 1999 : Le gnral De Gaulle pourra dire 20 ans plus tard Alain Peyrefitte quil avait ignor jusqu une date trs tardive lexistence des camps dextermination. ! Depuis, on le sait, Alain Peyrefitte nous a quitts mais, fort heureusement, il a pu corriger les preuves de son tome 3 [publi par Fayard en 2000]. Nous en avons extrait ce qui suit : Dans un Avertissement [p 8] : Rappelons toutefois que, seuls, peuvent tre considrs comme engageant le gnral de Gaulle ses crits ou dclarations publis. Cest bien notre avis aussi. Dans le chapitre 3 intitul Les Israliens nont rien nous demander et nous navons rien leur donner [pp 275 283] : o [p. 282] : Confrence de presse du 27 novembre : On nen a retenu, dplore Peyrefitte, que la qualification des juifs de peuple dlite, sr de lui-mme et dominateur mais De Gaulle a aussi parl dans cette confrence de presse des abominables perscutions quils avaient subies pendant la Deuxime Guerre mondiale . Max Gallo lavait dj rappel dans Le Point, 4

20 juin 1998 sans comprendre quen loccurrence, ces prcisions ne faisaient quaggraver le cas du gnral. o [p. 283, note de bas de page] : Tout la fin de ce chapitre 3, Peyrefitte a ajout une trs longue note de bas de page qui commence par un rappel : Trois mois avant cette confrence de presse, de Gaulle tait Auschwitz (cf. ch. 5, p 297) : on lavait oubli ! . [En page 297, Peyrefitte relate effectivement le passage de De Gaulle Auschwitz loccasion dune visite officielle en Pologne le 9 septembre 1967 : Nous parcourons les vestiges du camp dextermination. Un monument rappelle la mmoire des 80.000 hommes, femmes et enfants de France, qui ont disparu ici. Le Gnral y dpose une gerbe. Sur le Livre dor du camp, il crit : Quelle tristesse, quel dgot et, malgr tout, quelle esprance humaine ! ] En deuxime lieu, Peyrefitte dit dans cette note de bas de page : Jai eu loccasion de souligner que, contrairement ce qui est souvent dit et crit, de Gaulle, dans ses Mmoires de guerre, nest pas silencieux sur ce quil appelle prcisment, les trois fois quil en parle, une perscution (...) et de citer nouveau dune part les 3 extraits dj cits des Mmoires et dautre part, des textes datant de 1940 et, ds lors, sans intrt (De Gaulle y parlait dj de perscution ). Et Peyrefitte de conclure cette note : La vraie question, sur tous ces textes, est de savoir pourquoi ils ont t obstinment occults. En rsum, Peyrefitte na pas tenu ses promesses : il na fait finalement que rappeler les passages des Mmoires cits par Jean Foyer, passages qui ne peuvent, ainsi que nous lavons vu, sappliquer une extermination des juifs. Mais les deux anciens ministres du gnral ne se contentent pas de faire des citations qui ne sont pas convaincantes ; plus grave : ils omettent de citer des passages plus clairants encore sur ce que le gnral aurait pu penser de la question :

Tome 3, p 126 : De Gaulle fait le bilan humain de Vichy sans parler des juifs : (...) 60.000 personnes avaient t excutes, plus de 200.000 dportes dont peine 50.000 survivraient. En outre, 35.000 hommes et femmes staient vus condamns par les tribunaux de Vichy ; 70.000 suspects interns ; 35.000 fonctionnaires rvoqus ; 15.000 militaires, dgrads, sous linculpation dtre des rsistants. Tome 3, p 274 : De Gaulle fait le bilan humain de la guerre toujours sans parler des juifs : Viennent de mourir, du fait de lennemi, 635.000 Franais, dont 250.000 tus en combattant, 160.000 tombs sous les bombardements ou massacrs par les occupants, 150.000 victimes des svices des camps de dportation, 75.000 dcds comme prisonniers de guerre ou comme requis du travail. En outre, 185.000 hommes sont devenus des invalides. On relvera que, dans la rubrique qui pourrait englober les juifs extermins, De Gaulle emploie les mots svices (et non assassinat ou extermination ) et camps de dportation (et non camps dextermination ). Tome 3, p 290/291 : De Gaulle dresse lacte daccusation de Vichy et il reparle de la perscution des juifs (plus prcisment de la remise de juifs Hitler et des mesures antismites , mots qui ne peuvent sappliquer une politique de collaboration lextermination des juifs) mais il va en dire quelles font partie dun ensemble de faits accessoires aux faits essentiels qutaient la capitulation, labandon des allis, la collaboration avec lenvahisseur ; et de regretter que ces faits accessoires aient eu, dans les dbats dalors, une priorit quils ne mritaient pas : Toutes les fautes que Vichy avait t amen commettre ensuite : collaboration avec les envahisseurs ; lutte mene Dakar, au Gabon, en Syrie, Madagascar, en Algrie, au Maroc, en Tunisie, contre les Franais Libres ou contre les allis ; combats livrs la rsistance en liaison directe avec les polices et les troupes allemandes ; remise Hitler de prisonniers politiques franais, de juifs, dtrangers rfugis chez nous ; concours fourni, sous forme de main-duvre, de matires, de fabrications, de propagande, lappareil guerrier de lennemi, dcoulaient infailliblement de cette source empoisonne. Aussi tais-je contrari de voir la Haute-Cour, les milieux parlementaires, les journaux, sabstenir dans une large mesure de stigmatiser l armistice et, au contraire, se saisir longuement des faits qui lui taient accessoires. Encore mettaient-ils en exergue ceux qui se rapportaient la lutte politique, plutt qu celle du pays contre lennemi du dehors. Trop souvent, les dbats prenaient lallure dun procs partisan, voire quelquefois dun rglement de comptes, alors que laffaire naurait d tre traite que du seul point de vue de la dfense et de lindpendance nationale. Les anciens complots de la Cagoule, la dispersion du parlement aprs quil eut abdiqu, la dtention de parlementaires, le procs de Riom, le serment exig des magistrats et des fonctionnaires, la charte du travail, les mesures antismites, les poursuites contre les communistes, le sort fait aux partis et aux syndicats, les campagnes menes par Maurras, Henriot, Luchaire, Dat, Doriot, etc., avant et pendant la guerre, voil qui tenait, dans les dbats et les commentaires, plus de place que la capitulation, labandon de nos allis, la collaboration avec lenvahisseur. 5

Ce dernier passage, rappelons-le, est extrait du tome 3 publi partir de 1959 et rdit sans correction par la suite au moins jusquen 1970. On peut, sans caricaturer la position du gnral, le rsumer de la sorte : la perscution des juifs laquelle Vichy a collabor (le gnral, nous lavons dj dit, se garde bien de parler dextermination) a sans doute t odieuse et dplorable mais elle doit tre considre comme un fait accessoire de mme importance que laffaire de la Cagoule [sur laquelle affaire, dailleurs, pas un Franais sur cent ne pourrait dire trois mots]. On peut encore se rfrer un choix -effectu par le fils du gnral, lamiral De Gaulle- dallocutions et messages de 1946 1969 et publi en 2000 [2] : le seul passage intressant se trouve dans une allocution prononce le 30/4/47 Bruneval linauguration dun Mmorial des combattants et qui est dans le style de ce quon a dj relev dans les Mmoires : Les six cents mille hommes et femmes de chez nous, qui sont morts sur les champs de bataille, ou aux poteaux dexcution, ou dans les camps de misre, sont morts pour la France et pour la France seulement. Il semble donc bien quon puisse raisonnablement conclure de tout cela que : De Gaulle avait bien du mal reconnatre un caractre particulier aux mesures antismites prises par Vichy et loccupant ; De Gaulle ne croyait pas lextermination des juifs ni dans des chambres gaz ni par dautres moyens et ce serait la raison pour laquelle il aurait pris soin de ne jamais utiliser les mots extermination et chambre gaz . En un mot, De Gaulle tait un rvisionniste. Les explications donnes par les historiens et par ceux qui se sont chargs de dfendre la mmoire du gnral -en trahissant sa pense ?- ne sauraient satisfaire les esprits libres et critiques, las des dogmes, des vrits officielles, du penser politiquement correct et du mensonge.[3] [4]

[2] Charles De Gaulle, Lesprit de la Ve Rpublique , Plon, 1996, 1163 p. Lextrait cit est de la page 329.

[3] Les dfenseurs autoproclams de De Gaulle se ridiculisent et plus grave- trahissent le gnral et finalement- contribuent salir sa mmoire. Le plus simple et le plus honnte serait pour eux dadopter lhypothse faurissonnienne. Mais, voil, certains ont perverti notre morale : aujourdhui, nier le gnocide des juifs ou simplement en contester les modalits est devenu le plus grave des pchs mortels ; pour un Jospin, cest mme devenu un crime, le crime de la Pense ; pour un Bensoussan, cest le gnocide continu ; un jour viendra, sans doute, o nier ce crime sera mme plus grave que dtre accus de lavoir perptr ou le justifier. Pour le moment, en tous cas, il apparat aux pseudo-gaullistes, gens bien-pensants et politiquement corrects, quil serait plus opportun de plaider lignorance : le gnral na rien dit car il ne savait pas ; certes, il a fini tout de mme par savoir mais, apparemment, trop tard : il avait dj donn le bon tirer son imprimeur. Thse tout fait invraisemblable que des Amouroux, des Gallet et autres Gallo vont se ridiculiser exposer. Arrive alors Peyrefitte, confident de De Gaulle, qui va commettre une bourde de plus : le gnral lui a effectivement fait la confidence de sa connaissance tardive et, lui, Peyrefitte, en fournira la preuve dans son prochain livre. A la lecture dudit tome 3, on relve que la mort a laiss au pauvre Peyrefitte le temps dajouter une note de bas de page consacre cette question mais on doit tout aussitt constater quil a continu divaguer et, de toute faon, na pas pu tenir la promesse quil avait faite ; de faon fort lgre dailleurs : en effet, quelle date fixer la fin de la priode dignorance du gnral ? Aprs la publication du dernier tome des Mmoires de guerre, cest--dire en 1959 ? Autant affirmer que le gnral De Gaulle tait un mal-comprenant, un attard voire un demeur car, lpoque, tout le monde savait . Pour ne pas tomber dans le grotesque (mais ny est-on dj pas ?), Peyrefitte naurait pas pu la fixer aprs la publication du premier tome en 1954 et, de la sorte, il aurait mis en vidence aux yeux des plus obtus le fait que De Gaulle avait choisi de continuer se taire et avait dlibrment cherch banaliser une tragdie aussi effrayante. Ceux qui croient nauraient-ils pas alors t en droit de tenir ce De Gaulle pour un tre vil et mprisable ? [4] A propos de la remarque dAlain Peyrefitte sur le silence des deux autres grands chefs occidentaux de la coalition antiallemande, Eisenhower et Churchill. Robert Faurisson [Peyrefitte se garde bien de citer son nom !] avait galement relev depuis longtemps dj que ces deux minents personnages nen ont pas dit beaucoup plus que le gnral De Gaulle. Le gnral Dwight D. Eisenhower dans Croisade en Europe - Mmoires sur la deuxime guerre mondiale , Robert Laffont, 1949, 593 pages, ne parle quen une seule occasion de lextermination mais en des termes tonnants ; traitant du problme des personnes dplaces (DP), Eisenhower dit en pages 495 et 496 : Parmi les D.P. (Displaced Persons), les Juifs se trouvaient dans les conditions les plus misrables. Depuis des annes, ils taient rduits la famine, molests et torturs. Il ntait pas possible, mme en les traitant dcemment, en les nourrissant et en les habillant, de les tirer dun seul coup de leur torpeur et de leur dsespoir. Ils continuaient sentasser les uns sur les autres dans la mme pice, semblant trouver de cette faon un soupon de scurit, et attendaient passivement ce qui allait arriver. Lextermination ? Les chambres gaz ? Eisenhower nen parle daucune manire. Quant au Premier ministre britannique, Winston S. Churchill, il aborde peine le sujet dans les Mmoires sur la deuxime guerre mondiale (12 tomes que Plon a publis entre 1948 et 1954 et qui ne comptent pas moins de 5.309 pages) ; encore nutilise-t-il jamais les mots chambres gaz . Dans le corps mme de ses Mmoires, il crit en page 16 de ldition franaise : Sous la domination hitlrienne quils se laissrent euxmme imposer, les Allemands commirent des crimes qui nont pas dquivalents pour lnormit et liniquit dans aucun de ceux qui ont assombri lhistoire de lhumanit. Le massacre en gros, par des procds systmatiques, de 6 ou 7 millions dhommes, de femmes et denfants, perptr dans les camps de concentration [] allemands, dpasse en horreur les boucheries brutales et expditives de Gengis Khan, rduit dans lchelle des monstruosits des proportions minuscules. Lextermination de populations entires fut mdite et poursuivie par lAllemagne comme par la Russie, dans la guerre lEst. Laffreux progrs ralis par le bombardement arien des villes ouvertes les Allemands en ayant pris linitiative, les Allis dont la puissance ne cessa de crotre, leur rpondirent avec vingt fois plus de force- trouva son paroxysme dans lemploi de bombes atomiques qui rasrent Hiroshima et Nagasaki. [] execution camps dans ldition anglaise (The Second World War, Vol I, The Gathering Storm, p. 17) selon Hugh dans VffG, Heft 2, Juli 2001, p. 234. Il faut tout dabord rtablir la citation dans son contexte. Il apparat alors quen fait, ce passage fait partie dun parallle entre les deux guerres mondiales. Lors de la premire guerre mondiale, dit Churchill, les lois de la guerre avaient, en gros, t respectes ; ce ne fut pas le cas au cours de la seconde. Et de faire laveu (qui lhonore) que les Allis navaient pas fait exception mais en des termes (qui ne lhonorent

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Cet article est la synthse dun article publi dans Akribeia, n 3, Octobre 1998, pp. 241-245, dun complment publi dans Akribeia n 6 de mars 2000, pp. 99-104 et dun complment non publi. Directeur dAkribeia : Jean Plantin, 45/3, route de Vourles, F-69230 Saint-Genis-Laval. Prix des n 1 et 2 : 20,5 E fco ; des n 3 et 4 : 21,5 E fco ; des n 5 et 6 : 18 E fco.

pas) quon pourrait rsumer ainsi : Les Amricains rasrent Hiroshima et Nagasaki la suite de prcdents allemands mais les Allemands (et mme les Russes) ont fait bien pire et ont assassin systmatiquement des millions de civils. Dune part, Churchill voque deux crimes amricains, ce qui le dispense dvoquer le crime plus personnel quil commit Dresde [250.000 morts en 24 heures ?I ; dautre part, sil parle des crimes allemands et russes en termes de pertes humaines, par contre, il rduit les crimes allis de simples destructions matrielles [voyez, par exemple, le mot rasrent I et omet donc de nous parler des centaines de milliers de victimes japonaises, toutes civiles, des crimes, particulirement atroces, des Amricains. Enfin, lattribution de la responsabilit des massacres de populations par voie arienne lAllemagne est pour le moins excessive. Le rappel par Churchill des crimes allemands fait donc partie dun plaidoyer pro domo et leur donne donc moins de vraisemblance. Mais peu importe, diriez-vous peut-tre, car ce nest pas lobjet de la question. Vous auriez raison mais il reste que Churchill na pas cru bon dans ce passage : dcrire le mot juif (sans quon puisse nier quil pensait galement eux) do on peut tirer la conclusion quil ne voyait pas le caractre unique du traitement qui leur avait t rserv ; dcrire les mots chambres gaz , lemploi des mots procds systmatiques [au pluriel !I semblant mme indiquer quen loccurrence, il navait pas dides bien arrtes. On trouve encore dans les annexes desdits Mmoires des lettres dans lesquelles Churchill parle de la dportation des juifs hongrois et de leur massacre. Ces annexes, notons-le, sont constitues dextraits de notes de service, de lettres et de discours traitant de sujets trs divers, les uns manifestement importants (comme la conduite de la guerre), dautres apparemment plus futiles (comme le parking des bicyclettes des fonctionnaires de tel ministre ou encore la pnurie de cartes jouer en Grande-Bretagne) ; les lments nous intressant figurent dans les annexes du Tome VI consacr la priode du 6 juin 1944 au 3 fvrier 1945 : Annexe B. Notes personnelles du premier ministre de juin dcembre 1944 :

page 370 : 11 juillet 1944, Premier ministre secrtaire dEtat aux Affaires trangres. Il ny a aucun doute, cette affaire [la perscution des juifs en Hongrie et leur expulsion du territoire ennemi] [Cette prcision est de Churchill lui-mme ; nous y reviendrons.I constitue probablement le crime le plus grave et le plus affreux qui ait jamais t commis dans lhistoire du monde, et il a t perptr avec une prcision toute scientifique par des hommes qui se prtendent civiliss, au nom dun grand Etat et dune des races dominantes de lEurope. Il est bien vident que tous ceux qui auront particip ce crime et tomberont entre nos mains, mme ceux qui nont fait quobir aux ordres en procdant la boucherie, devront tre excuts ds que leur participation aux assassinats aura t prouve. Je ne peux donc estimer quil sagisse du genre daffaires ordinaires soumis la puissance protectrice, comme, par exemple, linsuffisance de nourriture, ou des conditions sanitaires dfectueuses dans certains camps de prisonniers. Par consquent, mon avis, aucune ngociation, daucune sorte, ne devrait avoir lieu ce sujet. Il faudrait annoncer publiquement que tous ceux qui y auront pris quelque part seront pourchasss et mis mort. page 372 : 14 juillet 1944. Premier ministre secrtaire dEtat aux Affaires trangres. Evasion des Juifs hors de Grce. Il faut traiter cette question avec la plus grande prudence. Il est fort possible que des Juifs riches paient des sommes considrables pour viter dtre massacrs par les Boches. (...) page 375 propos de la cration dune unit combattante juive : 26 juillet 1944. Premier ministre secrtaire dEtat la Guerre. (...) 2 Lide de voir les Juifs essayer de sattaquer directement aux assassins de leurs coreligionnaires de lEurope centrale me plat et je pense quelle causera une vive satisfaction aux Etats-Unis. (...) 3. (...) Je ne peux concevoir pourquoi cette race martyre, disperse dans le monde entier et qui a souffert plus que nimporte quelle autre des conjonctures actuelles, se verrait refuser la satisfaction davoir un drapeau. (...) page 378 : 4 aot 1944. Premier ministre secrtaire dEtat aux Affaires trangres. Cette affaire parat assez troublante [le cas des Juifs hongrois]. Ces malheureuses familles, composes surtout de femmes et denfants, ont rachet leur vie probablement aux prix des neuf diximes de leurs biens. (...) En rsum, aprs la guerre, loin du bruit des armes, des cris et des invectives, Churchill entreprit de rdiger ses Mmoires cest--dire de transmettre la postrit sa version de lhistoire ; comme tous les mmorialistes, Churchill dut certainement peser ses mots et veiller ne pas transmettre des affirmations qui, rflexion faite, ont pu lui apparatre comme des incongruits dont la relation ne pouvait que ternir sa gloire : il ne crut donc pas utile de dire un seul mot dans le corps desdits Mmoires ni sur la dportation et le massacre des juifs hongrois (quil rduisait dans une parenthse introduite -on peut le supposer- lors de la rdaction des Mmoires la perscution des Juifs en Hongrie et leur expulsion du territoire ennemi ) ni sur la dportation des autres juifs europens ni sur les chambres gaz auxquelles, dvidence, il ne croyait toujours pas. Comme De Gaulle et Eisenhower. A propos du contenu de ladite parenthse : comment expliquer ce quil faut bien appeler une rvision ? Probablement de la mme faon dont on explique aujourdhui les rapports entre Churchill, Roosevelt et De Gaulle : dune part, pendant la guerre, les deux premiers tinrent des propos peu amnes sur le troisime, lequel le leur rendit bien (Roosevelt accusa mme De Gaulle de collaborer avec les Allemands) ; dautre part, la guerre termine et le temps des Mmoires arriv, ils se couvrirent dloges. Il est bien connu que dans le feu de laction, nous tenons parfois des propos qui dpassent notre pense.

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Au sujet du convoi de juifs hollandais arriv Birkenau le 25 mars 1944 ou Comment les historiens fabriquent des gazs.Jean-Marie BoisdefeuLes historiens nous enseignent qu leur arrive Auschwitz, les juifs taient soumis une opration de slection lissue de laquelle les aptes taient mis au travail et les inaptes (notamment les enfants et les vieux) taient immdiatement gazs. On va voir dans un cas prcis (celui dun convoi de juifs hollandais) comment lesdits historiens sy prennent pour nous faire croire cette fable. Le 25 mars 1944, un convoi de 599 juifs hollandais en provenance de Westerbork est arriv Auschwitz. Quel sort a-t-il t rserv ces 599 juifs ? Il existe deux versions, toutes deux exterminationnistes (celle du Kalendarium et celle de la Croix-Rouge nerlandaise) et nous allons les examiner dans le dtail. 1 Version du Kalendarium. [1I 1.1. Le Kalendarium dit (sans donner de source) que, sur les 599 dports du convoi (387 hommes, 169 femmes et 43 enfants), 304 hommes ont t immatriculs (n 175.323 175.626) et 56 femmes immatricules (n 76.076 76.131), les 239 autres dports tant -bien entendu- aussitt gazs. 1.2. A la mme date et la mme page mais sans faire de rapprochement avec le convoi prcdent, le Kalendarium dit aussi ceci : 30 dtenus venus de La Haye reoivent les numros 175.293 175.322. [lesquels numros on le notera - prcdent les numros donns aux hommes slectionns dans le convoi prcdentI. 184 juiis hommes, iemmes et eniants- arrivent au camp dans un convoi venu de La Haye. . Ce sont des juifs qui se cachaient chez des Hollandais et qui ont t dcouverts, explique le Kalendarium [sans rien expliquer, en faitI. Ils sont envoys au camp de quarantaine BIIa et en attendant les directives du RSHA, on ne leur donna aucun numro dimmatriculation. Pourquoi ce traitement spcial ? Le Kalendarium ne nous le dit pas. Plus loin, le Kalendarium dira quils ont

t gazs le 4 avril. On ne peut quen douter mais peu importe car, en attendant, ils nont pas t gazs larrive sans pour autant avoir t immatriculs. 7 dtenues arrivent au camp dans un convoi venu de La Haye. Mais do venaient donc ces gens-l ? De Hollande, certes, mais, comme cette poque, un seul convoi est venu de Hollande (le convoi de 599 juifs dont nous nous occupons), il faut donc bien admettre quils faisaient partie de ce convoi et ne sont pas venus dans des convois diffrents comme le Kalendarium le donne (malignement ?) penser. Nous verrons que la Croix-Rouge confirme la chose. On voit donc bien que le Kalendarium a tort daffirmer par dduction dogmatique- que 239 dports ont t gazs larrive ; en effet, dune part, 390 dports ont t immatriculs (304 + 56 + 30) ; dautre part, 184 ont t mis part sans tre immatriculs (sans parler de 7 autres femmes dont le Kalendarium ne dcrit pas le sort). De la sorte, 574 au moins ont t pargns (390 + 184) et seulement 25 au maximum auraient pu tre gazs (599 - 574). 2. Version de la Croix-Rouge nerlandaise. [2I De son ct, la Croix-Rouge nerlandaise donne une version qui recoupe celle du Kalendarium sur bien des points mais qui apporte quelques prcisions supplmentaires ; elle prcise que le convoi tait compos comme suit : A. En ce qui concerne les hommes : un groupe de 37 Schutzhtitlinge (des demi-juifs ou des juifs conjoints daryens) : ce devrait tre le groupe des 30 dont parle le Kalendarium ; un groupe de diamantaires [224 hommes, prcise la Croix-Rouge, mais, par la suite, elle inclura dans ce chiffre les femmes et enfants desdits diamantaires.I : ce devrait tre le groupe des 184 dont parle le Kalendarium ;[1I Kalendarium (), Rowohlt, Reinbek, dition allemande de 1989, p. 744. [2I J. Looijenga, Het Nederlandsche Roode Kruis, Auschwitz Deel V : De Deportatietransporten in 1944, Den Haag, 1953, p. 23.

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un troisime groupe de dports ordinaires . Selon la Croix-Rouge, les deux premiers groupes [diamantaires et SchutzhtitiingeI furent mis part lors de la slection et retenus pour le travail. Elle dit aussi que 334 dports ordinaires et autres ont t immatriculs (175.293 175.626) mais elle ajoute quil y a eu peut-tre mme queiques-uns de pius avoir t immatriculs ; en effet, ses chiffres ne sont pas tirs dun document administratif mais dune liste quelle a tent de reconstituer ; plus prcisment, elle a relev les numros des rescaps et elle a constat que le plus petit numro tait 175.293 (Ctait un dport dont le nom commenait par la lettre A.) et le plus grand numro 175.626 (Ctait un dport dont le nom commenait par la lettre W.) ; en dautres termes, la liste reconstitue est probablement incomplte car il pourrait y manquer des dports dont le nom commence par A et W Z. Une estimation rapide mais fonde, nous semble-t-il [3I, permet de retenir 2 immatriculs de plus, ce qui donne un total de 336 hommes immatriculs. B. En ce qui concerne les femmes : un groupe de 7 Schutzhtitiinge qui furent mises part et retenues pour le travail : on ne peut douter que ce sont les 7 femmes dont parle le Kaiendarium ; un groupe de femmes ordinaires dont un certain nombre furent immatricules. Comme pour les hommes, la Croix-Rouge a tent de reconstituer la liste des immatricules et elle est arrive en compter pius de 56 mais elle prcise aussitt que des tmoins oculaires en ont compt 80 ; ces derniers pourraient bien avoir raison car on ne trouve dans la liste reconstitue aucun nom commenant par A, B et S Z ; on peut donc lgitimement compter au moins 17 immatricules de plus ce qui donne un total de 73 femmes immatricules, ce qui correspond assez bien ce quont dit les tmoins (80 immatricules). Bien entendu, la Croix-Rouge ne manque pas daffirmer que les inaptes ont t aussitt gazs. 3. Version retenir. Voil les deux versions exterminationnistes en prsence. Nous allons tout simplement en liminer tout ce qui rsulte du dogme pour ne retenir que les lments factuels des deux versions. Il apparat alors que le rsultat de lopration de slection larrive de ce convoi de 599 juifs hollandais devrait tre peu prs le suivant : Dune part, 184 diamantaires (hommes, femmes et enfants) ont t pargns sans pour autant tre immatriculs ; en fait, il ny avait pas datelier de taille de diamants Auschwitz et ces diamantaires taient donc en transit ; comme limmatriculation ntait pas synonyme daptitude au travail mais synonyme de domiciliation (Les immatriculs taient tous domicilis Auschwitz, Rue des Casernes [KasernenstrasseI.), il ntait pas question de les immatriculer ; on peut supposer que ces gens ont t envoys Bergen-Belsen le 4 avril. [4I Dautre part, quelque 336 autres hommes (30 Schutzhtitiinge et 306 ordinaires ) et quelque 73 autres femmes (7 Schutzhtitiinge et 66 ordinaires ) ont t immatriculs. Au total, quelque 593 dports ont donc t pargns ; il nen a donc t gaz que 6 au maximum :

on est loin des 239 gazs du Kaiendarium. Et si les mcrants (dont nous sommes) avaient accs aux archives (notamment aux listes de dports hollandais), on pourrait craindre (ou esprer ?) de devoir rduire le nombre de gazs zro. Bref, on peut parier quaucun inapte de ce convoi na t gaz. Et cela sans mme avoir enfreindre la loi en affirmant quil ny a eu aucun gaz pour la bonne raison que les rvisionnistes ont dmontr par ailleurs que les chambres gaz sont un mythe.

[3I Notre calcul est notamment bas sur la liste des quelque 100.000 juifs hollandais morts en dportation publie dans In Memoriam, Sdu Uitgeverij Koninginnegracht, Den Haag, 1995. [4I Mais, demandera-t-on peut-tre, pourquoi les slectionneurs dAuschwitz nen ont-ils compt que 184 alors que leurs collgues de La Haye auraient pu, selon la Croix-Rouge, leur en envoyer 224 ? Peut-tre ont-ils estim que certains dentre eux avaient dautres aptitudes intressantes pour Auschwitz mme et, en consquence, les ont-ils gards ; Premier arriv, premier servi .

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Etude sur les Survivors amricains de lHolocausteJean-Marie BoisdefeuLarticle qui suit est le rsum dune tude plus longue (plus du double) que le lecteur intress pourra directement consulter sur internet http://www.vho.org/F/c/JMB/bdf_survivors.html. Lanalyse des donnes statistiques tires de la banque des Survivors amricains conduirait quatre grandes conclusions. 1. 2. 3. 4. La trs grande majorit des juifs qui se sont tablis aux USA aprs la guerre taient installs en Europe orientale. On ne trouve aux USA quun nombre infime de juifs dports dEurope occidentale. La trs grande majorit des juifs dports dEurope occidentale ne sont pas revenus de dportation. Tous les juifs inaptes expulss en URSS en passant par les camps du Bug ont disparu. Parmi eux, la plupart des inaptes dports dEurope occidentale. Le total des pertes juives au cours de la deuxime guerre mondiale serait plus lourd que celui quadmettent gnralement les rvisionnistes.

1. Gnralits Il existe Washington une banque de donnes concernant les juifs ayant vcu en Europe lpoque du IIIe Reich puis ayant migr aux USA. Cette banque est la Benjamin and Vladka Meed Registry oi Jewish Holocaust Survivors. Elle est gre par lUS Holocaust Memorial Museum (Muse de lHolocauste Washington) en coopration avec lAmerican Gathering oi Jewish Holocaust Survivors (Association amricaine des juifs rescaps de lHolocauste). Le fichier de la banque est accessible sur cran Washington. Il existe aussi une dition papier reprenant des extraits de cette banque. [1I Elle est compose de 4 gros volumes totalisant 3.220 pages contenant les noms des Survivors de la 1re gnration cest--dire ceux qui se sont trouvs un moment ou lautre entre 1933 et 1945 dans un territoire contrl par les Allemands, mme avant larrive de ceux-ci ; outre le nom, on y trouve un numro dimmatriculation, les alias ventuels (plus le nom de jeune fille des femmes) et, trs souvent, le lieu de naissance et de rsidence du Survivor avant la guerre et, enfin, les lieux - notamment de dtention - o le Survivor sest trouv durant la guerre. Aprs limination des alias, nous avons estim le nombre rel de Survivors quelque 122.600. Mais il est remarquer quil doit y manquer un certain nombre de Survivors encore en vie ce jour. Par exemple, on y cherchera en vain les anciens secrtaires dEtat Henry Kissinger (juif allemand) et Madeleine Allbright (juive tchque), lancien numro un de la CIA John Deutch (juif belge) ou encore les historiens Raul Hilberg (juif autrichien) et Arno Mayer (juif luxembourgeois), qui rpondent tous cinq la dfinition du Survivor. On ne

perdra donc jamais de vue par la suite que les Survivors de cette banque de donnes ne constituent quune partie des juifs rescaps tablis aux USA, probablement mme une minorit de ces juifs. 2. Exemple dune fiche de la banque de donnes Lditeur donne la reproduction de quelques fiches. Ci-aprs le rsum dune dentre elles : Morty L., jadis Motl L., n et ayant rsid Bielsk Podlaski (Pologne) ; il a t dans un camp de travail [sovitiqueI prs de Swerdlowsk (Russie) en 41-42, puis Chimkent (Kazakhstan) en 42-46. Il na pas tmoign oralement. Epoux de Tobey L. ne Toby L., galement Survivor, ne et ayant rsid Sierpc (Pologne) ; elle a t dans un camp de travail [sovitiqueI de la Rpublique des Komis [Nord de la Russie dEuropeI en 40-42 puis Chimkent (Kazakhstan) en 42-46. Morty L. a joint une photo de lui et sa iemme, alors quils se trouvaient en 1947 au camp de personnes dplaces de Leipheim (Allemagne). Le Survivor a ajout les noms de leurs 3 eniants et, aussi, ceux de : sa belle-mre Sarah Pesia L., ayant rsid Sierpc (Pologne) et ayant t aux mmes endroits que sa iille Tobey ; Sarah est morte en 1969 New-York.

[1I Benjamin and Vladka Meed Registry oi Jewish Holocaust Survivors 2000, dit par lUS Holocaust Memorial Museum en coopration avec lAmerican Gathering oi Jewish Holocaust Survivors ; 4 volumes de format 27,6 x 21,7 cm, savoir : Volume I Alphabetical Listing oi Survivors Aach-Lottner 18 (i-xviii) + 1084 p. Volume II Alphabetical Listing oi Survivors Lotven-Zyzemski 903 p. Volume III Listing by Place oi Birth and Town Beiore the War 452 p. Volume IV Listing by Location During the Holocaust 763 p.

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son beau-irre Cvi (Hersz) L. ayant rsid Sierpc (Pologne) et ayant t aux mmes endroits que sa mre et sa sur ; il est mort en Isral [PalestineI en 1988 lge de 62 ans. Dans ldition papier, on trouvera pour les deux premiers cits la mention suivante : L. Morty 00038151 (L. Motl) Bielsk Podlaski (3) ; Chimkent, Kazakh SSR, Sverdlovsk L. Tobey 00038151 (L. Toby) Sierpc (3) ; Chimkent, Kazakh SSR, Komi ASSR 3. Analyse du parcours des Survivors Nous avons procd une analyse par chantillonnage du parcours de lensemble des Survivors ; malgr limprcision de nombreuses dclarations -do le recours frquent au mode conditionnel par la suite-, nous pensons quil est lgitime dextrapoler les rsultats trouvs sur un chantillon de 397 Survivors, soit : 145 (36,5 %) pour lesquels on ne trouve aucune indication daucune sorte (dont un certain Rudolf Vrba) ; 252 (63,5 %) qui ont donn diverses indications de lieu. De ces 252, o 219 (86,9 % de 252) sont ns en Europe de lEst. De ces 219, 80 seraient passs par des camps allemands dont - 42 par Auschwitz + Madanek -dont seulement 3 venaient de Hongrie/Roumanie, ce qui est tonnamment peu-, - 1 par Treblinka + Sobibor + Belzec ; 44 habitaient lest de la ligne de front (notamment dans lOural et en Sibrie) ou sy taient rfugis (ou y auraient t dports par les Russes) ; 69 seraient rests cachs sur place, cest--dire en Europe orientale ; 26 autres, enfin, seraient rests sur place mais sans quon puisse dterminer sils staient cachs ou avaient t emprisonns dans un camp allemand ou un ghetto. o 22 (8,7 % de 252) sont ns en Europe centrale ou en Europe du Sud. De ces 22, 2 sont passs par un camp allemand, en loccurrence Auschwitz ; 8 se sont rfugis en dehors de la zone dinfluence allemande (USA, Suisse, GrandeBretagne, Chine) ; 12 sont rests cachs sur place, cest--dire en Europe centrale ou mridionale. o 11 (4,4 % de 252) sont ns en Europe occidentale. De ces 11, 1 (un Hollandais) est pass par Sobibor puis Auschwitz ; 10 sont rests cachs sur place (4 aux Pays-Bas, 4 en France et 2 en Belgique). Aucun ne sest mis en scurit en dehors de la zone allemande. On notera ds prsent quaucun de ceux qui sont ns en Europe de lEst ne sest trouv aucun moment durant la guerre en Europe occidentale ; on ne pourra donc pas nous objecter par la suite que la plupart des juifs dports de France et de Belgique taient ns en Europe de lEst. Autre remarque faire : on nen trouve que 4 tre arrivs aux USA entre 1933 et 1945 ; tous les autres y sont arrivs aprs la guerre. 4. Conclusions Peut-on tirer de cette statistique des enseignements sur la dportation des juifs par les Allemands ? Lchantillon tudi est-il reprsentatif de tous les juifs europens qui ont migr aux USA depuis 1933 ? Ces

juifs europens qui ont migr aux USA sont-ils eux-mmes reprsentatifs des juifs qui se trouvaient en Europe lors de la dclaration de guerre juive lAllemagne en 1933 et qui ont survcu la guerre ? Nous pensons que oui. Quelles conclusions peut-on alors tirer ? Ainsi que nous lavons vu, les donnes de cette banque de Survivors sont partielles et, ds lors, il convient dtre prudent dans le traitement des statistiques quon en extrait et, notamment, de ne tirer de conclusions que par la comparaison des groupes constituant cette population. Nous nous contenterons de tirer quatre grandes conclusions. La premire conclusion importante concerne lorigine des Survivors : il est clair lanalyse du point 3 que la trs grande majorit des Survivors sont des juifs est-europens soit dports, soit ayant fui avant larrive des Allemands, soit encore rests clandestinement sur place. Les Survivors venus dEurope occidentale ne sont quune petite minorit dont, de plus, la plupart nont mme pas t dports. Ils sont tellement minoritaires parmi les Survivors quon peut sans danger affirmer que la trs grande majorit des juifs dports dOccident qui sont revenus sont donc rests en Occident. On ne peut donc trouver dans cette analyse la preuve que des masses de rescaps belges et franais se seraient installs aux USA. (Et il ny a pas lieu de penser quils aient pu aller sinstaller ailleurs.) Cette conclusion est confirme par dautres analyses que nous avons pu effectuer : ainsi ne retrouve-ton que 68 juifs dports de Belgique et de France parmi les 11.000 Survivors passs par Auschwitz, cest--dire 0,6 %, alors quils reprsentaient 8,6 % des juifs passs par Auschwitz, soit 14 fois plus. 11

Il y a dailleurs des explications videntes ce dsquilibre. Une deuxime conclusion simpose donc inexorablement : puisque la trs grande majorit des juifs dports dOccident qui sont revenus sont rests en Occident et puisquon nen retrouve quun petit nombre, cest donc que la majorit de ces juifs nont pas survcu leur dportation. Depuis de nombreuses annes, nous sommes de ceux qui consacrent une partie importante de leur temps vrifier le bilan officiel de la dportation des juifs occidentaux dans lespoir de lamliorer mais nous en tions arriv la conclusion quon devait admettre quil nen est certainement pas revenu plus de 10 % ; nanmoins, nous gardions le secret espoir den retrouver des cents et des mille aux USA puisque, dvidence, une grande partie des juifs europens sy sont tablis ; lanalyse des donnes de la banque des Survivors nous a persuad de ce que cet espoir tait illusoire. Une troisime conclusion nous semble pouvoir tre tire de la comparaison entre dune part Auschwitz + Majdanek et dautre part Treblinka + Sobibor + Belzec. (Ces statistiques sont elles aussi tires des donnes de la banque.) Les Survivors reprsentent : o Auschwitz + Madanek : 11.000 + 650 = 11.650 rescaps sur 650.000 + 50.000 = 700.000 juifs censs tre passs par ces camps soit 1,7 %. (Le chiffre de 650.000 pour Auschwitz ne tient pas compte de 450.000 inaptes qui nont fait que transiter par la gare dAuschwitz et qui ne peuvent donc tre considrs comme y ayant t interns ; ils sont repris dans le poste suivant. o Treblinka + Sobibor + Belzec : 134 + 21 + 33 = 188 rescaps sur 750.000 + 200.000 + 435.000 = 1.385.000 juifs censs tre passs par ces camps parmi eux, les 450.000 inaptes dont question ci-dessus- soit 0,0001 %. Certes, on peut contester le chiffre des juifs passs par ces camps mais sans changer lordre de grandeur des rapports et corriger le dsquilibre constat entre le nombre de Survivors rescaps dAuschwitz et celui des Survivors rescaps des camps du Bug. On trouverait donc ici la confirmation de la thse officielle : comme la plupart des dports passs par les camps du Bug avaient dj subi lopration de tri, ils taient majoritairement des inaptes et ils ont donc t limins ; certes, il y a dsaccord sur le sens de ce mot mais il faut bien admettre quen dfinitive, ils ont tous disparu. En effet, on nen retrouve aucun parmi les Survivors amricains ; les rares Survivors tre passs par ces camps sont apparemment tous des dports qui avaient t retenus pour le travail et qui navaient donc pas t expulss en URSS. Une quatrime conclusion nous semble dcouler de la conclusion prcdente : le bilan des pertes juives au cours de la guerre, tant du fait des Allemands que des Russes, serait plus lourd que celui que les rvisionnistes admettent gnralement. 12

Joseph G., juif polonais n Birkenau en 1943 et arriv en France en 1945Jean-Marie BoisdefeuLes prtres nous enseignent que les Allemands dportrent les juifs Auschwitz pour les y exterminer : les aptes

y furent extermins par le travail forc et les mauvais traitements, les inaptes (en premier lieu, les enfants) y furent gazs ds leur arrive. Or, des enfants juifs sont ns Auschwitz mme et ils ne furent pas pour autant gazs ! Comment, diable, cela se peut-il ? Nous allons essayer de comprendre ce paradoxe en tudiant lhistoire dun de ces enfants, le petit Joseph G., juif polonais n Birkenau en avril 1943 et arriv en France en 1945. 1. Les diffrentes versions de cette histoire (dans lordre chronologique inverse) 1.1. Lappel des enfants G. On peut lire dans le numro de mars 2002 de la revue de lAmicale des dports dAuschwitz [1I un appel des enfants G. toute personne ayant connu leur mre, savoir () Anna K. (), [numro matriculeI 45333 () devenue Anna G. () ; dporte de Pologne Auschwitz dbut 43, a mis au monde notre irre Joseph le 18.4.43 (dcd en 85) quelle a cach un long moment (il iut dcouvert par les nazis car il avait un numro et un costume sa taille). Tous deux sont arrivs Paris en 45. 1.2. Le Kalendarium On avait dj pu apprendre une partie de lhistoire de ce Joseph G. la lecture du Kalendarium, lequel relate limmatriculation la date du 4 octobre 1943 de 11 garonnets juifs ns les mois prcdents Birkenau ; parmi eux, notre Josef G. qui reut le numro 155910 ; il tait n, ajoute Czech qui se rfre au tmoignage de sa mre Anna G. (matricule 33133), le 18/4/1943 Birkenau : sa mre expliqua aprs la guerre quelle lavait cach grce ses co-dtenues. Lorsque lenfant avait t dcouvert, sa mre avait obtenu du Lagerihrer Hssler que le garonnet soit pargn. Probablement, ajoute Czech en note de bas de page, fallait-il relier la dcision de Hssler lautorisation donne par Berlin de limiter dornavant l euthanasie des enfants [nsI Auschwitz. [2I Grce au numro matricule indiqu par Czech, on pouvait encore apprendre quAnna G. tait arrive Auschwitz le 30 janvier 43 dans un convoi amenant des juifs polonais des ghettos de Volkovysk et Pruzany [BialystokI ; le convoi comptait 2.612 personnes : 327 hommes et 275 femmes avaient t immatriculs (numros 32604 et 32884 33157 pour les femmes), les 2.010 autres dports dont 518 enfants tant aussitt gazs. 1.3. La dclaration de la mre La lecture du tmoignage dAnna G. auquel le Kalendarium se rfre nous en apprend encore un peu plus et il vaut la peine den rsumer certaines parties (en essayant, bien entendu, de ne pas trahir son auteur). [3I Encore faut-il prciser pralablement quil ne sagit pas vrai dire dun tmoignage mais dune dclaration de 3 pages ( Protokoll ) faite devant un consul allemand le 5 avril 1954 Paris, apparemment aux fins dobtenir une indemnisation de la part de la Rpublique fdrale. Jai t dporte Auschwitz en janvier 43. Jtais enceinte mais comme jtais trs maigre, je russis cacher mon tat. Jaccouchai le 18 avril 43 peu de temps aprs lappel et, grce mes co-dtenues, je pus ramener leniant dans la baraque-dortoir et ly cacher. Je dus sans pouvoir me reposer- continuer eiiectuer des travaux lourds. Environ 4 mois plus tard, pendant lappel, un gros chien dcouvrit leniant et celui- ci iut amen sur la place dappel. Je reconnus que ctait mon eniant. La garde SS voulut emporter leniant mais je dclarai que je voulais le suivre o quil aille ; on me donna alors lordre daller au crmatoire. Avant la iermeture de la porte de la chambre gaz eut lieu un comptage des iemmes qui taient rassembles l. Mais le compte ny tait pas car on navait pas prvu que jen serais. A ma demande, le chei du camp Haessler me laissa sortir. Jai dclar au commandant du camp que je ne[1I Aprs Auschwitz, n 282, mars 2002, Amicale des Dports dAuschwitz, 73, avenue Parmentier, 75011 Paris. Cotisation annuelle (militants du souvenir) : 23 E (3 4 numros par an). [2I Danuta Czech, Kalendarium (), Rowohlt, 1989, p 620. [3I APMO, Erkltrungen, Bd. 6, Bl. 917-919, Bericht des ehemaligen Htitlings Anna G.

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voulais pas tre spare de mon eniant et celui-ci dcida de nous laisser en vie. Mon iils iut alors tatou en haut de la cuisse droite (n 155910). Mon eniant resta avec moi, mme sur les lieux de travail. Nous imes tous deux librs Auschwitz en janvier 45 par les Russes. Comme je ne voulais pas rester en Pologne pour des raisons politiques, je vins en France avec mon iils. Du iait des souiirances endures, je suis trs malade et inapte travailler normalement. Mon iils subit lui aussi encore les consquences de son internement. Depuis mon arrive en France, jai pous un riugi espagnol du nom de G. dont je me suis spare aprs en avoir eu 2 autres eniants que je dois encore lever. Au terme de ce rcit, le consul dAllemagne a certifi avoir vrifi quelle avait bien t tatoue du numro 33133 et son fils Joseph tatou du numro 155910. 2. Critique

Voil ce quon peut trouver sur la dportation dAnna G. et son fils Joseph. Il faut bien dire que les invraisemblances sont nombreuses. 2.1. Lappel des enfants G. On notera (mais sans sy arrter car cest sans importance) que les enfants G., lesquels sont ns aprs la guerre, donnent un numro dimmatriculation erron ; on retiendra plutt que, sils avancent une explication (des plus curieuses, dailleurs) la dcouverte de leur frre par les Allemands, ils se gardent bien de donner la moindre explication rationnelle sa survie. 2.2. Le Kalendarium Czech sen tient au tmoignage dAnna G., tout en vitant dailleurs den donner les lments trop invraisemblables. Comme il lui faut tout de mme bien expliquer pourquoi lenfant na pas t supprim, elle avance donc cette thse de la limitation de l euthanasie des enfants ns Birkenau ; toutefois, cette thse ne sappuie sur aucune preuve documentaire et on ne peut donc laccepter ; dautant moins quelle est tout fait invraisemblable : en effet, comment peut-on soutenir que les Allemands se seraient tout coup mis pargner des enfants ns Auschwitz tout en continuant gazer dautres enfants leur arrive Auschwitz ? Cest videmment insoutenable. 2.3. La dclaration dAnna G. Disons dentre que nous nentendons pas faire le moindre reproche cette femme ; elle a t une victime innocente et malheureuse ; se trouvant dans le besoin (du fait de sa dportation) et rclamant une indemnit, elle a donc bien d donner une version des faits conforme la version officielle ; sa place, nous naurions sans doute pas agi diffremment. Mais il nous faut bien analyser froidement sa dclaration. Anna G. a-t-elle pu, par exemple, cacher sa grossesse son arrive Auschwitz (elle tait enceinte de prs de 7 mois) ? Ce nest pas impossible. A-t-elle pu accoucher clandestinement ? Ce nest pas non plus exclure totalement. A-t-elle pu cacher son enfant grce laide de ses co-dtenues ? Ce nest pas impossible non plus mais a-t-elle rellement d cacher son enfant ? On nen est pas sr du tout. Mais tout cela, il est vrai, est sans grande importance. Par contre, le rcit de son dpart au crmatoire et de la suite pourrait tre capital ; malheureusement, il est tout simplement dormir debout ! Dailleurs, pas folle, Czech la compltement pass sous silence. 3. Alors, quelle pourrait tre la vrit ? Rsumons-nous : Dune part, les prtres nous enseignent qu Auschwitz, les Allemands gazaient immdiatement tous les juifs dont ils ne pouvaient exploiter la main-duvre. Ceux qui ny croient pas sont des menteurs, des impies, des fous. Mais, dautre part, de trs nombreux enfants sont ns Auschwitz mme et, non seulement les Allemands ne les ont pas gazs, mais ils les ont mme immatriculs. Ainsi, avant les 11 garonnets (dont Joseph G.) immatriculs le 4/10/1943, une fillette avait t immatricule le 18/9/1943 (mais tait-elle la premire ?) ; il y avait eu aussi une immatriculation le 21/9/1943 puis 6 autres le 29/9/1943. Par la suite, il y eut sans interruption des immatriculations de nouveau-ns jusqu larrive des Russes. Rien quen janvier 1944, par exemple, il y a eu, Birkenau, 22 naissances attestes par le Kalendarium mais selon le tmoignage (trs peu crdible par endroits, il est vrai) dune sage-femme polonaise (Stanislava Leszczynska), il aurait pu y avoir 3.000 naissances lhpital des femmes de Birkenau (mais, toujours selon cette sage-femme, beaucoup dinfanticides aussi). Certes, parmi ces nouveau-ns, il y avait des non-juifs (des Tziganes, par exemple, ne ft-ce que parce que les femmes tziganes 14

enceintes ntaient pas rimplantes en Ukraine) mais il y a eu incontestablement aussi des juifs comme Joseph G. [4I Un esprit ordonn ne peut vivre dans cette ambigut et il lui faut donc bien tenter de sexpliquer la chose. Quelles sont donc les explications quon pourrait lui proposer ? 3.1. Les exprimentations mdicales. Personne navance cette explication, dailleurs inepte et odieuse. 3.2. Lexplication religieuse. Ce serait un mystre, cest--dire une vrit inaccessible lentendement humain et laquelle il conviendrait de se soumettre avec humilit. A dautres ! 3.3. Lexplication rationaliste (rvisionniste) Ne resterait donc que lexplication rvisionniste : les gazages sont une fable et limmatriculation de Joseph et des autres garonnets et fillettes ns Birkenau na t quune rgularisation administrative dailleurs bien ncessaire puisque ces enfants navaient mme pas dexistence lgale. [5I A ce point, il faut rappeler quen 1942 et en 1943 (et mme jusquen mai 1944), les convois de juifs sarrtaient tous la gare de marchandises de la ville dAuschwitz ; cest l quavait lieu le tri entre les aptes au travail et les inaptes ; aprs leur slection, les aptes entraient pied au camp (soit Birkenau soit Auschwitz I soit encore Buna) et ils taient les seuls y entrer car les inaptes montaient dans des camions avec remorques qui les

conduisaient dans les ghettos polonais proches dAuschwitz ; par la suite, ils en taient extraits et conduits par trains spciaux dans un des camps de transit le long de la frontire avec lUkraine et la Bilorussie (Treblinka, Sobibor ou Belzec, lesquels camps, comme dit Pressac, taient des sas sanitaires ) et de l, ils passaient en URSS (Bilorussie et, surtout, Ukraine). [6I On nous dira peut-tre que nous faisons peu de cas des nombreux tmoignages de dtenus ayant vu les inaptes traverser le camp de Birkenau [en direction de la chambre gazI ; en fait, tous ces tmoignages portent sur 1944, anne qui vit simultanment les Allemands perdre lUkraine (donc abandonner de iacto leur politique de rimplantation lEst) et mettre en service lembranchement particulier de Birkenau : dsormais et en principe, il y avait deux bonnes raisons pour faire entrer les convois de dports dans le camp ; les juifs dj interns purent donc apercevoir les inaptes ; par contre, jamais aucun dentre eux na affirm les avoir vu entrer et circuler dans le camp en 1942 et 1943. La raison en est tout simplement qu cette poque, ils nentraient pas dans le camp ! Les femmes visiblement enceintes nentraient donc pas dans le camp dAuschwitz mais elles taient rimplantes lEst puisquelles taient inaptes au travail pour le reste de leur grossesse et mme au-del. Invitablement, toutefois, des femmes enceintes depuis peu taient admises dans le camp. On peut imaginer que, dans la situation de dtresse extrme dans laquelle elles se trouvaient, de nombreuses dtenues ont interrompu - plus ou moins volontairement- leur grossesse. Toutefois, certaines ont refus cette solution et ont accouch soit dans linfirmerie (on en connat des cas prcis) soit clandestinement. Devant la multiplication des cas de ce genre partir du second trimestre de 1943, la direction dAuschwitz a d alors demander des instructions Berlin[4I Voir, par exemple, le tmoignage de Stanislava Leszczynska, Rapport dune accoucheuse dAuschwitz , article publi en 1965 et repris dans Comit International Auschwitz, Anthologie , Tome II, 2e partie, p. 159-169 ( Dans lenier ils sauvaient la dignit humaine ). Extrait de son tmoignage : A partir de 43, on commena tatouer tous les nouveau-ns (avant ils taient immdiatement tus leur naissance par les SS). [En fait, il ny en eut pas ou peu puisque les femmes sont arrives seulement partir du 2me semestre 1942 et que les femmes manifestement enceintes taient, selon lhistoire officielle, immdiatement gazes. On peut ajouter que Stanislawa Leszczynska ne pouvait rien en savoir directement puisquelle nest arrive Auschwitz que le 17/4/43 !I Comme lavant-bras dun petit tre tait trop troit, on tatouait sur la cuisse, un endroit plus charnu. Si leniant vivait, le numro grandissait au iur et mesure de sa croissance jusqu en devenir indchiiirable ou presque. Autre tmoignage : Arrive de Paris Birkenau fin mai 1944 au moment o les Hongrois commenaient arriver en masse, Odette AbadiRosenstock crit dans Aprs Auschwitz, n 265, janvier 98, p. 12, que le bloc 20 de lhpital du camp tait notamment rserv aux accouches car il arrive que des iemmes en dbut de grossesse ne soient pas slectionnes leur entre au camp ; en gnral, leniant et la mre y passeront plus tard. . En gnral ? Cela ne semble pas avoir t le cas et cest de toute faon contraire lhistoire officielle ! On lira aussi avec intrt certains autres tmoignages diffuss par le Comit International Auschwitz dans Anthologie, Tome II, 3e partie ( Dans lenier ils sauvaient la dignit humaine ) : Tmoignage du Dr. Otto Wolken ( Quand je pense aux eniants ... ) ; certes, Wolken, arriv Auschwitz en juillet 43, parle de gazage denfants mais pas leur arrive, uniquement au cours de leur dtention (et sans quil en donne dailleurs la raison) ; exemple : Et jai toujours devant les yeux ce petit Icek [il sagissait donc dans ce cas aussi dun petit JuifI aux cheveux couleur de jais, originaire dune bourgade quelconque des environs de Miechow, et que le mdecin SS du camp envoya aussi au gaz. Je me souviens de lui quand il vint moi aprs la slection ; il me regarda et dit : "Oh ! Le Lagerartz a inscrit mon numro [Il tait donc immatricul !I." (...) Il avait neui ans. (...) Ctait en 1944. (...) Tout cela est contraire au dogme mais nen est pas moins dormir debout. A signaler que ce Wolken a tmoign au procs de Francfort en 1963. Tmoignage du Dr Janina Kosciuszkowa, Les eniants au camp de concentration dAuschwitz [5I Il est certain quen outre, des actes de naissance ont t tablis cette occasion pour ces enfants ; en effet, limmatriculation ntait rien dautre que la domiciliation Auschwitz (Rue des Casernes) et il ne peut y avoir de domiciliation sans tablissement pralable dun acte de naissance. Le dernier acte de naissance connu a t tabli le 15/01/1945, quelques jours avant larrive des Sovitiques. [6I Voyez, par exemple, Notre Voix davril 44, p. 1 : 8 mille juiis de Paris dports lEst sont sauvs par les soldats de lArme Rouge ! (photo de cette page dans notre tome II, p 57).

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(Fallait-il, par exemple, expulser lEst ces femmes et leur nouveau-n ?) et il a d lui tre rpondu de les garder ; limmatriculation des nouveau-ns cest--dire leur domiciliation Auschwitz na t que la consquence administrative de cette rponse. Comme on le voit, tout, dans cette affaire, conforte les thses rvisionnistes. 16

Le Plan Birobidjan des AllemandsJean-Marie BoisdefeuDbut 1940, les Allemands proposrent aux Sovitiques la rimplantation en Sibrie de plus de 2 millions de juifs allemands et polonais. Lditeur parisien Flammarion vient de publier la traduction franaise du livre du gnral sovitique Petrenko, commandant de la division de lArme Rouge qui libra le camp dAuschwitz. Cette traduction est suivie dune longue tude des chercheurs juifs Ilya Altman et Claudio Sergio Ingerflom. Si le livre de Petrenko est sans intrt, par contre ltude de Altman et Ingerflom contient des lments indits du plus grand intrt. [1I Nous navons pas lintention de rendre compte de tous les points de ltude en question bien que certains

ne manquent pas dintrt- mais uniquement de ceux qui peuvent nous permettre de mieux comprendre le sort quont connu les juifs rests dans les territoires conquis par les Allemands. Le lecteur notera que les commentaires et chiffres repris sont de Altman et Ingerflom, les ntres tant repris entre crochets [ I ou en notes de bas de page. La Rgion autonome juive ( RAJ ) Tout dabord, un rappel qui sera utile par la suite : en 1933, les Sovitiques crrent la Rgion autonome juive (en abrg la RAJ ) sur le territoire du Birobidjan, territoire situ dans lEst de la Sibrie, pas trs loin de Vladivostok. Sa cration date donc de larrive de Hitler au pouvoir [laquelle fut suivie de la dclaration de guerre des juifs puis de la riposte allemande, cette dernire engendrant le problme des rfugis juifsI. Mais il ne sagit que dune concidence ; en fait, les Sovitiques se dsintressrent totalement du sort des juifs allemands et, en 1938, ils ne participrent mme pas la Confrence dEvian organise par les Amricains pour rsoudre le problme. Le Birobidjan tait donc de fait rserv aux seuls juifs sovitiques, lesquels ne se pressrent dailleurs pas dmigrer dans une rgion aussi recule et inhospitalire. La Commission mixte germano-sovitique de rapatriement En Septembre 39, Allemands et Sovitiques envahirent la Pologne et se la partagrent, les Sovitiques annexant tout simplement lEst du pays au profit de lUkraine et de la Bilorussie ; en fvrier/mars 40, les Polonais de cette zone furent officiellement intgrs dans la population sovitique et reurent le passeport interne, quivalent de la carte didentit. [2I Allemands et Sovitiques crrent alors, en octobre 39, une commission mixte germano-sovitique pour rgler les conditions de lchange des populations allemande et slave dans la Pologne occupe et le rapatriement de Polonais qui staient retrouvs bloqus la fin des hostilits dans une zone qui ntait pas celle o ils taient domicilis. Il est noter que les juifs ne figuraient pas de faon explicite dans la liste des gens changer. Or, on sait quun grand nombre dentre eux staient enfuis devant les Allemands et se trouvaient dans la zone sovitique. Les Allemands nayant pas dploy un grand zle pour empcher les juiis de seniuir , ces derniers taient mme passs librement dans la zone sovitique jusquen novembre 39 ; ils furent encore nombreux passer clandestinement la frontire par la suite et cela jusqu la rupture entre Allemands et Sovitiques en juin 41. Entre 300.000 et 500.000 juifs de la zone allemande se retrouvrent ainsi dans la zone sovitique. Cette commission mixte eut loccasion de se runir plusieurs fois entre 1939 et 1941 mais sans grand rsultat : seul le cas de quelques dizaines de milliers de rfugis fut rgl dont une minorit taient des juifs. Le partenaire des Allemands dans ces discussions tait une commission spciale cre en novembre 39 dans le cadre du NKVD et prside par Beria ; elle se proposait de renvoyer [encore lui aurait-il fallu laccord des AllemandsI les rfugis socialement trangers , les rfugis politiquement suspects et galement les inaptes (vieux, malades, etc.) ; les aptes eurent choisir entre lexpulsion ou le travail dans les chantiers du Nord : seule une minorit optrent pour cette solution et devinrent citoyens sovitiques. Ceux qui refusrent soit

[1I Gnral Petrenko, Avant et aprs Auschwitz suivi de Le Kremlin et lHolocauste 1933-2001 par Ilya Altman et Claudio Ingerflom, Flammarion, 2002 (original en russe paru en 2000), 285 pages dont 67 pages pour ltude de Altman et Ingerflom. Ylia Altman est directeur du Centre dtudes sur lHolocauste Moscou. Il a crit un des commentaires de la version franaise du Livre Noir paru chez Solin-Actes Sud en 1995. Claudio Sergio Ingerflom est directeur de recherches au CNRS Paris. Lditeur affirme que ltude de ces deux chercheurs est ionde sur les archives ouvertes depuis peu et les travaux les plus rcents . [2I Parmi eux, les quelque 1.300.000 juifs qui y rsidaient, chiffre dont il faudrait dailleurs dduire car ce chiffre date du recensement de 1931- ceux qui avaient migr, notamment en Europe Occidentale, entre 1931 et 1939.

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le travail et la nationalit sovitique soit le retour dans la zone allemande [Nous avons vu que les Allemands nen acceptrent pas beaucoup.I furent dports en Sibrie et dans le Nord de la Russie. Leur nombre aurait t de 880.000 dont 30% taient des juifs [ce qui ferait 264.000I. [Tout cela tait bien connu, du moins pour lessentiel, mais la suite ne ltait gure et mme, selon nous, pas du tout.I Le Plan Birobidjan des Allemands Se rfrant G.V. Kostyrchenko [3I, Altman et Ingerflom rapportent ensuite un fait important mais peu connu : la proposition surprenante [pour des exterminationnistes, bien entenduI formule dbut 1940 dans deux lettres en provenance des Offices pour lmigration des juifs de Berlin et Vienne o oiiiciaient respectivement Heydrich et Eichmann [4I. Ces deux lettres taient adresses au Dpartement des Migrations du gouvernement sovitique ; elles demandaient daccueillir la population juive du Reich dans la RAJ (le Birobidjan.) et lUkraine occidentale (la Pologne annexe par les Russes). Cette demande, prcisent encore les auteurs, avait t faite dans le cadre du Plan Birobidjan ; ce plan, rest pratiquement inconnu , proposait lmigration de quelque 350.000 400.000 juifs du Reich (Allemagne, Autriche et Tchcoslovaquie) et de prs de 1.800.000 juifs polonais vivant dans la Pologne annexe par les Allemands et dans le Gouvernement Gnral. [5I

Nos auteurs doivent bien en conclure : Cet pisode coniirme quen 1940 les nazis navaient pas encore planiii lextermination totale des Juiis et cherchaient activement des voies pour sen dbarrasser . La demande fut refuse pour le motif en fait, un prtexte- que les accords de rapatriement conclus entre Allemands et Sovitiques ne prvoyaient lvacuation vers lURSS que des seuls Ukrainiens, Bilorussiens, Russes et Rusiny [6I. Quelle fut alors la raison vritable de ce refus daccueillir les juifs allemands et polonais ? Altman et Ingerflom disent que la RAJ avait besoin de main-duvre et se proposait daccueillir chaque anne 15.000 juifs polonais rfugis dans la zone sovitique. Toutefois, ajoutent-ils, le rgime sovitique souffrait despionnite et vivait dans la crainte dtre infiltr par une 5me colonne ; ce serait l la raison du refus de loffre allemande par Staline [lequel, on le sait, avait tendance envoyer au goulag tous ceux qui avaient connu lOccidentI. [En rsum, il est de plus en plus absurde daffirmer que Hitler avait conu de longue date un plan dextermination des juifs europens.I

[3I Gennadi V. Kostyrchenko, Tainaia Politika Stalina. Vlasti antisemitizm (La politique secrte de Staline. Le pouvoir et lantismitisme), Moscou, 2001, p. 120-121. Le livre na malheureusement pas encore t traduit en anglais. Kostyrchenko est un chercheur travaillant aux anciennes archives centrales du parti communiste ; il aurait accs des archives secrtes encore fermes aux autres chercheurs. [4I Les auteurs semblent mettre ces deux intervenants sur le mme pied et cest videmment une erreur ; peut-tre faut-il comprendre que la lettre de Berlin tait signe par Heydrich et celle de Vienne par Eichmann. [5I En loccurrence, ce chiffre de prs de 1.800.000 est sans grande importance mais il nous donne loccasion de vrifier nouveau le peu de srieux des statistiques de la SS (et plus prcisment de son spcialiste des affaires juives, savoir cet illettr dEichmann) ; comme la brillamment tabli Sanning, il ne devait pas tre rest beaucoup plus dun million de juifs polonais dans la zone allemande. [6I Les Rusiny, prcisent les auteurs, taient des Ukrainiens habitant les rgions occidentales de lUkraine et ayant vcu sous juridiction austro-hongroise. [Comme, par exemple, la Bucovine du Nord ?I

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A propos des jumeaux dAuschwitzJean-Marie BoisdefeuIl existe aux USA une association du nom de Candles qui regroupe un certain nombre de jumeaux juifs ayant t dports Auschwitz. Cette association a t cre en 1985 par lun de ces jumeaux, Eva Kor ne Mozes. Le site Internet de lassociation (http://users.abcs.com/candles) contient beaucoup de cornichonneries, certes, [1I mais aussi de trs intressantes listes de jumeaux dports Auschwitz (en tout, 397 dont une trs grande majorit sont Hongrois). On notera toutefois que Kor ne nous donne pas la preuve que tous ces jumeaux ont t slectionns comme jumeaux. De ces 397 jumeaux, 208 (des enfants) ont t librs Auschwitz (ce sont eux que montrent les clbres photos prises par les Russes) ; 67 (des adultes) ont t librs on ne sait trop o (probablement en Allemagne centrale) ; enfin, on ne sait rien du sort des 122 autres (sauf que quelques-uns sont morts Auschwitz mme). Kor indique pour la plupart de ces jumeaux la date de naissance et le numro dimmatriculation. 1. Rappel de lhistoire de la dportation des juifs hongrois Auschw itz Le Dr. Mengele arriva Auschwitz en mai 43 ; chercheur dj chevronn en anthropologie, il voulut profiter de loccasion extraordinaire offerte par la dportation massive des juifs par le sas dAuschwitz pour en slectionner les jumeaux. Mengele obtint de ses suprieurs les autorisations ncessaires et les crdits lui furent allous le 18

aot de la mme anne mais, apparemment, ce nest vraiment quavec larrive des juifs de Theresienstadt et surtout lafflux massif des Hongrois partir de mai 44 que les jumeaux furent slectionns en grand nombre. Pour les historiens, plus de 400.000 juifs hongrois arrivrent en quelques semaines Auschwitz et la plupart de ces malheureux -jusqu 90, voire 95 %- furent aussitt gazs : cest lune des deux pages les plus sanglantes de lhistoire dAuschwitz ; jusqu 20.000, voire 24.000 personnes taient parfois gazes et incinres sur la journe ! Si la slection pour le gaz des inaptes avait bien lieu larrive, il nen allait pas de mme pour limmatriculation des dports jugs aptes au travail ; ils taient si nombreux que ladministration du camp fut dborde et le plus souvent, les aptes taient mis en dpt ( Depot ) dans le camp de transit ( Durchgangslager ) de Birkenau. Par la suite, on les en sortit pour les envoyer dans les usines du Reich ou dans des camps de travail. Lentre du Kalendarium la plus commune cette poque est du type de celle-ci (date du 17/5/44) : Arrivs dans les convois hongrois du RSHA, 19 juiis des paires de jumeaux ou des jumeaux spars- sont slectionns et admis dans le camp sous les n A-1419 A-1437. Vraisemblablement une partie des jeunes et des bien-portants sont mis en dpt. Les autres [les inaptesI sont gazs. [ Aus den Transporten des RSHA aus Ungarn werden 19 Juden Zwillingsbrder und einzelne Zwillinge- selektiert und als Htitlinge ins Lager eingewiesen ; sie erhalten die Nummern A-1419 bis A-1437. Wahrscheinlich wird ein Teil der Jungen und Gesunden als sog. Depot-Htitlinge ebenialls im Lager iestgehalten. Die brigen Menschen werden in den Gaskammern gettet. I On en retiendra donc ce point essentiel de la vulgate exterminationniste : lexception dun certain nombre de jumeaux, tous les inaptes hongrois ont t gazs larrive ; pas une semaine ou une quinzaine aprs larrive mais directement la descente du train ; dans lheure ou, en tous cas, dans les 24 heures. [2I Il sest trouv un certain nombre de chercheurs pour mettre tout cela en doute. Ainsi, en ce qui concerne le nombre de Hongrois arrivs Auschwitz, Carlo Mattogno avait expos jadis que, sil nest gure douteux qu cette poque, 147 convois (environ 440.000 dports) ont quitt la Hongrie vers Auschwitz, une partie seulement y est arrive ; ainsi, la premire mouture du Kalendarium ne mentionnait-elle lentre Auschwitz que de 58 convois (173.000 dports), ce qui donnait penser que 89 convois (265.000 dports) avaient t drouts et ny taient pas entrs ; il sensuivait aussi que ces 265.000 dports navaient pas pu y tre gazs (pour autant quon y ait jamais gaz qui que ce soit). Certes, la deuxime mouture du Kalendarium opte finalement pour 147 trains mais on ne peut quen douter. Toutefois, on sait que, depuis, Carlo Mattogno a radicalement chang davis et quil estime que la grande majorit des juifs dports de Hongrie sont bien descendus Auschwitz. Jean- Claude Pressac, lequel cherchait rduire le nombre de dports entrs Auschwitz pour rendre plus crdible la thse des gazages, admit aussitt sans discuter la premire thse de Mattogno et il rduisit 53 convois de 3.000 dports chacun, soit 160.000 dports, le nombre de Hongrois descendus Auschwitz, les autres ayant t[1I Nous ne pouvons rsister la tentation den citer une ; il sagit dune notice sur le clbre Rudolf Vrba : Evad du camp [dAuschwitzI, il traversa lEurope jusquen Suisse en possession dun iilm pris clandestinement en vue de convaincre les autorits de ce que les Juiis taient assassins Auschwitz. A la suite de ses eiiorts, la dportation des Juiis iut arrte aprs que le pape sen soit plaint. . Nous aimerions aussi raconter lhistoire de la petite fille de 9 ans qui chappa la chambre gaz parce quelle prtendit tre la meilleure plucheuse de patates au monde mais on nen finirait pas. [2I Une seule exception : un convoi hongrois arriv tardivement le 3/11/44 et dont tous les occupants (hommes, femmes et enfants dont les jumeaux Gaszpar et Uszn B., 6 ans, immatriculs B-14005 et B-14006) furent pargns et immatriculs. Le Kalendarium nen donne pas la raison.

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drouts ou nayant fait quy changer de train. Toutefois, ce point de vue na pas encore t admis par lhistoire officielle et il est toujours politiquement correct de croire que quelque 400.000 Hongrois ont t gazs et incinrs lt 44 Auschwitz. Il nentre pas dans nos intentions de rouvrir le dbat rcent entre Arthur R. Butz, Jrgen Graf et Carlo Mattogno sur le nombre de Hongrois dports et arrivs Auschwitz ; nanmoins, on peut se demander sil nest pas possible dy voir plus clair la lumire des informations trouves sur le site de Candles. Nous allons donc examiner 3 points, savoir : Combien de trains de juifs hongrois ont-ils t rceptionns Auschwitz ? Combien de juifs hongrois sont-ils entrs dans le camp dAuschwitz (ventuellement pour y tre gazs) ? Est-il vrai que les inaptes hongrois (notamment les enfants) taient systmatiquement gazs leur arrive Auschwitz ? 2. Nombre de trains de juifs hongrois entrs Auschwitz On ne peut pas se baser sur les dires du Kalendarium, car Czech a malignement ?- confondu convoi et liste dimmatriculation . Il est facile de sen convaincre par quelques exemples. 2.1. Premier exemple. Le Kalendarium indique (au milieu dautres informations) : 17/5/44 : Arrivs dans les convois hongrois du RSHA [ Aus den Transporten des RSHA aus Ungarn I, 19 juifs (des paires de frres jumeaux et des jumeaux spars) ont t immatriculs A-1419 A-1437 ; 18/5/44 : Arrives dans les convois hongrois du RSHA [ Aus den Transporten des RSHA aus Ungarn , 20 juives (des surs jumelles) ont t immatricules A-3622 A-3641.

Le Kalendarium donne ainsi penser quil y eut un convoi le 17/5 et un autre le 18/5. (Cest en tous cas ce que tous les chercheurs ont compris.) [3I Or, on constate que, curieusement, il ny a que des garons dans la slection du 17/5 et que des filles dans la slection du 18/5. On est en droit de se demander si ces garons et filles ne sont pas venus dans un seul et mme convoi, lemploy charg de limmatriculation ayant rparti les jumeaux immatriculs par sexe dans deux tats statistiques de dates diffrentes. Cette impression se renforce quand on constate, grce aux listes de Candles, que les (faux) jumeaux Istvas et Agnes P. (12 ans) ont t respectivement immatriculs A-3630 le 17/5 et A-1437 le 18/5 ; or, nen pas douter, ces jumeaux taient arrivs Auschwitz en se tenant par la main dans un seul et mme convoi. Si le cas de ce couple mixte tait isol, on pourrait avoir des doutes mais on peut citer dautres exemples : Mor et Eva Z. (11 ans) ont t immatriculs 2 jours dcart, soit les 21/5/44 (A-3102) et 23/5/44 (A-5419). Ethel et Yiczhak L. (15 ans) ont t immatriculs respectivement les 27/5/44 (A-6033) et 28/5/44 (A-5722). Mme chose pour Sara et Oscar G. (19 ans, il est vrai) immatriculs respectivement A-6030 le 27/5/44 et A-5719 le 28/5/44. Gabor et Judith N. (17 ans) ont t immatriculs respectivement A-14327 le 17/6/44 et A-7259 le 18/6/44. Mme chose pour Ander et Vera S. (15 ans) immatriculs respectivement A-14328 le 17/6/44 et A-7258 le 18/6/44. Leora et Menashe L. (10 ans) ont t immatriculs respectivement les 1/6/44 (A-7059) et 2/6/44 (A-12090). Mme chose pour les tripls Hedi, Josef et Otto S. (1 an) immatriculs respectivement A-7044 le 1/6/44 pour la fille et A-12087 et A-12088 le 2/6/44 pour les deux garons. 2.2. Deuxime exemple : Le 7/6/44, en croire le Kalendarium, il y eut 2 convois dont le sort fut rgl comme suit : 1er convoi : 2002 juifs hommes [adultesI sont immatriculs A-12091 A-14092, les autres tant gazs [dont toutes les femmes -aptes aussi bien quinaptes ! -, les vieux et les enfantsI 2me convoi : 5 jumeaux sont immatriculs, soit 2 garons (A-14093 et A-14094) et 3 filles (A-7206 A-7208) ; une partie du convoi [des jeunes et des bien-portantsI est vraisemblablement envoy au Durchgangslager ; les autres dports [les inaptesI sont gazs. Comment peut-il donc se faire que dans le premier convoi, on nait pas trouv de jumeaux et quon en ait trouv 5 [cette fois-ci des deux sexesI dans le second [il en manque dailleurs un !I ? On peut raisonnablement penser que ces deux convois forment, eux aussi, un seul et mme convoi. On objectera peut-tre que le prpos limmatriculation regroupait les jumeaux de diffrents convois ; peuttre bien mais, sachant ce quon sait de la faon fantaisiste dont est crite lhistoire dAuschwitz, on est aussi en droit de se demander si Czech na pas tout simplement invent un convoi chaque fois quelle est tombe sur une liste

[3I On relvera le tour de passe-passe de Czech : elle commence benotement par Arrivs dans les convois hongrois du RSHA [ Aus den Transporten des RSHA aus Ungarn I, ce qui nest pas une formule propre un convoi bien dtermin, mais elle poursuit par une partie des jeunes et des bien-portants [ ein Teil der Jungen und Gesunden I et termine par Les autres [ Die brigen Menschen I, formules propres un seul convoi.

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dimmatriculs. [En effet, il ny avait pas quune seule liste par convoi mais plusieurs : une pour les jumeaux hommes, etc.I 2.3. Comment en douter encore la lecture du compte rendu de la slection des 4 prtendus convois du 17/6/44 ? Quon en juge : 1er convoi : Slection de 10 juifs (4 paires de jumeaux et 2 jumeaux isols qui sont immatriculs A14319 A-14328) et de 2 juives de 19 ans (immatricules A-7254 et A-7255). Les dports jeunes et en bonne sant sont vraisemblablement envoys au camp de transit. Les autres dports sont gazs. 2me convoi : Slection de 320 juifs (immatriculs A-14329 A-14648). Une partie des dports jeunes et en bonne sant est vraisemblablement envoye au camp de transit. Les autres dports sont gazs. 3me convoi : Slection de 300 juifs (immatriculs A-14649 A-14948). Une partie des dports jeunes et en bonne sant est vraisemblablement envoye au camp de transit. Les autres dports sont gazs. 4me convoi : Slection de 120 juifs (immatriculs A-14949 A-15068). Une partie des dports jeunes et en bonne sant est vraisemblablement envoye au camp de transit. Les autres dports sont gazs. Tout cela nest videmment pas vraisemblable et il est probable quon na affaire qu un seul et mme convoi dans lequel il y a eu 750 slectionns rpartis sur 5 listes, ce qui, bien entendu, rduit dj le nombre de gazs ventuels. Finalement, on ne peut trouver ici dindications sur le nombre de convois de juifs hongrois ; on peut par contre y trouver la preuve que la relation que fait le Kalendarium de larrive desdits Hongrois est errone : dfaut dautres documents, Czech a procd une reconstitution macabre et elle a invent un convoi avec un maximum de gazs chaque fois quelle est tombe sur une liste dimmatriculation.

3. Combien de juifs hongrois sont-ils entrs dans le camp dAuschwitz (ventuellement pour y tre gazs) ? (extrapolation du nombre de jumeaux immatric uls) On peut retenir quen Europe, il y avait jusquil y a peu un accouchement de jumeaux tous les 80 accouchements, do on peut conclure quil y a 2,5 % de jumeaux, plus prcisment 2,38 % dans le cas de la Hongrie. Un tiers sont des vrais jumeaux ; ns dun mme uf, les vrais jumeaux sont parfaitement ressemblants et de mme sexe. Par contre, les faux jumeaux proviennent dufs diffrents : ils ne sont pas plus ressemblants que des frres et surs ns daccouchements diffrents et ils peuvent tre de sexe diffrent ; les deux tiers de ces faux jumeaux tant tout de mme du mme sexe, il sensuit que, sur 9 jumeaux (vrais ou faux), 7 sont de mme sexe, soit 77,7 %. Cela signifie que sur une population homogne de 160.000 Hongrois (chiffre retenu par Pressac), on doit trouver quelque 1.900 paires de jumeaux dont 1.480 de mme sexe. [4I Or, de tout ce que disent les historiens, on en est manifestement trs loin [5I mais ce nest pas tonnant car Mengele ne pouvait videmment pas slectionner tous les jumeaux de cette communaut. Il nen avait pas les moyens financiers et matriels. Ctait sans intrt sur le plan scientifique. Ctait impossible, ne ft-ce que parce que les couples de jumeaux se dfont gnralement lge adulte. Sans compter que les paires de jumeaux disparaissent la mort dun seul des jumeaux. Les observations pouvaient se faire aussi bien (et mme mieux) sur des enfants, les jumeaux adultes tant mis au travail. De la sorte : La slection des jumeaux se fit plus rare au bout de 2 semaines et on trouve peu de jumeaux immatriculs aprs le 2 juin. Mengele ne slectionna que des enfants et des adolescents ; certes, on retrouve quelques jumeaux adultes dans la liste de Candles mais ce nest pas pour autant la preuve quils furent slectionns comme jumeaux ; ils purent ltre comme aptes au travail. Par contre, Mengele a slectionn un grand nombre de faux jumeaux de sexe diffrent (19,1 %) et cela est tonnant vu que les faux jumeaux noffrent pas plus dintrt pour le chercheur que des frres et surs ns daccouchements diffrents. Lexplication la plus vraisemblable est quil sagit de bvues de la part de slectionneurs sans formation mdicale. Il est videmment tentant de calculer quelle population correspond le nombre de jumeaux slectionns Auschwitz bien quon sache quon ne puisse obtenir quun chiffre minimal, trs infrieur la ralit.

[4I Les juifs de Hongrie dports Auschwitz constituaient une population homogne, ceci prs quil y manquait une partie des hommes adultes (en fuite, incorpors dans les bataillons du travail de larme hongroise ou dj en camp de travail). On peut toutefois estimer que cela est sans importance pour notre raisonnement. Pour le % de jumeaux hongrois, voyez J. Rostand et A. Ttry, Atlas de gntique humaine, SEDES, Paris, 1955. [5I Nous ferons grce au lecteur des diverses estimations que nous avons trouves mais nous les communiquerons bien volontiers ceux qui nous en feraient la demande.

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La liste de Candles contient 131 paires de jumeaux hongrois (41 masculines, 65 fminines, 25 mixtes) ; on pourrait tenter daffiner le calcul en essayant de dterminer le nombre de vrais jumeaux mais le jeu nen vaut pas la chandelle. De son cte, le Kalendarium indique quil a t immatricul 162 paires de jumeaux hongrois et nous retiendrons ce chiffre. Notons que le chiffre du Kalendarium ne reprend pas un certain nombre de jumeaux figurant dans la liste de Candles : il doit donc tre considr comme infrieur la ralit : il y a l une nouvelle raison pour laquelle on doit sattendre ce que notre extrapolation dbouche sur un minimum. Lextrapolation donne donc 2 x 162 : 2,38/100 = 13.613 dports hongrois. On nest pas plus avanc et on se doutait bien depuis le dbut de ce paragraphe quil en serait ainsi. Encore fallait-il le faire et, nous semble-t-il, le faire savoir ! On pourrait ensuite tenter dextrapoler le nombre de jumeaux trouvs dans la classe dge par sexe la mieux reprsente (En loccurrence, les filles de 12 ans : on en trouve 13 dans la liste de Candles.) ; compte tenu du fait que, actuellement en France, les femmes de 12 ans reprsentent 0,60 % de la population, ces 13 jumelles correspondraient donc une population de 13 : 2,38/100 : 0,6/100 = 91.036 ; ce chiffre est le chiffre maximum quon puisse o