Bonata Dieng - Résistance à la traite des esclave et émanci

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PRINCE PARMI LES ESCLAVES 3

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22me Colloque des Etudes Amricaines

Dakar du 25 au 27 mai 2005

Thme: Sous thme N1: Rsistance la traite des esclave et

mancipation.

Prsent par:

Mr Bonata Dieng Sociologue Chercheur, Directeur du Centre de Recherche et de Documentation sur le Fouta Djalon, Conseiller Scientifique du Muse du Fouta Lab en

Republique de Guine.

INTRODUCTION

Quelque temps seulement aprs le lancement solennel, en Janvier 2004, de lAnne Internationale de la Commmoration de la Lutte Contre lEsclavage et de son Abolition, il est assurment trs heureux que la prsente rencontre de Dakar organise sous lgide du Centre Amricain saisisse la balle au bond et convie lAmrique et lAfrique dialoguer sur ce thme combien sensible de leur destine commune.

Dans cette lance, le Centre Culturel de lAmbassade des Etats-Unis dAmrique en Guine Conakry ne pouvait tre mieux inspir en prenant lheureuse initiative, loccasion du Mois de lhistoire Africaine - Amricaine de Fvrier 2005, de nous confier de faire une confrence publique de compte rendu de lecture dun livre palpitant de sa Bibliothque Thurgood Marshall, qui a clair dune lumire vive des sombres pages de lhistoire de la traite ngrire en Afrique de lOuest.

Dans cet espace que les historiens dnommrent Sngambie en son temps (du 15me au 19me sicle), et plus prcisment au cur de mon pays que fut lancien Etat islamique du Fouta Djalon, le chercheur Amricain, professeur lUniversit de Virginie Terry Alford, relatait sous le titre Prince Among Slaves, The True Story of An African Prince Sold Into Slavery In The American South (Edition Oxford University Press, NewYork, 1977 ), entendez LHistoire vraie dun Prince Africain vendu comme esclave dans le Sud de lAmrique

Cest pourquoi, pour sacrifier au devoir de mmoire, notre expos va sinscrire dans le sous thme n1 parce que son hros aura incarn jusquau bout, dans la tourmente de la traite esclavagiste, rsistance et mancipation.

Nous y aborderons donc successivement:

1 - Sngambie et Royaume du Fouta Djalon, lieux et enjeux du commerce des

esclaves

2 - Le PRINCE Foutank Ibrahima-Abdourahamane Barry dans larne de la traite

2 .1 Lauteur du livre et son oeuvre

2 .2 Le hros et son parcours du combattant

2. 3 Sa descendance et sa postrit, dhier aujourdhui, aux U.S.A et en Afrique

( au Libria, en Guine, en son Fouta natal )

3 Nos recherches et un plan daction soutenir pour rompre le silence sur cette page de la traite ngrire et briser lignorance dont elle est lobjet, dautant que notre projet en coursdans le cadre du Muse du Fouta Djalon Lab sinvesti sur la Route de lEsclave, dans loptique de lUnesco et de lOrganisation Mondiale du Tourisme qui, au terme de la Dclaration dAccra du 4 Avril 1995 travailleraient au Programme de tourisme culturel en Afrique et aux Caraibes et celui de cration de muses de lesclavage.

En attendant, le Muse du Fouta a su entreprendre des relations suivies dune part avec Professeur Terry Alford et avec dautre part la Fondation The Prince Ibrahima & Isabella Freedom Foundation prside par le descendant Artemus Gaye.

1 SENEGAMBIE ET ETAT THEOCRATIQUE DU FOUTA DJALON

Dans son ouvrage de rfrence La Sngambie du XVme au XIX e Sicle, lminent historien Guinen, Professeur lUniversit de Dakar, Mr Boubacar Barry mentionne que Le Fouta Djalon, dsormais intgr dans le circuit du commerce atlantique, est le thtre dune profonde transformation conomique, politique et sociale qui est lorigine de la rvolution musulmane au dbut du XVIIIme sicle et qui a aboutit la cration de lEtat thocratique par le parti maraboutique vers 1725.

Comme dans le cas du royaume de Dahomey ou la confdration Ashanti, lvolution de lhistoire du Fouta Djalon ne peut se comprendre en dehors du contexte global de la traite ngrire qui domine alors le commerce de la cte. Ces royaumes constitus au dpart pour ragir contre les consquences nfastes de la chasse lhomme, se consolident pour participer leur tour avec profit ce commerce exclusif, soit parce quil faut se dfendre contre les royaumes voisins, soit parce quils prennent linitiative de participer aux bnfices de la traite ngrire. Lislam nest qualors qune idologie parmi tant dautre pour maintenir et consolider le pouvoir de lautocratie en place et le Fouta est en mesure de sauvegarder son indpendance jusqu la conqute coloniale et mme de stendre au-del de ses frontires. Mais le nouveau rgime perd peu peu son caractre rvolutionnaire car le parti maraboutique, une fois la scurit assure lintrieur du massif du Fouta Djalon, se transforme en aristocratie religieuse et militaire qui participe activement la traite, au point que ce commerce devient un monopole de lEtat qui contrle les routes commerciales et organise les caravanes vers la cote. La dynamique de ce systme oblige ainsi les Almami (chefs de lEtat) a faire la guerre pour obtenir les esclaves qui constituent le produit exclusif dchange contre les marchandises europennes.

Cest dans un tel contexte que ds la mort du marabout premier Commandeur des Croyants, IBRAHIMA Sambgou Barry surnomm Karamoko Alfa mo Timbo, en 1751, le pouvoir revient alors Ibrahima Sory Mawdho (Sori le Grand) jusque l Commandant en Chef de larme, qui engage le Fouta dans une politique agressive contre les voisins et qui imposera lautorit de la faction militaire sur la faction religieuse jusqu sa mort en 1791.

Et cest dans ce contexte que son fils, le Gnral dArme Abdourahamane perd une bataille entre le Fouta et le Kaabu; il est captur et vendu comme esclave un fermier du Mississipi, Natchez

2. LE PRINCE FOUTANKE ABDOURAHAMANE BARRY DANS LARENE DE LA TRAITE

2-1 Lauteur et son uvre

TERRY ALFORD, Professeur et Historien Amricain, passa sept ans crire et rechercher sur Prince parmi des Esclaves .Il dcouvrit des faits dans trois continents et mena des investigations sur chaque vnement des vies les plus contradictoires et inconnues de lhistoire Amricaine. Le livre qui en rsulta est plus que la biographie de IBRAHIMA, prince des Foulb. Cest davantage une tude rapproche de lesclavage Amricain aussi bien quune victoire extraordinaire dun Homme.

Alford regrettait de ne pouvoir visiter le Fouta Djalon. Il crit dans son prologue que

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2 .2 Le hros et son parcours du combattant: Qui tait Prince Ibrahima? Prince Ibrahima Rahmane Mawdo tait un prince du Fouta Djalon, une nation indpendante qui survcut pendant 150 ans, mais qui fait partie maintenant de la Rpublique de Guine en Afrique de LOuest. Prince Ibrahima tait un musulman qui a tudi Djenn et Tombouctou [A un moment donn Djenn et Tombouctou taient des grands Centres dtudes, spcialement lUniversit de de Sankor]. Ibrahima tait aussi guerrier qui fut captur en bataille avec son ami Samba en Gambie et vendu en esclavage . Il fut envoy Natchez dans un bateau desclaves en 1788 pendant le temps de domination espagnole de Natchez. (Les terres du lieu appartenaient la nation Natchee). Il avait 26 ans. A Natchez, il fut vendu un blanc de 26 ans appel Thomas Foster. La famille de Foster, celle de Ibrahima et dautres Amricano - Africains asservis dvelopprent ensemble la plantation de Thomas Foster qui prit le nom de Foster fields (les champs de Foster).

Ds le dbut Ibrahima a dit Foster quil tait un prince et que sa population payerait une bonne ranon pour sa dlivrance. Dautres amricano africains avaient racont des histoires similaires, et quelques fois on leur donnait le nom prince comme le nom de lesclave en de blague. Cependant pour le cas de Ibrahima, il tait vraiment prince et 19 ans aprs en 1807 quand il avait 45 ans, il tait mesure de le prouver. Cette anne l, il arriva sortir des ignames la place du march de Washington; il rencontra Docteur John Cox. Docteur Cox fut capable de lidentifier comme tant prince Ibrahima du Fouta Djalon. 25 ans auparavant, Docteur Cox tait tomb srieusement malade au Fouta et avait t bien entretenu au domicile du pre de prince, alors roi. Maintenant Docteur Cox essaya de racheter Ibrahima pour le librer, mais Foster ne vendrait pas Ibrahima tout prix, probablement parce quil tait devenu indispensable au fonctionnement de la plantation de Foster. Cox mourut , mais la cause du prince fut reprise par Andrew Marschalk, le premier imprimeur de Mississipi. Marschalk tait ami Ibrahima et, ventuellement baucha une lettre au nom de Ibrahima. Cette lettre officiellement arriva au gouvernement du Maroc. Lorsque le Maroc exprima lintressement sa libration, des interventions des hauts officiels des Etats Unis et des socits de colonisation du Nord persuadrent Foster finalement de vendre Ibrahima Marschalk dans les dernires annes de sa vie. Ibrahima lui mme rassembla des fonds partir des amis pour librer sa femme Isabella. Avant de quitter les Etats Unis, Ibrahima sadressa aussi beaucoup de socits de colonisation et dabolition du Nord, en collectant du fonds pour librer autant denfants et petits enfants que possible avant dtre forc de retourner en Afrique selon le terme daccord entre Marschalk et Foster. Ibrahima et Isabella quittrent Natchez partir du dbarcadre de Natchez Under the Hill (Natchez sous la Colline) et voyagrent par bateau sur les rivires Mississipi et Ohio jusqu Cincinnati Ohio o ils foulrent le sol libre aux Etats Unis aprs 40ans desclavage. Ils continurent leur voyage sur Washington DC o prince Ibrahima rencontra le Secrtaire dEtat Henry Clay et le Prsident John Quincy Adams la Maison Blanche avant de sembarquer pour le Libria et chez lui en Afrique.

Eventuellement Ibrahima et Isabelle arrivrent au Libria, mais Ibrahima mourut avant datteindre sa terre natale le Fouta Djalon.

Dans tous les cas, lhistoire ne sarrte pas l.

2.3 Prince, sa postrit Afro Amricaine dhier aujourdhui:

Quest ce qui arriva la famille de Prince Ibrahima ?

La vie de Ibrahima se termina peu aprs son retour en Afrique de suite de maladie et son ancien matre dtenteur desclaves Thomas Foster mourut dans 2 mois, tablissant ainsi une chane dvnements qui divisa les enfants et petits enfants de Ibrahima entre la femme, les fils, les filles et les beaux fils de Foster. Avec les fonds que Ibrahima avait collects au Nord, deux de ses enfants et un certain nombre de ses petits fils furent librs de lesclavage et envoys au Libria. Le reste des enfants et petits enfants encore en esclavage tait tenu dans au moins cinq (5) diffrents mnages. Pendant les 35 ans desclavage, la plupart de ces enfants et petits enfants ont t vendus ou lgus dautres familles de Mississippi, de Louisiana, de Vicimity et peut tre au del. Leurs surnoms, noms desclave apparaissent dans les archives et les dclarations de Adams et ct. Finalement en 1870 peu dentre eux peut tre identifis comme descendants libres suivant les documents de recensement de 1870, avec prnom et noms, ge, sexe, race et emploi. Le fils de Ibrahima Simon qui retourna en Afrique avec sa famille avait des descendants et la plupart de ceux ci sont encore en vie au Libria aujourdhui. Dautres sont repartis aux Etats en exile lissue de la guerre civile du Libria. Ils sont venus aux Etats Unis sans connatre lhistoire de leur clbre anctre. Lun deux, Artemus Gaye dcouvrit lhistoire de Ibrahima en cherchant les parents et grands parents de ses premiers anctres connus qui vinrent de lAmrique au Libria, notamment Simon le petit - fils de Ibrahima. (N en 1820)

Dautres petits enfants de Ibrahima grandiraient en Guine (Afrique de lOuest), trs certainement.

Le 5 Avril 2003 Artemus Gaye et son pre Bobor Gaye repartirent Natchez avec lauteur de Prince parmi des esclaves, Terry Alford pour commmorer la libert de Ibrahima et le dpart effectif de Natchez en Avril depuis 175 ans maintenant. On invita plusieurs autres dignitaires qui assistrent cet vnement de toute une journe au centre de la communaut de Natchez Franklin and Wall streets, travers la rue partir du domicile de Marschalk

EPILOGUE

Ainsi, on en sait davantage sur la descendance du Prince Abdourahmane.

Il est bon de se souvenir de celui qui fut son pre, Almamy Sory Mawdo Barry. Un historien du Fouta Djalon crit son sujet:

A la mort de Alfa Ibrahima Sambgou dit Karamoko Alfa Mo Timbo , premier chef supreme de lEtat du FOUTA , aprs son fils an Alfa SALIOU qui lui succda, mais tant trop jeune , le Conseil des grands pontifes du Fouta consacra son neveu Ibrahima Sori la tte de lEtat , en 1760 . Sous son rgne long et conqurant, il se rvlera grand Chef dEtat et pris le surnom superlatif de Maoudho entendez Le GRAND

En 1772, mourut Karamoko Alfa Mo Lab. Alors, Modi Mamadou Dian Diallo, son hritier fut dsign comme son successeur par lAlmamy de Timbo Sory Mawdo, dont il fut un soutien nergique. Cependant, lors des nombreuses expditions militaires en loccurrence lors dune bataille entre larme de Timbo et les non musulmans de Sangarari (ou Sangarya) dans le Kinsan, Mody Mamadou Dian fut bless gravement; il fut vacu Timbo o il mourut. Alors Almamy Sory Mawdo vint Lab pour prsenter ses condolances la famille plore et procder la dsignation de son successeur. Sept jours aprs son arrive, ce grand chef de tout le Fouta tomba malade et mourut donc Lab, en 1792, 70 ans environ. Il fut inhum tout cot de son illustre devancier Karamoko Alfa-Mo Lab . Aujourdhui leurs deux tombes, rigs en mausole, coexistent avec dautres illustres personnalits dans lenceinte de la Grande Mosque de notre historique cit de Lab . Ils font partis des monuments que le Muse du Fouta intgre dans le circuit touristique de dcouverte de la ville .

Nous allons conclure par cette autre citation du Professeur Guinen Boubacar Barry qui va, pour ainsi , boucler la boucle autour de la tragique, mais combien hroque de laeul Ibrahima Abdourahamane Barry de Timbo:

la rbellion constante des esclaves, lintrieur comme sur la cte , se prolonge tout au long de la traverse jusque dans lenfer des plantations du Nouveau Monde. Les rvoltes desclaves lembarquement dans les captiveries ou dans les bateaux ngriers lors de la traverse sont nombreuses. Mais cela nempche pas le transfert forc de milliers de Sngambiens dans le Nouveau Monde ou le souvenir de la terre natale reste vivace. Ce souvenir du pays dorigine renforce chez certains , comme Job Ben Salomon du Bundu, de son vrai nom Yuba Suleyman Ibrahim Diallo,ou Abdourahamane du Fouta Djalon, une volont inbranlable de retour pour fuir lenfer de lesclavage.