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Inicio Presentación Artículos Editorial / Internet Notas y comentarios Sesión del 9 de enero de 1963 Incidences thérapeutiques de la prise de conscience de l'envie de pénis dans la névrose obsessionnelle féminine Œuvres psychanalytiques - I. La relation d'objet (névrose obsessionnelle - dépersonnalisation), Paris, Payot, 1967. pp. 49-75 Maurice Bouvet Le travail que nous vous présentons aujourd'hui intéresse un cas de névrose obsessionnelle féminine, qui nous a paru posséder une iconographie onirique particulièrement riche, susceptible de rendre plus facilement objectivables les variations du transfert et les modifications de la structure psychologique, qui, dans des cas de ce genre, peuvent se produire sous l'influence de l'analyse. Nous disons bien dans des cas semblables, car nous aurions pu aisément remplacer cette observation par une autre qui a témoigné d'une évolution à peu près parallèle; de plus chez d'autres sujets dont l'analyse est moins avancée, une interprétation semblable des faits semble devoir s'imposer, tout au moins en ce qui concerne l'essentiel de ce que nous désirons soutenir ici ; à savoir : que la prise de conscience de l'envie du pénis intervient de façon favorable sur l'évolution des phénomènes de transfert et facilite l'assouplissement du surmoi féminin infantile. Ce sont là, nous le savons, des constatations de pratique journalière, et il serait inutile de produire cette observation si elle ne tendait à démontrer que, comme l'obsédé masculin, la femme a besoin de s'identifier sur un mode régressif à l'homme pour pouvoir se libérer des angoisses de la petite enfance ; mais alors que le premier s'appuiera sur cette identification, pour transformer l'objet d'amour infantile en objet d'amour génital, elle, la femme, se fondant d'abord sur cette même identification, tend à abandonner ce premier objet et à s'orienter vers une fixation hétérosexuelle, comme si elle pouvait procéder à une nouvelle identification féminine, cette fois sur la personne de l'analyste. Il va sans dire que l'interprétation des phénomènes de transfert est ici particulièrement délicate. Si la personnalité de l'analyste masculin est d'abord appréhendée comme celle d'un homme avec toutes les interdictions, les peurs et l'agressivité que cela comporte, peu après que le désir de possession phallique, et corrélativement de castration de l'analyste, est mis à jour, et que de ce fait, les effets de détente précités ont été obtenus, cette personnalité de l'analyste masculin est assimilée à celle d'une mère bienveillante. Cette assimilation ne démontre-t-elle pas que la source essentielle de l'agressivité antimasculine se trouve dans la pulsion destructive initiale dont la mère était l'objet ? La prise de conscience de l'une entraîne le droit au libre exercice de l'autre et le pouvoir libératoire de cette prise de conscience du désir de possession phallique devient alors de plano compréhensible, ainsi que le passage d'une identification à l'autre en fonction d'une ambiguïté fondamentale de la personne de l'analyste dont l'aspect masculin est d'abord seul perceptible à la malade. OBSERVATION. Description clinique. Anamnèse. Étant donné le temps inévitablement assez long que nécessite la relation de ce fragment d'analyse, nous allons essayer de vous présenter de façon très résumée l'exposé préalable des phénomènes morbides et de la situation familiale de Renée. Michel Sauval - Jacques Lacan - Seminario 10 - La angustia - Artículos - Incidences thérapeutiqu... http://www.sauval.com/angustia/e-bouvet.htm 1 of 14 28/05/2010 10:27 AM

Bouvet - Incidences Therapeutiques

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Lacan comenta en el seminario Las formaciones del inconsciente, este texto.

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    Notas y comentariosSesin del 9 de enero de 1963

    Incidences thrapeutiques de la prise de conscience de

    l'envie de pnis dans la nvrose obsessionnelle fminineuvres psychanalytiques - I. La relation d'objet

    (nvrose obsessionnelle - dpersonnalisation),Paris, Payot, 1967. pp. 49-75

    Maurice Bouvet

    Le travail que nous vous prsentons aujourd'hui intresse un cas de nvrose obsessionnelle fminine, qui nous a paru possder une iconographieonirique particulirement riche, susceptible de rendre plus facilement objectivables les variations du transfert et les modifications de la structurepsychologique, qui, dans des cas de ce genre, peuvent se produire sous l'influence de l'analyse. Nous disons bien dans des cas semblables, carnous aurions pu aisment remplacer cette observation par une autre qui a tmoign d'une volution peu prs parallle; de plus chez d'autressujets dont l'analyse est moins avance, une interprtation semblable des faits semble devoir s'imposer, tout au moins en ce qui concerne l'essentielde ce que nous dsirons soutenir ici ; savoir : que la prise de conscience de l'envie du pnis intervient de faon favorable sur l'volution desphnomnes de transfert et facilite l'assouplissement du surmoi fminin infantile. Ce sont l, nous le savons, des constatations de pratiquejournalire, et il serait inutile de produire cette observation si elle ne tendait dmontrer que, comme l'obsd masculin, la femme a besoin des'identifier sur un mode rgressif l'homme pour pouvoir se librer des angoisses de la petite enfance ; mais alors que le premier s'appuiera surcette identification, pour transformer l'objet d'amour infantile en objet d'amour gnital, elle, la femme, se fondant d'abord sur cette mmeidentification, tend abandonner ce premier objet et s'orienter vers une fixation htrosexuelle, comme si elle pouvait procder une nouvelleidentification fminine, cette fois sur la personne de l'analyste. Il va sans dire que l'interprtation des phnomnes de transfert est iciparticulirement dlicate. Si la personnalit de l'analyste masculin est d'abord apprhende comme celle d'un homme avec toutes les interdictions,les peurs et l'agressivit que cela comporte, peu aprs que le dsir de possession phallique, et corrlativement de castration de l'analyste, est mis jour, et que de ce fait, les effets de dtente prcits ont t obtenus, cette personnalit de l'analyste masculin est assimile celle d'une mrebienveillante. Cette assimilation ne dmontre-t-elle pas que la source essentielle de l'agressivit antimasculine se trouve dans la pulsion destructiveinitiale dont la mre tait l'objet ? La prise de conscience de l'une entrane le droit au libre exercice de l'autre et le pouvoir libratoire de cette prisede conscience du dsir de possession phallique devient alors de plano comprhensible, ainsi que le passage d'une identification l'autre en fonctiond'une ambigut fondamentale de la personne de l'analyste dont l'aspect masculin est d'abord seul perceptible la malade.

    OBSERVATION.

    Description clinique. Anamnse.

    tant donn le temps invitablement assez long que ncessite la relation de ce fragment d'analyse, nous allons essayer de vous prsenter de faontrs rsume l'expos pralable des phnomnes morbides et de la situation familiale de Rene.

    Michel Sauval - Jacques Lacan - Seminario 10 - La angustia - Artculos - Incidences thrapeutiqu... http://www.sauval.com/angustia/e-bouvet.htm

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  • C'est une femme de 50 ans environ, bien portante, mre de deux enfants, exerant une profession paramdicale, qui a subi dans un proche passune analyse de deux ans sur laquelle nous avons peu de renseignements. Nous savons qu'elle eut pour son mdecin un sentiment assez vif qu'ellen'extriorisa pas facilement et qu'elle interrompit sa cure sous des prtextes varis. Elle n'tait d'ailleurs encourage dans cette attitude par uneamlioration trs importante de ses phnomnes obsessionnels qui s'amenuisaient ds qu'elle entrait en traitement, pour rapparatre d'ailleursquelque temps aprs la suspension de celui-ci.

    Elle tait dans un tat d'angoisse extrme quand elle vint nous trouver et nous dmes la prendre en traitement immdiatement, ne pouvant larecevoir, comme elle tait en surnombre, que deux fois par semaine.

    Elle souffrait d'obsessions thme religieux : phrases injurieuses ou scatologiques s'imposant elle incoerciblement en contradiction formelle avecses convictions, ds qu'elle dsirait prier, ou mme spontanment. Elle se reprsentait en outre, imaginativement, des organes gnitaux masculins,sans qu'il s'agisse de phnomnes hallucinatoires, la place de l'hostie. Elle ragissait tout cela, quoique ne s'en dissimulant pas le caractremorbide, par une crainte violente de damnation. Cet tat s'tait aggrav lorsqu'elle avait essay de diminuer volontairement ses possibilits dematernit, mais avait commenc ds son mariage. Notons ce dtail important qui explique la thmatisation religieuse principale de ses obsessions :sa mre fut seule responsable de son ducation catholique, et son conflit avec elle devait se reporter sur son activit spirituelle, qui n'eut d'ailleursjamais qu'un caractre d'obligation et de contrainte. Elle avait prsent en outre d'autres phnomnes obsessionnels, soit concurremment, soitisolment, de telle manire qu'on pouvait la considrer comme malade, depuis l'ge de 7 ans environ.

    Voici la liste de ses principales obsessions

    crainte obsdante d'avoir contract la syphilis, ce qui l'amena s'opposer, en vain d'ailleurs, au mariage de son fils an ;

    obsessions infanticides entremles ses obsessions religieuses ; ses propres enfants n'en taient pas l'objet ;

    obsessions d'empoisonnement de sa famille par des rognures d'ongles tombant dans la nourriture, ou par simple contact des doigts avec les

    aliments, ou encore, par contact des doigts avec le pain, mme protg par un linge ;

    la pubert, obsession d'trangler son pre, obsession de semer des pingles dans le lit des parents pour piquer sa mre ;

    l'ge de 7 ans, apparition de phobies touchant la scurit de ses parents - phobies soulages par un simple moyen de dfense logique :

    vrification de leur retour la maison, par exemple.

    Contre ces penses, cette malade emploie des procds de dfense dont les uns sont encore d'apparence logique : vrifications, prcautions ;dont les autres sont franchement magiques et se rsument dans l'annulation : dans l'enfance toucher 3 fois la plinthe de l'appartement pour annuler . Plus tard, se rpter trois fois non, je ne l'ai pas pens .

    Il suffit de parcourir la liste de ces phantasmes pour se rendre compte qu'ils sont sous-tendus par une norme agressivit ; d'ailleurs, comme il estclassique de le constater, l'agressivit infiltre le moyen de dfense lui-mme. Cette femme souffrant d'un complexe de castration fminine annuleses penses agressives de castration par la raffirmation sur un mode symbolique de son dsir de possession phallique, triple rptition de laformule conjuratoire .

    Sa situation familiale.

    Nous n'osons la dire dipienne, car si l'organisation gnitale a exist, elle fut extrmement fragile et l'analyse ne retrouve qu'avec peine,maintenant, des rves o l'attaque sexuelle de l'homme est reprsente sur un mode sadique terrifiant.

    A premire vue, l'dipe paraissait normal ; Rene faisait l'loge de son pre et affichait la haine la plus tenace l'gard de sa mre. Puis,

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  • l'ambivalence l'gard des deux parents se fit jour - enfin l'dipe apparut compltement invers. Cette femme s'tait entirement identifie sonpre et l'ensemble de sa vie motionnelle tait uniquement polarise par sa mre ; elle accabla en effet son pre de critiques svres visant sasituation. Il tait brigadier de gendarmerie et la fillette rougissait de cet tat, qui l'humiliait auprs de ses compagnes. Son caractre : il tait bon,mais ne savait pas le montrer. Il tait chagrin, taciturne, dprim, ne contrebalanant nullement la rigidit de la mre par une attitude comprhensiveet affectueuse ; sa situation dans le mnage : il n'avait pu triompher de l'attachement de sa femme un premier amour, d'ailleurs platonique, il taitjaloux et ne rompait son mutisme que pour clater en scnes vhmentes dont il sortait toujours vaincu.

    En ralit, derrire ces reproches se dissimulait une agressivit infiniment plus importante, la malade produisit des rves indiscutables de castrationde son pre, tel celui-ci par exemple : je rentre dans la chambre mortuaire de mon oncle (frre du pre). C'est curant : je vois ses organesgnitaux en pleine dcomposition ; et les associations fournies n'eurent trait qu'aux circonstances de la mort du pre, nonces sans aucunemotion. Mon pre , dira-t-elle, n'a tenu aucune place dans ma vie intime. Ce n'tait d'ailleurs pas exact, puisque sont venus au jour,rcemment, des rves de poursuite amoureuse sous forme de cauchemars, l'agresseur se comportant comme un meurtrier. Nous y ferons allusionplus loin. Il y avait donc eu, une certaine phase du dveloppement de Rene, une attirance pour le pre, mais sur un mode entirementpr-gnital.

    Quant sa mre, si l'investigation analytique montrait d'abord les sentiments ngatifs que la malade nourrissait son gard, elle ne tarda pas rendre vident l'intrt passionn qu'elle avait pour elle. Si elle lui reprochait avec vhmence de l'avoir contrainte, soumise une discipline froce,empche de s'exprimer, de lui avoir interdit toute relation masculine si innocente soit-elle, elle lui en voulait surtout de ne pas l'avoir assez aime etde lui avoir prfr constamment sa sur cadette, de 7 ans moins ge qu'elle. Ses sentiments de jalousie ne sont d'ailleurs pas teints et Renene renonce qu'insensiblement la certitude de cette prfrence affiche par la mre pour sa cadette.

    Mais la violence mme de ses plaintes contre sa mre tait le tmoignage de l'affection immense qu'elle lui portait. Elle la trouvait d'un milieu pluslev que celui de son pre, la jugeait plus intelligente et, surtout, tait fascine par son nergie, son caractre, son esprit de dcision, son autorit.Les rares moments o la mre se dtendait la remplissaient d'une joie indicible. Mais, jusqu'ici, il n'a jamais t question de dsirs de possession dela mre franchement sexualiss. Rene tait lie elle sur un plan exclusivement sado-masochique. L'alliance mre-fille jouait ici avec une extrmerigueur et toute transgression du pacte provoquait un mouvement d'une violence extrme, qui, jusqu' ces derniers temps, ne fut jamais objective.Toute personne, s'immisant dans cette union, tait l'objet de souhaits de mort, ainsi que le dmontra un matriel abondant, soit onirique, soitinfantile, relatif au dsir de la mort de la sur.

    Nous regrettons de ne pouvoir procder ici l'analyse minutieuse de l'anamnse de Rene et de ne pouvoir montrer qu'elle avait de toute videncereproduit, dans tout le cours de sa vie motionnelle, l'essentiel de son attitude l'gard de ses parents. Avant d'aller plus loin, signalons untraumatisme qu'elle dit avoir subi vers l'ge de 3 ans, et sur la ralit duquel il est impossible de se prononcer : un homme la portant sur son bras,lui aurait touch les parties gnitales, ce qui lui aurait occasionn un vif sentiment de frayeur ; elle en fait le rcit sans aucune motion. Elle n'eutpendant son enfance ou son adolescence aucun sentiment objectal vrai pour un garon de son ge.

    Au contraire, elle prouva, tout au cours de sa vie, des amitis passionnes pour des filles. Enfant elle se livra d'abord des jeux sexuels : semettre des btonnets dans la vulve, ou se faire administrer des lavements par des fillettes plus ges, ce qui lui procurait un plaisir extrmementvif dont elle a gard trs nettement le souvenir. Mais surtout, l'adolescence, elle prouva une trs violente passion pour une infirmire amricainequi cantonnait prs de chez elle. Rien ne permet de croire que cette amiti fut sexualise mais tout montre qu'elle fut intense ; elle se trouvait trsheureuse auprs de cette femme qui, type accompli de la bonne mre, la comprenait, l'aimait, la traitait en gale. Plus tard, l'infirmire partie, ellerenoua des relations de ce genre, en gnral avec des amies plus ges.

    Son mariage fut une union de convenances et d'intrt ; son mari tait professeur, mais surtout officier de rserve, ce qui la flattait et annulait lesentiment d'infriorit personnel que lui avait caus la situation de sous-officier de gendarmerie de son pre. Au surplus, il contrebalanait sesavantages qui eussent pu faire de lui un homme puissant, et par l l'effrayer, par des caractristiques psychologiques trs fminines ; il tait doux,

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  • trs bon, trs dvou et elle sentait confusment qu'il ne la dominerait jamais. Elle russit d'ailleurs le castrer compltement sur tous les modespar ses angoisses, ses exigences doucereuses, tout en ayant, dans son comportement journalier, une absence apparente de volont et d'initiativequi ressemblait fort sa passivit envers sa mre. Au fond, elle eut avec lui l'attitude ambivalente typique qu'elle ne cessa de dployer l'gard desa mre.

    Quant ses enfants, si le second chappe trs lentement grce l'analyse de sa mre une inhibition au travail qui risquait de compromettre sestudes, l'an, au caractre marqu, a russi trs brillamment au point de vue professionnel. Il causait, dans son enfance, la malade qui sentait saforte personnalit, un sentiment de terreur panique. Elle n'osait rester seule avec lui. Ce garon s'est mari trs jeune, mais s'il a pu chapper l'treinte de sa mre, il lui tmoigne un dsintrt glacial dont elle souffre beaucoup et, surtout, il se conduit de faon nvrotique avec sa jeunefemme.

    ANALYSE.

    Nous ne pouvons donner ici qu'un bref rsum de cette analyse encore en cours et qui dure depuis 14 mois. Notre intention est d'insister surtout surles lments significatifs de cette observation et plus prcisment sur l'tude du transfert et des rves.

    Il est videmment tout fait arbitraire de diviser une analyse en plusieurs priodes, mais ici deux phases semblent peu prs nettement tranches,l'une essentiellement d'opposition, pendant laquelle rien ne semblait bouger, l'autre essentiellement volutive tant en ce qui concerne le transfert quela structure psychologique de la patiente. Le passage de l'une l'autre nous a paru dtermin par l'interprtation d'un rve qui traduisait un dsirinconscient de possession phallique.

    La phase d'opposition.

    La situation, au dpart, ne semblait gure satisfaisante. Quoiqu'elle ft extrmement anxieuse, demandant d'tre immdiatement prise entraitement, cette femme entendait manifestement imposer l'analyste les conditions dans lesquelles elle acceptait d'tre traite. Notre attitude futtout la fois extrmement ferme et empreinte d'une sympathie bienveillante. Le mme phnomne paradoxal se reproduisait avec nous ; quelquessances de traitement suffisaient la librer de ses obsessions religieuses, en mme temps qu'elle affichait l'gard de son mdecin uneopposition si nettement formule qu'elle ne pouvait elle-mme qu'en tre frappe, elle gardait un silence peu prs total qu'elle n'interrompait quepour dire : je ne veux rien vous dire, c'est trop humiliant, dgradant, ridicule, je connais assez bien les mdecins pour savoir qu'entre eux ils semoquent de leurs malades - il n'y a aucun motif pour que vous chappiez la rgle, d'ailleurs vous tes plus instruit que moi, vous allez vous moquerde ma navet - c'est impossible pour une femme de parler aux hommes. De fait, elle exposait sur un mode trs gnral les sentiments que luiinspirait un homme jug fort : infriorit-peur. Il nous fut possible, ds ce moment, de hasarder une hypothse : il n'y avait, disions-nous, aucuneraison pour qu'une analyse, peine commenante, ait pu produire un rsultat si surprenant : il fallait donc admettre que toutes ces manifestationsd'indpendance auxquelles elle se livrait remplaaient toutes ses obsessions verbales qui exprimaient en fin de compte un sentiment de rvolte l'gard de Dieu et de sa loi, affect dont elle avait elle-mme admis l'existence. Au surplus, elle nous rvlait bientt une obsession touteparticulire qui la remplissait de terreur. Souvent, quand elle avait bien extrioris sa colre l'gard de son mari, elle tait saisie d'une penseinattendue : si mon mari tait Dieu ? Ainsi il y avait pour elle une analogie certaine entre l'homme avec qui elle vivait et Dieu, et ce chanonintermdiaire nous permit de lui faire sentir facilement le bien-fond de notre suggestion : si elle concentrait toute son hostilit sur nous, elle sedtournait de l'objet habituel de sa rbellion. D'ailleurs, le traitement se poursuivant et ses sentiments envers nous tant un peu moins chargsd'agressivit, elle devint nouveau injurieuse et scatologique dans sa vie religieuse et comprit fort bien ce qui se passait, mais ce ne fut quebeaucoup plus tard que son acrimonie envers nous diminua franchement. Pendant des mois, elle resta silencieuse, n'ouvrant la bouche que pour seplaindre ; ces prventions habituelles contre l'homme, se joignait un grief trs important et bien particulier : elle nous reprochait de lui prendre del'argent. Le paiement des honoraires tait, en effet, l'une des choses auxquelles elle avait le plus de mal se rsoudre. Nous nous tions efforc dedterminer avec soin une somme qui tait compatible avec une prolongation indtermine de traitement mais qui, eu gard son budget, tait pour

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  • elle une gne relle, ce qui constituait en fin de compte une sorte de pression continuelle de la ralit extrieure, l'invitant parler et ne pasprolonger indfiniment l'exercice de cette forme muette d'hostilit laquelle inconsciemment elle tenait si fort. Ce sacrifice montaire, auquel elleessaya d'chapper de toutes les manires quand il lui advint de manquer une sance, en invoquant de pseudo-cas de forces majeures, prtextesque nous n'acceptmes jamais, tout en prenant soin de lui en dmontrer la vanit, lui tait d'autant plus pnible qu'il lui interdisait, disait-elle, des'acheter les mille accessoires de la coquetterie fminine : Vous accroissez ainsi mon sentiment d'infriorit, quand je me compare aux autres, jesouffre d'tre mal vtue. Elle ressentait nos exigences comme une punition ou mieux comme une sorte de diminution de puissance - elle ne pouvaitse mettre en valeur. Connaissant son attitude hostile l'gard des hommes, ayant dj interprt sa conduite l'analyse comme un refus de seplier une rgle impose par un homme, nous fmes tout naturellement amen lui demander ce qui lui venait l'ide propos de ce besoin deplaire qui lui semblait si vif. La rponse fut conforme notre attente : Quand je suis bien habille, les hommes me dsirent et je me dis avec unejoie trs relle : en voil encore qui en seront pour leurs frais. Je suis contente d'imaginer qu'ils puissent en souffrir. Ainsi ses proccupationsvestimentaires n'taient-elles qu'un des multiples aspects de sa haine de l'homme. A ce moment, la malade liait parfaitement, comme quivalents,les manifestations obsessionnelles religieuses l'gard de Dieu, les troubles de comportement l'gard de son mari et enfin son refus de l'analyse,puisqu' vrai dire elle venait surtout aux sances pour affirmer qu'elle ne dirait rien. Elle essaya plusieurs fois de rompre le traitement, se disantgurie comme on sait, renona ses projets de fuite devant le rappel du caractre trompeur de ses amliorations prcdentes et devantl'affirmation nergique que nous n'tions pas dcid la reprendre en traitement si elle interrompait sa cure malgr notre avis formel. Elle produisit ce moment une petite phobie montrant combien elle tait irrite de ne pouvoir nous imposer sa volont : Si je me suicidais ou si je mourais, ledocteur serait peut-tre accus de meurtre et condamn , ce phantasme tant conu sous forme de crainte. Elle se plaignait toujours de la chargefinancire du traitement, numrait complaisamment tous les achats qu'elle aurait pu se permettre et revenait sans cesse sur le dsir qu'elle avaitde se procurer des chaussures. Les hommes, disait-elle, taient trs sensibles la vue d'une femme bien chausse.

    Puis vint le rve qui vers le cinquime mois du traitement devait permettre l'analyse de progresser enfin et de s'engager dans une voie nouvelle : je suis dans le service hospitalier o je travaille, ma mre vient dans le service ; elle dit du mal de moi la surveillante. Je suis furieuse et je sors. Jerentre dans la boutique d'un savetier qui se trouve en face de l'hpital et j'achte une paire de chaussures : puis tout d'un coup, ouvrant la fentre, jeme mets injurier violemment ma mre et le chef de service. Nous connaissions dj ses sentiments l'gard de sa mre ; elle nous dit dtesterla surveillante qu'elle trouvait injuste et qui elle n'osait jamais rpondre. - Les chaussures choisies taient trs pointues. Elle s'engagea ensuitedans une digression relative l'entretien, qu'elle assurait, des chaussures de son pre ; puis elle vint parler du cordonnier qui tait un hommejeune, brun, et qui n'tait pas sans prsenter quelque analogie avec nous. Quant au Chef de Service, il tait la fois aim parce que trs juste(comme son pre) et redout en raison de son renom et de l'appareil qui l'entourait. Nous lui fmes alors remarquer que dans la premire phase durve, elle ne pouvait que supporter l'injustice de sa mre et qu'aprs avoir t acheter des chaussures, il lui tait possible de se rvolterouvertement. - Or, cet accessoire tait prcisment de ceux dont l'analyse la privait. De plus, le cordonnier, qui elle donnait de l'argent,ressemblait fort l'analyste. Il tait donc clair qu'elle dsirait obtenir de ce dernier quelque chose qui lui permit de s'affranchir de la crainte de samre, dont l'ducation trop svre tait pour beaucoup dans sa maladie, selon sa propre conception, et que ce quelque chose tait manifestementsymbolis par des chaussures qui l'avaient amene penser celles de son pre. Nous n'allmes pas plus loin ce jour-l, nous contentant d'ajouterque cette mme partie du costume fminin l'aidait vaincre son sentiment d'infriorit et lui permettait d'exercer une petite vengeanceantimasculine.

    Nous pensions par-devers nous que ce rve exprimait un dsir de possession phallique. Le pied bien chauss tant reprsentatif du phalluspuissant. La possession seule de cet organe pouvant lui confrer la puissance, lui permettant de renverser la situation infantile de soumissionabsolue sa mre et de prendre son tour la position dominante. Bien entendu, ce rve pouvait avoir une signification plus prcise, le besoind'identification au pre qui y tait rvl pouvait laisser entrevoir l'existence d'un dsir plus sexualis de domination de la mre. Mais la suite del'analyse n'a pas formellement tay une hypothse de ce genre. La malade n'a jamais produit de fantasme de possession gnitale de la mre.

    Quoi qu'il en soit, le contenu du rve tait bien celui dont nous lui avions fait pressentir l'existence. Elle. nous rapportait peu aprs deux fantaisiesoniriques qui la surprenaient beaucoup : je me vois avec l'un de mes seins transform en verge. - C'est extraordinaire, la nuit dernire je me suisencore vue, mais cette fois avec une verge entre les deux seins. Elle produisit d'ailleurs successivement deux ou trois autres rves dans lesquels

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  • son dsir d'identification masculine avec possession phallique, et la signification de ce dsir dans le cadre de ses relations avec sa mre, taientexprims clairement. En voici un exemple : Je fais rparer ma chaussure chez un cordonnier, puis je monte sur une estrade orne de lampionsbleus, blancs, rouges, o il n'y a que des hommes - ma mre est dans la foule et m'admire.

    A l'aide de tels documents, il nous fut possible d'analyser de faon encore superficielle ses relations avec les reprsentants du sexe oppos et avecDieu conu sous une forme videmment trs anthropomorphique. N'apportait-elle pas la fantaisie suivante : J'ai rv que j'crasais la tte duChrist coups de pied, et cette tte ressemblait la vtre - et en association, l'obsession suivante: - Je passe chaque matin pour me rendre mon travail devant un magasin des Pompes Funbres, o sont exposs quatre Christs. En les regardant, j'ai la sensation de marcher sur leur verge.J'prouve une sorte de plaisir aigu et de l'angoisse.

    Ainsi, le dsir d'avoir un pnis, fourni par l'analyste, tait-il accompagn d'un phantasme de destruction de l'organe du mdecin. La tte crasen'tait autre que la verge, que l'obsession voque en association montrait tre l'objet direct de l'agressivit.

    Elle se montra cette poque particulirement hostile, colreuse, fut parfois scatologique, mais n'extriorisa pas, ce moment du moins, d'autrephantasme de castration directe de son mdecin, malgr tout le soin mis interprter ses moindres manifestations d'agressivit.

    Tout homme est a priori un adversaire, un ennemi de qui elle a peur, devant qui elle se sent en situation d'infriorit et, de plus, il lui est interdit defrayer avec lui. Son sentiment de peur et d'infriorit, elle en rend volontiers en effet sa mre responsable: Ne lui a-t-elle pas toujours dfendu defrquenter les garons qu'elle lui reprsentait comme dangereux ? Et en ne lui permettent pas d'avoir avec eux des relations saines, ne l'a-t-elle pasrendue incapable de se mesurer avec eux, de jouer avec facilit son rle de femme ? Les hommes me font peur - Ma mre m'a dit qu'ils taientdangereux, qu'il fallait se mfier, qu'il tait immoral d'avoir avec eux des relations intimes, mme d'amiti - Comment voulez-vous que je sois l'aisepuisque je n'ai jamais t autorise les frquenter et en prendre l'habitude.

    Mais derrire tout ceci, se cachait une raison plus profonde de conflit avec l'homme, conflit videmment culminant, chaque fois qu'une particularitquelconque : richesse, savoir, caractre, force, lui permettait de se reprsenter un homme comme plus particulirement possesseur de lapuissance. Elle nourrissait, inconsciemment bien entendu, comme l'analyse venait de le montrer, des sentiments de haine et d'envie envers cestres qui possdaient ce dont elle avait toujours t prive : le pnis dans lequel son psychisme d'enfant avait vu l'attribut essentiel de l'exercice dela puissance, de nombreux phantasmes l'ont montr, en particulier en ce qui concerne la destruction de l'enfant symbole du pnis. Les hommesont une vie tellement facile - si j'tais un homme ! rptait-elle souvent. - Mais l'on pouvait se demander si ce complexe de castration fminine, sidouloureusement ressenti, tait n la suite de relations malheureuses avec des hommes brutaux, qui lui eussent fait ressentir le poids de leurforce. En dehors de ce traumatisme de l'ge de trois ans que nous avons rapport plus haut, elle n'eut jamais souffrir de la contrainte masculine.Son pre tait bon, et surtout faible, et sans autorit personnelle, et elle ne retrouve rien qui et permis de supposer qu'elle eut souffrir de sonfait. Il semble au surplus qu'elle n'ait jamais couch dans la chambre de ses parents ; elle n'aurait jamais surpris son pre demi-nu. Mais noussavons bien qu'il n'est pas besoin de traumatisme effectif de ce genre pour que se dveloppe chez une fillette l'envie du pnis et le dsir dedestruction de celui d'autrui. Elle n'avait au fond jamais vcu concrtement un conflit prolong avec un homme rel, par contre, toute sa vie n'avaitt qu'une longue lutte avec sa mre. Une grande partie de l'agressivit dploye contre l'homme porteur du pnis ne prenait-elle pas sa sourcedans ses relations malheureuses avec celle-ci ?

    Or, la suite de l'analyse devait dmontrer qu'elle se faisait d'elle une reprsentation phallique et qu'elle lui attribuait un sexe dont le modle lui avaitt fourni par une exprience quotidienne : la vue d'animaux reprsents certainement comme trs forts et trs dangereux.

    D'ailleurs, s'il ne nous a pas t possible d'analyser ce moment de faon complte les rves o Rene voit ses seins transforms en pnis, cettetransformation mme n'indique-t-elle pas combien l'analogie est grande entre l'organe nourricier attribut essentiel de la puissance maternelle et celuide la puissance gnitale ? Si elle voit ses propres seins transforms en pnis, ne reporte-t-elle pas sur le pnis de l'homme l'agressivit oraledirige primitivement contre le sein maternel ?

    Michel Sauval - Jacques Lacan - Seminario 10 - La angustia - Artculos - Incidences thrapeutiqu... http://www.sauval.com/angustia/e-bouvet.htm

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  • Mais, si cette agressivit orale est, en fin de compte, le primum movens de ses affects de castration masculine, il nous parat intressant decontinuer montrer comment devint vident pour la malade, cette transposition de son agressivit de la mre l'homme.

    Deuxime phase de l'analyse.

    Elle n'admit pas d'emble ce dsir de possession phallique pourtant clairement exprim, et si elle acceptait maintenant notre analyse de sesrapports avec Dieu, son mari et nous-mme, elle n'en maintenait pas moins son opinion sur le caractre artificiel et proprement arbitraire de nosinterprtations de ses rves. je n'ai jamais dsir tre un homme, disait-elle. Quoi qu'il en soit, partir de ce moment, son comportement l'analyse changea, ce qui signifiait videmment que son transfert voluait. Ce fut d'abord peine perceptible et cela se traduisit uniquement par lacessation de son attitude rcriminatrice; elle ne rptait plus que sa position tait humiliante, qu'elle avait peur, et qu'elle donnait de l'argentinjustement, comme si ses prventions l'gard de l'analyste homme taient tombes ; par contre, elle tait presque aussi silencieuse. Elle putfournir quelques rves prouvant le caractre agressif de ses pratiques castratrices sur son mari. Elle extriorisa cette poque ses dsirs de mortcontre son pre et retrouva le souvenir de ses obsessions d'tranglement. De cette poque aussi date la phobie qu'il ne nous arrive un accident,expression vidente d'un dsir de mort. Un peu plus tard, un autre progrs sensible s'exprima sous une forme trs discrte : un changement dansl'expression verbale de la rsistance ; elle ne disait plus : je ne veux pas parler , elle disait : je ne peux pas, je ne sais pas ce qui m'empchede parler. Il tait certain qu'elle tait soumise un dbat intrieur intense ; elle sortait de ses sances fatigue, frissonnante, tachycardique,souvent couverte de sueur. A l'occasion d'un conflit actuel n de l'obligation pascale, elle prit conscience de la similitude de sa rvolte contrel'homme, Dieu et la Vierge Mre difie. Elle dit alors : Je hais la contrainte d'o qu'elle vienne, d'un homme ou d'une femme. - Les injures quej'adresse la Vierge, je les ai certainement penses propos de ma mre, mais je n'osais pas me les dire en moi-mme.

    A cette poque elle fit un rve o la Vierge tait la fois reprsentative d'une mre idale uniquement proccupe de son enfant, et d'une femmetrs sexualise qui le pre confessait sa foi.

    Peu peu, l'orage s'apaise, en partie parce que le problme pascal, d'actualit seulement pendant une priode trs limite, perd de son acuit, letemps de la communion obligatoire tant pass, en partie aussi du fait des explications et interprtations analytiques. Le transfert avait, ainsi quel'on pouvait s'en rendre compte de tout petits signes, perdu beaucoup de son agressivit.

    L'analyste tait d'abord un adversaire, contre qui l'on s'essayait toutes les mesures de castration qui avaient si bien russi avec le mari, puis, quandle dsir de possession pnienne devint conscient, ainsi que l'agressivit de castration concomitante, le foss qui sparait tout homme de la maladese trouva en partie combl. L'homme devenait un alli. La malade ne refusait plus de cooprer avec lui, elle disait : je veux parler , mais seheurtait une force intrieure plus puissante que sa dtermination consciente et contre laquelle elle luttait avec nergie et tnacit. Le rsultatpratique de cette coopration n'tait peut-tre pas encore trs sensible, mais l'orientation des rapports analyste-analyse tait diffrente et laissaitprsager des dveloppements ultrieurs. Au fond, il ne s'tait pass rien d'autre que cette rvlation du dsir du pnis, et du sens de ce dsir.L'homme-analyste avait perdu ses caractres d'tre qui domine, qui fait peur, qui se moque, du moins en partie. Il tait devenu bienveillant. Sansdoute tait-il toujours aussi interdit, puisqu'il tait dfendu de lui parler, mais les interdictions du surmoi fminin infantile devenaient moinsrigoureuses, en mme temps que s'annonait une confusion significative entre l'imago analytique et celle d'une mre accueillante. En voici lapremire figuration onirique ; disons tout d'abord qu'elle fut prcde d'un rve de rconciliation avec sa belle-mre qui s'tait oppose sonmariage et secondairement s'tait suicide au cours d'un accs dpressif, la belle-famille de Rene la rendant indirectement responsable de cetaccident. Mme X... me propose d'aller avec elle remercier la vieille dame de tout ce qu'elle a fait pour moi - je suis trs inquite car la vieille damehabite chez vous. Que va-t-elle dire, lorsqu'elle saura que je viens chez vous. - Nous y allons. - C'est vous qui me recevez. - Nous avons uneconversation normale et non une sance d'analyse. - je suis trs contente.

    Nous ne pouvons vous exposer ici le dtail de ses associations. Dans ce rve, elle dsire s'identifier Mme X.... femme qui a su conserver sonindpendance en matire religieuse malgr son mariage avec le ministre d'un culte rpandu en France.

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  • Quant l'image de l'analyste, elle est la fois celle d'un homme avec qui elle a des relations normales et d'une mre qui se montre comprhensiveet non plus interdictrice. Il y a l au moins une indication de la double signification de la reprsentation qu'elle se fait de l'analyste.

    Moins d'un mois aprs la crise de Pques, son tat s'est grandement amlior. Elle est heureuse au milieu des siens, se livre avec gaiet destravaux d'amnagement dans son intrieur ; elle repeint tout neuf. Elle ne s'est jamais sentie aussi gaie ; ses obsessions sont tout aussinombreuses, mais elle n'en ressent plus aucune culpabilit. Elle arrive assez facilement dominer sa rpugnance parler. Elle apporte unemultitude de documents que nous avons condenss plus haut et sent qu'elle est sur la bonne voie. Un matriel plus directement reprsentatif desphases prgnitales commence faire son apparition, comme dans ce rve o elle accepte de renoncer son pnis noir pour devenirrellement femme. Elle rve : je suis sur la scne du Chtelet, je ne sais pas mon rle et je dois sans cesse inventer. - je joue avec un hommejeune. Le soir il y a une seconde reprsentation - je ne sais comment faire. - Entre les deux, je vais aux toilettes et j'limine une quantit norme dematires fcales de forme particulire. - je me sens soulage - je joue mieux. Tout ceci est trs clair, si l'on sait que la situation de thtre taitune situation amoureuse ; que l'homme jeune symbolise son mari et que les matires limines taient en forme de verge.

    Mais puisque ce travail est centr sur l'tude des ractions de transfert et de leur sens, ainsi que sur celles des modifications de la structurepsychologique, autrement dit du surmoi, revenons l'expos de rves qui, comme celui-l, montrent le pourquoi de cette ambigut de l'imagomasculine, qui est l'objet de pulsions agressives, puisqu'elle possde la puissance phallique attribue par ailleurs la mre toute puissante.

    A vrai dire, le rve que nous allons relater est un phantasme de rconciliation avec la mre phallique ; il succde tous ceux au cours desquelsRene recevait la puissance phallique des mains de l'analyste, ou, plus exactement, acqurait le droit la recevoir en contrepartie de son sacrificemontaire ou anal. - je me retrouve avec mes camarades. Certaines d'entre elles vont passer un examen et comme je n'ai pas mon brevet, l'uned'elles me dit mchamment: Vous devriez concourir. Je refuse, puisque je l'ai obtenu par quivalence. Notre Directrice me soutient. A ce moment,elle relve brusquement ses jupes et je trouve qu'elle exagre. Elle a les jambes et les cuisses entirement noires. Plus tard, je suis dans un jardin,une de mes collgues, que j'aime beaucoup, me tend une branche de pommier en fleurs. Je la refuse en lui disant : J'aime les longues tiges. Pourdonner tout son sens ce rve, il est ncessaire de rapporter avec assez de dtails les associations fournies. Le fait de n'avoir pas obtenu sondiplme par concours est pour elle un sujet de proccupations constantes, elle se sent en tat d'infriorit et craint d'tre juge incapable, malgrtous les encouragements qu'on peut lui apporter. La Directrice lui est trs favorable. Elle la soutient, l'encourage et lui tmoigne de l'affection. Lescuisses noires voquent une affiche reprsentant une danseuse de couleur, sur le tutu de qui un mauvais plaisant avait dessin un norme phallus,de telle manire qu'il semblait appartenir l'artiste et, comme nous insistions un peu pour essayer de retrouver la trace d'un traumatisme par visiond'organes gnitaux, elle nous dit : Oui, ces jambes me font penser celles des chevaux de la gendarmerie. Quand ils taient en rection, je medemandais ce qu'ils avaient, cela m'intriguait - je ne me rappelle pas autre chose. Si... quand j'tais toute petite, je m'amusait avec d'autres petitesfilles me mettre un petit btonnet dans la vulve. je ne vois pas autre chose. " Ainsi se prcisait l'origine du dsir de possession pnienne, laconcrtisation par cet organe de toutes les possibilits de puissance.

    Quant la deuxime partie du rve, au sens presque vident, elle provoque les associations suivantes : la collgue est une femme aime par lamalade, nergique, droite et bonne comme l'infirmire amricaine, ; la branche de pommier voque une chanson trs tendre du Pays du Sourire (une image montrant deux pigeons se becquetant sur un pommier en fleurs) (souvenir d'enfance). Le fait que la tige ne soit pas assez longue, laramne une rflexion faite par elle au cours de son dernier rapport sexuel. Elle dit son mari : Mais entre donc davantage. Ainsi la mre est,dans la premire phase de ce long rve, adorne du pnis. Dans la seconde, la malade traduit son dsappointement de ne recevoir, au milieu dujardin trs sombre, qu'une branche symbolique insuffisante (le petit clitoris), mais ce rve se droule dans une atmosphre douce et apaisante, leconflit tend se rsoudre et la dormeuse, si elle n'accepte pas encore son tat de femme, connat une atmosphre d'apaisement. Mais aussi sansdoute, ce rve exprime-t-il sans angoisse le dsir de s'annexer librement le phallus de son mari, mode de rsolution classique du complexe decastration fminine.

    La dmonstration de cette confusion des images analytique et maternelle, phalliques toutes deux, est objective dans ce rve de transfertfranchement positif avec encore une teinte de castration : je suis en sance chez vous. Un enfant de 7 8 ans est prsent - Vous tes revtu

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  • d'une longue robe noire comme les mdecins de Molire, mais sans chapeau pointu - Vous vous placez sur moi, comme pour me possder. Jetrouve cela tout naturel - Vous relevez alors votre robe et vous dites : mais parlez donc ! Voici quelques associations. La robe noire : celle desmdecins de la comdie classique. Les clystres : quand j'avais 10 ans, je me laissais administrer des lavements par des fillettes plus ges etj'en prouvais une vritable volupt - Ma mre me donnait des lavements - D'ailleurs, elle portait toujours une robe noire - Un rapport sexuel avecvous me semble normal - Quant au garonnet c'est mon fils. Vous savez que constatant pendant les vacances son dsaccord avec sa jeune femmeet pensant qu'il tait d une nvrose provoque par mon ducation trop svre, je lui ai avou que je suivais un traitement chez vous et tout le bienque j'en retirais. Ce fut un trs dur sacrifice. Ainsi, elle ne peroit plus l'humiliation ressentie jusqu'alors d'tre une femme. Il est remarquer queses rapports sexuels se font sur un mode prgnital. Il est aussi noter la surdtermination de son silence : Parler, pour elle, quivalait bien unesoumission sexuelle l'homme ou la mre masculinise, quoiqu'il s'agisse d'une activit orale en elle-mme fortement culpabilise. Voici un trsjoli rve qui, malgr bien des incidences prgnitales orales, semble marquer une tendance une volution dipienne normale : je suis sur lesboulevards - Le roi d'Angleterre passe en cortge avec sa femme au bras. Je lui parle et lui dis combien mon fils est heureux de se trouver dans cebeau pays. Il me remercie et m'invite dner - Je repars son bras - La reine s'est efface - Nous arrivons dans une petite maison - je me trouvealors en prsence de laquais qui me montrent une desserte o se trouvent des cristaux de forme varie. Ils m'invitent choisir une coupe. Je leurrponds que je n'en ai pas envie - Puis je vais dans les communs et je me trouve en prsence de ma mre qui fait sa lessive - Elle a ses cheveuxblancs en dsordre - je lui dis : Mre, mettez vos chaussures, il faut venir au banquet du Roi. A ce moment, une dame en manteau de cour medit de me hter. Elle a quelque chose d'important me dire. - Depuis ce rve, j'prouve un trange sentiment de joie et de confiance. Je suis sreque j'arriverai bout de ma maladie et mme de mes obsessions religieuses - Hier l'glise je me suis avance jusqu'au matre-autel je n'avais pasfait cela depuis 20 ans car, il faut bien vous le dire, j'ai eu des obsessions sexuelles, en ralit, depuis mon mariage.

    Elle associe spontanment : le roi, c'est mon pre sous son uniforme, et vous, par les traits - J'oubliais de vous dire : la porte de la petitemaison, j'ai crois la Reine Mary, elle m'a regarde d'un air svre. C'est ma mre quand elle est lointaine. La maison est celle que j'ai toujours rvd'avoir dans les premires annes de mon mariage, une maison claire, au milieu des fleurs, un mas provenal. Quant aux cristaux que je ne veuxpas accepter, ils me font penser une chanson comique sur les bonnets des marmitons (il y en a de grands, de petits, de carrs, de pointus) quej'ai entendu parodier avec des allusions sexuelles ; ils m'voquent l'ide d'un pnis - Ma mre faisant la lessive me fait penser la faon dont je laconsidre maintenant - je n'avais pas jusqu'ici peru combien elle s'tait dvoue pour nous tous et d'ailleurs, elle a bien chang. - Elle me paratmaintenant aussi bonne qu'elle me semblait mchante - Aux dernires vacances, je l'ai vue s'puisant de travail afin que nous puissions nousdistraire. A la rflexion, c'est moi qui me suis modifie Elle a toujours 't comme cela, seulement je souffrais tellement de ses mauvais cts que jene sentais plus ce qu'elle avait de bien ; je sais, et vous me l'avez fait dcouvrir, que je l'aimais plus que tout, mais je ne pouvais supporter sonautoritarisme et d plus je me croyais dlaisse. Quant la femme au manteau de cour, c'est la fe des contes de mon enfance.

    J'insiste, ajoute-t-elle encore, sur l'impression de bonheur ineffable que j'ai ressentie ce matin mon rveil, la vie s'ouvrait devant moi, toutelumineuse et calme, je n'avais plus peur de rien - je sentais que j'tais comme les outres, ou tout au moins de la manire dont j'imagine les autres -je ne demande qu' vivre heureuse dans mon mnage, y tenir ma place, jouir de l'affection de mon mari et de celle de mes enfants.

    Comme on le voit, ce rve semble indiquer que la malade s'engage sur la voie d'un transfert positif gnitalis, et que s'ouvre une troisime phasepourrait-on dire de l'analyse. Il est d'ailleurs contemporain de toute une srie de rves o elle semble vouloir se dtourner avec horreur de toutemanifestation agressive. Dans ce phantasme en tout cas, sa mre n'est plus qu'un personnage qui s'efface, la vieille dame qui fait sa lessive ,l'pouse du roi d'Angleterre qui disparat au moment o elle prend le bras du roi. Si elle peut avoir encore un aspect intimidant, la reine Mary, elle nel'empche pas d'entrer dans la maison. - Dans ce rve aussi, elle peut s'adresser au roi, lui dire des choses aimables, et celui-ci lui octroie la placede la reine dans le cortge.

    Ce rve semble bien montrer la naissance d'un dsir dipien positif. Elle renonce la possession du pnis, elle accepte l'invitation du roi, dont ellesera l'oblige, mais la persistance de pulsions prgnitales s'y traduit par l'invitation un repas ; les rapports avec le roi sont d'ordre alimentaire.D'ailleurs le symbolisme du refus de la coupe est 'videmment complexe, si la malade l'interprte spontanment comme la traduction de sonabandon de ses prtentions la puissance phallique en est-il bien ainsi ? N'est-ce pas un symbole du pnis creux , expression du dsir normal

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  • d'assimilation du pnis de l'homme par une femme trs rceptive, comme certains analystes l'ont voulu ? L'intensit de la fixation maternelle est entout cas indique par la ncessit qu'elle prouve de conduire sa mre au banquet du prince.

    L'analyse a continu progresser et le transfert positif ,,'est prcis avec ses caractristiques d'dipe trs fortement prgnitalis, en mmetemps qu'est sorti un matriel plus rvlateur encore du paralllisme des ractions de la malade envers l'homme et envers sa mre. Voici un rvechoisi entre plusieurs autres. (Elle tait ce jour-l en conflit avec sa mre, et ceci explique peut-tre, en partie, le caractre plus spcialementsadique de ce matriel, en rponse au dchanement momentan de sa propre agressivit.) Dans un souterrain, un homme me poursuit, j'ai peur -Il m'atteint et essaie de m'trangler - A ce moment, mon mari m'a rveille car je me dbattais et criais - L'homme c'est vous - Vous ne pouvezsavoir combien je suis dpite d'avoir vous le dire. Je me dfends, je me rvolte. Vous m'irritez avec votre silence, votre force, comme ma mre ;pourtant je pense continuellement vous. Je voudrais rompre l'analyse plutt que de me trouver dans une situation aussi dangereuse, aussihumiliante : aimer un homme qui se moque de vous, c'est se prostituer. La tentative d'tranglement me suggre qu'enfant j'aurais tant dsirprendre ma mre par le cou pour l'embrasser et la serrer de toutes mes forces, mais elle ne me le permettait pas - Ah ce que je la hais - c'est vrai,je voulais aussi trangler mon pre Elle prouve, dans ce rve, la peur d'tre traite par nous de la mme manire la fois sadique et amoureusedont, enfant, elle dsirait user avec sa mre, mais l'affect agressif tait seul peru dans son obsession d'tranglement de son pre, labore l'gede 15 ans. Elle ajoute : Quand mon mari s'endort sans s'intresser moi, j'ai envie de le tuer. Pendant la guerre, je couchais avec ma mre :quand elle tait indiffrente, j'avais aussi envie de la tuer. Puis il lui revient en mmoire une obsession de grand sadisme. - Essayons maintenantune interprtation synthtique du transfert.

    Le transfert que cette malade revit dans la situation analytique a volu de faon progressive, mais non continue, c'est--dire avec des oscillationsmarques vers un tat de confiance et de dtente qui contraste vigoureusement avec l'expression essentiellement ngative qu'il prenait au dbut.Rsumons ce que nous en a appris l'tude. Dans une premire phase et avant que ne ft devenu conscient le dsir de possession phallique,l'attitude d'opposition tait, apparemment tout au moins, entirement dirige contre l'homme. Non seulement elle avait, vis--vis de son analyste, uneconduite absolument analogue celle qu'elle avait envers son mari, mais ce fut la fin de cette phase du traitement qu'elle prit pleinementconnaissance de son agressivit pour son pre et son mdecin. En ralit, ces sentiments hostiles, spontanment irrductibles, quelle que soit laconduite de l'homme, taient n'en pas douter non seulement la rsultante de la position psychologique de la malade en face du couple parental,c'est--dire de son identification son pre et de l'inversion dipienne, mais encore d'un transfert, si l'on peut s'exprimer ainsi, des affectsagressifs primitivement prouvs l'gard de la mre, notion d'ailleurs parfaitement classique et maintes fois objective. Nous croyons l'avoirsuffisamment dmontr dans cette observation. Il nous a paru intressant de noter qu'en mme temps que se traduisait dans des rves le dsird'une identification au pre (recevoir de l'analyste des chaussures qui feraient d'elle un tre phallique), la svrit de la censure, expression dupouvoir inhibiteur du surmoi fminin infantile, allait s'attnuant ; elle pouvait alors reconnatre, dans les injures adresses la Vierge Mre, lesvocables, qu'enfant, elle n'avait jamais os se permettre de penser clairement, mme en son for intrieur, l'gard de sa mre relle pour ne citerqu'un exemple. Ce n'est, pensons-nous, qu'en ne perdant pas de vue la ralit d'une projection sur l'analyste, et d'une manire plus gnrale surl'homme avec qui de telles malades nouent des relations intimes, de l'agressivit primordiale anti-maternelle, que l'on peut comprendre un telrsultat. La prise de conscience du dsir de castration du mdecin quivaut en outre une dculpabilisation de l'agressivit vis--vis de la mrephallique, si, par ailleurs, la remmoration du dsir de possession phallique permet une identification au pre, porteur du pnis. Nous ne noustendrons pas davantage sur l'aspect ngatif du transfert de Rene, auquel une grande partie de cet expos a t consacre, et que nous nevenons de rsumer brivement ici que pour montrer que l'ambigut de l'imago analytique apparat tout aussi bien dans l'analyse de l'aspect ngatifque de l'aspect positif du transfert de la malade. Nous ne voulons pas revenir sur la condensation onirique du personnage du mdecin et de la mre, laquelle nous avons dj suffisamment fait allusion, mais nous voudrions faire ressortir, en terminant cet essai d'analyse du transfert, combien,mme lorsque ces images sont dissocies et qu'une orientation dipienne et personnelle du transfert semble se dessiner, la raction de la patiente l'gard de l'homme est module sur le schme de ses relations avec sa mre. Je n'ai videmment jamais prouv dit-elle, avec mon mari, lebonheur parfait que me donne la compagnie des femmes qui m'aiment et que j'admire, mais je suis par rapport vous deux dans une situationanalogue celle o je me trouve avant de rencontrer ma mre, que je crains toujours de trouver hostile. Je pense ce que sera l'expression devotre visage : si je le trouve ouvert, je me sens mieux, je deviens gaie ; s'il me semble renferm, je me sens immdiatement devenir mchante ethostile, tout comme avec ma mre, quand elle a son air svre et froid. Cela est d'ailleurs maintenant moins net. je sens que vous tes bon, que je

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    10 of 14 28/05/2010 10:27 AM

  • puis foncirement compter sur vous, mais ce sentiment amoureux que j'prouve m'effraie toujours.

    Ainsi, l'on saisit sur le vif, dans le concret de la vie, ce qui rend impossible cette malade une issue satisfaisante de sa libido vers un objethtrosexuel, L'homme porteur du pnis est l'image vivante de la mauvaise mre qui frustre et domine toujours, quelle que soit son attitude relle, etsans doute tant que ne sont pas exposes et acceptes les pulsions orales de destruction phallique. Il rsulte de ceci que toute situation detransfert amoureux est ressentie comme minemment angoissante, tant du fait de la peur qu'une telle situation, correspondant un abandon de lafixation maternelle, ne peut manquer de provoquer que - et cela nous apparait comme la source essentielle de l'angoisse - de ce qu'une telleventualit comporte d'agressivit et, en fonction de la loi du talion, de crainte, de destruction, de par la transposition sur le pnis, des apptencesorales, amoureuses et destructives du sein maternel. - Cette analogie entre sein et. pnis est ici objective par la localisation pectorale duphantasme de virilisation qui nous parait trs significative. Mais, si la malade, spontanment, exprime l'analogie qu'elle tablit entre les deux formesde puissance masculine et maternelle, elle s'oppose une interprtation visant souligner cette correspondance par une rationalisation de ce genre

    De toute faon, il s'agit d'un appendice.

    L'analyse des pulsions orales s'est toujours heurte une vive rsistance. La malade a nanmoins soulign elle-mme la signification d'un apptitqu'elle n'a jamais pu modrer, malgr les exigences dittiques d'un embonpoint important. Quant je me limite J'prouve une angoisseinsurmontable. Elle a bien rapproch de ce symptme, les visions d'organes gnitaux masculins qui, si souvent, lui masquent la vue de l'hostie;mais elle a fait de ce rapprochement une sorte de suggestion de l'analyse, tout en se rappelant ce propos deux obsessions de son enfance : Quand j'allais communier, j'tais obsde la journe durant par la crainte de profaner une parcelle de l'hostie, en la dposant sur un objet que mabouche pouvait toucher ; aussi je l'avalais gloutonnement, d'un seul coup. Ici, la pulsion agressive infiltrait le moyen de dfense. Le mme jour, elleretardait l'exonration fcale dans la crainte que le Corps du Christ soit abandonn, mlang aux excrments ; mais elle sent maintenant qu'elleprouvait une sorte de joie en y pensant. Ce sadisme anal, dont elle comprend bien la signification, a pu tre plus facilement analys, elle sent toutela puissance agressive de ses interjections scatologiques l'gard de Dieu, de la Vierge, de sa mre, de son mdecin. Signalons ce sujetl'obsession suivante, qu'elle rapproche du jeu du lavement : Quand le prtre dit : Ouvrez vos curs ", je pense : " Ouvre ton anus... " ,Satisfaction symbolique de son rotisme passif anal.

    Malgr le caractre incomplet de son analyse, l'amlioration de Rene est importante : ses rapports affectifs se sont extrmement dtendus, ellesemble capable d'aimer son mari, sur un mode moins captatif, elle le souhaite plus viril. Sa mre aussi bnficie de son changement : elle la trouvedvoue, malgr sa rudesse et s'efforce de la comprendre. Elle a encore des retours d'agressivit violente, mais ils durent peu. De plus elle donne son fils, Andr, une ducation librale, sait jouer avec lui et lui parler l'occasion de problmes sexuels. Vis--vis de son fils an, elle estvritablement maternelle, et n'a pas hsit lui parler d'un traitement analytique, pour corriger une attitude nvrotique dont elle se sent responsable,sans prouver pour cela de sentiment pathologique de culpabilit. - Le plus habituellement, elle se sent trs heureuse, s'efforce d'tre objective. Sesobsessions religieuses sont extrmement rares ; elle accueille avec indiffrence ces penses, qui lui traversent l'esprit en clair sans provoquerde ractions affectives. Cette acceptation, sans angoisse, de la survivance du phnomne obsessionnel, jointe ses possibilits nouvelles deprojections libidinales au dehors, nous semble confrer l'amlioration actuelle un caractre de stabilit au moins relative.

    CONCLUSIONS.

    Avant d'insister sur le point particulier qui nous a amen vous prsenter ce travail, il nous parat ncessaire de condenser en quelques lignes lesdonnes de cette observation, donnes qui, pour un certain nombre d'entre elles tout au moins, ont t retrouves dans plusieurs autresobservations de nvrose obsessionnelle fminine. - Toutes ces malades ont ragi de faon identique la situation familiale. Elles sont restes fixes leur mre, sur un mode infantile, et si elles semblent avoir renvers leur complexe d'dipe et avoir pris une position homosexuelle, il faut bieninsister sur le fait que celle-ci ne s'accompagne gure de phantasmes de possession gnitale, ou que s'il en est ainsi, ces phantasmes revtent uncaractre sadique nettement accus. Cette fixation maternelle, dfinie comme il vient d'tre dit, s'accompagne de ractions agressives contre toute

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  • personne susceptible de s'immiscer dans le couple mre-fille et d'altrer l'intgrit du pacte unissant la fille et la mre. Tel est le cas des autresenfants par exemple. Ce fait absolument constant n'est pas particulier d'ailleurs la nvrose obsessionnelle. Mais il revt dans ces cas descaractristiques spciales d'absolu et de violence. D'autre part, les relations l'intrieur du couple mre-fille se dveloppent sur un plansado-masochique accentu. L'ambivalence l'gard de la mre est extrme et si l'analyse retrouve aisment une tendance une soumissionaveugle l'objet maternel, elle met aussi facilement en vidence une rvolte continuelle contre ce mme objet : rvolte suscite aussi bien par lesfrustrations affectives que la mre ne peut manquer d'imposer la fille, que par les limitations instinctuelles qu'en tant qu'ducatrice elle n'a pu luiviter. Quant au pre, il est videmment l'un des lments principaux appels rompre l'unit de cette liaison et, comme tel, soulve l'agressivit del'enfant. Mais les rapports du pre et de sa fille sont videmment infiniment plus complexes que ne le comporterait une simple rivalit auprs d'unobjet d'amour commun : la mre. Quelle qu'ait t l'importance de la fixation la mre, la fille fut, un temps au moins, attire par son pre, etl'analyse explicite rgulirement une bauche d'attrait pour le pre. Si faible qu'il ait t, il n'en a pas moins exist. Parfois mme, le pre sembleavoir jou un rle important dans le dterminisme d'une rgression de la libido des positions infantiles, non encore abandonnes franchement. Il futpour son enfant un personnage particulirement terrifiant et sadique comme dans une observation laquelle nous aurions voulu faire allusion ; maismme dans cette observation, et a fortiori dans les autres, il semble bien que le non-dgagement de la libido de ses investissements prgnitauxsoit responsable d'un chec de l'dipe. L'enfant transfrant en bloc sur le pre les lments fondamentaux de son complexe maternel mal liquid,devait se heurter, dans ce nouveau type de relation, aux mmes difficults que dans sa liaison avec son premier objet libidinal. Elle revient lafixation la mre en fonction de l'interdiction, de la crainte du grand pnis, et de son effraction biologique, mais surtout, nous semble-t-il, del'angoisse du retournement sur elle de ses propres pulsions sadiques, orales et anales, primitivement diriges contre la mre et secondairementtransfres sur le pre. Quant aux relations que ces malades ont avec leur partenaire quand elles arrivent se marier, elles sont videmmenttoutes particulires et sont tablies sur un schme qui rappelle ce point celui de leur complexe maternel que l'on a pu crire qu'elles recherchaientune mre dans le mariage et que celui-ci ne correspondait pas autant qu'on pourrait le penser un choix htrosexuel. Pourtant, il existe unediffrence fondamentale entre la relation conjugale et la liaison infantile de la mre la fille. Alors qu'il existe de bonnes mres , dans l'histoire deces malades, il n'existe pas de bons maris , nous voulons dire par l que quelle que soit la perfection de la castration que leur compagnonaccepte, il ne se produit jamais leur gard, dans la nvrose obsessionnelle fminine tout au moins, ce dblocage affectif, qui ralise la projectiond'un courant libidinal objectal violent, comme cela se voit dans les relations qu'elles peuvent avoir avec une femme comprhensive. L'acceptation dupnis et l'atteinte de l'orgasme ne changent rien la situation, car le rapport sexuel, quelle que soit sa modalit, est un vritable acte de castration.Elles dveloppent vis--vis de leurs compagnons une attitude sans nul doute analogue celle qu'elles ont eue envers leur pre, mais comme cetteattitude est au fond sous-tendue par leur complexe ngatif d'activit sadique envers la mre et que leur essai d'dipe positif a t fort bref et trshsitant, il apparat qu'elles ont dans leur comportement matrimonial l'ensemble des attitudes vcues l'gard de la mre hostile et redoute, c'est--dire qu'elles sont partages entre un sentiment de besoin et de dpendance absolus et une rvolte et une haine continuelles. Ragissant toutefrustration venant d'eux avec la mme violence anxieuse qu' toute manifestation de dsintrt venant d'elle, elles prouvent tout instant un besoinparallle de destruction.

    Lorsque l'analyse fait revivre ces malades le dsir profondment refoul de l'attaque sexuelle de la part de l'homme ou du pre, l'on s'aperoit,fait en apparence paradoxal comme nous l'avons signal dans l'observation de Rene, que le matriel fourni est tout orient par la crainte d'unerponse agressive de la mre en fonction de l'attaque agressive primaire de la fille contre elle. Nous aurions voulu, ici, donner les documents relatifs trois autres observations de nvrose obsessionnelle fminine, qui nous ont paru tout fait dmonstratifs de l'existence d'une situation complexuellede ce genre, mais le manque de temps nous empche de les relater.

    On conoit que, dans ces conditions, la position de l'analyste masculin, en face de telles malades, soit extrmement difficile. Il est classique de direque la normalisation des rapports analyste-analys, et donc la gurison, ne peut se produire que si l'analyste est accept par l'inconscient de lamalade comme une image fminine et maternelle. Il ne nous a pas sembl qu'il en soit ainsi, mais, bien au contraire, qu'il est invitable que de primeabord l'imago analytique soit assimile une imago paternelle, avec tout ce que ceci comporte d'opposition et d'agressivit.

    Nous avons assez longuement insist en relatant l'observation de Rene sur toutes les raisons qui rendent difficile le contact du mdecin et de samalade.

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  • Si nous avons rapport en dtail tous ces documents cliniques c'est que leur rappel nous a sembl indispensable la comprhension de l'volutionde la situation de transfert et des modifications corrlatives de l'quilibre intrapsychique qu'elle dtermine. Dans toutes ces observations, le transfertnous a paru voluer favorablement en mme temps que le dsir de possession phallique tait rendu conscient. Cette volution, pour si prcismentcommenante qu'elle soit, ce moment, 9 t lentement progressive. L'analyste est devenu peu peu celui qui sait, qui comprend, qui permet, cequi ne veut pas dire qu'il lui ait t impossible de jouer, partir de cette phase du traitement, son rle fondamental de partenaire sur lequel on peutprojeter tout ce que l'on sent. Autrement dit, il se produit ici ce que nous avons constat chez les obsds masculins : il s'tablit entre le sujet et sonmdecin une coopration de base, un accord indiscut, qui s'accommode fort bien de l'extriorisation de toutes les manifestations possiblesd'agressivit ou d'amour. L'opposition irrductible qui sparait ces femmes du thrapeute masculin et qui se traduisait par les formes les plusvaries de rsistance, silences ou rationalisations plus ou moins faciles dtruire et sans cesse renaissantes, tombent alors sans prjudice de ladisparition de tous les manquements la discipline du traitement qui leur sont coutumiers. L'acceptation, par elles, de la racine profonde de leurhostilit anti-masculine, produit donc un double effet clinique : elle rend, d'une part, inutile l'emploi de moyens dtourns propres manifester uneopposition dont elles ignorent elles-mmes le motif fondamental, d'autre part, elle affirme le sentiment d'une comprhension singulire entre les deuxparticipants du dialogue analytique. La mise jour de ce phantasme de virilisation ne va pas videmment sans difficult, comme bien l'on pense ; ilest extrmement culpabilis et sans doute la dculpabilisation, par la venue la conscience, mais aussi par l'aveu, joue-t-elle un rle important dansl'tablissement de cette sorte de relation de comprhension exceptionnelle sentie par l'analyse. Le dsir de possession phallique et celuiconcomitant de castration de l'analyste ne se dissimulent pas uniquement derrire les rsistances habituelles. Souvent, c'est un rve de transfert enapparence trs positif et trs sexualis, qui contient un tout petit dtail rvlateur du dsir de castration. Les rves de rapprochement sexuelapparaissant trs prcocement sont, dans les cas de nvrose obsessionnelle, trs suspects de n'tre que des phantasmes de ce type. En voici unexemple : Ds les premiers mois de son traitement, Nicole fait des rves multiples de rapports sexuels avec son mdecin. Or plusieurs mois aprs,elle apporte une fois de plus un rve analogue. Vous tes mon fianc, nous retournons chez moi - Il pleut, vous me mettez votre manteau sur lespaules - Nous arrivons la maison - Nous entrons - Ma mre est l, elle nous accueille avec un bon sourire. L'envie du pnis tait symbolise parle dsir de recevoir ou de voler ce vtement - dsir qui tait galement formul dans ses premiers rves et qu'elle avait dissimul. C'est galementle cas de Jeanne, qui entre dans la srie des phantasmes de virilisation par la prise de conscience de sa fixation sa mre et de son comportementmasculin l'gard de celle-ci, en mme temps que par l'analyse ininterrompue de ses formes de rsistance. Elle rve ; je me trouve dans votreappartement o je suis venue vivre avec vous - J'y remplace la personne -ge que j'y vois quelquefois. Au fond, je suis l parce que j'ai unsentiment pour vous. Il ne faut surtout pas que ma mre le sache. Vous avez aux pieds des pantoufles troues, on voit vos gros orteils. Monpremier soin sera de boucher ces trous. Le dsir de castration est ici indiqu par le dessein de fermer les pantoufles.

    Quelle que soit la faon dont se manifeste l'envie du pnis, les rves des malades nous renseignent largement sur la signification de leur dsir depossession phallique. Leurs phantasmes sont sous-tendus par leur dsir de possession sadique de leur mre, ou, de faon plus attnue, par leurbesoin d'imposer celle-ci un renversement de la situation infantile : de domines, elles veulent devenir dominatrices. Nicole, au lendemain du rvedu manteau, apporte la fantaisie suivante: je suis un homme, je pntre dans la chambre d'une jeune fille, qui ressemble ma mre. Je la tueparce qu'elle me rsiste , et elle s'tend longuement sur ce que serait son attitude si elle tait un homme. Jeanne rve plus simplement qu'elles'affranchit de la tutelle de sa mre. Je suis dans la salle de bains, avec un mdecin (vous) qui me faites une analyse d'urines, ma mre est dansla chambre ct et dit qu'elle fera cesser l'analyse. je sors furieuse et je lui affirme que, quoi qu'il arrive, je poursuivrai l'analyse autant qu'il lefaudra. Ds lors, dans de multiples fantaisies oniriques, elle compare sa mre une femme de mnage sale et laide, qu'elle mprise etcommande, et dans d'autres fantaisies encore, elle imagine que je suis mari -une femme vulgaire, triste et mal habille comme elle, qu'elle n'osesupplanter ou tout au moins elle ne l'avoue pas facilement. En mme temps, sur le plan concret, cette jeune fille qui jusque-l ne pouvait quitter samre un seul instant, ni de jour ni de nuit, allait seule Paris et suivait des cours de dessin sans aucune surveillance maternelle. Elle continue depuisplus de deux mois. videmment, elle est loin d'tre gurie. Il faut ajouter que, comme dans le cas de Rene, le matriel prgnital fait maintenantson apparition aussi bien sur le plan anal qu'oral.

    Ainsi, la prise de conscience de l'envie du pnis dtermine concurremment, d'une part des modifications du transfert dans un sens favorable aucontact affectif de l'analyste et de l'analyse, d'autre part un flchissement parallle de la rigueur du surmoi fminin infantile. Nous avons pu justifiercette proposition de faon plus explicite en vous relatant l'observation de Rene, mais dans les cas de Jeanne et de Nicole, auxquels nous n'avons

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  • pu que faire allusion dans ces conclusions, cette double consquence de la prise de conscience de l'envie du pnis ne s'y est pas montre aussinette. Telles sont les constatations de la clinique, mais pouvons-nous aller plus loin et nous reprsenter mieux pourquoi ces deux phnomnes -amlioration du transfert et flchissement de la svrit du surmoi fminin infantile - sont lies et aussi comment, partir d'une identification sur unmode rgressif l'homme considr comme sadique, il sera possible ces malades de passer une identification fminine passive cette fois,l'analyste demeurant le support de ces deux identifications ? La seule observation de Rene peut nous donner une ide de cette volution. Dans lecas particulier de Rene, une sorte de confusion est matrialise dans les rves entre la reprsentation qu'elle se fait d'un analyste lgrementdsexualis et d'une imago maternelle bienveillante : aprs que s'est relche l'treinte du surmoi fminin infantile, l'imago analytique qui avait servide base une identification masculine sadique et avait pu, de ce fait, permettre l'extriorisation de l'agressivit contre la mre en fonction dusentiment de puissance phallique qu'une telle identification comportait, est ressentie par l'inconscient comme analogue celle d'une mre de plus enplus dsarme et bienveillante. C'est ce moment, mais ce moment seulement, que l'on peut dire que l'inconscient de la malade s'empare de lapersonnalit de l'analyste comme de celle d'une bonne mre. Les malades tmoignent de cette volution qui s'accompagne d'un sentiment spontande dplacement du problme intrieur. Elles ne se confient plus leur mre, mais leur analyste. Jeanne dira par exemple : Je dois tout vousdire - autrement, j'ai de l'angoisse et je me le reproche - je ne peux plus vous mentir, alors que je ne dis plus rien ma mre. Nicole redoute demanquer une sance, parce qu'elle se sent dans un tat de malaise et de faute latents, qui l'oblige rpter ses manies expiatoires. Et surtout,comme le montre l'observation de Rene, l'image maternelle onirique change de caractre. Mre hostile, adversaire de la malade, soutenue par sonanalyste, elle devient comprhensive et gnreuse jusqu'au moment o cette nouvelle incarnation de la mre se confond avec l'imago analytique.C'est du fait de cette confusion qu'une identification fminine peut se faire sur la personne d'un analyste masculin. Une dissociation des imagesconfondues semble alors possible comme dans le rve du roi, o la personne du pre puissant, mais affectueux, est distincte de celle de la mredvoue et faible. Une telle opration ne suppose-t-elle pas qu'en retrouvant son agressivit antimasculine et son dsir de castration de l'homme, lamalade revit en mme temps ses pulsions sadiques contre ses deux parents ? Ce serait en ce sens que l'on aurait raison de dire que l'analyste cetapprhend d'emble comme une mre ; mais nous croyons plus conforme aux faits de distinguer, dans l'analyse de ces transferts complexes, unephase o la malade se heurte l'homme avec la totalit des projections agressives que cela comporte, avant de l'utiliser contre la mauvaise mreet de s'identifier secondairement lui, comme une gnitrice favorable, qui, dtruisant tous les tabous de la petite enfance, permettra une volutionlibidinale normale. Nous avons t frapp du pouvoir dynamique d'une identification masculine, rgressive, chez tous les obsds : Qu'un obsdmasculin reoive le phallus sur un mode passif qui satisfasse son rotisme cloacal, ou qu'une fille se l'annexe sur un mode agressif actif, le rsultatfinal de cette opration est toujours une diminution de la rigueur du surmoi fminin infantile, l'imago maternelle souvent phallique perdant soncaractre coercitif et dominateur.

    Peut-on d'ailleurs limiter le rle du transfert homosexuel de l'obsd masculin la rduction de la seule ambivalence envers le pre ? Nous ne lecroyons pas, des observations nouvelles nous ayant montr que la pntration active du pnis tait ressentie comme une vritable viscration,l'imago maternelle y tant vraiment dvorante, en talion d'un dsir de destruction globale par manducation ; nous pensons que la rduction desexigences du surmoi maternel infantile ressort, l encore, d'une liquidation du conflit avec une imago analytique ambigu.

    Les faits tudis dans ce travail sont bien connus, et depuis longtemps. Peut-tre pourtant n'tait-il pas absolument inutile de revenir sur l'intrtthrapeutique de la prise de conscience de l'envie du pnis dans le cas particulier de la nvrose obsessionnelle fminine et de montrer comment setraduit, concrtement, dans la vie et dans le transfert, mais de faon souvent peu apparente de prime abord, la projection sur l'homme del'ensemble du complexe maternel et en fin de compte des pulsions sadiques primitivement diriges contre la mre.

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