BREHIER, L., Le Théâtre à Byzance

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  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    1/14

    Journal des savants

    Le thtre ByzanceVntia Cottas.Le thtre Byzance, 1931 ; L'influence du drame Christos

    Paschon sur l'art chrtien d'Orient, 1931 ; A. Vogt. tudes sur le thtre

    byzantin, extraits de Byzantion, VI, 1931 : Le thtre Byzance et dans

    l'empire du IVe au XIIIe sicle. I. Le thtre profane. Revue des Questions

    HistoriquesLouis Brhier

    Citer ce document Cite this document :

    Brhier Louis. Le thtre Byzance. In: Journal des savants, Juin 1932. pp. 249-261;

    http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049

    Document gnr le 12/04/2016

    http://www.persee.fr/collection/jdshttp://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/author/auteur_jds_1045http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/author/auteur_jds_1045http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1932_num_6_1_6049http://www.persee.fr/collection/jdshttp://www.persee.fr/
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    LE

    THTRE A BYZANCE 249

    LE THTRE A BYZANCE

    Vntia Cottas. Le thtre Byzance, i vol. in-8, XlI-290 pages.

    Paris, Geuthner, ig3 L'influence du drame Christos Paschon

    sur

    l art chrtien

    d'Orient,

    1

    vol.

    in-4,

    122

    pages

    et XV planches.

    Paris,

    Geuthner,

    1981.

    A.

    Vogt.

    Etudes

    sur

    le

    thtre

    byzantin

    extraits de

    Byzantion,

    VI, 1 93

    t

    p. i 4 et 622-640. Le thtre

    Byzance

    et dans

    l'empire du

    IVe au XIII sicle. I. Le thtre

    profane.

    Revue

    des

    Questions

    Historiques LIX,

    1981,

    p. 267-296.

    Les tentatives faites pour tablir

    l'existence

    d'un thtre byzantin

    'ont

    pas eu jusqu ici grand succs. Sans parler de celle de Sathas (1878),

    discrdite cause de ses erreurs d'interprtation, la thse de La Piana,

    que j avais

    dfendue

    ici mme

    (

    Journal des Savants,

    XI, 1918, p.

    357-

    661 et 395*404)

    n'a

    pas t admise davantage. Dans ses Rappresen

    tazioni

    sacre

    nella

    letteratura

    bizantina,

    Grotlaferrata,

    191 2

    , il

    avait soutenu que

    les dialogues

    de

    caractre

    dramatique insrs

    dans

    certaines homlies, n'taient

    que

    des fragments

    d'un

    thtre

    religieux

    trs ancien.

    Des

    sermonnaires

    postrieurs,

    qui avaient d'ailleurs

    mis

    leurs uvres mdiocres

    sous

    les noms des

    Pres

    de l Eglise les plus

    illustres, avaient recueilli ces dbris pour en enrichir

    leur prose.

    Cette

    ingnieuse thorie ne rencontra

    que

    des

    sceptiques.

    J'avais

    moi-mme

    adress

    l Acadmie

    des Inscriptions en

    mars

    1914

    un mmoire qu elle voulut

    bien

    faire reproduire dans les Monuments

    Piot (XXIV, 1920)

    sur

    la

    srie

    des

    miniatures

    qui accompagnent

    les

    deux manuscrits (Paris, gr. 1208, Vatic, gr. 1162) des

    Homlies sur

    les

    ftes de la Vierge de Jacques, moine de Kokkinobaphos (xii8

    sicle).

    Dans la succession tout

    fait

    logique-de ces tableaux, parfois plus

    riches

    e dtails que le texte des

    homlies,

    j avais

    cru

    pouvoir

    discerner

    des

    jeux

    de

    scnes,

    des

    dialogues

    anims,

    des

    dcors permanents

    en petit

    nombre,

    des

    protagonistes,

    des figurants,

    en

    un mot

    tous les lments

    d'une

    pice grand spectacle assez

    analogues

    nos mystres

    occiden

    taux, transportant tour tour la

    scne sur

    la terre, au ciel et dans les

    enfers.

    f

    Mais ce n'tait

    l

    qu un

    exemple isol et cette interprtation

    se

    heurtait

    de nombreuses objections.

    J'ignorais

    malheureusement

    qu en 1916

    Lambros avait

    publi dans

    le Neoshellenomr\emon un

    texte

    recueilli

    auAVANTS.

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    250 LOUIS BRHIER

    Vatican

    dans

    le Palatinus gr. 367 (fos 33 v.

    3g) et qui n'est autre

    chose que

    le

    scnario d'un mystre de la Passion. Les circonstances

    empchrent

    cette publication capitale d'tre connue

    en

    France et elle

    passa

    inaperue,

    si

    bien qu'Albert

    Vogt, ayant dcouvert

    le

    texte son

    tour, ne connut

    le

    travail

    de Lambros

    qu aprs en

    avoir prpar lui-mme

    l'dition

    et la

    traduction franaise

    qu il a donnes

    dans Byzantion.

    Tel

    tait

    l'tat de la question

    lorsqu elle

    fut

    reprise par Madame

    V. Cottas,

    l aide

    du

    tekte

    publi par

    Lambros

    et

    avec

    d'autres

    lments

    nouveaux, en particulier les

    pisodes

    d'un caractre sccnique

    qui

    subsistent

    encore

    aujourd hui

    dans les usages

    liturgiques et populaires

    aux

    grandes

    ftes de

    l anne.

    Son

    travail

    comprend d'ailleurs trois

    parties. Elle veut prouver l'existence d'un thtre religieux, celle d'un

    thtre savant

    et

    l'influence de ces deux thtres

    sur

    l'iconographie

    religieuse.

    I

    Le point

    de dpart de son argumentation est la longue persistance

    Constantinople des ftes paennes,

    comme les

    Broumalia, ainsi que d'un

    thtre

    profane reprsent surtout

    par

    le

    mime

    et

    par les

    jeux

    de

    l Hippodrome. Dj Reich (Der

    Mimus,

    Berlin igo3) avait

    montr ce

    maintien

    du mime Byzance, en dpit des

    anathmes

    des Pres de

    l Eglise et des prohibitions des Conciles, en particulier de celui de

    692,

    (in Trullo). La question a

    t

    reprise rcemment par Albert Vogt

    qui

    tablit cette persistance

    du

    mime avec un grand

    luxe

    de

    tmoignages.

    Il

    montre qu en

    dehors de l'Hippodrome,

    il

    existait Constantinople des

    thtres proprement dits, dont

    le

    plus

    ancien,

    le Grand Thtre, construit

    par Septime

    Svre

    dans

    la

    premire rgion, est mentionn par Psellos.

    et s'est conserv jusqu au xv sicle. 11 y

    en

    avait d'autres moins

    impor

    tants, compris dans la

    Synopsis

    legum du mme auteur

    sous

    le nom de

    nouicoiAapia.

    On

    y

    jouait

    des

    mimes

    et des pantomimes

    accompagnes

    de

    ballets, dont les

    sujets

    taient

    pris soit

    dans

    la mythologie,

    soit

    dans

    la

    vie

    courante, soit

    dans les vnements

    du

    jour.

    Certaines de ces pices

    avaient un caractre politique et

    satirique

    : les personnages les plus eu

    vue,

    les empereurs eux-mmes

    n'taient

    pas

    l'abri

    de leurs attaques.

    Mais

    jusqu au bout le mime

    resta immoral

    et grossier,

    blm par les

    rigoristes et mpris des lettrs. Et cependant il offrait de tels-attraits

    la foule

    qu il

    n a jamais

    t interdit. Bien

    plus,

    il a exerc

    une

    certaine

    action

    sur le thtre

    religieux

    et sur

    les usags

    liturgiques eux-mmes.

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    LE

    THTRE A BYZANCE

    231

    La Piana, dans l'ouvrage cit plus haut, avait dj

    signal

    l'influence

    visible

    du

    mime dans certains dialogues que

    renferment

    les homlies

    dramatiques (p. 160) et Reich

    avait

    relev les emprunts faits par des

    chants d'giise au rythme mme des couplets

    qui

    accompagnaient les

    mimes (Der

    Mimus, p. r

    3

    7

    4

    1 ) Mrae Cottas a repris la question et l a

    tudie fond. Elle

    montre

    que

    l Eglise

    est intervenue avec son

    clerg

    et ses chantres dans certaines fles profanes, quelques-unes mme

    d'origine

    paenne

    comme les

    banquets des

    calendes, la

    fte

    des

    Vendan

    ges et, plus

    forte raison, dans

    des ftes populaires clbres

    en

    l'honneur

    des

    saints.

    Rciproquement les dmes de l Hippodrome

    participent des crmonies ecclsiastiques : les acclamations

    qui

    accom

    pagnent la clture des

    conciles

    sont

    copies

    sur

    celles

    que les dmes

    poussent

    en

    l'honneur du basileus et

    ce sont les dmes

    eux-mmes

    qui

    les dclament au

    concile

    de

    Constantinople

    en 536. Des usages

    analogues

    se

    sont maintenus jusqu nos

    jours dans les fles

    populaires.

    L ide d'utiliser le mtre des couplets

    mimiques

    pour

    y

    adapter les

    paroles

    de

    cantiques parat tre

    ne en

    mme temps

    dans

    plusieurs

    endroits.

    Mme Cottas cite l'exemple d'Arius, dont la

    Thalia, bientt

    suivie

    d'une

    Antithalia

    orthodoxe, parat avoir

    t

    un

    recueil

    de

    musiquepopulaire

    rythme

    et

    cadence,

    accompagne

    d'une certaine gesticulation.

    Elle y ajoute avec

    raison

    celui de saint Ephrem le

    Syrien

    qui introduisit

    le mme

    usage

    Antioche

    en crant

    des

    churs alterns (antiphones),

    dans la ville o

    le

    mime tait particulirement populaire et o se recru

    taient la plupart des acteurs clbres.

    Un pas

    de

    plus est fait la fin du vie sicle. D aprs Thophylacte

    Simokalts, l'empereur Maurice cra en 5g 1

    une pangyrie

    en

    l'honneur

    de la Vierge des Blachernes. La fte solennelle durait sept jours et tait

    entremle de chants 1

    et

    probablement aussi de certaines figurations d'un

    caractre scnique.

    C'est ce que l'auteur

    conclut

    avec

    raison d'un

    autre

    passage

    de

    Simokatts relatif

    la clbration de la fte des Quarante

    Martyrs.

    Un

    prtre

    montrait

    au

    milieu

    de

    l'glise

    le

    Christ

    portant

    sur

    ses

    paules le

    symbole

    de la victoire et

    commentait

    le cantique des

    Trois

    jeunes

    Hbreux dans la fournaise.

    Malgr

    les lacunes de

    notre

    information, on est en droit, semble-t-il,

    1.

    Au

    sujet du

    texte

    o

    Simokatts parle

    du 0eotv8pt*v aoair'piov et o Sathas

    avait

    u

    un

    mystre dramatique,

    alors qu'il s'agit

    du mystre de

    l'Eucharistie,

    il est inexact

    omme

    l'affirme M1* Sathas

    que

    La Piana

    ait

    rtabli cette erreur

    .

    Il

    dit exactemente contraire

    (p. ay-3o).

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    252

    LOUIS BRHIER

    d'tablir,

    comme le veul Mme

    Cottas, une

    liaison entre ces pangyries de

    la

    fin

    du vie

    sicle

    et les ftes solennelles du xe

    sicle

    dcrites dans le

    De

    Caerimoniis

    de

    Constantin

    Porphyrognte.

    II

    y

    est

    question de

    la

    fte du

    prophte

    Elie

    qui dure deux

    trois

    jours

    et qui

    est acci

    mpa-

    gne

    de chants, de processions, de banquets, de danses, d acclamations

    et enfin de courses de chevaux (probablement l Hippodrome).

    A

    propos

    de

    la fte

    de

    la

    Dormition

    (i5 aot) et

    de celle de

    la Nativit

    de

    la Vierge

    (8

    septembre),

    laquelle assista

    la

    princesse

    russe

    Olga

    (par

    consquent

    en 957), l'imprial crivain cite formellement les jeux seniques,

    TOxfi*

    qui intervenaient dans

    ces solennits.

    Il ajoute

    que

    ces jeux

    ont

    pour

    acteurs

    les

    prtres eux-mmes.

    Ce

    tmoignage

    ne

    laisse subsister

    aucun

    doute

    : au milieu

    du

    xe

    sicle

    la liturgie solennelle

    des

    grandes ftes

    prenait parfois

    la

    forme d'un

    spectacle dramatique destin

    commmorer et

    reproduire aux

    yeux

    es fidles l'vnement dont

    on clbrait

    l'anniversaire. Un texte d une

    poque

    antrieure,

    nglig

    par

    Mme Cottas,

    nous

    donne un aperu de

    l organisation

    de ces jeux. L auteur de la vie de sainte Theophano,

    premire

    femme de

    Lon

    VI, de 886

    8g3, raconte

    que

    la veille

    de

    la

    Saint Elie

    on

    va

    chercher

    dans

    les

    principales glises de Constantinople

    des

    ornements

    sacerdotaux,

    afin

    d'habiller

    le

    saint prophte

    4.

    Un

    acteur vivant,

    videmment

    un clerc, revtu

    du costume

    liturgique,

    figurait

    donc

    le personnage du prophte Elie au cours d'un spectacle sur

    lequel

    nous

    n avons cette

    date

    aucun autre renseignement,

    mais

    que

    nous

    retrouverons,

    comme

    on va le

    voir,

    une poque

    postrieure.

    Nous saisissons donc la

    fin du ixe et

    dans

    la

    premire moiti

    du

    xe sicle un stade de

    dveloppement

    thtral

    que l'on peut appeler

    liturgique. Le jeu scnique n'est encore qu un appendice la liturgie

    des

    grandes

    ftes.

    Sa

    situation est

    exactement

    semblable en Occident la

    mme

    poque.

    L, comme le dit justement Gustave Cohen, c'est

    de

    l'office

    lui-mme

    que

    le

    drame liturgique a jailli 2. Le texte qu il

    cite,

    la

    Regularis

    Concordia

    du

    bndictin

    anglais

    saint

    Ethelwood (vers

    965-975), dcrit avec minutie le dcor,

    les accessoires, les

    gestes et

    les

    chants des clercs qui commmorent la Rsurrection au matin de

    Pques.

    Les

    u;j.Etx

    miyvia dont parle Constantin Porphyrognte,

    le

    jeu de la

    1.

    Vila Theophanias, ch.

    a5,

    d., Hergenrther,

    Monum.

    gr. ad Photium pertinentia,

    869.

    Cf. Loparev, Visantijski Vremennik, XVII, p.

    91.

    .

    Gustave

    Cohen, Le thtre

    en

    France au

    Moyen Age.

    I. Le thtre religieux. Paris,938, p. 9-1

    1.

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    6/14

    LE

    THTRE

    A

    BYZANCE 253

    Saint

    Elie,

    d aprs la

    vie de

    Thophaiio,

    devaient avoir

    la

    mme allure.

    Tel est le drame sacr

    ses dbuts en

    Orient comme

    en Occident.

    H

    Mais ce drame consistait-il simplement dans la mise en scne?

    Ses

    parties

    essentielles

    taient-elles les chants

    et

    les gestes

    rythms

    des

    acteurs

    ? Il

    n'y

    a pas

    de thtre sans

    dialogue

    et c'est

    ici

    que

    se pose la

    question des homlies dramatiques, laquelle Mme Cottas ne

    s'est

    pas

    drobe.

    Elle en a mme prsent

    une

    solution nouvelle

    sans

    en avoir

    tir, semble-t-il, pour la thse

    qu elle

    dfend,

    tout

    le parti souhaitable.

    Contrairement La Piana qui voit dans les dialogues intercals dans ces

    homlies des

    vestiges

    de drames sacrs, que des sermonnaires postrieurs

    auraient

    enchsss

    dans leurs discours, Mme Cottas regarde ces homlies

    comme

    un

    stade du dveloppement scnique,

    antrieur

    la composilion

    des pices

    proprement dites.

    D aprs elle,

    et

    elle est

    sur

    ce point d accord

    avec

    La Piana,

    ces

    dialogues

    ont

    pour origine,

    comme

    en

    Occident,

    les tropes intercals

    dans

    la

    liturgie.

    Cependant

    elle

    pense

    que

    ce

    n'est

    pas

    le

    dialogue

    qui

    sert d'illustration

    au

    sermon, mais que c'est le sermon qui

    se

    subordonne

    au trope

    dramatique et sert

    le commenter. On peut admettre en

    effet

    que

    des cantiques

    dialogus, chants, comme en Syrie, par

    des

    chUrslterns, aient t comments par

    des

    sermonnaires. Mais ces

    churs

    ne

    sont pas,

    tant s'en

    faut, le

    seul

    lment

    dramatique des

    homlies. Les

    dialogues eux-mmes, ainsi que l a

    montr La

    Piana,

    constituent bien

    un jeu

    scnique

    compltement indpendant des homlies. C'est ce que

    j ai constat

    moi-mme en tudiant les miniatures

    des

    manuscrits

    du

    moine Jacques. Les

    dtails et

    les jeux de

    scnes figurs

    dans

    ces minia

    tures

    sont entirement indpendants

    du

    lexte

    des

    homlies.

    Tout ce qu on

    peut concder Mme Cottas, c'est la

    liaison

    primitive et

    non postrieure, comme

    le

    veut

    La

    Piana,

    des

    homlies

    et

    du

    dialogue.

    Il en rsulte que

    l'homlie dramatique

    est bien

    l'une des

    origines

    du

    drame

    sacr.

    II y

    avait

    en prsence un prdicateur et des acteurs quivoluaient

    sans

    doute

    au

    milieu d une mise en

    scne

    plus ou moins

    sommaire. On sait

    qu en Occident

    le thme de la

    Danse

    Macabre a pour

    origine un sermon dont l'auteur

    faisait

    dfiler tour tour

    les

    divers tatsu monde et,

    dans les

    fresques

    clbres

    de

    La

    Chaise-Dieu, on

    n'avait

    pas

    manqu

    de figurer ce prdicateur.

    Un

    autre exemple bjep onny est

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    7/14

    254 LOUIS BRHIER

    le

    Drame

    des prophtes

    issu

    d'un

    sermon attribu

    saint Augustin,

    qu on lisait

    aux matines de Nol

    Entre

    ces exemples emprunts l'Occident et les homlies dramatiques,

    il

    y

    a une analogie

    frappante

    qu on ne

    peut

    ngliger.

    Mme

    Cottas,

    quieu

    le mrite

    d'amender

    les

    thories de

    La

    Piana et de donner

    une

    explication

    plus vraisemblable de ces homlies, reconnat qu elles sont

    une

    des sources du drame

    sacr, mais

    on peut, semble-t-il, aller plus

    loin

    et

    les

    considrer comme

    la

    source

    principale

    de

    ce

    drame.

    Les

    dialogues

    qu elles renferment nous ont conserv des

    fragments

    pittores

    ques et anims, d'un caractre essentiellement populaire, de ce thtre

    primitif. C'est ce point de vue qu elles mritent d'tre tudies. Il me

    parat

    d'ailleurs que cette communaut

    d'origine

    entre le drame

    occidental

    et

    le drame byzantin est

    le

    fait

    d'un dveloppement parallle et

    non d une

    influence

    rciproque.

    III

    Qu'il

    ait

    exist

    d ailleurs

    Byzance un drame liturgique,

    qui

    a

    laiss

    beaucoup de

    traces

    dans les usages

    actuels, ainsi que

    l a

    montr.

    Mme

    Cottas par

    de

    nombreux exemples, c'est

    ce

    que

    personne

    n a jamais

    song nier. Mais la

    question

    est

    de savoir

    si le drame sacr

    n a jamais

    dpass ce stade de

    dveloppement

    ou s'il a

    fini

    par se

    constituer d une

    manire

    indpendante

    de

    la liturgie,

    ainsi

    qu il est arriv en Occident.vant la dcouverte

    du texte contenu

    dans le

    Codex

    Palatinus, on

    pouvait

    en

    douter

    encore : aujourd hui le

    dout

    n'est plus permis.

    Comment ce changement s'est-il produit? Mme Cottas l'attribue

    l'initiative

    du patriarche

    Thophylacte (g33-g56), frre de Constantin

    Porphyrognte. D aprs

    la chronique de Cedrenos (II, p. 333) ce

    person

    nage si dcri, qui aimait

    les

    chevaux

    plus que

    la

    thologie et dont la

    conduite

    faisait

    le

    scandale

    de Byzance,

    aurait

    mis le comble ses

    sacrilges

    en

    introduisant

    dans

    l'glise

    aux jours

    de

    grandes

    ftes

    des

    chants et des

    intermdes

    inconvenants qui offensaient Dieu et

    les

    saints.

    Mme Cottas

    fait

    remarquer avec raison que la manire dont le

    chroniqueur

    prsente cette

    initiative

    est

    des

    plus suspectes. Cedrenos est un moine

    inconnu

    de la

    fin du

    xi

    sicle

    : les sources dont il

    s'est

    servi pour

    faire

    le portrait de Thophylacte taient

    videmment

    trs dfavorables ce

    i. Smile Mle,

    L'art

    religieux du

    XIl

    $icle en

    France, Paris,

    1922,

    p.

    4 44 -

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    8/14

    LE

    THTRE A BYZANCE 255

    personnage,

    d o la condamnation

    sans

    phrase

    de

    tous ses actes,

    mais

    comme

    elle le dit justement, le fait que

    d aprs

    Cedrenos

    l usage est

    encore en vigueur

    de son temps, xal

    t vv

    xporrov o,

    attnue

    singulireent

    la

    porte de son

    jugement. Si

    cet

    usage

    avait

    t aussi

    indcent

    qu'il le dit,

    comment se fait-il

    qu'il n'ait

    pas t supprim par les succeseurs de Thophylacte ?

    Ce

    texte

    si

    intressant

    manque malheureusement

    de

    nettet.

    Il

    ne

    parle

    pas de

    spectacles,

    mais de chants et d'intermdes comiques, de rires, de

    vocifrations, XtfuffuaTwv dbrpMtf iv xat tsXoitoiv xai -rcapoKp-. poiv

    xpaufwv

    . Nous

    avons cependant des raisons

    de

    croire qu'il

    s'agit

    bien

    de repr

    sentations

    thtrales. Luitprand, vque de Crmone,

    venu

    en ambassade

    la

    cour

    de

    Niphore

    Phocas

    en 968,

    mentionne

    les jeux

    scniquis

    par

    lesquels on clbre l'enlvement d Elie

    au

    ciel,

    quo

    die levs Graeci

    raptionem Heliae

    prophetae

    ad coelos

    ludis

    scenicis celebrant4.. Ce

    tmoignage est formel

    et doit tre

    rapproch

    du texte de Cedrenos.

    Il

    existait la

    fin

    du

    x

    sicle des jeux scniques, ludi scenici, qui

    avaient

    lieu aux grandes

    ftes,

    mais

    sans

    se

    confondre avec la liturgie.

    Grce la dcouverte importante, dj mentionne, de Lambros dans

    le

    Vaticanus

    Palatinus

    gr.

    367, nous

    pouvons

    aujourd'hui

    nous

    faire

    une

    ide

    de ces pices. M ,e Collas

    n'a

    pas

    manqu

    d'utiliser ce texte, dont

    elle

    aurait

    d

    faire davantage,

    mon sens, le

    point

    central de son

    argumentation,

    au moment

    mme

    o M.

    l abb

    Vogt

    en

    prparait

    une

    nouvelle

    dition et

    une

    traduction en franais.

    II.

    s'agit en

    effet d'un recueil

    d'instructions l usage d'un rgisseur

    charg

    d'organiser la mise en scne d'un mystre de la Passion. La

    notice

    commence par

    une

    invocation

    au Christ, dont

    on

    veut reprsenter

    en

    actipn les souffrances

    vivifiantes,

    v toc;

    ftouXopivoi;

    itp YiMrtix

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    9/14

    256

    LOUIS

    BRHIER

    Les analogies de ces instructions avec

    celles du

    scnario byzantin sont

    videntes.

    M. Vogt a

    not

    avec raison que

    le

    scnario de la Passion

    palatine

    est

    totalement

    indpendant

    d'une

    crmonie spcifiquement liturgique,

    qu'il

    n'est pas un intermde organis pour

    couper

    un sermon.

    Et

    c'est

    l le

    point

    important. Quant croire que la pice

    n'tait

    pas joue l'intrieur

    d'une

    glise,

    ceci

    me

    parat

    beaucoup

    pLus

    douteux

    et

    en

    contradiction

    vec tous

    nos

    autres tmoignages. Il

    nous

    est

    difficile

    de

    dater

    ce

    texte.

    Le manuscrit

    Palatin

    appartiendrait

    d aprs

    son criture

    au

    xme ou au

    xive sicle, mais la pice

    dont

    il s'agit est

    sans

    doute

    plus ancienne.

    Les

    arguments de M. Vogt pour la dater du xie ou du xne sicles me semblent

    problmatiques

    : la

    condamnation porte

    par Photius contre les vangiles

    apocryphes, utiliss

    dans ce scnario,

    ne

    me

    parat

    pas s opposer ce

    qu'elle remonte au xsicle. Je remarque que le thme de la Dposi

    tion de croix y

    est

    peine

    mentionn.

    Aprs que Pilate a

    ordonn

    de

    remettre le corps

    Joseph,

    qu'aussitt le forgeron

    venant,

    que

    se

    fasse

    le dclouement.

    Or ce

    forgeron, dont Nicodme

    prend

    la

    place dans le thme de la Descente de croix, appartient videmment

    une

    figuration

    archaque

    de

    cette

    scne.

    D aprs

    Millet,

    le

    plus

    ancien

    exemple de la Descente de

    croix

    dans l'art byzantin est la

    peinture

    de

    Tavchanle (Cappadoce), contemporaine de Constantin Porphyrognte

    (912-959)

    Je reconnais d'ailleurs

    comme

    M. Vogt que le

    texte

    du

    Palatinus

    ne

    suit pas trs exactement

    les

    donnes de l'iconographie et

    qu'il est difficile de

    les

    invoquer pour arriver

    une

    datation

    prcise.

    Le scnario comprend neuf

    pisodes

    :

    1.

    Rsurrection de Lazare.

    a.

    Entre

    Jrusalem. 3. Repas

    chez

    Simon.

    4 Lavement

    des pieds.

    5. Trahison de Judas. 6.

    Reniement

    de saint Pierre,

    repentir

    de Judas

    et Jsus devant Pilate. 7. Le mpris d Hrode. 8. La crucifixion.

    9.

    L'attouchement. (Incrdulit de saint

    Thomas).

    Dans cette

    succession

    on

    remarque

    l absence

    de

    la Cne, remplace

    par

    le

    Repas

    chez

    Simon

    et

    il

    faut

    l'attribuer,

    comme

    le

    veut M.

    Vogt,

    un scrupule

    explicable,

    mais qui marque

    une

    libert moins grande que

    celle du thtre occidental. Il

    fait

    remarquer d'autre part que l'pisode

    du

    Repas chez

    Simon n'est

    jamais trait dans

    l'art

    byzantin et

    que

    la

    disposition indique pour l'entre Jrusalem

    que

    deux

    disciples

    conduisent l nesse

    par

    devant et que deux disciples accompagnent

    1. Millet. Iconographie de

    l'Evangile

    1916, p.

    468-469.

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    10/14

    LE THTRE

    A

    BYZANCE 257

    derrire... ), ne correspond pas

    davantage

    au

    thme

    iconographique.

    Les sources employes sont les vangiles canoniques et aussi les

    apocryphes, en

    particulier

    les

    Acta

    Pilati pour les dtails de la

    comparution devant Pilale

    et

    certains traits de la Crucifixion

    4.

    Est-il

    ncessaire, comme

    le

    veut M. Vogt, de

    dcouper

    ces neuf pisodes en

    trois

    mystres distincts? Nous ne

    le pensons pas.

    Les textes runis par

    Mme

    Cottas prouvent

    que

    les

    rjouissances

    qui accompagnaient

    les

    grandes

    ftes

    duraient

    plusieurs

    jours. Il est

    inutile de supposer que

    ces

    neuf

    pisodes ne comportaient

    qu une

    seule

    reprsentation, mais l'ordre

    historique dans lequel ils se prsentent indiquent qu ils

    formaient

    un

    tout. On peut admettre que la reprsentation

    en

    durait

    plusieurs jours.

    La prsence de

    la

    Rsurrection de Lazare dans un cycle de la Passion

    n'est pas non plus un

    fait

    anormal. Min0 Cottas, dans son livre relatif

    l'influence du drame sur l'iconographie, fait

    observer

    que

    dans

    la liturgie

    orthodoxe

    le

    samedi qui prcde les Rameaux est dit samedi de Lazare

    et

    en commmore

    la rsurrection. L'explication

    est

    suffisante : la pice

    commenait par

    cet pisode et

    se

    terminait

    par

    l'Apparition de Jsus

    ses

    disciples.

    Elle suivait donc la liturgie de la

    Semaine

    Sainte,

    sans

    seonfondre avec elle.

    Enfin, si brve que

    soit

    cette

    notice,

    elle

    nous

    renseigne

    sur

    les

    conditions dans

    lesquelles

    ces pices taient joues. Le rgisseur,

    xp ariv

    v))v

    Siwatv, devait se

    metlre

    en

    rapports avec chacun des acteurs

    et

    les

    costumer

    suivant

    leur rle. Le passage

    suivant

    montre clairement

    qu'il

    s'agit

    d'acteurs

    laques

    et non

    de clercs. C'est l un point

    capital.

    Il est recommand en

    effet

    de les

    choisir avec

    discernement, suivant

    leur

    aptitude

    jouer tel ou tel rle et d'exiger qu ils

    connaissent

    les lettres

    ,

    iittaraiAevou; -('j.\jona., afin de pouvoir rpondre et interroger

    par

    crit .

    Cette recommandation et

    t

    inutile s'il s'tait agi de clercs. Le caractre

    difiant d

    jeu n'en est pas moins rappel par la recommandation faite

    aux acteurs

    de

    ne jamais exciter

    le

    rire

    et

    la

    moquerie, mais de jouer

    avec la

    crainte de

    Dieu, avec

    pit

    et

    grande

    attention

    .

    Suivent les

    indications relatives chaque

    scne

    avec les attitudes que chacun

    doit

    prendre

    et les paroles, empruntes au texte vanglique,

    qu'il

    aura

    prononcer.

    Bien

    qu isol jusqu ici,

    cet exemple de

    livret

    sciiique suffit nous

    convaincre

    qu il

    existait un drame sacr, devenu indpendant de la

    i. Textes runis

    dans

    l 'dition Lambros

    (

    Neoshellenomnemon XIII, 1916,

    p.

    38i-4oo.AVANTS.

    33

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    11/14

    258

    LOUIS BRHIER

    liturgie,

    tout

    au moins dans

    sa

    forme. Les miniatures

    qui

    accompagnent

    les deux manuscrits

    des Homlies du

    moine

    Jacques

    me

    paraissent

    complter

    ce tmoignage.

    Elles

    montrent ce qu'tait la

    mise en

    scne

    d'un drame grand spectacle,

    qui avait

    pour sujet la jeunesse de la

    Vierge

    et comprenait un prologue

    (La

    Conception

    de

    la Vierge) et

    six

    parties

    : Nativit de

    Marie,

    la Prsentation de

    Marie au

    Temple, le

    Mariage de la

    Vierge,

    l'Annonciation, la Visitation,

    l Accusation

    et

    l Innocence

    reconnue.

    Je

    ne

    reviendrai

    pas

    ici

    sur

    le

    caractre

    de

    ces

    miniatures,

    dont,

    les

    dtails

    seraient inexplicables si l'on n'y

    voyait

    le

    dcor d une action dramatique : des protagonistes et des

    dcors

    perma

    nents

    en

    petit

    nombre

    (maison de Joachim,

    intrieur

    du Temple, maison

    de

    Nazareth,

    maison de

    Bthlem),

    de nombreux

    figurants

    et d'autres

    dcors d'un caractre irrel, transportant la

    scne

    au ciel ou dans les

    enfers,

    peut-tre

    des toiles de fond ou des rideaux

    analogues

    ceux qu on

    employait dans les

    mimes

    antiques.

    Il est possible que de nouveaux exemples soient

    dcouverts

    quelque

    jour. M. l abb

    Vogt

    se propose de publier d'autres textes dramatiques

    transcrits

    dans

    des

    manuscrits

    sous

    d'autres rubriques: une

    expulsion

    d Adam et

    d Eve,

    un drame d'Abraham, un

    voyage

    des

    Mages

    ethlem.

    IV

    Quelle fut la destine

    de

    ce thtre religieux

    ?

    Il

    semble bien

    que son

    volution fut arrte et

    qu il

    ne sortit jamais de l'glise

    comme

    le drame

    occidental.

    On le

    retrouve

    au xive sicle,

    mais

    en quelque sorte en

    tat

    de

    rgression et retourn ses origines liturgiques.

    Mme Cottas analyse longuement

    une

    constitution d'Andronic

    II

    (1282-

    i3a8) prolongeant

    tout

    le mois d aot les

    ftes

    de la Dormition de la

    Vierge.

    Il

    y est question

    de

    compositions lyriques excutes

    par

    des

    moines

    pendant

    les

    vigiles de la fte, d'un |/.u

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    12/14

    LE

    THEATRE

    A BYZANCE

    259

    mrtie

    au dbut

    de celte

    constitution,

    le mystre du Christ s'levanl

    au

    ciel et

    rejoint par

    sa mre indique

    simplement

    l'objet de la fte.

    Plus

    probantes

    sont les

    expressions

    d'

    auditions et

    de

    spectacles ,

    xau

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    13/14

    260

    LOUIS

    BREHIER

    Malgr quelques

    lacunes

    et quelques

    conclusions

    contestables, elle a du

    moins russi

    en

    prciser

    les

    origines et dgager

    les grandes lignes

    deon histoire.

    V

    Enfin

    Mme Cottas ne

    s'est

    pas borne l. Elle a cherch

    tablir

    que

    paralllement ce drame sacr de caractre populaire il existait

    aussi

    un

    thtre

    savant

    et

    que

    des pices

    clbres comme

    le

    Christos

    Paschon

    ,

    attribu

    saint

    Grgoire de Nazianze, comme le Dbat entre les potes

    et

    la Fortune de Michel Haploucheir, YAmiti exile

    et

    l'Amarantos de

    Thodore Prodrome,

    etc...,

    ont eu

    les honneurs

    de

    la

    scne.

    Ici

    nous

    avouons

    ne pas pouvoir

    accepter sa thorie.

    Dans toutes ces pices les

    rcits et

    les

    froides allgories

    tiennent

    plus de

    place

    que l'action.

    Si elles

    ont

    t communiques au public, ce que

    nous

    ignorons,

    c'est

    par des

    lectures et non par des reprsenta lions.

    Mais il

    faut mettre

    part

    le

    Christos Paschon

    qui

    forme

    le

    point

    central

    de sa

    thorie.

    Elle s'efforce de

    prouver, contrairement

    l'opinion

    commune,

    que ce drame est

    bien

    de Grgoire de Nazianze, qu'crit

    d abord pour

    tre

    lu, il

    a ensuite t jou,

    qu il

    a

    inspir un grand

    nombre d'uvres

    littraires

    et,

    dans

    un

    livre

    spcial,

    qu il

    a exerc,

    comme

    la Passion analyse dans

    le

    Palatinus,

    une

    grande

    influence sur

    le dveloppement

    de l iconographie religieuse.

    Les

    arguments

    invoqus pour l'attribution

    du

    drame Grgoire de

    Nazianze paraissent peu probants.

    Que les manuscrits portent ce nom

    illustre, ce

    n'est

    pas

    une raisoir valable.

    Les prtendues allusions faites

    par Grgoire

    sa

    pice ne sont pas bien nettes. Les

    ressemblances

    signales entre

    ce

    drame et un cantique de

    Romanos

    le

    Mlode

    prouvent

    simplement

    que l'auteur inconnu du drame s'est inspir du mlode.

    Les

    innovations

    mme apportes dans le rcit de la Passion, la Vierge

    assistant

    la monte au

    Calvaire,

    son dialogue avec Jsus crucifi, ses

    lamentations, la

    premire apparition

    du Christ rserve la Vierge,

    tous

    ces

    dtails pathtiques

    trahissent

    un

    rcit

    apocryphe

    et

    ne

    correspondent

    gure la manire et l poque de Grgoire. Le fait que

    Georges,

    mtropolitain

    de Nicodmie

    vers

    860, s'en soit

    inspir dans ses sermons,

    prouverait

    tout

    au plus que ce drame est antrieur cette date,

    mais

    il

    est

    possible de supposer le contraire et d'hsiter entre ces deux

    solutions

    :

    Georges de Nicomdie utilis par l'auteur

    du

    drame, Georges et l'auteur

    du drame tributaires de la mme source

    qui

    serait apocryphe, vrai-

  • 7/25/2019 BREHIER, L., Le Thtre Byzance

    14/14

    LOUIS

    XI ET

    L ANGLETERRE

    261

    semblablement

    d'origine syrienne, comme sembleraient l'indiquer les

    pisodes pathtiques et les traits

    ralistes

    dont elle est

    remplie.

    Cette pice a

    comme on

    le

    sait

    tout le Caractre d'un pastiche. Le

    tiers

    de ses 2640

    vers

    appartient aux tragiques grecs, surtout Euripide. O11relev

    2i5 vers

    extraits ou

    imits

    des Bacchantes. La forme mme du

    drame est peu

    favorable

    la reprsentation,

    puisque

    le rcit d'un mes

    sager en constitue

    la plus grande partie. Il y a d'ailleurs un contraste

    perptuel

    entre

    la

    forme

    littraire,

    tout

    antique

    d'allure,

    et le

    fond

    de

    la

    pice

    dont le

    caractre populaire est

    incontestable.

    Je verrais dans

    celte

    uvre trange la mise

    en

    beau langage de traditions apocryphes et

    populaires.

    II

    parat par

    consquent impossible

    d'admettre que cet

    exercice

    de

    lettr

    ait

    eu la moindre action

    sur

    l'iconographie religieuse. Sauf la

    Descente

    de Croix qui apparat

    au

    xe

    sicle, les rapprochements entre les

    scnes

    du drame et

    les

    thmes iconographiques

    portent sur

    des uvres

    du

    xme

    et du

    xiv sicle. Elle n'explique pas

    pourquoi

    l'inspiration est

    aussi tardive. Dans le livre

    qu elle

    a

    consacr

    l'influence

    du

    drame

    sacr

    sur l'art

    chrtien d'Orient,

    Mme Cottas a

    fait

    preuve

    d'une

    grande

    rudition et

    d'une

    connaissance approfondie de l'art

    byzantin.

    Dans le

    dtail,

    beaucoup

    de

    ses observations

    sont

    justes

    et

    on

    lira

    avec

    intrt

    le

    chapitre

    original

    qu elle

    a

    crit sur

    le jeu

    de

    la Passion

    et

    l usage des

    pitaphioi , mais

    il est dommage que la thse

    qui

    fut le point

    de

    dpart

    de ses

    recherches

    soit en contradiction avec tout ce

    qu on

    a pu atteindre

    jusqu ici

    de

    la

    littrature et de

    l'art

    de

    Byzance.

    Louis

    Brhier.

    LOUIS

    XI ET L ANGLETERRE.

    J.

    Calmette

    et

    G.

    Prinelle.

    Louis

    XI

    et l'

    Angleterre,

    1

    46

    r-

    483.

    (

    Mmoires et documents publis par

    la

    Socit

    de

    l Ecole des Char

    tes.) Un vol. in-8, Paris, A. Picard, ig3o.

    Nous n avons pas du

    rgne

    de Louis XI

    une

    histoire

    dfinitive

    conforme aux rgles de la

    critique moderne.

    Voici

    comment

    un

    historien

    rcent juge ses

    prdcesseurs

    : parlant

    de

    Duclos

    qui

    crivit en 1754 une