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Les coups de coeur des étapes du camion pédagogique 1 N° 90 N° 90 N° 90 N° 90 N° 90 ÉDITORIAL Après une étape francilienne un peu chaotique, nous revoici sur les routes de Province. Voilà bien longtemps que notre camion n’avait pas posé ses roues en terre bourguignonne. Auxerre allait nous accueillir pour la première fois. L’accueil qui nous fut réservé, fut chaleureux et la semaine pédagogique bien ordonnancée par l’équipe de direction de l’établissement. En outre, la classe qui nous fut confiée – une des dernières classes de Bac Pro 4 ans – fut à la hauteur de nos espérances, tant les élèves montrèrent d’application et de motivation. Les résultats ne se firent pas attendre et dès le 2ème jour, ils montèrent pour ne plus jamais redescendre. Nulle surprise donc de voir, au final, le nombre d’options s’envoler. Philippe Gombert Président de Patrimoine & Terroirs Auxerre Lyc. des métiers Vauban du 03/10/2011 au 07/10/2011

Bruit de Terroirs N° 90 - Auxerre · 2011. 10. 22. · de 90.000 si l’on compte l’ensemble de l’aire urbaine. On est bien loin de la bour-gade d’origine et pourtant, dès

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Les coups de coeur des étapes du camion pédagogique

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N° 90N° 90N° 90N° 90N° 90

ÉDITORIAL

Après une étape francilienne un peu chaotique, nous revoici sur les routes de Province.Voilà bien longtemps que notre camion n’avait pas posé ses roues en terre bourguignonne.Auxerre allait nous accueillir pour la première fois.

L’accueil qui nous fut réservé, fut chaleureux et la semaine pédagogique bien ordonnancéepar l’équipe de direction de l’établissement.

En outre, la classe qui nous fut confiée – une des dernières classes de Bac Pro 4 ans – fut àla hauteur de nos espérances, tant les élèves montrèrent d’application et de motivation.

Les résultats ne se firent pas attendre et dès le 2ème jour, ils montèrent pour ne plus jamaisredescendre.

Nulle surprise donc de voir, au final, le nombre d’options s’envoler.

Philippe GombertPrésident de Patrimoine & Terroirs

AuxerreLyc. des métiers Vaubandu 03/10/2011 au 07/10/2011

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AUXERRE

Chef lieu de l’Yonne et villeemblématique de Bourgo-gne, Auxerre compte de nosjours 40.000 habitants, prèsde 90.000 si l’on comptel’ensemble de l’aire urbaine.On est bien loin de la bour-gade d’origine et pourtant,dès sa création Auxerre abénéficié d’une situation ex-ceptionnelle.

Au départ, ce simple villa-ge situé sur un petit promon-toire au point d’élargisse-ment définitif de la vallée del’Yonne, est peuplé de pê-cheurs ; sous la dominationromaine, grâce à la paixinstaurée par la présencedes légions romaines, il ac-quiert rapidement une posi-tion privilégiée à la jonctiondes routes terrestres et mari-times empruntées par lesmarchands de vins et degrains.La ville est évangélisée àpartir de 258 par Saint-Pè-

Après cet épisode effroya-ble, la ville bénéficie d’unedouble protection militaire etépiscopale. Les évêques lesplus célèbres sont Saint -Amatre et surtout Saint-Ger-main qui accorde à Auxer-re de nombreuses libéralités.Après la mort de Saint-Ger-main, l’épouse chrétienne deClovis, Clothilde fait érigeren son nom une basilique.Sous les carolingiens, l’ab-baye s’enrichit et devient unhaut lieu de rayonnementculturel grâce à ses clercsbénédictins. Leur enseigne-ment acquiert une renomméequi connaîtra son apogéeau IXème siècle.

Mais auparavant , la ville àl’instar de ce qui se passesur tout le territoire de ce quisera plus tard la France,connaît trois siècles de trou-bles et de désolation : l’in-sécurité est généralisée, lesderniers rois mérovingiensn’ont plus aucun pouvoir etpassent leur temps à s’entre-tuer avec une violence quilaisse muet d’horreur, l’anar-chie et la corruption règnentpartout ; dans ce contexte,les notions d’humanisme etde respect de la vie d’autrui, fers de lance du christia-nisme ont bien du mal à sur-vivre. Elles y parviennentnéanmoins grâce aux évê-ques d’Auxerre qui vont fai-re du monachisme la basedu renouveau intellectuel etsp i r i t ue l assu ré par le

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lerin qui érige là une cha-pelle, puis devient sous Dio-clétien au IIIème siècle, chef-lieu de circonscription ro-maine. La présence chrétien-ne y est déjà importante etla ville prospère.

A la fin du IIIème siècle, alorsque l’Empire romain s’affai-blit progressivement, la vil-le est incendiée et pillée parles Alamans et les Francs.Conscients de la fragilité deleur situation, les habitantsd’Auxerre édifient alors desfortifications pour se proté-ger des attaques ; ils cons-truisent à l’intérieur de cetespace protégé la résidencedes comptes protecteurs en-tourée de cinq tours ; si cesdéfenses protègent la villeau cours des grandes inva-sions germaniques de 407,elles ne lui permettent pasd’échapper aux destructionsde l’armée d’Attila en 451.

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AUXERRE (SUITE)

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Moyen-Âge. Les très nom-breux monastères qui s’élè-vent alors autour de la villeassurent à Auxerre une pros-périté intellectuelle, artisti-que et matérielle qui va depair avec l’accroissement desa population.

Avec le Xème siècle, apparais-sent de nouveaux envahis-seurs. Ceux-ci arrivent deslointaines contrées du nordde l’Europe et ces vikings ounormands sont eux aussi trèsattirés par l’opulence de laville bourguignonne. Les évê-

ques prennent alors l’épée etdéfont les normands an 912à Saint-Florentin. La régionest alors réunie au royaumede Bourgogne.

La famine et deux incendiesdévastent la ville au débutdu XIème siècle avant que lesguerres de Bourgogne n’ap-portent leur lot de malheurs.Le comte Guillaume III en guer-re contre celui de Chalonsentoure la cille d’une secon-de enceinte fortifiée qui englo-be largement cette fois lesmonastères et abbayes.

En 1183, Hugues de No-yers, évêque de la vi l leprend la tête de la répres-sion armée lancée contre les« Encapuchonnés ».

Lors de la Guerre de Centans, la ville est ravagée parles anglais et les routiers etla peste noire vient parache-ver leur œuvre de mort.

Après la mort de Charles letéméraire, Auxerre fait allé-geance au roi Louis XI et larégion es t ra t tachée auroyaume de France.

Au moment de la Renaissan-ce, Auxerre redevient uneville prospère qui entreprendd’énormes travaux de dé-tournement des eaux de Val-lan pour assurer l’alimenta-tion de sa population. Lacathédrale est achevée ; lesartisans et les artistes foison-nent. L’imprimerie devient flo-rissante et c’est l’époque oùsont réalisées les très bellestapisseries de l’invention desreliques de Saint-Etienne quiornent la cathédrale. C’estégalement l’époque de l’édi-fication du merveilleux por-tail de l’évêché, de la re-cons t ruc t ion de l ’ég l i seSaint-Pierre et des superbesdemeures privées que sontles hôtels particuliers deCrole, Amyot ou du Cerf-Volant.

Au cours des siècles suivants,l’Auxerrois va connaître uneère de prospérité et s’urbaniserau XVIème siècle.Avec les guerres de religion,le pays va à nouveau con-

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AUXERRE (FIN)

naître la désolation et alorsque la majorité des habitantsa pris le parti de la Liguecontre le roi, le 19 avril1594, Auxerre reconnaîtl’autorité d’Henri IV et luifait allégeance.

Les règnes de Louis XIII ,louis XIV, Louis XV et LouisXVI sont difficiles pour lepays qui connaît tour à tourles abus des fermiers géné-raux, les intempéries quisaccagent les récoltent etapportent la famine, la pes-te noire et même la lèpre.La Fronde et les ravages desarmées rivales entraînent unemisère endémique et la ré-gion connaît un net reculdémographique.

Les idées révolutionnairessont accueillies avec enthou-siasme à Auxerre et les ex-cès de la Révolution s’y fonttrès peu sentir. Le pays asans doute eu son content dedrames et de sang !

Au cours du XIXème et du XXè-

me siècles, l’histoire d’Auxer-re ne se départage pas decelle du reste du pays , et sielle n’oublie pas ses morts,et notamment ceux des deuxguerres mondiales, c’estaujourd’hui une ville prospè-re, véritable capitale régio-nale où il fait particulière-ment bon vivre !

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LE CENTRE VILLE D’AUXERRE

Le centre ville d’Auxerre està la fois son centre névral-gique, son quartier le pluspeuplé avec près de 6.000habitants et son centre ad-ministratif.Il est également son secteurculturel le plus magnifique.On y aperçoit ainsi la ca-thédrale Saint-Etienne dontles magnifiques fresques sontles plus anciennes de Fran-ce, l'église Saint-Pierre etson porche mais aussi lesmaisons à pans de bois ain-si qu'un secteur sauvegardéqui est l’un des plus impor-tants de Bourgogne aprèsDijon.On appelle communémenttour d'horloge une tourconstruite avec une horloge

sur une ou plusieurs de sesfaces (souvent les quatre).Elle fait généralement partied'une église ou d'un monu-ment imposant (l'exemple leplus connu est celui de BigBen à Londres) mais ellepeut également être indépen-dante de toute autre cons-truction.La Tour de l'Horloge situéeau cœur du centre historiqued'Auxerre date du XVèmesiècle. Elle a été construitesur les vestiges d'une ancien-ne tour gallo-romaine et elleest un des édifices remarqua-bles de la ville, située aumilieu de superbes hôtelsparticuliers u XVIIIème siè-cle, de très belles demeuresRenaissance avec leurs pan-

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neaux de bois et de nom-breuses statues de très bellefacture.Le quartier, très touristique etpiéton, a gardé un charmeindéniable.La particularité de l'horlogeprov ien t de ses deuxaiguilles: en effet, distinctesl'une de l'autre par le soleil(pour les heures) ou la lune(pour les minutes) plantés àleurs extrémités, elles indi-quent les mouvements solai-res et lunaires.La cathédrale Saint-Étienned'Auxerre, de style gothiqueest classée monument histo-rique depuis 1840. On peuty admirer le chœur, purjoyau de style gothique lan-céolé de la première moitiédu XIIIe siècle, ainsi que lessuperbes vitraux, la magni-fique chapelle absidiale etson déambulatoire. La sta-tuaire des portails est remar-quable et la cathédrale pos-sède des vitraux superbes,ainsi que trois superbes ro-saces et des verrières datantdu XVIème siècle. Enfin, sesmagnifiques fresques médiéva-les en font l’un des plus beauxexemples de l’art gothique duNord de la France.

Les fresques de la cathédra-le méritent à elles seules ledéplacement : on peut ainsiadmirer des fresques du XIIème et du XIIIème siècle dansla chapel le axiale, dontl’une représente une grandecroix, quatre anges à che-va l logés dans des mé -

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LE CENTRE VILLE D’AUXERRE (SUITE)

daillons ainsi qu’au centreun magnifique Christ à che-val. Enfin, sur la voûte encul-de-four de la chapelle dela crypte, on peut égalementadmirer un Christ en majes-té (fin XIIIeme).

L’interprétation de ces fres-ques est énigmatique ce quine fait qu’ajouter une poin-te de mystère à la splendeurdes lieux.

Auxerre est décidemmentune ville fascinante à laquel-le il ne faut pas craindre deconsacrer plusieurs jours.

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UN GENTILHOMME NOMMÉ VAUBAN

Sébastien Le Prestre, mar-quis de Vauban est un hom-me aux multiples visages :ingénieur, architecte militai-re, urbaniste, ingénieur hy-draulicien et essayiste fran-çais, qui préfigure, par nom-bre de ses écrits, les philo-sophes du siècle des Lumiè-res.Expert en poliorcétique, ildonna au royaume de Fran-ce « une ceinture de fer » et

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fu t nommé maréchal deFrance par Louis XIV.

Entré dans l'armée à dix-huitans, Vauban se fait rapide-ment remarquer par son cou-rage, allant jusqu'à espion-ner derrière les lignes enne-mies. Pendant ses six pre-mières années d'ingénieurmilitaire, il participe à 14sièges et est blessé plusieursfois. Voyant mourir ses com-

pagnons, il conçoit l'idéequi marquera son œuvre :multiplier les travaux pouréconomiser les vies.Des attaques imparables,des places imprenablesIl inaugure son système d’at-taque en 1673 au siège deMaastricht où tombe d’Arta-gnan. Des tranchées en zig-zag évitant les tirs en enfila-de se combinent avec desparallèles concentriques serapprochant inexorablementdes assiégés. Dans des re-lais bien protégés, des ca-nons couvrent l’avancée dessapeurs et affaiblissent le rem-part par des impacts répétés.

Parcourant jusqu'à 4.000km par an, en selle ou tra-vaillant dans sa basterneportée par des chevaux, Vau-ban fortifie les frontières. Ilaméliore le système des rem-parts enterrés, des glacis etdes bastions dans lequel tou-te position en défend uneautre, et où les tirs croiséséliminent tout angle mort oùl’ennemi pourrait se cacher.Il ajoute une multitude de"trucs" pour rendre plus dif-ficile la tâche des assaillantset s'occupe de tout: des hom-mes, des matériaux, desprix...

Vauban a voulu faire de laFrance un pré carré, selonson expression, protégé parune ceinture de citadelles. Ila conçu ou amélioré unecentaine de places fortes.

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L'ingénieur n'avait pas l'am-bition de construire des for-teresses inexpugnables, carla stratégie consistait alorsà gagner du temps en obli-geant l'assaillant à immobi-liser des effectifs dix fois su-périeurs à ceux de l'assié-gé. Il dota la France d'unglacis qui la rendit invioléedurant tout le règne de LouisXIV — à l'exception de lacitadelle de Lille qui fut pri-se une fois — jusqu'à la findu XVIIIeme siècle, où les for-teresses furent démodées parles progrès de l'artillerie.

La fin de sa vie fut assom-brie par l'affaire de la DîmeRoyale, qu'il décida de pu-blier, malgré l'interdictionroyale : dans cet essai, Vau-ban proposait un audacieuxprogramme de réforme fisca-le pour tenter de résoudre lesinjustices sociales et les dif-ficultés économiques des «années de misère » de la findu règne du Roi Soleil.Vauban avait une visiond’homme d'état de la défen-se de la France : ses frontiè-res naturelles. Il presse LouisXIV à bien fortifier son "précarré" plutôt que de s’épui-ser à conquérir une galaxiede places étrangères quiéparpillent les troupes et tra-cent des frontières confusesdifficilement défendables.

Il ose lui demander de fairela paix et de revenir sur unedécision aussi importanteque la Révocation de l’Editde Nantes qui a dressé lespays protestants contre laFrance. Un tel langage pou-

vait coûter cher à Versailles,mais Louis XIV, entouré decourtisans, appréciait sonfranc-parler car il le savaitdévoué corps et âme. Il leremerciera tardivement, à69 ans, par le titre de Ma-réchal de France.

Vauban avait un avis surtout, de la colonisation del'Amérique à l'élevage descochons. Longtemps avantl'Euro, il avait même imagi-né une monnaie unique pourla chrétienté.

Douze ouvrages de Vauban,regroupés au sein du Réseaudes sites majeurs de Vaubanont été classés au Patrimoi-ne mondial de l'UNESCO le7 juillet 2008.

Les douze sites de cette sériesont, par ordre alphabétique :1)Arras (Pas-de-Calais) : ci-tadelle2)Besançon (Doubs) : cita-delle, enceinte urbaine etfort Griffon

3) Blaye-Cussac-Fort-Médoc(Gironde) : c i tadel le deBlaye, enceinte urbaine, fortPaté et fort Médoc4) Briançon (Hautes-Alpes) :enceinte urbaine, Redoutedes Salettes, Fort des Trois-Têtes, Fort du Randouillet,ouvrage de la communica-tion Y et le Pont d’Asfeld5) Camaret-sur-Mer (Finistè-re) : tour dorée6) Longwy (Meurthe-et-Mo-selle)7) Mont-Dauphin (Hautes-Al-pes) : place forte8) Mont-Louis (Pyrénées-Orien-tales) : citadelle et enceinte9) Neuf-Brisach (Haut-Rhin) :ville neuve10) Saint-Martin-de-Ré (Cha-rente-Maritime) : enceinte etcitadelle11) Saint-Vaast-la-Hougue/Tatihou (Manche) : tours ob-servatoires12) Villefranche-de-Conflent(Pyrénées-Orientales) : en-ceinte, le Fort Libéria et grot-te dite « Cova Bastera »

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CADET ROUSSEL : UN AUXERROIS PAS ORDINAIRE

De son vrai nom Guillaume Jo-seph Roussel, il fut surnomméCadet parce qu’il était le ca-det de la famille. Né en 1743dans le Doubs, il s’installe àAuxerre en 1763. Il se placed’abord à Auxerre comme do-mestique et laquais puis devientclerc d’huissier. Il rachète unecharge et devient lui-même huis-sier. Cette fonction et ses nom-breuses excentricités le fontconnaître des Auxerrois. A l’oc-casion de la Révolution, il de-vient Jacobin.Sa nomination en 1780 com-me huissier audiencier lui assu-re désormais un revenu décent.L’année suivante il achète unepetite maison biscornue à la-quelle il ajoute au-dessus d’unvieux porche une constructionen forme d’étroite loggia. L'as-pect curieux de son domicilemarque les esprits autant que lecaractère du personnage qu'ondit jovial, bon vivant, un peu ex-centrique, mais qui jouit de lasympathie de ses concitoyens.C'est ce qui explique sans doutequ'il ait inspiré une chanson.Guillaume Rousselle bénéficiealors d’une popularité de bonaloi. À Auxerre il est un bonsans-culotte qui suit le mouve-ment révolutionnaire, peut-être unpeu trop d’ailleurs. Après un pas-sage en prison en 1794-1795,il limite prudemment son activitéà ses fonctions d’huissier.Veuf de Jeanne Serpillon le 14janvier 1803, il se remarie,après un court veuvage, le 20avril avec Reine Baron nièce ethéritière de sa première épou-se, de 23 ans sa cadette.

Il meurt à Auxerre, sans posté-rité, immortalisé par la chan-son. On chante encoreaujourd’hui et on chantera sansdoute encore longtemps sespopulaires « trois maisons ».La ville d'Auxerre lui a érigéune statue, due au sculpteurFrançois Brochet, sur la placeCharles Surugue et Cadet-Rous-selle est la mascotte de l'équi-pe de football A.J. Auxerre.

Un de ses ennemis politiques,le chevalier Chenu de Souchet,compose alors la célèbre chan-son pour se moquer de lui. Cet-te chanson est adoptée commechanson de marche par les sol-dats de la Révolution en 1792et c’est ainsi que la chansons’est répandue dans toute laFrance au même titre que laMarseillaise, bien qu’elle ne futpas du tout guerrière.

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LE VIGNOBLE DE CHABLIS

L’histoire de Chablis remon-te au IIème siècle avant JC, àl’époque un village gauloisexiste mais il n’est fait nullepart allusion à des vignes.Il faudra attendre le 1er siè-cle de notre ère pour voirplanter les premières vignes.Mais c’est au IIIème siècle,sous l’impulsion de l’empe-reur Probus, les vignoblesvont prendre un réel essor.Au IXème siècle, fuyant lesinvasions Viking, des moinesquittent Tours en emportantles reliques de Saint-Martinet se réfugient à Auxerre. 15ans plus tard, Charles leChauve leur donne le petitbourg de Chablis. Les moi-nes développent alors les vi-gnobles sur l’emplacementactuel des plus grands crus.En 1118, les moines de Pon-tigny cèdent à ceux de Cha-blis le droit d’exploiter lesterres autour de Chablis.Pour vinifier et entreposerleur vin les moines construi-

sent à Chablis le «Petit Pon-tigny » dont le cellier existetoujours.Dès le XIIIème siècle, les vinsde Chablis connaissent unegrande expansion et assurentà la ville, dont ils sont leseul revenu, une grandeprospérité. En 1230 appa-raît le premier ban de ven-danges, correspondant à ladate du début de celles-ci.En 1328, 450 propriétairescultivent déjà 500 hectaresde vigne. Les vins étaienttransportés par la terre jus-qu’à Auxerre, puis rega-gnaient par la voie fluvialede l’Yonne, Paris puis Rouend’où ils étaient exportés versle nord de l’Europe. Leur ré-putation de qualité est déjàimmense.A la Révolution, les meilleu-res parcelles de vigne, quiappartenaient au clergé, sontvendues comme biens natio-naux ce qui les rend accessi-ble à tous les vignerons.

En 1850, avec 38.000 hec-tares de vignes et un milliond’hectolitres produits cha-que année, l’Yonne est l’undes plus grands départe-ments viticoles français.Malheureusement, en 1887,l’épidémie de phylloxéradétruit entièrement le vigno-ble. Il faudra attendre 10ans pour que la reconstruc-tion commence grâce à desporte-greffes américains. Ilfaudra des années pour re-constituer les vignes.

Au cours de la PremièreGuerre mondiale, pendantque les hommes sont à laguerre, les femmes prennentleur relais et s’occupent duvignoble ; la paix revenue,un consensus se fait autourd’un certain nombre de crus: Vaudésir, Grenouilles, Val-mur, Les Clos et Blanchot. En1938, Les Preuses et Bou-gros rejoignent ces premierscrus et l’appellation « Chablisgrand cru » apparaît. LesAOC « Chablis » et « Cha-blis grand cru » sont définies.En 1940, Chablis est bom-bardé et une grande partiedes vignes est détruite. Ce-pendant, en 1943, l’AOC «Petit Chablis » apparaît.

A partir de 1960, la méca-nisation et la mise en placede systèmes efficaces de lut-te contre le gel assurent levéritable essor du vignoble.Le vin de Chablis appartientau vignoble de Bourgogneet couvre de nos jours une

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trentaine de communes lelong du Serein sur plus de20 km de long et 15 de large.Les sols datent du Jurassique,près de 150 millions d’an-nées auparavant. On retrou-ve dans la roche des dépôtsd’huîtres minuscules, ce sontdes sols argilo-calcaires aux-quels l’AOC fait officielle-ment référence depuis un ju-gement de 1923.

On distingue aujourd’hui 3appellations :Le Petit Chablis récolté prin-cipalement sur les plateauxLe Chablis récolté sur lescoteaux du nord et de l’estet également sur les pla-teaux. Au sein des chablis,les chablis premiers crus pro-

LE VIGNOBLE DE CHABLIS (SUITE)

viennent eux des coteaux del’ouest et du sud.

Les Chablis Grand crus sontrécol tés exclusivement àChablis et à Fyé sur la rivedroite du Serein.

Les vignobles de Chablisproduisent ainsi des vinsdont la renommée est mon-diale et appartiennent ainsià la grande histoire de lagastronomie française.

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LLLLLEEEEE P P P P PODIUMODIUMODIUMODIUMODIUM DEDEDEDEDE LLLLL’É’É’É’É’ÉTTTTTAPEAPEAPEAPEAPE

Lors de chaque étape, 8 menus thématiques sont servis aux 42convives qui nous font le plaisir de participer aux soirées gastro-nomiques organisées dans le restaurant d’application du lycée,en raison de l’indisponibilité temporaire du camion Patrimoine etterroirs.

Ces soirées sont autant d’occasions de faire un parcours initiatique dans la France des Terroirs,mais aussi, pour les élèves, de montrer l’étendue de leur talent, de leur volonté et de leursprogrès.

Chaque soirée est consacrée à un terroir différent et donc à une des facettes de notre gastrono-mie. Tous ces menus sont notés par les convives, ce qui nous permet, au terme de l’étape, dedresser le bilan des préférences des invités, tant au niveau des mets que des boissons. Cela nousapporte également un bon instrument pédagogique pour débattre avec les élèves de la soirée dela veille.

Le menu que nous vous proposons de découvrir ci-dessous est donc la synthèse de la semainepassée à Auxerre en compagnie des élèves du Lycée des metiers Vauban.

AOC Champagne(Cuvée Eugène Mercier - Soirée Picardie)

AOC Buzet(Vin rouge du Sud-Ouest - Soirée Ile-de-France)

Cidre traditionnel de Picardie(Soirée Picardie)

Cafés Illy

LLLLLEEEEE P P P P PALMARÈSALMARÈSALMARÈSALMARÈSALMARÈS CULINAIRECULINAIRECULINAIRECULINAIRECULINAIRE

LLLLLEEEEE PPPPPALMARÈSALMARÈSALMARÈSALMARÈSALMARÈS BABABABABACCHIQUECCHIQUECCHIQUECCHIQUECCHIQUE

Tarte fine au boudin noir de Paris(Soirée Ile-de-France)

Soupe cressonnière(Soirée Ile-de-France)

Magret de canard à l’orange et ses lucioles(Soirée Ile-de-France)

Banon rôti et son effeuillé de mesclun(Soirée PACA)

Talibur aux pommes et son sorbet aux fruits rouges duNoyonnais

(Soirée Picardie)

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IIIIILSLSLSLSLS SESESESESE SONTSONTSONTSONTSONT DISTINGUÉSDISTINGUÉSDISTINGUÉSDISTINGUÉSDISTINGUÉS LLLLLORSORSORSORSORS DEDEDEDEDE LLLLL’’’’’ÉTÉTÉTÉTÉTAPEAPEAPEAPEAPE

Certains des élèves qui nous ont été confiés se sont particulièrement distingués, par leur envie,leur volonté et leur comportement général. Nous avons travaillé exclusivement avec les élèves deTerminale Bac Pro.Rappelons ici que 16 élèves formeront la Promotion « Prosper Montagné » (session de staged’hiver), composée des meilleurs élèves des lycées :

- « Charles de Gaulle » de Compiègne- « Santos Dumont » de Saint-Cloud- « Vauban » d’Auxerre- « Henri Senez » de Hénin-Beaumont- « Camille Claudel » de Mantes la Ville

La liste définitive des élèves sélectionnés sera donc connue le 25 novembre, à l’issue de ladernière étape de sélection. Toutefois, des options seront levées au fur et à mesure de l’avancementde la tournée, et ce en fonction de la qualité des classes qui nous seront confiées.Toutes ces options ne seront certainement pas levées mais elles indiquent à ceux qui les ontreçues, la reconnaissance des progrès accomplis et l’investissement effectué lors de cette sessionpédagogique.

7 élèves ont été distingués à Auxerre, ils ont donc obtenu une option.

Jason BOUCHARD - cuisineJérémy DENISE - cuisine

Justine ORUS PLANA - cuisineAlexia SARRUBBA - cuisine

Emilie VANDEN-NESTE - salleJulien VIEILLETOILE - salleDamien VILLIERS - cuisine

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Ces stages intensifs sont l’occasion pour nos élèves de démontrer leurs quali tésprofessionnelles, leurs capacités d’adaptation ainsi que leurs aptitudes à travailler en équipe.Tout au long de ces 6 semaines, ils auront l’occasion de rencontrer nombre de professionnels.Ils seront évalués tout au long de leur stage et tous ceux qui se seront distingués durant ces6 semaines partiront avec une promesse d’emploi chez l’un de nos partenaires professionnels,dès l’obtention de leur diplôme.

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2, rue de l’aubrac - V.1.P - 94595 Rungis Cedex 517

Tél.: 01.56.71.19.90 - Fax : 01.56.71.19.98

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