Bulles de Carpe Fresque en dessins et en mots€¦ · Les affaires en désordre à proximité du haut de l'escalier d ... une chute sans fin dans un liquide ... voyant le spectacle

Fresque en dessins et en mots.

Bulles de Carpe 2014 - Une réalisation commune de l’atelier d’écriture et de dessin ... 1-

Pour l’écriture : Nathalie B. - Huguette C. - Marcel C. - Anne-Marie G. - Janine H. - Karine H. - Béatrice M. - Claude M. - Brigitte P. - Martine V. - Thierry V. - Pour le dessin : Jean-Marc C. - Karine H. - Mariane I. - Hélène M. - Valérie M. - Elise P. - Thierry V. - Yvette V.

Animatrice atelier d’écriture : Michèle BayarAnimateur atelier de dessin : Zeillim



Le store vénitien laissait filtrer quelques raies de lumières. Au dehors la chaleur était accablante et la rumeur du port montait assourdie.Pépé-le mafieux allongé sur le lit tirait nerveusement sur sa clope ; il avait chaud, transpirait et sentait mauvais ; planqué depuis plusieurs jours, il ne savait pas comment il allait se sortir de ce merdier. Cette fois-ci, il était vraiment mal barré : il avait non seulement les flics aux fesses mais la bande du Tatoué qui voulait récupérer la valise de biftons lui collait au train!Soudain, il entendit des glissements furtifs dans le couloir qui ne laissaient présager rien de bon .Il se figea tous les sens en alerte, le mégot pendu aux lèvres.Une rafale à travers la porte mit fin à ses interrogations et laissa place à un silence pesant, à peine troublé par le vibrionnement de quelques mouches qui dansaient dans les rais de lumière.

Ça chauffe !



Invité par le PDG de sa boite, Robert sonne à la porte d'entrée. Porte modeste, aucun signe ostentatoire de richesse, elle s'ouvre automatiquement. Dès l'entrée passée, un escalier monumental lui saute aux yeux, à sa mémoire : il voit Annie, son épouse gisant au pied de l'escalier. En une fraction de seconde il oublie pourquoi il était là, seul l'accident stupide envahit son esprit. Ce jour là elle était joyeuse et préparait les valises pour un départ en vacances avec les enfants. Chacun son sac à dos, chacun ses affaires… toutes les affaires mêlées que chacun devait récupérer, rassembler.Annie entend soudain les pleurs d'un de ses enfants et bien sûr, elle se précipite vers l'origine des pleurs. Les affaires en désordre à proximité du haut de l'escalier d'intérieur la font trébucher, elle ne peut pas se retenir… elle s'arrête trois mètres plus bas, inanimée.

L’escalier monumental



C’est un jour de grand vent. Le ciel s’étale en un bleu uniforme parfaitement nettoyé de tous nuages. Sur cet écran enluminé se détache la tige haute d’un lampadaire. Une mouette s’y est posée et, parfaitement immobile, observe en contrebas une marinière solidement attachée à une corde à linge. Le morceau de tissu rayé, se tord dans tous les sens, malmené par les rafales rageuses. De temps à autre, un instant de répit lui permet d’esquisser quelques pas d’une danse langoureuse dans les bras d’un cavalier invisible. Un instant seulement, bien vite, le vent cruel mord, gifle, plie et tord la pauvre marinière bien obligée de reprendre sa danse infernale.La mouette est bien triste de voir quel sort est infligé à la pauvre marinière ! Elle se souvient d’un marin au milieu des vagues de soies bleues évoluant parmi des écumes de dentelles et dégageant un parfum …qui n’était pas celui des embruns.Jean-Paul avait insisté pour qu’elle soit sur la photo. Elle en est encore toute émoustillée ! Mais depuis, pas un mot, pas un signe !Peu à peu, la colère monte. De quel droit la traite-il ainsi ? Et cette stupide marinière qui s’agite devant elle comme la muleta devant un taureau ! C’en est trop ! La mouette gracieuse rejoint l’azur d’un coup d’aile sans oublier cependant de déposer une fiente en passant au-dessus de la marinière.

La mouette amoureuse



C’était un soir d’orage. La nouvelle maison, adossée à la muraille lui était totalement inconnue. Tout lui faisait peur, le ressac de la mer qu’elle entendait en contrebas, le craquement des escaliers en bois. Elle écoutait, tous les sens en alerte blottie dans son lit. Elle ne reconnaissait pas le sifflement du vent ou bien était-ce un bruit de godillots ? de quelqu’un qui grimpait le long de la falaise ? Par la lucarne voyait-elle le ciel tourmenté ou la mer déchaînée ?Soudain, dans un fracas étourdissant l’éclair illumina le champ de tournesols à l’entrée du chemin. C’est sur cette vision qu’elle s’endormit, totalement apaisée. Les tournesols l’avaient accueillie à son arrivée. Ils l’emmenaient maintenant dans le monde des rêves.

Les tournesols



Coquelicots

Son sang gouttait lentement, poisseux et inerte.Allongé dans mon vieux lit à ressort,mon cauchemar continuait à envahir mes rêves.Le vermeil incandescent de la lumière correspondait toujours aux débuts de mes songes.Puis infiniment,le même refrain :des surfaces planes enchevêtrées, anguleuses, se mêlaient et confondaient les couleurs rouges sanguines.Les pourpres, les bordeaux, les violets, les noirs se glissaient et s’entrechoquaient en spirales,tout cela pour finir dans de sombres profondeurs.Mon corps désarticulé fonçait à travers des surfaces gluantes,une chute sans fin dans un liquide épais d’un rouge profond.Ma course inexorable finissait par atteindre ce grenat qu’elle aimait trop,et que je détestais.

Je m’étais alité juste avant le coucher de soleil.Depuis la mort de maman, je n’avais plus jamais rencontré la nuit, ma fenêtre était demeurée close.

Le vacarme du vieux volet dégondé par une terrible tramontane me libéra de mon sempiternel voyage.Demi assis,le corps épuisé,mes sous-vêtements trempés.Ma peau rougeâtre et desséchée supportait mal mes agitations nocturnes, j’avais 107 anshabituellement mes vieux os se levaient beaucoup plus tard,cette brusque rafale en avait décidé autrement.L'étroite fenêtre de mon enfance me rappelait à son souvenir.Je fus contraint de regarder une dernière fois, ce champ persistant qui fleurissait en milliers de coquelicots.

Déjà tout petit, mon regard aimait se perdre dans les vagues rougesun siècle plus tard, le rouge était toujours làsa lumière purpura se reflétait sur la nouvelle gare, installée juste là sur mon champ coquelicots.



Faite de surfaces enchevêtrées, elle avait volé tous les rouges de mes fleurs préférées,flamboyante ,vermeille ,incandescente ,ardente, écarlate.

Depuis tous les matins,au réveil, ma bouche, mes lèvres et ma langue ont un goût sang poisseux.Depuis tous les matins,un petit homme s’étire, baille, se gratte, se cure les oreilles.

Sa fenêtre est toute petite, juste face à la mienne, solitaire au beau milieu de cet immense bâtimentson regard est vide, il ne semble plus me voir.

Je ne sais pas qui il est.

Je me demande s’il aperçoit le champ qui a fleuri juste devant lui sur mes décombres.



La porte bleue

La porte bleue était toujours fermée. Je passais chaque jour devant elle pour aller à l’école. Je la trouvais très belle. La maison aussi mais il n’y avait pas de fenêtres dans le mur c’était bizarre. Qui habitait là dans la pénombre ? Je m’imaginais que ce pouvait être une belle femme qui ne supportait pas la lumière du jour. Une sorte de fée qui sortait la nuit pour se réjouir des étoiles et de la lune. Le soir quand ma mère quittait ma chambre après m’avoir souhaité bonne nuit, je songeais à cette belle femme habillée dans une robe bleue de la même couleur que celle de la porte. Plus tard j’ai appris que la maison avec la porte bleue était une sorte de hangar où l’on stockait toutes sortes de vieux bric-à-brac.



Le bateau s'est fracassé contre les récifs ; les pirates sont tombés dans l'eau glaciale. Un éclair illumine le ciel, on y voit comme en plein jour.Les habitants de la maison, voyant le spectacle du navire en train de couler, envisagent de partir l’explorer ; qui sait ? Ils pourraient y trouver quelque trésor.Ils descendent la colline en courant, mais la houle les empêche d'atteindre le bateau dont ils n'aperçoivent que le mât, avec le drapeau et la tête de mort.Soudain le bateau se coince dans la crique ; ils pénètrent enfin dans l'habitacle !Un coffre à moitié ouvert recèle des bijoux et de l'or que les pirates ont dû voler !Ils n'en croient pas leurs yeux !Quel trésor ils viennent de trouver.

Les hauts de hurle vent



La nouvelle maison

Lors de la visite, la maison était meublée. Il se dégageait de l’ensemble une atmosphère chaleureuse ; le silence était troublée par les craquements du vieux parquet. Elle avait le charme d’une vieille dame et fleurait bon la vanille. Nous avions pris le thé et mangé des gâteaux cuisinés par la propriétaire. Aujourd’hui, le vent souffle et charrie de lourds nuages. Il cherche à s’infiltrer et frémit aux fenêtres de la maison vide. Dépouillée de ses meubles, elle est sombre, ses murs lézardés apparaissent noircis par tant de feux de cheminée. Mais le soleil entre en tâches d’or et des coins de ciel bleu apparaissent par intermittence derrière les vitres. Nos voix résonnent, nos rires roulent d’un coin à l’autre. Quelqu’un parle de rideaux blancs, ou bien des stores ... et un grand canapé ici et un écran géant là et ... j’ai la sensation que la maison sourit. Elle nous attendait, elle semble heureuse de sa nouvelle vie.

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