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Bulletin de publication des travaux de recherche de l'INRH. Edition

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SOMMAIRE

1. Le Bulletin d’upwelling …………………………………………………………………..………….…… 1

2. Interaction des ressources halieutiques et de l’environnement marin …………… 15

3. Communautés à Intérêt écologique ……………………………………………….……………… 27

4. Cas d’échouages signalés le long du littoral marocain ………………………….………… 39

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BULLETIN HALIEUTIQUE N°1 - Janvier 2015

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LE BULLETIN D’UPWELLING

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BULLETIN HALIEUTIQUE N°1 - Janvier 2015

PAR : A. BENAZZOUZ, K. HILMI

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1. LE BULLETIN D’UPWELLING

L’activité de l’upwelling est appréhendée à partir des données satellitaires (Température de Surface de la Mer, Chlorophylle «a ») issues de MODIS-AQUA, des observations de vent du diffusiomètre ASCAT (Advanced Scatterometer) issues de Metop-A, de l’indice d’upwelling côtier (IUC) établi par l’INRH et dérivé des champs thermiques. Conçu dans un nouveau format et à une fréquence trimestrielle, ce bulletin apporte une description sommaire de l’état physique et biologique de l’océan hauturier et côtier national. Il apporte également une aide à la compréhension du milieu pour les acteurs de la pêche et du littoral national et concerne, dans cette version actuelle, la côte atlantique marocaine. Ce premier numéro est consacré au bilan de l’année 2014.

2. LE PHENOMENE D’UPWELLING

La côte atlantique marocaine est soumise à l’influence de l’upwelling côtier, terme anglophone désignant la remontée des eaux froides profondes, riches en nutriments vers la surface de l'océan), sous l’effet du vent. Lorsque ces eaux sont ramenées à la surface, les nutriments nourrissent le phytoplancton qui utilise également le gaz carbonique dissous pour sa photosynthèse.

Régi par les vents Alizés, ce dernier présente une variabilité dans l’espace et dans le temps, ce qui se répercute, de manière directe, sur la productivité du milieu et l’abondance et la disponibilité des ressources halieutiques, de manière indirecte. La zone Nord de la côte atlantique marocaine, comprise entre 26°N-33°N, montre un upwelling saisonnier, principalement actif en été. La zone Sud (21°N-26°N) montre un upwelling permanent) sur toute l’année, très intense en été. Les zones Nord et Sud sont ainsi sub-divisées en sous-zones: 29°-33°N, 24°-26°N, 26°-29°N et 21°-24°N. Les images présentées dans ce bulletin aussi bien pour les températures de surface de la mer, la chlorophylle «a», les champs de vent,… correspondent à des moyennes mensuelles, à l’exception des indices d’upwelling côtier (IUC) qui sont hebdomadaires. Les zones grisées au large correspondent généralement aux nuages résiduels.

Atlantique Marocaine vu de l’espace

Image de la Température moyenne de Surface de la Mer de la côte atlantique marocaine pour le mois de décembre 2014.

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3. CHAMPS THERMIQUES SAISONNIERS

TEMPERATURE DE SURFACE DE LA MER MENSUELLE (PREMIER TRIMESTRE 2014)

Les champs thermiques mensuels observés pour le premier trimestre 2014 ont présenté des anomalies négatives témoignant d'une activité d'upwelling relativement forte le long de la côte atlantique marocaine. Néanmoins, une anomalie positive a été observée beaucoup plus au large des côtes, au nord durant le mois de janvier 2014. Les anomalies mensuelles sont les différences par rapport au même mois dit «moyen ou climatique», c'est-à-dire calculées sur toute la série d'observation disponible sur la période 2003-2014.

TSM Moyenne (1er Trimestre 2014) Anomalie correspondante

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TEMPERATURE DE SURFACE DE LA MER MENSUELLE (SECOND TRIMESTRE 2014)

TEMPERATURE DE SURFACE DE LA MER MENSUELLE (SECOND TRIMESTRE 2014) Durant ce second trimestre de l’année 2014, la structuration spatiale des panaches d'eaux froides

d’upwelling était bien mise en évidence par les champs thermiques lors de la saison du printemps 2014. Néanmoins, il a été observé une légère augmentation de la température de surface, bien plus prononcée au niveau de la zone Nord du Maroc avec une extension restreinte des panaches d’eaux froides d'upwelling.

TSM Moyenne (2éme Trimestre 2014) Anomalie correspondante

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La saison d'été 2014 s'est avérée très particulière dans la mesure où l’on a assisté à une très forte activité de l'upwelling durant le mois d’août 2014. Les champs thermiques moyens mensuels ont montré une très forte individualisation des panaches d'eau froide d'upwelling le long de la côte, du Nord au Sud. Cette situation a commencé à changer à partir du mois de septembre. L'intensité de l’activité de l’upwelling a diminué dans la zone Nord où les panaches d'eaux froides d’upwelling deviennent quasi inexistants. Cette activité a, par contre, persisté au sud du Cap Boujdour et a demeuré très forte au niveau de la côte, malgré l’apparition des eaux de surface «chaudes» au large de ces côtes.

TSM Moyenne (3éme Trimestre 2014) Anomalie correspondante

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TEMPERATURE DE SURFACE DE LA MER MENSUELLE (QUATRIEME TRIMESTRE 2014)

Durant ce quatrième trimestre de l’année 2014 et, en particulier pendant le mois d’octobre 2014, l’activité de l’upwelling est restée relativement «faible», abstraction faite d’un foyer d’upwelling au niveau du Cap Ghir. L’envahissement des eaux «chaudes», en provenance du large, observé au mois de septembre 2014 dans la partie Sud du pays, s’était étendu à la partir Nord, influençant et réduisant l'activité de l'upwelling. Cette situation a commencé à changer à partir du mois de novembre 2014 pendant lequel l’activité de l’upwelling était en moyenne bien structurée spatialement, aussi bien dans la partie Nord que Sud.

TSM Moyenne (4éme Trimestre 2014) Anomalie correspondante

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4. COULEUR DE L’OCEAN (ANNEE 2014)

BIOMASSE CHLOROPHYLLIENNE MENSUELLE (PREMIER TRIMESTRE 2014)

Chlorophylle <a> 1er Trimestre 2014 Anomalie correspondante

Ces images montrent la chlorophylle de surface issue du capteur MODIS mensuelle et moyennée et son anomalie correspondante. Les anomalies sont les différences calculées par rapport au même mois «moyennes» sur la période 2003-2014. Les zones grisées au large correspondent aux nuages résiduels et l'isobathe 200m (ligne noire) visualise la bordure du plateau continental.

La saison d'hiver 2014 a montré des concentrations de chlorophylle plutôt inférieures à la moyenne climatologique saisonnière (anomalies négatives, en bleu) entre Dakhla et Cap Blanc. Plus au Nord, des concentrations étaient en moyenne plus fortes que la normale saisonnière.

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BIOMASSE CHLOROPHYLLIENNE MENSUELLE (DEUXIEME TRIMESTRE 2014)

Chlorophylle <a> 2ème Trimestre 2014 Anomalie correspondante

Pour ce second trimestre 2014, la biomasse chlorophylienne était légèrement inférieure à la moyenne climatologique saisonnière. Les concentrations de la chlorophylle «a» étaient en dessous de la moyenne (anomalies saisonnières négatives, en bleu sur l'image de droite) dans le Sud, à l’exception de quelques situations locales au Sud du Cap Draâ, Cap Juby ainsi qu'en face de la baie de Dakhla. Par contre au Nord du Cap Ghir et au large du Cap Blanc, les niveaux d'enrichissement étaient en moyenne légèrement supérieurs à la normale.

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BIOMASSE CHLOROPHYLLIENNE MENSUELLE (TROISIEME TRIMESTRE 2014)

Chlorophylle <a> 3ème Trimestre 2014 Anomalie correspondante

Pour ce troisième trimestre de l’année 2014, la saison d'été 2014 a présenté des situations à faibles concentrations de la chlorophylle et, donc, une production primaire plutôt inférieure à la moyenne climatologique saisonnière (voir anomalies négatives, en bleu) entre Dakhla et Cap Blanc. En dépit d'une anomalie thermique froide généralisée (page 4), le mois de juin 2014 a été caractérisé par des valeurs de la chlorophylle proches de la normale avec des anomalies côtières faibles et localisées. Le Sud est plus contrasté, avec des minimums généralement observés près des côtes, au sud de Dakhla.

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BIOMASSE CHLOROPHYLLIENNE MENSUELLE (QUATRIEME TRIMESTRE 2014) Chlorophylle <a> 4ème Trimestre 2014 Anomalie correspondante

Ce dernier trimestre de l’année 2014 s'est révélé généralement plus productif, en référence à la moyenne saisonnière témoignant d'un fort enrichissement appuyé par une forte activité d'upwelling telle que révélé par les températures froides en cette saison qui sont bien structurées spatialement du Nord au Sud.

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5. CHAMPS DES VENTS (ANNEE 2014)

Les champs du vent altimétrique le long de la côte atlantique marocaine ont été analysés sur la période 2012-2014 pour représenter la structuration spatio-temporelle du champ du vent responsable de l'upwelling. Ces champs de vent ont été estimés à partir des observations du diffusiomètre ASCAT (Advanced Scatterometer), embarqué sur le satellite Metop-A. Il s'agit d'un radar conçu principalement pour la mesure mondiale des vents au-dessus de la surface de la mer.

Sur la période 2012-2014 et selon cette source de données, les roses des vents ont montré que majoritairement le vent côtier est généralement d’orientation Nord-Est, présentant une forte variabilité interannuelle et des différences marquées entre les différentes zones d’upwelling. En 2012, le vent du large a présenté une forte activité de toute la côte atlantique, avec une intensité qui a dépassé les 10 m/s. Par contre, en 2013 et en 2014, les vents ont légèrement diminué d’intensité quasiment le long de la côte atlantique marocaine, exception faite dans les zones comprises entre les latitudes 26°-33°N. Ceci s'est manifesté par une activité de l'upwelling relativement moyenne telle que observée à partir d’images de la température de surface de la mer et de la chlorophylle «a» moyennes. Durant ces trois dernières années, l'année 2012 serait considéré comme une année de référence d'un vent très fort et d'une activité intense de l’upwelling intense. L'année 2014 a aussi connu un vent Nord-Est très favorable à l’activité de l'upwelling mais d'une intensité moindre.

Rose du vent moyen pour l’année 2014 le long de

la côte atlantique marocaine (21-33°N)

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ROSE DES VENTS ASCAT SUR LA PERIODE 2012-2014

2012 2013 2014

Zone

: 29

-33°

N

Zone

: 26

-29°

N

Zone

: 24

-26°

N

Zone

: 21

-24°

N

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6. VARIABILITE INTERANNUELLE DE L’UPWELLING SUR LA PERIODE 2002-2014

La variabilité interannuelle de l’upwelling le long de la côte atlantique marocaine a été appréhendée

sur la période 2002-2014, en se basant sur les températures de surface de l’eau entre la côte et le large de la côte atlantique marocaine. un Indice d’Upwelling Côtier (ou IUC) hebdomadaire a été déterminé pour caractériser l’activité hebdomadaire de l’upwelling 1.

Concernant l’année 2014, l’activité de l’upwelling a montré en moyenne une activité forte, aussi bien pour les zones Nord (26°N-29°N et 29-33°N) que pour les zones Sud (21°N-24°N et 24°-26°N). En termes de variabilité interannuelle sur la période 2002-2014, l’activité de l’upwelling a généralement présenté une tendance vers la baisse durant les années 2004-2007, 2009-2010 dénotant une faible activité de l’upwelling et vers la hausse sur la période 2011-début 2012, soit une forte activité du phénomène. En 2013, l’activité de l’upwelling a présenté une situation moyenne le long de la côte atlantique marocaine, alors qu'en 2014 l'indice d'upwelling montre un contraste thermique côte-large très comparable à celui de l'an 2012, bien que le vent en 2014 ait été plus faible que celui de 2012.

1 Benazzouz A., Mordane S, Orbi A., Chagdali M., Hilmi K., Atillah A, L. Pelegrí J., and H. Demarcq, 2014. An improved coastal upwelling index from sea surface temperature using satellite-based approach – The case of the Canary Current upwelling The case of the Canary Current upwelling system. Continental Shelf Research 81 (15 juin 2014): 38-54. doi:10.1016/j.csr.2014.03.012.

Évolution interannuelle de l’Indice d'Upwelling Côtier (IUC) le long de la côté atlantique marocaine sur la période 2002-2014

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Évolution interannuelle de l'indice d'upwelling côtier (IUC) dans la zone

29°-33°N et sa tendance de l’indice (en rouge) sur la période 2002-2014.

Évolution interannuelle de l'indice d'upwelling côtier (IUC) dans la zone 26°-29°N et sa tendance de l’indice (en rouge) sur la période 2002-2014

Évolution interannuelle de l'indice d'upwelling côtier (IUC) dans

la zone 24°-26°N et sa tendance (en rouge) sur la période 2002-2014.

Évolution interannuelle de l'indice d'upwelling côtier (IUC) dans

la zone 21°-24°N et sa tendance (en rouge) sur la période 2002-2014.

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INTERACTION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

ET DE L’ENVIRONNEMENT MARIN

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PAR :

Najib Charouki , Omar Ettahiri, Mansour Serghini, Idrissi Farah Honaida, Amina Berraho, Abdellatif Boumaaz, Aissa Benazzouz

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1. Introduction

L'étude des relations des ressources halieutiques avec leur environnement apporte généralement des éléments essentiels pour la compréhension de dynamique spatio-temporelle de ces ressources, leurs interconnexions éco systémiques, leurs stratégies de reproduction et d’adaptations spécifiques aux changements naturels et anthropiques. Il apparaît donc nécessaire d'identifier les effets des facteurs de l’environnement d'un point de vue quantitatif (biomasse, d’abondance, aires de répartition…), structurel (biodiversité, démographie, espèces invasives…) ou encore fonctionnelle (Etats des compartiments trophiques…).

Cependant, la superposition des interactions des ressources avec la variabilité naturelle à différents niveaux de l’écosystème et à différents échelles ainsi qu’avec les effets des activités anthropiques (pêche…) rend difficile l'évaluation des impacts environnementaux et mène souvent à de nouveaux questionnements scientifiques. Dans ce contexte de complexité, cette section présente une synthèse non exhaustive des analyses réalisées sur certains aspects de la dynamique et d’interaction avec l’environnement de deux ressources clés de l’écosystème atlantique marocain sud, la sardine (Sardina pilchardus) et le poulpe (Octopus vulgaris). L’objectif est de consolider ces résultats afin de s’investir progressivement dans l’étude de la complexité de l’écosystème marin pour la compréhension de la dynamique des ressources halieutiques et de leurs stratégies adaptatives.

2. Interactions de la sardine et l’environnement marin

a) Caractérisation de la dynamique latitudinale de la sardine par les résultats de la prospection acoustique

La dynamique spatiale et temporelle du stock sardinier de la côte atlantique marocaine a fait l’objet de plusieurs études basées sur les données de la pêche qui opère dans la région depuis les années 60 et sur les campagnes scientifiques en mer conduites par les navires de recherche nationaux et internationaux. Nous citons à titre d’exemple les travaux accomplis sur les données de la pêche par (Furnestin, 1970), (Belvèze, 1984) et sur les données de prospection en mer par (Lamboeuf, 1977). Ces études ont révélé une dynamique qui semble être régie par un même mécanisme hydrologique au niveau des zones centrales ‘Cap Cantin-Cap Boujdor) et sud (sud de Cap Boujdor).

Pendant la saison automnale et hivernale, le poisson a tendance à migrer vers le sud suivant les courants dominants du nord vers le sud. Ainsi, au niveau de la zone centrale, les plus fortes densités se situent au niveau de la région entre Tan Tan et Boujdor (zone B), quant à la zone sud, les zones de répartition les plus dominantes se situent dans la région au sud de Dakhla jusqu’à Cap Blanc, avec une extension vers le sud qui envahit les eaux mauritaniennes et atteint souvent Cap Timris.

Schéma migratoire saisonnier de la sardine de l’Atlantique marocain (Communication de INRH, 2009)

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Pendant les saisons chaudes, le poisson effectue sa migration dans le sens inverse vers le nord. Les plus fortes densités de la zone centrale se situent au nord entre Agadir et Cap Cantin, tandis que celles de la zone sud, se démarquent au niveau de Dakhla et atteignent Cap Boujdor. Une analyse récemment réalisée sur la dynamique spatiale du stock sardinier de la zone sud (Cap Boujdor-Cap Blanc), se basant sur les séries de données des campagnes acoustiques des navires de recherche « Dr.Fridtjof Nansen » (1995-2006) et Al Amir Moulay Abdellah (2007-2013), a confirmé la dynamique du stock ainsi décrite. En effet, Pendant la saison automnale (figures 2 et 3), les concentrations les plus importantes se situent au sud de la région entre Dakhla et Cap Blanc. Le taux moyen de concentration au nord de Dakhla (nord 23°N) en la saison d’automne est estimé à 35%, sur la base des campagnes menée durant la période 2001 à 2013.

Taux de distribution annuel de la sardine en automne au nord et au sud de 23°N

Répartition des densités de la sardine de la zone sud pendant la saison d’automne

Ce schéma spatial est constaté durant toutes les années de l’analyse à l’exception de la période 2004-2005 où des densités importantes de la sardine ont été enregistrées dans les deux parties au nord et au sud de Dakhla. Notons que la période 2004-2005 a été exceptionnelle en terme de biomasse et a marqué le maximum des densités de toute la série des évaluations de la sardine avec des estimations de biomasse qui dépassent 5 millions tonnes.

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2010

2011

2012

2013

% des densités de la sardine en automne au nord et au sud de 23°N

23-26

20-23

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Evolution de la biomasse de la sardine de la zone sud estimée pendant la saison d’automne

Pendant la saison d’été, le poisson a tendance à se concentrer plus au nord entre Dakhla et Cap Boujdor. Le taux moyen de concentration au nord de 23°N, basé sur les campagnes de la période 2001 à 2013, est de 73%. Cette saison se caractérise en effet par l’intrusion des eaux chaudes sud atlantiques (ECSA) qui envahissent la région depuis le sud de Cap Blanc et qui sont moins favorables à la vie de la sardine ; espèce inférée aux eaux tempérées.

Taux de distribution de la sardine en été au nord et au sud de 23°N

Répartition des densités de la sardine de la zone sud pendant la saison d’automne

Notons aussi que cette configuration spatiale du stock n’a pas été observée durant la saison estivale de l’année 2011. Cette anomalie pourrait être mise en relation avec d’autres conditions hydrologiques exceptionnelles ayant marqué les deux années 2010 et 2011, notamment l’anomalie de l’upwelling constatée durant cette période avec les valeurs les plus faibles de la série temporelle des upwellings depuis l’année 2002.

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

2001

2002

2003

2007

2008

2009

2010

2011

2012

% des densités de la sardine en été au nord et au sud de 23°N

23-26

20-23

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Evolution de l’indice d’upwelling côtier entre les années 2002 et 2012 (Benazzouz, 2014).

Il est aussi à noter que d’autres faits spéciaux ont marqué les petits pélagiques durant ces deux années, notamment la forte hausse de la biomasse de l’anchois et l’extension exceptionnelle vers le nord de la distribution des sardinelles qui ont atteint le nord de Cap Cantin (32°30N).

b) Caractérisation des zones de ponte et de nourricerie

L’INRH conduit régulièrement des campagnes de collecte des données relatives aux œufs et larves des petits pélagiques au niveau de ses côtes à bord du navire de recherche national et des navires de recherches étrangers, ceci à fin d’identifier les zones de ponte et de nourricerie de ces espèces.

La distribution spatio-temporelle des œufs et larves dépend du lieu de ponte, dans un premier temps, puis des conditions hydrologiques et trophiques qui influencent la distribution de l’ichtyo plancton. La variation dans l'environnement océanographique sur une échelle de temps annuelle, peut causer des changements interannuels sur la distribution du poisson adulte, ainsi que sur les produits de ponte (Ettahiri, 2003). Bien que les analyses des stades de maturité des captures commerciales de la sardine aient mis en exergue un pic principal de la ponte qui se situe entre novembre et mars (Rapport des petits pélagiques de l’INRH, 2013), la ponte de la sardine semble avoir lieu presque toute l’année. En effet, les campagnes réalisées entre 1994 et 1999 couvrent les mois de janvier à avril et de juin à août. Par ailleurs et selon des prospections océanographiques ultérieures de l’INRH, des pontes ont été observées également en mai (2003), septembre (2004), octobre-novembre (2003) et novembre-décembre (2007) (Rapport interne de l’INRH, 2008). Cette particularité de la sardine du stock sud par comparaison au stock central, pourrait être considérée comme une adaptation à l’hydrodynamique qui caractérise la zone sud ; la population se reproduirait dans une région où l’upwelling est quasi permanent toute l’année et ferait aussi face aux effets néfastes de l’hydrodynamique de la zone (dispersion, dérive et perte vers le large). D’autre part, la caractérisation des zones de ponte de la sardine a abouti à une configuration spatiale saisonnière qui confirme la dynamique saisonnière de l’espèce pré-décrite. En effet, les zones des plus fortes densités des œufs issus de la ponte de la saison froide, en automne et hiver, se situent entre Dakhla et Cap Barbas, alors que les densités les plus importantes des œufs enregistrées en saison chaude, se situent plus au nord, entre Dakhla et la latitude 25°N.

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Période 1994-1999

Période 2001-2004

Centroides des œufs et larves de la sardine, périodes 1994-1999 et 2001-2004 (Ettahiri, 2008,2012)

Il a été aussi montré que la frayère principale de la sardine, dans l’atlantique marocain sud, se situait entre Dakhla (24°N) et le sud de Boujdor (25°N), alors que la nourricerie principale se situait, plus au sud, entre la Baie de Cintra (23°N) et Dakhla (24°N) avec un certain chevauchement au niveau de la région de Dakhla (Ettahiri, 2003).

c) Corrélations spatiales de la température de surface et des densités de la sardine

Une activité principale des activités scientifiques réalisées lors des campagnes de prospection en mer des petits pélagiques est l’étude des facteurs du milieu pour essayer d’expliquer le niveau d’abondance de ces espèces, leur démographie et leur distribution. Un des facteurs fondamentaux qui caractérisent l’état du milieu marin des petits pélagiques est la température de surface (SST).

Les données océanographiques, entre autres la SST, sont généralement collectées à bord du navire Al Amir Moulay Abdallah au moyen de la sonde CTD opérée dans un réseau de stations océanographiques. Un autre moyen de collecte de la SST est le senseur du bateau qui permet de relever la température de l’eau de surface en continue et l’intégrer à l’aide d’un programme « AMAT » conçu par les scientifiques de l’INRH à bord. Les données de la SST cartographiées sont superposées à celles des densités de poisson pour visualiser les corrélations spatiales potentielles. Deux cas de figure sont présentés ci-dessous : le cas d’une situation de « disponibilité » des sardines, en automne 2007, où la biomasse a dépassé 4 millions tonnes, et une situation de « rareté », en automne 2010, où la biomasse a décliné à environ 2 millions tonnes.

Campagne d’Al Amir de l’automne 2007

Campagne d’Al Amir de l’automne 2010

Corrélation spatiale des densités de la sardine et la température de surface SST

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Dans le cas de l’année 2007, une stratification du gradient de température est manifestée entre la côte et le large au niveau de toute la zone ; les températures les plus froides (17.5°C) se présentent près de la côte et les plus chaudes se situent plus au large, tout particulièrement au niveau de Boujdor (22°C). Dans les deux régions au nord et au sud de la latitude 23°N, une corrélation négative bien prononcée est observée entre la SST et les densités des bancs de la sardine le long des radiales de longitude entre la côte et le large. Les sardines détectées sont en effet plus concentrés et plus denses au niveau des eaux froides près de la côte, tout particulièrement dans la partie sud qui rappelons le, recèle plus de densités en la saison d’automne (50% de la biomasse est concentrée entre Cap Blanc et Cap Barbas en 2007). Les sardines présentes en l’automne 2007 consistaient globalement en des individus adultes (>14 cm). La quasi-absence des jeunes individus est confirmée par le faible indice de recrutement évalué en 2007 par les campagnes d’évaluation russes dans la région, par la campagne de prospection acoustique conduite la saison d’après en l’été 2008 et par la réduction d’environ 25% de la biomasse lors de l’évaluation de l’automne 2008. En 2010, la stratification de la température entre la côte et le large est beaucoup moins évidente et la valeur moyenne de la SST est plus élevée qu’en 2007 (jusqu’à 24.5°C en 2010, relevée au large entre Cap Blanc et Cap Barbas). Entre les latitudes 25°N et 23°N, les eaux sont relativement froides, mais les températures sont homogènes entre la franche côtière et le talus continental. Les détections de la sardine sont aussi étalées dans cette zone jusqu’aux isobathes du large (plus que 100 mètres), mais les densités enregistrées sont généralement très faibles. Au sud de la latitude 23°N, la région connait une forte intrusion des eaux chaudes du large, tout particulièrement entre Cap Blanc et Cap Barbas. Les concentrations spatiales de la sardine dans cette zone sont confinées au niveau de quelques patchs très restreints d’eaux froides côtières, mais les valeurs des densités à ces points sont très élevées.

Ce phénomène d’agrégation au niveau des patchs encore tolérables pour assurer la survie de l’espèce explique sa stratégie d’adaptation dans les conditions hydrologiques extrêmes en se réfugiant dans certaines zones bien privilégiées (Kifani, 1991). Les sardines détectées au sud en 2010 sont dominées par les jeunes individus (<15 cm). Leur présence confirme l’amélioration du recrutement constaté depuis l’année 2009 dans les résultats des campagnes russes conduites à bord du N/R AtlantNIRO. Notons enfin l’affinité des anchois avec des eaux dont les températures sont plus élevées que celles de concentration des sardines. 3. Interactions du poulpe (Octopus vulgaris) et l’environnement marin

Les raisons de penser que l’environnement puisse être au moins en partie, à l’origine de la variabilité des populations poulpières résident au niveau de certaines caractéristiques biologiques de cette espèce à courte durée de vie : un soin maternel développé, une phase planctonique durant laquelle les para-larves sont soumises aux conditions du milieu et une mortalité naturelle post-ponte qui limite la vie du poulpe entre un an et un an et demi ((Domain, 2000) ; (Idrissi, 2010)).

Le cycle vital court du poulpe (Octopus vulgaris), son caractère sémelpare et la présence de deux

pontes maximales de l’année, font que son abondance, sa stratégie écologique et sa biologie sont bien sensibles aux moindres changements de son environnement physique et de son habitat. Une pêche non rationnelle pourrait ainsi aboutir à des conséquences néfastes et irrémédiables

a) Dynamique spatiale annuelle du poulpe au niveau de la côte sud atlantique marocaine.

L’analyse des indicateurs des distributions spatiales, basées sur les résultats des campagnes en mer d’évaluation du poulpe à bord du N/R Charif Idrissi et sur les considérations géostatistiques, montrent une

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nette distinction entre les zones de ponte (frayères) et les zones de recrutement (nourriceries). La zone de ponte peut s’étendre sur l’ensemble du plateau continental (non stable), jusqu’à 100 m de profondeur. Le recrutement se produit au contraire systématiquement dans la bande côtière à des profondeurs inférieures à 50 m (Faraj, 2007).

b) Variabilité du poulpe et la structure hydrologique de la colonne d’eau

Cette section tente de dresser une partie de la complexité de l’interaction du poulpe avec son environnement physique en guettant tout particulièrement l’effet de l’upwelling et la stratification hydrologique de la colonne d’eau. Pour ce faire, une matrice de données scindée en des variables hydrologiques et celles des indices d’abondance et de recrutement du poulpe sont confrontées en utilisant une analyse factorielle et des tests statistiques. Ceci afin de visualiser les affinités qui peuvent exister entre les deux composantes (Idrissi, 2010).

Les données biologiques utilisées sont les indices d’abondance spatialisés du poulpe (rendements demi horaires ) issues des campagnes scientifiques de chalutage menées pour l’évaluation des céphalopodes pendant la période 2001 - 2004. La matrice des composantes biologiques se limitera donc à l’abondance du poulpe (AB) en termes de poids et l’indice de recrutement (IR) calculé pour chaque station. Les données hydrologiques sont les prélèvements de la sonde CTD durant les campagnes conduites à bord du N/R «Dr Fridtjof Nansen», en les périodes de mai-juin et novembre-décembre des années 2001 à 2004. D’autres facteurs, indicateurs de la structuration de la colonne d’eau, sont dérivés de ces données; la thermocline (In_Therm), sa profondeur par rapport au fond marin (Prf_relative), la température moyenne de la colonne d’eau, la température , la salinité et l’oxygène dissous à la surface et au fond marin. Un indice d’Upwelling (UP) est aussi calculé au niveau des radiales de prélèvement CTD, et ce à partir des données satellites de la SST. Les dates d’extraction de cet indice coïncident, à quelques jours près, avec les dates de prélèvement des paramètres biologiques. A chaque couple «station hydrologique- indicateur biologique» sont associées les composantes physiques qui sont analysés par des tests statistiques (test de Pearson) et la méthode factorielle (AFM).

• Les principaux résultats du test de corrélation de Pearson sont synthétisés dans le tableau suivant ((Idrissi, 2015) en cours) alpah, 0.01) Coeff.Pearson

(valeur absolue) Tr

(valeur absolue) tµ

(alpha/2) AB In_Therm 0.014 0.06 0.339

Prf_relative 0.05 0.987 IR In_Therm 0.167 1.268

Prf_relative 0.419 8.664

A partir de cette analyse exploratoire, on constate que l’abondance du poulpe n’est pas corrélée avec les paramètres de la thermocline, tandis que l’indice de recrutement (IR) est significativement corrélé avec la profondeur de la thermocline.

• Les résultats de l’analyse factorielle multiple (AFM) sont comme suit :

Le plan factoriel (F1*F2) explique 50.52% de la variance totale, récapitulant ainsi une part prépondérante de la matrice initiale analysée. Selon l’axe (F1), l’indice Prf_relative est fortement corrélé aux deux indicateurs biologiques illustrés par l’abondance du poulpe et l’indice de recrutement. Par contre, sur

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l’axe (F2), la température du fond, l’oxygène de fond et l’indice d’upwelling sont les mieux présentés et s’opposent négativement à l’indice de la thermocline. La situation hydrologique de l’écosystème de l’atlantique sud marocain varie tant au niveau saisonnier et interannuel qu’en fonction de la latitude. Durant la période d’étude (2001-2004), des anomalies thermiques ont été enregistrées en 2002 et ont été plus saillantes en 2004. En effet, les données de la climatologie, ont affirmé une anomalie de température positive décelable en 2002 et en 2004 et qui s’est traduite par une légère relaxation de l’upwelling dans les eaux marocaines (Mekaoui, 2008), tandis que la thermocline a atteint son amplitude maximale en 2004 (Idrissi, 2010). D’après (Idrissi, 2010), la confrontation de la configuration spatiale de l’abondance du poulpe avec la température moyenne de la colonne d’eau a révélé que les petits poulpes évoluent au sein de la couche homogène des eaux chaudes, de température avoisinant 19°C en été et plus de 22°C durant la saison automnale. Les adultes ayant tendance à quitter les eaux chaudes cherchent des zones fraîches vers le fond ; ce cas est nettement marqué durant les deux années chaudes, 2002 et 2004. Ceci laisse envisager que les jeunes poulpes tolèrent le réchauffement et le changement de la température de leur habitat, probablement pour des raisons trophiques ; pour maximiser leur croissance somatique durant la phase sensible où ils sont exposés à la prédation (Katsanevakis, 2004), tandis que les sub-adultes et les adultes ont recours aux eaux fraîches, moins salées. Des préfèrendums des composantes hydrologiques suivies chez les différentes classes de poulpe sont dressés dans le tableau suivant (Idrissi, 2015 (en cours)).

Pour récapituler, à cette phase exploratoire, une certaine interaction positive aurait lieu entre le poulpe et la profondeur de la thermocline. Le recrutement est corrélé à l’oxygène de fond, à la température de fond et à la profondeur de la thermocline, tandis que les adultes sont anti-corrélés à la profondeur de la thermocline. En effet, les jeunes poulpes qui viennent de régler leur mode pleinement benthique semblent, au contraire des grands adultes, favoriser un gradient maximum de la thermocline. Il est à rappeler que des auteurs ont aussi abouti à des résultats similaires, nous citons ici l’étude récente de (Roura, 2013) sur l’écologie des para-larves des côtes atlantiques marocaines et portugaises. D’autre part, aucune relation significative entre l’indice d’upwelling et les indicateurs biologiques n’ont été confirmée. Ce constat a été aussi signalé dans la zone marocaine par d’autres auteurs. L’analyse factorielle initiée dans cette étude reste encore à une phase exploratoire pour se prononcer sur les interactions significatives de l’espèce avec les facteurs de l’environnement. Toutefois, afin d’aboutir à des résultats concluants, les études sont à approfondir pour tester l’effet de cet indice sur d’autres indicateurs biologiques du cycle vital du poulpe (la croissance, la reproduction et la fécondité). Des séries chronologiques plus longues et d’autres facteurs à plus grandes échelles sont aussi à considérer pour définir des situations de référence et détecter ainsi d’éventuels déplacements du centre de gravité de la distribution qui seraient dus, soit au changement de l’environnement soit au régime intensifié de la pêche.

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Références bibliographiques

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COMMUNAUTÉS Á INTERÊT

ÉCOLOGIQUE

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PAR :

TAI L., K. MANCHIH, H. MASSKI, S. BENCHOUCHA ET M. MALOULI IDRISSI

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Contexte Le Maroc se distingue par sa position géographique privilégiée entre l’Europe et l’Afrique, son étendue sur l’Atlantique à l’Ouest et la Méditerranée au Nord et par la diversité bioclimatique de ses côtes. Il présente des caractéristiques hydrologiques et géomorphologiques particulières. Le fond marin présente une alternance de substrats très distincts ; meubles, sableux, vaseux, durs, rocheux et coralligènes. Du point de vue hydrologique, les côtes marocaines constituent une zone de transition de masses d’eaux de densités et d’origines différentes. Toutes ces spécificités ont contribué à façonner l’un des patrimoines écologiques les plus variés du monde. Selon l’étude nationale sur la biodiversité (ENB, 1998), les ressources marines marocaines sont des plus riches et des plus diversifiées du bassin méditerranéen et du proche atlantique.

Le Maroc a déployé beaucoup d’efforts pour préserver ses richesses halieutiques, depuis environ trois décennies. Ces efforts se sont renforcés après son engagement à la Convention de Diversité Biologique (CDB). Cette Convention a été signée par le Maroc à Rio le 13 Juin 1992 et ratifiée le 21 Août 1995. Il convient de rappeler que le terme « biodiversité » ou « diversité biologique », fut définie par la CDB de Rio (1992) comme étant : « la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; ceci comprend la diversité au sein des espèces et entre les espèces et celle des écosystèmes » (http://www.cbd.int/convention/convention.shtml).

Plus récemment, le Maroc a entamé le processus de révision de sa Stratégie et de son Plan d’Action sur la Biodiversité (SPANB) qui impose une vision, fondée sur les nouvelles donnes à l’échelle planétaire. La nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité tient compte, d’une part, des programmes sectoriels nationaux actuels ou qui sont à venir et des priorités nationales en matière de conservation et de valorisation de la biodiversité (terrestre et marine), ainsi que des préoccupations internationales exprimées à travers le plan stratégique 2011-2020 de la CDB et des objectifs d’Aichi, d’autre part.

Ainsi pour assurer la pérennité de ses ressources halieutiques, le Département de la Pêche Maritime a lancé en 2009 sa Stratégie Halieutique, mettant en œuvre le « Plan Halieutis », qui implique une gestion orientée vers la durabilité de l’exploitation des ressources halieutiques, en intégrant des préoccupations écosystémiques. Dans ce contexte, la compréhension de l’écosystème marin dans sa globalité et l’élargissement du champ d’actions, sur le plan de la gestion, aux espèces avec peu ou pas de valeur commerciale, se sont inscrits parmi les axes de recherche de l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH).

Le présent document synthétise les résultats des principaux programmes menés par l’INRH, particulièrement par le Département des Ressources Halieutiques et dont les thématiques de recherche ciblent la compréhension du fonctionnement des écosystèmes marins marocains, à travers l’étude des communautés ayant peu ou pas de valeur commerciale, mais présentant un grand intérêt écologique.

I. BIODIVERSITÉ MARINE DES CÔTES MAROCAINES 1) Inventaire faunistique global

Les espèces marines, encore incomplètement répertoriées, comptent environ 7825 espèces connues, dont 7136 espèces animales et 689 espèces végétales (DE, 1998, 2014).

Les espèces animales sont caractérisées par la dominance de 3 grands groupes :

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a) Les arthropodes

Ils sont constitués essentiellement de crustacés avec 1925 espèces, ce qui représente 27 % de l’ensemble des espèces marines animales.

b) Les mollusques

Ils sont composés majoritairement de gastéropodes et de Bivalves avec 1596 espèces, représentant 22 % de l’ensemble des espèces marines animales.

c) Les vertébrés

Ils sont constitués en grande partie de poissons avec 1145 espèces, représentant 16 % de la totalité des espèces marines animales.

Ces trois groupes constituent dans leur ensemble plus de 65% de la diversité faunistique marine du pays.

2) Inventaire des peuplements des fonds chalutables de la côte atlantique marocaine

La côte atlantique marocaine a bénéficié d’un suivi scientifique régulier depuis les années 1980, au moyen des campagnes de prospections par chalutage expérimental de fond, à bord du navire de recherche Charif Al Idrissi. Ce programme a été mis en place par l’INRH pour produire les indicateurs nécessaires à l’aménagement des pêcheries démersales installées dans cette zone. Il génère, également, une masse d’informations considérable sur les peuplements marins. Bien que variable dans son niveau de détail et dans les méthodes usitées pour sa constitution, cette série historique constitue une base d’une grande richesse pour l’étude des peuplements de la mégafaune inféodée aux substrats chalutables. Deux zones ont été prospectées à savoir ; la zone nord comprise entre le Cap Spartel et Sidi Ifni qui est prospectée pour le suivi du stock de crevettes et la zone sud comprise entre le Cap Boujdour et le Cap Blanc pour le stock de céphalopodes.

Le talus continental de la côte Atlantique marocaine a, également, été exploré dans le cadre de la coopération scientifique et technique entre l’Espagne et le Maroc. Trois campagnes, d’exploration des grands fonds, ont été menée conjointement par l'INRH et par l'Institut Espagnol d'Océanographie, entre 200 et 2000 m de profondeur, à bord du B/O « Viscondé De Eza ». Ces campagnes ont été effectuées en trois phases, d’un mois chacune et ont couvert toute la côte atlantique marocaine selon le calendrier suivant :

• Tanger – Agadir en 2004 ; • Agadir - Boujdor en 2005 ; • Boujdor – Cap Blanc en 2006.

L’objectif des campagnes consiste en : 1) l’analyse et la cartographie bathymétrique des zones du

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talus continental destinées à être explorées par chalutage et 2) l’inventaire qualitatif et quantitatif des espèces marines profondes.

La composition faunistique des différentes zones prospectées peut se résumer comme suit :

• Zone Nord comprise entre Cap Spartel et Sidi Ifni

Les prospections réalisées par l’INRH dans la zone comprise entre le Cap Spartel (35°47’N) et la région de Sidi Ifni (29°22’N), ont permis de recenser 334 espèces, soit 203 actinoptérygiens, 44 crustacés, 37 élasmobranches, 21 céphalopodes, 10 gastèropodes, 9 échinodermes, 6 bivalves et 4 cnidaires. Cet inventaire concerne, particulièrement, les espèces capturées sur les fonds chalutables, entre 20 m et 900 m de profondeur et qui ont fait l’objet d’une détermination taxonomique spécifique, jusqu’au niveau de l’espèce.

En termes de richesse spécifique, les familles d’actinoptérygiens, les plus riches en espèces sont les sparidés, les soleidés et les macrouridés. Les crustacés apparaissent de manière irrégulière et rarement en grandes quantités. Les élasmobranches sont constitués majoritairement des représentants des familles des rajidés et des dalatiidés. Les familles les mieux représentées des céphalopodes sont les octopodidae et les sepiidae, quoique, les calmars (l’encornet rouge Illex coindetii et le casseron commun Allotheutis subulata) et le poulpe commun Octopus vulgaris demeurent les espèces les plus abondantes de ce groupe.

Les peuplements inventoriés sont caractérisés par une dominance des espèces subtropicales suivies des espèces tempérées. Les espèces tropicales sont faiblement représentées et sont constituées particulièrement de crustacés et de céphalopodes. La majorité des espèces montre une large distribution bathymétrique, bien que, certaines d’entre elles présentent des distributions étroites, faisant apparaitre l’existence d’une éventuelle ségrégation spécifique.

Carte de la nature de fond et la bathymétrie (source INRH)

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• Zone Sud comprise entre Cap Boujdour et Cap Blanc

Les prospections du plateau continental de la zone comprise entre le Cap Bojador (26°N) et le Cap Blanc (21°N) sont réalisées, par l’INRH, entre la côte et 100 m de profondeur. 217 espèces ont été identifiées, avec un avantage numéraire très marqué des poissons osseux, tant en nombre d’espèces qui est de 154, qu’en nombre de familles qui s’élève à 54. Les poissons cartilagineux viennent en second rang avec 27 espèces, appartenant à 12 familles différentes, suivis des Céphalopodes et des Crustacés avec respectivement 16 et 14 espèces. Les Holothuries et les Ascidies étaient également capturées en grand nombre.

La majorité des espèces est d’affinité subtropicale, associée à des espèces tropicales et tempérées d’importance similaire.

Carte de la nature de fond et la bathymétrie (source INRH)

• Talus continental atlantique

Les prospections, réalisées dans le cadre de la coopération scientifique et technique entre l'INRH et l'Institut Espagnol d'Océanographie, ont concerné l’ensemble du talus continental atlantique, entre 200 m et 2000 m de profondeur. Ces campagnes scientifiques ont mis en évidence l’importance de la biodiversité marine au niveau de cet écosystème profond du talus continental. 650 espèces ont été identifiées dont 449 poissons, 119 crustacés et 82 céphalopodes. Un grand nombre d’espèces d’invertébrés benthique a, également, été capturé. D’importantes colonies d’holothuries et d’éponges ont été signalées, indiquant très probablement l’absence de toute exploitation.

Carte bathymétrique des côtes marocaines (source INRH)

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II. ESPECES MENACEES

1) Espèce menacées d’extinction

Le phoque moine (Monachus monachus) est l’une des douze espèces les plus menacées d’extinction à l’échelle mondiale.

Pour la conservation des colonies de phoque moine, le Maroc, tout comme les autres pays signataires de la Convention de Bonn, a pris la responsabilité de la conservation de cette espèce conformément au plan d’action 2005.

L’INRH s’était engagé à ; i) contrôler et suivre régulièrement les populations de phoque moine (suivi sanitaire du milieu marin, structures démographiques et paramètres biologiques de la colonie), ii) évaluer les interactions entre les activités de pêche et les phoques, iii) contribuer à l’étude de la variabilité génétique de l’espèce. Il est important de signaler que la fondation Espagnole pour la Conservation de la Biodiversité et son Habitat (CBD Habitat), intervient activement dans les opérations de suivi et de sauvegarde du phoque moine au niveau du Cap blanc, à travers l’Association Nature Initiative pour la partie marocaine et l’Association Najah pour la partie Mauritanienne.

La grande nacre (Pinna nobilis) C’est une espèce qui était très abondante en Méditerranée, surtout au niveau de la lagune de Nador. C’est l’un des plus grands coquillages existant dans le monde (elle peut dépasser 1 m de long). Elle est devenue rare actuellement.

Habitat du phoque moine (Cap Blanc)

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2) Espèces sensibles

• Le corail rouge (Corallium rubrum)

C’est une espèce relativement endémique de la Méditerranée. Elle est actuellement exploitée en Atlantique nord du Maroc, entre Cap Spartel et Larache. Les prospections de l’INRH réalisées au niveau de cette région, à bord des corailleurs, à des profondeurs allant de 40 m à 120 m, ont révélé l’existence de zones de densités moyennes à faibles au niveau de cette zone.

Conscient de la sensibilité du cette ressource, l’INRH préconise des taux d’exploitation assez faibles qui se traduisent par un quota limité par corailleur établi par le Département de la Pêche Maritime.

• Les élasmobranches

Les élasmobranches (requins et raies) jouent un rôle fondamental dans l’écosystème trophique. La plupart d’entre eux sont des prédateurs appartenant à des niveaux élevés de la chaîne alimentaire marine. Leur cycle biologique et leur dynamique de population différent de ceux de la plupart des autres poissons marins. En effet, ce groupe de poissons est caractérisé par un faible potentiel de reproduction en raison de leur croissance lente, leur maturation sexuelle tardive et leur faible fécondité. Contrairement aux poissons osseux, le recrutement des poissons cartilagineux est très dépendant du stock géniteur. Ceci se traduit par un faible taux intrinsèque d’augmentation de la population et une très faible résilience à la mortalité par pêche. Ces espèces sont particulièrement vulnérables à la surexploitation, le redressement de leurs stocks nécessiterait de longues années pour se remettre d’un épuisement dû essentiellement à des causes anthropiques.

• Les requins

A l’échelle mondiale, les requins sont soumis à un accroissement continu de la pression de pêche. Le développement incontrôlé de l’exploitation sur certains stocks a entraîné leur effondrement et, par conséquent, une réduction de leur biomasse. De ce fait, sur la centaine d'espèces de requins exploitées, une vingtaine d’espèces environ est en péril. Cette situation a poussé la communauté internationale à prendre conscience de la nécessité de réglementer la pêche et le commerce des requins et à mettre en place de nombreux programmes de suivi de ces populations. Ceci constitue l'objectif principal du Plan d'Action International pour la conservation et la gestion des requins (PAI-requins) élaboré par la FAO en 1998 et qui engage les pays membres dont

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le Maroc à élaborer des plans d’action nationaux pour la conservation et la gestion de ces stocks. A l’échelle nationale, la pêche des requins a connu un certain développement, en raison de la demande du marché en ces espèces et principalement pour leur foie. Sur la base des enquêtes menées par les équipes de l’INRH, un inventaire a été dressé à partir des débarquements, des captures accidentelles, des unités de la flottille côtière. 10 familles ont été répertoriées à savoir ; les Alopiidae, Carcharinidae, Cethorinidae, Centrophoridae, Dalatiidae, Triakidae, Scyliorhinidae, Hexanchidae, Lamnidae et Squalidae. Ces familles sont représentées par 20 espèces dont 4 pélagiques, 2 semi-pélagiques, 12 benthiques et 2 benthopélagiques. Parmi ces espèces, certaines font l’objet de protection légale établie par les instances internationales (IUCN, CITES…) et figurent sur la Liste Rouge de l’UICN comme espèces menacées de disparition ou vulnérables, il y a notamment Cethorhinus maximus, Hexanchus griseus, Carcharinus obscurus, Sphyrna zygaena et Dalatias licha (voir photos suivantes).

Espèces de requins identifiées dans les débarquements et inscrites sur la liste rouge de l’UICN

A l’issue des campagnes scientifiques réalisées par l’INRH, entre 2004 et 2006, dans le cadre de la coopération scientifique et technique entre l’Espagne et le Maroc pour explorer les grands fonds, les requins, au niveau du talus continental, ont représenté 29,7 % de la capture totale. 37 espèces ont été identifiées, dominées par Deania calcea (51 %), suivie de Centroscymnus coelolepis (13 %). Le reste des espèces n’a pas dépassé 5 % de la capture totale des requins chacune.

• Les raies

A partir des années 1990, l’exploitation des raies a évolué d’une pêche accessoire vers une pêche dirigée dans la majorité des pays développés, ce qui a conduit non seulement au déclin de plusieurs stocks de raies, mais également à la disparition complète de certaines espèces. Cette situation a poussé la communauté internationale à prendre conscience de la nécessité de réglementer la pêche et le commerce des raies et à mettre en place de nombreux programmes de suivi de ces populations.

Dans les eaux marocaines, Atlantiques et méditerranéennes, les raies sont capturées accessoirement par les unités de pêche côtière et artisanale. Sur la base des observations effectuées par les équipes de l’INRH, un inventaire des différentes espèces, de poissons rajiformes, a été dressé à partir des débarquements des unités de la flottille côtière. Six familles ont été identifiées à savoir ; les Rajidae, les Gymnuriae, les Mobilidae, les Dasyatidae, les Torpedinidae et les Rhinobatidae. Ces

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Familles sont représentées par 18 espèces dont certaines font l’objet de protection légale établie par les instances internationales. Parmi les espèces qui figurent sur la Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) et de la Convention Internationale pour le Commerce des Espèces (CITES) ; Mobula mobular, considérée comme espèce menacée, Raja clavata et Raja microocelleta, évaluées comme étant proches de la menace, Rostroraja alba, désignée comme espèce menacée (voir photos suivantes).

Les espèces de raies identifiées dans les débarquements et inscrites sur la Liste Rouge l’IUCN Tenant compte de l’importance écologique de ce groupe d’espèces, l’INRH a mis en place un programme de suivi des élasmobranches des côtes marocaines, afin de pouvoir répondre aux problématiques rencontrées dans la conservation de ces espèces.

Conclusion et perspectives : Les côtes marocaines, notamment la côte Atlantique, sont classées parmi les écosystèmes marins hautement productifs, à l’échelle mondiale. Ces écosystèmes sont d’une importance cruciale pour l’économie du Maroc. Ils sont, cependant, soumis autant aux aléas de la variabilité climatique dans un contexte des changements climatiques globaux, qu’aux pressions anthropiques diverses (pêche, pollutions, urbanisation du littoral...). Ainsi, les pressions et les menaces qui pèsent sur ces écosystèmes et sur leur biodiversité marine sont diverses. En dehors des espèces ciblées par la pêche, d’autres espèces appartenant à la biodiversité marine et côtière sont plus ou moins gravement menacées.

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Références bibliographiques utilisées CBD., 2007. La diversité biologique et les changements climatiques. 48 p.

Département de l’Environnement, 1998. Étude Nationale sur la biodiversité, rapport de synthèse. Ministère Délégué auprès du Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, Chargé de l’Environnement. Faune marine Observatoire National de l’environnement du Maroc « ONEM ».

Département de l’Environnement, 2014. Cinquième Rapport National sur la mise en œuvre de la Convention de la Diversité Biologique. Ministère Délégué auprès du Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, Chargé de l’Environnement.132p.

Etude Nationale sur la Biodiversité, 1998. Rapport de synthèse. Secrétariat d’État Chargé de l’environnement. Rabat, Maroc.

Frisk M.G., T.J. Miller & M.J. Fogarty, 2001. Estimation and analysis of biological parameters in elasmobranch fishes: a comparativelife history study. Can. J. Fish. Aquat. Sci., 58: 969-981.

Hamlett, W.C. 1999. Sharks, skates and Rays. The Biology of the Elasmobranch Fisheries. The John Hopkins Univ. Press, Baltimore and London: 516p

Manchih K., 2008. Synthèse des résultats relatifs à la capture des requins lors des campagnes de prospection des grands fonds par chalutage à bord du B/O Vizcondé De Eza 2004 – 2006. Rapport interne.14 p.

Masski H., 2008. Dynamique de la biodiversité exploitée en zone d’upwelling : Cas du peuplement du plateau continental saharien de la Zone Sud du Maroc. Rapport interne, CHALOUP. 30p

Moumni A., 2005. Contribution à la connaissance de l’état d’exploitation des requins en atlantique marocain, étude de la pêche et quelques aspects biologiques de Prionace glauca (Linnaeus, 1758). Mémoire de DESA. 117 p.

Stevens J. D., R. Bonfil, N.K. Dulvy and P.A. Walker, 2000. The effects of fishing on sharks, rays and chimaeras (chondrichthyans), and implication for marine ecosystems. ICES Journal of Marine Sciences, 57: 476-496.

Taï I., H. Masski, S. Benchoucha, A. Yahyaoui, A. Chaghif et H. Bazairi, 2013. Diversité et répartition des espèces demersales et benthiques des fonds chalutables de la côte nord atlantique marocaine : cap Spartel (35°47’N) - baie d’Agadir (30°26’N). Bull. Soc. zool. Fr., 138(1-4) : 305-322.

Taï I., 2006. Contribution à l’étude de la biologie et de l’exploitation de la raie étoilée Raja asterias (Delaroche, 1809) de la côte nord atlantique marocaine (Larache-Agadir). Mémoire de DESA. 96 p.

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CAS D’ÉCHOUAGES SIGNALÉS LE LONG

DU LITTORAL MAROCAIN

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PAR :

TAI I., H. MASSKI , K. MANCHIH, S. ABDELLAOUI, F.H. IDRISSI, S. BENCHOUCHA et M. MALOULI IDRISSI

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I. Contexte

Les échouages de cétacés et de tortues marines sont des événements variables et imprévisibles. Leur suivi constitue l’unique moyen, à faible coût, d’étudier ces populations, à travers l’examen des cadavres (détermination de l’espèce et du sexe, prélèvement de tissus pour des études écologiques et pathologiques, identification des causes probables de la mort).

Les échouages permettent de détecter sur le long terme, des changements dans les séries en termes de diversité spécifique, d’abondances relatives, de distributions géographique et temporelle, de causes de mortalité, etc. Un animal échoué, qu’il soit mort ou vivant, constitue une source précieuse d'informations. Il renseigne sur la dynamique de la population à laquelle il appartient, les dangers qui la menacent et la composition des écosystèmes en termes de biodiversité.

Le Département des Ressources Halieutiques de l’INRH assure, depuis les années 1990, le suivi des cétacés et des tortues marines, à travers un relevé des échouages le long du littoral marocain, Atlantique et Méditerranéen. Le présent document permet de donner un aperçu sur les espèces les plus fréquemment échouées le long du littoral marocain.

II. INVENTAIRE

Un total de 16 espèces de cétacés et 3 espèces de tortues marines ont été recensés sur l’ensemble du littoral marocain. L’état des cadavres a varié de frais à putréfié.

• Cétacés Les données relatives aux échouages des cétacés le long des côtes marocaines ont permis de répertorier les espèces suivantes :

• En Méditerranée

Familles Espèces Balaenopteridae Balaenoptera physalus (Linné, 1758)

Délphinidés Delphinus delphis (Linné, 1758)

Globicephala melas (Traill, 1809)

Grampus griseus (Cuvier, 1812)

Stenella coeruleoalba (Meyen, 1833)

Tursiops truncatus (Montague, 1821)

Phiseteridae Physeter macrocephalus (Linné, 1758)

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• En Atlantique

Familles Espèces Balaenopteridae Balaenoptera acutorostrata (Linné, 1758) Balaenoptera borealis (Lesson, 1828) Balaenoptera physalus (Linné, 1758) Megaptera novaenglia (Borowski, 1781) Délphinidae Delphinus delphis (Linné, 1758) Globicephala melas (Traill, 1809) Grampus griseus (Cuvier, 1812) Orcinus orca (Linné, 1758) Phocoena phocoena (Linné, 1758) Pseudorca crassidens (Owen, 1846) Stenella coeruleoalba (Meyen, 1833) Tursiops truncatus (Montague, 1821) Phiseteridae Physeter macrocephalus (Linné, 1758) Physeter catodon (Linné, 1758) Kogia brevceps (Blainville, 1838) Monodontidae Monodon monoceros (Linné, 1758)

• Tortues marines

En ce qui concerne les tortues de mer, trois espèces ont été identifiées le long des côtes marocaines à savoir ; la tortue caouane (Caretta caretta) et la tortue-luth (Dermochyles coriacea) et la tortue verte (Chelonia mydas). Avec toutefois une prédominance de la tortue caouane.

III. DISTRIBUTION

La répartition spatio-temporelle des spécimens échoués montre l’existence d’inégalités dans le nombre d’individus observés pour chaque espèce, aussi bien dans le temps que selon les zones géographiques d’échouage. La majorité des plages du Maroc a connu des cas d’échouage avec une forte concentration au niveau du détroit de Gibraltar. Il s’agit d’une zone maritime où le trafic maritime est très intense et où les activités humaine sont très importantes.

IV. SAISONNALITÉ

En général, une grande partie des échouages signalés se sont produits en été entre les mois de juin et août en Atlantique. En Méditerranée, le plus grand nombre d’espèces échouées a été signalé en avril (environ 25% des échouages). Les causes éventuelles de la mort de ces individus sont diverses et parfois incertaines. Parmi ces causes, il y a lieu de citer la collision avec des hélices des bateaux ; certains individus échoués présentaient des blessures profondes ou avaient perdu une partie du corps, ainsi que les captures accidentelles par les engins de pêche ; d’autres cadavres avaient des traces des engins de pêche.

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V. ESPECE LES PLUS FREQUEMMENT ECHOUEES SUR LE LITTORAL MAROCAINE

Les côtes marocaines constituent une zone d’importance pour plusieurs espèces de cétacés, en particulier pour les delphinidés qui dominent par le nombre d’échouage. Les espèces retrouvées échouées fréquemment sont considérées comme les plus abondantes. Les espèces de cétacés et de tortues les plus fréquemment échouées sur le littoral marocain atlantique et Méditerranéen se présentent comme suit :

Grand dauphin (Tursiops truncatus)

Dauphin commun (Delphinus delphis)

Dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba)

Rorqual commun (Balaenoptera physalus)

Petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata)

Globicéphal noir (Lobicephala melas) Cachalot (Physeter catodon)

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Baleine bécune de cuvier (Ziphius cavirostris)

INRH-Tanger

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INRH-Tanger INRH-CASA

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Tortue luth (Dermochelys coriacea) Tortue caouane (Caretta caretta)

VI. Conclusion

Tenant compte de l’intérêt général que suscitent les échouages des espèces marines, l’INRH a mis en place, à partir de janvier 2015, un Réseau National des Echouages. L’objectif est de pouvoir intervenir sur les différents cas d’échouages selon une approche participative, intégrant les différents intervenants gouvernementaux et non gouvernementaux impliqués dans la gestion des échouages. Ceci nécessite des efforts de coordination de la part de tous les intervenants en la matière avec la collaboration et l’appui des organismes internationaux, compétents en ce domaine.

VII. Références bibliographiques

Abdellaoui S. et K. Manchih, 2010, Echouage des mammifères marins sur les côtes marocaines. Document interne 8 p.

Abdellaoui S., 2010. Prospection des tortues marines le long du littoral méditerranéen du Maroc. Document interne 9 p.

Benchoucha S., S. Belcaid, C. El Fanichi, 2008. Echouage des cétacés et des tortues marines sur le littoral de la zone Larache-Saidia, durant la période 2005-2007. INRH. Document interne, 19 p.

Benchoucha S., S. Belcaid, Talbaoui E.M.,Elouamari N., El Fanichi C., M. Malouli Idrissi, 2014 Recensement des Cétacés à travers les échouages au niveau de la zone Larache – Saidia, durant la période 2003-2014. Troisième Conférence Biennale sur la Conservation des Cétacés dans les Pays du Sud de la Méditerranée (CSMC3). Jounieh, Liban.

Manchih K., F.H. Idrissi, I. Taï, 2012. Note succincte sur les échouages des cétacés le long de la côte Atlantique marocaine entre mars 2010 et mai 2012. INRH. Document interne, 5 p.

INRH-Tanger INRH-CASA

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