BULLETIN DES AMIS DU VIEIL ARLES POUR LA PROTECTION DE SON PATRIMOINE HISTORIQUE ET ESTHÉTIQUE

Siège social : place du Sauvage - 13200 ARLES

Numéro spécial LE PEINTRE ARLÉSIEN JEAN-ROCH ISNARD

(1845 - 1890) N° 96 Juin 1997

Photoportrait - 1888

SOMMAIRE

PRÉAMBULE

Par Henri CÉRÉSOLA .................................................................................... Page 1

Jean-Roch ISNARD par Gérald MOLINA NOTICE BIOGRAPHIQUE ................................................................................... Page 3

La Jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Page 5

L'Éclosion du talent .............................................................Page 9

L'Amertume .................................................................. Page 15

L 'Amour , l 'Ami t ié e t l 'Ex i l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 19

Retour au pays - Ép i logue ...............................................Page 45

CHRONOLOGIE DES EXPOSITIONS ET SALONS................................... .Page 52

INVENTAIRE DES ŒUVRES DANS LES MUSÉES PUBLICS ....................... Page 56

COTISATIONS : Chèque de 120 Frs et 150 Frs pour les abonnements hors de France, à envoyer aux A.V.A. Boîte Postale 30, 13633 Arles Cedex. Ne pas oublier de mentionner votre numéro d'adhérent au dos du chèque, C.C.P. 4439.15 Marseille.

PERMANENCES :

Le samedi de 14 h à 16 h au siège, 20 Place du Sauvage.

1er et 3ème Jeudi à 18 h : Cours de paléographie. Cours de Provençal : se renseigner au siège.

CORRESPONDANCE :

Toute la correspondance est à adresser à la B.P. 30, 13633 ARLES Cedex. Téléphone : 04 90 96 62 41 avec message enregistré sur répondeur concernant le programme des activités en cours.

PREAMBULE -

Gérald MOLINA, dont l'épouse est l'arrière-petite-fille du peintre

Jean Roch ISNARD, a réussi à retracer la vie et une partie du parcours pictural de cet aïeul disparu trop tôt de la vie, de la mémoire arlésienne et même de celle de sa propre famille où seuls quelques jalons précis avaient été conservés.

Le travail de recherches, de compilation, de contacts chez les particuliers, les bibliothèques et les Musées s'est révélé fructueux. Il survient à point, au moment où les petits maîtres du XIXe siècle reviennent à l'honneur. Il nous rappelle aussi une vie difficile, presque en lisière, de ces hommes de l'époque qui, par vocation ou talent ont choisi ce métier d'artiste, voulant être reconnu pour pouvoir vivre en fait tout simplement avec leur plaisir de créer.

En effet grâce à la correspondance inédite de Jean Roch ISNARD avec Émile FASSIN, que nous a obligeamment communiquée notre Président d'Honneur Maître Pierre FASSIN, cette vie de "météore" du peintre trop tôt disparu montre un attachement viscéral à notre pays malgré des déceptions professionnelles mal comprises, par l'intéressé et en relation avec des circonstances politiciennes qui lui étaient étrangères et bien loin d'être maîtrisées. Cet homme simple, qui s'attribue "un caractère hargneux et sec" (ANNEXE 4) attendait beaucoup plus de ses mérites que de ses démarches. On s'identifierait facilement dans ce "Journal" "à ce personnage un peu comme tout le monde aux prises avec les aléas et la diversité de l'existence. Croyant, bon père de famille, rêvant de son Plan du Bourg, "Lou pintre d'Arle" possédait aussi la langue provençale et en avait l'âme comme il l'écrivait à Frédéric Mistral d'une manière déférente et directe. Certainement il en désirait secrètement et officiellement une reconnaissance.

Le temps et l'histoire lui ont donné celle-ci et une revanche posthume, dérisoire peut-être mais pleine de symbolisme et de la preuve de son talent : en le faisant à nouveau, par cette toile offerte, trôner dans la maison restaurée du Maître de Maillane. Ce tableau représente à la fois la Provence et le Pays d'Arles qui apparaissent sans cesse en filigrane dans ses lettres et sa vie.

Ceci justifie mieux encore ce numéro-spécial consacré à une période animée du vieil Arles que nous offre son auteur.

Henri CERESOLA 1

Portrait de "Marguerite Louise

GRANGEON" - Dessin -

(Collection privée - Arles)

Carte de visite adressée à LEGRAND

Recto/Verso

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LE PEINTRE ARLÉSIEN JEAN ROCH ISNARD NOTICE BIOGRAPHIQUE

Pour Henriette, A mes parents,

J'ai intitulé mon propos "Notice biographique du Peintre Arlésien, Jean Roch ISNARD", car il ne s'agit pas d'un travail complètement abouti.

Bien qu'il s'agisse d'un artiste peintre quelque peu oublié de l'Histoire arlésienne, j'ai la chance de posséder encore de multiples indices et de forts nombreuses pistes de recherches. Un long travail de dépouillement d'archives tant publiques que privées m'occupera encore quelque temps...!

Pour le recollement de l'oeuvre elle-même, la recherche est rendue plus difficile, car elle ne s'oriente plus que vers des particuliers. Déjà nombreux sont ceux qui m'ont permis de consulter des documents, de photographier les oeuvres qu'ils détiennent. D'autres familles arlésiennes sont susceptibles de m'apporter de nouveaux éléments sur la production du peintre, sa vie elle-même,...

L'activité de "Peintre décorateur" de Jean Roch Isnard, pendant les années de jeunesse et d'apprentissage à Marseille m'est peu connue à ce jour. Celle qu'il développa lors de son séjour à Béziers, entre 1882 et 1888, si elle reste à compléter, vient d'être mise au grand jour grâce à une correspondance adressée à son ami Joseph Legrand, bourrelier à Arles.

Enfin que soient remerciées ici les principales personnes qui par leur érudition et leur disponibilité, ont ancré plus encore le virus de cette recherche... :

Monsieur Jean Maurice Rouquette, Conservateur des Musées d'Arles, Mme Dominique Serena-Allier, Conservateur du Museon Arlaten, Madame Evelyne Duret, Conservateur du Musée des Alpilles à St Rémy de Provence ; Mme Marie Christine Roquette, Conservateur du Musée de Salon et de la Crau ; Mme Nicole Riche, assistante au Conservateur du Musée des Beaux Arts de Béziers ; Mme Marie Pierre Foissy-Aufrere, Conservateur du Musée Calvet à Avignon ;.Mme le Maire de Maillane ; M. Charles Galtier, Conservateur du Musée Frédéric Mistral à Maillane ;

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M. Henri Céresola, Président des Amis du Vieil Arles ; M. Marcel Bonnet, écrivain, poète et majoral des Félibres ; M. Pierre Fassin, avocat ; M. et Mme Maurice Molinier de l'Académie d'Arles ; M. Christian Dubost, qui prépare une biographie du Félibre Crousillat ; M Raphaël Mérindol Mesdames Magali et Roberte Mestre ; le personnel du Fonds ancien de la médiathèque d'Arles ; mes vifs remerciements à Mme Sylvie Rebuttini, Conservateur des Archives Communales d'Arles et à l'ensemble du personnel de ce service, pour sa compétence, sa disponibilité et la sympathie qui m'a été témoignée tout au long de mes recherches ; au photographe établi tout près du Muséon Arlaten pour sa patience et la qualité de ses reproductions ; Michel Morra pour sa compagnie amicale de chercheur passionné. Enfin par manque de place, j'associe à cette présentation tous ceux très nombreux et en particulier les descendants du peintre et de son ami Legrand, que j'ai côtoyés, questionnés et qui m'ont tous apporté une part de succès et de découvertes.

Gérald MOLINA

"Autoportrait" 1879

Muséon Arlaten (Cliché Musée)

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LA JEUNESSE

Le 16 août 1845, est né Jean Roch Isnard au sein d'une famille de petits commerçants et d'artisans, arlésiens sur le patronyme Isnard depuis 1776. (1). Le père, Pierre Isnard dit "Lillambet" , cafetier est âgé de vingt-huit ans à la naissance de ce troisième enfant. Marie l'aînée est née le 25 juin 1839, Rose le 11 novembre 1841.

Pierre Isnard a repris la succession de sa mère Marie Peytret après avoir été cuisinier, et tient désormais le café familial rue Castillon (actuellement rue des Arènes), "Le Cabaret Neuf" avec son épouse Elisabeth Canin (2). Elisabeth âgée de vingt cinq ans est issue du milieu paysan local, père et grand-père Canin sont cultivateurs, notamment en Crau, au Mas dit de Canin, quartier de la Font de Valabre (3).

Le baptême de Jean Roch Isnard a lieu le 18 août en l'église St Julien, le parrain est Jean Cartier, marchand cordier et la marraine Elisabeth Chauvel (4).

Le logis familial, aussi situé rue Castillon où se côtoient le petit commerce et l'artisanat, trois cafés, une auberge, deux cordonniers... (5) abrite le jeune couple et ses trois enfants, Marie Peytret veuve Isnard, et Catherine Laudun une domestique (6).

Selon un état descriptif des cafés, auberges et hôtels d'Arles, émanant de la Police, on classe l'opinion du maître des lieux comme "ami de l'ordre" (7)

(1) Sur le patronyme Isnard, en comptant l'artiste, trois générations sont arlésiennes, le bisaïeul de Jean Roch Isnard ne l'est plus, il est né à Antibes. Ensuite en remontant le temps, nous avons répertorié trois autres générations établies sur Antibes (06). Nos dernières investigations laissent penser que nos recherches généalogiques n'en resteront pas sur cette dernière ville, on tendrait désormais à entrer dans l'arrière-pays et ses montagnes...mais c'est une autre recherche, un autre exposé.

(2) Archives familiales privées, Arles, notes d'Emile Fassin : "Le père d'Isnard tenait un café rue Castillon, le même qu'on appelle aujourd'hui Café des Deux Mondes. Il avait succédé dans ce petit commerce à sa mère. Isnard qui y avait gagné sou à sou de quoi acheter le "Cabaret Neuf" de M. Antoine Robolly".

(3) Archives Communales Arles, Canin Maurice le 20 juillet 1816 cote 11E86, Canin Claude le 9 nivose An IV ou 30 décembre 1795 cote 11E22.

(4) Archives du Diocèse d'Aix, Baptême de Jean Roch Isnard le 18 août 1845. (5) Archives Communales Arles, F10. (6) Archives Communales Arles, F10 (7) Archives Communales Arles, J 46.

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Le 9 avril 1852 décède à Apt, soeur Thérèse Gabrielle Isnard, Religieuse de l'Ordre de St Charles, dite soeur St Marcellin, soeur de Pierre Isnard. (8).

La tante de Jean Roch Isnard s'y prendra à deux fois entre le 3 mars 1852 et le 9 avril suivant pour rédiger son testament en faveur de son frère Pierre Isnard et de ses enfants.

Recommandation est bien faite à son frère de faire élever les filles dans une maison d'éducation dirigée par les Religieuses de St Charles, et le fils dans un collège ou un séminaire tout au moins jusqu'à ce que les uns et les autres aient atteint leur quatorzième année. (9)

En 1854, victime autant d'un revers de fortune que d'importantes crues du Rhône, Pierre Isnard quitte Arles avec sa famille pour Marseille. Sans doute fuit-il autant le mauvais sort que la dernière épidémie de choléra qui portera cette année-là le nombre de décès à 1 656 personnes.

A Marseille le domicile de la famille est établi pour la première fois en 1856 au N°3, rue de la Providence. Le père de Jean Roch Isnard retrouvera son métier de cafetier jusqu'en 1862 selon "L'Indicateur Marseillais" (10) pour y exploiter le "Café du Jeune Anacharsis", au coin de la rue du même nom. Entre 1856 et 1861 la famille résidera au N°36, rue des Dominicaines.

L'année 1861 verra le mariage le 9 octobre à Marseille de la soeur de Jean Roch Isnard. Rose Isnard épouse François Hypolyte Chabre, commis. Les Isnard habitent à ce moment-là au N° 10 de la rue Haxo à Marseille (1l).

Emile Fassin, ami de Jean Roch Isnard (ANNEXE 1), qui sera plus tard Conseiller auprès de la Cour d'Appel d'Aix et Historien du Vieil Arles note : "J'avais avec lui de vieux rapports de camaraderie qui remontaient à 1861, époque où il habitait Marseille, son père exploitait un café, rue du Jeune Anacharsis" (12).

(8) Archives Communales Apt . (9) Archives Départementales Avignon, Mtre Reynaud, 3E 4/979. Cet événement familial est à

relever pour les termes mêmes du testament de la tante de Jean Roch Isnard, et en particulier pour les conditions "religieuses" qui régissent le bénéfice de la dite succession qui compte tout de même et en autre, un bien immobilier... On verra plus tard dans notre chronologie que si ce n'est par l'influence de cette tante, religieuse, notre personnage sera particulièrement empreint d'une foi catholique inébranlable, sinon d'idéaux conservateurs qui n'auront pas toujours le meilleur effet sur la destinée de sa carrière....

(10) Archives Communales Marseille, "Indicateur Marseillais", Années 1861 1862. (11) Archives Départementales Marseille, 201 E 4376 Livre 6 Acte N°61. (12) Archives Privées Arles, notes manuscrites de M. Emile Fassin.

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Annexe 1

ARCHIVES PRIVÉES FAMILLE FASSIN, ARLES.

Correspondance de Jean Roch ISNARD à Émile FASSIN

Mas Thibert ce 25 juin 1879.

Bien Cher ami,

Je vois encore par ta lettre que le bon coeur vient en naissant et nous accompagne jusqu'au tombeau. Merci mille fois d'avoir fait revivre en moi ces souvenirs de jeunesse et de m'avoir confirmé cette amitié que j'éprouvais secrètement pour toi.

Tu recevras sous peu une modeste toile, une simple étude de boulevard principal du Mas Thibert, aujourd'hui même je vais y donner quelques touches pour animer le premier plan et y donner dans quelques jours un coup de vernis. Le courrier te remettra ce souvenir ou plutôt cette simple carte de visite, car j'espère bien t'offrir un jour une toile plus intéressante, c'est à dire une page de moeurs arlésiennes.

Étant très heureux d'être en si bon rapport avec toi, prochainement je t'écrirai plus longuement pour ce qui concerne ma carrière artistique. Encore une fois merci de la belle journée que je passe à lire ta lettre. Tout à toi.

Jean Roch ISNARD.

Portrait de "Rose Enfant" Troisième enfant de J.R. ISNARD

vers 1885 (Collection Privée - Avignon)

7

Livret - Verso Musée Granet - Palais de Malte

Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Aix-en-Provence

Livret des ouvrages de Peinture

•

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L'ECLOSION DU TALENT

Jean Roch Isnard a seize ans cette année 1861. Il connaîtra l'année suivante une première consécration de sa vocation précoce pour l'Art de la peinture à l'Exposition organisée par la Société Artistique des Bouches du Rhône en 1862. La toile admise s'intitule : "Paysage". On indique par ailleurs qu'il est un élève de M. Emmanuel Coulange (13).

Nous le retrouvons encore à Marseille cité sur le Livret de l'Exposition de 1863 de la Société Artistique des Bouches du Rhône. La toile présentée est : "Ruines de Montmajour", environs d'Arles (14).

C'est durant cette même année qu'il s'adonne à une activité de décoration de cafés sur Marseille, première manifestation de son activité de peinture décorative qu'il développera en de multiples occasions plus tard, sans doute sous la houlette d'un premier maître, qui se distingua lui aussi pour son art de la peinture décorative, M. Emmanuel Coulange Lautrec.

L'année 1865 voit le retour de toute la famille sur Arles. Le journal arlésien "Le Forum", du 3 juillet, confirme le retour du jeune peintre "après de sérieuses études" et nous révèle que la toile "Ruines de Montmajour" vient d'être admise à l'Exposition de Toulouse. Le même journal nous apprend que notre jeune talent excelle dans la composition de natures mortes et de fleurs. Jean Roch Isnard qui a vingt ans est exempté lors du recensement militaire de sa classe, aux motifs de : "mauvaise dentition et faiblesse dans les bras" (15). La force ne lui fera pas défaut pour tenir l'année suivante, à bout de bras palette de couleurs et pinceaux à l'Ecole des Beaux Arts de Paris.

Après avoir sollicité par lettre du Maire d'Arles, Monsieur Martin Raget, une subvention lui permettant de poursuivre ses études à Paris - subvention qu'il obtient au titre du budget supplémentaire de l'année 1866 pour la somme de 1 200 frs annuel - (16), Jean Roch Isnard sera admis le 19 septembre 1866 en qualité d'élève libre dans l'atelier de

(13) Livret d'Exposition de la Sté Artistique des BdR dans les salles du Musée de Marseille 1862, documentation Musée Granet, Palais de Malte, Aix en Provence.

(14) Livret d'Exposition de la Sté Artistique des BdR dans les Galeries de l'Union des Arts, Marseille 1863, documentation Musée Granet, Palais de Malte, Aix en Provence.

(15) Archives Communales Arles, Tableau recensement des classes de 1865-1866 du Canton Est H 25. (16) Archives Communales Arles, Délibérations du Conseil Municipal, séance du 12 janvier 1866, D 23,

page 428 et page 515.

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Tableau de recensement

Tableau de recensement (recto) Canton Est

`-‘

10

M. Léon Gérome, à l'Ecole des Beaux Arts de Paris. (17). Il résidera au début de son séjour à Paris, au 289, rue Saint Jacques.

En 1867, le Conseil Général des Bouches du Rhône sollicité par notre jeune peintre, repoussera une première demande de secours et d'encouragements, aux motifs que "le jeune Isnard, élève des Beaux Arts, est déjà pensionné par la ville d'Arles" (18). Le 21 mars, le Surintendant des Beaux Arts de Paris, écrit au Directeur de l'Ecole des Beaux Arts pour s'enquérir des progrès, de la conduite de l'élève Isnard, sur demande faite par la Ville d'Arles (19). Réponse est faite le 3 avril par le Directeur de l'Ecole des Beaux Arts de Paris, qui confirme les bonnes dispositions de l'élève : "...bien que ce jeune homme soit depuis peu de temps dans son atelier, M. Gérome a remarqué chez lui, une aptitude sérieuse et une grande bonne volonté, il est content de son assiduité et de son zèle, et le croit digne de l'intérêt que lui porte sa ville natale" (21)

Le Conseil Général des Bouches du Rhône en 1868, accorde à l'élève Peintre, Jean Roch Isnard, une première allocation de 500 frs annuels, qui sera reconduite sur recommandation de son maître Léon Gérome, allocation qui complète les encouragements de la Ville d'Arles, et assure au récipiendaire un confortable revenu (21).

La Ville d'Arles, bien représentée dans le coeur et dans les oeuvres de Jean Roch Isnard, reconduit pour l'année 1869 la pension de 1 200 frs et confirme son aide par l'insertion au budget de l'année suivante de la même subvention (22).

A Marseille, deux toiles sont admises par la Société Artistique des Bouches du Rhône : "La Lavandière" et "Une rue d'Arles" (23).

(17) Archives Nationales, Paris, AJ52 263 et AJ52 246. Curieusement, son dossier, immatriculé N°4029, ne comporte pas son admission à l'Ecole, ce qui est également confirmé par son absence dans les concours des places de 1866 et de 1867 et dans le registre d'inscription des élèves (Archives Nationales, AJ52 235).

(18) Archives Communales Arles, Procès Verbal des délibérations du Conseil Général des Bouches du Rhône, session ordinaire de 1867.

(19) Archives Nationales, Paris, dossier élève Isnard N°4029, AJ52 263. (20) Archives Nationales, Paris, dossier élève Isnard N°4029, AJ52 263. (21) Archives Communales Arles, Procès Verbal des délibérations du Conseil Général des Bouches du

Rhône, session ordinaire de 1868. (22) Archives Communales Arles, Délibérations du Conseil Municipal, séance du 11 janvier 1869, D 24

Page 142. Lors de la séance, malgré quelques voix qui s'élèvent pour trouver trop élevée la pension accordée au Peintre, notamment par comparaison à celle obtenue en son temps par le Peintre Fouque (500 frs), l'unanimité est tout de même réunie pour le présent budget et lors de la séance du Conseil en date du 19 novembre suivant : "La subvention à Isnard„ peintre (art. 144) est votée avec la condition expresse que cette allocation est inscrite au budget pour la dernière fois".

(23) Livret d'Exposition de la Sté Artistique des Bouches du Rhône 1869, documentation Musée Granet, Aix en Provence.

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"Une rue d'Arles" vers 1869

Muséon Arlaten (Cliché Musée)

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Pour l'exposition suivante, le journal Le Forum du 25 avril annonce que deux toiles présentées au Salon de Paris ont été reçues : "La Lavandière" et "L'intérieur de ma Chambre".

En effet le 1er mai s'ouvrira le Salon de Paris, au Palais des Champs Elysées et ainsi la première participation de Jean Roch Isnard au Salon.

Le livret explicatif des ouvrages présentés nous renseigne sur les deux adresses du Peintre données à cette occasion, l'une toute à fait familiale à Arles 40, rue Saint Roch et la seconde à Paris, 36 rue des Ecoles, nouvelle adresse du Peintre (24). Le journal Le Forum daté du 9 mai, décrit de manière détaillée et élogieuse les deux toiles retenues par le Jury du Salon, et précise à propos de la toile "Une rue d'Arles" que "le sujet d'un second tableau est dû à l'aspect d'une des rues de notre ville, si curieuses et si pittoresques, qu'un peintre de haute notoriété disait que la représentation en peinture, des carrefours et des coins de rue d'Arles, recelait la fortune et la réputation d'un artiste".

Le Forum précise encore que le célèbre peintre suisse Auguste Henri Berthoud, qui a séjourné à Arles durant cinq mois, a utilisé l'atelier de Jean Roch Isnard cédé par ce dernier au moment de son départ pour Paris (25). Le Forum du 29 août, sous la plume de Léopold Aparicio, correspondant à Paris du Forum Républicain et auteur de la "Cigale à Arles" en 1877, reprend la description des deux toiles acceptées au Salon de Paris.

L'engouement pour les Beaux Arts va croissant durant cette année 1869. Depuis le début de cette année le Congrès Scientifique de France lors d'une de ses réunions à Arles a émis l'idée de l'établissement dans cette ville d'un Ecole des Beaux Arts. Le Maire d'Arles, M. Moutet va déclarant de son côté que "tout concourt à favoriser l'établissement de cette école des Beaux Arts dans la ville d'Arles..." (26).

Le 6 février 1870, Jean Roch Isnard écrit au Maire d'Arles pour solliciter le poste de professeur de dessin, laissé vacant par la disparition de son dernier titulaire, M. Dumas (27). Cette première lettre inaugure une période qui ira jusqu'en 1874 (année où les passions arlésiennes s'apaiseront enfin), riche en événements de toutes natures autour de ce poste tant convoité de professeur de dessin, où notre peintre sera l'un des prétendants les plus tenaces.

(24) Livret d'Exposition des ouvrages de Peinture et Sculpture Paris, Palais des Champs Elysées 1er mai 1869, Documentation Musée Granet, Aix en Provence.

(25) Médiathèque Fonds Ancien, Arles, Journal Le Forum du 30 mai 1869. (26) Médiathèque Fonds Ancien, Arles, Journal Le Forum des 10 et 17 janvier 1869. (27) Archives Communales Arles, dossier Ecole des Beaux Arts R4 R17 R10 et Archives Départementales

Marseille dossier 4T9 Ecole Municipale de Dessin . Ces deux dossiers contiennent l'essentiel de nos références (avec la correspondance adressée au Maire d'Arles, conservées aux Archives Communales) sur la question, et l'agitation autour de l'Ecole de Dessin...

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Salon de Paris 1870

Salon de Paris – Recto 1870

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L'AMERTUME

Les intervenants seront tout aussi multiples que les péripéties politiques et artistiques qui mettront sur le devant de la scène arlésienne les plus célèbres jusqu'aux plus inconnus (28). L'année 1870 c'est aussi une seconde participation de Jean Roch Isnard au Salon de Paris qui s'ouvre en mai au Palais des Champs Elysées.

Deux toiles y sont retenues, représentatives toutes deux de la ville natale inspiratrice permanente de l'oeuvre : "Le Marchand de Santibelli à Arles" et "Les Platanes des Champs Elysées à Arles" (29).

En août, le peintre quitte Paris pour Arles, où le Maire lui a promis le poste de professeur de l'Ecole de Dessin de la ville. Le 30 octobre, nouvelle lettre au Maire, pour solliciter le poste de professeur de dessin. Jean Roch Isnard s'y recommande de ses maîtres, Gérome et Boulanger, du Comte de Nieurvervkerke, Surintendant des Beaux Arts, produisant des certificats et des lettres de recommandation de ces derniers.

Jean Roch Isnard multiplie les démarches, recherche des appuis pour accéder au poste toujours vacant de professeur de dessin. Le 24 janvier 1871 il écrit une longue lettre au Maire d'Arles, Monsieur Agustin Tardieu, lui demandant qu'enfin une réponse soit faite à sa requête. Cette lettre est motivée par les candidatures qui se sont portées à cette nomination, et par la rumeur de l'organisation d'un concours destiné à pourvoir ce poste.

La bataille qui fait rage autour de cette fonction parait bien dérisoire entre la guerre franco-allemande de 1870 et 1871 et les événements de la Commune à partir du printemps 1871.

Le 7 mai, Jean Roch Isnard écrit au Préfet des Bouches du Rhône, le Contre Amiral Cosnier, qui dans un premier temps n'est pas favorable à la désignation du professeur, par le Maire d'Arles ou par tout concours organisé à son initiative.

Malgré les bouleversements d'une période qui n'assure plus la stabilité et la sûreté des pouvoirs en place, les recommandations, les

(28) Successivement seront mêlés bien sûr les premiers magistrats de la Commune, pour la période de 1870 à 1874, Achille Moutet, Augustin Tardieu, Comte Louis Remacle, Augustin Tardieu à nouveau, Légier Etienne Ambroy et enfin Léon Joseph Mauche, qui seront tour à tour, acteurs défenseurs ou opposants à la candidature de Jean Roch Isnard. Préfets, Recteur d'Académie, Ministère, personnalités parisiennes, régionales et arlésiennes ne seront pas absentes non plus du débat et de l'intrigue... Cet épisode de la vie du peintre mérite à lui seul une présentation détaillée, nous ne pourrons qu'y revenir...

(29) Livret d'Exposition des ouvrages exposés au Palais des Champs Elysées, à Paris le 1er mai 1870, documentation Musée Granet, Palais de Malte, Aix en Provence.

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"Vieille Arlésienne" ou Portrait d'une Arlésienne agée - 1871 Muséon Arlaten - (Cliché Musée)

intrigues vont bon train encore, le 9 mai, le Marquis d'Aramon écrit au Surintendant des Beaux Arts à Paris pour appuyer la candidature de Jean Roch Isnard à la fois pour ses mérites artistiques, mais surtout par des arguments politiques qui ne favoriseront guère notre peintre dans ces temps troublés.

Le concours aura lieu tout de même à Marseille, malgré les protestations de M. Cambe, Artiste Peintre arlésien et professeur de dessin au Pensionnat Bréguier, le plus tenace opposant à ce mode de désignation.

Le 10 mai, le Recteur d'Académie M. Vielle, chargé de l'organisation sur la demande du Maire d'Arles, écrit au Préfet pour justifier la mise au concours du poste vacant et reproche en même temps le refus de participation de Jean Roch Isnard à cette épreuve.

C'est finalement le sculpteur Dieudonné d'Arles qui obtient le succès au concours, ce qui accentuera la polémique sur le bien fondé de la nomination d'un sculpteur comme professeur de dessin..., "l'affaire" durera encore après la publication du compte rendu des épreuves par le Jury marseillais qui n'hésitera pas à constater "...le concours est faible.

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L'épreuve orale a paru à peu près suffisante, mais le motif d'ornement modelé a été d'une composition et d'une exécution médiocres ; l'académie dessinée d'après la bosse n'a pas donné non plus un résultat satisfaisant et a démontré l'inexpérience des deux concurrents dont l'un d'ailleurs est sculpteur et l'autre architecte (circonstances atténuantes)."... !!!

"La Gazette des Bouches du Rhône" datée du 25 juin 1872, présente dans ses colonnes une oeuvre de Jean Roch Isnard, exposée à Arles à la vitrine de Monsieur Manson fils, doreur : "Les bords du Rhône", toile de grande dimension, caractéristique de l'inspiration familière du peintre pour le sol natal (30). Ce même journal nous renseigne sur le retour du peintre à Arles, après un vif succès remporté lors de la décoration des deux chapelles de l'église de St Pierre à Marseille (31).

En mai 1873, le Salon de Paris accueille une nouvelle participation du peintre avec une toile intitulée "Les Dévideuses" (32). En août de la même année, c'est l 'exposition de Nevers qui présentera : "Les Dévideuses" et "Le Puits" (33).

En 1874, Jean Roch Isnard est primé au Concours Troyon, organisé pour des artistes français âgés de moins de 30 ans.

« ... Le sujet donné était "Coup de soleil après l'orage". Ce tableau, un des meilleurs qui soient sortis de son pinceau, fait partie de la riche galerie de M. Anatole Cartier de Montmajour, à côté des Mignard, Vernet, des Largillière, etc." (34).

Dans la perspective de l'inauguration du pont de Trinquetaille et des fêtes publiques qui furent données les 24, 25 et 26 avril 1875, Jean Roch Isnard s'associant à M. Carrier (35), propose dans une lettre du 18 mars 1875 ses services au Maire d'Arles, pour des travaux décoratifs. Le 22 avri l , quasiment à la vei l le de l 'ouverture des festivités d'inauguration du Pont, le Préfet des Bouches du Rhône via la Sous Préfecture d'Arles, "autorise le Sieur Isnard, Peintre, à faire vendre sur la voie publique à l'occasion de l'inauguration du Pont de Trinquetaille, trois

(30) Médiathèque Fonds Ancien Arles, Journal La Gazette des BdR 25 juin 1872. Jean Roch Isnard exposera souvent notamment durant son "exil" à Béziers à la vitrine de M. Manson Fils.

(31) Nos investigations sur le sujet sont encore en cours, mais nous permettent de penser au moins que ces décorations ont été réalisées sous la forme de deux toiles l'une représentant une nativité, l'autre un moine, et peut-être sous la forme aussi de décorations murales. Seule la toile représentant une nativité subsiste aujourd'hui. L'oeil avisé d'un artiste peintre arlésien, nous a fait noter comme un élément de preuve une similitude d'attitude, de position, entre un personnage réalisé sur cette nativité et une autre toile signée du peintre. D'autres preuves restent à réunir...

(32) Livret d'Exposition, Palais des Champs Elysées, Paris le 5 mai 1873, Bibliothèque de l'Ecole des Beaux Arts de Paris.

(33) Livret d'Exposition, Sté des Amis des Arts de la Nièvre 1873, Archives Communales de Nevers. (34) Archives Privées Arles, notes manuscrites de M. Emile Fassin. (35) Archives Communales Arles, D 367.

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photographies sortant des ateliers de Monsieur Chaine, photographe à Arles" (36). La comptabilité municipale établie à cette occasion, nous révèle que Jean Roch Isnard a par ailleurs participé à des décorations lors de cette manifestation.

(36) Archives Communales Arles, J 45.

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Copie d'une autorisation de Colportage lors des fêtes d'inauguration du Pont de

Trinquetaille (Archives Communales - Arles)

Offre de réaliser des peintures décoratives lors de

l'inauguration du Pont de Trinquetaille

(Archives Communales - Arles)

L'AMOUR, L'AMITIÉ, L'EXIL

En décembre 1876, Jean Roch Isnard fait notifier à sa mère Elisabeth Canin, veuve de Pierre Isnard - par un Acte Respectueux dressé en l'étude de Maître Robert, notaire à Arles, 20 rue Castillon (rue des arènes) - le mariage qu'il se propose de contracter prochainement avec Marguerite Louise Grangeon, fille de feu Félix Grangeon, cultivateur et de Catherine Louise Laugier (37).

Le 24 janvier suivant, le mariage de Jean Roch Isnard, trente et un ans et de Marguerite Louise Grangeon âgée de vingt ans, à Arles est l 'occasion de la reconnaissance par les deux époux, d'un enfant prénommé Jean Baptiste, né le 25 mars 1876 à Arles (reconnu par la mère le 7 septembre 1876). Comme on pouvait l'imaginer après la constitution de l'Acte Respectueux, la mère de l'époux ne sera pas présente à la cérémonie. Après le mariage, le couple s'installe à Salon de Provence, rue d'Avignon où le décès de Jean Baptiste éprouvera le couple le 6 avril 1877.

"Durant le mois de juin 1877, Jean Roch Isnard vient chaque après-midi installer son chevalet près de la porte du Félibre Crousillat et peint la fontaine moussue, toile qu'il a pour projet de présenter à l'exposition de Paris de 1878. Parmi les flâneurs qui admirent le travail de l'artiste, le Félibre Crousillat". (38).

Ce sera le début de l'amitié entre les deux hommes. Le célèbre poète ira jusqu'à consacrer l'artiste peintre par un poème daté de juin 1877, qui sera repris dans son célèbre recueil "L'Eissame" (39)

Gràci au gàubi d'Isnard va courre tout Paris Per mira de Seloun la grando fouent verdalo Emé soun fier gisclet que cascaiejo e ris, E perlejo e retoumbo en trenello argentalo Grâce au talent d'Isnard, tout Paris va accourir

Pour admirer de Salon la grande fontaine verte Avec son fier jet d'eau qui chante et rit Et retombe en fines perles argentées.

(37) Archives Départementales Marseille, 405 E 1239.

(38) Selon l'ouvrage d'Henri Teissier "Crousillat, Doyen des Félibres", Edition du Régional, Salon de Provence 1948.

(39) "L'Eissame" Pouesio Diverse, per A.B. Crousillat (de Seloun), Editions Culture Provençale et Méridionale Marcel Petit, Raphèle les Arles.

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Sus un grand tablèu d'Isnard, d'Arle, retrasènt une visto interiouro de Seloun e qu'eu se prepausavo de manda, l'an d'après, â l'Espousicien universalo de Paris.

Graci au gaubi d'Isnard va courre tout Paris Per mira de Seloun la grando fouent verdalo Erné soun fier gisclet (1) que cascaiejo e ris, E perlejo e retoumbo en trenello argentalo :

Lou relogi auturous e que s'acouluris D'un rai que vièste d'or sa pouerto triounfalo La piatano giganto e que d'oumbro cubris La plaça ounte à mouloun l'ourtoulaio s'estalo.

Lei chato bruno e bloundo, aqui trèvon : ves-lèi Emé sa taio primo e soun mourroun d'elèit, E soun biais galantoun e sa bono avenenço !

E lou despatria davans lou gai tableu S'escridara ravi : «Vaqui ben moun souleu ! Respire l'aire pur de ma bello Prouènco !».

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Du 1er au 30 décembre, le peintre présentera à Nevers une toile : "Le Matin", à l'occasion d'une exposition de la Société des Amis de la Nièvre (40).

Le 1er janvier 1878 naît à Salon, Joséphine Marie Antoinette Isnard, seconde enfant du couple, qui aura pour parrain Joseph Hilaire Galas et marraine son épouse Marie Antoinette Galas née Autheman. Au Salon de Paris en mai est admise une toile intitulée : "Les Alyscamps à Arles" (41). Grâce à l'amitié d'Antoine Blaise Crousillat Jean.Roch Isnard donne des leçons de peinture, et a notamment pour élève le Peintre Joseph Théodore Valérian (1851-1910) qui sera aussi un élève de Monticelli et de Gérome (42).

Le Salon de Paris de 1879, accueille une nouvelle toile : "Le Braconnier de la Camargue" (43). Notre peintre livre aussi régulièrement ses productions aux regards de ses compatriotes arlésiens à la vitrine de M. Manson fils. (ANNEXE 2)

Le journal Le Forum rend compte d'un portrait dont la fidélité à reproduire la réalité d'un visage y est louée autant que critiquée en ce qui concerne "les couleurs qui d'un point de vue artistique ne sont pas assez douces, moelleuses et donnent ainsi un air sévère à la composition" (44).

Jean Roch Isnard et sa famille quittent Salon de Provence au début de l'année 1880, pour le hameau du Mas Thibert où réside la mère de son épouse. Avant de quitter la ville, il réalise un portrait du Félibre Antoine Blaise Crousillat qu'il emporte avec lui (45).

En mai le Salon de Paris présente une toile intitulée : "Séparation de Corps et de Biens", qui constituera la dernière participation du peintre à ce Salon parisien (46). Cette même toile sera proposée au mois d'août suivant à la ville d'Arles, qui ne s'en portera pas acquéreur (47).

(40) Notice d'Exposition 1877, Sté des Amis des Arts de la Nièvre, Bibliothèque Nevers. (41) Livret d'Exposition, Palais des Champs Elysées, Paris le 25 mai 1878, document Bibliothèque de

l'Ecole des Beaux Arts de Paris. (42) Les Dictionnaires Départementaux, Bouches du Rhône, dictionnaire et album, Editions E.

Flammarion Paris 1901, Bibliothèque Archives Départementales Marseille. (43) Livret d'Exposition, Palais des Champs Elysées, Paris le 12 mai 1879, document Bibliothèque de

l'Ecole des Beaux Arts de Paris. (44) Médiathèque Fonds ancien, Arles, Journal Le Forum du 17 août 1879. Sans doute que la dureté,

comme en d'autres temps, n'a pas toujours le côté "artistique" que l'on voudrait... (45) Selon l'ouvrage d'Henri Teissier "Crousillat, Doyen des Félibres", Edition du Régional, Salon de

Provence 1948. (46) Livret d'Exposition, Paris 1880, documentation Musée Granet, Aix en Provence. (47) Archives Communales d'Arles, Délibérations du Conseil Municipal, séance du 13 août 1880, D29

page 339.

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Annexe 2 ARCHIVES PRIVÉES FAMILLE FASSIN, ARLES. Correspondance de Jean Roch ISNARD à Émile FASSIN.

Mon Cher Ami,

Me voilà de retour de Nevers. Maintenant je suis à Salon où j'ai quelques peintures à faire. Aussitôt mon arrivée j'ai rendu visite à M. Bonnefoy qui dernièrement m'envoya un volume qui a pour titre " Essai poétique sur la Provence " et en causant des Lettres et des Arts, nous sommes arrivés à parler de toi. Il a même l'intention de t'envoyer un exemplaire de son ouvrage, seulement comme il ne pense pas exactement comme nous n'ayant plus rien à voir dans l'avenir, jouissant d'une belle fortune il reste fidèle à ses principes monarchiques et cultive les muses dans les moments de loisir que lui procure sa position de notaire en retraite. Il y a dans son livre des choses fort intéressantes sur notre bonne ville d'Arles, La Crau et La Camargue y sont peintes en trois sonnets très réussis, il a dans le dessein d'être apprécié par ton bon goût littéraire, en te priant de ne point t'arrêter à ses opinions conservatrices, connaissant de réputation le grand feu libéral qui règne dans l'esprit arlésien, il ne voudrait pour rien au monde froisser le sentiment qui t'anime. Je me suis empressé de lui dire que tu recevras son livre en vrai homme de lettres et surtout en bon provençal, c'est à dire en ne voyant que le côté littéraire et artistique. J'ai même la ferme assurance, que tu donneras les trois sonnets concernant notre terroir au journal Le Forum pour faire une réclame à l'ouvrage dont il tient à mettre quelques exemplaires en dépôts chez le libraire Éditeur du Musée. Pour ce qui concerne la publication du Musée que je suis heureux de posséder, je te prie de me faire compter parmi les abonnés, je tiens à recevoir ce volume tous les ans.

M. Bonnefoy attendra ta réponse pour savoir si tu l'autorises à t'envoyer l'Essai poétique sur la Provence. A sa place je l'aurai envoyé sans autre forme mais en homme sage et prudent il agit avec le temps.

Je te prie Cher Fassin, de penser à la place que je tiens à avoir dans notre Musée de peinture, tâche de faire voter une somme quelconque quand le temps arrivera le prix sera pour la forme et l'oeuvre pour la reconnaissance que je dois à ma bonne ville natale.

Je te serre la main et me dis ton ami dévoué. Jean Roch ISNARD.

Chez Mademoiselle Fournillier à Salon, Route d'Arles. Salon ce août 1879.

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Le 30 novembre, naissance au Mas Thibert du troisième enfant du couple, prénommée Rose, les témoins à la déclaration de naissance sont des amis du peintre au Mas Thibert, Blaise Meyffre, le boulanger, et Joseph Legrand, bourrelier qui ont signé avec le père. Jean Roch Isnard écrira le 4 décembre 1880 une lettre à Frédéric Mistral qui sera la première d'une série de correspondances avec le poète de Maillane (48). A cette courte lettre, le peintre joindra en hommage au poète provençal, ce que l'artiste désigne comme "un croquis" et qui est en fait un dessin aquarellé représentant la première entrevue de Vincent et de Mireille au Mas des Micocoules.

A Arles, fin janvier 1881, Manson Fils, expose deux toiles : "Une rue de Fos" et "L'Abandonnée", le Journal Le Forum critiquera ces deux oeuvres, écrivant notamment qu'il s'agit "d'oeuvres inachevées, d'esquisses..." (49)

Jean Roch Isnard est engagé à Marseille en ce début d'année 1881, par Etienne Prosper Berne-Bellecour, peintre militaire connu pour des scènes célèbres de la guerre de 1870. Il est, en compagnie de plusieurs artistes de la capitale et du peintre marseillais Toussaint, l'un des exécutants d'un panorama, "Le Siège de Belfort".

Ce projet, monumental par les aménagements qui l'entourent, l'est aussi par sa taille, pas moins de 115 mètres de pourtour et 14m50 de hauteur pour la représentation de cette scène militaire. La durée prévue pour cette réalisation est quant à elle de 5 à 6 mois (50). Durant cet engagement Jean Roch Isnard résidera à Marseille en compagnie de sa famille, rue de la Loge, chez M. Pilot, confiseur (51). C'est de Marseille qu'il écrira à Antoine Blaise Crousillat plein d'amertume "Hélas, trois fois hélas, me voilà peintre de bataille, de la grâce je passe au terrible, le rose des têtes gracieuses de nos provençales est remplacé par le rouge sanglant des culottes de notre armée.

(48) Lettre à Frédéric Mistral, Musée Frédéric Mistral à Maillane, cote document 113,5. L'ensemble de cette correspondance porte sur onze lettres, un dessin "aquarellé" et une toile offerte à Frédéric Mistral.

(49) Médiathèque Fonds Ancien Arles, Journal Le Forum du 30 janvier 1881. (50) Le Petit Marseillais du 7 février 1881, Document Archives Chambre de Commerce de Marseille. (51) Collection Privée Arles, lettre du 4 février 1881 à Joseph Legrand bourrelier à Arles et ami de Jean

Roch Isnard. Première lettre d'une longue et précieuse correspondance que nous devons d'avoir pu consulter grâce à l'amabilité d'un descendant de Joseph Legrand qui a eu l'intelligence de conserver ce courrier, témoignage aussi de sa propre histoire familiale. Cette correspondance tour à tour intimiste, amicale, fourmille d'informations rares et d'indices qui permettent une meilleure connaissance de la vie et de l'oeuvre du Peintre.

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Que voulez-vous, dans la vie, quand la fortune surtout ne vous rend pas indépendant..." (52), plus loin dans la même lettre se souvenant de Salon "...si vous saviez combien je l'aime, ce pays des oliviers vous auriez peine pour moi... Venez à mon aide, cher ami, en m'envoyant vos "Noëls", pensez à moi et surtout à mon sort".

Au début mars ce sont deux nouvelles toiles qui sont exposées à la vitrine de Manson fils à Arles : "La Place centrale du Mas Thibert" et "Le ravin du Talagar" (53). En mai Jean Roch Isnard participe à l'Exposition de Cahors : "Panneau décoratif de poissons" (54), qui lui vaut une médaille d'argent de lère classe (55). En juin il annonce à Frédéric Mistral (56) ses succès aux expositions de Nîmes et de Cahors.(la toile primée à Nîmes est intitulée "Après la pluie") (57).

Lettre à Mistral (Musée de Maillane)

Un amateur , M. A. Causse , professeur de mathématiques à C a h o r s e t p r o p r i é t a i r e à Trinquetaille, fait l'éloge de la toile primée dans cette dernière ville dans une lettre adressée au journal Le Forum :

ce tableau représentant un panier de poissons renversé sur les bords du Rhône, se distinguait dans la foule des tableaux exposés autant par la fraîcheur du sujet que par le brillant du coloris. Aussi plusieurs personnes se sont-el les déjà présentées pour l'acquisition de ce tableau et quelques unes, pleine de confiance dans le mérite du jeune art iste n'ont pas hésité à lui commander leurs portraits." (58).

(52) Lettre de J.R. Isnard au Félibre salonais Crousillat citée dans l'ouvrage d'Henri Teissier voir ci-dessus note 38.

(53) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal Le Forum du 6 mars 1881. La critique de ces deux nouvelles toiles va s'accentuant après l'article du 30 janvier 1881, signé lui aussi F.A "...n'est qu'une étude inachevée, à la nouvelle méthode".

(54) Livret d'Exposition des Beaux Arts, Cahors 1881, document Bibliothèque de Cahors. (55) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal Le Forum du 26 juin 1881. Ce même article confirme un

précédent succès, une médaille de bronze à une exposition de peinture à Nîmes, dont nous ne possédons pas le livret.

(56) Lettre à Frédéric Mistral juin 1881, Musée de Maillane, cote document 113,6. (57) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal Le Forum du 3 juillet 1881, qui cite par ailleurs un article

paru dans le journal "La Provence Artistique et Pittoresque" sur l'exposition de Nîmes et le prix obtenu.

(58) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal Le Forum du 24 juillet 1881.

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En ce début d'année 1882, Jean Roch Isnard se partage entre le Mas Thibert et Salon, où il retourne "régler ses dernières affaires". De nombreux portraits sur cette ville sont réalisés. La correspondance qu'échange le peintre avec son ami Joseph Legrand d'Arles, deviendra plus importante dès l'éloignement d'Arles, du Mas Thibert (59).

L'amitié de Joseph Legrand sera un lien indéfectible avec le sol natal. Le proche départ pour Béziers est ressenti comme un exil par l'artiste, de plus en plus amer de n'avoir pu chez les siens, au pays arlésien, faire valoir ses talents, comme d'autres en leur temps...

" .... Mais ceux qui connaissent l'histoire de Roulet, Ballechou, Réattu et autres noms, qui ont pu s'illustrer dans les arts, savent que les lauriers qu'ils ont cueillis n'avaient point poussé sur la terre de leur berceau...".

Au début mai notre peintre expose à Avignon une importante production (60):

"Cabane de pêcheurs au Mas Thibert" "Après la Pluie" Provence. "Le petit chemin de Beaumont" Nièvre. "Les Flamants" Camargue. Le Canard blessé" Camargue.

"Le Lot à Cahors". Le jury lui décerne une médaille d'argent et acquiert une de ses toiles (61).

En août il mettra en loterie (62) un grand tableau médaillé à la dernière exposition de Nîmes : "Après la pluie", et c'est le peintre qui décrit à son ami Legrand la toile ainsi : "...le paysage représente un vallon provençal entouré de rochers gris aux pieds desquels des bouquets d'arbres assez épais servent de bordure, au premier plan un ormeau centenaire comme celui du Mas Thibert s'élève vigoureusement sur le ciel gris, à l'horizon les nuages se dispersent et la lumière arrive dans les herbes du premier plan. Quelques habitants des champs profitent de cette humide journée pour venir chercher un fricot de coutards, le régal de nos ménagers..." (63).

Depuis fin juin la famille est installée à Béziers, 18 rue du Coq, puis avenue des Casernes, "Maison Burg-ues" , enfin à partir d'octobre 1882 rue du Moulin à Huile (64).

(59) Collection privée Arles, lettre à l'ami Legrand janvier 1882. (60) Livret d'Exposition du 6 mai 1882 Avignon, document Médiathèque Ceccano Avignon. (61) Collection Privée Arles, Lettre à l'ami Legrand du 20 octobre 1882. (62) Collection Privée Arles, Lettre à l'ami Legrand du 16 août 1882. Le billet de la loterie est à un francs,

et il y en a 350 pour cette toile intitulée "Après la pluie". Cette "technique de vente" semble permettre au peintre de mieux vendre certaines toiles, il l'utilisera régulièrement.

(63) Collection Privée Arles, Lettre à l'ami Legrand du 16 août 1882. (64) Collection Privée Arles, lettre à l'ami Legrand du 21 juin et 22 octobre 1882. La famille semble avoir

quelques problèmes d'installation sur Béziers...

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Le 20 octobre naît Germaine Isnard, quatrième enfant du couple. "J'ai mes oeuvres qui conserveront mon nom dans l'avenir, espérons-le du

moins, car je vois bien maintenant que le sexe faible sera toujours le produit de mon amour. Enfin, la femme est si gracieuse, si délicate, si aimable que je

passerai de bonnes heures au milieu de ces trois grâces, si Dieu veut nous laisser grandir en corps et en mérite surtout. Trois filles... en voilà assez, n'est-ce-pas ?" (65).

Au début mai 1883, Jean Roch Isnard acquiert sur plusieurs lots trois pièces de terres au Mas Thibert, et une cabane au lieu dit Les Cabanes. L'acquisition en est faite à l'oncle, de son épouse, Jacques Grangeon (66).

En cette fin d'année 1883, Jean Roch Isnard confie dans une correspondance adressée à Crousillat, qu'il continue toujours à peindre des scènes provençales. Suit la description d'une toile en cours, représentant une scène un jour de procession : "...C'est le matin, chacun commence à orner ses murs, des jeunes filles ornent la niche d'une madone, des enfants regardent leurs costumes d'enfants de choeur, enfin dans un plan plus éloigné, une femme âgée arrive avec une charge de gineste, qu'une personne aisée du quartier lui marchande. Les draperies commencent à s'étaler sur les murs, un pavillon avec un Saint Jean, peint à la leste, suspendu par une corde, traverse la rue. Enfin, la journée sera belle, le soleil éclaire les vieux murs provençaux ; vous voyez que par la pensée je suis toujours au milieu de mon pays, et de vous tous." (67).

Après le décès de Jean Baptiste il y a quelques années, le deuil frappe à nouveau la famille, c'est Germaine Isnard, âgée de dix sept mois qui décède à Béziers le 21 mars 1884. Jean Roch Isnard écrit à son ami Legrand une lettre particulièrement poignante (68). (cf. page 26). Malgré l'éloignement il fait réaliser les premiers travaux de construction de la maison au Mas Thibert, l'ami Legrand est un précieux allié tout au long de cette construction.

En mai, il expose à Carcassonne où il sera primé : "Cabane du Pêcheur" ; "Portrait de Mme X" ; "Intérieur d'Atelier" (69). En juillet, la famille réside en bord de mer près de Béziers, d'où l'artiste écrit à son ami Joseph Legrand : "Je m'aperçois que nous sommes restés un mois aux bains, où les billets de cent francs ne durent qu'une semaine..." (70).

(65) Collection Privée Arles, lettre à l'ami Legrand du 22 octobre 1882. (66) Archives Départementales Marseille, 404 E 1350 Etude Mtre Rigaud. (67) Lettre à Crousillat citée dans l'ouvrage d'Henri Teissier, voir note 38. Le croquis qui a servi à

l'élaboration de cette toile est aujourd'hui conservé au Muséon Arlaten. (68) Collection Privée Arles, Lettre à l'ami Legrand du 21 mars 1884. (69) Livret d'Exposition Sté des Arts et Sciences de Carcassonne 1884, document Archives

Départementales de l'Aude. (70) Collection privée Arles, lettre à l'ami Legrand non datée, 1884.

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"Un jour de procession à Arles" - 1883 Museon Arlaten

(Cliché Musée)

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Fin août, une nouvelle commande de travaux décoratifs parvient à Jean Roch Isnard par M. A Forgues, Architecte à la Compagnie des Chemins de Fer du Midi, qui lui demandera de décorer plus tard, les buffets des gares de Narbonne et de Cerbère (71).

Début septembre 1884, la famille séjourne à Cahors, où le peintre qui écrit avoir désormais de la besogne à Béziers pour tout l'hiver, y brossera en compagnie d'un jeune aide quelques mètres de peintures décoratives (72).

L'année 1884 s'avère être une période intense de projets qui se réaliseront pour l'activité de peintre décorateur de Jean Roch Isnard, activité qui consistera surtout en fresques sur murs et plafonds. En fin d'année, il réalisera aussi des plans pour la décoration d'un château sur Béziers (73).

Malgré les nouveaux succès de cette année 1884, les projets pour les mois à venir, la nostalgie du pays, de ce coin de terre du pays arlésien qu'est le Mas Thibert, reprend le dessus : "...je recherche une position qui me permette d'habiter une grande partie de l'année le Mas Thibert." "...car ces pays du midi sont d'une tristesse déplorable pour mes goûts d'artiste, et puis ici on ne vit aucune fraternité... Que de fois cher ami, j'ai les larmes aux yeux d'être obligé de vivre ainsi, j'ai bien des amis, mais leur fortune, leur rang, ne me permettent pas de les avoir à ma disposition. Il faut vivre entre nous, femme et .enfants. Jugez donc si notre bonheur est grand quand nous pouvons aller revoir nos amis, nos parents" (74).

En octobre, la famille fera le voyage vers Arles, à cause de la santé des fillettes, qui y passeront l'hiver. Joseph Legrand recevra, comme à l'accoutumé, la dépêche qui l'informera de la venue de la famille Isnard. Répondant toujours présent par son amitié, il louera l'habituel phaéton pour que l'artiste et sa famille parvienne à bonne destination au Mas Thibert.

En cette fin d'année 1884, de retour à Béziers, subissant quelques échecs à ses projets de décorations et de Salons, rendent encore le peintre amer : "... Pour arriver au Salon, comme partout, le talent est loin d'être suffisant, comme vous le dites, il faut des amis et ne pas craindre les intrigues,

(71) Collection privée Arles, lettre à l'ami Legrand du 26 août 1884, et lettre à l'en-tête de la Compagnie des Chemins de Fer du Midi adressée à J.R. Isnard, passant commande des travaux de Narbonne Cerbère.

(72) Collection privée Arles, Lettre à l'ami Legrand du 21 août 1884. (73) Béziers connut durant cette période de véritables fortunes faites sur l'expansion du vin et de

l'alcool, ce qui eut pour conséquence une floraison de constructions de demeures, de réfections et, d'aménagements de châteaux et de demeures de prestige, notre peintre ne s'y trouva certainement pas par hasard. Jean Denis Bergasse a intitulé plus que justement, son ouvrage sur les châteaux de Béziers, "L'Eldorado du Vin" (Editions Les Presses du Languedoc, 1994).

(75) Collection privée Arles, lettre à l'ami Legrand du 20 septembre 1884.

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"Vieille Dame au Chapeau" - 1871 Museon Arlaten

(Cliché Musée)

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même les manoeuvres les plus basses.. .11 n'y a donc que la nature..., un jour peut-être, en rêvant notre bien aimée Provence, la fée de la montagne de Corde, me prendra sous son aile protectrice et m'inspirera peut-être une oeuvre digne de ce pays que j'aime tant.", mais l'artiste poursuit tout de même son travail

"A propos de Fée, je commence une toile dont le sujet est tiré du Poème de notre célèbre Poète Provençal, "Mireille conduit Vincent chez la sorcière Taven". J'ai une autre composition sur le chevalet, mais moins avancée, c'est la sortie d'un baptême de St Trophime..." (75).

A la mi-décembre, le peintre commencera à adresser à son ami Legrand livres, objets d'art et toiles de peintres amis qui iront progressivement remplir l'atelier et la maison du Mas Thibert.

La correspondance échangée avec Joseph Legrand en ce début d'année 1885 témoigne de nouvelles difficultés, manque de travail, commandes et projets sont reportés de plusieurs mois, toiles et peintures décoratives de maisons bourgeoises sont rares à exécuter. Cette année-là, Jean Roch Isnard se trouve dans l'obligation de faire une liquidation d'une bonne partie de ses oeuvres.

Il s'adresse à Crousillat (76), au sujet du portrait qu'il fit de lui, et propose de lui céder la toile pour 100 francs, en sollicitant son accord, au cas où ce dernier ne voudrait pas se porter acquéreur. Antoine Blaise Crousillat répondra à l'appel de l'artiste en difficulté, et Jean Roch Isnard se rendra à Salon pour apporter lui-même le portrait au poète...

Le 29 juin nouvelle correspondance adressée à Frédéric Mistral pour lui offrir une toile qu'il décrit comme étant "... deux provençales, sur fond de prairie et de la ville d'Arles" (77), suivent des indications sur son travail du moment, dont plusieurs portraits effectués à Salon. Faut-il reconnaître là-encore l'aide de Crousillat ?

Du Mas Thibert où il séjourne, en juillet, Jean Roch Isnard écrit à Frédéric Mistral (78), pour l'informer qu'il vient d'adresser à M. Manson, rue Jouvène, la toile citée plus haut, et qu'il nomme désormais : "Aux alentours d'Arles".

De Béziers, le 29 juillet, le peintre s'excuse auprès de Frédéric Mistral (79), de n'avoir pu lui rendre visite comme ce dernier le lui avait demandé :

(75) Collection privée Arles, lettre à l'ami Legrand du 28 octobre 1884. (76) Lettre à Crousillat citée dans l'ouvrage d'Henri Teissier déjà cité, voir note 38. (77) Lettre à Frédéric Mistral du 29 juin 1885, Musée de Maillane, Cote document 113,7. (78) Lettre à Frédéric Mistral du 3 juillet 1885, Musée de Maillane, Cote document 113,8/9. (79) Lettre à Frédéric Mistral du 29 juillet 1885, Musée de Maillane, Cote document 113,10.

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"Provençales sur fond de prairie et d'Arles" - 1885 Musée F.Mistral - Maillane

FORUM Républicain du 9 août 1985

32

"J'aurai bien voulu me rendre à Maillane avant mon départ car il faut vous le dire, j'habite Béziers depuis quatre ans, depuis mon retour de Paris, je roule pour faire face aux besoins de chaque jour, j'ai femme et enfants (trois), ce qui m'oblige de travailler beaucoup et d'abandonner ma chère Provence où je trouve peu d'amateur pour mes oeuvres surtout dans ma ville natale".

En octobre, la correspondance avec Joseph Legrand nous apprend que le peintre envoie depuis plusieurs mois des "têtes de Provençales" costumées en rubans et en cravate à l'Hôtel du Nord à Arles, pour être vendues aux étrangers de passage. Il envisage de faire la même chose au Musée Réattu, par l'intermédiaire du concierge qui sera contacté par Legrand à cet effet.

La vie familiale suit son cours à Béziers. Rose et Antoinette, des trois fillettes les plus âgées vont à l'Ecole chez les Soeurs, respectant ainsi les idées chrétiennes et traditionalistes du peintre : "... vous savez que mes idées chrétiennes ne nous permettent pas d'user des écoles de l'Etat, dites laïques, surtout pour des jeunes filles..." (80),. Plus loin, Jean Roch Isnard se prend à rêver à un retour durable en Provence, des portraits et des commandes qu'il pourrait avoir sur des lieux comme Tarascon, Beaucaire, St Rémy, Cavaillon, Salon qu'il aimerait retrouver.

En octobre l'artiste envoie un premier colis postal de Béziers à Legrand, contenant plusieurs "pochades", des aquarelles en fait, représentant des têtes d'Arlésiennes, destinées à M. Scala concierge du Musée Réattu qui se chargera de la vente.

Jean Roch Isnard à Arles, est depuis plusieurs mois dans l'attente d'une réponse de la Municipalité concernant l'acquisition d'une de ses toiles : "Cabane de Pêcheur" (81).

L'amertume à l'encontre de la ville natale va grandissant avec le temps qui s'écoule et qui amenuise ses chances : "...notre Ville d'Arles ayant mis le nez au vent qui lui aura conseillé la prudence en voulant me laisser encore un brin d'espérance dans l'avenir, de préférence à une déception peut être certaine. Je les remercie de leur sagesse, au moins, s'ils n'aiment pas les Arts, ils ont raison de ne pas en parler et s'ils ne peuvent faire ce que toutes les villes font sur ce moment de détresse pour les artistes, je ne puis en être surpris. Ici on a fait mieux que ça, on a acheté deux toiles, une payée mille francs, l'autre trois mille et on a demandé l'achat d'une de mes oeuvres pour le Musée..." (82).

A Béziers encore, il vient d'achever des peintures décoratives, au Château de St Jean d'Aureilhan. Du 15 janvier au 28 mars 1886 Jean Roch Isnard exposera à Lyon (83)

(80) Archives privées Arles, Lettre à Joseph Legrand du 20 octobre 1885. (81) Archives privées Arles, lettre à Joseph Legrand du 13 novembre 1885. (82) Archives privées Arles, lettre à Joseph Legrand du 2 décembre 1885. (83) Livret d'Exposition 1886 de la Sté des Amis des Arts de Lyon, document Archives Départementales de Lyon.

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Annexe 3 ARCHIVES PRIVÉES FAMILLE FASSIN, ARLES.

Correspondance de Jean Roch ISNARD à Émile FASSIN Béziers ce 20 septembre 1885 (Hérault) 11, rue Muratel. Mon Cher Fassin, Pendant mon dernier séjour en Provence j'avais eu la pensée d'aller à Aix pour te revoir. Je fus jusqu'à Salon avec cette même pensée et il en fut autrement, les petites misères de la vie empêchent quelquefois les plus beaux élans. Il est question dans notre bonne ville natale, d'un grand événement : l'achat d'un de mes tableaux " La Cabane du pêcheur à Mas Thibert ", pour le Musée de la ville. Je ne puis t'expliquer ici comment cette idée a pris naissance. Il me semble voir ta surprise et un sourire du coeur sur tes lèvres surtout si le succès aide les personnes qui ont mis la chose en avant. C'est un Conseiller au nom robuste qui doit présenter cette demande au Conseil (Je crois avoir nommé mon ancien ami Beuf), sur l'initiative d'une personne que je ne veux point te nommer de crainte d'un refus. Tu as été le premier de mes compatriotes à m'accorder par la pensée cet encouragement, c'est pour cela que je croirais manquer vis à vis cette chère amitié que tu éprouves pour le Peintre d'Arles. En même temps je crois que je fais bien de t'en parler, tu dois avoir quelques intimes dans le Conseil. Je te prie de recommander mon oeuvre. Tu le sais l'homme qui cherche, qui travaille qui étudie est si petit en face des intrigues de ce monde qu'il n'ose jamais se recommander lui-même. Que veux-tu, c'est ainsi je voudrais être de mon époque pour m'assurer une existence plus facile non pour moi que la misère a endurci le caractère, mais pour mes enfants que j'aime, que j'adore et me donnent en dehors de l'Art mes seules heures de bonheur. J'ai passé quelques mois sur le bord du Rhône dans la solitude la plus agréable à mon coeur. J’ai produis trois tableaux " Un intérieur de ferme " qui a inspiré des articles élogieux à la presse méridionale " Les premières fleurs " représentent une jeune provençale au puits, comme elle saisit la corde, une jeune enfant lui présente son tablier remplis de fleurs. On en dit du bien et chacun est d'avis que mes progrès sont très remarquables. En ce moment je termine un intérieur de filature à Salon et un panneau décoratif pour un amateur de cette ville qui m'en fit la commande lors de mon dernier voyage dans cette ville qui depuis a été bien attristée par ce terrible fléau qui semble vouloir s'implanter dans notre chère Provence. Je suis bien heureux de voir notre ville natale épargnée de ce mal. Nos compatriotes en voyant la saison avancée doivent être joyeux ce qui pourrait être peut-être en faveur des Arts tourner un peu leur esprit et leur vue sur cette modeste Cabane du pêcheur du Mas Thibert.

J'ai reçu une lettre de félicitations de F. Mistral, notre grand poète provençal sur mes oeuvres purement provençales. Cela me fait bien du plaisir, il en faut si peu pour me soulager un instant au milieu de cette lutte continuelle de la vie.

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"Intérieur au Mas Thibert" et "Premières fleurs". En février est annoncé un concours artistique par la Société des Félibres de Paris sur le thème de la farandole (84). Jean Roch Isnard participe à la souscription ouverte en vue d'élever une statue en l'honneur de Frédéric Mistral., souscription annoncée en février 1886 (85).

Malgré ses soutiens au Conseil Municipal d'Arles, dont M. Beuf, qui se trouve être un ardent défenseur de l'artiste, l'achat d'une toile est repoussée en février pour étude en commission des Arts et Finances (86).

De Béziers en mars, Jean Roch Isnard écrit à Frédéric Mistral pour lui annoncer qu'il a pris connaissance du concours organisé par les Félibres de Paris. Il annonce sa participation et livre ses idées sur l'exécution en cours (87).

"Arlésienne au Mas-Thibert" (Mairie Annexe du Mas-Thibert)

(84) Médiathèque Fonds Ancien, Arles, Journal le Forum du 7 février 1886. (85) idem que notre n°84. (86) Archives Communales Arles, délibérations Conseil Municipal séance du 20 février 1886, D 32.

(87) Lettre à Frédéric Mistral mars 1886, Musée Frédéric Mistral Maillane, Cote 113,11.

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"Portrait de Jeanne LEGRAND" (Collection privée - Arles)

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En avril, Jean Roch Isnard est recommandé par plusieurs notables sur Béziers pour donner des leçons de peinture et de dessin, il aura ainsi désormais plusieurs élèves. En mai il annonce à Frédéric Mistral, l'envoi de son dessin au Concours des Félibres. Il décrit à Mistral son travail et lui demande sa protection (88) : "Plusieurs connaisseurs de Béziers, sont venus voir ma composition que l'on trouve généralement fort bien comprise, j'ai fais passer la scène dans un faubourg de St Rémy appelé Notre Dame, avec cette étude que j'avais prise autrefois sur les lieux, j'ai composé un hameau avec les Alpilles dans le fond ce qui m'a donné des lignes moins monotones que nos plaines du Plan du Bourg.".

En juin, le Conseil Municipal d'Arles repousse définitivement l'acquisition d'une toile du peintre aux motifs que "la situation financière de la ville ne permet pas pour le moment de donner satisfaction au peintre arlésien qui s'attache à peindre de préférence les moeurs et les coutumes arlésiens et les sites de notre terroir" (89).

Le 21 juin 1896 l'artiste annonce ainsi à Frédéric Mistral son succès au Concours des Félibres de Paris : "Ce titre convient bien à mon genre de peinturé et vous pouvez croire que j'aurais toujours en mémoire votre Mireille, la vraie grammaire du peintre provençal" (90).

Durant le mois de juin, a lieu la préparation de l'Exposition du Quatrième centenaire de la Réunion de la Provence à la France. Envoi de plusieurs toiles remarquées par son ami Emile Fassin (91).

De Béziers, en juillet, à l'adresse de Frédéric Mistral, Jean Roch Isnard joint à son courrier une photographie de "La Farandole" primée à Paris au Concours des Félibres. Suivent des notes nostalgiques sur le pays d'Arles, la Provence et l'existence de "Peintre ambulant" pour "assurer le côté matériel de l'existence" ou encore : "La Farandole ferait certainement un sujet de tableau, mais pour donner l'accent de la vérité qui est utile dans notre école moderne, il faudrait tout peindre d'après nature, ce qui fait que je renonce à l'exécution d'une oeuvre qui demande quelques mois de séjour sous le ciel de la Crau." (92).

En octobre, Jean Roch Isnard reçoit le prix des Félibres : quatre gravures, prix du Ministre de l'Instruction Publique et un portrait de Mistral, gravure d'après le buste sculpté par son ancien camarade aux Beaux Arts, le sculpteur Jean Barnabé Amy (93).

(88) Lettre à Frédéric Mistral du 1er mai 1886, Musée Frédéric Mistral Maillane, Cote 113,12. (89) Archives Communales Arles, délibérations Conseil Municipal, séance du 6 juin 1886, D 32.

(90) Lettre à Frédéric Mistral du 21 juin 1886, Musée Frédéric Mistral Maillane, Cote 113,13. (91) Archives Communales Arles, Lettre d'Emile Fassin au Maire d'Arles du 1er juin 1886, D 367 et D 368. (92) Lettre à Frédéric Mistral du 27 juillet 1886, Musée Frédéric Mistral Maillane, Cote 113,14. (93) Lettre à Frédéric Mistral du 23 octobre 1886, Musée Frédéric Mistral Maillane, cote 113,5.

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"Intérieur de Braconnier" Avec le chien à droite devant la cheminée

Musée Calvet - Avignon (Cliché Musée)

Don fait au Musée en 1980

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En novembre, "Intérieur au Mas Thibert", une des quatorze toiles choisies pour les achats du Musée de la Ville de Marseille n'est pas retenue par la commission.

L'ami Joseph Legrand est toujours le correspondant attentionné de l'artiste à Arles, il réceptionne habituellement une ou plusieurs toiles à exposer chez les marchands d'Arles et fait de son mieux selon les instructions de l'expéditeur : "Vous recevrez donc une caisse contenant le dit tableau, plus mon portrait, je vous conseille d'exposer mon intérieur sur la Place Royale, dans la vitrine dont vous m'avez parlé une fois. Vous aurez soin de passer un peu d'eau sur la toile tant soit peu savonnée avec une éponge. Vous y passerez une eau naturelle ensuite et avec un linge ne laissant pas de fils, vous aurez à sécher la peinture, comme le cadre sera aussi plein de poussière, vous aurez l'obligeance d'y donner un coup de plumeau, afin que l'exposition de cette toile soit faite dans les meilleures conditions. Vous aurez le soin de recommander au marchand d'incliner le cadre en avant pour éviter les grands reflets de la grande lumière de la place et vous lui indiquerez le prix de cinq cents francs pour les amateurs qui pourront se présenter et qu'en cas de vente, il recevrait le dix pour cent. Je vous donne point le conseil d'exposer mon portrait, certaines personnes pourraient y voir de la pose de ma part, du reste, je ne tiens nullement à entretenir mes traits dans le souvenir de mes compatriotes. Je tiens seulement de temps à autre à leur prouver que mes oeuvres méritent attention." (94).

Lors des importantes inondations de novembre, le peintre ne peut se rendre au Mas Thibert où il craint pour son "modeste avoir" qui se trouve si près du fleuve : "Mes livres, mes études, mes tableaux, à tout cela joindre les souvenirs de mes amis qui se trouvent dans ces quatre murs et qui font le plus bel ornement de ce petit temple du travail et du repos. Par ces tristes orages vous deviez aussi avoir votre inquiétude, cette misère déjà si grande dans nos pays va devenir plus dangereuse encore pour ceux qui ont toujours confiance au relèvement du sol natal" (95).

Au début de l'année 1887, Jean Roch Isnard est en convalescence après quelques ennuis de santé "...la tête encore lourde et quelques frissons qui me font garder le coin du feu de mon atelier, où mes outils depuis deux mois n'ont commis aucune faute... ; ...Quel malheur d'être né dans un pays si beau, sans pouvoir y vivre aussi, bien des fois j'envie le sort du laboureur et du berger qui vivent dans cette solitude des marais du Plan du Bourg avec simplicité et sans intrigues." (96).

(94) Archives privées Arles, Lettre à Joseph Legrand du 18 novembre 1886. (95) Archives privées Arles, Lettre à Joseph Legrand du 18 novembre 1886. (96) Collection privée Arles, Lettre à Joseph Legrand du 13 janvier 1887.

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"La Farandole à Saint-Rémy" - 1886 Musée REATTU - Arles - (Cliché Musée)

Une nouvelle toile, reproduction de "La Farandole" a été mise en loterie et c'est M. Forgues, Architecte à la Compagnie des Chemins de Fer du Midi, qui en est désormais le possesseur. (97). Le même Forgues, confie régulièrement à Jean Roch Isnard des commandes de décorations pour le compte de la Compagnie des Chemins de Fer du Midi comme ce sera le cas pour le buffet de la gare de Narbonne.

En mars, notre artiste peint deux toiles pour deux plafonds d'une riche maison, nouvellement construite pour y abriter de jeunes époux "plusieurs fois millionnaires". (98)

Au mois de juin, à l'Exposition Provençale qui s'ouvre à Aix en Provence, pour le Quatrième Centenaire de la Réunion de la Provence à la France, Jean Roch Isnard présente plusieurs toiles: "Intérieur au Mas Thibert", "Femme à Arles", "Impasse à Arles", "Le Braconnier", "Le Moine", "Le Troubadour". (99)

Lors de l 'exposition, la toile intitulée "Le Braconnier" est particulièrement remarquée par le public et la critique. (100)

(97) Collection privée Arles, Lettre à Joseph Legrand du 7 février 1887. (98) Collection privée Arles, Lettre à Joseph Legrand du 26 mars 1887. (99) Livret d'Exposition, Exposition Provençale 1887, documentation Musée Granet, Aix en Provence. (100) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal Le Forum du 26 juin 1887.

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Annexe 4 ARCHIVES PRIVÉES FAMILLE FASSIN, ARLES.

Correspondance de Jean Roch ISNARD à Émile FASSIN.

Béziers, ce 6 novembre 1887.

Mon Cher Fassin,

Je viens d'avoir le plaisir de passer douze jours sur les bords du Rhône, quelle jouissance, j'ai éprouvé en face la nature natale, les effets de l'automne m'ont enivré. Ces tons roux et dorés pleins de transparences m'ont monté au cerveau, et comme un homme saoul qui a un vin pétri de rire, je voyais tout en rose. Le bonheur ne dure jamais, depuis que je suis ici tout est si gris sauf les rayons intérieurs de la famille qui réchauffent mon coeur. Les vastes champs de vignes ne brillent plus on dirait que tous ces riches propriétaires ont pris même l'or des cieux, cet or de l'automne qui dore chez nous le plus misérable roseau. Aussi ils se plaignent toujours ces ramasseurs d'or et ils ont raison car ils ne peuvent être heureux, leurs goûts sont aussi décolorés que leurs terres en novembre. Dans mon atelier assis en face d'un tableau des bords du Rhône, l'idée de t'écrire me vient, c'est dimanche (du reste voilà plusieurs jours qu'il est Dimanche, pour moi je ne puis me consoler de mon départ du Mas Thibert). La vue de ce site me rappelle qu'étant là bas je fus troublé un instant par une lettre de M. Le Maire d'Aix me rappelant que j'avais à faire prendre la récompense que j'avais obtenu à la suite du concours de peinture à l'occasion des grandes fêtes de cette ville pour le 4ème centenaire. L'émotion en face cette nature tout en feu, fut relativement froide et la nature ayant le dessus, j'avais oublié complètement mon succès et sa marque. On se blase sur tout, et tout ce qui ne semble guère nature s'oublie, cependant il faut réagir et être au moins convenable si l'on ne peut être sensible. C'est la première fois que je me vois dans l'obligation d'envoyer des fonds pour recevoir franco un diplôme et une médaille obtenue. Il faut vraiment que la ville d'Aix soit avare de sa caisse. Mais enfin pourquoi ne pas envoyer par la poste. L'on doit savoir que les artistes par le temps présents ne roulent point carrosse. Donc par ce moyen on aurait avec quelques sous évité des pensées mesquines, et tu le sais aussi bien que moi que nous avons au contraire grand besoin soit dans les Arts soit dans les Lettres de nous relever le moral. Car quand l'on vient frapper à notre porte, soit pour une, composition, soit pour une bonne oeuvre nous nous prenons tout à notre charge. Tu vas dire que j'ai un caractère hargneux, sec, c'est possible, cela tient peut-être au sol de la Crau où j'ai été nourri jusqu'à l'âge de huit ans, en plein désert au milieu des cailloux qui étincellent lorsqu'on les frappent. Rassure-toi cher ami si je me permets avec toi toutes ces réflexions c'est parce que tu m'entoure de toute

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ton amitié et que tous les mots de cette lettre ne seront connu que de toi et comme moi tu diras oh la Moncalde, si tu pouvais me posséder entièrement comme j'en dis aussi des marais du Plan du Bourg, hors de là, pas de littérature arlésienne, encore moins de peinture provençale. Un jour que ta bonne cuisinière sera de sortie, prie-la avec un billet de toi, d'aller à la Mairie réclamer mon titre. Si elle est d'Arles, elle fera cette course pour moi, sinon d'Arles dis-lui que je suis le fils d'un cuisinier. Une fois que tu posséderas le tout, ouvre la valise et à ton prochain voyage à Arles, veuille bien remettre le tout en question à Manson, doreur, qui est chargé de me faire parvenir les objets à mon adresse d'Arles. Je désire de tout mon coeur que ma lettre te trouve bien disposé ce qui me prouvera que ta santé est meilleure. Tout à toi. Jean Roch ISNARD.

Si toutefois tu avais une photographie de toi, je serais bien heureux de la posséder, il y a longtemps que je n'ai eu le plaisir de te voir qu'il me serait doux de te voir au moins en blanc et noir.

TABLEAUX 19

HONORAT (Ernest), né à Marseille. Elève de M . T h é o d o r e - - M a r s e i l l e , 8 0 , r u e F a u c h i e r

94 — Attirail de chasse. 9 5 — E t u d e d e p aysag e .

IHLY (Daniel), né à Genève. Elève de Barthélemy Menu. Médaille d'argent, Garanie, Saint - Malo, 1883, et à Genève. — Genève, 18, rue de la Pélisserie.

9 6 — M é p h i s t o .

IMBERT (Firmin), né à Nîmes (Gard). Elève de M. Paul SAÏN, Avignon, 8, rue Philonarde. 97— Vue d'Avignon.

ISNARD (Jean-Roch), ne à Ar les. Elève de M. GÉROME, Médailles de bronze, argent et vermeil à Toulon, Marseille, Avignon, Cahors, Nïmes, Perpignan, Carcassone, et prix du Ministre à Paris (Concours, artistique des Félibres de Paris), Rappel de médaille à Avignon et Marseille. — Mas-Thibert, près Arles (B.-du-Rh).

98 — Intérieur à Mas-Thibert.

9 9 — F e mme à Ar le s ,

1 0 0 — I mp a s s e à A r le s .

1 0 1 — L e B r a c o n n i e r ,

102— L e M o i n e . 103. — Le Troubadour.

Catalogue de l'Exposition Provençale de 1887 à AIX EN PROVENCE

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Annexe 5

ARCHIVES PRIVÉES FAMILLE FASSIN, ARLES.

Correspondance de Jean Roch ISNARD à Émile FASSIN.

Mon Cher Fassin,

Très heureux de te lire par les temps plus gris ou toutes les affaires semblent naître de la boue. C'est alors qu'il faut savoir apprécier le don du ciel que nous avons reçu en naissant et s'écrier plus que jamais vive la simplicité des champs avec toute sa naïveté pour rester stationnaire puisque les mouvements en avant vont nous conduire fatalement à la décadence. L'ambition je ne la croyais pas aussi impure à l'âge que tu me rappelles c'est triste, bien triste de savoir tout ce qui se passe en haut quand on se trouve dans les bas-fonds où l'on reçoit fatalement les dépôts et les conséquences des eaux grasses.

Enfin revenons à l'Art, à l'amitié surtout : tu ne pourrais croire combien je t'ai bien reconnu en me parlant du succès de la première édition de tes traits. J'ai ri en bon provençal. J'en ai encore la rate. Je désire que la seconde édition soit aussi fidèle que ta phrase que je te rappelle et j'aurais un portrait vivant de toi.

Afin que tu ne puisse pas te sortir du mauvais pas dans lequel je t'engage, je t'envoie le mien, que cette boule puisse te donner une idée des pensées du coeur et des rêves que je forme pour tous ceux que j'aime.

Merci bien de ton extrême obligeance. Je remercie aussi M. Tassy et Manson du reste puis-je douter de toi, peut-être, mais de ta nature jamais.

Je travaille toujours beaucoup pour arriver à mettre un terme à mon exil. Dieu veuille qu'un jour nous n'ayons plus à nous écrire.Je n'ai jamais douté des bons sentiments à mon égard de M. Dauphin mais ils sont largement partagé.

Vive la Provence et l'amitié. Tout à toi. jean Roch ISNARD.

Béziers, ce 19 novembre 1887.

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"Portrait de Marie - Antoinette" (Collection privée Port-Saint-Louis-du-Rhône)

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RETOUR AU PAYS - EPILOGUE

Durant cette année 1887, Jean Roch Isnard effectue plusieurs séjours au Mas Thibert, séjours destinés à préparer son retour définitif.

Une reproduction de "La Farandole", paraîtra dans "L'Art Français", journal illustré. (101) L'artiste désigne à la mi février 1888, le Musée Réattu pour recevoir le dessin primé. (102)

Cette oeuvre, de retour à Arles, sera exposée à la vitrine de M. Bompard fils, Place de la République, avant de trouver sa place au Musée. (103)

"Le Moniteur des Arts de Paris" en juin, remarque deux toiles dignes d'éloges à l'Exposition qui a lieu à Nîmes : "L'Hiver au Hameau" et "Une Roubine". On y lit notamment que "le fonds de ce dernier tableau est doré par le soleil couchant, le troupeau de boeufs qui traverse la rivière se reflète dans l'eau bien limpide ; les premiers plans sont vigoureux et fins de ton." (104) En juillet Jean Roc.h Isnard se trouve à la frontière espagnole pour y mettre en train deux peintures décoratives pour la Compagnie des Chemins de Fer du Midi. (105) Il réside à Cerbère avec son épouse qui l'accompagne à l'Hôtel du Midi. (106) Le couple visite Figueras en Espagne, l'artiste réalise plusieurs études, croquis du village espagnol de Port Bou . (107)

Jean Roch Isnard s'émerveille des orangers chargés de fruits et ne peut s'empêcher en voyant des femmes catalanes sur la promenade, de songer aux Lices et à ses arlésiennes. Il rapportera également plusieurs croquis du port de Llansa. (108).

Cette fin d'année 1888 la ville de Béziers acquiert pour son Musée, une toile du peintre intitulée : "Etude de Printemps".

Le 18 février 1889, Jean Roch Isnard annonce son retour définitif à Arles à son ami Legrand : "Je viens vous dire que le 26 février nous

(101) Lettre à Frédéric Mistral du 9 janvier 1888, Musée Frédéric Mistral, Maillane. (102) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal Le Forum du 19 février 1888. (103) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal Le Forum du 1er avril 1888. (104) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal L'Homme de Bronze du 17 juin 1888. (105) Collection privée Arles, Lettre à Joseph Legrand du 24 juillet 1888. (106) Collection privée Arles, Lettre à Joseph Legrand du 6 novembre 1888. (107) Collection privée Arles, Lettre à Joseph Legrand du 10 novembre 1888. (108) Collection privée Arles, Lettre à Joseph Legrand du 13 novembre 1888. (109) Médiathèque Fonds ancien, Journal Le Forum Républicain du 9 décembre 1888.

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Annexe 6 ARCHIVES PRIVÉES FAMILLE FASSIN, ARLES.

Correspondance de Jean Roch ISNARD à Émile FASSIN.

Mon bien Cher Ami,

Ton envoi arrive en bon port. Enfin me voilà satisfait et très heureux. Je désire que le printemps arrive bien vite, que ta santé soit meilleure. Je souffre moi- même de te savoir fatigué, il est vrai que nous avons un hiver bien rude et bien long. Que veux-tu, nous avons chacun nos peines, heureux ceux qui comme nous peuvent se distraire par l'esprit et le coeur.

Je t'adresse ces mots à Arles, le doux pays, tu dois aller ou être à la Moncalde tout le temps, je comprends ça, je voudrais bien me trouver sur les bords du Rhône mais hélas, mes travaux vont me retenir ici jusqu'en septembre. A cette époque je vais partir pour la Nièvre où j'ai un château à décorer. Je vais revoir ce pays avec plaisir, mon séjour sera de deux mois dans ce département et j'ose croire exécuter ma commande dans mon atelier du Mas Thibert dans le courant de l'hiver et j'espère bien avoir ta visite.

Adieu bel ami et bonne santé. J'ai envoyé à l'exposition de Nîmes deux tableaux : L'hiver au Hameau (Provence). Une roubine (Provence). Le Mas Thibert et la roubine du Pont de Crau.

Tout à toi.

Jean Roch ISNARD.

Béziers ce 5 avril 1888.

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quittons notre demeure de Béziers. Cette semaine le mobilier doit partir pour le Mas Thibert où nous y arriverons je crois ver le 15 mars ayant deux portraits à faire dans le département de l'Aude." (110).

L'amitié de Joseph Legrand pour le peintre sera encore bien présente lors de l'installation de la famille au Mas Thibert. Du hameau le 3 octobre 1889, Jean Roch Isnard lui écrira une lettre, la dernière à notre connaissance, toute empreinte de poésie :

Moun bel ami, Uno fes m'avies parla de cambiero pèr poudé mettre li boto di palun. Lou jour de la Toussant pensère pas à mi pèd. En vous vesènt aviéu ma pensado pus auto. Pamens me li fau, aro que lou pegot dôu païs m'a rima mi boto novo. Ai bu "brulo essié" dubert, cheineto en coulour d'or, la cas queto de pèu, enfin, coulado coume un ràfi de primo classo. Estènt tant bèn mounta pode pas marcha panard. Adounc comte sus voste sabé, vosto marchandiso, enfin sus voste bon cor, pèr marcha dre. Adésias. Lou pintre. Mon bel ami, Une fois tu m'avais parlé de jambières pour pouvoir mettre les bottes pour aller dans les marais. Le jour de la Toussaint, je ne pensai pas à mes pieds. En vous voyant, mes pensées étaient plus élevées. Cependant, il me les faut, maintenant que le cordonnier du pays m'a remis mes bottes à neuf. Je porte le "brulo essié" ouvert, la chaînette couleur d'or, la languette de peau fixée comme celle d'un ouvrier de mas de première classe. Etant si bien monté, je ne peux pas marcher en clopinant, donc, je compte sur votre savoir, vos fournitures et enfin sur votre bon coeur pour marcher droit. A vous revoir. Le peintre. (112).

Le retour de Jean Roch Isnard à Arles est encore salué l'année suivante en 1890, par un poème d'Henri Daniel qui parait dans l'Homme de Bronze en début février (112)

(110) Collection privée Arles, Lettre à Joseph Legrand du 18 février 1889. (111) Collection privée Arles, lettre à Joseph Legrand du 3 octobre 1889. (112) Médiathèque Fonds ancien Arles, L'Homme de Bronze du 9 février 1890.

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Détail "Scène villageoise devant N.D. de Pitié" - 1876 Musée des Alpilles - SAINT REMY DE PROVENCE

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A mon ami Isnard Paysagiste, (Lou pintre d'Arle) Au Mas Thibert

Sur les bords du fleuve, qui roule Son flot limpide, ou limoneux Et, pareil au temps, qui s'écoule, Passe, toujours, majestueux.

Sous l'aubier géant, qui projette Son ombre et sa fraîcheur, au loin, Dans l'oseraie, où la fauvette Pour chanter, se cache avec soin ;

Toi, le vrai fils de la nature, Son adorateur, son amant, Dans cette oasis de verdure, Tu vins construire un nid charmant.

Capitonnés d'or et de soie, Ou simples et presques inconnus, Tous les nids ont la même joie, Quand les chérubins sont venus.

Vincent aima bien sa Mireille, Ton sort fut plus doux et plus beau ; Tu cueillis une fleur vermeille, Qui déjà parfumait la Crau,

Et la Crau n'eut plus de mystère, Pour payer ta dette de coeur, Tu chéris cette étrange terre, Qui t'avait donné le bonheur.

Ton pinceau saisit, mieux encore, Les splendeurs des soleils couchants, Les chastes levers de l'aurore, L'harmonieux réveil des champs.

Dès lors, ta route fut certaine, Le triomphe devait venir, Et fort, tu marchas, l'âme pleine Des promesses de l'avenir.

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Pour que rien ne trouble ta vie, Conserve, jusqu'au dernier jour Ces biens précieux, qu'on envie, Ces deux trésors : l'art et l'amour.

Henri DANIEL Marseille, 6 janvier 1890.

Une dernière exposition nous est connue à Marseille où le peintre donne à voir : "L'Hiver au Hameau", hameau qui n'est autre que le Mas Thibert. (113).

En août la vitrine de Bompard Fils, se pare de deux toiles (114). Jean Roch Isnard multiplie durant cette année-là la présentation d'oeuvres variées chez Bompard jusqu'au début novembre (115).

Le 11 novembre 1890 à dix heures du soir, Jean Roch Isnard décède subitement dans sa maison du Mas Thibert. Lors des obsèques en présence de M. Huard, Conservateur des Musées, M. Félix Deretz, Architecte de la Ville d'Arles prononce l'éloge funèbre, on entendra sur sa tombe : "A tous ses mérites Isnard joignait une qualité qui peut devenir un défaut lorsqu'elle dépasse certaines limites : il était trop modeste. Il était de ceux qui ne savent ni demander, ni se mettre trop en vue. Renfermé dans son atelier, absorbé par le travail, il attendait tout de ses mérites, rien de ses démarches ; ce qui fait que celle qu'il aimait tant, la Ville d'Arles, a pu paraître à son égard coupable d'oubli. L'oubli était involontaire et allait être réparé par la création d'un cours de peinture dont la direction lui était réservée...". (116) L'Assemblée Municipale le 6 décembre, après un éloge du Maire, M. Tardieu, attribuera à la veuve du peintre une concession gratuite au cimetière du Mas Thibert. (117)

Le 28 juillet 1891, naîtra Marie Louise Isnard, dernière fille du peintre, qui ne connaîtra jamais son père.

La mémoire du peintre s'endormira ensuite d'un sommeil tranquille, à l'image sans doute de la personnalité modeste de l'artiste. On pensera quelque peu à lui pour honorer l'impasse d'un quartier "moderne" en

(113) Livret d'Exposition, Association des Artistes Marseillais 1890, document Archives Communales Marseille BR4334.

(114) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal L'Homme de Bronze du 31 août et du 7 septembre 1890. (115) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal Le Forum Républicain du 26 octobre 1890 et L'Homme

de Bronze du 9 novembre 1890. (116) Médiathèque Fonds ancien Arles, Journal L'Homme de Bronze du 16 novembre 1890. (117) Archives Communales Arles, délibérations Conseil Municipal du 6 décembre 1890.

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1963, voie qui en aucune manière n'aura même mérité son nom.(118)

Bien plus tard en 1989, le destin d'une toile ennoblira la ville de St Rémy de Provence et son conservateur pour avoir su ne pas manquer cette occasion de conserver, pour le public, une toile datée de 1876 et représentant "une scène villageoise devant Notre Dame de Pitié à St Rémy de Provence" présentée en page 48. (119)

Enfin, le 1er avril 1995, verra la réouverture de la "Maison-Musée", de Frédéric Mistral à Maillane, fermée depuis trois ans pour cause de restauration. Le tableau offert par Jean Roch Isnard à Frédéric Mistral, "Provençales sur fond de prairie et de la ville d'Arles", illustration page 32, ou autrement intitulé "Aux alentours d'Arles" (120) selon que l'on consulte l'une ou l'autre des deux correspondances qui parlent de cet envoi, retrouvera sa place d'origine dans la salle à manger du Poète, juste au-dessus du "radassié".

M. Gérald MOLINA

Fac-similé de signature de J.R. Isnard figurant sur les toiles et

les correspondances

(118) Archives Communales Arles, délibérations du 8 février 1963 relative à la dénomination de voies nouvelles.

(119) Journal Le Provençal du 18 juin 1989. (120) Lettres à Frédéric Mistral, Musée Frédéric Mistral Maillane : lettre du 29 juin 1885 "Deux jeunes

provençales assises sous un ombrage causant peut-être de Mireille, se détachant sur un fond de prairie et de la ville d'Arles" cote 113,7 et lettre du 3 juillet 1885 "Aux alentours d'Arles" Cote 113,8/9.

51

Une Chronologie des Exposit ions, Salons.*

* chronologie basée sur les livrets d'expositions dont reproductions en notre possession.

EXPLICATION DES OUVRAGES

D E P E I N T U R E , S CU L P T U R E ,

ARCHITECTURE,

GRAVURE ET LITHOGRAPHIE

DES ARTISTES VIVANTS,

EXPOSÉS AU PALAIS DES CHAMPS-ÉLYSÉES

LE 5 MAI 1873.

PARIS. IMPRIMERIE NATIONALE.

1873.

52

ANNEE 1862 - MARSEILLE : Exposition de la Société Artistique des Bouches du Rhône. "Paysage" (Soleil couchant). Elève de M. E. Coulange; 22, rue du Tapis Vert, Marseille. ANNEE 1863 - MARSEILLE : Exposition de la Société Artistique des Bouches du Rhône. "Ruines de Montmajour" (environ d'Arles). Elève de M. Coulange. Chez M. Chabre, chemin de St Pierre, 93, Marseille.

ANNEE 1869 - MARSEILLE : Exposition de la Société Artistique des Bouches du Rhône. "Lavandière" (Arles). "Une rue d'Arles". Elève de M.M. Gérome et Coulange. Arles, rue St Roch, 40.

ANNEE 1869 - SALON DE PARIS : Exposition au Palais des Champs Elysées, le ler mai. "La Lavandière" (Arles). "Une chambre d'étudiant". Elève de M.M. Gérome et Coulange. Arles, rue St Roch, 40 ; et à Paris, rue des Ecoles, 36.

ANNEE 1870 - SALON DE PARIS : Exposition au Palais des Champs Elysées, le ler mai. "Le Marchand de Santibelli" (Arles). "Les Platanes des Champs Elysées" (Arles). Elève de M.M. Gérome et Coulange-Lautrec. Arles, rue St Roch, 40 ; et à Paris, rue des Ecoles, 36.

ANNEE 1873 - SALON DE PARIS : Exposition au Palais des Champs Elysées, le 5 mai. "Dévideuses" Elève de M. Gérome. A Marseille, quai du Canal, 2 ; et à Paris, chez M. Henri, rue de la Michodière, 2.

ANNEE 1873 - NEVERS : Exposition de la Société des Amis des Arts de la Nièvre. 1 ère Exposition annuelle, du ler au 24 août. "Les Dévideuses". "Le puits". Elève de M. Gérome. A Marseille, quai de Rive Neuve, 3 (Bouches du Rhône).

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ANNEE 1877 - NEVERS: Exposition de la Société des Amis des Arts de la Nièvre. Du 1er au 30 décembre. "Le Matin". Elève de M. Gérome. A Salon (Bouches du Rhône).

ANNEE 1878 - PARIS: Exposition au Palais des Champs Elysées. Le 25 mai 1878. "Les Aliscamps, à Arles". Elève de M. Gérome; A Salon (Bouches du Rhône) ; et à Paris chez M. Allard, rue de Seine, 35 et 37.

ANNEE 1878 - LYON: Exposition de la Société des Amis des Arts. "La Promenade des Aliscamps" (Arles). Elève de Gérome, à Salon (Bouches du Rhône).

ANNEE 1879 - PARIS: Exposition au Palais des Champs Elysées. Le 12 mai 1879. "Braconnier de la Camargue". Elève de M. Gérome - Chez M. Allard, rue de Seine, 35, 37.

ANNEE 1880 - PARIS: Salon de 1880. "Séparation de corps et de biens". Elève de M. Gérome - Chez M. Allard, rue de Seine, 35, 37.

ANNEE 1881 - CAHORS: Exposition des Beaux Arts et de l'Industrie. "Panneau décoratif pour salle à manger, représentant des poissons de marais aux bords d'un étang". Rue de la Loge, Marseille.

ANNEE 1882 - AVIGNON: Expositions Industrielles des Arts décoratifs et des Beaux Arts. Le 6 mai 1882. "Cabane de pêcheurs, à Mas Thibert". Provence (Paysage). "Après la pluie". Provence (Paysage). "Le petit chemin de Beaumont", Nièvre (Paysage). "Les Flamans", Camargue (Aquarelle). "Le lot à Cahors" Nièvre (Aquarelle). Elève de M. Gérome - Médaille de bronze à Toulon, Avignon, Marseille, Nimes ; Médaille de lère classe, Cahors 1881. Salon, Cours du Petit Chemin.

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ANNEE 1884 - CARCASSONNE : Exposition organisée par la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne. "La cabane du pêcheur". "Portrait de Mme X". "Intérieur d'Atelier". Elève de Gérome, à Béziers, 11 rue Muratel.

ANNEE 1886 - LYON : Exposition de la Société des Amis des Arts. Du 15 janvier au 28 mars 1886. "Intérieur à Mas Thibert". "Les premières fleurs". Elève de M. Gérome, rue Murate, 11, Béziers.

ANNEE 1887 - AIX EN PROVENCE : Exposition provençale pour le Quatrième Centenaire de la réunion de la Provence à la France. "Intérieur à Mas Thibert". "Femme à Arles". "Impasse à Arles". "Le Braconnier". "Le Moine". "Le Troubadour". Elève de M. Gérome. Médailles de bronze, argent et vermeil à Toulon, Marseille, Avignon, Cahors, Nirnes, Perpignan, Carcassone, et Prix du Ministre à Paris, (Concours Artistique des Félibres de Paris), Rappel de médaille à Avignon et Marseille. Mas Thibert, près Arles (Bouches du Rhône).

ANNEE 1890 - MARSEILLE : Exposition de l'Association des Artistes Marseillais; "L'Hiver au Hameau". Mas Thibert (Bouches du Rhône).

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INVENTAIRE DES OEUVRES ET COPIES CONSERVEES DANS DES MUSEES

ET LIEUX PUBLICS

Jean Roch ISNARD Artiste Peintre

Né le 16 août 1845 à Arles Décédé le 11 novembre 1890 au Mas Thibert, terroir d'Arles

Elève de Jean Léon Gérome (1824-1904) et de Emmanuel Coulange- Lautrec (1824-1898).

Admis au Salon de Paris entre 1869 à 1880.

MUSEE DES ALPILLES, ST REMY DE PROVENCE: 1876 Sans titre (Scène devant Notre Dame de Pitié, St Rémy de Provence)

MUSEE CALVET, AVIGNON : Don en 1980 "Intérieur de Braconnier".

MUSEON ARLATEN, ARLES: "Un jour de Procession à Arles".1883. "Vieille dame au chapeau", 1871. "Vieille dame de profil", 1871 "Mireille et Vincent".1880. "Portrait d'Arlésienne âgée". 1871 "Autoportrait". 1879 "Une rue d'Arles". "Rue des Arènes".

MUSEE REATTU, ARLES: "La Farandole à St Rémy", 1886.

MUSEE DES BEAUX ARTS, BEZIERS : "Le soir en Camargue". Acquisition de la ville en 1888.

MUSEE FREDERIC MISTRAL, MAILLANE : "Arlésiennes sur fond de prairie et d'Arles", 1885.

MUSEE DE SALON ET DE LA CRAU, SALON DE PROVENCE: "Les fileuses de soie", copie d'après ISNARD, fusain de Marius Thadée ANTONIN, dit THADEE (1875-1937).

MAIRIE DU MAS THIBERT : "Arlésienne au puits avec fillette"

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Supplément Numéro Spéc ial

Bulletin de juin 1997

Entre Nous

Paul BARTHÉLÉMY - Disparition d'un guide

Il l'était dans tous les sens du terme. Enfant de la Roquette, arlésien de sang, de coeur, de tradition, la passion et l'amour pour son pays en ont fait une personnalité incontournable jusqu'à sa dernière fonction d'animer les Cours de Provençal récemment créés aux Amis du Vieil Arles. Sa parution remarquée sur l'Arles et ses rues a réalisé une filiation explicative entre le Hier et l'Aujourd'hui arlésien.

Ses visites commentées, travaillées, argumentées et claires étaient très suivies, faites avec cette foi qui soulève les montagnes... mais qui a été balayée par la maladie devant laquelle on ne peut que s'incliner. Les Amis du Vieil Arles tiennent à assurer sa famille et ses amis, de leur peine, de leur soutien et de la promesse que son travail réalisé sera poursuivi par notre Association, en deuil aujourd'hui d'un de ses enfants. Le C.A. des A.V.A.

Vénus d'Arles : 15 ans pour une tête ! Depuis 1982, notre Vénus d'Arles (sa copie) avait perdu sa tête et trônait,

mutilée, dans l'escalier monumental conduisant à la salle d'Honneur de la Mairie d'Arles (quel symbole !). On s'y était habitué presque et quoi de plus normal en fait, en cette fin de siècle où beaucoup de gens responsables ou non, semblent avoir perdu la tête !

Mais que de récriminations, de remarques moqueuses de la part de nos visiteurs à la tête bien sur leurs épaules et qui nous faisaient baisser la tête. Combien de fois les AVA qui en avaient par dessus la tête ont-ils attirés l'attention de tous et des élus à la tête ailleurs et qui, jusqu'à ce jour, en ont fait qu'à leur tête !

En vain, surtout que cela ne semblait pas être un casse tête, car nous avons un moulage parfait (la tête coupée !) du XVIIe siècle visible à l'IRPA et dont on aurait pu se servir ! Possédant l'original à Paris esseulé que peu de gens remarquent dans cette salle latérale par rapport à la monumentale Vénus de Milo, ce sont les Ateliers du Louvre qui réglementairement ont réalisé le travail (on ne demandera pas le prix, cela serait d'un vulgaire et nous donnerait peut-être mal à la tête !). La patine a été réalisée sur place en un tour de main. Enfin ne faisons plus la mauvaise tête !... Bravo et merci, messieurs les Élus, pour ce genre de choses simples qui ne coûtent pas les yeux de la tête. Elles paraîtront futiles à nombre d'entre nous mais elles sont un témoin emblématique de notre Cité et donc incontournable. Il fallait que nous le disions, bille en tête ...etc... !

H . C I

LERM... ALIN ! Ce sont les AVA qui vont l'avoir, l'air malin... avec le projet d'installer des

antennes (6 environ) sur la terrasse de l'ancien réservoir de l'Usine des Eaux à la Hauture, rénové harmonieusement par Philippe BARRÉ ! C'est, hélas pour nous, l'endroit le plus élevé d'Arles entre le clocher de la Major et les Tours d'Auguste. Explication : Bouygues Telecom et Itineris ont l'obligation (avec quelques créations d'emplois à la clef) d'élever de telles structures de 2 à 4 mètres de haut (sic) assez espacées les unes des autres, vu les interférences possibles, et en ce lieu même. L'ancien enclos St Césaire n'offrait pas ces possibilités et n'est pas aménageable. M. SEIGNEUR architecte, chargé du dossier par la Ville avec M. SABEG ingénieur du Patrimoine, a demandé à rencontrer les AVA, son Président. Devant l'obligation qui est faite à notre Cité de telles réalisations, pour pouvoir se servir des portables , couvrir ainsi le centre ville, nous n'avons pu que donner notre avis consultatif, de privilégier au maximum la couleur gris- ciel, sinon jaune, bleu, blanche sans méli-mélo, ni de "surfaces berlingots" . Cela atténuera l'effet malheureux et incongru d'une telle réalisation vu surtout de la place de la Major. Bien sûr nous avons demandé que cela soit fait en conformité avec l'accord de la Commission Nationale Supérieure des Sites, agréé et omnipuissante pour ce genre d'opérations. Notre Darne de la Major. Aidez-les... et aidez-nous !

H.C.

LE CAS .... NICHES D'ARLES !

Le Provençal du 5 Mai 1997 (p.3) expose le projet de deux plasticiens qui ont entrepris depuis un an de faire l'inventaire des niches d'angle de notre Secteur Sauvegardé : "il n'existait rien à ce sujet" affirment-ils d'une façon péremptoire. Incroyable ! incroyable de ne pas s'être renseigné à la Médiathèque ou en Mairie. On leur aurait signalé , n'en doutons pas, que les AVA avaient réalisé cela dès 1972 avec René GARAGNON et son équipe : 40 niches ont été même restaurées à ce moment là avec le détail des emplacements vides et occupés qui figure en bonne place dans notre bulletin des AVA. Notre n°100 va répertorier tous les sujets traités depuis 1971 afin de rafraîchir la mémoire patrimoniale arlésienne et tâcher d'être un document pratique pour ceux qui cherchent ou ceux qui croient découvrir !

Si cette recherche et cette affirmation naïves nous renvoient à nos débuts à tous dans la connaissance plus approfondie de notre patrimoine et peuvent prêter à sourire, la démarche et le projet d'occuper ces niches "pour travailler sur le vide" avec le sens artistique de cette fin de siècle et de certains sponsors, est autrement plus sérieux pour les Amis du Vieil Arles. Si l'on est bien d'accord pour déplorer les vols, le marteau révolutionnaire responsable, et donc cette vacuité qui nous interpelle, nous restons assez sourcilleux et ferons part de nos remarques, le moment venu, aux Élus et aux responsables, ainsi qu'aux propriétaires des maisons concernées. Faire quelque chose oui, mais on veut savoir comment et avant !

H . C. II

Paraboles sur le toit, fleurissent, fleurissent... ! Air connu ! mais la réalité est là, visuelle et présente. C'est même la bous-

culade et le laisser-aller complet (par exemple rue Raspail, rue de Grille, Rond- point des Arènes dans le Secteur Sauvegardé). L'indifférence est générale avec un Service de l'Urbanisme débordé et peu motivé et un Architecte des Bâtiments de France Ponce Pilate ! D'un côté, on nous assure qu'un câblage sera envisagé un jour et coûtera cher ! Il faut donc s'armer de patience ; d'un autre côté (v. BAVA n° 95) on attend que la Commission du règlement du Secteur Sauvegardé se mette en place, après les élections, après les vacances enfin quand on le pourra et avec un peu de chance pas avant 1998 et encore ! Là aussi attendre toujours !

C'est autant de temps de gagné et de dégradations supplémentaires visuelles réalisées par les installateurs qui vont ainsi parfaire les implantations et rendre bientôt le problème insoluble, en fait l'imposer à la future Commission avec la bénédiction de tous et de la Chambre des métiers qui n'a jamais dû être effleurée par cette question ! Monsieur le Député-maire, nous avions confié un dossier conséquent des "paraboles" ainsi que des "tags" à votre prédécesseur à l'hémicycle comme rele- vant de la fonction et du rôle d'un député de le présenter et de le discuter au plus haut niveau !

Comme Soeur Anne (... ou Thérèse), nous n'avons rien vu venir sinon la multiplication de ces paraboles et de ces graffitis !

Chargé de nouvelles responsabilités et suivant votre sensibilité, votre res- pect déclaré du Patrimoine, des gens et des Cités, nous allons vous remettre les "press-books" en question dont le contenu a été déjà commenté et argumenté au Sénat par notre Sénateur Jean-Pierre CAMOIN (y. BAVA n° 88) mais jamais à l'Assemblée Nationale.

Il y a là une cause importante à définir, à faire respecter et partager les AVA sont certains qu'un consensus conséquent pourrait être obtenu grâce à vos collègues dans une réglementation adéquate nationale et européenne si le projet est bien présenté et défendu cette fois-ci. Outre ce créneau original et de préoccupation citoyenne proche de la population, cela ne pourrait que bénéficier à notre ville d'Arles et à vous-même. Nous sommes sûrs à l'avance que nous pouvons compter sur vous !

H.C.

PÉPLUM (gourmand) 25 au 30 Août 1997

Dans le cadre de cette semaine de projections de filins au Théâtre Antique, le mercredi 27 août sera proposé une conférence sur "Les senteurs et les saveurs de la Rome Antique. 80 recettes d'Apicius ". Des travaux pratiques de dégustation (salé-sucré) suivront et termineront cette soirée organisée par l'Association Péplum. Participation 70 FRS par personne. Pour tous renseignements (lieu et inscription) veuillez composer le 04 90 93 19 55.

VICTOIRE pour l'IRPA ?... Réflexions !

Notre dernier bulletin "Entre nous" à propos de l'Auditorium n'avait guère reçu d'écho et pour cause... ! Le Provençal du 17 Mai 1997 a donné la

clé de tous ces retards : "Un syndicat mixte pour la Gestion de l'IRPA va être créé ; il aurait la charge du fonctionnement et de l'amortissement du Musée". Le Conseil Général prendra en charge les deux tiers de la dépense annuelle soit 12 Millions de Frs sur les 19 Millions de Frs annuels ! C'est le Jackpot ! Cette opération engagée auprès du Conseil Général depuis presque un an a été un secret bien gardé puisque à notre connaissance cela semble avoir plutôt surpris pas mal de monde ! Si nous nous étions élevés à l'époque contre le principe d'une OPA par une Multinationale sur ce musée, aujourd'hui, venant du Conseil Général des B d Rh où siègent nos deux conseillers (Arles Ouest et Arles Est) défenseurs du patrimoine local, nous n'allons pas nous plaindre que la mariée est trop belle ! Mais... selon l'adage que nous répétons souvent "Qui paie, commande", les Arlésiens veulent savoir maintenant après le pourquoi, le comment ? ; ce qui va changer de façon pratique : travaux de l'Auditorium, bibliothèque, restauration, abords, rôles respectifs du conservateur et de la future direction, les libertés de visite, les horaires, le type d'expositions à prévoir compatibles avec le contenu du Musée, l'utilisation des locaux, les domaines réservés etc... Nous avons l'exemple réussi du Muséon Arlaten, sera-t-il suivi ! Il est temps de nous mettre au courant, messieurs les Élus !

H.C.

Les Repenties : déjà 300 ans !

En effet c'est le 22 juin 1697 qu'en l'Étude de Maître RAYBAUD, notaire, que le "Noble Jacques de NICOLAY, Conseiller du Roy, Gouverneur pour sa Majesté de ladite Ville d'ARLES et Maire perpétuel d'icelle faisait donation à l'Archevêque d'ARLES Jean-Baptiste de Monteil de GRIGNAN de la terre, de l'en clos et du bastiment y construit" se trouvant sur la Lice à proximité du Pont de Madon pour y fonder la Maison de Saint-Genest appelée aussi La Galère, ou, plus couramment, "LES REPENTIES".

Cette fondation était devenue nécessaire car les religieuses du Refuge se trouvant dans l'ancienne Église Saint-Paul, rue Augustin TARDIEU et ses dépendances, où étaient enfermées d'anciennes prostituées, des condamnées (ainsi que des femmes et filles voulant expier par une dure vie monacale leurs fautes passées), désiraient se consacrer à leurs dévotions et non à un rôle, de gardiennes de prison.

Maître Alain MICHEL, avocat à la retraite, qui est né dans l'ancienne Chapelle des Repenties, a toujours été passionné par l'histoire de cette Fondation. C'est pourquoi, il demande instamment aux lecteurs de notre Bulletin qui posséderaient des documents sur la Maison de Saint-Genest-sur la-Lice de se mettre en rapport avec lui, soit en lui écrivant au Siège des AVA, soit en lui téléphonant au 04 90 96 45 70.

Par avance il les remercie ; le résultat positif de ses recherches fera ultérieurement l'objet d'un article dans le Bulletin des Amis du Vieil Arles.

A.M. IV

SOCIÉTÉ DES AMIS DU VIEIL ARLES Pour la protection de son patrimoine historique et esthétique

Fondée en 1903 - Reconstituée en 1971

PRÉSIDENTS D'HONNEUR: t FRÉDÉRIC MISTRAL

PIERRE FASSIN t ÉMILE FASSIN t ANDRÉ VAILHEN-REMACLE

t RENÉ VENTURE

ANCIENS PRÉSIDENTS: t AUGUSTE LIEUTAUD 1903-1923 JEAN LANDRIOT 1971-1974

t RENÉ VENTURE 1974-1987 THÉRÈSE GUIRAUD 1987-1990

COMITÉ DE PARRAINAGE

HENRI AUBANEL - YVAN AUDOUARD - ELISABETH BARBIER - t Louis BAYLE - t GASTON BONHEUR-MARCEL BONNET - t HENRI BOSCO - - JACQUES DE BOURBON-BUSSET - HEDWIGE BOUTIERE - –t MARCEL CARTERES -ANDRÉ CASTELOT - Duc DE CASTRIES - - JEAN-PIERRE CHABROL - - ANDRÉ CHAMSON - - EDMONDE CHARLES-ROUX - YVAN CHRIST - JEAN-PAUL CLEBERT- t ALICE CLUCHIER - - JEAN DESCHAMPS - PIERRE DOUTRELEAU - MICHEL DROIT - MAURICE DRUON - t GEORGES DUBY – t LAWRENCE DURRELL - t PIERRE

EMMANUEL – t HENRI-PAUL EYDOUX - - Lou is FERAUD- t IRENE

FOUASSIER - CHARLES GALTIER - RENÉ GARAGNON - - RENÉ

JOUVEAU - CHRISTIAN LACROIX - HALLDOR LAXNESS - Louis

LEPRINCE-RINGUET - t Duc DE LEVIS-MIREPOIX - JEAN-MARIE

MAGNAN - CLAUDE MAURON – t MARIE MAURON - t JEAN MISTLER - MAURICE PEZET - CHARLES ROSTAING - ODYLE RIO -- ROBERT SABATIER – PIERRE SEGHERS - CONSTANT VAUTRAVERS.

BUREAU PRÉSIDENT: HENRI CERESOLA

VICE -PRÉSIDENT: RÉMI VENTURE, JEAN TERRUS SECRÉTAIRE: BETTY CHICCO

SECRÉTAIRE ADJOINTE : MARCELLE FERRARI TRÉSORIER : MICHEL FARINOLE

TRÉSORIER ADJOINT: ROBERT LAUGIER ARCHIVISTE : ALDO BASTIE

MEMBRES DE LA COMMISSION D'ADMINISTRATION

A. ARNOULT, M. AUDEMA, M. BAUDAT, J. CASTANET, M. TH. CORDERO, R MAXENCE, R PETRINI, D.RAINAUD, A. TULOUP.

Responsable du Matériel : PAUL AUMONIER

Dépôt légal 2eme trimestre 1997 - Imp. ROSSI - Arles Directeur de la Publication : H.CERESOLA

Commission Paritaire : N° 52953 - ISSN 0988 - 9531