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Hebdomadaire 73 e année Rédaction: Chaussée de Haecht, 579 • B-1030 Bruxelles Éditrice responsable: M.-H. Ska e-mail: [email protected] http://www.csc-en-ligne.be Bureau de dépôt: Charleroi P 911984 ISSN 0772/2427 © L’INFO n°9 8 mai 2015 PIRATES DU WEB page 7 SANTÉ AU TRAVAIL page 5 page 8 CONTRÔLE DES CHÔMEURS Les balises de la CSC Harmonisation des statuts, présence dans les PME, évolution vers de nouvelles formes d’organisation du travail, etc. Réunie en congrès, la CSC a défini ses objectifs majeurs en matière de participation. Elle suivra attentivement, aussi, la mise en œuvre de la future réforme fiscale. ••• pages 6 et 8

Bureau de dépôt: Charleroi Les balises de la CSC · à coudre, à manier l’aiguille ou la machine, raccommoder ou ... apprendre à cuisiner des plats écono-miques, expérimenter

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■ Hebdomadaire 73e année ■ Rédaction: Chaussée de Haecht, 579 • B-1030 Bruxelles ■ Éditrice responsable: M.-H. Ska ■

■ e-mail: [email protected] ■ http://www.csc-en-ligne.be ■ Bureau de dépôt: Charleroi ■ P 911984 ■ ISSN 0772/2427 ■

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n°9 • 8 mai 2015

PIRATES DU WEB

page 7

SANTÉ AU TRAVAIL

page 5 page 8

CONTRÔLE DES CHÔMEURS

Les balises de la CSC

Harmonisation des statuts, présence dans les PME,

évolution vers de nouvelles formes d’organisation

du travail, etc. Réunie en congrès, la CSC a défini

ses objectifs majeurs en matière de participation.

Elle suivra attentivement, aussi, la mise en œuvre

de la future réforme fiscale.••• pages 6 et 8

pour qui sait les voir, des pans inattendus de notre histoire politique, sociale et culturelle. La sociologue Marian Lens et l’historienne Mathilde Messina proposent une balade à pied pour découvrir la capitale aux couleurs de l’arc-en-ciel. Elles y rappelleront les événements marquants mais aussi des anecdotes insolites de l’histoire LGBT (personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres) de Bruxelles. Participation gratuite mais inscription obligatoire.

Quand? Le vendredi 15 mai. Départs à 10h et à 15h (préciser l’heure choisie lors de l’inscription).Où? Départ au Bip (Brussels Info Place), rue Royale 2-4, à 1000 Bruxelles.Renseignements et inscription? Courriel: [email protected]

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Bouge: bourse aux vélosLa Maison des cyclistes de Namur organise sa 6e bourse aux vélos. Les vendeurs pourront y déposer leurs vélos entre 8h30 et 12h, tandis que les acheteurs auront jusqu’à 16 heures pour dénicher la bonne affaire. La Maison des cyclistes s’occupe concrètement de la vente, mais elle ne prend pas de commission. Les vélos sont vendus au prix fixé par le vendeur. Celui-ci doit seulement compléter un contrat de mise en dépôt (téléchargeable sur www.provelo.org/fr, rubrique «Agenda») et le remettre en même temps que son vélo. Des mécaniciens seront présents pour gui-der et conseiller les acheteurs. Les vélos invendus pourront être récupérés entre 16h et 17h. Au programme également: démonstration de «bike polo», service de gravure gratuit, stand de réparation et formation «vélo trafic».

Quand? Le samedi 16 mai, de 8h30 à 17h.Où? Ecole communale Moulin à vent, rue Charles Bouvier 1, à 5004 Bouge.Renseignements? Maison des cyclistes de Namur. Tél.: 081.81.38.48. Courriel: [email protected] Internet: www.provelo.org/fr

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Le militantisme à la belgeLa Belgique, pays du compromis. Une image un peu molle qui faisait dire à l’homme politique russe Léon Trotski que les Belges sont «l’archétype d’un peuple totalement commercia-lisé, d’un peuple digne, industrieux, stable certes, mais d’un peuple qui a renoncé à toutes les visions, à tous les rêves, à tous les idéaux nationaux. (…) En politique, ils ne sont plus ni de droite ni de gauche, ni progressistes ni réactionnaires, ni nationalistes ni internationalistes: ils sont “belgifiés”». Les Belges ne se mobilisent pas moins que les autres, mais ils le font différemment. Pacifiquement, le plus souvent. Et avec le consensus pour objectif. Pourquoi? Réponse sur le site internet du Centre de recherche et d’information socio-poli-tiques (Crisp) qui, dans le cadre de ses activités d’éducation permanente, propose des analyses et des articles en accès libre. En l’occurrence un article du sociologue David Pater-notte (ULB) et du politologue Jean Faniel, directeur général du Crisp, paru dans la revue «Politique» n°89 de mars-avril 2015 sous le titre «Belgifiés? Peut-être. Apathiques? Pas tout à fait…».

Renseignements? Internet: www.crisp.be (rubrique «Les analyses en ligne»).

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Tournai: accueil des étrangersA Tournai, la Plateforme d’accueil pour l’intégration des étran-gers propose un accueil digne et solidaire aux primo-arri-vants et aux personnes étrangères en cours de procédure, en situation irrégulière ou sans papiers. Tous les mercredis, de 9h30 à 11h, une permanence de type «guichet premier accueil» (première écoute, accompagnement et, dans certains cas, aide concrète pour l’intégration) est assurée à la Maison internationale. Par ailleurs, tous les vendredis, de 9h à 14h, la Plateforme organise également des ateliers interculturels de couture, maquillage, coiffure, bien-être, cuisine, etc. Apprendre à coudre, à manier l’aiguille ou la machine, raccommoder ou relooker des vêtements, apprendre à cuisiner des plats écono-miques, expérimenter quelques trucs et astuces de la cuisine du monde, apprendre la coiffure, envie de rencontre, de lien social, d’échanges: tout est gratuit et se déroule dans une ambiance conviviale, assurent les organisateurs.

Où? Maison internationale, quai des Salines 11, à 7500 Tournai.Renseignements? Tél.: 0488.235.535 (Isabelle), 0493.93.48.35 (Christine), 0490.390.300 (Plateforme) ou 069.84.01.31 (Maison internationale). Courriel: [email protected]

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Bruxelles: visite guidée arc-en-cielDu Parc royal aux Galeries royales, en passant par le Mont des arts, les bâtiments et les quartiers de Bruxelles rappellent,

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Jemappes: journée Cyclo-solidairePour fêter la solidarité avec le Sud, l’ONG Solidarité mon-diale a choisi la région de Mons et plus particulièrement Jemappes pour accueillir sa journée Cyclo-solidaire, fête des militants de la solidarité internationale. Participer à cette journée à pied ou à vélo, c’est être solidaire des partenaires de Solidarité mondiale en Amérique latine, en Asie et en Afrique, qui luttent au quotidien pour une vie meilleure, et en particulier pour le droit à une protection sociale pour tous. C’est aussi l’occasion de se retrouver entre amis dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Enfin, c’est également l’occasion de découvrir la région de Mons et du Borinage.Au programme, en bref:• Marche à travers Jemappes. Deux parcours: 7 ou 12

km. A partir de 8h30. Derniers départs à 14h.• Balade à vélo «culturelle». Deux parcours: 20 km

(passant par le site du Levant et par le Pass à Frameries) ou 30 km (passant aussi par le Mac’s au Grand-Hornu). A partir de 10h. Derniers départs à 14h.

• Parcours vélo «sportif» de 45 km (passant par le Grand Large). A partir de 10h. Derniers départs à 14h.

Quand? Ce samedi 9 mai, de 8h30 à 22h.Où? Parc du Fond du petit marais, rue Nouvelle chasse, à 7012 Jemappes.Participation? 1 euro/personne, payable sur place. Gratuit pour les enfants de moins de 10 ans.Renseignements? Antoinette Maia (Solidarité mondiale): 02.246.38.82, [email protected]. Julien Gras (Ciep): 0472.53.31.04, [email protected]

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Rédaction : Danièle Ernotte (3289), [email protected] Anne-Marie Pirard (3290), [email protected] Coppieters (3283), [email protected]

MEP : Patricia Martin (3297)[email protected] - [email protected]

Éditeur : Confédération des syndicats chrétiens (CSC)

Imprimerie : Remy-Roto Beauraing

Tirage moyen : 225.000 exemplaires

Rédaction : chaussée de Haecht, 579

BP 10 – B-1031 Bruxelles (Belgique)

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Molenbeek-Saint-Jean: le passé industriel de la villeDans le cadre de la Journée du patrimoine flamand («Erfgoeddag»), le 26 avril, la commune de Molenbeek-Saint-Jean a inauguré une exposition sur le passé industriel de la ville, et plus particulièrement sur les brasseries et les manufactures de tabac. Ajja, Belle-Vue, Vandenheuvel: au XIXe siècle, Molenbeek était un véritable centre industriel aux portes de Bruxelles. Surnommée le «petit Manchester» ou le «Manchester belge», la commune attirait alors une population ouvrière nombreuse. A découvrir ou redécouvrir dans cette exposition bilingue. Entrée gratuite.

Quand? Jusqu’au 22 mai. Le mardi de 12h à 15h, le mercredi de 14h à 19h, le jeudi et le samedi de 10h à 14h et le vendredi de 14h à 18h.Où? Bibliothèque néerlandophone «De Boekenmolen», rue du Jardinier 47A, à 1080 Molenbeek-Saint-Jean.Renseignements? Tél.: 02.412.06.32. Internet: www.culture1080cultuur.be

La protection sociale à un tournantCertaines institutions internationales considèrent à nouveau la protection sociale comme une solution contre la pauvreté. Malgré la résistance néolibérale, il existe des raisons d’espérer.

Nous utilisons si souvent certains mots que nous en oublions parfois leur sens premier. C’est le cas pour les mots «sécurité sociale», «protection

sociale». Elles sont nées de la solidarité de travailleurs qui se sont rassemblés pour se protéger mutuellement des aléas de l’accident, de la maladie, de la perte d’emploi, de la vieillesse. Elles ont permis et permettent chaque jour à des millions de personnes de vivre réellement en sécurité. C’est à cette réalité précieuse et indispensable que le Mouvement ouvrier chrétien (Moc) a consacré sa 93e Semaine sociale dans le cadre de son engagement dans la campagne du CNCD pour la protection sociale (1).

Au carrefourNée avec l’industrialisation, la sécurité sociale a com-mencé à se concrétiser juste avant la Première Guerre mondiale, puis s’est développée après la Seconde Guerre. «Dès cette époque, la sécurité sociale est évo-quée comme un moyen de libérer les gens du besoin et de construire une société plus démocratique» rappelle

François-Xavier Merrien (Université de Lausanne). En 1989 survient la chute du Mur du Berlin et dix ans d’hy-perpuissance américaine. Le néolibéralisme s’impose et le mouvement vers la protection sociale subit un coup d’arrêt. «Mais l’histoire est faite de retournements. Après une grave mise en cause, la protection sociale amorce petit à petit son retour. La Banque mondiale elle-même se met à la défendre, mais sa conception de la sécu est managériale et instrumentale, souligne François-Xavier Merrien. Alors, une coalition internationale se dresse pour défendre une sécurité sociale basée sur les droits. On ne sait pas encore qui va l’emporter. On se trouve au carrefour d’énormes ambigüités, mais avec des raisons d’espérer.»

Des raisons d’espérerParmi ces raisons d’espérer, il y a les nouvelles poli-tiques émergentes qui ne s’adressent pas seulement au salariat, mais offrent aussi une protection à d’autres personnes. Ainsi, la «bolsa familia» mise en œuvre au Brésil est une allocation accordée à tous les ménages au-dessous d’un certain seuil de revenus; elle intègre un certain nombre de conditions, dont la fréquentation de l’école par les enfants.

Il y a aussi l’exemple des pensions sociales: il s’agit de pensions de survie allouées à des personnes à partir d’un certain âge et sous condition de certains revenus. Elles sont apparues en Afrique du Sud et au Brésil où, suite aux ravages causés par le sida, les grands-parents étaient seuls en mesure d’élever les petits-enfants, à condition d’avoir des moyens financiers suffisants.

«Nous sommes à un tournant. Il va falloir se battre encore pour un droit universel» conclut François-Xavier Merrien. l

(1) Voir «L’Info» n°5 du 13 mars 2015. La 93e Semaine sociale Wallonie-Bruxelles du Moc a eu lieu les 16 et 17 avril à Charleroi.L’

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Vers un fonds mondial

Aujourd’hui, dans le monde, des millions de personnes ne bénéficient pas de la moindre protection sociale. Parce que les Etats ne sont pas en capacité de l’orga-niser (faute de moyens, à cause de la corruption et des activités illicites,…) ou parce que, sous la pres-sion des marchés, ils tentent de ralentir la progres-sion sociale pour ne pas être moins concurrentiels… Alors, la société civile s’organise comme elle le peut.

Pourtant, comme l’a rappelé l’Organisation interna-tionale du travail (OIT) en 2012, la protection sociale (pensions, assurance maladie-invalidité et allocations familiales) reste le meilleur outil pour combattre la pauvreté. Alors, que faire pour financer la protection sociale au niveau mondial?

Selon Olivier De Schutter (UCL), il est possible de mettre en œuvre un fonds mondial de la protec-tion sociale. Cela sera d’ailleurs en débat lors d’une grande conférence internationale qui se tiendra en juillet 2016 à Addis-Abeba (Ethiopie).

«Nous sommes dans une période révolution-naire, assure Olivier De Schutter. On peut vraiment, de manière sérieuse, inciter des pays à mettre en œuvre une sécurité sociale fondée sur des droits. On comprend maintenant que la compétitivité des pays ne peut plus passer seulement par une diminution des coûts. L’aide aux pays pauvres a souvent été palliative; elle doit devenir structurelle, axée sur le long terme.»

Différentes pistes sont envisagées: l’engage-ment des pays riches à soutenir les pays pauvres au moyen de fonds complémentaires; la création d’un Institut pour le développement durable qui contrac-tualiserait le processus entre Etats aidants et aidés (qui s’engagent à prendre le relais); l’intégration de conditions sociales dans le commerce international, ce qui permettrait aux Etats qui respectent certaines règles sociales d’avoir accès au marché européen.

Christian Kunsch: «La sécu, c’est un droit»

«Pour nous, la sécu est un droit qui doit être univer-sel et réellement mis en pratique. Nous voulons

éviter qu’il reste un chantier dans le Sud et devienne un patrimoine en péril dans le Nord. La protection sociale est un droit pour chaque être humain, la sécurité sociale est le meilleur outil de lutte contre la pauvreté» proclame le président du Moc, Christian Kunsch, en clôturant la 93e Semaine sociale. Il réaffirme avec force la résistance totale du Moc et de ses organisations face à tous ceux qui veulent démanteler ou affaiblir ce système.

Un programme dogmatique«Au fédéral et dans les Régions, les politiques sont pous-sés dans le dos par les décisions européennes. Mais la Belgique y a adhéré, rappelle Christian Kunsch. A présent, il faut atteindre l’équilibre budgétaire. Le gouvernement fédéral s’inscrit pleinement dans la politique des ajuste-ments structurels. Pourtant, l’exemple grec a bien montré que la baisse constante des dépenses mène à l’impasse. Mais le gouvernement Michel adopte ces recettes dans un programme dogmatique, inéquitable, qui met la cohésion sociale en danger.»

Le président du Moc souligne qu’il pourrait effec-tuer de tout autres choix: «L’argent ne manque pas! Les

revenus financiers sont en hausse, mais ne contribuent pas à l’Etat. Nous attendons donc avec grande impa-tience le débat sur le “tax-shift”. A quand une répartition juste? Nous ne voyons rien venir… Pourtant, les défis sont majeurs.»

Davantage de clartéL’essentiel de la sécurité sociale relève de la compé-tence du fédéral. Mais la 6e réforme de l’Etat a donné des responsabilités en la matière aux entités fédérées. Le président du Moc remarque que ce transfert risque d’entraîner la mise en place de plusieurs modèles de sécurité sociale, au détriment des citoyens. Il s’inquiète aussi du financement des compétences transférées, et attend plus de clarté des Régions. «Je ne comprends pas que les gouvernements régionaux se mettent le dos au mur en refusant toute fiscalité régionale, alors que les moyens diminuent, que les demandes augmentent et que l’application de la loi de financement réserve de mauvaises surprises.»

Il invite donc chaque organisation du Moc, chaque mili-tant à continuer la résistance, à se mobiliser avec d’autres partenaires «pour être forts, pour lutter contre l’austérité, pour la solidarité, la justice et la fraternité.» l

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Face à l’austérité, le Moc invite chaque militant à continuer la résistance.

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La CSC à la Fête du travail du MRLe MR pense-t-il vraiment pouvoir fêter ceux dont il organise l’appauvrissement? La CSC était à Jodoigne pour dénoncer l’imposture.

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www.facebook.com/lacsc

Tournai

L’austérité sous l’angle du genre

Le 27 avril, la CSC du Hainaut occidental a organisé une formation sur les impacts des mesures gouvernemen-

tales sur les femmes, qui sont plus durement touchées. Septante personnes l’ont suivie, essentiellement des délé-gués. La matinée a été consacrée à l’analyse sous l’angle du genre de huit mesures gouvernementales. Cette pré-sentation a été faite par Patricia Biard, responsable natio-nale des Femmes CSC. Ensuite, c’est la problématique de la diminution de l’allocation de garantie de revenus (AGR) qui a été mise en avant par la responsable du service «chômage». Enfin, Vie féminine a apporté son expertise concernant le droit des femmes.

L’après-midi a été consacré à l’action syndicale à travers la production de slogans, de revendications et d’affiches. Les participants pouvaient également pousser un coup de gueule face à ces situations injustes. Michel Dorchies, le secrétaire fédéral, a clôturé la journée en rap-pelant l’importance du travail syndical. l

Pour un beau chahut, c’était un beau chahut. Entre 700 et 800 militants de la CSC, venus des quatre coins de la Wallonie et de Bruxelles, s’étaient invités

au traditionnel meeting du MR le 1er mai à Jodoigne. Ils attendaient le cortège réformateur au centre de la petite ville brabançonne avec, en guise de portique, une grande banderole déployée au-dessus de la route: «Les travail-leurs, on les a bien niqués». Le passage des libéraux a déclenché un concert de huées, de coups de sifflet, et une

pluie de confettis. Et la conduite de Grenoble s’est poursui-vie jusqu’au hall sportif où le parti devait tenir son meeting, protégé par la police. Du vert dans un rassemblement bleu pour que le MR n’oublie pas que la CSC est la représen-tante des travailleurs, des jeunes, des femmes, des seniors et des allocataires sociaux. Autant de citoyens qui seront touchés par les mesures injustes du gouvernement fédéral.

«Le 1er mai est l’occasion de fêter le mouvement ouvrier, a rappelé Philippe Yerna, président de la CSC wallonne, à

VU D’ICI

Contre l’exploitation des pêcheurs

Dans l’industrie de la pêche, les droits fondamentaux des travailleurs sont souvent bafoués et, dans cer-

tains cas, on peut même parler d’esclavage. Les cas de décès en mer ne sont pas rares. C’est pourquoi l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (Uita) et la CSC-Alimentation et services ont décidé de mener une action le 22 avril devant un des plus grands salons professionnels au monde des produits de la mer, Sea-food Expo, à Bruxelles.

Un exemple parmi d’autres est Citra Mina, le deu-xième plus gros exportateur de thon aux Philippines. Cette entreprise engrange des millions de dollars en commerçant avec l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. Malgré cela, son personnel doit travailler dans des conditions de sécurité et de salubrité déplorables, pour un salaire de misère. Cette situation a conduit à la création d’un syndicat en juillet 2013. La société y a réagi en licenciant 70 travailleurs affiliés à ce syndicat. Ceux-ci ne se sont pas découragés et ont lancé une action, avec le soutien de l’Uita, pour être réintégrés et pour que le syndicat mis en place soit reconnu.

L’Uita milite pour le respect des droits fondamen-taux des travailleurs dans ce secteur. Ces droits ont été fixés par l’Organisation internationale du travail. Il s’agit du droit de constituer un syndicat, de la possibilité de

négocier avec l’employeur et de l’interdiction de l’escla-vage et du travail des enfants. La CSC-Alimentation et services soutient cette campagne, ainsi que l’action des travailleurs licenciés de Citra Mina.

«Notre objectif est de sensibiliser les distributeurs et les consommateurs belges à cette problématique, explique la CSC-Alimentation et services. Nous ne pou-vons tolérer que des produits pêchés par des travail-leurs exploités ou réduits en esclavage se retrouvent dans nos assiettes.» l

la tribune verte installée dans la ville. Ce mouvement a pu corriger les inégalités sociales et être un garant minimum contre la pauvreté. Et pourtant, aujourd’hui, le Mouvement réformateur porte bien son nom. Il réforme toute la struc-ture de la sécurité sociale. Il divise les régions et monte les travailleurs les uns contre les autres.»

Retirer les mesures anti-jeunesParmi les décisions du gouvernement contestées par la CSC: la révision des allocations d’insertion (limitation dans le temps et durcissement des conditions d’accès). Le syndicat chrétien a profité de son action du 1er mai pour lancer une campagne qui vise à convaincre une majorité de députés de retirer ces mesures anti-chômeurs et anti-jeunes. Nous y reviendrons dans une prochaine édition de «L’Info».

Parallèlement, les Jeunes CSC poursuivent leur cam-pagne d’information «#jesuistanguy» («L’Info» n°6 du 27 mars 2015). Celle-ci s’accompagne désormais d’une péti-tion en ligne (www.jesuistanguy.be) pour exiger le retrait de la réforme des allocations d’insertion. Car ce n’est pas en excluant les allocataires sociaux, et particulièrement les jeunes, qu’on résout le problème du chômage. La CSC défend d’autres pistes de solution pour maintenir le budget en équilibre et sortir de la crise: taxer les plus-values, impo-ser les fortunes, investir dans le secteur public et l’ensei-gnement, lutter efficacement contre la fraude fiscale et le dumping social. l

Photos et vidéos de l’action sur la page Facebook de la CSC.

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Les syndicats de l’alimentation se sont fait entendre au salon Seafood Expo, à Bruxelles.

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Disposés en haie, les militants verts ont copieusement hué le cortège bleu.

Philippe Yerna, président de la CSC wallonne.

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Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travailHolcim-Lafarge: pas de fusion sans droit à la santéLe 28 avril dernier était également une journée d’ac-tion et de sensibilisation dans les fabriques de ciment, les carrières et les centrales à béton du groupe Hol-cim-Lafarge en Belgique et à l’étranger. Alors que la mégafusion entre les deux plus grandes compagnies cimentières mondiales avance à grande vitesse, les représentants des travailleurs s’inquiètent de la manière dont les droits des travailleurs seront respec-tés dans la future entreprise. «La direction semble en effet obnubilée par les profits à venir et par qui va atteindre le haut du nouvel organigramme, mais les droits de ceux qui travaillent dur chaque jour pour bâtir l’entreprise, et y laissent parfois même leur vie, restent exclus du débat» déclarent la CSC-Bâtiment industrie & énergie et la FGTB.

Rien qu’en 2013, 47 personnes ont perdu la vie chez Holcim. Vingt-six chez Lafarge n’ont pas survécu à leur accident. Cela fait beaucoup trop de morts évi-tables! Et on sait que les accidents mortels ne sont que le sommet de l’iceberg par rapport à l’impact qu’a l’industrie cimentière sur la santé au travail. De nombreux travailleurs du secteur sont en effet proba-blement exposés à des substances nocives connues pour provoquer des maladies respiratoires mortelles et des risques accrus de cancer.

Les syndicats réclament des deux entreprises des engagements fermes pour améliorer la santé et la sécurité au sein de la future entité. «La recherche impitoyable du profit aux dépens de la vie des travail-leurs doit cesser.»

La Belgique n’a pas encore intégré les substances reprotoxiques dans sa réglementation sur les agents cancérigènes. Les syndicats ont interpellé le ministre Peeters.

Le 28 avril dernier, les syndicats à travers le monde ont commémoré les victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelle. En Europe, environ

100.000 travailleurs meurent chaque année d’un cancer lié au travail. En Belgique, la Fondation contre le cancer estime qu’il existe environ 2.000 cas par an.

Malgré tout l’intérêt d’une bonne réglementation dans ce domaine, la Commission européenne a décidé en octobre 2013 de mettre fin à toutes les initiatives législa-tives relatives à la santé et à la sécurité au travail, dans le cadre du programme Refit. Elle a aussi mis fin à la révision de la directive européenne datant d’il y a 25 ans, qui doit protéger les travailleurs contre l’exposition à des agents cancérigènes.

Le champ d’application de cette réglementation doit pourtant être élargi aux substances reprotoxiques. Ce sont des substances pouvant nuire à la fertilité des hommes et

des femmes et causer des interruptions prématurées de grossesse et des malformations congénitales. Six pays européens ont incorporé les substances reprotoxiques dans leur réglementation sur les agents cancérigènes: l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, la France, les Pays-Bas et la République tchèque. La Belgique ne l’a pas encore fait.

Le 28 avril, la CSC et les autres syndicats belges ont demandé au ministre de l’Emploi, Kris Peeters, de plaider pour une réglementation au niveau européen qui offrirait une réelle protection contre les risques au travail et pour de nouvelles initiatives en Belgique. Lors de son entrevue avec les syndicats, le ministre Peeters a réagi de manière positive: «Refit ne peut déboucher sur la mise en danger de la santé et de la sécurité des travailleurs. Nous exa-minerons aussi vite que possible la manière d’intégrer les substances reprotoxiques dans la législation.» l

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Depuis le tremblement de terre qui a frappé le Népal, on compte plus de 6.000 morts et 10.000 blessés, chiffres qui risquent encore de grimper. L’ONG Solidarité mondiale et la CSC soutiennent depuis plusieurs années Gefont et NTUC, les deux plus grands syndicats népalais. Ceux-ci évaluent actuellement, avec leurs membres et militants, les besoins sur le terrain, tant pour l’aide d’urgence que pour la reconstruction. Bruno Deceukelier, coopérant de Solidarité mondiale à Katmandou, soutient les organisations syndicales dans leur travail d’analyse des besoins. Le 10 mai, deux autres collaborateurs de l’ONG et de la CSC rejoindront le Népal. Dès aujourd’hui, chacun est invité à soutenir les victimes de la catastrophe en faisant un don sur le compte de Solidarité mondiale (BE41-8900-1404-3510, communication «Soutien Népal», déduction fiscale à partir de 40 euros). Plus d’infos: www.solmond.be

Soutenir le Népal

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Pour un salaire correct dans la restauration rapide

Le 15 avril dernier, l’Union internationale des travail-leurs de l’alimentation et de l’hôtellerie-restauration

(Uita) organisait une série d’actions de solidarité à tra-vers le monde, en faveur des nombreux travailleurs de la restauration rapide (fast-food). Des militants de la CSC-Alimentation et services (CSC-AS) sont descendus dans les rues de Liège et d’Anvers.

Ces actions trouvent leur origine dans une cam-pagne lancée aux Etats-Unis en vue d’améliorer les salaires et les conditions de travail de nombreux tra-vailleurs. Ces personnes gagnent en moyenne 7,25 dollars (5,25 euros) de l’heure. Elles n’ont donc pas les moyens de subvenir à leurs besoins. Pour couvrir ces coûts, il faudrait porter le salaire horaire à minimum 15 dollars (11 euros). D’où le nom de la campagne, en anglais: «Fight for 15» (combat pour 15).

«Vu les gains énormes réalisés par le secteur dans le monde entier, celui-ci a sans aucun doute des moyens à sa disposition, note la CSC-AS. Nous consta-tons que les grandes marques se retranchent trop sou-vent derrière l’indépendance des franchisés pour ne pas devoir assumer leurs responsabilités. Il est plus que temps que McDonald’s, Pizza Hut ou Burger King assument leurs responsabilités.»

En Belgique aussiEn Belgique, la situation n’est pas très différente. Les entreprises du secteur mettent tout en œuvre pour ne pas installer de concertation sociale dans leurs restau-rants. Le salaire moyen en Belgique pour un travailleur de fast-food s’élève actuellement à 11,30 euros brut de l’heure. l

Les substances reprotoxiques peuvent nuire à la fertilité des hommes et des femmes et causer

des interruptions prématurées de grossesse.

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Préserver la législation sur la santé au travail

6 l 8 mai 2015 l l’info n°9

Le saut d’index devant la Cour constitutionnelle

«Notre rôle, comme syndicat, n’est pas de rester au port quand les vents sont contraires. Il est de

rester debout, de porter haut nos alternatives» a souligné Marie-Hélène Ska, secrétaire générale, en présentant les résolutions d’activité de la CSC en matière de création

d’emplois de qualité, de fiscalité juste, de soutien – avec les syndicats européens – à un «contrat social européen». Et, dans son discours de clôture, le président Marc Lee-mans a vivement condamné l’action du gouvernement et balisé l’opposition de la CSC dans les mois à venir. Car «cette coalition s’est hissée au pouvoir pour cinq ans, elle peut donc compter sur cinq ans d’opposition».

Des procédures en justice. Quand les travailleurs ont non seulement l’équité, mais aussi le droit de leur côté, la CSC va entreprendre des procédures juridiques contre certaines mesures asociales. Le saut d’index, voté par le parlement, va être porté devant la Cour constitutionnelle. La CSC va aussi porter au tribunal du travail certaines mesures révoltantes en matière de chômage.

Des corrections. La CSC va continuer à se battre pour que le gouvernement corrige certaines mesures qu’il a annoncées, mais qui ne sont pas encore entrées en vigueur, comme la réduction de moitié de l’allocation de

garantie de revenus (AGR) pour les temps partiels involon-taires, le service à la collectivité pour les chômeurs, etc.

La justice fiscale. La CSC va intensifier les pressions sur tous les gouvernements (fédéral et régionaux) pour plus de justice fiscale. «La CSC défend bec et ongles le “tax shift”, une fiscalité honnête sur le patrimoine, dans le cadre d’un impôt sur les revenus du patrimoine parfaite-ment éprouvé. Selon le gouvernement, cette matière n’est pas sujette à concertation avec les partenaires sociaux. Il ne pourra pas nous empêcher d’en faire un matière syndi-cale» a affirmé Marc Leemans.

La CSC jugera le résultat de la réforme fiscale à l’aune de quatre critères: est-elle juste, donc redistributive, des plus riches vers les moins riches? Est-elle efficace, donc créa-trice d’emploi? Est-elle substantielle et durable? Est-elle crédible, donc au-delà des bonnes intentions? «Il ne s’agit pas d’une lutte entre gouvernement et syndicat, a conclu le président de la CSC, mais d’un clash de convictions.» l

Des lignes de force pour accroître la participationLe congrès de la CSC a défini ses objectifs pour accroître la participation et la concertation, gages de moins d’inégalités. La CSC va renforcer son combat pour une réforme fiscale juste.

«L’essence même de ce congrès est la répar-tition du pouvoir, donc la répartition des moyens. Pourquoi les syndicats sont-ils visés?

Pourquoi veut-on briser la concertation sociale solidaire? Parce que les travailleurs qui ont voix au chapitre, la concertation sociale équilibrée, constituent autant d’obs-tacles au déploiement d’une politique économique et d’une politique publique qui entendent enrichir les riches sur le dos des travailleurs et des plus faibles. La question de la participation et la question de la redistribution sont les deux faces indissociables d’une même médaille» a affirmé Marc Leemans, président de la CSC, en ouvrant le 35e congrès de la CSC, le 23 avril, à Ostende. Le ton était donné.

À chacun son rôlePendant deux jours, les militants ont travaillé les lignes de force qui définissent désormais la conduite de la CSC en matière de participation. Au nom de leur organisation (centrale professionnelle ou fédération régionale), ils ont proposé et défendu des amendements soumis au vote. Et, le deuxième jour, près de quatre-vingts lignes de force ont été adoptées, que la CSC va défendre et mettre en œuvre dans son action quotidienne. En voici quelques orientations:• Participation accrue dans les entreprises et les

institutions, quel que soit leur type. Notre modèle de concertation est très élaboré, mais encore insuffisant. Il faut donc continuer à le renforcer. Mais la CSC ne demandera pas la présence de représentants des travailleurs dans les conseils d’administration. A cha-cun son rôle! Les travailleurs n’ont pas à acheter des actions de leur entreprise à l’instar des nantis. Leur participation doit reposer sur leur apport de travail.

• Droit pour les travailleurs de solliciter une expertise externe dans les entreprises. Grâce à ces informa-

tions, les travailleurs pourront, en toute connaissance de cause, entamer le dialogue sur l’avenir de l’entreprise.

• Mise en adéquation du modèle de participation avec l’harmonisation des statuts ouvrier-employé. Pour la mi-2018, la CSC veut finaliser la refonte de ses struc-tures pour qu’il n’y ait plus qu’une seule centrale par secteur ou entreprise. Et pour les élections sociales de 2020, elle veut des organes de concertation renforcés dans les entreprises et les institutions.

• Participation dans les PME. La participation des tra-vailleurs et la concertation sociale sont des droits fon-damentaux qui doivent s’appliquer partout, y compris dans les PME (petites et moyennes entreprises).

• Extension de l’action de la CSC à certains indépen-dants. La CSC veut étendre son action aux faux indé-pendants et aux indépendants sans personnel, dont les problèmes diffèrent peu de ceux des travailleurs salariés.

• Evolution vers de nouvelles formes d’organisation du travail. La CSC veut évoluer vers de nouvelles formes d’organisation du travail comme le travail sans contrainte de lieu ni de temps. Elle en perçoit les avan-tages, mais aussi les risques, et juge donc nécessaire qu’elles soient bien encadrées et fassent l’objet d’une bonne concertation, avec des accords clairs.

• Défense des intérêts des travailleurs les plus faibles. Dans le cadre de la concertation, la CSC porte tout par-ticulièrement les intérêts des personnes les plus faibles sur le marché de l’emploi: les jeunes, les demandeurs d’emploi, les femmes, les travailleurs sous contrat précaire et les travailleurs en sous-traitance. Avec une préoccupation pour le genre (égalité hommes-femmes) et pour l’harmonie des générations.

• Innovation, diversité, formation, qualité du tra-vail. Lorsqu’actionnaires et top managers, soumis à la pression du cours des actions et des bonus, ont une

vision réductrice de l’entreprise, les travailleurs doivent eux-mêmes se préoccuper de l’avenir de l’entreprise à travers le choix de l’innovation, de la diversité, de la formation, de la qualité du travail et aussi du climat et de l’environnement.

• Voix au chapitre dans les chaînes d’approvisionne-ment. La CSC entend avoir son mot à dire dans les chaînes d’approvisionnement désormais mondialisées. Pour cela, elle veut davantage de CCT (conventions collectives de travail) européennes et mondiales. Leur but doit être d’agir réellement sur les conditions de travail et de salaire partout dans le monde, et pas de dépoussiérer l’image de l’entreprise.

• Sécurisation et renouvellement des moyens d’ac-tion. La CSC veut sécuriser ses moyens d’action et les renouveler pour avoir plus d’impact sur la politique, car elle reste le syndicat des propositions constructives. l

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La CSC a tenu son 35e congrès les 23 et 24 avril à Ostende, sur le thème de la participation.

http://devivevoix.csc-en-ligne.be

Marc Leemans, président de la CSC: «L’opposition au gouvernement est un clash de convictions.»

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l’info n°9 l 8 mai 2015 l 7

Vie privée au travail et pirates du webIl n’y a hélas pas que les célébrités qui peuvent être la cible des pirates du web… En novembre dernier, les données à caractère médical d’un millier de travailleurs ont été rendues publiques sur des sites internet.

La cible du piratage était en fait la firme de médecine de contrôle Mensura Absentéisme. Les employeurs qui font appel à Mensura pour contrôler un travail-

leur malade ont la possibilité de donner des indications complémentaires au médecin-contrôle sur l’état de santé du travailleur, son comportement dans l’entreprise, des remarques sur sa famille, etc. Ce sont ces informations sensibles (et nominatives) qui se sont retrouvées sur le web, au vu et au su de n’importe qui surfant sur Google ou Yahoo. Jouant les maîtres chanteurs, le pirate avait mena-cé, contre rançon, de divulguer le contenu de la banque de données mal sécurisée de Mensura. La firme ayant refusé de payer, le pirate a mis ses menaces à exécution.

Maîtres chanteursLe cas n’est pas isolé. Le pirate Rex Mundi a également piraté les données de plusieurs agences d’intérim qui uti-lisent des formulaires en ligne (Z-Staffing, Tobasco, Xtra Interim et Exaris). Même scénario: les pirates ont tenté de faire chanter ces agences et d’obtenir de l’argent en échange de la non-publication des données. Les agences ayant refusé de céder au chantage, ces données person-nelles – qui concernent plus de 18.000 demandeurs d’em-ploi et intérimaires – ont été balancées sur le web: des données relatives à leur identité, mais aussi leur numéro de registre national, leurs coordonnées personnelles, par-fois aussi leur numéro de compte bancaire… ainsi que leur CV, des commentaires personnels sur leur parcours personnel, leurs employeurs antérieurs, etc.

Dans chacune de ces affaires, la CSC a demandé instamment aux entreprises piratées d’informer les travail-leurs concernés à propos des informations qui circulent à leur sujet.

Dans le cas de Mensura Absentéisme, cette société s’est contentée d’informer les employeurs à propos des fuites, laissant le soin à ceux-ci d’informer leur person-nel. Ce que certains n’étaient pas pressés de faire, vu la

nature des informations et commentaires parfois gênants que l’employeur avait lui-même fournis à Mensura Absen-téisme…

Quant aux agences d’intérim, elles ont informé les inté-rimaires concernés que leurs données avaient été pira-tées, mais sans donner aucune information précise sur le contenu de ces données.

Ses demandes n’ayant été que partiellement rencon-trées, la CSC a insisté auprès de ces firmes pour qu’elles informent complètement les travailleurs concernés, afin que chacun puisse prendre les mesures adéquates pour éviter une utilisation malveillante de ses données. Par ail-leurs, la CSC a entrepris des démarches vis-à-vis de la

police fédérale et de la Commission pour le respect de la vie privée. Elle a également demandé aux responsables politiques (ministre de l’Emploi et secrétaire d’Etat chargé de la vie privée) de créer une «task force» avec les par-tenaires sociaux pour réfléchir à la manière d’améliorer la protection de la vie privée.

Toujours visibleLes données piratées sont hélas toujours visibles sur internet. Il suffit d’introduire une partie de ses coordon-nées pour recevoir non seulement ses propres données piratées, mais également celles de toutes les personnes concernées.

Que faire en cas de «hacking»?• Demander à son employeur une information précise

sur le contenu des données qui ont été divulguées.• Entamer auprès des firmes déployant des moteurs de

recherche (Google, Yahoo, Bing, etc.) ou auprès du site internet où les données se trouvent, une procédure en vue de faire enlever ces informations. l

La société civile contre les traités transatlantiquesImperturbable, l’Union européenne (UE) avance dans la

négociation des traités transatlantiques: le TTIP avec les Etats-Unis et le CETA avec le Canada. Tous deux sont nocifs pour la démocratie, pour les citoyens – comme travailleurs, patients, consommateurs – et pour l’environ-nement. Une coalition d’organisations de la société civile belge s’est donc constituée pour appeler à suspendre les négociations. Elle regroupe le CNCD-11.11.11, les trois syndicats, l’ensemble des mutualités, Test-Achats et son homologue flamand, Greenpeace, l’Union des classes moyennes, etc.

Moins d’emplois et de droitsLes résultats des études d’impact sont divergents, mais le TTIP risque de détruire 600.000 emplois en Europe. La Belgique, les Pays-Bas et la Finlande se trouvent parmi les pays qui y perdront le plus. Elargissement signifie souvent fusions et restructurations, le pouvoir de décision s’éloigne et les pertes d’emplois suivent.

Les conditions de travail risquent aussi de se dété-riorer. Les Etats membres de l’UE ont ratifié en moyenne 80 conventions de l’Organisation internationale du tra-vail. Les Etats-Unis n’en ont ratifié que 14 dont seu-lement deux des huit conventions fondamentales. La Confédération européenne des syndicats est d’ailleurs très opposée aux négociations du TTIP et du CETA.

Les négociateurs travaillent sur base d’une liste «négative» (une liste qui précise ce qui n’est pas négo-ciable, tout le reste l’étant). La société civile belge exige une négociation sur base d’une liste «positive» (liste qui précise ce que l’on négocie, tout le reste étant exclu). Elle exige que les services publics et les services d’inté-rêt général – en particulier l’assurance maladie et les soins de santé – soient exclus du champ d’application. Les politiques de santé et de prévention doivent bénéfi-cier de garanties absolues.

Des gestes politiques concretsL’intérêt des consommateurs est également en jeu. L’Europe interdit plus de 1.300 produits chimiques dan-gereux dans la fabrication des cosmétiques, alors que les USA en interdisent… onze! Rien d’étonnant, donc, à ce que les multinationales défendent ces deux traités. La plupart des grandes entreprises américaines ayant un siège au Canada, le CETA servirait de cheval de Troie pour le TTIP.

La coalition adresse trois demandes aux responsables politiques:• Dire non au CETA. Ce texte sera présenté pour signa-

ture aux parlements nationaux (chez nous, ceux du fédéral, des Régions et Communautés) d’ici fin 2015, puis au parlement européen pour ratification.

• S’opposer à la poursuite des négociations du TTIP sur base du mandat actuel et exiger qu’elles ne reprennent qu’avec un tout autre mandat: plus ques-tion de clauses d’arbitrage (une justice privée où les multinationales peuvent attaquer les Etats, mais pas l’inverse), de mesures destructrices des règles de protection des consommateurs et de l’environne-ment, de déréglementation des services financiers. Imposition de clauses sociales et environnementales.

• Reprise des négociations dans un processus vraiment démocratique. l

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«Cette personne a trop fait la fête»Voici quelques exemples de ce qui a circulé sur internet à la suite du piratage de Mensura Absentéisme: «… un mauvais fonctionnement de son système immunitaire et une résistance globalement faible»; «Cette personne habite à Oostkamp, mais elle fournit un certificat délivré par un médecin de Bruxelles»; «Durant l’année écou-lée, ce travailleur a été malade à plusieurs reprises; il dépasse l’indice de maladie»; «Une importante somme d’argent a récemment été dérobée dans le magasin où cette personne travaille»; «… s’est absenté pour une opération de chirurgie esthétique (mâchoires et men-ton)»; «Il y a eu une dispute dans l’entreprise hier. Cette absence peut être liée à la dispute»; «Le supérieur hié-rarchique pense que cette personne a trop fait la fête le week-end dernier»; «Le travailleur est resté chez lui parce que son perroquet est mort»; «Ce travailleur devait accomplir un travail qui lui déplaît»;…

Pour la CSC, le glissement fiscal doit permettre d’alléger la contribution des revenus du travail et d’alourdir la contribution des revenus du patrimoine. Mais pour les employeurs, c’est aux entreprises – aux actionnaires? – que le «tax shift» doit bénéficier.

Pour les employeurs, le produit du futur «tax shift» doit être affecté en priorité aux entreprises. Peter Tim-mermans, administrateur délégué de la Fédération

des entreprises de Belgique (FEB), l’a déclaré dans la presse francophone et flamande à la veille du 1er mai. Du jamais vu! Est-ce aux actionnaires que pense la FEB? Elle peut en tout cas difficilement continuer à parler d’écart salarial avec les pays voisins. Les employeurs ont en effet été très choyés par le gouvernement: 3,04 milliards par an suite au saut d’index de 2% et 0,96 milliard par an suite à la réduction de charges qui débute l’an prochain. Tout cela en plus des 11 milliards de subsides salariaux déjà reçus.

Des cadeaux sans contrepartieToutes ces aides s’ajoutent aux nombreuses mesures prises en leur faveur dans différents domaines: une fiscalité avanta-geuse (réduction fiscale pour les bonis de liquidation, réduction de cotisations pour les vacances annuelles des ouvriers, «taxe diamant», diminution des amendes à l’encontre des dirigeants d’entreprise qui font supporter leurs dépenses privées par leur

activité professionnelle…); davantage de flexibilité dans l’horeca et l’e-commerce; l’allongement des carrières (démantèlement des crédits-temps, des prépensions, des emplois de fin de car-rière, pension à 67 ans). Et ces faveurs sont accordées sans contrepartie! Le gouvernement ne demande aux employeurs aucun engagement de création d’emploi.

«Si l’on tient compte de tous les subsides salariaux, l’écart salarial moyen avec les pays voisins n’existe plus. Il ne reste problématique que pour certains secteurs industriels spéci-fiques exposés à la concurrence internationale, remarque la CSC. Le problème du dumping, comme dans la construc-tion, constitue un problème de plus en plus aigu. La politique de réduction globale des prélèvements sur les revenus du travail doit faire place à des mesures ciblées et à une lutte bien plus active contre le dumping social.»

Un euro, c’est un euroLa CSC a été très claire sur ce point lors de son dernier congrès: «Le "tax shift" est indispensable, et son produit

Le secrétaire d’Etat en charge de la lutte contre la fraude sociale vient d’autoriser l’Onem à organiser des

contrôles-surprises au domicile des chômeurs. La mesure avait été supprimée en 2000 et, depuis, l’Onem était tenu d’annoncer dix jours à l’avance la visite de contrôle au domi-cile du demandeur d’emploi. Revoici la mesure en vigueur. «Quand il y aura des soupçons sérieux de fraude – par exemple lorsque la consommation d’énergie et d’eau est telle que cela crée des soupçons –, alors les inspecteurs iront contrôler sans prévenir chez le chômeur concerné», explique le secrétaire d’Etat.

La CSC a toujours été opposée à la fraude, qu’elle soit sociale ou fiscale. Mais elle s’indigne du «deux poids, deux mesures» entre les deux types de fraude: «Il est injuste d’instaurer une telle panoplie de contrôles pour un travail-leur licencié qui vit avec une allocation de remplacement au-dessous du seuil de pauvreté, et de constater que ceux qui pratiquent la fraude fiscale bénéficient d’une impunité pour cause de prescription ou d’amnistie fiscale» s’indigne Pedro Rodriguez, responsable des Travailleurs sans emploi (TSE) de la CSC.

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Les employeurs veulent être les bénéficiaires du «tax shift»

Le gouvernement rétablit les contrôles-surprises des chômeursContrôles nombreux et multiplesIl faut savoir que les chômeurs sont déjà confrontés à des contrôles nombreux, multiples et souvent vexatoires, qui peuvent déboucher sur une sanction. Citons notamment:• le contrôle de l’adresse et de la composition de ménage,

en confrontant la déclaration du demandeur d’emploi aux données du registre national;

• le contrôle annuel par l’envoi d’un document reprenant la situa-tion familiale connue pour les chefs de ménage et les isolés;

• le contrôle de résidence: chaque mois, un certain nombre de chômeurs reçoivent une attestation qu’ils doivent faire compléter par la commune ou le bureau de chômage pour prouver qu’ils habitent bien à l’adresse connue de l’Onem;

• le contrôle préventif de l’activité et des revenus lors d’une demande d’allocations, via la consultation des fichiers de l’Inasti pour détecter toute trace d’une éventuelle activité indépendante, et contrôle des données relatives à une éventuelle pension dans le cadastre des pensions;

• les contrôles préventifs sur les paiements: les déclarations du demandeur d’emploi sont comparées d’une part avec le fichier Dimona pour repérer un éventuel travail salarié, et d’autre part avec les informations des mutuelles sur les

déclarations d’incapacité de travail pour éviter tout cumul;• le contrôle a posteriori sur les paiements: l’Onem effec-

tue des contrôles basés sur le croisement des bases de données de la sécurité sociale, afin de repérer ces mêmes cumuls;

• le contrôle des déclarations du demandeur d’emploi via un système d’audition de l’Onem sur base d’indices pou-vant venir du croisement des bases de données, mais aussi d’autres éléments (dénonciations, flux du Forem-Actiris-VDAB vers l’Onem,…);

• sans parler des contrôles de suivi et de la disponibilité active sur le marché de l’emploi…

«Le résultat de cette stigmatisation occulte les véritables enjeux, dont le manque cruel d’emplois pour les jeunes et les moins jeunes, l’absence de création d’emplois par manque de justice fiscale» dénonce Pedro Rodriguez. Les TSE demandent au gouvernement de s’attaquer aux véri-tables causes du chômage. Ils rappellent que, selon Euros-tat, les demandeurs d’emploi belges sont les plus actifs dans la recherche d’emploi parmi les 28 Etats de l’Union européenne. l

doit être consacré avant tout au redressement du pouvoir d’achat des travailleurs et des allocataires sociaux. C’est la seule solution dont dispose encore le gouvernement fédéral pour se réhabiliter quelque peu sur le plan social.» La CSC l’évaluera d’ailleurs selon quatre critères: l’équité, l’efficacité, la durabilité et la crédibilité, ainsi que l’a déclaré Marc Lee-mans lors de son discours de clôture (voir en page 6).

Le fil conducteur de la CSC est simple: «Un euro, c’est un euro. Et tout euro doit être imposé de manière équiva-lente, en fonction de la capacité contributive de chacun. Peu importe que cet euro soit gagné en tant que salarié, profession libérale, indépendant, chef d’entreprise, inves-tisseur, nanti ou bailleur. Il ne peut y avoir de dérogation que si elle est vraiment justifiée, dans le cadre des allo-cations sociales, par exemple. Nous voulons donc une base imposable plus large, reposant sur une contribution fiscale équitable de chacun, afin de réduire la pression fiscale pour ceux qui assument déjà plus que leur part aujourd’hui.» l

8 l 8 mai 2015 l l’info n°9