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C e - pensee unique pour les scientifiques · C e l’actualité chimique - juin-juillet-août 2016 - n° 408-409 5 Fin décembre, les lampions se sont éteints au Bourget, les délégations

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Chroniques

5l’actualité chimique - juin-juillet-août 2016 - n° 408-409

Fin décembre, les lampions se sontéteints au Bourget, les délégations poli-tiques sont parties ; restent les résolu-tions écrites, peut-être signées en2016. Nous sommes encore abasour-dis par le matraquage médiatique qui a précédé et laissé quelques victimesdans le PAF, ceux qui mettaient endoute l’effet anthropique du réchauffe-ment climatique. Mais quelques moisaprès, si en France c’est encore calme,aux États-Unis, de plus en plus descientifiques, y compris parmi lesanciens rédacteurs des groupes de tra-vail du GIEC, publient en se basant surdes données et mesures incontes-tables, des critiques violentes sur lesextrapolations alarmistes et exagéréesdes rapports. Sommes-nous auxportes de la plus grande escroqueriepolitico-scientifique du siècle ?

Le contexte

L’ONU, par le CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur le change-ment climatique) créé en 1992, organi-se les conférences sur le climat dontcelle de Paris en 2015. Ses dirigeantset représentants onusiens n’ont aucu-ne compétence en climatologie maiss’appuient sur les rapports du GIEC ;

le cinquième comporte 4 700 pagesrédigées à partir de contributions dephysiciens, géologues, météorolo-gistes, géographes, chimistes, mathé-maticiens… bien-pensants. Il n’estjamais lu en entier et donc un résuméde 100 pages est publié par des rédac-teurs délégués et un pavé de 35 pagesest largement diffusé aux médias etresponsables de gouvernements. Cedernier est fabriqué par un bureau exécutif composé d’administratifs com-pétents intergouvernementaux, nonscientifiques. En regardant les listesdes contributeurs, rédacteurs et repré-sentants des gouvernements, ons’aperçoit assez vite que les lobbies duWWF, de Greenpeace, des «  verts  »,des grandes institutions, des États, ontassez bien réussi à orienter les conclu-sions suivant une nouvelle religion,celle du « réchauffisme », qui supposedes oublis opportuns, des donnéesgênantes masquées ou manipulées,des auteurs hors ligne exclus.Le catastrophisme a toujours bonnepresse. Écrire que l’augmentation destempératures va faire griller la planète,que les ours blancs vont périr noyés,que Londres, New York, La  Rochellevont bientôt être sous l’eau, que les

tempêtes, canicules et sécheressesvont s’intensifier, cela fait vendre dupapier et la fortune des producteurstélé et radio. Qu’en est-il exactement ?Quels sont les sujets de polémiquesqui font que des scientifiques s’élèventmaintenant contre ces excès ?

La température

Depuis 1991, les rapports du GIEC ontmultiplié les modèles de projectionsdes températures ΔT = f(CO2) plus ou

moins linéaires. On peut prendre lemodèle le plus basique  : la règle detrois. On sait qu’entre 1850 et 1990,ΔT = 0,7 °C et ΔCO2 = 85 ppm (280 à

365  ppm), d’où ΔT  =  0,008 ΔCO2.

Entre 1990 et 2015, on passe de 365 à400  ppm, d’où ΔCO2 =  35  ppm et

ΔT = 0,28 °C. Or depuis 1997, toutesles mesures de températures montrentque celles-ci ne bougent pratiquementplus. Certains auteurs tirent même unedroite de régression sur des moyennesvraies qui a une pente légèrementnégative. Ce fait, appelé « hiatus » duXXIe siècle, est combattu jusqu’à l’hys-térie et la manipulation des donnéespar les « réchauffistes », à tel point que300 scientifiques américains ont élevé

COP21 : le doute scientifique est-il encore possible ?

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Chroniques

une protestation sur une publicationfausse de Science [1] et qu’une récen-te publication de Nature rétablit la vérité [2].Ce n’est pas la première fois que les« experts » du climat nient ou oublientdes données  ; la fameuse courbe enforme de crosse de hockey du 3e rap-port du GIEC passait sous silence l’optimum médiéval de 900 à 1300 enEurope occidentale où la températureétait bien plus élevée que mainte-nant puisque l’agriculture prospérait au Groenland (terre verte). Plusieursclimatologues « tièdistes » non desmoindres, mais excommuniés, expli-quent intelligemment que les projec-tions de température du GIEC jusqu’en2100 sont trop hautes et que l’évolutionplus complexe doit tenir compte de lavariabilité du Soleil et des oscillationsnaturelles océaniques [3].

La banquise

La photo montrant un ours blanc déri-vant sur une petite plaque de glace estbien plus parlante que la réalité del’évolution des banquises des pôles. En2007, un « expert » de Californie prédi-sait la disparition de la banquise arc-tique en 2013 – affirmation reprise parAl Gore. Les observations par satellitede la NASA montrent au contraire quedepuis quarante ans, elle oscille entre14  millions de km2 (Mkm2) à la fin del’hiver et 4 Mkm2 à la fin de l’été (huitfois la surface de la France), et que sielle a baissé de 5 à 4 Mkm2 en été cer-taines années, elle reste en hiver entre13 et 14 Mkm2 [4]. Dans l’hémisphèresud, les glaces de mer de l’Antarctiqueont plutôt tendance à augmenter : labanquise a gagné près de 2 Mkm2 en2015.

Le niveau des mers

Les prédictions du GIEC donnent uneaugmentation de 30 à 50  cm sur lapériode 1990-2050, soit 13 à 21  cmentre 1990 et 2015. On dispose desdonnées de l’organisme anglaisPSMSL (Permanent Service for MeanSea Level) collectant les données de2 000 stations sur des périodes plus oumoins longues – Marseille par exempledepuis 1885. Les données des maré-graphes prennent bien en compte nonseulement le niveau de la mer, maisaussi l’élévation ou l’abaissement descontinents ou rivages. Les donnéesmondiales sont extrêmement diverseset comprises entre - 3 et + 3 mm/an  ;une moyenne de +  1,5  mm parait raisonnable, soit sur la période 1990-2015 une élévation moyenne de 4 cm,3 à 5 fois inférieure aux projections duGIEC qui se trompe lourdement.

Récemment, une publication de deuxauteurs américains, reprise opportuné-ment par les médias, modélisait lafonte des glaces à la surface des conti-nents de l’Arctique et de l’Antarctique(plus grand que les États-Unis). Cemodèle de déglaciation provoquait unehausse de 1 à 2 m d’ici 2100 et 15 m en2500 [5]. Les observations de la NASAet les calculs du NSIDC (National Snowand Ice Data Center) de Boulder sur les glaciers de l’Antarctique en 2015contredisent les deux prophètes et s’ils dénotent des pertes à l’ouest, ilsconstatent des renforcements à l’est,avec globalement un bilan largementpositif [6].

Les évènements extrêmes

Pour le «  réchauffisme  » sont aussiprévues de fortes augmentations desprécipitations. Les relevés pluviomé-triques connus sur Paris depuis 1864montrent une remarquable stabilité de 62  ±  10  cm/an –  mêmes résultatsstables pour les grandes villesd’Europe. Les périodes de séche-resses et les tornades ont plutôt dimi-nué aux États-Unis ces trente der-nières années [7], malgré les bellesimages à la télévision.

Le CO2, un gaz bienfaisant pour

les cultures

On sait déjà que sans effet de serre, onse « gèlerait les miches » par - 15 °Csur la planète. Or par photosynthèse,les plantes puisent le CO2 de l’atmo-sphère pour croitre et constituer leurréserve d’amidon ou de sucres. Depuis150 ans, l’augmentation du rendementdes cultures vivrières est due auxengrais chimiques, mais aussi à l’aug-mentation de la teneur en CO2. Desessais en serre avec des valeurs de600 à 800 ppm montrent une augmen-tation de la croissance du blé et du rizainsi que de la plupart des plantesforestières.

Les accords de Paris

La grande affaire de la COP21, signéemais sans contraintes par 195  repré-sentants de pays, est l’énergie décar-bonée. Quelques exemples montrentl’irréalisme de cet objectif. En Europe,avec la montée de l’électricité « renou-velable », le prix spot du MWh est des-cendu en dessous de 30 €. Les élec-trons subventionnés et prioritaires surle réseau mettent à genoux les opéra-teurs. Engie accuse en 2015 une pertede 4,2  Md€ et déprécie ses actifs àhauteur de 8,7 Md. EDF déprécie aussises actifs et frôle la faillite d’après lessyndicats. En Allemagne, EON etRWE, non seulement aux prises avec

une maitrise kafkaïenne du réseau,sont dans une situation encore pluspréoccupante. En France, le décretd’application de la PPE (Préparationpluriannuelle de l’énergie) est reporté àplus tard, l’annonce électorale de laréduction du nucléaire à 50 % restantpour le ministère un épineux problème.En Allemagne, malgré 32 % d’électrici-té renouvelable, celle produite par lescentrales au charbon continue à aug-menter, et avec elle les émissions deCO2. La décarbonisation de l’énergieélectrique se heurte à un verrou tech-nologique qui ressemble plus à un mursur lequel on va s’écraser. Pour l’ins-tant, outre-Rhin l’« Energiewende » eten France la « transition énergétique »ont plutôt désorganisé le marché del’électricité. La guerre déclarée au CO2

et au charbon lors de la COP21, alorsque 1  200 centrales thermiques (dont800 en Chine et en Inde) en consom-ment 8  milliards de tonnes par an,parait irréelle aux pays en voie dedéveloppement où les habitants nesont pas prêts à payer 28 cc€ le kWhrenouvelable, dont ils ne disposentsouvent pas ni de la technologie ni desinvestissements.Les économistes ont pris l’habitude derelier le PIB à la consommation d’éner-gie. Il est évident pour eux que réduireles émissions de CO2 de 32 milliards detonnes à 16 milliards en 2050 est illu-soire, sauf en diminuant le PIB, ce quetout gouvernement sensé se refuse àfaire. De plus certains scientifiquesajoutent que cela sera probablementd’un effet mineur sur la température.

Quelle position ?

Que dit la chimie et que pensent leschimistes de ces théories qui avoisi-nent l’idéologie ? Il y a d’abord le bonsens et l’habitude d’une science expé-rimentale où se confrontent sans cesse théories et expériences. Commel’écrivait le physicien et prix NobelFeynman : « Si ça ne colle pas avec les

expériences, c’est faux. » Quand jedoute de la météo pour dimanche pro-chain, j’ai les plus grands doutes sur laprévision du climat en 2050, d’ailleursinvérifiable en 2016. Par contre, s’il y aune chose dont les chimistes, physi-ciens et géologues sont certains, c’estque l’immense richesse accumuléedepuis des millions d’années par la bio-chimie du carbone dans notre sous-soln’est pas inépuisable. Ces gisements,poches, veines, auront inévitablementune fin un jour. Même si c’est dansquelques dizaines à quelques cen-taines d’années, elle est inexorable.Les ressources carbonées (pétrole,gaz, charbon) sont des matières

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Chroniques

premières d’une richesse exceptionnel-le. La pétrochimie, la carbochimie, lachimie de spécialité sont capables detransformer ces matières premières entissus, plastiques, composites, tousproduits à haute valeur ajoutée. C’estpourquoi en tant que chimistes, nousnous sommes résolument lancés dansles innovations d’une «  sustainablechemistry  », celle, par exemple, de lachimie végétale qui, à partir de la bio-masse, peut fabriquer du bioétha-nol  2.0 et des molécules bases despolymères biodégradables, la chimiedu recyclage des plastiques, la captureet la chimie du CO2 pour en faire descarburants et même des médicaments,et développer la chimie de l’hydrogènecomme vecteur d’énergie. Les électro-chimistes inventent de nouvelles batte-ries pour le stockage de l’électricité,nomades ou fixes… Toutes ces innova-tions sont destinées à économiser lesressources carbonées fossiles.Les physiciens et hommes des maté-riaux s’investissent dans les nouveauxphotovoltaïques, les composites car-bones pour les pales d’éoliennes et l’al-lègement des structures des véhiculesou avions, le nucléaire, les véhiculesélectriques, etc., dans l’esprit de trou-ver de nouvelles alternatives à la pro-duction électrique par les centrales etmoteurs thermiques qui dévorent lessources non renouvelables.C’est par ces recherches et ces innova-tions que se développera une industrie

« durable » et non par des observationspassives et élucubrations de modèlesclimatiques alarmistes. Loin du battagemédiatique et des fausses allégationsde mercenaires de la science, et descontre-vérités politiques.

Plus grave pour la science et les scien-tifiques : d’excellents spécialistes del’atmosphère et de l’environnement–  Richard Lindzen, John R. Christy,Judith A. Curry, Fritz Vahrenholt –, quiont assumé parfois des responsabilitésau GIEC ou contribué à des groupes,dénoncent le comportement idéolo-gique des «  réchauffistes  ». Trop de climatologues ont abandonné toute prétention à la neutralité et à l’objectivité.L’establishment scientifique qui se trou-ve derrière la question du réchauffe-ment climatique s’est laissé entrainerdans le piège qui consiste à gravementminimiser les incertitudes associées auproblème climatique.J’ai enfin été effrayé par les attitudesdes militants, des ONG, des hommespolitiques et des médias vis-à-vis descientifiques internationaux qui consta-taient, preuves à l’appui, la surévalua-tion de l’influence du CO2 anthropique et proposaient un schéma d’évolution du climat plus conforme à la réalité. Ils ont été exclus comme « climato-sceptiques » de la communauté, sansprocès, excommuniés, poursuivis etcaricaturés par la presse de façonindigne. Cette façon de mettre au ban

d’éminents collègues pour cause de différence d’interprétation rappelle lespires moments de notre histoire :l’Inquisition au XVIe siècle en Europe,la liquidation des médecins en Russielors du stalinisme, la chasse aux libé-raux d’Hollywood lors du maccarthys-me… Pour quelles motivations cesdéchainements ? Je pense que noussommes arrivés à un tournant  : ce nesont plus les «  odieux climatoscep-tiques » qui mettront des bâtons dansles roues des théories du GIEC envigueur, mais la Nature elle-même.

Jean-Claude Bernier

Mai 2016

[1] Karl T.R. et al., Possible artifacts of data biasesin the recent global surface warming hiatus,Science, 2015, 348(6242), p. 1469.

[2] Fyfe J.C. et al., Making sense of the early-2000s warming slowdown, Nature Climate

Change, 2016, 6, p. 224.[3] John Christy (météorologiste, Univ. Alabama),

Rapport devant la Chambre des représentants,fév. 2016.

[4] Source  : National Snow and Ice Data Center(NSIDC) : NASA SMMR and SSMI data.

[5] DeConto R.M., Pollard D., Contribution ofAntarctica to past and future sea-level rise,Nature, 2016, 531, p.  591, et Le  Monde,31 mars 2016.

[6] Zwally H.J. et al., Mass gains of the Antarcticice sheet exceed losses, J.  Glaciol., 2015,61(230), p. 1029.

[7] AON, 2015 Annual Global Climate and

Catastrophe Report.

Adisseo p. 10

ChemPubSoc p. 158

Chimie ParisTech p. 154, 4e de couv.

Chromatography 2016 p. 70

CultureSciences-Chimie p. 87

EDP Sciences p. 125

EuCheMS p. 92

Fondation de la Maison de la Chimie p. 60

IC2MP p. 137

IFPEN p. 9

Institut Européen des Membranes 2e de couv.

LMGP p. 76

NIMBE p. 33

SECF p. 67

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