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CULTURE, HÔPITAL ET TERRITOIRES 2000 2010 Agence régionale de l’hospitalisation Rhône-Alpes, Région Rhône-Alpes et Direction régionale des affaires culturelles

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culture, hôpital et territoires 2000 – 2010

Agence régionale de l’hospitalisation Rhône-Alpes, Région Rhône-Alpes et Direction régionale des affaires culturelles

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… C’est tout de suite l’aventure

Il y a bientôt dix ans, les pionniers du développement culturel à l’hôpital invitaient les professionnels de la santé et de la culture à “passer le pont”. C’est en effet sous l’intitulé cher à Brassens “il suffit de passer le pont” que la première publication de “Culture et Hôpital” en Rhône-Alpes a vu le jour en 2001, sous l’égide de la Direction régionale des affaires culturelles et de l’Agence Régionale de l’Hospitalisation. Nombreux sont ceux qui ont, depuis, passé le pont, en tenant ou non un jupon, et qui ont constaté combien Georges Brassens était dans le vrai, cela a été tout de suite l’aventure.

Des aventures de plus en plus nombreuses pour les patients, les artistes, les porteurs de projet, les professionnels de la santé comme de la culture… pour les publics conviés également. Des aventures marquées par la fragilité des initiatives, le militantisme de leurs opérateurs, l’extrême sensibilité des interactions. Des aventures émouvantes à vivre, tellement difficiles à communiquer.

Depuis presque dix ans, le programme régional “Culture et Hôpital” s’est développé, en particulier grâce à l’adhésion en 2006 de la Région Rhône-Alpes, et s’est considérablement structuré, six comités locaux le relaient auprès des bassins hospitaliers. Mais c’est au cœur des myriades de micro-situations qu’il a rendu possibles que se trouve son moteur. Des situations qui ont coûté à leur promoteur pour les faire advenir dans l’organisation complexe des espaces de soin. Des situations à teneur maximale d’humanité. Des situations à haut risque, indécidables quant à leur coloration finale : cocasse, drôle, émouvante, triste...

Depuis presque dix ans, le programme implique une absolue nécessité de garder vivantes les questions que pose le croisement de l’art et de la santé. Il en va de son éthique que les scènes d’échange, de controverse

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couverture : chs de savoie les yeux gourmands pâquerettes et cie 2007 // francis helgorsky

4e de couverture : centre l'adapt les baumes journée particulière 2009 // renaud vezin

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Enfin, quelle action publique mobilisant des fonds ne réclame pas aujourd’hui son lot d’indicateurs et d’évaluation. Gilles Herreros et Bruno Milly, sociologues, s’y sont essayés…sans y croire. Mais le plus important était qu’ils s’intéressaient et souhaitaient rendre perceptibles la quintessence de ces initiatives et leurs effets attendus ou inattendus. Les résultats de ce travail ne révèlent pas d’indicateurs satisfaisants mais un état des lieux, une démarche compréhensive et un point de vue sur les perspectives de la politique régionale “Culture et Hôpital”.

Pour moi qui ai suivi la genèse pas à pas du programme régional “Culture et Hôpital” en Rhône-Alpes, je garde le goût de caramel de toutes ces rencontres avec des personnalités engagées dans des aventures improbables au pays des orties et des merveilles qui se situe toujours au-delà du pont.

Avec cet ouvrage, les porteurs du programme régional souhaitent offrir aux lecteurs un brin de sensible, une fleur d’émotion, un bouquet de pensées.

carine delanoë-vieux

Administrateur Hi.cultureChef de projet Affaires Culturelles, Direction des Instituts de formations, des Écoles et des Affaires Culturelles, Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille

restent ouvertes à tous. Forums, journées professionnelles, groupes d’auto-analyse, séminaires…malgré les contraintes des uns et des autres, cette aventure est ponctuée de rencontres et d’échanges avec leurs limites de genre et leur richesse de transversalité. La solitude est un sentiment souvent exprimé par les porteurs de projet “Culture et Hôpital” au sein des institutions tant hospitalières que culturelles. L’accompagnement des professionnels investis dans ces actions et leur institutionnalisation progressive est en conséquence un rôle majeur des pouvoirs publics concernés (DRAC, ARH, Région Rhône-Alpes), relayés pour cela par Hi.culture.

Cette aventure recèle de nombreux paradoxes.

Il est dans la nature des politiques publiques de normaliser les actions soutenues à travers un cahier des charges commun pour un territoire donné. Or, la diversité des opérations conduites dans le cadre du programme Rhône-Alpes est son premier caractère. Tous les types de territoires, les catégories de pathologies, les typologies de population, les durées d’hospitalisation, les disciplines artistiques, les modalités d’intervention, les secteurs culturels…sont mobilisés et croisés. Malgré tous leurs efforts, les sociologues qui ont conduit des études à ce sujet n’ont pas réussi à construire une typologie.

Il est dans la logique des programmes d’action publique de se référer à une méthodologie et à une professionnalité des acteurs bénéficiaires des subsides publics. Or, malgré des critères d’exigence, de très nombreuses expériences sont pilotées par des porteurs de projet dont la qualification est tout à fait dans un autre domaine que celui de l’action culturelle. Si cela constitue souvent un frein au développement et à la qualité du projet, il faut constater que nombre d’entre elles ont produit des fruits remarquables.

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Il y a de fait, dans cette intention, un aspect de résistance – ou de désordre, pour reprendre le terme du “sociologue évaluateur” Gilles Herreros – à un système de santé productiviste tourné exclusivement vers la réalisation d’actes et de séjours.

Mais quelle démarche serait en même temps la mieux à même de donner tout son sens à l’objectif d’amélioration de la qualité des soins à laquelle nous aspirons tous ?

C’est ce qui a amené récemment la Haute Autorité de Santé à prendre en compte de manière positive dans les évaluations des établissements de santé, le fait de développer une politique d’action culturelle.

L’intention première se trouve ainsi confortée et assurée de sa pérennité. Elle ne doit pas pour autant en perdre le caractère sensible.

Cet ouvrage témoigne du contraire.

jean-louis bonnet

Directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation

Culture et Santé sont à priori deux domaines de l’action publique qui n’ont pas de raison particulière de se rapprocher.

L’un a pour objectif de rendre l’art et la culture accessibles au plus grand nombre, l’autre de soigner les malades pour maintenir un état de bien-être.

Alors pourquoi aujourd’hui la DRAC, l’ARH et le Conseil Régional éprouvent-ils le besoin de conduire une politique commune en rapprochant ces deux domaines d’actions ?

Pourquoi des dizaines d’établissements de santé et de structures culturelles s’investissent-elles dans ces projets avec dynamisme et conviction ? Pourquoi tous ces acteurs tentent-ils de résister à la division du travail, au cloisonnement des politiques et des actions ?

Est-ce par simple originalité, par goût de l’opposition aux stéréotypes ou parce qu’ils trouvent, chacun dans leur domaine, leur propre champ d’action trop limité ?

Rien de tout cela a priori, car l’initiative première ne résulte pas d’une entreprise calculée et préméditée comme on en a l’habitude dans le domaine de l’action publique avec des objectifs, des moyens et des résultats.

La démarche ici, relève plutôt, de l’intuition, du sensible, de la nécessité, à un moment donné, de sortir justement du domaine d’action traditionnel pour en dépasser les limites.

Pour le domaine de la santé, c’est redonner aux soins leur dimension première du “prendre soin”, et pas seulement “délivrer des soins”.

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es “Culture et Hôpital”… L’intitulé même du programme, encore aujourd’hui, intrigue. à l’hôpital, on soigne

– parfois dans l’urgence – des hommes et des femmes qui souffrent. Quelle place pour la culture, l’émotion esthétique, la rêverie dans cet univers voué au geste efficace et salvateur ? On sait pourtant, depuis toujours, que la culture n’est pas un luxe. Qu’elle a partie liée aux questions essentielles de l’existence, surtout lorsque celle-ci est mena-cée. Que dans le ghetto de Varsovie qui agonise, en proie à la famine et aux épidémies, on organise des concerts (le plus difficile est de trouver un quignon de pain pour les instruments à vent : impossible de souffler dans une trompette quand on meurt de faim…). Malraux l’a magistralement exprimé, dans une de ces formules saisis-santes dont il avait le secret : “… Et si le mot Culture a un sens, il est ce qui répond au visage qu'a dans la glace un être humain quand il y regarde ce que sera son visage de mort…”.

Si, grâce à l’engagement admirable de quelques pionniers, venus du monde culturel comme de celui des soins, la culture est désormais la bienvenue à l’hôpital, on oublie souvent d’ajouter que les artistes n’entreprennent pas eux-mêmes impunément cette aventure en terres hospitalières. Beaucoup y trouvent une inspiration nou-velle et plus authentique, au contact de la souffrance, de la peur, du courage et du dévouement. Tous y nouent des contacts précieux.

La Région Rhône-Alpes est signataire, depuis 2006 et aux côtés de l’Agence régionale de l’hospitalisation et de la DRAC, de la convention “Culture à l’Hôpital” qui vient d’être renouvelée pour une nouvelle période de trois ans et enrichie de nouveaux objectifs, qui prennent mieux en compte le partenariat entre les établissements hos-pitaliers et les structures culturelles, les cultures professionnelles et la mémoire des acteurs, et les communautés hospitalières de territoire.

Ce livre met en lumière, avec beaucoup de poésie, le rôle pilote joué par notre région dans ce domaine sensible, où le succès repose non seulement sur le talent mais aussi sur la détermination des uns et des autres. On ne saurait rêver plus belle illustration du mot d’ordre que nous avons fait nôtre : Rhône-Alpes, la citoyenne !

Le Président de la Région Rhône-Alpes

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En Rhône-Alpes, les enjeux du programme “Culture et Hôpital” sont apparus si importants, qu’au sein du Schéma régional d’organisation sanitaire (SROS 3), la dimension culturelle a été intégrée au travers d’un texte abordant le diagnostic et les objectifs généraux et opérationnels.

Aujourd’hui, des comités locaux “Culture et Hôpital” se développent dans les territoires, permettant un meilleur accompagnement et une plus forte dynamique des projets culturels au sein des hôpitaux.

En Rhône-Alpes, chaque année, ce sont près de 50 établissements hospitaliers qui nouent des partenariats privilégiés avec des structures culturelles, favorisant l’ouverture individuelle et collective sur un environnement, la découverte des univers de la création, le travail sur les mémoires et les identités.

Le présent ouvrage permet d’en saisir la richesse et la diversité.

Je tiens ici très chaleureusement à féliciter l’ensemble des personnels hospitaliers et des acteurs culturels impliqués dans ces projets.

Les nombreux centres hospitaliers rhônalpins engagés dans le programme “Culture et Hôpital” en ont bien compris les enjeux : prendre en compte dans un processus de soin la globalité de la personne humaine, offrir de nouvelles perspectives pour la place du patient et de l’hôpital au sein de la cité. L’hôpital doit s’ouvrir sur son environnement comme l’institution culturelle doit s’inscrire sur tout un territoire. Car une ville n’existe pleinement que dans l’affirmation de toutes ses fonctions, et c’est dans leur complémentarité et leur confrontation que résident le mieux être et le mieux vivre.

alain lombard Directeur régional des affaires culturelles

Rhône-Alpes est souvent une région pionnière en de nombreux domaines. Elle l’est assurément avec le programme “Culture et Hôpital”.

Ce programme se développe autour de l’idée selon laquelle se reconstruire ou se reconstituer nécessite une ouverture à l’autre et à son environnement, une découverte des univers des possibles au travers de la création, un travail sur soi autour des mémoires et des identités. Cette relation se développe également autour d’un dialogue nécessaire entre l’hôpital et la cité.

En 1999, le ministère de la Culture et de la Communication et le secrétariat d’État à la Santé et à l’Action sociale signaient une convention “Culture à l’Hôpital” autour de trois axes : les jumelages entre hôpitaux et équipements culturels, le développement des bibliothèques dans les hôpitaux, la création de postes de responsables culturels dans les hôpitaux.

Cette convention nationale allait permettre dans les régions de développer des conventions régionales entre les Directions régionales des affaires culturelles et les Agences régionales d’hospitalisation. En Rhône-Alpes, une première convention DRAC/ARH était signée pour les années 2002-2003-2004.

Dès 2006, la région Rhône-Alpes rejoignait la DRAC et l’ARH dans ce dispositif mobilisant de nombreux établissements hospitaliers et de nombreuses institutions culturelles.

Dans “Culture et Hôpital”, les objectifs poursuivis sont structurés autour de 3 axes :

• partenariat entre une structure culturelle et un établissement hospitalier,

• inscription du projet culturel au sein même du projet de l’hôpital,

• dimension territoriale du projet culturel hospitalier.

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Factuellement, les déclinaisons de “Culture et Hôpital” ont concerné une cinquantaine d’établissements et ont donné lieu à des projets très différents portant sur la danse, le théâtre, le chant, l’écriture, l’art plastique, la photographie, la mémoire, le patrimoine, les sciences... à chaque fois, c’est sous la forme d’expositions, de représentations, ou bien de travaux d’ateliers – rassemblant personnels et patients – que se sont déroulées ces initiatives. Ici, sur la question de la mémoire, des récits sont recueillis, des objets collectés, des témoignages enregistrés, des productions photographiques ou cinématographiques réalisées, des recherches initiées, des ouvrages publiés. Là, dans un tout autre registre, ce sont des enfants hospitalisés qui produisent un disque, un recueil de textes, ou bien des malades qui réalisent des peintures. Ailleurs encore, c’est un spectacle qui est monté avec les personnels de l’hôpital, les malades et des artistes professionnels. Si la diversité des projets est patente, au commencement de l’action, on trouve toujours un même point de départ : la coopération entre une structure culturelle et un établissement de santé sur la base d’une problématisation commune de la situation spécifique dans laquelle se trouve ledit établissement (son histoire, ses projets, son territoire…).

à chaque fois, les effets des projets sont profonds ; adaptation, déplacements, détournements, réordonnancement, ces quelques qualificatifs nous y renvoient.

L’adaptation des projets au lieu est un impératif. N’importe quelle action culturelle ne peut se dérouler dans n’importe quel établissement. Les projets se profilent et s’ajustent selon les caractéristiques des lieux, dans une entre-définition permanente entre le contenu et le contenant (le projet et le contexte) qui se modèlent l’un l’autre. Ainsi, responsables culturels, artistes, professionnels de l’hôpital, patients, riverains se retrouvent dans une interaction continue qui exclut les “allant de soi”. Cette adaptation entraîne l’ajustement des pratiques de chacun :

“Doit-on aller danser dans la chambre du patient ? Moi j’ai du mal avec cela... et si oui comment faire ?” nous dit un artiste ; un soignant exprime le même genre d’interrogations : “pour la fête de la musique un concert avait

Les choses sont entendues, n’est-ce pas ? L’hôpital n’est pas une scène artistique, ni un lieu de création esthétique et encore moins un espace d’apprentissages et de divertissements autour des pratiques culturelles. à l’hôpital, on soigne monsieur ! Les malades y sont en souffrance, éloignés de chez eux, aspirant à y retourner au plus vite ; perturbés toujours, inquiets souvent, comment pourraient-ils songer à autre chose qu’à leur santé ? Quant aux personnels, tout est au moins aussi clair de leur côté : une activité débordante, un manque de moyens et de temps récurrent, une charge physique et mentale considérable… Comment, dans ces conditions, imaginer qu’ils puissent consacrer de l’énergie à une activité aussi périphérique aux soins que celle représentée par une activité culturelle ? Quant aux financements d’une telle opération, en une période de pénurie et de recherche permanente d’économie… à un moment où presque tous les CHu et CH de France affichent un déficit… ils restent hautement improbables. Des initiatives culturelles à l’hôpital ? Mieux vaut oublier…

Ces évidences, lapidairement énoncées, ont toutes été mises à mal par l’expérience conduite depuis la fin des années quatre-vingt-dix en Rhône-Alpes. Chargés d’évaluer à deux reprises (de 2002 à 2004 et de 2007 à 2009

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le programme “Culture et Hôpital” mis en œuvre par l’ARH et la DRAC d’abord, rejointes ensuite par la Région, nous avons accumulé un matériau qui contredit en tous points l’idée selon laquelle penser le soin et l’action culturelle en un même lieu, en un même mouvement, serait une incongruité. Les quelques lignes qui suivent visent à rendre compte de ce constat.

1 Cf : Herreros G., 2004, “Variations sur le vital ; les petites liaisons culture-hôpital”, Recherche DRAC/ARHRA/Irco, et

Herreros G., Milly B., 2009, “Culture-Hôpital, de l’expérimentation à l’institutionnalisation”, Rapport de Recherche, ARH,

DRAC, Région Rhône-Alpes (consultables en ligne sur les sites de l’ARH, de la DRAC et d’Hi.culture).

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de l’activité quotidienne au sein d’un établissement peuvent devenir les objets d’une exposition photographique. un tel brassage peut dérouter ; il n’est pas désordre mais réordonnancement.

Le réordonné n’induit pas la préexistence du désordre mais la création d’un autre ordre. La thématique du désordonné-réordonné a une résonance particulière à l’hôpital, confronté depuis plusieurs années déjà aux démarches qualité et à la “mise en ordre” que celles-ci supposent. Lorsque prime le registre du “faites ce qui est écrit et écrivez ce que vous faites”, quand les personnels sont conviés à donner une image d’ordre (le classement des documents, l’inventaire des procédures, la traçabilité des pratiques, etc.) les initiatives bouillonnantes de

“Culture et Hôpital” qui introduisent de l’incertain, de l’aléatoire, peuvent être perçues comme incongrues.“Notre lieu, je l’appelle le gourbi. La première année, c’était un joyeux bordel...!” nous dit un artiste intervenant dans un hôpital peu soucieux de renvoyer une image d’ordre. Avec le programme “Culture et Hôpital” nous sommes invités à sortir de la binarité ordre/désordre ; ordre, travail et qualité d’un côté, désordre, divertissement et improvisation de l’autre.“Culture et Hôpital” relève du réordonné, c’est-à-dire d’un déplacement des pratiques habituelles, d’une réaffectation des lieux, d’un réagencement des relations entre soignants, patients, familles… Par là, c’est toute l’institution soignante qui se trouve interrogée, jusqu’au soin lui-même ; peut-il se résumer à de la technique et du nursing ? La profondeur de l’interrogation que les actions culturelles posent à l’hôpital et aux institutions de santé ne suscite évidemment pas une position de soutien unanime. Loin s’en faut.

Des résistances, même si elles vont en s’amenuisant, s’expriment haut et fort chez nombre de personnels. “Ton rêve, c’est le cauchemar du plus grand nombre !”.“Tu nous fais chier avec ta culture”.“Ah oui ! Des danseuses à l’hôpital ? Il y a peut-être mieux à faire, non ?”.“On manque de personnel et de matériel et on dépense de l’argent pour ces conneries !”. Ce type de propos, pas nécessairement majoritaires, mais fréquents tout de même, tranche par sa radicalité, avec l’enthousiasme de ceux qui pilotent les projets et avec la satisfaction quasi-unanime

lieu sur la terrasse. Fallait voir ! C’était étonnant. Les malades avec leurs bouteilles de sérum en train d’assister au spectacle. Les soignants étaient là, gênés, côte à côte avec les patients... ils ne savaient pas quelle attitude adopter... les malades ne semblaient plus dépendants d’eux”.

Les déplacements provoqués par les projets culturels sont inattendus. Citons quelques exemples. un réfectoire devient, sans perdre sa fonction première, le lieu d’une “expo photo”. une salle de kinésithérapie se transforme, l’espace de quelques heures par semaine, en atelier danse. un hall d’entrée, une terrasse, un jardin, des salles d’attente se mutent en salles de spectacles et de concerts, les couloirs et les étages d’un établissement prêtent leurs murs à des parcours muséographiques, un local technique désaffecté devient un endroit de répétition...

“L’autre jour nous explique un responsable culturel, j’ai eu une personne au bout du fil qui voulait venir voir le spectacle que nous donnions dans l’hôpital dans la grande salle. Elle me demandait des informations sur cette salle de spectacle locale qu’elle était surprise de ne pas connaître ; elle avait transformé, l’espace d’un instant, l’hôpital en un équipement culturel” nous explique une responsable culturelle. Transformation de l’espace, réaffectation symbolique, l’hôpital devient, pour un temps, une infrastructure culturelle.

Les détournements d’images et de sens sont également légions : “J’ai dû négocier avec les kinés pour utiliser la salle ; au début, j’ai senti qu’ils ne voyaient pas ça d’un bon œil. Maintenant, c’est bon, ils ont vu que je faisais attention à leur matériel” nous explique un artiste animant un atelier danse. “Au début, quatre personnes venaient ici dans ce local technique transformé en lieu de répétition de spectacle. Puis, petit à petit, les malades se sont approchés doucement tournant autour. Aujourd’hui, plus de quarante personnes fréquentent régulièrement ce lieu. Il est devenu un point de ralliement”. Les lieux, les fonctions, les statuts sont objets de transformations ; un malade peut devenir un cinéphile controversant sur le film à l’issue d’une projection dans l’établissement, un soignant peut donner la réplique à un de ses collègues ou à un patient au cours d’une représentation théâtrale, des gestes

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aussi au travers de la constitution, sur chaque bassin de santé, d’un comité local rassemblant les animateurs des projets sur différents établissements et ayant vocation à fournir à d’éventuels promoteurs d’actions, les conseils leur permettant le développement d’initiatives. Lieux ressources, ces comités locaux fournissent en outre la base à la constitution d’un réseau régional qui désormais dépasse largement la seule commission régionale qui assurait, au début de la mise en place de la convention, l’animation du dispositif. Ce réseau, composé des médiateurs culturels hospitaliers, de représentants de structures artistiques, s’est substitué aux énergies militantes isolées et constituent désormais un socle pouvant favoriser le développement des initiatives culturelles en région. Enfin, sans que la reconnaissance de la fonction de médiateurs culturels d’établissement hospitalier n’existe encore de façon formelle, se dessine progressivement, grâce à l’activité réflexive desdits médiateurs, ce que pourraient être les attendus d’une activité culturelle hospitalière. Bien sûr, l’institutionnalisation n’est pas acquise, mais le processus est en marche et la consolidation des différents canaux que nous venons d’évoquer devrait pouvoir permettre d’installer cette idée que l’administration d’un soin, le fonctionnement d’une organisation de santé, ne passe pas nécessairement par l’oubli de ce qui représente un des éléments non négligeables de l’existence : la confrontation aux formes multiples de l’art et de la culture.

gilles herreros et bruno milly

Sociologues, enseignants-chercheurs à l’université Lumière Lyon II, chargés de l’évaluation du dispositif “Culture et Hôpital” en Rhône-Alpes

des patients qui se déclarent largement acquis (comme en atteste l’enquête par questionnaires que nous avons réalisée). Lorsque parfois le sentiment des patients est plus mesuré, c’est toujours avec beaucoup de nuances que celui-ci s’exprime : “Tu sais : ce que tu fais ici, c’est bien, c’est super même, dit à un danseur une jeune femme clouée depuis des mois sur son fauteuil roulant suite à un accident, mais moi, ce que je veux d’abord, c’est partir d’ici !”. C’est la même exclamation que formule, ailleurs, une vieille dame, hospitalisée pour des problèmes neurologiques et qui depuis des semaines ne rate pas un seul atelier écriture, si ce n’est pour lui préférer, de temps en temps un atelier chant,“C’est dommage, ils ont lieu en même temps, dit-elle, mais mon plus grand désir est de rentrer chez moi”.

Le militantisme a largement présidé à l’instauration des premières expériences culturelles au sein de l’hôpital dans le courant des années 1990 et au début des années 2000. Quelques passionnés de la culture se sont mobilisés isolément, puis rassemblés dans le cadre d’une convention régionale, pour multiplier les initiatives. Prenant sur leur temps, devant dépenser une énergie folle au sein de leurs établissements respectifs pour convaincre, les directions, les médecins, les soignants, ne disposant que très rarement d’une formation de médiateur culturel, manquant souvent de légitimité et de crédibilité pour faire valoir leurs projets, les premiers responsables culturels des établissements hospitaliers étaient à la fois des pionniers et des militants. à la fin de la première décennie des années 2000, si des difficultés persistent pour que les démarches culturelles obtiennent droit de cité dans les établissements de santé, le contexte s’est fortement transformé, au point, pensons-nous, de laisser entrevoir un début d’institutionnalisation des démarches en cours.

L’institutionnalisation qui s’amorce de “Culture et Hôpital” passe par plusieurs canaux. En premier lieu, il convient de souligner l’existence d’une incitation, inscrite au SROS Rhône-Alpes et adressée aux établissements de santé, à inclure dans leurs projets d’établissement respectifs un volet culture. Cette institutionnalisation s’exprime

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rencontre les élèves de l’école primaire voisine viennent d’investir le parc de l’hôpital. avec les enseignants et les parents qui ont accepté d’accompagner les enfants, une trentaine de personnes se trouvent rassemblées devant l’entrée. Bousculades, gesticulations, cris, rires, désordre, ces gamins de CE2 et de CM1 sont venus pour jouer et, pour eux, les festivités ont déjà commencé. Les instituteurs présents semblent avoir renoncé à intervenir passant le relais de la régulation… aux clowns. Avec leurs nez rouges, chapeaux enfoncés jusqu’aux oreilles, costumes de scène bariolés, Elle et Lui ont réussi à capter l’attention de tous. Maintenant il s’agit d’accueillir les jeunes enfants polyhandicapés qui, un à un, vont sortir de l’établissement, poussés, sur leur fauteuil roulant, par les soignants. une vingtaine d’enfants très jeunes et tous très lourdement atteints, ne pouvant souvent ni marcher, ni parler distinctement, vont participer à la fête. L’objectif est simple : des équipes mixtes vont être formées afin de réaliser plusieurs épreuves : un parcours d’obstacle, un atelier peinture, un autre où l’on danse et chante, un château magique gonflable que l’on peut utiliser comme une sorte de trampoline. Les enfants de l’école primaire pousseront les fauteuils, prendront dans leurs bras, avec l’aide des professionnels, leurs compagnons de jeux handicapés et, par-delà les différences, l’après-midi constituera pour chacun une opportunité de rassemblement. Observateur de la scène, je suis très impressionné par la sortie des pensionnaires de l’établissement ; ces jeunes enfants ont, le plus souvent, des handicaps très déformants, très invalidants. Alors qu’une sorte d’engourdissement me saisit devant l’effroyable situation dans laquelle se trouvent certains des pensionnaires, je reste stupéfait de la décontraction apparente avec laquelle les élèves accueillent ceux qui seront leurs petits camarades de jeux. Caresses, mots affectueux, main dans la main et déjà les équipes se forment ; les enfants valides se saisissent sans hésitation des fauteuils et les voilà qui rejoignent les différents ateliers. Les parents qui accompagnent les classes demeurent légèrement en retrait pendant que tous, les enfants, les clowns et les soignants, se sont lancés dans la ronde des jeux, sautant d’atelier en atelier. Lorsqu’ici ou là surgit une difficulté, une position délicate, c

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Bravo pour ce travail à l’hôpital

auprès des enfants et du

personnel hospitalier. Regarder

le monde par l’autre bout est

chaque jour plus intensément

urgent. Les clowns qui travaillent

à l’hôpital apportent à tous ce

regard différent qui nous dit : il y

a d’autres couleurs !

Émerveillons-nous !

nicolas bernard, cie des nouveaux nez

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�Un�monde�à�part,�étrange�

une inquiétude, les clowns désamorcent ; une impertinence, une bouffonnerie et le rythme reprend. Les professionnels de l’établissement, qui connaissent les handicaps de leurs jeunes patients et sont habitués à la présence des clowns, semblent parfaitement sereins même lorsqu’il est question de faire sauter sur le trampoline un enfant qui ne pouvant, bien évidemment, se mouvoir seul, doit être porté par un adulte. Les cris, les rires des petits visiteurs du jour sont relayés par la lueur qui habite les grands yeux des enfants pensionnaires de l’établissement. à cet instant, assurément, on peut dire qu’une rencontre a eu lieu .

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2004 En 2004, l’hôpital de jour pour

enfants du secteur de pédopsychiatrie 38I06 et le musée de la ville de Bourgoin-Jallieu décident de tenter l’expérience.

Tous les parcours artistiques se déroulent dans un lieu culturel public reconnu par l’ensemble de la cité : le musée Victor Charreton.

La rencontre des enfants avec chaque artiste est singulière, parfois insolite mais combien l’alchimie des relations se révèle riche et bénéfique pour chacun. Les différents artistes animant ce travail d’exploration et de création guident la trame et soutiennent l’inspiration des enfants avec une grande délicatesse relationnelle. Peu à peu, l’élan de créativité naît, glisse avec une relative aisance et ajoute un plaisir à une certaine liberté nouvelle. Alors, l’existence de chacun peut s’éclairer à la lumière de la rencontre. Les soignants, sans qui ces aventures culturelles n’auraient pu avoir

lieu, montrent une implication professionnelle, émotionnelle, artistique. Ils font preuve de patience, d’enthousiasme et ces ateliers les confortent dans leur confiance en l’évolution de chaque enfant, quelque soit sa pathologie.

L’exposition, moment fort, solennel dans la vie de l’hôpital de jour symbolise l’ouverture de la structure hospitalière sur l’extérieur.

Les enfants, avec beaucoup d’émo-tion, nous dévoilent leur travail, leurs efforts et une partie de toute leur richesse intérieure qui pourtant reste souvent du domaine de l’indicible.

Les parents sortent alors d’un vécu d’enferment lié à la pathologie psychiatrique et portent un autre regard sur leur enfant dans un mouvement de revalorisation mutuelle.

Chaque année, la Direction du Centre Hospitalier soutient nos projets, inscrit maintenant

“Culture et Hôpital” dans son projet d’établissement et envisage de nommer un référent culturel. De plus le nouveau Centre Hospitalier voit le jour et ce futur déménagement incite à valoriser les “Mémoires de l’Hôpital”.

L’expérience m’a montré combien ce travail artistique potentialise les soins. Le contact avec les artistes ouvre un horizon nouveau aux enfants et créé d’autres dimensions fécondes dans le travail des soignants. J’ai vécu un réel étonnement face à la qualité des réalisations des enfants et j’ai été surprise par leur capacité à s’inscrire dans le groupe.

Je pense qu’au fond de leur solitude et de leur souffrance, la rencontre de l’Art pour les patients peut devenir une dynamique ascensionnelle d’un devenir de création. Tout simplement, j’ai acquis la conviction que la sensibilité culturelle, la beauté de l’Art, s’articulent avec une émotion profonde et peuvent aider à soigner

.

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les baigneursoù s’installer ? le guitariste et la chanteuse qu’il accompagne viennent de pénétrer dans l’antre des psychomotriciens ; une petite piscine destinée aux exercices de rééducation. une dizaine de patients sont dans l’eau, bonnet vissé sur la tête, certains accrochés à des flotteurs, d’autres tentant de se tenir debout ; tous exécutent scrupuleusement les mouvements que leur dicte la personne chargée de les aider à récupérer leur mobilité. Pour ces patients, souvent polytraumatisés de la route, l’exercice est presque quotidien. Les activités dans l’eau sont de nature à accélérer ce qu’il est convenu de nommer leur réadaptation fonctionnelle : prise d’appui et travail de verticalité, mouvements et tonicité, immersion et respiration, relaxation, fluidité du corps, enveloppe sensorielle…“Bonjour à tous ! Nous allons vous jouer quelques chansons de notre composition”. Sans autre forme de présentation ou d’introduction, les deux artistes se sont installés tout au bord de l’eau de chaque côté du bassin. La hauteur de plafond confère une acoustique particulière à ce lieu… la guitare occupe l’espace, les deux voix s’enlacent à la tierce, mélodie et poésie. Les patients, silencieusement, poursuivent leurs exercices. Selon ce qu’autorise leur position, les “baigneurs” saluent chaque chanson de battements de mains ou de sonores “Bravo ! Bravo!” qui ricochent à la surface de l’eau. La scène a un côté surréaliste. Le guitariste, debout en équilibre sur le rebord de la piscine, donne le meilleur de lui-même tout en veillant à ne pas basculer dans le bassin, la pointe de ses souliers emmitouflés dans des plastiques dépassant légèrement du rebord. Le psychomotricien, en blouse blanche, mime avec de grands gestes les mouvements attendus ; il semble vouloir compenser le mutisme que lui imposent les artistes par l’amplitude de sa gestuelle. à l’autre bout, la chanteuse agrippée à une rambarde qui la sépare de l’eau donne l’impression de livrer un prêche, accrochée à la barre de son autel. Tous trois, le guitariste, le psychomotricien, la chanteuse, sont tournés vers la cohorte des “baigneurs” ; certains flottent sur des bouées de couleurs vives, esquissant quelques maladroits mouvements de bras ou de pieds, d’autres enfouis dans le bassin jusqu’à la taille se contorsionnent exécutant de pénibles tentatives d’assouplissements. En rythme et en rimes, les patients s’appliquent ; c

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et du projet artistique en lui-même,

de sa force, de sa non-force,

de sa clairvoyance.

alain goudard,

directeur, résonance contemporaine

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leurs visages esquissent alternativement des grimaces d’effort et des sourires de satisfaction. La scène semble tirée en droite ligne d’un film surréaliste tendance Fellini ou Mikhalkov, lorsque le burlesque se mêle à la gravité. Drôle de public, flottant, trempé, à demi-nu ; curieux artistes, proches du plongeon ; soignant cocasse, gesticulant et muet.

Cinq ou six chansons plus tard, les deux musiciens se retirent ; applaudissements et apostrophes fusent : “c’est déjà fini ?”, “vous revenez demain ?”, “c’est drôlement bien la kiné en musique !”. Les deux visiteurs du jour, ravis, adressent un au revoir de la main et se dirigent vers les cuisines de l’établissement. Ils ont préparé quelques chansons pour les personnels de la restauration lesquels, s’apprêtant à déjeuner, les attendent avec curiosité et gourmandise ; il paraît que le chef cuisinier adore chanter .

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La Comédie de Valence est un lieu de création artistique, avec une présence permanente de comédiens, auteurs, metteurs en scène, danseurs. Ces artistes nourrissent les relations publiques au cœur d’une cité et de ses différents territoires. Le monde hospitalier en est un, d’autant plus intéressant qu’il rassemble en un même lieu des personnes d’horizons très divers, formant une communauté temporaire potentiellement riche. Pour peu qu’il soit sans concession ni adaptation, l’artiste peut transcender cette atmosphère, autour d’une œuvre forte, intellectuelle, culturelle et émotionnelle.

C’est cette dimension qui fait sens : arrêter le temps, le charger par un acte fort. Que ce soient un atelier, un spectacle, une lecture, l’important est que l’engagement de l’artiste capte cette attente particulière.

Dans notre expérience avec le Centre L’ADAPT les Baumes, je suis souvent surpris par la facilité de rencontre avec les œuvres les plus exigeantes, et l’écoute d’un public pourtant très divers. Cela me conforte dans l’idée que tout individu, quelque soit sa culture, peut accéder à n’importe quelle œuvre artistique, pour peu qu’il la rencontre au bon moment, au bon endroit. Et malgré la maladie, ce lieu se révèle souvent le bon endroit pour découvrir un texte, pour des patients en questionnement, en attente et donc disponibles et ouverts .

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Il y a une question que se pose

sans cesse le musicien, c’est la notion

d’utilité de ce qu’on peut faire.

Quand on va à l’hôpital, on ne se pose

pas la question, on sait que c’est

vraiment utile.

philippe constant,

directeur artistique, cuivres en dombes

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main gaucheun centre de réadaptation fonctionnelle, une salle d’ergothérapie, une patiente, d’une soixantaine d’années, dans un fauteuil roulant, une jeune ergothérapeute assise à ses côtés. La patiente travaille avec l’ergothérapeute la mobilité de sa main gauche.

L’ergothérapeute lui masse doucement les doigts et l’avant-bras et lui fait faire de petits exercices de motricité. L’artiste, un conteur, au seuil de la porte, propose de lire des textes pendant la séance de travail. La patiente accepte, invite l’artiste à entrer dans la salle, regarde l’ergothérapeute en souriant : “Y a relâche pour moi, aujourd’hui !”. L’artiste s’installe sur une petite table en face de la patiente, effeuille un classeur avec des textes, s’arrête sur l’un, le lit.

- ça vous a plus, Madame ?- Oui ! C’est le plaisir, le plaisir des oreilles.- Vous voulez un autre texte, court ?

- Oui !

L’artiste effeuille ses textes, réfléchit, hésite, lit, à voix lente.

- Je vais vous lire un texte d’Henri Michaux : “Parfois, quand je me sens très bas et je suis toujours seul aussi et je suis au lit, je me fais rendre hommage par ma main gauche. Elle se dresse sur l’avant-bras, se tourne vers moi et me salue. Ma main gauche a peu de force et m’est fort lointaine. Paresseuse aussi. Pour qu’elle bouge, il faut que je la force un peu. Mais dès qu’elle a commencé, elle poursuit avec un naturel désir de me plaire. Ce sont des génuflexions et des gracieusetés à mon adresse et même un tiers en serait ému…”

Silence. La patiente sourit, regarde son bras gauche : - Est-ce qu’il deviendrait poétique, mon bras ? Il a peut-être honte de son comportement des derniers mois (sourire). Merci .c

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Le temps d’être là,

présent à soi et aux autres…

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Trouver un abri au bord de notre monde.

Pour guérir, se reposer et pourquoi pas créer.

Créer et travailler aux côtés de ceux qui souffrent, ceux qui soignent, ceux qui visitent, ceux qui œuvrent dans les coulisses, des jardins aux cuisines, en passant par le couloir des bureaux. Quotidiennement, venir travailler de l’autre côté du mur, aujourd’hui, celui d’une cour ou d’un pavillon dénommé “Cerise”.

Échanger de temps à autre, en bon voisin, une parole autour d’un café, un regard, un bonjour, une réflexion.

Rêver.

Indiquer la route au visiteur perdu un court moment, dans les galeries.

Laisser la porte ouverte, laisser sortir les sons des répétitions, la voix des comédiens, les mots des auteurs de Wajdi Mouawad à Anouilh,

de l’accordéoniste chanteur, laisser entrer celui qui pourrait venir s’asseoir sur le fauteuil.

Et puis accueillir pour se retrouver ensemble en atelier, ou autour d’un travail en chantier de la Compagnie, ou bien descendre à la cave et visiter les dessous de l’imaginaire : accessoires, costumes, bouts de décors, vivre une parenthèse dans une “caverne d’Ali Baba” où les trésors ne sont qu’objets qui ont vécu une histoire, celle d’un spectacle de la compagnie, ou du Centre dramatique national de Savoie, ou d’une histoire de famille ressortie d’un grenier.

Créer un personnage, juste pour ce lieu, parce qu’un jour au détour d’un chemin dans le parc : un tapis de pâquerettes… Et la vision d’une cueilleuse et de son musicien. Alors le lieu, les gens deviennent source d’inspiration : que vit-on dans ces lieux ?

Qu’est-ce que le soin ? L’intime ? Le collectif ? L’invisible ? Et ce parc dans sa beauté silencieuse ?

Alors naît le désir de rencontre délicate et étrange, le désir d’explorer les chemins du parc, explorer ce que serait un ramassage collectif avec les gens du dedans et ceux du dehors.

Construire avec la chargée culturelle, un projet qui lie, les initiatives les unes aux autres.

Prendre avec elle des risques, et se serrer les coudes.

Questionner au bord des unités de soin, autour du travail non-rentable, du langage en dehors des mots, de l’étrange, de la notion de traduction : et ramasser pendant 7 heures, 6 jours de suite des pâquerettes, les offrir au hasard à celui qui voudrait se présenter. Et au bout d’une semaine, voir la porte des autres pavillons s’ouvrir.

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Souvenirs :

juin 2007 : M.A.S. de Bassens, une patiente prend la main de mon personnage, et m’emmène claudicante, m’asseoir, un instant pour un face à face au-delà des mots.

Autre endroit, pas très loin, manger en silence un gâteau que des patients avaient préparé pour la ramasseuse de pâquerettes.

Mars 2009 : générale de Pacamambo dans la salle “Fodéré”, un dimanche à 17h00, devant tout le public venu de l’extérieur, un patient se lève à la fin du spectacle et vient me serrer la main, et celle de tous les comédiens puis part ému.

Avril 2009 : répétition du chœur 20/21, ensemble de chant contemporain. Nous sortons dans la cour pour essayer le son en plein air et surtout un espace possible plus grand, un immense cercle avec 25 personnes. Le chant démarre,

le Magnificat d’Arvo Part, je suis au centre, le chef de chœur, dos au mur que sépare les cours de “Cerise” et “Duclos”, et je vois le temps du morceau, cinq patients s’approcher, prendre des chaises…

Leurs têtes dépassaient, à l’écoute… Moments intenses, qui existent en dehors de toute représentation…

Et tant d’autres instants, infimes, comme ceux de Roger qui a choisi la cour, pour venir régulièrement jouer à la belote.

Qui nourrit qui dans la rencontre ?

Qui rassure qui ? Qui trouble qui ?

Questions qui se reposent dans la marge… encore et encore.

Liens qui se tissent, entre les murs, et qui se prolongent sur les plateaux de théâtre.

Alors je continue de chercher, et peut-être dans un nouveau jour,

une nouvelle aventure pointera son nez, car née du désir, de celui qui est juste à côté, de l’autre côté du mur, mon voisin .

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Une personne en démence passait ses

journées à hurler, on l’a intégrée à nos

ateliers. Pendant une heure et demie

d’atelier, elle n’a pas hurlé. Il s’est passé

quelque chose. Quand on arrive avec nos

ateliers, on ne sait pas ce qu’on touche.

On a ouvert des fenêtres sur autre chose.

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désordreen ce début d’après-midi, isabelle, responsable culturel de l’établissement, accueille quatre chanteurs, deux garçons, deux filles, dans le hall de l’hôpital. Après de brèves présentations et quelques mots d’usage, les artistes déposent leurs sacs, manteaux et autres écharpes sur les tables et les chaises d’une salle de réunion, transformée pour la circonstance en loge d’artistes. Ils sont déjà en tenue de “scène”, pantalon ou jupe noirs et chemise ou chemisier blancs. Malgré la sobriété vestimentaire de chacun, ce petit groupe, “blanc et noir”, attire le regard de ceux qu’ils croisent dans le dédale des couloirs qui mène au premier service où ils sont attendus. Arrivés devant la salle de soin, Isabelle cherche du regard le cadre soignant avec lequel elle a négocié le passage des artistes. Échange bref de salutations ; “je ne sais pas qui viendra, nous avons pas mal de malades assez mal en point en ce moment… lorsque j’ai dit à Isabelle que nous pouvions recevoir le groupe de gospel, je n’imaginais pas que les patients du moment se trouveraient en aussi grande fragilité ; installez-vous ici nous verrons bien”. L’intersection de deux couloirs, face à la salle de soin, tiendra lieu de scène. Quelques chaises sont rapidement rassemblées par le cadre, aidée d’une infirmière ; cinq ou six sièges, tout au plus, fourniront le parterre du spectacle. Personne ne sait exactement comment agencer la situation ; du regard, le cadre interroge les artistes lesquels restent sans réponse, réfléchissant eux-mêmes à la meilleure façon d’occuper l’espace. Ces quatre-là sont membres d’une formation d’une vingtaine de chanteurs spécialisés dans le Gospel. Ils n’ont guère l’habitude de se retrouver en aussi petit comité et en de tels lieux. Ils sont intimidés…“J’ai le trac” affirme l’un d’eux… Il précisera plus tard que ce trac était différent de celui qu’ils connaissent habituellement juste avant un lever de rideau ; un trac qui ressemble à une gêne : “Suis-je à ma place ?”.

“Je vais chercher Mme xxx je pense qu’elle en aura envie, elle adore chanter” annonce une infirmière. Du coin de l’œil, les personnels qui vont et viennent, entre la salle de soins et les chambres jettent un regard incrédule sur c

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drogues qui lui ont été administrées, soit elle n’entend pas, soit elle capte inconsciemment et apprécie sûrement”. à vrai dire, nous n’en saurons rien, mais tout le monde restera sur cette idée.

J’aperçois, au fond du couloir, ce que je suppose être un soignant vêtu d’une blouse blanche laquelle signe son appartenance aux personnels de l’hôpital. Il approche d’un pas énergique, déterminé ; cela tranche avec le rythme lent qui caractérisait, quelques instants auparavant, l’arrivée des patients. Sa blouse est ouverte, on aperçoit, dessous, un costume civil, il porte autour du cou un stéthoscope. Probablement un médecin, peut-être même le chef de service “aux airs” qu’il affiche. Manifestement, à la mine qu’il arbore et au pas qui est le sien, il ne comprend pas ce qui se passe et semble être venu pour faire cesser le vacarme. Découvrant la scène, il s’arrête… comme interloqué, coupé dans son élan, et sans doute dans ses intentions de rétablir l’ordre. Il demeure en suspension quelques secondes, croisant ici et là le regard des “spectateurs”, soignants, patients, visiteurs. Son demi-tour est tout aussi énergique que son arrivée, il s’éloigne, dodelinant de la tête, maugréant ; on devine le propos…“l’hôpital n’est plus ce qu’il était… !”.

une quinzaine de minutes s’est écoulée, les artistes, chaleureusement applaudis, remercient leur auditoire… un autre service les attend. Tout en dialoguant, chacun s’en retourne dans les chambres ou à son travail.

à l’entrée du service, un cadre d’une unité voisine vient interpeller Isabelle : “Dites-moi ! Vous ne pourriez pas leur demander de venir chanter dans mon service tout à l’heure ? Je n’ai pas été informé de la venue de ces artistes... je ne suis jamais au courant de ce genre d’événements. Ce serait bien qu’ils viennent…”.

ce qui est en train de se préparer. Personne n’est encore installé dans ce couloir improvisé en mini-salle de concert et pourtant déjà, des claquements de doigts, des balancements de corps, scandent les premières mesures ; les artistes se sont lancés. Les voix tonnent, résonnent, emplissent le couloir, traversent les minces cloisons des chambres alentours. Le chœur prend possession des lieux ; il investit le service et probablement au-delà, la totalité de l’étage au moins. Les voix portent et s’installent ; c’est un standard de Gospel qui ouvre le mini-récital. Chacun pourrait en reconnaître la mélodie, même si beaucoup plus rares seraient ceux capables d’en livrer le titre et/ou le nom du compositeur. Les murs, le sol, les plafonds donnent l’impression de vibrer. L’acoustique n’est pas celle d’un auditorium. à pas ralentis, un malade, puis deux, surgissent du fond du couloir, se présentent étonnés face aux quatre jeunes gens. L’un avance en traînant avec lui le support de sa bouteille de sérum, l’autre se déplace appuyé sur son déambulateur. Bientôt, avant la fin du premier chant, ces deux spectateurs seront rejoints par d’autres pensionnaires du service ; ils sont seuls ou accompagnés de ceux qui sont venus leur rendre une visite. Très vite, on manque de chaises car une douzaine de malades se pressent. Plusieurs infirmières, jusque-là embusquées à quelques mètres, se mettent en quête de trouver des sièges. un attroupement s’est formé. Ceux qui ne peuvent trouver à s’asseoir, malades, visiteurs, soignants indistinctement sont appuyés aux murs. Les chants se suivent seulement entrecoupés d’applaudissements ; ils fusent, s’enchaînent comme dans un concert. Tous sont attentifs mais tout le monde bavarde ; les patients, leurs familles, les personnels, chacun y va de son couplet : “Ils sont beaux ces jeunes,

“Ils chantent bien !”, “Qu’est ce qu’on est mal assis !”, “Vous avez reçu la visite de votre fils aujourd’hui ?”, “Alors on travaille ou on reste à écouter ?”, “Il faut que j’y aille, je n’ai pas que cela à faire…”.

Debout, appuyé contre l’embrasure de la porte de la salle de soins, j’écoute et profite, comme tout le monde, de la qualité de l’instant, en même temps que je tente d’observer le détail de la situation. La porte d’une chambre située à proximité est restée ouverte ; la malade qui l’occupe est dans son lit. Trop mal en point pour se lever, pour bouger même ; ses yeux sont clos. à ses côtés, un parent explique à une infirmière : “Compte tenu des

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“Avoir de l’audace, toujours de l’audace”... c’est peut-être ce qui caractérise fondamentalement la fonction de référent culturel en milieu hospitalier. En effet, ce n’est pas l’univers cloisonné et aseptisé de l’hôpital qui favorise au départ la créativité, l’imaginaire, la poésie, le rêve... Avec mon expérience professionnelle d’éducatrice et de responsable d’un service d’animation auprès d’un public diversifié qui va des premiers âges de la vie jusqu’aux derniers, l’envie de promouvoir une autre vision de l’accueil du public à l’hôpital a toujours été une ligne de conduite pour moi. Venant d’une culture autre qu’hospitalière, il m’est toujours apparu évident d’associer à la pratique professionnelle du soin l’imaginaire, l’évasion, le rire, l’émotion... et faire en sorte que l’hôpital s’ouvre sur l’extérieur. Le pas a été alors vite franchi... passer d’une logique

d’expérimentations locales comme des expositions, des rencontres artistiques, des concerts... à une logique d’intégration de la culture dans le fonctionnement interne de l’hôpital et entraîner avec soi les différents acteurs qui y travaillent. En ce qui me concerne, le rôle de référent culturel m’a été attribué par rapport à ma connaissance des trois établissements et des publics qui y sont accueillis et par la mise en place d’un travail en réseau depuis déjà plusieurs années. Le référent culturel c’est pour moi une personne qui rassemble, qui encourage les nombreuses énergies qui animent le monde hospitalier. Il ne s’agit pas de convaincre tout le monde de l’utilité de la culture dans l’univers du soin, ce serait parfaite utopie et contraire à la démarche, mais de travailler au quotidien avec un regard curieux, différent, ouvert à d’autres possibilités... Avec d’autres outils techniques

et relationnels, les artistes peuvent contribuer au mieux être du patient hospitalisé, en lui apportant une autre forme de nourriture. On ne sait jamais quels sont les effets réellement visibles sur les patients... pour certains, comme les enfants, on peut constater un changement de comportement après la participation à un atelier : plus détendus, plus expressifs, ayant retrouvé le sourire... Les parents parfois surpris par la démarche sont souvent unanimes quant à ses bienfaits... “on s’occupe de la maladie mais aussi de l’enfant qui existe encore dans le malade et ça c’est super... ” Chez les personnes âgées, on va s’apercevoir que telle ou telle personne a encore des capacités créatrices, qu’elle peut encore exprimer des désirs, des envies... là aussi, la pratique culturelle peut nous aider à changer notre regard sur le travail auprès des personnes âgées : sortir d’une

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culture parfois trop basée sur l’aspect gériatrique – le patient est une personne présentant une pathologie au profit d’une culture basée sur une approche autour de la gérontologie – le patient est d’abord une personne avec des potentialités et parfois des incapacités temporaires ou permanentes... Pour l’institution, la pratique culturelle lui permet de se définir vis-à-vis de sa conception de la santé, en proposant un autre regard notamment autour des pratiques de soins. C’est une volonté d’élargir la prise en charge hospitalière du patient, en y introduisant une dimension humaine nouvelle mettant l’accent sur la relation. En essayant d’être la plus sincère et objective possible, l’engagement dans le dispositif

“Culture et Hôpital” permet également au départ, à une direction d’établissement, de se différencier des autres structures, un peu “comme une carte de visite”.

C’est une façon de dire au monde extérieur et aussi à la concurrence et aux financeurs! “chez nous, on soigne plus”... Ce qui est intéressant, après ces deux saisons de fonctionnement en ce qui nous concerne, c’est de voir que très vite, l’état d’esprit, le discours et l’engagement des acteurs aujourd’hui se sont orientés surtout vers le “chez nous, on soigne autrement”... Ce qui ne supprime pas la volonté de se démarquer mais, et c’est cela qui me paraît constructif et intéressant dans cette démarche, la pratique culturelle ouvre un champ, un espace plus large de coopération et de relation. Ce qui fait l’essence, la sensibilité de ces actions, c’est bien sur qu’elle permette la conception d’une nouvelle organisation hospitalière plus humaine plus reconnaissante de “l’Autre”. En décloisonnant l’hôpital, on lui fait du coup

perdre de sa “hauteur”... on le rend du coup moins cloisonné, moins technique et inabordable... donc, par là même, plus “Humain”

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danse sur les bordsla salle de spectacle est bondée. sur scène, trois danseurs “classiques” et… deux danseurs en fauteuils roulants venus d’un établissement de réadaptation fonctionnelle voisin. Ils travaillent ensemble depuis quelques temps dans le cadre d’un atelier danse organisé au sein dudit établissement. Selon une chorégraphie minutieuse, les corps se frôlent, se touchent ; ceux des professionnels longilignes, agiles, images de la grâce, ceux des patients mutilés, rivés à leurs chaises métalliques. Contraste et malaise chez le spectateur. Pour ceux qui sur scène s’activent, nul doute que les sentiments sont différents. Être vus, reconnus, malgré le handicap ou au travers de lui. Curieux paradoxe que cet effacement du handicap par sa mise en scène.

Le public rassemblé ici est composite : professionnels du soin, artistes, responsables culturels, malades, familles, simples spectateurs. Mais pourquoi faudrait-il les étiqueter ?

Sur scène, on entend le souffle des danseurs ; les uns comme les autres sont dans un effort physique intense. La chorégraphie mêle les gestes, chacun occupe une place particulière ; ensemble, ils composent une figure de ballet. On se prend à oublier, l’espace d’un instant, la configuration particulière qu’offre ce spectacle. Seul le rebord de scène dangereusement incliné, attirant irrésistiblement les fauteuils roulants, et laissant entrevoir le risque d’une bascule dans le vide, rappelle que cette danse n’est pas tout à fait ordinaire. Mais sans doute ce jeu avec les bords, sur les bords, n’est-il pas un simple hasard, une contingence du moment. Oui, le danger d’une chute existe, mais pour autant faut-il rester immobile, demeurer inerte pour s’assurer la sécurité ? à voir les visages exténués et radieux des danseurs saluant le public après l’effort, à entendre les bravos et applaudissements qui fusent sans restriction, on peut se dire que ce jeu sur les bords, pour inquiétant qu’il ait été, était indispensable. Situations troublantes, sentiments troublés, trouble des habitudes, celles du spectateur comme celles de l’artiste sans doute. Le trouble a ses vertus.h

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Ce fut un instant magique,

un instant inoubliable.

Jamais je pensais avoir

l’occasion d’assister à un tel

concert alors que je venais

pour être opéré.

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Des nouveaux enjeux pour la culture à l’hôpital

Après dix années d’expériences et de projets réalisés, la réflexion sur la place de la culture à l’hôpital peut aujourd’hui s’envisager de manière raisonnée et faire face à de nouveaux enjeux. Nous sommes sortis d’une longue période d’expérimentation et les questionnements qui pouvaient être de mise dans un premier temps sur le rôle de la culture à l’hôpital, la question de l’élitisme, les relations des artistes aux personnels et aux patients, ont depuis longtemps trouvé des réponses.

Nous pouvons aujourd’hui dresser des axes forts de l’action culturelle à l’hôpital et mettre en lumière de nouveaux enjeux. Il s’agit tout d’abord de renforcer le travail entre les différents acteurs afin de poursuivre les projets dans une élaboration commune renforcée entre les artistes et le personnel hospitalier,

les patients et leurs visiteurs. C’est véritablement dans la durée et à partir d’un projet élaboré en commun que se produisent les résultats les plus concluants. C’est aussi par l’action en réseau entre les différents hôpitaux que nous tirons profits des expériences de chacun. Cette élaboration commune peut aussi s’appuyer sur des partenariats durables avec les institutions culturelles au sein d’un même territoire.

Ce travail nécessite un réel engagement et une vraie mobilisation de l’ensemble des équipes, telle est là, la seconde des conditions de réussite.

Ensuite nous voyons bien que la culture à l’hôpital rencontre aujourd’hui les mêmes questionnements que l’ensemble des politiques culturelles : les conditions de création et de diffusion de l’artiste, la réception des œuvres par les publics, la place de la diversité culturelle.

Ces enjeux doivent faire l’objet d’une réflexion, notamment pour favoriser l’expression et la reconnaissance de toutes les formes culturelles dans l’espace hospitalier. Au-delà de la diversité des expressions culturelles c’est bien entendu la diversité de la société que l’on retrouve chez les hommes et les femmes qui séjournent à l’hôpital ou qui y travaillent.

La réflexion future doit aussi porter sur la perception des œuvres. Dans cet autre lieu et cet autre temps qu’est l’hôpital, nous avons un autre regard. Nous regardons les expositions, écoutons les concerts, d’une autre manière, c’est cet autre accès à l’œuvre qui doit aujourd’hui être interrogé, par les artistes, par les médiateurs. Voilà de nouveaux enjeux afin que la culture à l’hôpital s’élabore au bénéfice de tous, à destination du public hospitalier et des artistes dans leur processus de création .

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Notre mission, c’est d’initier à l’art

contemporain et nous cherchons à cibler le

grand public. Du coup, même si les hôpitaux

ont leurs propres objectifs, nous essayons de

trouver un équilibre entre leurs exigences

et ce que nous avons à proposer. En faisant

entrer le dehors de l’art contemporain dans

le dedans de l’hôpital, on va au devant des

publics…on n’essaie pas de les bousculer

mais d’ouvrir des fenêtres.

un responsable de centre d’art contemporain

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“au boulot les fainéants !”cette compagnie théâtrale assure une présence régulière au sein de l’hôpital depuis des mois. les comédiens et le metteur en scène préparent avec les malades, qui sont pour l’essentiel des personnes avec un handicap mental, un spectacle qui sera proposé en fin d’année et ouvert à tous les acteurs du territoire. à cette fin, des collaborations externes à l’établissement ont été tissées sur les communes alentour et notamment avec les écoles du secteur. “Au début, quatre personnes venaient ici dans ce local technique transformé en lieu de répétition de spectacle. Puis, petit à petit, les malades se sont approchés doucement tournant autour. Aujourd’hui, plus de quarante personnes fréquentent régulièrement ce lieu. Il est devenu un point de ralliement. Nous répétons et les malades en profitent pour se retrouver, échanger. Une dynamique s’est créée autour de cette représentation théâtrale et toute notre activité est en partie symbolisée par ce lieu. Il s’est réellement passé quelque chose et cet endroit est devenu un point de ralliement. Évidemment, c’est aussi devenu un point de fixation pour les opposants. L’autre jour, quelqu’un avait écrit à la peinture sur le local “au boulot les fainéants !”.

Le travail artistique n’est-il pas un travail ? Peut-on concevoir qu’une activité créatrice et récréative soit aussi le produit d’énergies professionnelles ? L’artistique n’a-t-il à voir qu’avec l’amusement ? Les artistes ne sont-ils que des amuseurs qui s’amusent ? Les personnels qui s’engagent dans une activité culturelle cherchent-ils à échapper au travail ou développent-ils leur professionnalité au-delà du champ habituel de son application ? En quoi le projet “Culture et Hôpital” peut-il déranger ? Littéralement, qu’est-ce qui était rangé et qui se trouve dérangé ? Ces questions donnent une illustration de ce que nous croyons être le questionnement que “Culture et Hôpital” adresse aux institutions de santé.

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‘Je ne comprends pas très bien ce que la personne que j’ai au bout du fil est en train de m’expliquer. Me sollicitant au titre de mon statut de sociologue et de mes différents investissements dans le champ de la sociologie de l’organisation hospitalière, mon interlocutrice m’explique qu’elle tente de constituer au sein de l’établissement hospitalier dans lequel elle travaille un comité de pilotage et de réflexion sur le thème de “la culture à l’hôpital”. Assez spontanément, je comprends le propos comme relevant du champ classique de la sociologie des organisations se centrant sur la question des cultures professionnelles, des identités au travail et des logiques de métier. Reformulant dans ce sens les propos qui me sont tenus, afin de vérifier que j’ai bien compris, je m’entends répondre qu’il n’est pas question de cela – même si ces dimensions peuvent fort bien

ne pas être exclues du projet en question. Ainsi, le terme de culture que j’ai compris dans sa signification sociologique ou anthropologique est à prendre dans sa signification artistique, esthétique. Je suis dérouté et surtout circonspect. Qu’est-ce qu’une activité culturelle en lien avec la création, le spectacle pourrait bien avoir à faire avec un secteur comme celui de l’hôpital ? En quoi une organisation de travail comme l’hôpital, où plus qu’ailleurs sans doute les questions de la douleur, de la souffrance, de la mort sont omniprésentes, peut-elle bien offrir un espace pour la réflexion, l’expression et la création artistiques ? Je me dis que nous sommes en présence d’une de ces incongruités dont raffole la

“modernité avancée”. Par curiosité et cédant à la détermination de mon interlocutrice, j’accepte de participer à ce collectif.

Découverte !

Je comprends qu’au travers de “Culture et Hôpital”, c’est le soin que l’on interroge, les organisations de santé que l’on questionne, l’institution hospitalière que l’on vient bousculer dans ce qu’elle conserve, malgré elle, des traits d’une institution totale. Le cheminement que j’opère entre ce premier contact téléphonique et ma compréhension de ce que porte le projet peut se nommer une conversion. Au fil des années 2000, à observer l’évolution réservée par les différents acteurs des établissements de santé à

“Culture et Hôpital”, l’exemple de ces conversions me sera donné en de très nombreuses occasions. Mais évidemment, pour qu’il y ait des convertis, il fallait des convaincus .

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les partenaires

//// comité local ain // a’sn // académie de cuivres en dombes // association des métiers d’arts de châtillon // centre d’art contemporain

de lacoux // centre félix mangini // centre hospitalier de trevoux// centre hospitalier fleyriat // centre psychothérapique de l’ain

(service hélios) // centre romans ferrari // château d’angeville // clinique médicale le sermay // conservatoire à rayonnement

communal de bellegarde sur valserine // festival de l’ephémère // hôpital local de pont-de-veyle // hôpital local de thoisey // hôpital

local la montagne // le concert de l’hostel dieu // mgen de chanay // musée de brou // musée du bugey-val-romey

(lochieu) // orcet // percussions de treffort // résonance contemporaine // théâtre de bourg-en-bresse // théâtre de l’allegro //// comité

local drôme-ardèche // 1, 2, 3, soleil ! des clowns à l’hôpital // adaca archipel // association chantelermuze // association visites

musicales // bibliothèque départementale de prêt d’ardèche // centre des pratiques musicales de privas // centre hospitalier de

die // centre hospitalier de montélimar // centre hospitalier de valence // centre hospitalier le valmont // centre hospitalier

spécialisé sainte-marie // centre médical la teppe // centre médical l’adapt les baumes // cie songes // cinéma de privas // comédie de

valence // dix’art // ecole des beaux-arts de valence // etablissement public de santé de romans saint vallier // festival vice et

versa // hôpital local de saint-félicien // hôpital local vernoux-en-vivarais // hôpitaux drôme nord // la cascade // médiathèque de

romans // médiathèque de valence // théâtre de privas // train théâtre // vocal 26 //// comité local isère // anagramme // association

carnet du patrimoine // association du patrimoine de coublevie // association racont’art // bibliothèque de voiron // bibliothèque

municipale de saint-marcellin // centre des arts du récit // centre hospitalier de rives // centre hospitalier de saint-marcellin // centre

hospitalier de tullins // centre hospitalier de voiron // centre hospitalier lucien hussel // centre hospitalier pierre oudot // centre

hospitalier spécialisé de saint-egrève // centre hospitalier universitaire de grenoble // centre médical de rocheplane // centre

psychothérapique du nord dauphiné // cie 47*49 // cie ainsi danse // cie apethi // cie du cerf vert // cie ithéré // cie la fabrique des

petites utopies // cie le cil du loup // cie yvon chaix // clinique du grésivaudan // ecrivains en grésivaudan // epithéâtre // grenoble

jazz festival // hexagone // hôpital local de saint-laurent du pont // le grand angle // les abattoirs // les musidauphins // mgen de

grenoble // musée de grenoble // musée de la résistance de grenoble // musée des beaux-arts de vienne // musée grenoblois des sciences ho

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culture // hôpital antoine charial // hôpital de fourvière // hôpital de l’arbresle // hôpital local de beaujeu // hôpital local de

belleville // hôpital local de condrieu // hôpital local de grandris // hôpital local de saint-symphorien-sur-coise // hôpital renée

sabran // hôpitaux privés de lyon natecia // hospices civils de lyon – centre hospitalier des charpennes // hospices civils de

lyon – fondation bertholon mourier // hospices civils de lyon – groupement hospitalier est // hospices civils de lyon − hôpital de

la croix-rousse // hospices civils de lyon – hôpital femme-mère-enfant // hospices civils de lyon – hôpital henry gabriel // hospices

civils de lyon – hôpital neuro-cardio // hospices civils de lyon – lyon-sud // hospices civils de lyon – val d’azergues // imaginoir

théâtre // institut lumière // l.i.l.y // le fort du bruissin // les subsistances // les tréteaux du grand val // les zondits // maison

d’hestia // maison du livre, de l’image et du son // maison du peuple pierre bénite // me we // médiathèque d’anse // médiathèque de

francheville // médiathèque de tarare // médiathèque de vaise // médiathèque du bachut // médiathèque max-pol fouchet // médiathèque

municipale de saint-symphorien-sur-coise // musée de l’imprimerie de lyon // musée des beaux-arts de lyon // musée des confluences // musée

gallo-romain de lyon-fourvière // musée gallo-romain de saint-romain en gal // musée paul dini // nouveau théâtre de beaulieu // office

du tourisme de beaujeu // opéra de lyon // pouponnière la fougeraie // solistes de lyon – bernard tétu // théâtre de villefranche-

sur-saône // université lumière lyon 2 //// comité local savoie – haute-savoie // association danse et musique en savoie // association

des rencontres d’assy // bibliothèque de communes faucigny-glières // bibliothèque municipale d’annemasse // bonlieu scène

nationale // centre culturel théo argence // centre hospitalier annemasse-bonneville // centre hospitalier de chambéry // centre

hospitalier de la région d’annecy // centre hospitalier de savoie // centre médical de praz coutant // centre médical le rayon de

soleil // centre médical mgen alexis léaud // château rouge // cie gambit // cie les yeux gourmands // espace culturel andré

malraux // espace culturel le savoie // etablissement public de santé mentale vallée de l’arve // fondation pierre gianadda-

martigny // forum cinéma // le creha // le curial // le forum photos // maison des arts de thonon-les-bains // mecs le parc // orchestre

régional du dauphiné // pôle départemental d’art contemporain – chartreuse de mélan // savoie-biblio // théâtre circus // théâtre

craie // théâtre en savoie

médicales // musée victor charreton // rencontres de conteurs en rhône-alpes “paroles en festival” // résidence le

perron // tchookar // temps relatif ensemble vocal // théâtre jean vilar de bourgoin //// comité local loire // centre hospitalier

privé de la loire // centre hospitalier universitaire de saint-etienne // centre médical les sept collines // clinique saint-

victor // hôpital local de charlieu // hôpital local de pélussin // hôpital local de saint-bonnet-le-château // archives municipales

de saint-etienne // association visages de notre pilat // cie le dérailleur machinerie théâtrale // cie le petit théâtre // comédie de

saint-etienne // ecole supérieure d’art et design de saint-etienne // ecomusée des monts du forez // a tuatha // l’autre lieu // le fil // le

lux // médiathèque le shed à pélussin // musée d’art et d’industrie de saint-etienne // université jean monnet // rhino jazz festival // cie

roland roche/trompelune //// comité local rhône // addim rhône // arald // arfi // arts en scène // association acte public // association

com’expression // association des bibliothèques d’hôpitaux // association echo // association ohmart // association

papageno // association quai des ludes // association quais du polar // association théâtrale de recherche et d’expression // association

villefranche kandi // association vivre aux éclats // auditorium de lyon // aural // biennale d’art contemporain de lyon // cabinet

crb architectes // cap’culture santé // ccas saint-priest // centre culturel associatif du beaujolais // centre culturel de

chassieu // centre de formation des musiciens intervenants de lyon // centre de mémoires et sociétés de villeurbanne // centre de

rééducation fonctionnelle du val rosay // centre hospitalier de givors // centre hospitalier de saint-cyr-au-mont-d’or // centre

hospitalier de villefranche // centre hospitalier le vinatier // centre hospitalier saint-joseph saint-luc // centre hospitalier

spécialisé saint-jean-de-dieu // centre médical de beaulieu // centre médical la maisonnée // centre médical les massues // centre

médical mon repos // centre social et culturel des basses barolles // cie adam // cie ariadne // cie cadavres exquis // cie intersignes // cie

kafig // cie la fille du pêcheur // cie labo et ludus // cie les trois huit-nth8 // cie peut-être // cie projet in situ // cie théâtre du

grabuge // cie u gomina // cie unis’sons // cinéma comœdia // clinique du val d’ouest vendôme // clinique villa des roses // collectif

the womps // conservatoire de lyon // ecole nationale de musique de villeurbanne // ecole nationale des beaux-arts de lyon // espace

baudelaire // espace pandora // etablissement de soins de suite les ormes // fête du livre de bron // haute vallée d’azergues

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remerciements

• à toutes les personnes en soin ayant participé activement aux projets développés par le dispositif “Culture et Hôpital”,

• à tous les personnels impliqués,

• aux intervenants artistiques,

• aux porteurs de projets,

• aux structures culturelles et établissements hospitaliers partenaires,

• aux contributeurs de cet ouvrage.

publication du dispositif régional “culture et hôpital”

Cet ouvrage est financé par l’Agence régionale de l’hospitalisation, par le ministère de la Culture et de la Communication – Direction régionale

des affaires culturelles Rhône-Alpes et par la Région Rhône-Alpes.

direction de la publication :

Lionel Chalaye, responsable service

médiation et nouveaux publics, Région

Rhône-Alpes,

Benoît Guillemont, conseiller à l’action

culturelle, DRAC Rhône-Alpes,

Patrick Vandenbergh, secrétaire général,

Agence régionale de l’hospitalisation.

coordination de la publication :

Hi. Culture

Carine Delanoë-Vieux, administrateur,

Séverine Peruzzo, chargée d’opérations.

graphisme et photogravure :

Éditions Lieux Dits

Dépôt légal : octobre 2009

ISBN 978-2-914528-59-7

impression :

Chirat, Saint-Just-la-Pendue