32

Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre
Page 2: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre
Page 3: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

Cahier Bleu Blaues Heft ·

N° 12 Janvier 1990

SOMMAIRE

Déisme, Athéisme et Maçonnerie Il

Philippe Egalité Grand MaÎtre

Grand TraÎtre

Achtet verborgener Zeichen Sinn

Die Freimaurerei

Cahier Bleu/Blaues Heft - Publication trimestrielle - Editeur : Grande Loge de Suisse.

7

19

24

26

Dir. de la publication: G. Auderset - Comité de rédaction : S. Guertchakoff, J. Herman, E. Howard, L. Janssens, G. Kleinmann, P. Pét ey, 1. Rittener. Publicité : Bernard Biancolin, tél. prof. 022/42 30 60 La rédaction n'est nullement responsable des manuscrits et documents qui lui sont envoyés. Les art icles signés de noms et de pseudonymes n'engagent que leurs auteurs. Adresse de la correspondance, l'administ ration et la publicit é : Cahier Bleu - Case postale B 2 5 - 1 21 1 Genève 3. Copyright : reproduct ions partielles autorisées avec ment ion visible de la source et envoi de justificatifs. Prix du numéro: Fr. 5 . - /Abonnement: Fr. 20.-/Abonnement de soutien: Fr. 100.-Publication strictement réservée aux membres de l'Ordre.

Page 4: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

2

Réflexions à propos de la destruction d'un mur

Au moment où j 'écris cet article, le monde contemple médusé ce qui se passe en Allemagne et surtout dans cette ville qui est devenue symbo­lique : Berlin .

En quelques semaines, et sous la poussée de la population, la R.D.A. s'est ouverte, et la li­berté fondamentale du libre passage, contenue dans la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre à l'Ouest, d'y rester s' ils le jugent bon ou de retourner chez eux une fois leur visite terminée. Je ne sais quelle se­ra la situation au moment où ces lignes paraî­tront, mais je la crois irréversible.

Ce qui me frappe, c'est que une fois encore, la franc-maçonnerie a été prise de vitesse. Alors que nous nous voulons force de progrès, capa­bles de réflexions, désireux de marquer de notre idéal de liberté le monde qui nous entoure, nous sommes à la traîne et nous donnons à tous le triste spectacle de nos div isions .

Là où des enjeux autrement compliqués, impliquant des réflexions d'ordre économique, stratégique, pol itique et j 'en ya~se, rendent .l~s choses infiniment plus comphquees et plus deh­cates, les gens ont réussi à faire tomber le mur de Berlin, ce symbole de division. Et nous,_ l~s Franc-Maçons, nous sommes toujours aussi di­visés. Pour des raisons idéologiques, parce que, voyez-vous, le problème de la ~é~ular~té n'est rien d'autre qu'un problème 1deolog1q~e peut-être aussi de pouvoir - et nous ~u 1 nous voulons spéculatifs, capables de manier et de comprendre le sens des mots et des idées, nous en sommes encore là !

Au siècle dernier et au début de ce siècle, la Franc-Maçonner ie suisse, comme la française, comme la belgique, viva it avec 25 ans d'avance sur la loi. Ce n'est pas par hasard qu'un des FF. ·. fondateur de la Grande Loge Suisse Alpina devint le premier président de la Confédérati~n, ce n 'est pas par hasard que la L. ·. genevoise Fidélité et Prudence comptait dans ses rangs un

grand nombre de magistrats, ce n'est pas par ha­sard si le tableau de loge de cet atelier peut se lire au coin de certaines rues de Genève, p uisque ces FF. · . ont tellement bien œuvré pour la Républi­que qu'ont donné leur nom à des artères gene­voises. Ce n'est pas par hasard qu'au début de ce siècle un Quartier-La-Tente, avec ses FF. ·. ten­tait et réussissait à réconcilier la Franc-Maçon­nerie française et allemande brouillées depuis la guerre de 1870 et prélude à cette réconciliation franco-allemande que nous vivons actuellement, Je lisais un bulletin des LL. ·. de Genève datant de 1925 et je constatais que le problème de l'ob­jection de conscience et le service civil était déjà en discussion dans un atelier genevois alo rs qu'il n'a toujours pas trouvé de solution constitut ion­nelle.

En France, la tro1s1eme république s'est abondamment nourrie de la réflexion maçonni­que.

Oui la pensée maçonnique devançait la loi. Alors qu'aujourd'hui elle la suit péniblement et ne la respecte pas dans son esprit (En Suisse l'égalité entre les hommes et les femmes a été votée il y a bien .des anné:_s dé~~·. ~t bien des FF. ·. se refusent a reconnaitre 1 m1t1abilité des SS.·. - n 'est-ce pas chers membres de la LUF ?).

Et maintenant saurons-nous comprendre ce symbole de la destruction du mur de Berlin pour entreprendre la destruction des murs qui sépa­rent la maçonnerie ... Peut-être qu'à l'instar des Allemands, faut-il que la base, une fois de plus montre l'exemple, les gouvernements étant biei~ obligés de suivre. Peut-être ne les avons-nous pas assez appelé par leurs noms ces murs, peut­être n'avons-nous pas voulu nous rendre compte qu'ils étaient eux aussi des murs de la honte, de not re honte.

G.K.

Page 5: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

Gedanken über die Zerstôrung einer Mauer

Von Br.· . G .·. K.·.

Heute, da ich diesen Artikel schreibe, blickt eine erstaunte Welt auf das, was in Deutschland und ganz besonders in der symboltrachtig ge­wordenen Stadt Berlin passiert !

Innerhalb weniger Wochen hat die DDR -unter dem Druck ihrer Bevolkerung - die Gren­zen geoffnet und ihren Landsleuten die Niederlassungs- und Bewegungsfreiheit ge­wahrt, welche zu den Grundrechten der Men­schenrechtskonvention zahlen: nun konnen sich aile Ostdeutschen frei bewegen, die Bundersre­publik oder andere Lander besuchen. Falls sie nicht wieder heimkehren wollen, konnen sie ir­gendwo eine neue Existenz aufbauen. Noch kann ich nicht sagen, ob der eingangs erwahnte Zustand bei der Veroffentlichung dieser Zeilen genau derselbe sein wird, sicher scheint mir je­doch, dass das in Schwung geratene Rad nicht mehr zurückgedreht werden kann.

Was mich bestürzt, ist die Feststellung , dass die Freimaurerei sich einmal mehr von den Er­eignissen überfahren liess ! Anstatt mit wehen­den Fahnen und gesch lossenen Reihen die Aus­trahlung und Verwirk lichung des Freiheitgedan­kens au r der ganzen Welt anzust reben (sic sind ja ihr hochstes Z iel !), hink t sie gespalten der Zeit nach und gibt ein tristes Bild ab.

Ausgerechnet dort , wo komplizierte st rate­gische, politische und wirtschartliche Verhaltnis­se die Welt vor scheinbar unüberwindbaren Hür­den stellten, ist es ein fachen Menschen gelùn­gen, das Symbol der Trennung, die Berliner Mauer, zum Einstürzen zu bringen. Doch wir Freimaurer sind immer noch durch eine hohe Mauer in zwei Lager getrennt ! aus ideellen Gründen, wie man beha uptet (denn ist die Frage der Ordnungsmassigkeit nicht eine Sache der Ideologie ? oder vielleicht sogar des Machtan­spruches ?). Aber wir Uebersinnlichen, welche in der Lage sein sollten, das Gras wachsen zu ho­ren, ja, die Feinheiten aus Wort und Idee gera­dezu herauszuriechen , treten noch immer an Ort.

l m letzten und anfangs dieses Jahrhunderts waren die schweizerischen, franzôsischen und belgischen Freimaurer der Gesetzgebung um 25 Jahre voraus. Es scheint mir kein Zufall zu sein,

dass der Gründer der Schweizer Grossloge Alpi­na zum ersten Bundesprasidenten ernannt wur­de; oder, dass die Genfer Loge Fidélité et Pru­dence sich aus derart zahlreichen, namharten und vorzüglichen Magistraten der Republik Genf zusammensetzte, dass sich die einstige Lo­genliste aurgrund von heutigen Strassenbezeich­nungen in der Calvin-Stadt leicht zusammenset­zen liesse ! Kein Zufall ist es, dass zu Beginn die­ses Jahrhunderts ein Quartier-La-Tente mit sei­nen Freimaurern mit Erfolg versuchte, die seit dem Deutsch-Franzôsischen Krieg von 1870 ge­trübten brüderlichen Beziehungen wieder aufle­ben zu lassen und damit das Fundament für die jetzigen guten Beziehungen zwischen diesen bei­den Landern legte. Kürzlich las ich in einem Bul­letin aus dem J ahre 1925, dass eine ehrw. ·. Gen­rer Loge bereits zu jener Zeit die Dienstverweige­rung aus Gewissensgründen ais echtes Bedürfnis erkannte und von der Notwendigkeit eines Zivil­dienstes sprach - heute, nach 65 Jahren, konn­te in der Schweiz noch keine Verfassungsgrund­lage für dieses Problem geschaffen werden ...

In Frankreich übernahm die 3. Republik viel Gedankengut aus der Freimaurerei.

Wie wir sehen, galt einst die Freimaurerei ais Wegbereiterin für manche Gesetze. Heute hat sie Mühe, ihnen überhaupt zu fo lgen und re­spekt iert nicht einma l mehr deren Geis t: seit Ian­gem besteht in der Schweiz die Gleichberechti­gung beider Geschlechter - dennoch verweigern konservative Freimaurer den Frauenlogen Be­rechligung und Anerkennung - sind die su­chenden Schwestern eigent lich nur gui genug für die LUF ?

Vielleicht werden wir Freimaurer aus dem Symbol der zerstôrten Berliner Mauer etwas da­zulernen und jene Wand niederreissen, welche die Freima urerei in zwei Lager trennl - genau gleich, wie es die ostdeutsche Bevôlkerung mit ihrer Regierung ta t ! Hat nicht der Wille an der Basis die Unbelehrbaren an der Spitze in die Knie gezwungen ? Scheuen wir uns vielleicht, unsere eigene Maurer aus der gleichen Optik zu betrachten ? Oder wollen wir Freimaurer ihre Existenz einfach ignorieren, damit wir nicht zu­gestehen müssen, dass sie eine Schandmauer ist , namlich unsere eigene Schande ? 3

Page 6: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

4

BLAUES HEFT

On ne nous en voudra pas de rappeler un classique maç. · .

MA LOGE-MÈRE

li y avait Rundle, le chef de station, Beazeley, des voies et travaux, Ackmann, de l'intendance, Donkin, de la prison, Et Blacke, le sergent in,st ructeur, Qui fut deux fois notre Vénérable, Et aussi le vieux Franjee Eduljee Qui tenait le magasin

"Aux Denrées Européennes". Dedans, on se disait : "Mon Frère",

et c'était très bien ainsi Dehors, c'était : "Sergent, Monsieur,

Salut, Salam". Nous nous réunissions sur le niveau

et nous nous quittions sur l'Equerre. Moi, j'étais second diacre dans ma Loge-Mère,

là-bas ! ·

Il y avait encore Sola Nath, le comptable, Saül, Je juif d' Aden, Din Mohamed, du bureau du cadastre, Le sieur Chuckerbutty, Amir Singh, le Siek, Et Castro, des ateliers de réparation, Le Catholique romain .

Nos décors n'étaient pas riches, Notre temple était vieux et dénudé, Mais nous connaissions les anciens Landmarks Et les observions scrupuleusement Quand je jette un regard en arrière, Cette pensée, souvent, me vient à l'esprit : " Au fond, il n'y a pas d'incrédules Si ce n'est, peut-être, nous-mêmes !"

Car, tous les mois, après la tenue, Nous nous réunissions pour fumer. Nous n'osions pas faire de banquets (De peur d'enfreindre la règle de caste

de certains Frères) Et nous causions à cœur ouvert des religions

et d'autres choses,

Chacun de nous se rapportant Au Dieu qu'il connaissait le mieux. L'un après l'autre, les Frères prenaient la parole Et aucun ne s'agitait.

L'on se séparait à l'aurore quand s'éveillaient les perroquets

Et le maudit oiseau porte-fièvre ;

Comme après tant de paroles Nous nous en revenions à cheval, Mahomet, Dieu et Shiva Jouaient étrangement à cache dans nos têtes.

Bien souvent, depuis lo rs, Mes pas, (errant au service du gouvernement,) Ont porté le salut fraternel De l'Orient à l'Occident, Comme cela nous est recommandé, De Kohel à Singapour ; Mais combien je voudrais les revoir tous Ceux de ma Loge-Mère là-bas ! Comme je voudrais les revoir, Mes Frères noirs ou bruns, Et sentir le parfum des cigares indigènes Pendant que circule l'allumeur, Et que le vieux limonadier, Ronfle sur le plancher de l'office. Et me retrouver parfait Maçon Une fois encore, dans ma Loge d'autrefois.

Dehors on se disait : "Sergent, Monsieur Salut, Salam", '

Dedans c 'était : "Mon Frère", et c'était très bien ainsi.

Nous nous réun issions sur le niveau et nous quittions sur l'Equerre.

Moi, j 'étais second diacre dans ma Loge-Mère là-bas !

R. Kiepling

Page 7: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

Couvent 1989

La Grande Loge de Suisse a tenu son Con­vent le 4 novembre à Vevey. La R. ·. L. ·. Benja­min Franklin a organisé l'ensemble des opéra­tions qui se déroulèrent, 0 Symbolisme ! dans les locaux du nouveau "Panorama" élevé sur les ruines de son premier Temple !

Que B.-. F.-., soit remercié !

En résumé, les sujets évoqués furent les sui­vants:

- situation financière saine, budget 89-90 accepté, élection du G. ·. M.·. vu les circonstan­ces (indisponibilité toute passagère du candidat Jacques Her. -.), il est procédé à quelques échanges de vue faisant appel à différents scénarios : la proposition acceptée à la majorité est l'élection du candidat unique (J. ·. H. · .) et son instal­lation dans six mois, le G. ·. M.·. actuel Paul Gir. ·. assurant l'intérim, Grands officiers : descendent de charge les FF. ·. Bronner, Gavillet, Riedweg, Guyon et Sauge. Leurs remplaçants sont nommés à l'unanimité : les FF. ·. Jac­ques, Perruchoud, Schopfer, Erhwein et Gagnebin, A l'unanimité des 32 délégués au Con­vent, la L. ·. Les Trois Temples à l'Or. ·. de Carouge est reçue dans la GLS,

- Le Convent 1990 se tiendra à Zurich, le 3 novembre, la L. ·. Heinrich Pestalozzi en assurera l'organisation .

Un grand nombre de points et d'idées sont évoqués dans le rapport annuel du T. · .R. · .G.- .M.·. Paul Gir. ·. Les dominantes sont :

- initiative de la concertation et du dialo­gue entre les GG.-. MM.·. des Obédien­ces travaillant en Suisse, nécessité de modifier le paysage maçon­nique européen, vœux et propositions pour augmenter les possibilités d'actions du CLIPSAS, entre autres, la création d'une commis­sion de 5 à 7 membres doués d'imagina­tion.

Objectifs: - définitions des buts à atteindre, donner

au CLIPSAS une structure juridique : siège, assemblée législative, assemblée exécutive, se faire entendre au niveau des Organi­sations internationales,

- union (ou du moins dialogue !) de ce qui constitue la Maçonnerie européenne.

Le F . ·. Eric Sch. ·. a assuré durant tout le Convent une traduction pour nos FF. ·. a lléma­niques .

ATTENTION: Con vent extraordinaire le samedi 24 février, à Lausanne

à 10 h OO : Réunion des VV.- . MM.-. et Jcr Surv.·. au Restaurant NAVIGA TlON, av. de la Harpe 49 LAUSANNE-OUCHY

à 12 h 30: Apéritif au Restaurant de la NAVIGATION

à 13 h OO: BANQUET au Restaurant de la NAVIGATION

à 14 h 30 : TENUE SOLENNELLE : Temple constitué dans la GRANDE SALLE DU RESTAURANT DE LA NAVIGATION.

5

Page 8: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

BLAUES HEFT

"li fau t marcher avec son temps, mais cela dépend dans quoi il marche ... "

6

Page 9: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

DEISME, ATHEISME ET MAÇONNERIE Par le F. ·. Paul Gir. ·.

Seconde pa rtie : l'évolution continentale

Le Gra nd Orient de France

L'introduct ion, quant à la maçonnerie françai­se, j'emprunterais à l' historien P. Chevallier:

"On peut affirmer que la Franc-Maçonnerie nouvelle est bien apparue à Paris vers 1725-26, que le groupe le plus important fut jacobite (ap­parente à Jacques li , roi cathol ique) et y devint fameuse sous Milord, comte de DERWENWA­TER, élu Grand-Maître catholique en 1737 chassé du trône d'Angleterre par son gendre Guillaume d'Orange (protestant). Jacques II s'était réfugié en France suivi de sa cour.

Cette importation continentale de la Maçonnerie britannique donnera naissance à un mouvement maçonnique français, dont l'évolution sera fort différente de ce que fut la M.·. anglaise.

Le Grand Orient, dans son Convent de 1877, a supprimé, dans sa constitution, l'obliga­tion de la croyance en l' immortalité de l'âme, et effacé de ses rituels l'invocation au Grand Ar­chitecte de l'Univers, les défenseurs de ce geste tentèrent de prouver que le Déisme, ne fut pas imposé par la première Constitution d' Ander­son, mais par les suivantes.

Le Grand Orient fait là une réforme extrê­mement importante, il ne s'est pas proclamé athée comme l'affirment avec bonne foi certai­nes obédiences, mais il prétend ainsi revenir à la pure doctrine du Livre des Const itutions qui laissait à chacun la liberté de son opinion.

A THÉISME: la formule est lancée

Chaque fois que l'on parle d'athéisme, on en donne un sens péjoratif. C'est un terme qui tend à disparaître, car malheureusement il est souvent utilisé, et c'est peut-être là qu'il con­vient le mieux, aux polémiques religieuses, et non pas à une discussion philosophique.

Au départ, l'athée part du scepticisme. L'homme, selon Bayle, est fait pour connaître; savoir est un but primitif de son êt re; c'est le but de toute activité scientifique et morale. Que l'homme n'adopte pas aveuglément tout ce qui se présente à lui comme vérité, qu'à défaut, il emploie le doute comme précaution contre l'erreur. Rien de p lus légitime.

Douter ainsi c'est croire: c'est croire en une vérité, à un ordre suprême.

Toujours selon Bayle, l'athéisme est cet éloignement de Dieu par lequel le genre humain est tombé dans l'état de dégradation où nous le trouvons. N'avoir pas de Dieu, c'est n'avoir pas le vrai Dieu, c'est méconnaître le Dieu saint et bon dans les qualités inaliénables qui constituent son essence. A ce compte, le monde est plein d'athées et les idolâtres sont au premier rang!

On peut donc tenter de résumer l'athéisme par deux définitions:

1. Doctrine de ceux qui n'éprouvent pas le be­soin de remonter dans la voie de la causal ité, et qui sont peu fam iliers avec les explications régressives.

2. L'attitude de ceux qui viven t comme si Dieu n 'existait pas.

Mais revenons à la maçonnerie français et comment le G. -.o.·. est arrivé à supprimer la notion du GALU ...

Au 18< siècle, ( 1738) Clément XII, a vait beau excommunier les Francs-Maçons sous prétexte que des hommes qui se réunissent "se­crètement" ne peuvent que commettre le mal, les catholiques français n'en sont guère émus. Nom­bre d'entre-eux siègent sur les colonnes du Tem­ple et de très nombreux prêtres tant du clergé régu lier que du clergé séculier, participent aux travaux. Le pape n'était pas encore "infaillible" et le Roi de France très jaloux de son autorité.

Au 19< siècle, la situation est changée. Na­poléon a reconnu la puissance spirituelle de la papauté. Une bulle n'a donc plus besoin de rece­voir l' investiture civile pour avoir force de loi parmi les fidèles. En outre la part prêtée à la Franc-Maçonnerie, par ses adversaires, à la Révolution Française et au bouleversement du culte, a jeté la méfiance parmi les catholiques. Ceux-ci sont encore nombreux dans les loges au début du 19< siècle, mais peu à peu ils s'en écar­teront pour laisser la p lace aux libéraux, qu i ne sont pas des anticatholiques, mais des royalistes ayant une conception élargie des droits des ci­toyens, ainsi qu'aux LIBRES-PENSEURS. 7

Page 10: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

8

Une société de pensée: peut-être n'a-t-on pas assez compris le sens et la portée de cette création du 18< siècle. C'est une institution nou­velle, appelée à une singulière fortune, et qui devait avoir une action décisive sur le cours des idées et de l'opinion. Ce n'est guère que depuis 1750 qu'il existe des sociétés de Philosphes, que la spéculation pure, le seul "amour de la vérité" réunit les hommes et crée un lien social, que l'on voit des philosophes "former un corps" comme dit Voltaire.

Les sociétés qui prennent naissance à la fin du 18< siècle sont des sociétés de philosophes. Ce ne sont plus les salons littéraires du 17< siècle.

Dès 1750 surgissent des centaines de petites sociétés: les Ecossais, les Illuminés, les Martinis­tes, les Egyptiens, les Amis réunis. Ces sociétés sont constitués selon le principe d'une loge, mais animés d'un esprit "patriote et philosophe".

La "république des lettres", allégorie de 1720, devient une réalité grâce à Voltaire et aux encyclopédies. Le régime des salons est terminé, celui des sociétés de pensée et du philosophisme commence.

Cette société de pensée, dont le seul but est de réunir des "Lumières" , de penser en com­mun, est sans but pratique et est une nouveauté au début du 18< siècle. Toutes ces sociétés sont

BLAUES HEFT

"égalitaires de forme" et philosophiques d'objet et ont yris l'appellation de sociétés de LIBRE PENSEE.

Essayons de définir quelque peu des termes de SOCIETE DE LIBRE PENSEE.

Tout d'abord: Société.

Dans son sens le plus strict, il s'agit d'un groupe hommes, unis par leur seule volonté et pour leur seul bien. Elle est LIBRE, c'est essen­tiel et a pour but " le bien de ses membres" .

Approfondissons quelque peu: celte notion de SOCIÉTÉ DE PENSÉE. Rares sont ceux qui aient examiné d'une manière attentive et de ma­nière approfondie ce qu'était une société de pensée.

Les seules recherches que l'on ait fait sur la vie des sociétés se portaient sur les mystères se­crets, les rites, déguisements et complots. L'inté­rêt qui nous préoccupe ne porte pas sur le bric-à­brac maçonnique, mais bien sur le fait qu'il exis­tait au sein de la vie quotidienne, un petit Etat, gouverné selon ses propres lois, lois impratica­bles ailleurs et au-dehors; lois de la démocratie pure, d 'une république parfaite, où les FF. ·:de­meurent sans cesse sur leurs gardes pour gouver­ner et où le pouvoir est impersonnel, jusqu'au secret, et où l'opinion est souveraine dans toute la rigueur du terme.

Loge à Paris en 1750

Page 11: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

Dans cette démocratie pure, la société de pensée qui n 'a d'autre préoccupation que de fai­re " UN ION POUR LA VER ITE" n'a d 'autre objet que de dégager, par des discussions l' opi­nion de ses membres. En un mot EXPRIMER.

Cette expression de pensée, travail person­nel par essence, devient une association de pen­sée par le travail collectif. Le cheminement se résume en: LIBRE PENSEE, INDIV IDUA­LISME, SOCIALISME.

Cette société de pensée est donc d'abord démocratique, c'est-à-dire libre, d'où liberté d'expression et de pensée, et où la réunion d'in­div idualistes devient opinion collective.

TRA V AIL DANS LA SOCIETE DE PENSEE

Mais que fait-on dans cette société de pen­sée que je viens de vous définir? Tout d'abord elle n'a pas de but, donc n'a pas à fai re œuvre effective de création. L'opinion, assentiment collectif, s'y élabore verbalement. L' Atelier n 'est qu'un foyer de paroles. Mais la discussion doit y être franche et sereine et aisément commu­nicable; en d'autres termes : se parler faci le­ment. La pensée, ici, n'existe que par l'assenti­ment. N'est donc résultat, que ce que I' Atelier comprend, que ce qu' il approuve et tout s 'arrê­te , si j'ose m'exprimer ainsi au vote, et à l'ap­probation unanime. La pensée ainsi exprimée devient sans effet, puisque rien ne peut la juger, rien ne peut la corroborer ou l'infirmer.

Précisons, pour la meilleure compréhen­sion, que ce cheminement n 'est valable que pour la réOexion "philosophique" de pensée ou d'opi­nion, toute voie philantropique ne suit pas cette approche.

Cette réOexion établie dans notre société de pensée, est , collectivement difficilement trans­portable à l'extérieur. Il appartient à chacun , in­dividuellement de l'extérioriser, par rapport à soi et face à la société.

Mais comment pouvons-nous différencier une reOexion faite dans le monde profane et celle qui anime un atelier.

DE LA PENSEE A LA LIBRE-PENSEE

L'une comme l'autre, à les interroger, par­tent du même point, tendent au même but, qu i

est celui de toute activité : réaliser sa loi propre, s'affranchir, en l'espèce atteindre la vérité. L'une et l'autre rencontrent le même obstacle: son imperfection, son insuffisance, devant l'in­sondable richesse de la réalité. Mais si le point de départ est le même, le progrès est inverse.

LA PENSÉE PERSONNELLE

La pensée personnelle conçoit bien et cher­che à réa liser son règne sur les choses - sa liberté: mais par delà un effort de conquête, une lu tte avec le réel et ses mystères, qui suppose tout un déploiement de connaissances, de systèmes et sciences - ou plus haut encore, par-delà un ac­croissement de forces spirituelles, un secours surnaturel que Dieu seul peut donner, l'Eglise dispenser, la foi concevoir. Lutte victorieuse? -Pas toujours - et en tout cas lulte indéfinie, sans cesse renouvelée; mais lutte féconde, car si elle n'épuise pas le réel, elle déplo ie les puissances de l'esprit, met en jeu les facultés créatrices de l' in­telligence, depuis l'intuition des philosophes et des savants, jusqu'à la foi des apôtres et la vision surnaturelle des saints.

La pensée individuelle sur les "choses" don­ne des résultats, philosophiques ou autres, qui n'ont aucune valeur pour un groupe.

LA LIBRE PENSEE, au contraire passe de l'offensive à la défensive.

Le libre penseur n 'a à croire en RIEN. N I ATHEE, NI CROYANT, le verbe CROIRE, n 'est pas dans son vocabulai re.

A l' extérieur, la pensée libre ne peut être qu'isolée et individuelle, et si elle veut être effi­cace, doit se soumett re à des impératifs et servi­tudes: divine (foi), humaine (tradition) et per­sonnelle (expérience). Il serait en effet impensa­ble d'échafauder des théories qui ne tiennent pas compte de ces trois éléments décrits. "Quelque soit l'effort fait , le moraliste sans foi, le citoyen sans tradition et l' homme sans expérience, restent toujours de pauvres gens exposés à toutes les défaites". (Cochin) . 9

Page 12: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

10

Mais dans la société de pensée décrite, tout va changer. Elle n'a pas de but, point d'oeuvre à mener à bien, personne à sauver, la pensée éla­borée n'a point à avoir "les pieds sur terre". Ici donc la foi n'est pas nécessaire, la tradition de­vient inutile, et l'expérience personnelle n'a pas de raison d ' être. Pour opiner les idées, l'être est libre et sans attaches, rien ne gêne l'oeuvre et l'expression. On est libre d'exprimer sa liberté, on est libre d 'élaborer des théories rationnelles ou irration­nelles, on a seule obligation, celle de réfléchi r en groupe. Car on est libre de ne pas entrer dans la société de pensée; on n'a pas le droit, si on y est, de réfléchir autrement qu'en "philosophe".

Cette réflexion collective, à l'abri total du monde profane, le rituel nous le rappelle, nous rapproche les uns des autres et nous pousse in­consciemment vers l'avènement d'un certain ty­pe d ' intellectualisme et de morale que personne ne prévoit et que nous élaborons tous. C'est ce que l'on a appelé " le progrès des lumières" ou mieux encore, le "grand oeuvre".

La convi::tion individuelle, la doctrine n 'est plus; la loi du progrès sont dans le fait de l'asso­ciation, avant dêtre dans la volonté des associés. La société de pensée prime, domine et explique la conviction commune. C' est ici que la société prime et crée l' idée collective; on est uni POUR et non PAR LA VERITE.

Ici, l'idée qui vient à l'esprit est celle d'orientation; elle s'oppose d'ailleurs à l'idée de direction. La société de pensée ignore sa loi et c'est ce qui lui permet de se proclamer LIBRE; elle est orientée, à son insu, mais non dirigée.

C'est dans cet esprit, que la plus accomplie des sociétés philosophiques de l'époque prend pour nom, dès 1775, de GRAND ORIENT.

Il renverse l'effort intellectuel et élimine le réel dans l'esprit. C'est sur la pensée même, non sur les choses que porte le travail de groupe.

BLAUES HEFT

Et ce premier effet de la pensée collective est de nous contraindre fi sortir de nous tout espèce de sentiment.

Les sentiments, nous le savons, sont considérés en eux-mêmes comme individuels. Ils pourront avoir la même fin, ils ne seront jamais identiques.

Le travail de groupe n'est pas de créer une philosophie, mais des PHILOSOPHES. Le fait d'éliminer tout sent iment individuel nous con­traint, que nous le voulions ou non , d' extirper de nous-mêmes, un premier sentiment "déran­geur": /a foi.

Celle-ci ne saurait en effet, subsister dans une société de libre-pensée. Elle n'est que préjugé, et devient parfois odieuse.

Dans la réalité, devant la souffrance, l'ef­fort, la mort, la foi s'impose à tout esprit sincè­re. Je prends ce mot dans le sens le plus large: confiance implicite en une doctrine, une auto­rité, un homme. Cette confiance n'est pas aveu­gle, ·elle dépasse la raison, mais elle n 'est pas la négation de la raison.

La foi est /'affirmation de la nécessité d'un secours supérieur à l'homme, par suite de /'obéissance de l 'homme à une volonté plus Izau­te que la sienne: affirmation et obéissance re­connues nécessaires par l 'effort réel même: c 'est dans la mesure même où l'homme veut croire et créer, qu'il sent la nécessité de la foi et appelle Dieu.

Les sociétés de pensée n 'ayant rien à créer ne sentent pas l'obstacle, n i l'impuissance de l' homme, ni le besoin de Dieu.

Les Sociétés de pensée, comme la démocra­tie directe sont à contresens de la vie.

Paul Gir.·. 1985

Page 13: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

REVOLUTION FRANCAISE II. Eté 1789 : Les Etats généraux

L e dimanche 4 mai, a lieu la procession qui précède l'ouverture des Etats généraux. Gi­

gantesque cortège où, derrière le St Sacrement et la famille royale se présse la Cour, suivis des trois ordres, c'est-à-dire les 1 200 députés. La population, de Versailles surtout , est là et crie "Vive le Roi", mais aussi "Vive le tiers Etat. .. Vive Necker".

Le lendemain, c'est l'ouverture solennelle des Etats généraux. Dans la grande salle du Pa­lais des Menus plaisirs, attribuée à la réunion générale mais aussi aux délibérations du Tiers Etat trop important (600 députés) pour être logé dans une autre salle. Les deux autres ordres déli­bèreront chacun dans une salle particulière. Cet­te disposition va rendre un grand service à la Révolution, nous le verrons plus loin. L'idée à ce jour, est que les Ordres délibèreront séparément, et ne se réuniront dans la grande salle que lors des assemblées royales, c'est-à-dire présidées par Louis XVI.

Cette première assemblée d'ouverture est présidée par le Roi. Son siège domine la salle, à sa droite le Clergé, à sa gauche la Noblesse, de­vant, en contre-bas, les ministres réunis autour d'une longue table, et, dans la salle, face à lui les 600 députés du tiers. On a eu la délicatesse de les faire attendre trois heures avant de les introduire dans la salle ...

D iscours d'ouverture paterne de Sa Majesté : l'état des finances est désastreux, (donc

attendez-vous à une augmentation des impôts). Les prétentions du Tiers Etat sont exagérées . .. et les esprits sont dans un état d 'agitation déplora­ble ...

Necker enchaîne avec un discours très tech­nique de trois heures : il invite la Noblesse à li­miter volontairement ses privilèges et invite le Tiers à ne pas l'y forcer. Puis le Roi quitte rapi­dement la salle : il ne tient pas à ce que l'on évo­que le délicat problème du vote par Ordres ou par têtes ...

Le 6 mai, le Tiers manifeste son désir de changement : il refuse la distinction en trois Or­dres séparés et demande que la vérification des pouvoirs (l ' homologation de chaque député) se fasse en commun. La chambre de la Noblesse re­fuse, le Clergé très prudent essaie de jouer les

médiateurs. Jusqu 'à fin mai, des commissaires nommés par les trois Ordres discutent sans qu'aucun progrès ne se manifeste ...

Le 28 mai, le roi impose la présence de son Garde des Sceaux aux discussions des commis­saires pour essayer de faire progresser les choses. Le Tiers croise le fer pour la première fois avec le pouvoir : il prend deux décrets : le premier an­nule l'interdiction du roi faite à la parution d'un journal du comte de Mirabeau, député du Tiers malgré son rang. Le second décret instaure le Tiers au rang d'assemblée des Communes, c'est­à-dire des communautés capables de se gérer elles-mêmes.

Ce décret marque le premier pas vers la constitution de l'Assemblée nationale.

L'offensive du Tiers

L e 10 juin, le Tiers passe vraiment à l'offen­sive : sous forme d 'une provocation éma­

nant de l' abbé Sieyès : il convoque p lutôt qu'il n'invite les deux autres Ordres à siéger avec lui pour procéder à la vérification des pouvoirs. Et ceci dans la salle commune qu'il occupe pour des raisons d 'effectifs ... La vérification doit se faire sous forme d 'appel, baillage par baillage.

Cette procédure se déroule le 12 et le 13 juin. Elle provoque un début de ralliement : 19 curés quittent leur chambre, rejoignent la salle du Tiers qui les enregistre et les renvoie dans la salle du Clergé dans un but de propagande ...

Le 14 juin, les motions se succèdent... Sieyès, Mirabeau, Mounier, Rabaud St Etienne ... (Tous Maîtres Maçons). Que sera l'appellation de cette assemblée du Tiers ? Legrand, député du Berry, lance "Assemblée nationale" ... Sieyès la retient et l'appellation est acceptée par 491 voix contre 89.

Le 17 juin, l' assemblée du T iers Etat retient officiellement cette appellation d 'Assemblée Na­tionale.

C'en est fait des Etats généraux. Mais le Pouvoir se doit de réagir. 11

Page 14: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

12

C'est fermé ? ·Allons au jeu de paume !

La décision prise par l' assemblée du Tiers Etat le 17 juin est de portée révolutionnaire : c'est le premier acte politique de nature cesses­sionniste, qui va prendre de front le pouvoir : le Tiers est indivisible, souverain et constitue désormais la seule structure représentative de l'ensemble des Français. " Nous promettons à Dieu, à la Patrie et au Roi .. . ".

D'à genoux, ils étaient les représentants de la Nation se relèvent et sont debout, face au Pouvoir et à l'Ancien Régime.

Le 19 juin, à une faible majorité, et à la sui­te d'une série de manœuvres qui en dit long sur la volonté du petit Clergé de rejoindre le Tiers, une faible majorité se dessine dans la Chambre du Clergé. La décision est prise de rejoindre l'Assemblée Nationale malgré le refus du haut Clergé. Dans la Chambre de la Noblesse, une motion identique présentée par la minorité libé­rale ne recueille que 80 voix sur 300 !

La Noblesse et le haut Clergé font pression sur le Roi, qui se trouve à Marly, pour qu'il or­donne la dissolution des Etats Généraux.

Les faucons proposent la force qui à ce sta­de peut encore sauver le Régime. Chaque heure qui passe en éloigne la victoire. Ce qui sort du Conseil, ce jour-là, est un ordre de fermer la sal­le du Tiers Etat. .. pour raisons d'aménagements imposés par le discours que le Roi annonce pour le 22 ou 23 juin.

Bailly, président de l'assemblée du Tiers (Assemblée Nationale !), se voit donc refuser l'entrée de la salle des Menus plaisirs, ce 20 juin. L'assemblée décide alors de se tenir séance dans une salle libre, celle du Jeu de Paume.

Après une séance constitutive, l'Assemblée Nationale décide, sur la proposition du député Mounier, de prêter le serment de ne se séparer que lorsque la France aura été dotée d'une Cons­titution. Ce fameux "serment du Jeu de Paume" est resté célèbre dans la mémoire collec­tive.

"Le 22 juin, les héraults d'armes annoncent la séance royale pour le 23 juin en priant "MM. les Députés aux Etats généraux" de bien vouloir y prendre part. Le vocabulaire royal ignorera en­cqre longtemps le terme d 'Assemblée Nationale.

BLAUES HEFT

l'abbé Sieyès (R. ·. L. · . Les 9 sœurs).

Bailly décide cependant de tenir séance ce 22 juin. li est conforté par la présence du peuple qui se manifeste de la manière la plus pressante. Les gens de Versailles et de nombreux Parisiens sont là pour assister à ce que Molleville appelle "un acte de désobéissance aussi solennel.. .".

Cette participation massive des masses po­pulaires sera une des constantes les plus mar­quantes de toutes les activités politiques qui se déroulent en ces jours. Le peuple participe heure par heure à tous les événements : le peuple de Versailles, estimé à 60 000 personnes, puis les éléments populaires parisiens qui n ' hésiteront pas à faire tous les jours la navette entre Paris et Versailles. Pour voir, saluer, encourager, huer parfois, les députés de Paris et ceux de la Nation toute entière. Mais, pour l'instant, le peuple n 'est que spectateur .. .

Ce 22 juin donc, la salle du Jeu de Paume est trop exiguë pour recevoir les députés d e 1' As­semblée Nationale ; ceux-ci migrent tout d'abord vers le couvent voisin des Recollets dont les bons pères leur refusent l'accès. Ils finissent par investir l'église St Louis. Dans leur esprit , cette séance est destinée à la reconnaissance des droits des députés.

A leur surprise, une forte délégation de !'Ordre du Clergé se joint à eux. Une légère préséance lui est accordée (réclamée par quel­ques évêques) : les membres du Clergé sont placés à la droite du Président Bailly. Deux no­bles ont également rejoint : le marquis de Bla­cons et le comte d' Agoust. En fait, en intégrant le Clergé, l'Assemblée Nationale a remporté une victoire dont l'impact psychologique est immen­se et il n'est pas vain de souligner que la Révolu­tion a véritablement commencé durant ces journées de juin. Les violences d 'avril et celles qui suivront en juillet peuvent à la rigueur être présentées comme des échaffourées ou des com­bats de nature insurrectionnelle. Les événements de juin sont eux de nature vraiment révolu taire : d'essence politique, ils visent à réformer la struc­ture même de la Société.

Page 15: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

Serment du Jeu de Paume (David)

Refus royal

Le 23 juin, séance royale. Le Roi prononce un discours en 3 parties devant les 1 200 députés des E.G . L'atmosphère est tendue d'autant plus que le siège de Necker est vide ce qui impression­ne fortement l'Assemblée. Necker lui-même qui a refusé de venir.

Le discours du Roi est typiquement réac­tionnaire : il veut que l'ancienne distinction des trois Ordres soit conservée dans son entier et déclare nulles les dispositions adoptées par le Tiers lo rs de la séance du 17 juin . Il termine en précisant "qu'aucune de vos dispositions ne peut avoir force de loi sans mon approbation spéciale".

Il quitte la salle dans un silence général, sui­vi· de la Noblesse et du haut Clergé.

Ce discours et les dispositions qu'il impli­que, que notre bon M. de Molleville prend pour les preuves de l'amour paternel de Sa Majesté, ont jeté la stupeur dans les rangs del' Assemblée Mirabeau intervient et fustige cette "insultante dictature" par un "absurde et séditieux amphi­gouris" (Molleville) c'est-à-dire un discours ca­pable d'enflammer l'Assemblée.

Le marquis de Brézé, Maître des cérémo­nies, demande alors aux députés d'observer les intentions du Roi et d 'évacuer la salle. Et c'est à ce moment qu'on lui fit la célèbre réponse selon laquelle seule la force des baïonnettes mettrait les députés à la porte.

Ajoutons ce qui suit pour la vérité histori­que et pour montrer qu 'à ce moment les députés du Tiers et sympathisants sont loin de croire que tout est gagné : Après sa répartie célèbre, Mira­beau se pencha vers Lameth qui présidait et ajouta à voix basse "Si ces baïonnettes arrivent, on foutra tous le camp ! (Témoignage de La­meth dans ses Mémoires).

Lorsque l'on rapporte ces faits à Sa Ma­jesté, celle-ci, peu décidée au suivi logique qu'il aurait fallu donner à cette affaire, comme le re­grette Molleville, dit : "Ils veulent rester ? Eh bien ! foutre ! Qu 'ils restent".

Cet instant est capital.

Le roi baisse les bras. Jusque-là, il avait les moyens et, semble-t-il, la volonté de conserver l'Ancien Régime. Dès maintenant , il en a encore les moyens mais sa volonté s'estompe. Les moyens : les régiments de troupes encore fidèles au roi. Des régiments étrangers surtout, nous le verrons plus lo in . 13

Page 16: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

14

Ces régiments sont en route vers Paris et Versailles où s'y trouvent déjà. Quelques canons auraient dispersé l' Assémblée. C'est êertain. Car celle-ci craint pour sa vie et ne peut encore croire à sa victoire. A preuve, elle prend deux décrets qui en disent long sur son sentiment d'insécu­rité : elle déclare que les personnes des députés sont inviolables, quelques soient les circonstan­ces et, sur proposition de l'abbé Sieyès, elle déclare ses séances ouvertes au public, au peu­ple : la liaison avec le peuple est sa caution, et s' il le faut, le mouvement populaire saura garan­tir le maintien de cette Assemblée Nationale .

Grâce aux "petits curés" Parmi les témoignages sur ces journées de

juin, il en est de nombreux. Je crois important de citer ceux de l'abbé Barbottin, député du C lergé. Elu plus ou moins contre son gré par son baillage, il est convaincu au début que le salut de la France est dans ces réformes qui semblent naî­tre des Etats Généraux ... Jusqu 'au 4 août il y croit. C'est un curé décimateur qui a donc un certain nombre de privilèges, mais très modestes en comparaison de ceux des évêques. Il nous a laissé des lettres dans lesquelles il relate, à l'in­tention de son remplaçant dans la paroisse de Prouvy, les événements dont il est à la fois ac­teur et témoin.

Par exemple, le 23 mai, il se plaint qu'ap rès 3 semaines les Etats généraux ne soient pas plus avancés : " le haut Clergé se déshonore et perd de !!estime de la Nat ion par son opiniâtreté à défendre ses privilèges ." "Nous sommes 120 curés décidés à nous transporter dans la salle commune avec 6 ou 7 évêques" (dont celui de Vienne et celui de Bordeaux).

"Les évêques (ceux qui sont contre) intri­guent, cabalent, séduisent, calo mnien t et le bas Clergé et le Tiers Etat."

Le 4 juin, il déplore que l'on ne fasse rien et que l'on se perde en querelles. Le haut Clergé, comme la Noblesse o nt décidé que les réunions ne se fera ient que par Ordre, et q ue les pouvoirs seront contrôlés séparément.

Chef-d'œuvre le 5 juin : afin de créer un précédent de délibération séparée, le haut C lergé envoie une invitatio n pressante au Tiers Etat à délibérer sur le degré extrême de misère populai­re, en s'arrangeant de manière à ce que le peuple soit mis au courant de la sollicitude des évêques et de leur invitation généreuse .. . !

BLAUES HEFT

Mirabeau

Situation délicate : d'une part un précédent qui risque d'être d angereux, d'autre part un re­fus peut nui re à l'image du Tiers aux yeux d u peuple. Réponse d u Tiers : les évêques sont ri­ches et leur argent doit servir à soulager les misè­res. "Vendez vos carrosses et allez à pieds com­me nous !" il raconte dans u ne lettre du 23 juin comment 148 curés ont voté pour le ralliement au Tiers et comment 136, au tres "qui se do nnent des airs de chambre du Clergé" refusent et quit­tent la salle du Clergé pour aller porter Jeurs dol­éances à Marly où le Roi se remet péniblement de la mort de son fi ls aîné.

.. Les curés majoritaires (de peu ... ) tentent de reJOmdre le Tiers le 20, mais celu i-ci, on l'a vu, est au Jeu de Paume. La réunion ne se fera que le 22 lorsque le T iers tient séance accidentelle­ment en l' égli se St Lou is .

. . Si l'on tente de résum er cette situation à fin J~m ~9, .on constate que !'Ordre d u Tiers Eta~, c est:a-d1re la m ajo rité d es Français, est re~re­sent~ par

1

environ 600 députés qui à l 'except~or1 de l u~ d c;ntre eux, sont d'origine bourgeoise. ~es. deputes, au gré des événements, et contre 1. av is d~ Pouvoir , se sont constitués en Ass~mb l­ee repr~sentat 1 ve du peuple français et peu a peu sont r~~omts dans cette nou velle donnée sociale et politique, d'abord par " les petits curés", qui ~r?ches du peuple "lâchent " leurs patro~s, les ~.v.eq u.e~,,, puis par des éléments liberaux,

ecla1res de la Noblesse.

La .majorité se d essine : 600 d u T iers, p lus 120 cures plus une cinqua nta ine de nobles.

Page 17: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

l l

CAHIER BLEU

Le Roi capitule Le 27 juin, le Roi revient sur son diktat du

23 : il demande "à son fidèle clergé et à sa fidèle noblesse" de rejoindre le Tiers pour délibérer en commun. " Je le veux", dit-il.

Sa dernière chance est passée : il n'a pu im­poser sa volonté et désormais il n'imposera plus rien . Tout au plus, selon les circonstances, il fera de la résistance, essayera d'agir en sous-main, mais ne parviendra plus jamais imposer quoi que ce soit.

On est certes encore loin de sa destitution qui interviendra 3 ans plus tard et il restera enco­re pendant p lus d'un an la référence populaire.

Cette capitulation est un peu à l'exemple de son caractère. Et, il faut le dire, c'est aussi quel­que chose que l'on peut porter à son crédit, à son honneur. Voici la raison qu'il invoque lors de sa capitulation :

"Je suis déterminé à tous les sacrifices, je ne veux pas qu'il périsse un seul homme pour ma querelle".

Imaginez les réactions du C lergé et de la Noblesse qui sont tout à coup obligés de se mêler au Tiers , aux factieux de l'Assemblée. L 'évêque d'Aix annonce tout de s uite que, s' il y a réunion, il n 'y a en tout cas pas mélange ! La noblesse clame bien haut que si elle accepte, c'est parce qu'un refus de sa part aurait mis la vie du roi en péril !

Cet événement déclenche une explosion de joie dans le public nombreux qui assiège !' H ôtel des Menus plaisirs.

"Vive le Roi, vive la Reine, vivent le Clergé, la Noblesse et le Tiers Etat".

Cet amalgame dû à l'allégresse populaire va quelque peu se modifier dans les semaines qui vont suivre .

G.Aud. ·. (A suivre)

Mirabeau répondant à Dreux-Brézé : Niel ... 15

Page 18: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

16

BLAUES HEFT

Gagnebin Jean-R. Bois en gros

1116 Cottens s/ Morges (Suisse) Téléfax 021 / 800 41 42 Téléphone 021 / 800 35 66

Contre plaqué marin et multip lis jusqu'à 40 mm.

Bois croisé peuplier plaqué acajou, anegré, chêne,

frêne, limba, mansonia, etc.

Bois croisé peuplier et multiplis jusqu'à 40 mm.

Panneaux pour portes. Portes prêtes à poser.

m PROMOGUIDE S.A.

régie publicitaire

2, RUE BOVY-LYSBERG - 1204 GENÈVE - TÉL. 215466

IMPRIMERIE OFFSET-TYPO-RELIEF

20, route des Acacias - Tél. 42 86 66 - 1211 Genève 24

Page 19: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

limAGENDA GENÈVE

CAROUGE

ZÜRICH

LAUSANNE

BERN

COLOMBIER

Pied du .JURA VAUDOIS

PENTHALAZ

VEVEY

LES AMIS DE ST-JEAN Cercle Pythagore Athénée 1 or et 3• LUNDI

APPOLONIUS DE TYANE 14, avenue Henri-Dunant - 1205 Genève, 022129 65 69 TOUS LES LUNDIS

FIDÉLITÉ ET LIBERTÉ 14, avenue Henri-Dunant - 1205 Genève, 022/ 29 65 69 TOUS LES JEUDIS

MOZART ET VOLTAIRE 14 , avenue Henri-Dunant - 1205 Genève, 022/ 29 65 69 2• et 4• VENDREDI

LES TROIS TEMPLES Maison des Compagnons, Gd-Saconnex 2• et 4° MERCREDI

HEINRICH PEST A LOZZI Falkenstrasse 23 - 8008 Zürich, 01 / 251 66 75 1"' et 3• LUNDI

JUSTICE ET VÉRITÉ Falkenstrasse 23 - 8008 Zürich, 01 / 251 66 75

ÉVOLUTION 1004 Lausanne 2• et 3• JEUDI

ANDERSON 1004 Lausanne 1 ••, 3• et 5• JEUDI

RENÉ GUENON Chemin des Noisetiers, 4 - 1004 Lausanne 2 • et 4• MERCREDI

ZUM FLAMMENDEN STERN Bern 2• et 4• VENDREDI

COSMOS 2, avenue de la Gare 2• et 4• VENDREDI

FR!\ TERNITÉ ET TRADITION 1305 Cossonay-Gare 1 •• et 2• VENDREDI

VENOGE ---------1305 Cossonay-Gare LUNDI

BENJAMIN FRANKLIN 1"' et 3• VENDREDI 17

Page 20: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

18

BLAUES HEFT

ENTREPRISE GENERALE DU BATIMENT RAYMOND ZANINETTI

Atelier: route de Chêne 73 Téléphone (022) 36 15 30 1211 Genève 17

Bureau: route de Malagnou 54 Téléphone (022) 35 42 35

1211Genève17

Pompes Funèbres Générales S. A. Jean-Paul DE CARLIN!, Directeur

Avenue Cardonal·M ermillod 46 Tél. 42 30 60

rue de la Mairie 33

Tél- permanent ljour et nuit) 42 JO 80

1207 GENËVE

bativersa vitrerie

miroiterie

encadrements

Téléphone 35 56 60

DELACHAUX sa

50, av. de la Praille, 1227 Carouge

Exposition permanente, prenez rendez -vou s au

43 66 70

Page 21: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

Philippe-Egalité, Grand Maître et Grand Traître

Au moment où la France a fêté le Bicente­naire de la Révolution., ici et là, des Ateliers de la G.L.S. affichent quelques planches relatives à cet événement capital de l' histoire de notre grand voisin et aussi de celle de l'Europe tout entière.

Sans doute conviendra+on qu' il n 'est pas superflu d'évoquer en quelques lignes le profil souvent méconnu de celui qui, pendant les événements, se trouvait à la tête du Grand Orient de France.

Philippe-Egalité

L ouïs P hilippe Joseph, duc d'Orléans, naît à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, le 13

avril 1747, de Louis, duc d'Orléans et de Louise Henriel!e de Bourbon-Conti.

J usqu'en 1752, il porte le titre de duc de Montpensier et celui de duc de Chartres jusqu'en 1785. A l'âge de 22 ans, il épouse Loui­se Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, arrière-petite-fille de Louis XIV et de Madame de Montespan. Par cette union, ce déjà très riche premier prince du Sang se voit encore accroît re sa fortu ne : dévoré d'ambition, démagogue à souhait - ses activités le démontreront - , cour­tisan déçu, celui que l'on appellera Philippc­Egalité et qui impute quas i systématiquement ses échecs à autrui, est aussi, dès 1769, le plus riche des princes français.

Parmi les historiens - et surtout les histo­riens de la Franc-Maçonnerie, il s'en trouve qui font preuve d'une bien singulière indulgence. Ainsi Pierre Lamarque qui écrit (Les Francs­Maçons aux Etats Généraux de 1789 et à l' As­semblée Nationale, Edimaf, Paris, 1981 , pp. 99 ssq): "L'homme n'est peut-être pas aussi noir qu'on l'a fai t et son attitude hostile à Louis XV I, et peut-être plus encore à Marie-Antoinette, peut s'expliquer par une injustice, aggravée de railleries dont il fut vict ime après la bataille na­va le d'Ouessant (17 juillet 1778)."

Des quatre enfants nés de son mariage avec une femme trop vertueuse dit-on et en tout cas vite déla issée, l'aîné, Louis-Philippe, portera successivement le titre de duc de Valois, duc de Chartres et duc d'Orléans jusqu'à son accession au trône le 7 août 1830.

L a carrière poli tique de notre ambitieux personnage se heurte, ici et là, à des obsta­

cles dont sa route se trouve rapidement jalonnée. C'est ainsi que, sous le règne de Louis XV, il connaît l'exil, à cause de sa fronde cont re Mau­péou. Ce d ern ier , vers la fin de sa vie, se ret irera définitivement sur ses terres, abandonnant toute fonction politique. Un nouvel échec attend le duc d'Orléans en 1778, après le combat naval d'Ouessant : la charge de grand amiral qu'il sol­licite lui est refusée. Il impute cet affront à " l' Autrichienne" de qui il était devenu un enne­mi notoi re, peut-être, comme d'aucuns le prétendent, après l'avoir courtisée et avoir es­suyé, ici encore, une fin de non-recevoir. La hai­ne qu' il nourrit à l'égard de Marie-Antoinette s 'accroît encore suite à l'affaire du Collier dans laquelle le cardinal de Rohan avait pris figure de martyr et où la reine, quoique innocente, avait été salie dans sa vie privée.

Le Duc d'Orléans dit Philippe Egalité 19

Page 22: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

20

P rofitant de l'exaspération et du mécontentement populaires provoqués par

l'affaire du Collier, le duc d'Orléans devient no­toirement le chef de l'opposition, critiquant ou­vertement la politique financière du gouverne­ment et proclamant que le droit de vote relatif aux impôts devait appartenir aux Etats généraux. Son opposition au régime devient quasi systématique : il se plaît à entraîner le par­lement à résister contre les écrits et, remarquable démagogue, ouvre au peuple ses jardins du Palais-Royal, le fait bénéficier de ses largesses et compte bien, par une popularité croissante et minutieusement élaborée, prétendre au trône de France ou pour le moins à la régence dès que l'occasion pourrait se présenter.

Après un nouvel exil à Villers-Cotterets, député de la noblesse aux Etats généraux enfin convoqués le 5 mai 1789, il fait de ses jardins un centre d'agitation révolutionnaire et montre au Tiers Etat l'exemple de se réunir.

F Franc-Maçon comme lui-même, La Fayette qui bénéficie d 'une popularité immense et

qui avait été nommé, le 15 juillet 1789, comman­dant de la garde nationale et avait fait adopter la cocarde tricolore, La Fayette qui avait proposé l'élaboration d'une déclaration des droits de l' homme et avait soutenu Mirabeau dans sa de­mande de renvoi des troupes qui encerclaient Paris, hésitait, ballotté entre ses aspirations phi­losophiques et sa situation de naissance et d'édu­cation, entre la monarchie et la Révolution. Les 5 et 6 octobre, avec les gardes nationaux, il sauve la famille royale. Or, ces journées des 5 et 6 oc­tobre avaient été préparées par le duc d'Orléans . · La Fayette le contraint à un nouvel exil, en An­gleterre cette fois. Exil de courte durée mais fort mal ressenti : lorsqu ' il revient d 'Angleterre , de cette Angleterre qu ' il admire tant et où le pou­voir royal est limité par une constitution, il découvre autour de sa personne, un paysage nouveau . Louis XVI , qui maîtrise de plus en plus mal la situation, tente de l'amadouer en le nommant amiral. Mais rien n'y fait. La voie révolutionnaire est toute tracée chez ce prince du Sang.

BLAUES HEFT

• •

Carte à jouer à l'effigie du Duc d'Orléans

Ses activités démagogiques ne cessen~ de s'étendre. Elu député de Paris à la Convention, il prend, en septembre 1792, le nom de PHILIPPE-ÉGALITÉ. Le 18 janvier 1793, la Convention proclame la culpabilité de Louis Ca­pet. Trois cent quatre-vingt-sept députés, dont PHILIPPE-ÉGALITÉ, se prononcent pour la mort sans condition du roi déchu, trois cent trente-quatre pour la détention ou la mort con­ditionnelle. On sait que le lendemain la maj~rité se prononcera contre le sursis et que, le 21 Jan­vier 1793, Louis sera exécuté sur la place de la Révolution, actuelle place de la Concorde.

Le fait d 'avoir voté la mort d~ son illu;Stre cousin n'empêche pas PHILIPPE-EGALI!J". de paraître suspect à la suite du complot du general Dumouriez et de la fuite de celui-ci av~c Louis­Philippe, fils de PHILIPPE-ÉGALITE et, dès 1830, roi des Français. En avril 1793, PHILIPPE-ÉGALITÉ est arrêté et condamné, en novembre, à la guillotine.

E xécuté le 6 novembre 1793, l'ancien Grand Maître du Grand Orient de France laisse

dans l'histoire de la Franc-Maçonnerie français~ une image bien peu reluisante ! En ce qui con­cerne ses activités maçonniques, voici ce que re­lève le " Dictionnaire des Francs-Maçons Français" de Michel Gaudart de Soulages et Hu­bert Lamant (Editions Albatros, Paris, 1980 pp. 451-452: "L.·. "Saint-Jean de Chartres" ' O.· . de Mousseaux (1773-1789). L.· . "La Can~ deur", O.·. de Paris (1781-1781), L.· . " L'Oiym­pique de la Parfaite Estime" , Or.·. de Paris, "La Société Olympique", Paris (1786). Officier du G. ·. O. ·., Grand Maître du G .·. O .·. (1771-1793). "On conviendra de la brièveté du pro­pos !

Page 23: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

P aul Naudon, dans son " Histoire Générale de la Franc-Maçonnerie", parue aux Pres­

ses Universi tai res de France en 1981, se montre aussi très évasif. Sur les quelque trois cent cin­quante pages du volume, une dizaine de lignes seulement mentionnent ce bien étrange Grand Maître : "Le comte de Clermont mourut en 1771. Sous l'impulsion du duc de Luxembourg des efforts sont a lors entrepris pour réformer l'administration de l'Ordre ét élaborer des sta­tuts nouveaux. Ils conduisent à la création, en 1772, d'une nouvelle obédience, la Grande Loge Nationale de France, qui, en 1773, lors d'une as­semblée générale, se donne le nom de Grand Orient de France en même temps que le duc de Chartres (futur duc d'Orléans), cousin du roi, est installé solennellemnt Grand Maître de !'Or­dre de la Franc-Maçonnerie en France." (p. 77) Paul Naudon, pour en finir avec ce Grand Maî­tre fort gênant se borne à signaler (p. 78) : "Quant au duc d'Orléans, devenu PHILIPPE­ÉGALITÉ, il vota la mort du Roi, démissionna de !'Ordre et fut lui-même décapité."

C'est le 24 juin 1771 que le duc de Chartres est élu à la Grande Maîtrise des Loges de France. Ce n'est qu'en 1773, année de la fondation du Grand Orient de France, qu 'il est officiellement installé à sa charge.

0 n a maintes fois souligné la lâcheté, l'ambition démesurée voire l'orgueil du

duc d'Orléans. Usurpateur, il le serait certaine­ment si l'occasion se présentait et si l'ombre d ' un quelconque courage l'animait. Démagogue et narcissique, il l'est assurément : n'a-t-il pas introduit des agents provocateurs dans la foule pour soulever des acclamations au passage de son carrosse dans le cortège d'ouverture des Etats généraux ?

Toutefois, tout au long de son mandat de Grand Maître, il n 'utilise pas la Franc-Maçonne­rie à des fins politiques. Il ne porte d'ailleurs qu'un intérêt très mitigé à cette Obédience qu'il dirige.

0 n se souvient que PHILIPPE-ÉGALITÉ avait voté la mort du roi, son cousin. A la

tribune, lors du procès du roi, il avait lu cette déclaration : "Uniquement préoccupé de mon devoir, convaincu que tous ceux qui ont attenté ou attenteront par la suite à la souveraineté du peuple méritent la mort, je vote pour la mort" . Ce vote avait suscité l' effroi de nombreux Frè­res. Le 20 février 1793, l' un d'eux l' interroge. La réponse ne se fait pas attendre : deux jours plus tard , par un article dans le Journal de Paris, PHILIPPE-ÉGALITÉ répond : "Quoi qu'il en soit , voici mon histoire maçonnique. Dans un temps, où, assurément, personne ne prévoyait

notre révo lution, je m'étais attaché à la Franche­Maçonnerie qui offrait une sorte d'image de l 'éga li té, comme je m'étais attaché aux parlements qui m'offraient une sorte d'image de la liberté ; j'ai depuis quitté le fantôme pour la réalité. Au mois de décembre dernier, le secrétaire du Grand-Orient s'étant adressé à la personne qui remplissait auprès de moi les fonctions de secrétaire du Grand-Maître pour me fa ire parvenir une demande relative aux travaux de cette société, je répondis à celui-ci en date du 5 janvier : "Comme je ne connais pas la manière dont le Grand-Orient est composé, et que d'ailleurs je pense qu'il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement, je ne veux plus me mêler en rien du G.·. O.·. ni des assem blées de Francs-Maçons . .. " ( ... ) Assurément , depuis qu'on a réduit en formule le voeu de liberté et d'égalité, je ne doute pas que le correspondant ne l'ait entendu, ainsi que moi, prononcé par beaucoup d 'aristocrates, mais j'avoue aussi que je doute beaucoup que ce soit moi qu'ils veulent et qu'ils désirent dans leurs voeux ; en tout cas, je suis bien aise d'avoir cette occasion de les prévenir publiquement que s 'ils veulent de moi , je ne veux point d 'eux ; et j 'ajoute que je ne veux pas davantage de tout parti, société, attrou­pement, intrigue ou conciliabule qui aurait le projet de me fa ire avoir ou partager un pouvoir quelconque. Je vous prie, citoyen Milcent, de faire parvenir cette réponse à votre correspon­dant par la voie de votre journal. Je suis votre concitoyen ... PHILIPPE-ÉGALITÉ.''

On connaît la suite : l'épée du Grand Maî­tre apostat est brisée en Loge ouverte et ses débris sont répandus sur le pavé mosaïque.

La trahison de PHILIPPE-ÉGALITÉ prend place dans les pages sombres de l'histoire maçonnique.

Proclamant, comme un principe, la quête inlassable de la Vérité, il serait malvenu que les Francs-Maçons d 'aujourd'hui et, en particulier, les historiens de la Franc-Maçonnerie, reprenant leurs "métaux", refusent d'ouvrir les yeux à la vérité historique.

Tous les Francs-Maçons ne sont pas des héros.

J.H.

21

Page 24: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

BLAUES HEFT

Gémissons!

22

Page 25: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

La raison du cœur Je suis Fra nc-Maçon , et en tant que tel, je

m'efforce de faire pro fiter mes semblables des vertus que j'ai acquises en tenue. Parmi ces ver­tus il en est u ne qui m'est particulièrement précieuse, celle de la fraternité, mot que l'on pourrait remplacer par, celui de solidarité. E tre solidai re, c'est manifester notre sens de la frater­nité à tous les êtres humains.

En plus d'être Franc-Maçon, j'appartiens à un club plus fermé, bien que pour y entrer on a dû m'ouvrir, non pas symboliquement ' mais matériellement, un club où je ne souhaite' à per­sonne d'entrer, celui des greffés du cœur.

Il y aura bientôt deux a ns qu 'une nuit, vers 2 heures du matin, on me_ téléphonait de l' hôpi­tal cantona l, pour me dire que l'on avait un coeur en état de fonctionnement et compatible avec ma nature et que l'on pouvait enfin termi­ner l'attente que je vivais depuis de longs mois. C ' est avec une certaine crainte que je me rendis à l' hôpital , où l'équipe du Prof. Faidutti m'atten­dait au grand complet pour m'opérer pendant plus de 7 heures.

Ta nt et si bien qu'aujourd ' hui je vis avec le cœur d 'un a utre, grâce au cœur d 'un autre. Je ne sais pas qui c'est et je ne le saurai jamais. Par cont re , j~ sais que sans ce donneur, je ne serais plus en vie.

Le club des greffés du cœur s'appelle " les As Cœur". Je ne vous parlerais pas de cette as­sociation si elle n'était qu'une occasion pour ceux qui o nt vécu la même aventure que moi de se retrouver et de nous fé liciter d 'être encore en vie. Cc serait déjà une raison suffisante pour nous retrouver mais en réalité les As de Cœur ont été créés pour une au tre raison.

Louis Caloz, le " père" des As de coeur

Les greffés du coeur savent ce que c'est d 'at­t~ndre , savent ce que signifie la notion de "pro­filer de la mort de quelqu'un pour vivre" mais ils savent aussi que cela n 'est possible que ; .il y a des "donneurs d'organe". Pour nous, c'est fait, nous n 'en avons plus besoin , mais nous savons qu'ils sont nombreux ceux pour qui un coeur un rein, ou d'autres organes sont nécessaires. C'est la raison pour laquelle ils ont créés une carte de donneur d 'organe, que vous pouvez demander et qui signifie que si vous avez un accident mor­tel, vous autorisez la prise d'organe pour servir à une transplantation .

Si je m'adresse à vous, franc-maçons, c'est parce que je considère que donner ses o rganes es t un geste de solidarité et de fraternité. Cela peut représenter pour vous l'occasion d'être uti­le à quelqu'un, même au-delà de la mort.

E t si ce n 'était qu'une des facettes de la l~gende d'Hiram ? Une façon symbolique de vivre cette mort et cette renaissance qui nous ac­compagne tout au long de notre vie maçonni­que?

J . c.

CA,.l.t..-- , ...._ ""'' '

P .S. : Vous pouvez prouver de vot re sens de la solidarit é et de la fraternité en demandant une cartç de donneur d'organe à l'adresse suivante :

Les As de Coeur Case Posta le

3973 YENTHONE

23

Page 26: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

r

24

Achtet verborgener Zeichen Sinn ! ! !

S o lautet der Aufruf des MvSt. ·. wenn er in einer Weissen Loge mit Schwestern die

Werkzeuge auf dem Altar des Geli:ibnisses ord­net, und dabei den Anwesenden diese Werkzeu­ge, das Buch des Hl. Gesetzes, den Winkel und Zirkel zeigt.

Und der Buddha fordert uns in der Lehre der "samma-sati" über die rechte Achtsamkeit auf:

"in jeder Lebenslage, beim Weggehen und Kommen, beim Hinblicken und Wegblicken, beim Beugen und Strecken, beim Tragen der Ge­wiinder und der Bettelschale, beim Essen und Trinken, beim Kauen und Schmecken, beim Entleeren des Ki:irpers, wie beim Gehen, Stehen, Sitzen und Liegen, beim Einschlafen und Wach­sein, beim Sprechen und Schweigen, die Acht­samkeit zu pflegen, denn sie ist das einzige Mit­tel, der einzige Weg, das Leiden zu überwinden und den Weg zur Vollkommenheit, hin zur Wahrheit zu beschreiten". Dies nennt man ''sati-sampajanna.

lch weiss, geliebte BBr. · . , dass ich wieder einmal viel von Euch verlange, - doch wisset, die Freimaurerei ist keine Sinekure, Freimaure­rei ist eine stiindige Forderung und was wir jetzt nicht lernen, das wird uns spiiter das Schicksal in noch hiirterer Form abverlangen.

Achtet verborgener Zeichen Sinn ...

A Hein schon diese Formulierung enthiilt ein ganzes Lehrbuch, denn der Sinn und In­

halt eines jeden Dinges, aller Erscheinungsfor­men, ist zwiefach den Gesetzmiissigkeiten der Dualitiit oder der Pola ritiit unterworfen. Alles, was aus der Manifestation geboren wurde, be­sitzt sowohl eine iiussere Erscheinungsform, wie auch einen verborgenen Schatz, der sich schein­bar unseren Sinnen und Erkennungsvermi:igen entzieht, den wir erst ergründen müssen, um da raus eine Erkenntnis zu ziehen . Die iiussere Form selbst ist nur Werkzeug und Hinweis auf

BLAUES HEFT

das was der Inhalt bedeutet, und der lnhalt sel­ber ist sowohl erkennbar wie auch verborgen und i:iffnet sich, soweit es das Verborgene be­trifft, allein dem Suchenden, der die Gesetzmiis­sigkeit der Achtsamkeit befolgt.

D as Lehrgebiiude der Freimaurerei, ist, wie wir wissen, keine metaphysische Schule

und die Freimaurerei ist weder eine Kirche noch ein mystischer oder gar okkulter Zirkel, soviel Mystik und sogar Okkultes auch darin enthalten ist, denn diese Elemente, d.h. das Mystische, wie das Okkulte, sind integrierende Bestandteile der gesamten Schi:ipfung. Beide s ind überall vertre­ten, selbst im Materiellen - nur wir erkennen es noch nicht. Der Mensch aber hat diese Elemente aus der Schi:ipfungskonzept ausgesondert und ins rein Geistige verlagert. Mancheiner versucht sie sogar zum alleinigen Lebensinhalt zu ma­chen, im Glauben, das alles Materielle unwich­tig, ja ein Fehler sei, und das ist falsch. Der Mensch glaubt darum auch, und zwar aus einer falschverstandenen Sentimentalitiit, ja Selbstbe­mittleidung heraus, dass die naturgegebenen Schwiichen, Sünde seien und vergisst darüber Triinen, statt sie energisch anzupacken und um wirklich den rauhen Stein zu bearbeiten. Das was man ais Sünde bezeichnet, ist einzig und a l­lein die Unvollkommenheit, die wir, in Erfül­lung der schi:ipferisch gewollten Evolution, hin zur Vollkommenheit, überwinden müssen.

A Ile metaphysische Lehrmethoden fordern vom Individuum, dass es sich seiner

Schwiichen bewusst werde und das ist auch rich­tig. Sie geben ihm Hinweise, wie er sie überwin­den kann, aber immer nur im Hinblick auf die Ewigkeit auf die eigene, und damit sehr egoisti­sche Erli:isung. Man vergisst aber dabei, dass die Ueberwindung ein Werkzeug der Evolution ist, die sich auf allen Ebenen der Schi:ipfung, zu er­füllen hat, denn wir tragen nicht nur eine Ver­antwortung für unseres eigenes Ego , sondern ganz besonders für die Verwirklichung der Ver­vollkommnung der gesamten Menschheit. Wo­bei Vervollkommnung nicht nur im spirituellen Sinne gemeint ist , sondern in Bezug auf die Ganzheit des menschlichen Wesens, ja sogar der

Page 27: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

Evolution der materiellen Gegebenheiten. Selbst die Materie, die bei der schopferisch gewollten Manifestation erst einmal abgespalten wurde, muss sich entwickeln und sich wieder mit dem Geistigen vereinen. Sonst ist weder das Paradies, bzw. das Nirwana, noch die Erfüllung der Ent­wicklung erreichbar.

D ie Freimaurerei fordert v?n uns ~as Stre?en nach Erkenntnis und die Arbe1t am e1ge­

nen Stein aber sie ist , und das ist das Erstaunli­che dara~. eine, auf die Wirklichkeit ausgerich­tete Methode, denn ihre grossen Lehrer hatten erkannt, dass es für den Menschen unerliisslich ist erst einmal mit den Erfordernissen dieser un­se;er Welt fertig zu werden, denn das Paradies, das Nirwana ergibt sich, aus der Verwirklichung heraus, von ganz allein.

Die Erfordernisse dieser Welt sind nicht a l­lein materieller, wirtschaftlicher oder gesell­schaftlicher Na tur, obwohl sie sich uns in stiin­dig steigendem Masse ais solche aufzwingen. Diese Erfordernisse sind zwar auch auf die Ue­berwindung der Unvollkommenheit, der Fehler und Schwiichen, aber stets im Hinblick auf das Ganze, d.h. die Umwelt und den Mitmenschen , und nicht in egoistischer Weise auf das lch ge­richtet.

W ir wissen, dass in der Freimaurerei alles Symbol ist , gleich ob sich uns die Sym­

bole a is materielle Werkzeuge und Embleme darstellen, oder uns in Form von Legenden oder Gleichnissen dargeboten werden. Ihr lnhalt und ihre Belehrung kann nicht allein mit den lntel­lekt erschlossen werden, so nahe dies dem mo­dernen Menschen auch liegen mag. Oft versperrt gerade der lntellekt den Zugang dazu . Die Schopfung in ihrer Weisheit ist jedoch viel kom­plexer und da rum müssen wir auch lernen, die Emo tion, das Erlebnis unaussprechlicher Inhalte anzuwenden. Der moderne Mensch, neigt je­doch allzusehr dazu, das Werkzeug der Logik, ais a llein gültigen Masstab zu verwenden und ha t eine Heidenangst davor, sein Gefühl , seine Emo-

tion sprechen zu lassen - von der Intuition wol­len wir schon garnicht reden. Damit kann man nichts erreichen, so sagen die Praktiker der Er­folgstheorien. Andere versuchen uns weiszuma­chen, dass man nur Erfolg haben kann , wenn man sich, neben dem Wissen und d er Erfah­rung, auch immer wieder selber der Erfolg einre­det. Das ist an sich nicht falsch, aber diese Me­thode führt doch nur bis zu einem gewissen und am Ende doch nur toten Punkt. Es ist ein Auto­suggest ion mit streng begrenztem Erfolgserleb­nis, ja schlussendlich sogar ein Selbstbetrug.

D as, meine lie ben BBr. ·., ist der Lehrinhalt des Aufrufes - "achtet verborgener Zei­

chen Sinn". Es ist die Quintessenz der Lehre der Achtsamkeit des Buddha, denn die Achtsamkeit in jeder Lebenslage, bei jedem Ding, wir uns al­lein die Fiihigkeit wieder geben, deren lnhalte zu erkennen und spiiter auch zu erfassen. Es ist der Sinn der Pf1icht eines Freimaurerlehrlings, jades Freimaurers ganz allgemein, wieder das Zuho­ren, das Hineinhorchen zu lernen , dass wir im Stress der wirtschaftlichen und leidenschaftli­chen Erfordernisse verloren haben.

Zu diesem Zuhoren und Hineinhorchen be­darf es aber der Stille in uns, der Achtsamkeit für das, was wir vernehmen, was auf uns zu­kommt. Diese Stille muss absolut ohne Kritik sein , weil sonst das Zuhoren und das Hineinhor­chen zu keinem Erfolg führt , weil wir sonst nicht den anderen Aspekt der Wahrheit erkennen konnen. Diese, dem Augenblick geweihte Kriti­klosigkeit, offnet niimlich erst das Tor zu einer neuen Erkenntnis und diese ist für unsere Ent­wicklung, ja fü r die Evolution selbst , erforder­lich.

Dies allein ist der Grund, warum ein Lehr­ling zu schweigen hat, was übrigens auch dem Meister nie schadet, und nicht, wie man so oft glaubt, eine fiktive und falsch verstandene Pflicht zur bedingungslosen Respektierung des Meisters.

"Achtet verborgener Zeichen Sin" ! Achtet aber darauf, auch diese meine Auslegung, ist nur ein Aspekt und keineswegs ein Dogma. Der Frei­maurer ist verpflichtet, alles, was seiner eigenen Evolutio n dienlich ist , entgegenzunehmen , aber nicht willenlos a is gegeben, und ohne eingehen­de Prüfung anzunehmen.

Br. ·. E. Howard

25

Page 28: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

26

Die Freimaurerei

Eio uoiverseller , einweihender Orden, der auf der Brüderlichkeit begründet ist.

Das Schlüsselwort in dieser Definition ist das Adjektiv " einweihend" und es bedeutet ganz einfach " abhangig von der Einweihung" . Dieses Wort stammt vom lateinischen "initium" und kann mit den Worten " Anfang" oder "Ur­sprung" übersetzt werden.

Seit urdenklichen Zeiten haben sich die ein­weihenden Gesellschaften ein grandioses und ehrgeiziges Ziel gesetzt, namlich die Wahrheit, mit einem grossen "W" geschrieben, d.h. den Ursprung des Lebens, der Dinge sowie ihr Wer­den zu studieren. Mit anderen Worten gesagt : eine Antwort auf die drei Fragen zu suchen, die sich die Menschen immer wieder stellen, seit sie denken gelernt haben, namlich : " woher kom­men wir ? '', ''wer sind wir ? '', ''wohin gehen wir ?".

Schon immer glaubten gewisse Denker, den Schlüssel zum Universum gefunden zu haben, und sie begannen ihre Wahrheit jenen zu vermit­teln, von denen sie glaubten, dass sie deren wür­dig seien.

So haben die agyptischen Priester in ihren immensen Tempeln Einweihungen durchge­führt , deren Ablauf noch heu te mehr oder weni­ger der Gleiche ist, namlich : die Prüfung, der symbolischer Tod und die Aufers tehung, also ei­ne Methode um die Arkanen des Lebens zu er­reichen, d.h. durch Meditation, Selbsterkennt­nis, Symbolismus und das Geheimnis. Doch der gewôhnliche Sterbliche wurde damit noch nicht zum Osi ris. Der Kandidat musste sich über seine profunden Kenntnisse auf allen Gebieten aus­weisen. Hatte er einmal erfolgreich die Prüfun­gen bestanden, und hatte er weiter seine Kennt­nisse vertieft und auf aile irdischen Genüsse ver­zichtet, und wurden ihm die Visionen des Her­mes erkliirt und damit ein Tei l des Schleiers der Isis gelüftet, so wurde er endlich auch Osiris und konnte sagen :

"Ich habe das Land der Wahrheit und der Rechtfertigung erreicht. lch war erfolgreich wie ein lebender Gott und gtanze im Chor der Gôtter die d en Himmel bewohnen, denn ich bin ihres­gleichen."

Es muss aber auch gesagt werden, dass die heutigen sog. "Einweihenden" Gesellschaften wesentlich bescheidener sind.

In der Tat, denn bei der FM ist die Einwei­hung j ener Augenblick, wo man zum Freimaurer wird.

BLAUES HEFT

Das Ziel jeglicher Einweihung ist es , den Menschen zu andern. Die Einweihung ist darum moraiisch, denn es ist grundsatzlich d ie Moral , die einen Menschen zu einem neuen Menschen machen kann, denn sie will den natürlichen Menschen zu einem Menschen der Kultur ma­chen. Es ist das Ziel der freimaurerischen Ein­weihung, dem Menschen die Môglichkeit zu ge­ben , einen Weg zu verfolgen, auf dem er ent­decken kann, was Weisheit ist , das Schônheit und Starke, dass das was in ihm ist, namlich die Liebe und die Wahrheit ist.

Dies setzt die Arbeit an sich selber voraus und dafür muss man erst einmal aile Vorurteile ablegen, den Grëssenwa.hn bekampf~n, die Into­leranz, die Begehrlichke1t, den F~nausmus. Man muss sich gegenüber s ich s~lbst offnen, und ?e­genüber anderen, und kem W~rt ?der ke1.ne Schrift anerkennen, bevor man s1e nicht auf 1h­ren Inhalt geprüft ha t und sie a is würd ig zum Wohle des Menschen erachtet.

Wer behauptel die Wahrheit in einer abso­luten Form zu besitzen, ist eine Gefahr für den Menschen denn man hat schon immer, und im Namen ei~er Pseudo-Wahrheit, die Scheiterha u­fen entzündet, den Goulak erfunden, und ganze Bevôlkerungen dezimiert, die ~an sowohl phy­sisch wie moralish folterte und 1mmer noch fol­tert.

Die Suche nach der Wahrheit darf nie in ei­nem Dogma, im gewôhnlichen ~.inn~ d es W?rtes enden jedoch im seinem ursprunghchen Smne. Das Wort Dogma kommt n~mlich,,aus .<lem Grie­chischen und bedeutet "Memung . D1ese Suche muss also da rauf hinausführen, dass man sich eine Meinung bildet und. dementsî?rechen~ sein Leben ausrichtet, aber nicht um d1ese Memung einem Anderen aufzuzwingen . Man muss also seine Meinung schmieden um in seinem eigenen Leben Ordnung zu schaffe~, ohne, dass d iese Meinung zu einem Befehl wird.

Page 29: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

CAHIER BLEU

Man wird nur durch die eigene und person­liche Meditation zum Eingeweihten, durch <las Verstandnis, <las innere Bemühen um gewisse Prinzipien und gewisse Voraussetzungen zu assi­milieren, um seine eigene Integritat aufzubauen und zu erhalten.

Nun kônnen wir nun zur Erkliirung des zweiten bedeutsamen Wortes schreiten : "ein traditioneller Orden,..

Einem FM ist es nicht moglich die Vergan­genheit einfach abzuschaffen. lm Gegenteil, an den Lichtern der Vergangenheit entzündet er im­mer wieder die Flamme der Zukunft. Die Lichter der Vergangenheit werden uns durch die Tradi­tion dargeboten. Diese Tradition besteht aus Le­genden, Mythen, Erzahlungen, Philosophien, Religionen und der Wissenschaft. Sie besteht aber auch aus Ueberlegungen, die es jenen, die uns vorausgingen, ermoglichte, in der Erkennt­nis weiter zu gehen.

Die an die Einweihung gebundene Tradi­tion fordert der Vortritt des Geistes. Und dieser Geist ist an die Vergangenheit, an die Tradition gebunden, aber auch nicht weniger an den Fort­schritt. Diese Tradition ist also nicht erstarrt, sie ist sowohl Ursprung wie Werden. Sie beinhaltet in der Tat aile intellektuellen und geistigen Ma­nifestationen, die im Verlaufe der Zeit entstan­den sind. Dies konnte man nicht besser ais durch einen Fluss mit seinen Zulaufen versinnbildli­chen.

Durch den Humanismus soli diese Tradi­tion ihren Adepten helfen, um sich besser in die Gesellschaft zu integrieren und den Menschen von Morgen mitzuformen .. In Wirklichkeit ist a l­so die Tradition das, was ewig ist. Er ist eine Art Einheit mit drei Teilen. Diese drei Teile s ind die lntegration, die Vermittlung und die Erhebung. lm Rahmen dieser Einheit ist der FM sowohl Stein wie auch das Werkzeug, der Meister wie der Schiller, das Subjekt wie das Objekt.

Ein einweihender traditioneller und univer­seller Orden.

Nach den heute anerkannten Theorien be­findet sich unser Universum immer noch in der Ausdehnung. Es ist also unendlich und hat keine Grenzen. In diesem Sinne ist die FM ein univer­seller Orden. Er kennt keine Begrenzung bei der Suche nach der Wahrheit, kein Einengung für jene, die dieser Suche unternehmen. Kein Unter­schied der Rassen, der Farben, kein Unterschied in der Religion, keine sozialen Range, keine na­tionalen Besonderheiten, immer vorausgesetzt, dass die "frei und von guten Sitten sind" , vor­ausgesetzt sie seien tugendhaft und wohltiitig, vorausgesetzt dass sie die natürlichen Gesetze re­spekt ieren , d.h. das Recht der Vernunft, und das sie die Würde des Menschen beim Gebrauch seiner Vernunft und seiner freien Urteilskraft re­spektieren.

Auch der Tempe! in dem wir uns versam­meln hat symbolisch keine Grenzen. Er geht vom Osten bis zum Westen, von Mitternacht bis zum Mittag, von Mittelpunkt der Erde bis zu Ze­nith. Dies ist ein Bild des Universums und der Mensch, im Einklang damit, ist ein kleines Mo­dell davon. Wenn also ein Mensch an die Pfone des Tempels klopft, so klopft er gewissermassen an d ie eigene Türe, denn er ist der sich fragt, er ist es, der diesen Tempe! erbaut.

Doch der Mensch, auch wenn er in sich aile Moglichkeiten vereint, wie <las Feuer, dass sich bereits in der Macht der Kohle befindet, die Zeichnung, die in der Macht des Bleistiftes liegt, der behauene Stein, der bereits im Felsen ist, die­ser Mensch kann jedoch nichts von sich allein. Sein Geist vertrocknet und wird steril.

Damit kommen wir zu dem wunderbaren Wort der Definition eines universellen, einwei­henden und traditionellen Ordens, der auf der Brüderlichkeit begründet ist.

27

Page 30: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

28

Ein Bruder ist im normalen Leben jener. der vom gleichen Vater und der gleich Mutter abstammt, es gibt aber auch Halb-Brüder. lm schopferischen Sin ne ist jener ein Bruder, ~er vom gleichen Vater abstamm_t, d.h. dem S.chop­fer so wie es z.B. in der Bibel steht. Fur den As~rophysiker, wenn er seine Begründung w~iter ausdehnt, sind wir gewissermassen aus emer "gleichen kosmichen Suppe" entstanden, aus dem gleichen Sternenstaub. Wir bestehen aus den gleichen Atomen, und diese Atome organi­sieren sich für jeden unter uns in gleicher Weise, so dass wir uns, bis auf wenige Unterschiede, wie Brüder gleichen.

Die Brüderlichkeit ist jedoch ein ganz ande­re Sache, es ist etwas mehr und dabei auch etwas vie! einfacheres, d.h. dass man in dem Anderen nicht einen Fremden sieht, sondern einen Bru­der. Dieser Andere ist wie ich gemacht ; er erlebt die gleichen Freuden und die gleichen Schmer­zen ; er liebt den Frieden, doch manchmal muss er Krieg führen ; er versucht sein Schicksal zu verbessern, manchmal mit Erfolg, doch manch­mal führt es auch zur Niederlage. Wurde er in dieser Wiege geboren, geht alles gut ; wurde er in den benachbarten Wiege geboren geht es ihm weniger gut. Seine milliarden von Zellen werden durch den gleiche Geist belebt ; manchmal kom­men sie durcheinander ; manchmal funktionie­ren sie gut , doch immer entwickeln sie sich schlussendlich hin zur Degeneration und zum Tod.

Aus aile diesen Gründen und aus noch vie­len mehr, bin ich au ch jener Andere oder jener Andere bin ich. Jener andere ist MEIN Bruder und ich muss ihn mit einer Liebe, im Sinne des griechischen wortes "agape" lieben, d.h. mit ei­ner aufgeteilten Liebe, dem Geschenk von sich selber. Dies aber auch unter allen Umstanden, selbst wenn der andere uns en!lauscht. Und wenn er mich enttauscht, muss man aber auch den Mut besitzen um es ihm zu sagen. Man muss versuchen es ihm verstàndlich zu machen warum er mich enttauscht, und wie man diese Lage ver­bessern kann.

lch muss dem Bruder immer zur Verfügung stehen um ihm behilflich zu sein, um auf ein ho­heres Niveau zu gelangen. lch muss ihm bei sei­nem Bemühen unterstützen, damit er sich selber vervollkommnen kann, denn nur so kann auch ich mich vervollkommnen. Der lateinische Au­tor Terenclub sagte einmal in einer seine Komo­dien, in denen er, wie Molière es spater tat, über die Menschen herzog : "lch bin ein Mensch und nichts was menschlich ist, ist mir unbekannt" . Das ist die wahre Brüderlichkeit.

Das grosse Ziel der FM besteht darin , die Menschheit zu vervollkommnen, und die sowohl auf intellektueller, moralischer wie materieller

BLAUES HEFT

Ebene - und dieses Ziel kann nur erreicht wer­den durch die Brüderlichkeit zwischen den Men­schen.

Füge den a nderen alles Gute zu, von dem du wünscht, das es auch dir geschehe".

So heisst es im freimaurerischen Ritual. Wer dieses Prinzip nicht in die Tat umsetzt, hat noch nichts von der FM begriffen.

Taglich sind wir Zeuge der menschlichen Unvollkommenheit, unserer Unvollkomi:ien­heit und jener der Anderen. Es ist illuso n sch, wo!Îte man glauben, dass eine Gesellschaft be~­ser sein konnte ais die Summe derer, aus der s1e besteht !

Dürfen wir uns ind die Bequemlichkeit die­ser Feststellung einnisten und d~bei . die. Rosen und die Dornen geniessen, so w1e s1e sich uns prascntieren ?

Das Bewusstwcrden dieser Unvollkommen­heit is t der ers te Punkt. Der Zweite besteht ~ar­in, zu versuchen, eine Verbesserung herbe1zu­führen.

Der Weg, den uns die FM bietet '. i~t ei~e Moglichkeit zu dieser Verbesserung. Sic 1s~ ~m Beweggrund. Sie ist der einweihende "W_eg mit ~h­rem Fortschritt von Stufe zu Stufe, 1mmer 1~ Respekt vor der mensc.hlichen Gesellschaft m der sic sich bewegt. Das 1st der Weg, den der FM frei crwahlt hat um den Menschen zu vervoll­kommnen.

Der Mensch ist dabei sowohl Werkzeug wie Material um zugleich die Weisheit, die Starke und die Schonheit zu erreichen .

Br.·. Pierre Moreau MvSt. · . der Loge Tolérance et Concorde

im Or.· . von Mühlhausen, G . · .L. · .D. · .F. ·. ubers E. How. · .

Page 31: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre

Dans notre prochain numéro ln der nachsten Nummer

• Napoléon Franc-Maçon ?

• Les constitutions d' Anderson sont-elles encore actuelles ?

• Révolution Française : juillet-octobre 89

Page 32: Cahier Bleu - Cahiers Bleus Blaue Hefte - Revue … la déclaration des Droits de l'Homme, est devenue une réalité, les Allemands ont le droit aller où ils veulent, de se rendre