CAMENIETZKI, Carlos Ziller. L'Extase Interplanetaire d'Athanasius Kircher: Philosophie, Cosmologie Et Discipline Dans La Compagnie de Jesus Au XVIIe Siècle

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    Estratto ti

    IST ITUTO E M US EO

    DI STClt1

    FIRJ1. N 7. 1\

    NUN

    r u s

    ANNALI D I STOR1A I I I I

    Anno X, 199 ri

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    CARLOS ZILLER AM' N J nrz I

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    L'EXTASE INTERPLANETAIRE

    D' ATHANASIUS KIRCHER

    PHILOSOPHIE,COSMOLOGIEET DISCIPLINE

    DANSLACOMPAGNIEDE]SUS AUXVIIe SrnCLE

    CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    *

    Museu de Astronomia e Cincias Afins, Rio de Janeiro

    RIASSUNTO

    li dialogo Iter Exstaticum di Atanasius Kircher presenta le idee

    cosmologiche e astronomiche del gesuita. Si tratta di un pensiero com-

    plesso nel quale si trovano elementi di filosofie diverse sulle quali pre-

    domina l'influenza di Niccol da Cusa. Anche se approvato dalla cen-

    sura interna della Compagnia di Ges, i l testo fu denunciato al Gene-

    rale, il che causo una polemica tra i censori. li testo e le riedizioni

    successive dell' opera dimostrano che 1 0 sforzo di uniformare dottri-

    nalmente Ia Compagnia non diede sempre i frutti sperati.

    Parrni les themes Ies plus connus de Ia littrature classique, qui

    ont t ensuite repris par de nombreux intellectuels au cours des dif-

    frents sicles, Ie thme des voyages interpIantaires a mrit une at-

    tention toute particuliere. Au XVIIe siecle, pIusieurs textes dcrivent

    des aventures cosrniques, comme, par exernple, les livres de Cyrano

    de Bergerac, Kepler et Francis

    Godwin.

    Etant donne Ia nature des

    * L'auteur remercie le CNPq qui lui a donn les moyens de raliser cet te recherche. De

    mme il adresse tous ses remerciements au Professeur Maurice Clavelin, Alain Segonds,

    Anne Pijus et, enfin aux Pres Monacchino et Gramatowski, archivist es de IaCompagnie de

    Jsus Rome.

    I S. ~YRANODE BERGERAC,LAutre Monde ou les Etats et Empires de I a L une Paris,

    Champion, 1977; J. KEPLER,L e S ong e o u lAstronomie Lunaire Nancy, Presses Universitaires

    de Nancy, 1984; F. GODWIN,LHomme dansIaLune Nancy, 1984.

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    I.'EXTASE

    pr bl m s traits, cette littrature de voyages imaginaires prsente

    un contenu philosophique et scientifique important.

    En raison de l' abodance et de Ia varit de ces textes, et outre

    I Iait qu'ils aident ainsi

    comprendre l'impact des nouvelles d-

    ouvertes astronomiques dans Ia vie culturelle du XVIIe sicle, il

    s'agit d'un sujet d'une trs grande importance.?

    L Itinerarium Exstaticum crit par le jsuite Athanasius Kircher

    t publi pour Ia premire fois

    Rome en 1656 appartient de plein

    droit

    ce genre de

    littraire.

    L'auteur a

    jou

    un rle d'importance

    dans Ia vie intellectuelle europenne pendant plus de trente ans.

    Kircher est n en Allemagne en 1602; apres un court

    sjour

    en

    France, il s'tablit dfinitivement

    Rome en 1633 comme profes-

    seur de Mathmatiques au Collegio Romano. 11cri t plus de trente

    livres sur des sujets trs varis; cependant on peut dire qu'il acquit

    sa renomme grce ses ouvrages sur l 'gyptologie, Ia musique, Ia

    gologie et Ia mdecine. L Itinerarium est un livre reprsentatif de

    Ia pense de son auteur, renferme les lments les plus importants

    de Ia cosmologie de Kircher et ses principales thses astronomiques

    et philosophiques. Outre l 'intrt en faire connaitre Ia pense astro-

    nomique de ce savant jsuite, ce livre expose les ides de Kircher

    sur un sujet mettant en vidence Ia diversit des points de vue de

    Ia Compagnie de Jsus sur des thmes encore trs sensibles

    Ia

    moiti du sicle. Ainsi les vicissitudes de cet ouvrage aident

    comprendre les limites de 1'uniformit doctrinale dans 1'Ordre

    cette poque.

    L LIVRE

    L Itinerarium Exstaticum est rit sous forme de dialogue; il ra-

    conte l'histoire d'un voyage parmi les planetes et les toiles fixes.

    Cette exploration est ralise par Theodidactus - personnage qui

    reprsente l 'auteur lui-mme - guid par l'ange Cosmiel. L' aventure

    commence aprs un concert de musique excut au Collegio Romano.

    Kircher explique que l 'excellence de Ia musique lui a procur une tel-

    le torpeur qu'il est entr dans un tat d'extase. Dans ces conditions,

    Cosmiel apparait Theodidactus; il se prsente lui comme un en-

    voy de Dieu qui doit lui faire connaitre l'oeuvre de Ia cration. La

    description de l 'ange donne par Kircher semble sortie directement

    des pages d'un des nombreux traits d'iconologie qui circulaient

    l ' -

    poque: 1'auteur suit les mmes procdures explicatives, il fait usage

    des mmes allgories - par exemple, l'abondance de couleurs dmon-

    tre Ia pluralit des vertus.

    6

    Le livre est divis en deux parties: Ia prernire raconte le voyage

    proprement dit, les caractristiques des astres, leurs proprits et

    qualits. La deuxieme est consacre

    une explication cosmologique

    de Ia structure du monde, de son harmonie, au cours de laquelle Kir-

    cher suit de trs prs les ides du Cardinal Nicolas de Cues.

    Le lecteur est conscient ds le dbut qu'il s 'agira d'un voyage phi-

    losophique

    travers lequel Kircher a voulu expliquer ses thories

    astronomiques ainsi que Ia constitution du monde. Outre les questions

    scientifiques qu'i l aborde directement - ce qu'on verra par Ia suite -

    Kircher fait largement usage de quelques ressources caractristiques

    de l'arsenal de Ia litrature baroque de son poque; notamment, des

    mtaphores et du langage allgorique. De plus, l'extase initiale, les

    tonnements successifs de Theodidactus Ia vue de chaque astre ou

    2

    Cette l it t ra ture est tudie depuis longtemps. Parmi les innombrables t it res, i l faut

    retenir: M.

    H.

    NICOLSON,Voyages to the Moon New York, 1949; et l'excellent instrument

    bibliographique: W. SCHATZBERG,. A. WArTE,]. K. JOHNSON,The Relations of Literature

    and science. An Annoted Bibliography of Scholarship 1880-1980

    New York, The Modem

    Language Assoeiation of America, 1987.

    3

    La bib liogr aphie kirchrienne n 'est pas trs vaste, les titres les plu s rcen ts et les

    plus importants sont: M. CASCIATO,M. G. IANNIELLO,M. VITALE,Enciclopedismo in Roma

    Barocca. Athanasius K irc he r e i l M us eo de i Co ll egi o R om ano t ra W un de rk am me r e M us eo

    cientifico Venezia, Marsilio, 1986; -D. PASTINE,La Nascita dellIdolatria. LOriente Religio-

    so di Athanasius Kircher Firenze, La Nuova Italia, 1978 et V. RrVOSECCHI,Esotismo in

    Roma Barocca. St udi su l Padre Kircher Roma, Bulzoni, 1982.

    4

    La lis te complete de ses crits se trouve dans Ia monumentale bibliographie: C. SOM-

    MI\IlV [lI., Bibliotbque de la ompagnie de

    [sus,

    Paris, 1890-1898, vol. IV, col. 1046-

    1077.

    5

    Je travail le sur Ia trois irne dition: A. KIRCHER,

    [ter Exstaticum Coeleste Quo mundi

    opificium i d e st coelestis expansi siderumque tam errantium quam fixorum natura vires pro~

    prietates singulorumque compositio

    structura ab infimo Telluris globo usque ad ultima Mundt

    confinia

    perficti raptusintegumentum explorata nova hipothesi exponitur ad veritatem ... Wurz-

    burg, 1671; dsormais [ter.

    6 L'ange explique lui-mme les allgories: Capitis jubar, quo me radiare conspieis, Che-

    rubinicae intelligentia splendorern indicat; oculi carbunculorum instar corusei , sunt i llumina-

    tiones divinae, quibus indefieienti supremi Numinis conspectu illustramur; pennatus innurne-

    ra colorum varietate decorus habitus, sublimitatem intellectus innuit, quo rerum omnium a

    supremo Opifice in hac Mundi machina condi ta rum innumeras virtutes, arcana Natura sa-

    cramenta penetramus, administramus; sphaera quam vides, siderei Mundi p raesidium si-

    gnat; baculus gemeus, quo juxta leges a Deo praescriptas omnia mensuramus, in coneiniss -

    mam harmoniam disponimus. [ter p. 74. Des descriptions semblables se trouvent en quanti-

    t dans le texte: C. RIPA,

    lco nolo gi a,

    Roma, 1593.

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    de chaque nouveau phnornne observ, Ia transformation de ses con-

    clusions scientifiques en merveillement, Ia constatation de 1'insuffi-

    sance du langage pour dcrire les merveil les, les intentions didacti-

    ques de 1'auteur, ainsi que l' inconstance des lments sur les astres

    sont bien videmment des aspects caractristiques de cet ouvrage qui

    montrent au lecteur que Kircher n' a pas chapp au got littraire de

    son poque.

    La fortune de l'

    Iter

    au

    XVIIe

    siecle revt en effet un caractre

    original; Ia prernire dition est apparue en 1656; elle est ddie

    Ia

    reine Christine de Sude, personnage trs important de Ia moiti du

    sicle. La prsentation de l 'ouvrage est simple, et ne compte aucune

    reprsentation image. La ddicace date de juin de 1656. Le texte a

    connu deux autres ditions ralises par Gaspar Schott S], savant,

    disciple et ami de 1'auteur: une en 1660, et Ia dernire, en 1671,

    reproduisant intgralement l'antrieur. Toutes les deux parues

    Wrzburg, et portent le titre abrg de

    I te r Ex st a ti c um .

    11s'agit d'-

    ditions trs diffrentes de Ia prcdente: en 1660, le livre sort avec

    un beau frontispice sur lequel Kircher et

    Cosmie l

    sont reprsents

    ct d'un schma du systrne de Tycho Brahe - celui qui a t,

    grosso

    modo ,

    adopt par l' auteur et par les astronomes de Ia Compagnie de

    ]sus cette poque. Le texte original des ditions de Schott est ac-

    compagn de nombreux commentaires et explications destins aux

    coles. A Ia fin du volume, Schott publie une srie de documents re-

    latifs

    une dnonciation du livre faite

    1'intrieur de Ia Compagnie,

    vraisemblablement

    Ia fin de 1656 ou au dbut de 1657.

    Une analyse assez dtail le du conte nu de cet ouvrage permettra

    de mieux comprendre Ia polmique qu'il a produite.

    PRLIMINAIRES

    Tout au dbut du livre, Kircher crit un prlude dans lequel il ex-

    plique ses intentions et proteste de son innocence.? Il nous prsente

    quatre thses qu'il veut dmontrer dans son ouvrage: Ia prernire est

    qu'il n'existe rien de solide dans le ciel sinon les corps des astres; Ia

    deuxirne que les corps clestes sont corruptibles; Ia troisierne que

    7

    Le titre de ce prlude est assez clair: Praelusio paraenetica auctoris Kircheri. In qua

    lucuJenter doce tur, opusculum hoc nihil peregrinum habere, quod non sacrarum litterarum,

    anctorurn ecclesiae doctorum auctoritatibus, e t ir re fragabilibus observationum experimentis

    n entiat, lter p. 39.

    qu ure I ments; Ia quatri -

    oumis un mme ordre.

    Dans ce prlude, l'aut ur van l'appui de ses theses des argu-

    ments de deux types diffrents: argum nts thologiques et probabili-

    stes d'une part, arguments savants et philosophiques d'autre parto

    Dans le premie r domaine, Kircher cite abondamment des Pres d

    l'Eglise comme saint Augustin, saint Grgoire Nissenus, saint Atha-

    nasius, saint Ambroise, et de nombreux autres. Cependant les rf-

    rences de Kircher ne sont pas prcises, si l'on considere qu' aucun des

    Pres n'avait soutenu clairement les mmes thses.

    Dans le domaine des arguments philosophiques, Kircher fait ap-

    pel

    des observations modernes, notamment celles de Tycho Brahe

    et de Galile. Il est bien vident que des observations plus rcentes

    de jsuites comme Riccioli et Scheiner, et celles d' Antonius Maria

    Rheita ont jou un rle encore plus important.

    Avant d'examiner en dtail le traitement donn

    ces theses, il

    faut remarquer que l'attitude de Kircher face aux arguments dont il

    fait usage s'insre bien dans le cadre du concordisme courant 1'po-

    que. Il propose l'

    e x pe r ie n ti a s e nsa ta

    et les observations comme critr

    d'claircissement de certains passages obscurs de Ia Rvlation ou d

    Pres de 1'Eglise. Pour lui , le rle du savant consiste dans le fait qu'il

    doit raliser des observations et des expriences, accepter ses rsul-

    tats et essayer de les expliquer partir de ce qui nous a t rvl par

    les Ecritures ou par les Pres de 1'Eglise.

    Cet appel l' e xpe ri e nt i a s e nsa ta se rpete plusieurs fois au cour

    de ce prlude, et reste toujours l'argument dfinitif selon Ia logiqu

    de Kircher. Il n'a fait cependant que rpter un lieu commun de Ia

    philosophie. Le Pre Benedictus Pereyra S], par exemple, avait dj

    fait appel

    ce rle de 1'exprience pour dmontrer une thse contrai-

    re en ce qui concerne Ia solidit des cieux, plus d'une cinquantain

    8 Prirnum est, in coelesti Mundo, si siderum corpora excipias, nulJam praeterea solidita-

    tem admitti aut posse, aut debere, atque adeo coelum totum ab aris regione supr ema usque ad

    coelum empyreum, liquidum,

    athereum esse. Secundum est, nulJum esse corpus in natura

    rerurn, quoad alterationibus corruptionibus quoad partem non sit obnoxiurn, atque adeo om

    nia siderum globosa corpora ex naturae quadam necessitate hisce alterationis Iegibus , utpote i

    ne quibus consistere non possint, subjecta esse, coelum adeo cum universis corporibus ui

    corruptibile esse. Tertium, omnia siderea rnundi corpora ex quatuor elementorum mixtura m

    do ipsis congruo, non secus acTerram, mposita esse, diversis tantum proprietatibus qualita

    tibusque; uti etiam singula suis proprii -ntris a upremo Mundi Opifice instructa Iuisse.

    uartum, secundum analogiam quu 11

    i

    umn] 1 mundi orpora eadem se ratione ad invi m h

    ber ,qua I, V nus, Mcr uriu , 1.11111, r II I I inviccm hab nt.

    It er,

    p. 39-40.

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    8 CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    d'annes avant.? Il est donc ncessaire d'examiner soigneusement ce

    que Kircher a voulu dire par l'

    experient ia s en sa ta .

    Comme on peut Ie reconnaitre aisment dans les thses qu'il veut

    dmontrer, 1 l t er Ex s ta t i cum est un ouvrage ouvertement anti-aristo-

    tl~cien. ~e fai~ n' est pas pass inaperu des censeurs de Ia Cornpa-

    gn.Ie: apres avoir vu le manuscri t, ils ont demand Kircher de sup-

    pnrner quelques passages, qui ne changeaient rien sur le fond des

    conceptions exprimes par l' ensernble de l' ouvrage. Les censeurs ont

    aussi exig Ia suppression des invectives directes de l' auteur contre

    les sentences des pripatticiens et de saint Thomas concernant Ia so-

    l idit des cieux:

    ~~~n?and~ ve~o sunt q~ae sequuntur: Frequenter verbis probosis et

    convicns invehitur 10 sententiam Peripatetcorum et S. Thomae astruentem

    coelos solidos, et incorruptibiles, cuius authores vocat Sciolos Philosophra-

    stos; et eorum sententiam anilia deliramenta, ridcula et prorsus puerilis sen-

    tentia, quo omniam saepius repetita in operis decursu iudcamus absolute

    esse delenda.'?

    En effet, dans Ia prernire version du manuscrit soumise aux cen-

    seurs, Kircher n' a pargn ni les adjectifs ni les accusations les plus

    Iurdes envers saint Thomas et Ies aristotliciens; fait peu commun

    chez un jsuite.

    LE VOYAGE

    Les Pl anetes lnf rieu res

    . ~e tex~e qui suit l' apparition de I' ange Cosm iel est un ouvrage de

    fiction solidernent fond sur les connaissances scientifiques de Kir-

    9 Le problrne de I'exprience est examin pat B. PEREYRAans son Commentariorum et

    I?isputationum i n G ene si m tomi Quatuor Moguntiae, 1612, p. 6. La prernire dit ion de ce

    livr e est de 1591. Les dcennies qui sparent I'dit ion de

    IIter

    et celIe du livre de Pereyra ont

    apport les atg~ments dcisi~s dans le dbat su r Ia solidit des cieux. Cf. E. GRANT,Celestial

    Mat te r: a Medieval and Galilean Cosmological Problern, [oumal of M edieval and Renaissance

    Studzes. 1983; e~M. P. -ERNER,Le Problme de Ia Matiere Cleste aprs 1550: Aspects de

    Ia Bataille des Cieux Fluides, Revue dHistoire des Sciences 1989.

    10

    La censure pralable des rviseurs de Ia Compagnie de Jsus se trouve dans le Fondo

    Gesuiti:o

    661 ,.

    Censurae Librorum et Opinionum foI. 29rv, de I Archivium Romanum Societatis

    Jesu dsorrnais ARSJ FG. C'est un document fait au College Romain le 7 novembre 1655

    et si~n par FraI?ci~cus Dune~us, Franciscus le Roy, Celidonius Arbicio et Joannes Baptista

    Rossi. Une description sornmaire de ce fonds exi st e dans: U. BALDINI,Una fonte poco utiliz-

    zata per Ia st~ria i~te.Uettuale:. le 'censurae librorum' e 'opinionum' nelI'antica ompagnia di

    u,

    Annali de/l lst ituto tonco Italo-Germ ani co i n Trento XI, 1985, p. 1 67

    I,X LA g tNTgRII.ANI.:..;.:I.;.A.;.II.;.(I.:....~~=~_c~=== _

    h r. Quand ils rnrn n

    nt

    ''0 \

    li 1011V

    r

    Ia

    Lun ,

    Theodida ctu

    proteste parce qu'il pr uv d liffi ult r pirer, et qu'il a froid.

    L' ange explique que dans Ia r gion d l' ther aucun ho~me ne ~e~t

    urvivre puisque cette substance est beaucoup plus subtile que 1

    air.

    I1s observent aussi Ia Terre et Th eodidactus remarque l'existence d

    plusieurs taches qui bougeaient, apparaissant et disparaissa.nt trs vi-

    l . Cosm iellui explique qu'il s'agit de nuages, ... quarum mconstans

    natura

    qualitas

    est.'

    Cependant, les traits d~ Ia face de Ia Terre

    qui attirent le plus l' attention du voyageur conslstent dans Ia forme

    bizarre de certaines taches fixes: 1'une revt Ia forme d'un coeur,

    l' autre celle d'un calice et une rroisierne a forme humaine. Cos mie l lu i

    xplique qu'il s'agit des continents, l' Afrique, l'Amrique et.1'~~ro-

    pe. Il dcrit ce dernier en utilisant des termes charges ~e slgmfl~a-

    tions politiques et religieuses: Figura humana, quam vides, tonus

    uropae situm exhibet, cujus caput refert Hisp~niam,. ~ectus Gal-

    liam, reliqua Germaniam, brachium destrum Italiam, smistrum An-

    gliam exhibet. ...12

    Quand ils survolent Ia Lune,

    Theodid actus

    sent une trs forte at-

    traction vers le centre de 1'astre. Etonn, il demande une explication

    t l' ange lui rpond que le centre de chaque astre consiste en un

    point vers lequel tombent ses parties dtaches, et que 1'impressi n

    d'attraction qu'il prouve a t produite par lui 1'encontre du couro

    normal de Ia nature, dans une intention didactique, pour que Tb eodi

    da c tus puisse bien saisir cette proprit des cor~s clestes.P Il ne. s' a

    it ici que d'une prernire allusion Ia quesnon du polycentnsm

    dans le monde.

    Arrivs sur Ia Lune, Theodidac tus s'tonne des montagnes, de

    valles des fleuves et des mers lunaires. Il remarque que ces chos s

    nt une nature trs diffrente de celles de Ia Terre; el les sont trs di-

    verses par leurs qualits. L'eau est beaucoup plus propre, limpide et

    ubtile que Ia ntre; les pierres sont huileuses. Pourtant.ta Lune est

    lmentaire, et les lments sont les mmes que ceux qui composenl

    , s choses de Ia Terre.

    11 lter

    p.

    83.

    12 Iter p. 84. Cette allgo rie de I'Europe avait dj t prsente par Mnster au XV I

    le

    dans sa

    trs

    connue Cosmographia.

    13

    Cosmiel: Noveris, te jam in tra peregrinam sphaerae Lunaris regionem con.stitutu~,

    'lua ad Lunaris terrae cent rum properamus. Scias tamen, f ie ri non posse .ut na.turah m~t~ m

    Lu n

    m tuapte sponte ruas: cum enim ex terrestris elementibus composltus SIS nono 01 I

    a~

    tuurn centrum ad nullum aliud te ferri necesse est. Quod vero putes te motu naturali dei bi,

    Id m 11 pera ieri putes

    velirn, ut h

    pacto tibi indicem Lunariu~ partium nisum ad U~1Il1

    \\,Iluum. d h ipsum in ali i

    MIII1

    li . r ribu suo tempere sennes, ...

    lter

    p. O.

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    10

    CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    Theodidactus voulant rapporter une de ces pierres sur Ia Terre

    l ' ange explique quelques fondements du polycentrisme auquel Kir:

    c~er s'attache. Chaque chose du monde a

    t

    cre dans sa perfec-

    tion propre, i l ne peut y avoir d'galit parfai te entre deux choses in-

    dividuelles; Ies globes du monde sont donc diffrents entre eux.

    'est ainsi que Ies parties Iourdes dtachs de chaque globe ne peu-

    vent que chercher

    rejoindre Ieur centre propre, puisqu' elles font

    partie d 'une perfection dtermine; elles ne peuvent pas se dir iger

    vers un autre centre. Enfin, ces graves retournent vers Ieurs centres

    en raison de 1'exigence d 'une sympathie naturelle explique par ce

    prncipe mme de perfection.l

    Il est remarquable que les qualits des corps de Ia Lune soient

    parfaitement adaptes 1'influence sur Ies choses de Ia Terre soumi-

    ses

    I'humidit. Par exemple, 1'agitation des eaux Iunaires est lie

    1'incidence des rayons soIaires sur Ia surface de Ia Lune. Plus ils sont

    ~erpendiculaires:. plus forte est l'a~itation ,des ocans Iunaires et plus

    l~porta.nte est 1mfluence du satel lite sur 1ensemble de ce qui est hu-

    ml.de .sur Ia Terre. De cette faon, Kircher explique Ia plus grande

    agitation

    de ce qui est soumis

    cet te influence pendant Ia pleine

    Lune.

    L'influence Iunaire justif ie 1 'existence du relief, des mers et des

    fleuves sur Ia Lune: c' est pour assurer une influence efficace de cha-

    que part ie de Ia Lune qu'elle n'est pas parfai tement ronde. Pour illu-

    strer cette ide, Kircher reprend l'argument rendu clebre par Galile:

    si Ia Lune tait lisse et polie, on ne verrait qu'un reflet du SoIeil

    sa

    place. La mise en valeur des dcouvertes astronomiques de Galile

    est d'ailleurs clairement dclare par le

    jsuite.P

    Le probleme des orbes ... ut ridicule peripatetici sibi imaginan-

    tur16 est trait comme s'il tait entirernent subordonn

    sa con-

    ception de Ia cration. Dieu a fait Ies plantes et Ieurs mouvements

    tels qu'ils sont; et Ia rgularit qui Ies gouverne reste une exigence

    ancre sur Ia constitution de Ia totalit et ralise par Ies Intelligen-

    , . I~

    L.esargume~ts concer~ant. cette ,quest i~n sont d~v.elopps dans le deuxirne dialogue,

    ou il 5 agrt de f~urmr un~ explication rntaphysique des elements traits dans le premier dialo-

    gu . Il e st cerram que Kircher garde .une place tout fait spciale pOU le centre de Ia Terre

    e.ntr~ du mon~e, I'unique tabli sur un point fixe; et c'est bien ce fait qui lui assure sa di:

    un uon essentielle.

    I~

    Kircher prsente le livre au Grand-Duc de Toscane le 15 juin en lui disant:

    .. .

    ho

    ivuto mpre per filo di Ariane le squisitissime osservazioni dei famoso Galileo matematico di

    V. Alteza; Pontificia Universit Gregoriana, Miscellanea Episto la rum Kircher 561 (VII)

    rol 51 ; d rr nai PU s . ' ,

    I~

    lia

    p,

    11 7 .

    L'EXTASE INTERPLANETAIR' 1)'A'I'IIANA..,IIlS 11\(,llI'.1t

    11

    ces. C' e st ainsi que 1'hypoth de ces orbes est carte, au nom d'u-

    ne

    Rat io

    unique de Ia crat ion qui dispose Ies parties du monde selon

    Ies fonctions qui Ies concernent.'?

    Avant de sortir de ce globe,

    Theodidactus

    pose des quest ions sur

    Ia nuit Iunaire sur Ie ciel vu de Ia surface de Ia Lune. Ils voient Ies

    globes lumineux des planetes, et surtout le globe de Ia Terre. Kircher

    montre Ies phases de Ia Terre: Pleniterrium, D im id i um , Nov it e rr ium et

    Ies explique selon Ies positions relatives du Soleil, de Ia Terre et de Ia

    Lune.

    La deuxieme plante visite par Ies voyageurs est Vnus. La sur-

    face prsente

    peu pres les mmes caractristiques: montagnes, val-

    les, fleuves, etc. Et, encore une fois, il s'agit des quatre mmes l-

    ments mais revtus d'autres qualits. L'ocan est lumineux, les rnon-

    ,

    .

    tagnes sont crstallines et l'eau bouge doucement, :o?tral e~ent aux

    eaux agites de Ia Lune. Pour confirmer Ia nature lrnentaire de ces

    eaux,

    Cosmiel

    explique qu'il serait possible d'y baptiser des paiens et

    des juifs.

    A Ia demande de Theodidactus, 1'ange explique comment se succ-

    dent les jours et les nuits de Vnus, Ies mouvements du ciel et de Ia

    Terre vus de Ia surface de Ia planete. Ce passage donne l' occasion

    d'expl iquer le principe de Ia relativit du mouvement en termes tr

    connus. Kircher avance le fameux exemple du bateau et du mouve-

    ment apparent de Ia cte.

    18

    On connait 1'importance ~e ce p:in~i'p

    dans le dbat sur Ie systeme du monde. Cependant, Kircher I utilis

    contre Copernic, que d' ailleurs il respecte. Le jsuite soutient que

    certains astronomes modernes ont eu l'ide de placer Ie Soleil au cen-

    tre du monde prcisment cause de cette relativit apparente des

    mouvements.

    C'est

    propos de Vnus que Kircher rvle pour Ia premiere fois

  • 7/26/2019 CAMENIETZKI, Carlos Ziller. L'Extase Interplanetaire d'Athanasius Kircher: Philosophie, Cosmologie Et Discipline Dans La Compagnie de Jesus Au XVIIe Sicle

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    2

    CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    Ia p~sence des. Intelligences. Arriv sur une des montagnes de Ia

    p~anete, Theodzdactus contemple de jeunes et belles cratures ha-

    bill es de vternents. cristallins, sur lesquels Ia lumire du Solei se

    r~fracte en plusieurs coul~urs. Elles tenaient des cymbales et des

    cithares da~s Ia m.al~ droite; et dans Ia gauche, elles portent des

    ro.ses, des ~s, des jacinthes et des narcisses. Ce sont les anges que

    Dieu a crees pour gouverner Vnus selon ses lois: chacun a des

    fonctions bien dtermines visant

    garantir les mouvements et

    du ,~me coup, les influences de ce globe sur Ia Terre.

    L'aspecr

    exte~leur de ces personnages nous renseigne sur les dispositions et

    qualit~s propres aux anges ainsi qu'aux globes. ? De cette rnani-

    r~, Kircher explique les allgories en fonction des effets de Ia pla-

    nete sur Ia Terre; en d'autres termes en rglant Ia grce et Ia

    beaut sur Ia Terre, puisque GIobus hic gratiae decoris est.20

    Le passage par Mercure se prsente de Ia mme faon que les

    a.utres: . ~me gographie de Ia plante, mmes rgles de propor-

    tionnalit entre I apparence des anges et les influences de l'astre

    sur Ia Terre. Cependant, 1'auteur ouvre un dbat trs intressant

    propos de ces influences, de leur propagation et de leur nature.

    Les vertus propres

    Mercure consistent bien videmment dans

    l' aptitude

    reconnaitre des choses occ~ltes et dans l' inv'ention

    des sciences et des arts. Le vhicule, contrairemenr aux thories

    des astrologues, est Ia lumire, qui potte aussi Ia chaleur et Ia

    vie. L'nchainement commence dans e Solei qui envoie ses ray-

    ons sur Ia plante, assurant ainsi son rle dans 1'Univers. Et puis-

    que Ia plante est ~ote d'un relie~, de mers, etc... et que le glo-

    be tourne chaque SlXheures, son influence ne peut pas tre uni-

    forme sur Ia Terre; si on ajoute cela que Mercure tourne aussi

    auto~r du Soleil, et que Ia rnatire d'ici-bas est apte

    recevoir

    d~s lI~fl~ences, on peut comprendre toute Ia rpercussion de cette

    diversit sur Ia Terre. Un problrne encore plus complexe se pose

    conc~rnant 1'homme. Si Kircher accepte l'ide de Ia dtermination

    des influences clestes sur des tres dpourvus de raison chez les

    hommes i en va diHremment: les influences sont alors objet d' -

    lection.

    19 Dans les mo~s de Kircher: Cosrniel. Hoc in tui potissimum gra ti am fac tum est , u t per

    exter.nam symbolicam assuptorum corporum formam, naturam, proprietatem affectio-

    nem Internam tum Angelorum, tum ipsius globi, cui praesunt, discas. ter p. 148 .

    20 ter p. 149.

    ':EXTA E INTERPLANETAIIO

    I}

    Le Soleil

    Un trait remarquable de ce texte est le soin que l'auteur met r -

    pter les arguments et les explications

    chaque nouvelle planete vi-

    site par les voyageurs. Kircher nous rappelle constamment qu 1 s

    astres sont composs des quatre mmes lments que Ia Terre, po s -

    dant des montagnes, des valles, des ocans etc. L' auteur signal

    chaque tonnement de

    Theodidactus -

    et il y en a normment - qu

    les mots ne suffisent pas dcrire ce qu'il tmoigne. Plus merveilleux

    sont les faits observes, plus vigoureusement i souligne l'insuffisanc

    des mots

    les dcrire, par exemple: Sed, o quis mihi verba fuggerat,

    utam inauditam naturae speciem congrue describarnz; Sed defi-

    ciunt verba, quibus tam insolitum spectrum apte describam ...,22

    l' arrive au Solei .

    Cette insuffisance du langage pourrait tre comprise comme un

    eHet rhtorique puissant, d'ailleurs courant

    l'poque; nanmoins,

    Kircher avait publi quelques annes auparavant son oeuvre majeur

    sur l'Egypte et sur les hiroglyphes.P Et dans le contexte de ses r

    cherches linguistiques, cette rptition - parfois exhaustive - indiqu

    Ia dgradation du langage et de Ia connaissance de l'homme aprs Ia

    tour de BabeI.

    Le Soleil de Kircher est compos ex solido et liquido Igneo. L' -

    can solaire - tout brillant - est rempli de tourbillons constamm nt

    en mouvement qui lancent d' normes quantit de fume lumineu .

    La partie solide est pleine de cratres, de montagnes etc. Cornmc

    toujours, le Solei a une vertu propre qui, en l'occurrence, perm

    l

    d'assurer Ia gnration autonome des tres sur Ia Terre.

    Les phnomenes dcouverts une quarantaine d' annes plus l l

    n'chappent pas

    l 'attention des voyageurs. Ainsi Kircher expliqu

    Ies taches et les facules comme des missions de rnatire du corps s -

    laire. En raison de son norme activit et de ses constants mouv

    ments, le Solei met du feu et des vapeurs trs chaudes qui arriv nt

    beaucoup s'loigner de sa surface; et cette matire forme les fa u

    I s.

    1 1

    arrive que ces missions chappent travers l'ther, et se pr -

    entent nous comme des cometes; ou alors Ia matire retombe v r

    l' astre et nous apparait sous forme de taches. 24

    h -in 'r,

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    14

    CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    La thorie des cometes que Kircher expose est entirernent fon-

    de sur les quatre thses exposes au dbut du livre.

    Les cometes sont des exhalaisons de matire chaude et sche qui

    peuvent tre mises par n'importe quel globe de I 'univers, y compris

    Ia Terre - Si porro corpo ris terreni ad reliquos mundanos globos

    analogiam recte consideraris ....25Puisque le Solei est le corps cles-

    te e plus dynarnique, il est naturel qu'il mette davantage de cette

    matiere chaude et en consquence, qu'il soit responsable de Ia plu-

    part des cometes qu'on peut voir dans Ie cieI. Ainsi, tant donn que

    I'ther est trs subtil et qu'il est agit dans Ia rgion ou circulent Ies

    astres, Ia matiere mise par le Solei peut se concentrer et devenir

    une comete. Le mouvement qui suit est provoqu par le Soleil lui-m-

    me: il pousse I'ther sur son chemin, et cet ther emmne Ia comete

    sur une trajectoire proche de celle du Soleil, mais qui s'en loigne

    mesure que Ia comete se dfait. Enfin, apres que Ia comete s'est

    dissoute, Ia matire retourne au corps solaire.

    Il est intressant d'observer que Kircher utilise ici le mot vortex

    pour dsigner Ia rgion de I'ther travers laquelle passe Ia plante;

    l'emploi de ce mot se rpte plusieurs fois tout au long du texte. Il

    s' agit certainement d'un rel dsir de vouloir changer le vocabulaire

    de l'Astronomie, lequel ne comportait plus es orbites, ou les

    spheres d' autrefois. 27

    L es P la nt es S up rieures

    A Ia proximit de Mars,

    Theodidac tus

    sent en lui des crises de co-

    lere, qui sont videmment provoques par l'approche de Ia plante.

    Aprs avoir examin Ia surface de Mars et vrifi sa composition l -

    mentaire comme d'habitude, le voyageur demande C os mi ella R at io ,

    Ia faon d'agir de Ia plante. Il s'en suit donc une exprience qui

    indique le sens qu'il attribuait ce terme, si souvent rpt (Iam

    25 Iter , p. 224.

    26 Cf. Iter , p. 226-227. Cette thorie des cometes ser t dmontrer que Kircher croyait

    vraiment au gocentrisme; s'i l I 'adoptai t s eulement comme une exigence disciplin air e de Ia

    Compagnie, i l aurait fal iu trouyer une explication des complexes mouvements des cometes ,

    qui ne dpende pas physiquement du mouvement du Solei . Ce tt e bel le thorie a

    t

    reprise

    quelque dix ans plus tard par un de ses disciples, Giuseppe Petrucci, dans I'opuscuIe Fis iologia

    Nuova della Na tura

    deite Comete un petit dialogue baroque publi a Rome en 1665.

    27

    La prsence

    de ce mot

    rvle

    Ia lecture que Kircher a faite de Descartes. Notre auteur

    cite les

    Principes

    dans Ia liste des ouvrages rcents qui confirment les thories soutenues dans

    t e t xte. [ter, p. 484.

    aperte cognosco, nullam

    pliil

    lsoph

    uuli

    I

    ul

    I mine previa exp

    n

    n-

    tia subsistere possit 28 ):

    Cosmiel: Ne quicquam arcanorum te celasse videar, totum te mysterium

    familiari experimento edocebo. Fiat globus ex suplhure, antimonio, auripig-

    mento, arsenico, naphta, bitumine una simul commixtis: quem si in loco

    clauso accenderis; continget, resoluto vapore globi, mox caput summa verti-

    gine infestari, cor heparque vehementi aestu accendi, tandem membris tam

    pernicioso vapore invasis, totum te maniaco quodam furore, tremore rnem-

    brorum, totiusque corporis convulsione corripi senties. Idem in globo Mar-

    t io fieri censere debes, qui cum analoga ad res memoratas mistura constet,

    hinc fit, ut virtus influxiva globi effectus quoque dictis in terreno mundo

    effectibus analogos, ubicunque proportionatum dispositumque subjectum re-

    pereri t, s ive id ex sentientium, sive ex vegetabilium, mineraliumque oeco-

    nomia sit, efficiat; plurimum tamen situ globi recto vel oblquo ad terren~m

    superficiem comparato ad effectuum intensionem conferente, uti & alterius

    sideris maligni cum Martio globo coitu, quo mistis utriusque globi malignis

    qualitatibus dici vix potest, quantum vis influxiva ad effectus noxios & pe-

    stferos producendos intendarur.?

    Cette exprience possede dans son discours une fonction persua-

    sive. Elle n'est pas l pour vrfier une hypothese, ni pour

    dmon -

    trer une rgularit de Ia nature et encore bien moins pour mettr

    en vidence un attribut de I 'tre. Cette exprience devrait perrnet-

    tre d' accepter plus facilement le prncipe de ressemblance au sein d

    l'univers. Les vapeurs, mises par un mlange de certaines substan-

    ces, ralisent sur nous un effet analogue I'influence de Mars sur Ia

    Terre: I'action de Ia planete s'effectue au moyen de Ia lurniere, et Ies

    substances agissent en nous par les vapeurs.

    On est , maintenant, dans le domaine de Ia quatrime thse (sur Ia

    Rat io unique du monde) prsente dans son prlude dont i sera que- .

    stion dans le deuxime dialogue de I'I ter.

    La description de Jupiter montre qu'il possede une lumiere pro-

    pre, Iadiffrence des autres planetes. Kircher le justifie par I'immen~

    se distance qui Ia spare du Soleil, Les satellites mettent eux-aussi

    de Ia lumire. Ce phnomene n'est pas visible de Ia Terre cause de

    Ia distance qui Ia spare de ce globe; cela affaiblit Ia brillance des sa-

    tellites quand ils pnetrent dans le cne d'cmbre de Jupiter. Bien sr,

    Ia lumire est une exigence de Ia fonction de Ia plante: il ne peut

    avoir une influence que Ior qu'elle utilise de Ia lurnire. Et puisque Ia

    I

    28

    lter p. 219.

    29 lter p. 252.

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    16

    C AR LO S Z IL LE R C AM EN IE TZ KI

    di Lance qui Ia spare du Soleil n' a ssure pas Ia quantit de Iurnire

    n ce.ss~ir~,JI faut en ajouter. Les bonnes influences de }upiter sont

    aUSSlrealisees par les bandes colores qui l'enrobent.

    Saturne est un globe de mauvaise influence, entour de brouil-

    lard, de couleur grise. Theodidactus voit une surface chaotique, de-

    ma~dant. ~ Cosmie~ ~esraisons de cette formation. Comme toujours,

    Ia disposition des elements sur Ia plante est fonct ion du rle et des

    influences que celle-ci peut assurer sur Ia Terre. Kircher dorme des

    satellites une description originale:

    Theodidactus

    remarque deux mon-

    tagnes lumineuses symtriques de part et d'autre de l'horizon.w

    L' ange explique alors que les deux satellites de Saturne sont

    vus comme s'ils taient des montagnes en raison d'un effet d'opti-

    que, les observateurs sont situs sur Ia planete et les satel lites sont

    trs proches. Si Theodidactus les regarde de face, il les verra forc-

    ment carts du corps de Saturne. Bien videmment, i ls ont une lu -

    rnire propre, ce qui expliquerait encore l'absence d'eclipse.

    Avant de sortir pour aller vers les toiles fixes, Theodidactus re-

    garde Ia nuit de Saturne. Ce qu'il voit 1'tonne: Somnione an vigi-

    lio.31L'aspect du ciel est trs diffrent, Ia disposition et Ia magnitu-

    ~e des toiles.n'est plus Ia mme. Le Soleil se prsente comme un pe-

    t1t corps lu~ne~x, Ia erre, Vnus ainsi que Mercure ne sont plus

    que des petits pomts brillants trs proches du Soleil.32

    L es E t oi le s

    Le voyage parrni les toiles fixes nous montre une structure trs

    dynamique des cieux. D' abord il n'y a pas de sphre cristalline les

    toiles sont disperses dans l'immense espace liquide de l'ther. ce

    moment,

    Theodidactus

    demande comment on peut expliquer le fait

    que les toiles gardent toujours les mmes distances relatives. L'ange

    . 30

    Le voyageur demande: Quid, rogo, roi Cosrniel, bini i ll i montes ignei s ib i invicem

    Irc~ Saturnum OPPOSlt S,9UOSsumma mea admiratione intueor? Cosroiel. rui sunt famosi

    Sa -

    ;~~~l

    corrures, quos tones

    1Il

    Terra con~titutus per coelestem tubum contemplatus es.

    It er,

    p.

    31

    It er,

    p. 325.

    li

    s'agit, bien sr, d'une interrogation assez courante dans toute Ia littra-

    ture baroque du XVIIe sicle.

    2 ~p~s avoir montr le Soleil, l ' ange lui fai t reconnarre les plan res I plu proches:

    Vid

    Ib.1iuxta Solem quatuor stellulas pene nebulosas? Theodida tu . Vid () , mi

    1. Et

    t~u n~~ illa t nd m puta esse? Prima, quam vides, Te1lus est: \111 oh ur iUI,

    r

    .una, ler-

    li lu

    id iu ula ,

    V nu ; quarta prorsu

    nebu lo

    a,

    M

    rcurius e I. ltrr p I

    L 'E XT AS E I NT ER PL AN E TA IRI l:.: ,l '.:;A :.:,T .:.;II.: .: ,A :.:,N A ;.;.: ..I _.:. ., ...: .., ....; .... _

    17

    lui explique qu'il s'agit d'un illu indu A Ia distanc~33 et il dm n-

    tre ensuite que

    Theodidactus

    ne peut meme plus VOlt les const lla-

    tions: en effet les toiles sont disposes diverses longueurs d Ia

    Terre .. . singulae quoad distantiam differunt. Theodid actus ~oit

    des toiles normes, semblables au Soleil par leur clat et leur taille;

    il en voit encore d'autres qui n'ont pas de lumire propre.

    Cosmie l ernmne ensuite le voyageur jusqu' Ia Canicule. Et

    quand ils arr ivent au voisinage de l' astre,

    Thod idac tus

    reconnait un

    planete qui tourne autour de I'toile. L'ange lu~ e~plique qu'il s'agit

    d'un globe qui n' a pas de Iumiere propre et qui circule autour de Ia

    Canicule comme Ia Lurie le fait par rapport Ia Terre; ce

    globe-l

    prsente des phases semblables celles de Ia Lune. Il ajoute que ce

    genre de globe existe en trs grand nombre et que les hommes n

    pourront jamais les voir. 3S ,

    A ,

    Comme toujours, ces astres sont composes des quatre memes ele-

    ments que l'on connait dj sur Terre.

    Il est trs intressant de remarquer que nos deux personnages ob-

    servent bien le Soleil Ia Terre et les autres plantes; mais ce qu'ils

    voient est en effet quelque chose de trs peu habitueI. Le Soleil n'est

    r ien de plus qu'une toile de deuxirne magnitude~ semblable ,au~

    autres: et i l n'est pas vident de le reconnaitre parrru les autres etoi-

    leso L~ Terre et les plantes les plus proches ont dj disparu, tant

    donn Ia distance; et ainsi le centre absolu du monde n est pas du

    tout reconnaissable, vu de cette rgion de l'Univers.

    Dans ce dei, mme I'toile polaire remue. Theodid actus s'tonn

    de Ia voir raliser un mouvement circulaire peu prs semblable ce-

    lui du Soleil. Et elle soutiendrait une Lune qui tournerait autour d'el-

    le. Cosmie l explique alors que c'est en raison de Ia distance qu'on ne

    peut pas remarquer ce mouvement, et .qu'il s'agit,l d'~n, fait normal

    dans les cieux. Prcisons encore une fois, que Ia rgularit de tous ces

    mouvements est assure par l'action des Intelligences.

    Le dei est beaucoup plus peupl que ce que l' on croit. Outre les

    33

    Vobis terrigenis ob summam inexplic~bile~ dista~tiam .videntur immutabiles lic t

    in seipsis multum mutentur quoad situm, &, ut jarn vides, distantia earum toto coelo diver a

    sit.

    It er,

    p. 341.

    34

    lter p. 342.

    3~

    Theodidactus. Lunam

    Mnllu

    I i unvid

    (1.

    Co mi

    1.

    Luna, quarn

    vides,

    non e t Luna T r

    ra vicina, d gl bu t P u IH IIllul 111

    li

    til ,qui I ~i ulari

    I~

    illumina.lU ,n

    ori pha simil s Luna xliiI> I, '''111 1111111111111111111111111unrn n O firmam nu PC(

    Iundo

    xi tunt, lU

    null

    unqu m I 1111' 111111111I' 111 111111'11

    UllllO

    II1r

    p. 47 48.

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    18

    ensembles qu'on appelle les nbuleuses, il y en a un bon nombre que

    notre regard ne peut pas atteindre.

    Le dernier phnornne que Cosmiel et Theodidactus examinent

    dans le firrnament est 1'apparition de nouvelles toiles. L'explica-

    tion donne par l' ange ramne ces toiles Ia mrne condition que

    celle des cometes, que nous avons dj vue quand nos personnages

    taient sur le Soleil; mais, dans ce cas, les novae trouvent leur origine

    dans les exhalaisons manant des autres toiles. On ne peut voir ni

    leurs queues, ni leurs mouvements en raison de 1'immense distance

    qui les spare de Ia Terre. Kircher insiste sur le fait que ces toiles,

    et bien sr les cometes, sont des phnomnes naturels qui n'ont pas

    besoin de 1'intervention divine pour se faire voir.

    Ce premier dialogue se termine par une exaltation ddie Dieu

    et son Oeuvre.

    LES FONDEMENTS

    La deuxirne partie du livre porte le titre: Itinerarii Exstatici Dia-

    logus lI. De Providentia Dei in Mundo Opificio Elucescente. Interlocu-

    toribus Cosmiele et Theodidactus. Il s'agit d 'un dialogue examinant

    quelques thmes trs connus de Ia li ttrature religieuse et astronomi-

    que de 1'poque: Ia matiere prernire, l'ordre des globes, des eaux su-

    praclestes, le ciel empyre, l'accomplissement du monde, etc. Kir-

    cher analyse galement d' autres questions moins frquentes dans ces

    ouvrages.

    L'auteur rpond en bon jsuite quelques questions de Theodi-

    dactus respectant les dispositions de 1'Ordre et les traditions philoso-

    phiques et rel igieuses de Ia Compagnie. En revanche, quand il est

    question de Ia dimension du monde, Kircher trouvera d' autres au-

    teurs sur qui s'appuyer.

    Dans le chapitre intitul De Magnitude Mundi de cette deuxirne

    partie, l 'auteur essaie d'expliquer Ia philosophie du Cardinal Nicolas

    de Cues. Kircher ne cite pas ses sources; le nom du Cardinal n'est

    pas sur Ia liste des auteurs et des autorits qui ont crit sur les hypo-

    36 Kircher explique Ia rnatire primai re dans des termes rgls par les dispositions inter-

    ne.s.de Ia Compagnie et selon les tradi tions des crivains jsuites,

    gro ss o modo

    les mmes dj

    UlIiJ

    s par le P re B nedictus Pereyra dans ses commentaires Ia Gense , dj it .

    IIU 111 .1 \

    thses quil a avances.

    7

    a pr n t n~nmoin.s vident d.an

    plusieurs passages, en particulier quand Cosmiel explique Ia magrutu-

    de du monde:

    Quemadmodum enim Deus Ter ber:ed~ctus absolutu~ maximum t,

    quo majus omni humani ingenii conatu fingi non ~otest; lta. mu?~um hun

    sensibilem maximum quoddam contractum esse Selas, magmtudmls prorsus

    incomprehensae, nec numero definitae. Theodidactus. ?rgo mundum hunc

    infinitum tu dicis Cosmie1? Cosmiel. Minime: hoc enim pacto redderetur

    aequalis absoluto maximo; quod impossibile est.

    38

    Dans cette partie, Kircher reprend peut-t~e ~ot mot le .texte

    du De Docta Ignorantia surtout dans ses explications du Maxzmur::

    absolutum et du Maximum contractum.

    L

    encore on constate Ia m~-

    me dite dans les explications de Ia perfection des choses, de Ia POSS1-

    bilit pour Dieu d' avoir fait plusieurs mondes, .de~rappo~ts des ch~-

    ses du monde entre elles et du principe

    omnia

    m ommbus. ~epns

    par le Cardinal et largement travaill par Kircher. C' est ~msl que

    malgr Ia quantit innombrable des globes du monde ceux-la gardent

    toujours des rapports entre eux:

    ...

    mox aperte videbis, quod, tametsi ~undu.s ~nco?ceptibilis,

    in:-

    mensurabilis sit, & globi mundani innurnerabiles, .nihilo~nus .tamen .o.mm.n

    in omnibus, singula in singulis, quodlibet m. quohbet .ratlOne meffabl~l Xl

    stunt,

    omnia ad invicem nexu

    proportlone adrmranda, cum recipr a

    influxuum receptione disposita

    sunt.?

    Kircher reprend dans son ensemble Ia ph~osophie infinitiste du

    Cardinal, ainsi que ses thernes et ses conclusions Les mouveme~t

    qu'i l attribue aux toiles, les influence~ des as:re~ sur Ia Terre et.' r-

    ciproquement, de Ia Terre sur les planetes et eto~es, tout;s ces mte-

    ractions sont des conclusions directement extrartes de I oeuvre du

    Cardinal de Cues.

    40

    /., /

    Dans cette dernire part ie, Kircher utilise lesolmage~ d j ~~es~~-

    tes dans le De Docta Ignorantia issues de Ia philosop~le de. 1infini,

    telle que: Ia ligne droite infinie que complique en SOlle triangle et

    37 Cf.

    I ter ,

    p. 473-384.

    38 It er,

    p. 379.

    39 It er, p. 397. .

    40 Nicolas de Cues expose ces ides dans Ia deuxieme partie de son livre

    De Doc ta Ign o

    rantia.

  • 7/26/2019 CAMENIETZKI, Carlos Ziller. L'Extase Interplanetaire d'Athanasius Kircher: Philosophie, Cosmologie Et Discipline Dans La Compagnie de Jesus Au XVIIe Sicle

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    2

    CARLOS ZILLER CAMENlETZKI

    1 c rel infinis,: et les thories de I'homme-microcosme utilises

    mme exernple de Iien des tres entre eux. II s' agit donc d'une Co-

    moIogie prenant comme fondement premier Ia totalit et Ia conne-

    xion de ses parties:

    Ita Universum per natura in omnibus omnia est,

    &

    i ta omnia quoque in

    mundo, .tametsi nobis occulta, & humano ingenio incomprehensa proportione

    connectit, ut tamen perfecte conspirent:

    &

    quamvis innumeri in mundo glo-

    bi si.nt.n~b~s incogniti,

    &

    extra omnem sensuum comprehensionem longe re-

    monssirm, rta tamen per naturam, quae est ars Dei,

    &

    spiritus universorum,

    seu anima mundi, apte connectuntur, & per motum in tantam harmoniam

    concinnatur, ut unum sine altero, sine totius dissolutione, esse non

    possit.v

    L'norme poids de Ia philosophie de NicoIas de Cues prsente

    dans toutes Ies part ies de cet ouvrage ce qui l' Ioigne des rfrences

    culturelles que l' on trouve normaIement chez un pre jsuite du

    XVIle

    sicle. L'originalit de Kircher dans cet ouvrage rside dans Ia

    faon d'associer ses connaissances d'astronome et de mathmaticien

    cette philosophie, qui eut une norme puissance rnovatrice que1ques

    deux cents ans auparavant.

    L A DISCIPUNE

    La plupart des historiens de Ia Compagnie de Jsus reconnaissent

    que les dfinit ions les plus importantes de 1'Ordre datent des annes

    ou le P. Claudio Aquaviva 1581-1 15 fut Gnral. C'est sous

    Aquaviva que les Jsuites russirent complter Ia clebre

    Ratio St u-

    diorum qu'ils s'engagrent dans les polmiques les plus notoires de

    l 'Ordre et qu' ils creront le Collegium Reoisorumw

    En ce qui concerne Ia Philosophie Naturelle, les dfinitions doe-

    trinales de Ia Compagnie ont toujours reconnu Ia philosophie d'A-

    ristote le rle le plus rnportanr.

    45

    Les textes traitent surtout de Ia

    41 Cf. Iter p. 397-399.

    42 lter p. 399-400.

    . 43 C'esr 1588 que paru le texte De Con cordi a de Lus Molina, leque a donn une doe-

    trrne sur Ia grce et sur le l ibre arbitre aux jsuites. Le l ivre a aussi donn le coup d'envoi de

    Ia

    controverse

    De A ux i/ii s

    qui t raverserait tout

    le

    dix-septieme

    sic le.

    44 Le

    Co/legium Revisorum ,

    centralis

    Rome, a t cr en 1597.

    45

    CL U. BALDINI,op. ci t ., p. 21-29. Au sujet de Ia doetrine dans Ia Compagnie de Jsus,

    v Ir A. MANClA,

    11

    Concetto di 'Domina' fra gli Esercizi Spirituali (1539) e Ia Ratio Studio-

    rum (1599)>>,A r ch iv u m H i st or icum Societa ti s [ esu, 121, 1992.

    L'EXTASE INTERPLANETAlRE D'ATHANA lU xn IIF _ R 2 _ 1

    doctrine commune des Ecoles, C' est dire Ia philosophie de saint

    Thomas et son interptation d' Aristote.

    Etant donne 1'insuffisance vidente de ces dfinitions en tant

    qu'instrument solide au sein de I' action intellectuelle, et surtout vue

    son norme influence politique et culturelle, l'Ordre a labor plu-

    sieurs reprises des listes de propositions interdites. Celle qui nous

    concerne particul irement est Ia liste labore par Ie Gnral Fran-

    cesco Piccolornini (1649-1651) qui reut le tit re Ordinatio pro Stu-

    diis Superioribus. Le processus d'laboration de ce document a

    t

    delench par des confli ts trs tendus 1'intrieure de I'ordre; le d-

    . d I C .

    47

    A '

    bat opposait les censeurs aux philos?ph~s e a omt:>agrue. ~r~s

    avoir reu et fai t examiner les contributions des provmces, le Gen~-

    ral Piccolornini publia lOrdinatio en 1651. On y trouve Ies proposi-

    tions interdites dans les domaines thologique et philosophique.V II

    s'agit pour Ia Philosophie de soixante-cinq propositions non docen-

    dae dont certaines dj obsoltes Ia moiti du

    XVIIe sicle. ?

    L'interdiction de que1ques propositions ne pouvait rpondre qu' des

    exigences de courte dure. Ainsi, Ia proposition 6~ interdit I'acti~n

    naturelle distance, ce qui dans le contexte des debats sur Ia Magi

    et l'Alchimie signale une opposition philosophique ces pratiques,

    mais qui dans le contexte de Ia fin du di~-sept~~e. si.ele marqu

    1'opposition Newton. Cependant, Ia fonction disciplinaire de cett

    liste de propositions nous intresse davantage. Elle a t faite pour

    donner aux rviseurs des rfrences elaires pour leur action, et pour

    servir de limite bien dfinie aux philosophes.

    46 Des listes de ce genre ont t labors depuis l'poque de Borgia (1565-1572).

    47 li s'agit d'un passage trs important de Ia vie intellectuell: de Ia Compagnie de j u

    qui

    n'a

    pas encore fai t l'objet d'une tude d'ensemble. On connart quequ~s tra~aux q~~o~t

    clairci partiellement l'enjeu et Ia suite des vnements: C. COSTANTINI,

    aliani e ~ Gesuiti

    FI

    renze Giunti-Barbera, 1969; en particulier les pages 71-109; G. BARONCINI,(L~segname~

    to della filosofia naturale nei collegi italiani dei gesuiti (161.0-1670): ~n esempio di nuo~o an.

    srotelismo, in G. P. BRIZZI,

    I.:a

    R a ti o S tu d io ru m A 0de/l t

    Culturali

    e ,P~au c ke E d;t~atlVe

    dei

    G esu it i i n lt a/ia Ir a C in que e Seicen to ;

    Roma, Bulzoru, 1981. Pour Ia peno.de lffim~diate~. ~t

    antrieure voir

    U .

    BALDINI,

    Leg em Impone Subactis . S tudi su Fi losofia e Scienza dei Ges u it i

    111

    ltal ia, Roma, Bulzoni, 1992. , .

    48 Ce doeument a t publi plusieurs fois; i l est confortable. de Ie cnsulterdans I ? 1

    tion G. M. PACHTLER,

    Ra tio Stud io rum et lnst i t ut io ne s S cb ol as tica e Soc ie ta t is Ies u , Berl in,

    1887-1894, vol.

    III,

    p. 77-98.

    49 Par exemple: < < 5 Non datur mater ia prima; 7 Similirer for~a et finis non unt v r..

    causae rerum naturalium; 18. Elementa non componuntur ex ma~ena ~t fo~~a , s ed ex ~onllS,

    35. Motus caeorum est omnino ab int rinseco e t nullo modo ab lnrelligenti i ; 41. ravrtu I

    levitas non differunt specie, sed tantum secundum magis et minus. .

    M .

    PA ,111'1111,

    o{J.

    ci t .,

    p. 90-94.

  • 7/26/2019 CAMENIETZKI, Carlos Ziller. L'Extase Interplanetaire d'Athanasius Kircher: Philosophie, Cosmologie Et Discipline Dans La Compagnie de Jesus Au XVIIe Sicle

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    22

    CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    La

    D n on ci at io n e t

    Ia Rponse

    Le P. Kircher a soumis le manuscrit de 1 Iter au Co ll eg ium R ev is o-

    rum de Ia Compagnie vraisemblablement dans Ia deuxime moiti de

    l 'anne 1655. Les conclusions des censeurs ont t favorables, quoi-

    qu'ils aient exig quelques corrections, comme on l'a dj mention-

    n.

    50

    D'ai lleurs, un des rviseurs reconnait que Kircher a fait toutes

    1 s modifications

    demandes.'

    Un livre comme l' Iter ne pouvait passer inaperu. D'abord parce

    qu'il avait t cri t par un des savants Ies plus connus Rome cette

    poque; ensuite parce qu'il soutenait des thses ouvertement contrai-

    res Aristote et saint Thomas dans le domaine encore trs sensible

    de l'Astronomie et de Ia Philosophie Cleste.

    Ainsi, restent quelques vestiges d'une polmique autour de l'Iter.

    Dans Ia deuxime dition du livre, celle de 1660, Gaspar Schott a

    ajout toute une srie de documents sur une dnonciation d'indisc-

    pline de Ia part de Kircher envers Ies dispositions de l' Ordinatio de

    1651. Malheureusement, Schott n'indique ni Ie nom de 1'auteur ni Ia

    date du documento 11Ia prsente comme

    Pr op os it io n es s ex, e x I ti ne ra -

    rio E xs ta ti co K ir ch er ia no c ol le ct ae ,

    cen su ra a v ir o d oc to n ot at ae. Les

    six propositions critiques de Kircher sont Ies suivantes: 1) Dieu

    pourrait avoir cr plusieurs mondes carts par des intervalles infinis;

    2) Dieu ne pourrai t avoir fait plusieurs mondes et il ne pourrait avoir

    fait ce rnonde-ci plus grand qu'il est; 3) La lurnire, le feu et Ia cha-

    Ieur sont ncessairement Ia mme chose; 4) 11est impossible que Ia

    chaleur formelle soit produite par un agent qui ne soi t pas forrnel-

    Iement chaud; 5) La Nature est l' art de Dieu et elle est l' me du

    monde; 6) L'intelligence de 1'homme a t sortie par Dieu de I'int-

    rieur de Ia Lumire. La dnonciation se termine par Ia phrase:

    50

    Outre Ia suppression des passages offensifs pour les pripatticiens et S. Thomas, Ia

    censure pralable exige Ia correct ion d'une quinzaine de passages parmi lesquels les plus imo

    porrantes sont: In dialogo 11pago 14 confundit substantiam et essem rei cum sola materia, et

    vid tur asserere materiam esse totam essentiam rei, atque omnia sensibi lia solis accidentibus

    dif r re; quod est contra Ordinationem Patris nostri Piccolominei; imo con tr a id quod aliis in

    J i docet ipse author, pag 41 Negat posse dari plures mundos; et valde obscure loquitur de

    maxirno contracto; et Ia considra tion gnrale Tandem aliqua narrat satis dubia in operis

    I ur u sine probatione, Cf. ARSI FG, 661, foI. 29.

    ~I

    n peut voi r dans le volume cit, au foI. 33, l'accord d'un des quatre censeurs: Ad-

    modum Rd Par r Ner Generalis Omnia quae censuimus corrigenda et emendnnda in duobus

    1 i

    J

    gi P tri Athana ii Kircheri sunt iam correcta et emendara iuxt n tr cen uram. In

    : 1 1 lIi R rn n 1 3 n v mbri 1655. N P in Xto rvu lid niu: A I hi\ 111

    23

    Multos plures in eodem libro continentur propositi~nes absurdae ~ con-

    t

    ra communem phi1osophiam temere, sine probatione assertae, Imo

    . 1 . fid 52

    aperte pugnantes inter se. Sed superiores pericu osae sunt 10 1 e.

    L'accusation tait grave, on a parl d'indiscipli?e e~1Versu~e 0 :

    donnance interne de 1'Ordre; le dnonant accusait Kircher d avoir

    soutenu des proposit ions interdi tes; finalement, I 'accusation a t

    renforce puisque les propositions taient rputes comme dangereu-

    ses pour Ia foi

    Le v ir d oc tu s a indiqu trois propositions interdi tes en 1651 par

    l'

    Ordinatio

    qui n'ont pas t respectes par Kircher:

    29) Potest dari creatura infinita in om~i gener~,. excepta in?e~e?dentia,

    quae unica restaret Deo propria; potest .etlam d.ar~.1Otellectu~1~1mt~s, vo-

    luntas infinite perfecta et consequenter indefectibilis; 30) Infinitum 10mul-

    ti tudine et magnitudine potest c1audi inter duas unita tes vel duo punct~; ~t

    39) Duae tantum sunt qualitates primae, calor et frigus, humor vero et S1CC1-

    tas non sunt qualitates.

    Deux de ces proposi tions concernent le thrne de 1'infini, si cher

    au Cardinal de Cues et tous ses disciples.

    Schott ajoute deux rponses aux accusations, l'une labore par

    lui-mme, 1'autre par le P. Melchior C?rnaeus. ~es deux do~~ments

    sont destins claircir Ia pense de Kircher et a mettre en vidence

    le domaine dans lequel1' Iter a t produit. Dans Ia rplique prpare

    par Schott, se trouvent des fragments trs intressants d'une dfense

    crite par Kircher lui-mme. .

    A .,. , ,

    La dnonciation a t faite, bien sur, par un

    jsurte.

    La reference

    aux propositions interdites par

    l Ordinat io

    de 1651 en ~st un~ preu-

    ve. De mme, Ia mention a viro docto, dans Ia prsentation de

    Schott, suggre que le dnonant tait un thologien; en eff~t~ u?

    Docteur de Ia Compagnie qui se prononait sur ses arguments-Ia

    tait

    fort probablement un thologien. . ,

    Le texte du v ir d o ct us fut certamement envoye au General, com-

    me Ia procdure normale dans ces cas-l; ce document a d ensuite

    52

    Iter p. 489. Les cri tiques et le matriel publi par Schott ont t ex~mins rcemment

    dans le contexte de Ia fo rtune des ides in fin itistes de Bruno et du Car~nal de Cues dans

    I'ouvrage S. R CCI,IA Fortuna

    de i

    Pensiero4i C;;ioT~noBruno 1600:1750 Fuenz.e, Le L;t~c:r~,

    1990, p. 153-161. Cependant, I'tude de RiCClavait une large.porte et, de ce ~al t Ia spcifici-

    t de cette polmique ne I'a pas intress en ses dtails; ce qui ne I 'a pas empeche de bien in-

    diquer I'enjeu des critiques.

    53

    PA 1'1ILER, op .

    cit.

    p. 9293.

  • 7/26/2019 CAMENIETZKI, Carlos Ziller. L'Extase Interplanetaire d'Athanasius Kircher: Philosophie, Cosmologie Et Discipline Dans La Compagnie de Jesus Au XVIIe Sicle

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    24 CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    passer entre Ies mains des rviseurs pour une apprciation, puis reve-

    nir Kircher et enfin au P. Schott en Allemagne, qui l 'a fait publier.

    Il reste aujourd'hui un tmoin de cette trajectoire et de cette po-

    Imique autour de 1 Iter i s'agit d'un texte fait en rponse

    Ia d-

    nonciation du vir doctus par Franciscus Le Roy, un des rviseurs qui

    avait sign Ia censure de 1655, pralabIe Ia publication du livre.

    54

    F. Le Roy reprend Ies six propositions critiques et Ies examine

    en Ies confrontant avec celles que l' Ordinatio avait interdites en

    1651. Quant

    Ia

    premire,

    i explique que Kircher enseigne prcis-

    ment Ie contraire de ce qui a t interdit: Ia cration de pIusieurs

    mondes carts par des espaces infinis n'est pas possibIe cause de Ia

    natu~e.de Ia matire, et non en raison d'une dfaillance de Iapuissan-

    ce divine. Et en ce qui concerne 1'infinie puissance de Dieu, i pour-

    rait avoir cr pIusieurs mondes carts par des distances infinies.

    Kircher ne Ie dit que pour expliquer I'infinit de 1'espace imaginaire;

    donc i s'agit de 1'infini Syncategorematice. Finalement, In quibus

    sensibus nihil apparet, vel per se absurdus vel repugnans ordinationi

    P. N. Picc.oIominei; multo autem minus umbra ulla periculi in fide,

    quam

    nescio

    ex quo fundamento sibi fingit censor in illa propositio-

    ne;55 tout ceei tait une vigoureuse dfense des thses du P. Atha-

    nasius. Le Roy soutient encore Ie modus loquendi de Kircher qu'il re-

    connait tre celui des anciennes acadmies.

    A Ia deuxieme proposition censure, Ie rviseur oppose directe-

    ment Ia source intellectuelle de Kircher: Ia pense du Cardinal Nico-

    Ias de Cues.

    56

    Pour Kircher et pour Ie Cardinal i y a une identit en-

    tre Monde et Univers - Ie

    maximum contractum.

    C'est ainsi qu'il faut

    comprendre Ia these soutenue selon Iaquelle Dieu ne pourrait avoir

    cr plusieurs mondes - maxima. En ce qui concerne Ia perfection de

    ce monde, Ia proposition kirchrienne n'ajoute rien d'inattendu puis-

    qu' elle propose que Dieu a bien cr Ie monde et ses parties ordon-

    nes selon ses Iois et

    ses fins; et comme i ne peut y avoir d' autres

    Iois plus parfaites, chaque objet de Iacration a t cr selon sa per-

    fection propre; ce qui serait soutenu par saint Thomas Iui-rnme.

    Quant Ia troisieme proposition, Le Roy montre que Kircher a

    repris 1'ide de 1'identit entre

    lux lumen ignis

    et

    calor

    saint

    Au-

    54

    Le document, qui se t rouve I'AHSI, FG 675, foI.

    247rv

    et

    248r

    n'est ni sign ni

    dat.

    Le Roy (1592-1679) avait t professeur de philosophie

    Douai avant

    d'tre

    engag

    omme censeur Rome.

    55

    Doe. cit .,

    foI.

    247r.

    '6 ua de maximo co ntra cto socis alJegatis docet P. K ir h cru s, C ird :\1 mo d up -

    um. lbi d .

    L'EXTASE INTERPLANETAlRE D'ATIIANA lU KIR 'IIER

    gustin: cette proposition n'est pas interdite par lOrdinatio. En ce qui

    concerne Ia quatrime proposition, Le Roy explique que Kircher sou-

    tient que le Solei est formellement chaud, au contraire des pripat -

    ticiens, cependant i ne nie pas qu'il existe des causes quivoques.

    La rponse Ia cinquieme proposition spcifie qu'il faut tablir Ia

    distinction entre

    les

    deux sens de Nature:

    1)

    pro natura naturante Ia

    nature est donc 1'me du monde au sens ou elle lui procure de

    l'assi-

    stance, ou elle coopere dans ses transformations - de Ia mrne faoo

    que les intelligences operent dans les cieux - et pas du tout dans 1

    sens ou elle lui donne Ia forme; 2

    pro natura creata

    au sens ou ell

    est le principe intrinsque de toutes les oprations et de tous mou-

    vements. 1 1 ajoute que Kircher fait usage d'un langage mtaphori-

    que, comme les platoniciens, et que 1'me du monde peut tre ac-

    cepte dans les sens indiqus sans aucune atteinte

    Ia

    bonn

    philosophies.?

    Le Roy rpond Ia dernire accusation pose par le

    vir doctus

    o

    mettant en vidence une certaine mauvaise volont de Ia part de l' au-

    teur. Bien sr, Kircher ne pouvait pas diviniser 1'homme; et cela Iui

    suffit. Enfin, le Pre Franciscus Le Roy conclut qu'i n'y a pas d

    proposition interdite dans l'

    Iter

    et qu' i n' est mme pas possibl

    d'en dduire une.

    Outre le texte original de Ia dnonciation, cette rponse d

    Roy a d elle aussi parvenir en Allemagne au P. Schott. Dans Ia d

    fense qu'il a prpare, le disciple et ami de Kircher fait usage des m

    mes arguments et des mrnes mots que le rviseur. 1 1 connaissaiL,

    bien sr, le texte de Le Roy; et i 1'a copi en grande partie, san

    donner le nom du rviseur. 58

    57 li existe une analyse dtaille de ce problerne de l'me du monde dan~ Ia pens~ d

    Kircher: J.-F. MARQUET,L'Art Divin de l'Ame du Monde chez Athanase. Kirch~r, ~n

    A.

    FAlVRE,F. TRlSTAN,

    Cah i er s d e I H ermt i sme: S op bi e e t lA me d u M on de ,

    Pa ris,

    Albin Mich

    I,

    1983.

    58

    Pour ne pas alourdir encore ce t ex te on prend titre

    d

    exemple les passages de Sch

    II

    et de Le Roy concernant Ia sixirne censure:

    Schot t: Responsio I. In hac saltem censura videri posset, parum se aequum censorem

    tendisse, ut qui, cum posset illa verba auctoris Itinerarii pag 38 ci~. in ~ensum ~om.modum o

    sanum accipere, malverit in illis sensum odiosum ac falsu~, et qui nulli c~t?olico m ment m

    venire posset, suspicari. Certe si scripsisset P. Kircheru'~; l ~tellectu,? .holnlnls eductum ex v

    na lucis divinae et increatae nuIla ess et vel umbra [alsitatis. Atqui

    10

    hunc sensum, tum ex

    natura rei, tum ex ipso cont~xtu debuit dictum intelligi; ed~c~um scilice.t ex ~ena l~cis iJli~.'

    quam ibidem aucto r appellat lucem lucium, hoc est, ipsius divinae menus; CU)US l~cls parti I

    pat io est intellectus noster, juxta illud: Signatum est super nos lumen vultus tui etc.

    lter

    506507. . .

    Le Roy: Ad 6am. In haec saltem censura parum se aequum c~nsor ostendi~, ~l ~~I um

    posset illa verba autoris pago 38 in sensum commodum ac sanam accipere, rnalverit in 1 1 1 n

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    14/17

    26

    ARLO ZILLER CAMENIETZKI

    Schott publie Ia deuxieme dit ion de 1 Iter, de 1660, sans Impri -

    matur , et l 'autorisation du provincial de Ia Compagnie, Ia Facul tas ne

    fait aucune rfrence

    1'ouvrage du P. Athanasius. Il est question

    d'un autre livre crit par Schott lui-rnme, ou mieux, d'une introduc-

    tion un livre de Schott. La Facul tas , signe par Ricquinus Goltgens

    Ie 27 juin 1660, est donne

    un certain P ro do mu s in M un du m M ira bi-

    tem,

    sans mentionner le texte de Kircher. Par Ia suite, un avertisse-

    ment au Iecteur explique que ce

    Prodomus

    est Ie texte de Kircher

    agrandi par Ies commentaires de Schott.? '

    Ces faits rvelent une difficult dans Ia rdit ion du livre de Kir-

    cher, certainement due aux critiques et aux accusations faites entre Ia

    date de Ia premire dition et 1660. Au moins en ce qui concerne Ia

    Compagnie, l'enjeu consistait dans I 'acceptation d'une diversit au

    sein de 1'Ordre en matire philosophique et, bien sr, il s'agissait

    d'une philosophie base sur Ia pense de NicoIas de Cues et sur Ies

    sources du pIatonisme chrtien reconstruit au

    XVe

    et au

    XVle

    sicles.

    Il reste un autre document relatif aux problmes de Ia prernire

    dition de l' I ter qui rvle Ies tats d' me de Ia Compagnie

    Rome

    concernant cet ouvrage de Kircher. Il s'agit d'une Iettre envoye au

    Gnral par un des rviseurs - Franciscus Dunellus - qui avaient si-

    gn Ia censure pralabIe du livre en 1655. Cette fois, il s'agit d'un

    autre livre de Kircher, Iter Secundum E xtaticum - ce travail relate un

    voyage 1'intrieur de Ia Terre, crit sous forme de dialogue comme

    le premier et publi

    Rome en 1657 - de plus Ie P. Dunellus avait

    fait partie du groupe de rviseurs qui a examin ce texte. La Iettre

    crite par Franciscus Dunellus est date du 7 mai 1657, trois jours

    aprs Ia signature de Ia censure praIabIe de l' I te r l I.

    60

    Dans ce tmoignage, Dunellus montre son Ioignement personnel

    su~ ~diosum a~ fal sum,. e t qui nul li ca~h? lico in mentem venire posset , suspicar i. Cer te s i

    scnpsisset P. Kircherus, mtellectum hominis eductum ex vena lucis divinae et increatae, nulla

    esset vel umbr a f alsitatis. Atqui in hunc sensum, tum ex rei natu ra tum ex ipso contextu de-

    buit dictum intelligi; eductum scilicet ex yena lucis i ll ius, q~am ibidem autor appellat lucem

    LUCIU:n,hoc est, IpSIUSdivinae menus, CUlUSucis parncipano, est mtellectus noster, iuxta i l-

    lud; Slgnatus est super nos etc.

    Doe . ci t . ,

    foI.

    248r.

    59 Monitio a~ lector~m. P~odomus in mundum mirabilem, cujus hic mentio s it , e st ip-

    summet lter Exstaticum Kirchenanum Coeleste, praelusionibus, scholiis, et schematismis a R.

    P. Gaspare Schotto exornatum, et auctum: versat enim animo dictus auctor opus non rnedio-

    cre, quod Mundum Mirabil em appl labit ; in quo praeter a li a, p le raque quae hoc in opusculo

    trad~ntur, fus ius expli cabuntur, e t rat ionibus pluribus s tabi li entur. Quod te, l ec tor, Iatere

    nolui, vale.

    [t er

    1660, page non numrote. Ce t avert is sement n 'exis te pas dans l'dition

    de 1671.

    .~ C~ livre de Kircher a t approuv le quatr e ma i 1657. La censu re a exig quelques

    modications dans le texte e t e lle est ensuite s igne par Franciscus Le Roy Celidonius Arbi-

    i t F ranciscus Dunellus. '

    L'EXTASE INTERPLANETAIRE D'ATlIANA

    uu s

    KlR 'IIER

    27

    des autres censeurs. Il mentionne queIques critiques faites

    I'It er Ia

    suite de sa publication; celles-ci accusaient Kircher de souten.ir d '

    propositions contraires au sens commun des coIes. Le Pre Iait u a-

    ge d'expressions bien choisies pour aIourdir Ie jugement port sur 1

    texte de Kircher. FinaIement, Dunellus nous dit qu'il avait donn

    son avis sparment contre l'dition du premier I ter.

    61

    Par ailleurs on peut aisment imaginer qu' 1'origine du texte Pro-

    p os it io n es s ex

    il y avait Ie pre Dunellus, qu'il serait le

    v ir d oc tus

    au-

    quel Schott avait fait rfrence dans son dition de 1660. Nan-

    moins, il fallait dcouvrir dans Ia correspondance de Schott Ies do u-

    ments qui lui avaient t envoyes de Rome entre 1656 et 1660.

    62

    Cela aurait t hors de propos dans ce travail. Il suffit de reconnaitr

    Ie

    v ir d o ct us

    comme un jsuite, et ses opinions taient suffisammenL

    importantes pour engendrer une rponse officielle des rviseurs.

    Dunellus a fait rfrence des critiques adresses l' I ter fait

    par v ir i i n i ll is m a te ri is v er sa ti ss im i d oc ti ss im i qu e, ce qui montre qu'il

    existait l'poque d'autres documents relatifs ce livre.

    L'

    AUDACE DE KIRCHER

    Il existe au moins deux autres critiques faites propos de ce tra-

    vail de Kircher. La premire et Ia plus importante prsente un titr

    61 Admodum Rde in Xto Pater P. C. Cum itinerarium extat icum P. Athanasii Kircher

    anno superiore in lucem editum fuiss~ non pauei graviter. tul~rin t, eo quod in ~o quampl~ri

    ma contineantur a communi scholarum sensu abhorrentia, ira ut author somrua sua pottu

    absque ull is probationibus in medium proferre~ quam aliquid ver.a solidaq ra.tio.n~nixum .lect

    ribus proponere videatur; monendam esse duxi Pem Vam me quidern aegre.m illius.opens edi

    t ionem consensuisse nec alia de causa nis i quia duo Revisores collegae mel demptis corr ti.

    que nonnullis, illam' permitti posse censueru.nt. Nunc. ver~ cum .multi viri graves et. d?

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    28

    tr s suggestif: M ira K ircheri in su o Itin erari o E xst atico A ud acia , Pre-

    sumpt io, a c T eme r it a s/ Ce texte anonyme accuse un immense cart

    ntre les rfrences culturelles de son auteur et celles du P. Athana-

    ius. Il s'agit d'une critique incisive sur ce livre, qui commence par

    dmontrer Ia faiblesse de Kircher en ce qui concerne ses fondements

    probables ou rvls. L' auteur du M ir a K ir ch eri nie que les thses

    outenues dans l' I ter aient un quelconque appui chez les Pres ou

    dans les Ecritures. Evidemment, aucun Pre de I'Eglise n'a avanc

    que les toiles taient composes de solide et de liquide; de mme

    qu'il

    n'y

    avait ni fleuves, ni ocans, ni montagnes dans les astres.

    Il dnonce encore l'absence de tout l ien entre Ies proposit ions de

    Kircher et I'exprience. En particulier, le texte rfute l'ide que les

    toiles soient disperses

    diverses distances de Ia Terre, et que leur

    nombre soit plus grand que celui des lus.

    64

    L'auteur montre qu'il n'y

    a pas de preuve ni physique, ni mathmatique, capable d' assurer que

    Ies toiles fixes ne sont pas sur Ia mme surface, puisqu'il n'y a pas

    de parallaxe perceptible.

    Cependant, c'est au cours du deuxime chapitre que le

    Mira

    Kir-

    ch~~ avance les critiques Ies plus dures sur ce livre. Il s' agit de six

    crrtiques, dont quelques-unes coincident avec celles faites du

    v ir d oe -

    tus publies par Schott: 1 Kircher nie que Dieu puisse avoir cr

    plusieurs mondes ou bien qu'il puisse avoir cr ce monde plus grand

    qu'il n'est; 2 Kircher soutient que le monde est anim, et que Ies

    corps clestes se nourrissent des eaux supracIestes - proposition

    casse dangereuse

    i n l id e;

    3) quoique Kircher nie Ia thorie coperni-

    cienne du mouvement de Ia Terre, ses ides Ia renforcent; 4) Kircher

    donne aux astres toutes Ies conditions ncessaires et suffisantes pour

    qu'il y ait des vgtaux et des animaux, il s'agit mme d'une conclu-

    sion ncessaire de son A r s A nal og i ca , cependant ilIe nie certainement

    63

    Il s'agit d'une copie manuscrite en 20 feuilles conserve

    Ia Biblioteca Nazionale

    e.ntra~edi. Roma, ~ondo G~suitico 1331 (15); dsormais Mira K ireheri. L'exemplaire apparte-

    nau

    I ancien College Romain, comme tout l e fonds dans lequeI il est class. Mira Kirehe ri est

    compos de cinq chapitres don t le premier po rte le titre du documen t; le deuxime Suspec ta

    ~i reheri d oe ~n a; le troisirne, Kireheri a liquot ig norantia; le suivant, Pu gnantia edntraddito-

    a ;

    le der.Ner,

    Fa~sa et ab surda .

    Il ne porte pas de nom d'auteur ni de date. Cependant,

    J

    .0. t Iait

    partir de Ia prernire dition, comme le dmontre les rfrences aux passages

    ritiqu s.

    64

    eptimo palrnariis audacia, et temeritas merito videbitur, quod nulla fretus certitudi-

    11 '

    P R. 2,6 et 27 ait, ?aud dubie s te ll as inerrantes, non in eadem firmamenti superficie s iue in

    ad m a ferro remononem collocatas esse, sed eas in lnt imis lmmensisqu eiu dem Cirmamen-

    li r . ibu , in xpl icabili distantia remotis contineri: et quidem mult itudin innum rabil i

    1 1 1 1

    266: d ut

    t

    lIarum num rus omnium electorum numerum x ti,

    11 1

    hir

    ,1 11

    r pag.

    ~~ 6 omni I. Mira Ki rbceri,

    f

    1. lu .

    L'EXTASE INTERPLANETAlRE D'ATIIANA J S KlHlI.lt

    29

    par peur de I'inquisition; 5) Kircher nie les formes substantiell s; 6)

    enfin Kircher nie Ies formes accidentelles. 65

    L:auteur du Mi ra K i rc he ri a bien compris le travail d' anantis -

    ment des arguments classiques contre Ie mouvement de Ia Terre, Iait

    P

    ar Kircher. Ce n'est pas pour rien qu'il a t accus d'avoir dsob i

    ., 66 C d t

    aux dcrets de l'Eglise concernant ces maneres. epen an, c

    n' est pas pour avoir rfut ces arguments contre le mouvement de Ia

    Terre qui s'ensuit que Kircher prvariquait. Aprs l'analyse qu'on

    a pu tablir d'apres le contenu du livr~.de Ki~ch~r, ~ ~st ~Iair q~e I'e-

    xigence du rle central de Ia Terre s imposait a lui a raison d argu-

    ments finalistes, et par sa conception de I'homn:

    e

    microcosme.

    passage renforce I 'vidence d'une incomprhenslOn profond~ - ou

    peut-tre d'un dsaccord complet - des thrnes, et des ~on~IusI~n~d

    Ia philosophie du Cardinal de Cues de Ia part de celui qui a ecnt I

    Mi ra K i rc he ri .

    La dernire cri tique prsente dans ce deuxieme chapitre du ma-

    nuscrit voque elle aussi un grand problrne pour Kircher. Son aut ur

    fait remarquer que le P. Athanasius tabHt une identi t entre

    Lu x,

    Lumen

    C alo r e t Ig ni s. Et i1conclut: Ia m i gi tu r

    Lux Lumen

    et c~~or,

    neque accidentia p ro pr ie d i~ ta

    sunt

    sed ~ubst a : zt i ae, et C01,?o ra, sc ilic

    t

    ig nis u t K irch ero p la cet; 67 ils. ne pO,uv~lent et~e des aCCI?~ntspar

    A

    qu'ils seraient venus du Soleil. Il dduit que I ~n p~ut utihse,r le ~

    me raisonnement pour Ie froid. Finalement, il Iait une dducti n

    semblabIe pour dmontrer que Kircher ne croit pas que.I'~u~dit~ t

    que Ia scheresse soient des accidents. Toutes Ies qualits pnmair .

    65 I l e st fort probable que ce texte est li Ia dnonciation .d? v ir d o et us. ~ existe un .

    ressemblance quant au fond de certaines questions, et des proposttons chez le V i r d o et us qui

    rptent

    presque mot

    mot le

    Mira Kirche ri;

    par exellple: . . .'

    Vir doctus: Propositio VI. Tolerari non debuit, quod P. Kircherus sive studio, SIV~ x

    inadvertentia dixit pago 38 intellectum hominis ex vena lucis a Deo esse eductum. SUSpl ~ .

    nem vere movet, id non tam casu excidisse, quan,t praeconcept? e~r?re pro,?anasse, quod. alI.b,

    pago 293 ait, lucem primigeniam primum esse tonus naturae prmcrpium actrvum, generatlOOl

    que rerum unicam originem radicem. lter p. 489.. . .. .. .

    Mira Kircher i: Deinde, studio ne dixit, an forte ex madv.ertenua ipsi excidit , quod

    ~

    pago 38. lntellectio homin is ex vena lucis a Deo esse edu~tum, id certe quocu'?9

    ue

    modo di

    tum sit tolerar i non debu it. Suspicionem vere monet, id non tam c~su excidisse, .quarn x

    habitu ~rroneo profluisse quod alibi, pago scilicet .293 ait

    lucem pnm~m esse ~OtlUS.

    a lu .

    rae principium activum, generationisque rerum umcam onginern et radicern. M ira K ircberi ,

    foI. 8v- r.

    66 Denique licet pago 73 et 320: motum telluris reiiciat et in,tpugne~, id tamen tam. in{ .

    Jicit er facit (quod sequenti capite ostendemus) ut causae praevancare. vldeatu~, nequ id x

    animo facere, sed ne quid (u t ipse ait pago 28) Sacrae Romanae Ecclesia decretis, atqu in ti

    tutis aperte contrarium asserat.

    Mira Kircheri,

    foI.

    6v .

    67 M ira K ircheri, fol . 9r.

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    o

    CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    raient des substances; par consquent, les qualits secondaires en

    raient eIles aussi. La conclusion finale est trs importante:

    Quod si quali tates primae accidentia non sunt, secundae quoque, quae

    riuntur ex primis, accidentia non erunt, sed ut primae corporea quaedam

    {fluvia sunt, ita secundae ex talium effluvium permixtione constituentur,

    ut manifestum est , atque ita nulla prorsus erunt in rerum natura accidentia.

    IIoc autem stare non potest cum fide transsubstantionibus in sacramento

    ucharistiae, ut absque maiore daclarat ione satis evidenter constato Patet

    igitur Kircheri doctrinam esse valde in fide periculosarn.s

    Kircher a donc t rang du ct des hrtiques, parce qu'il n'ac-

    ceptait pas le dogme de Ia prsence reIle du corps du Christ dans Ia

    clbration eucharistique. Bien sur, si les qualits primaires taient

    des substances, il ne serait pas possible que 1'hostie devienne le corps

    du Christ aprs Ia conscration. II est reconnu de nos jours ce que ce-

    la signifiait au XVlIe sicle.s? Cependant, les dductions de l'auteur

    du Mi ra K i re he ri ne sont pas exactes: Kircher expliquait l' identi t en-

    tre Ia lumire et Ia chaleur en ce qui concerne leur propagation du

    corps solaire, ce qui ne nie pas ncessairement l 'existence de quali ts

    primaires. Quant 1'humidit, il ne parlait que de l 'influence lunaire

    sur ce qui est humide sur Ia Terre. De toute faon le Mi ra K i re he ri se

    prsente comme un document ouvertement antikirchrien, et il est

    fort probablement l'oeuvre de quelqu'un de bien vers dans Ia Tho-

    logie. Le texte ne fait aucune rfrence aux propositions interdites

    par

    lOrdinatio

    de 1651.

    L' autre cri tique est beaucoup plus douce. EIle a pour titre: Dubi-

    tat ione s A liquot O bservatae in It in erario E xtatieo D oetiss. P a tr is A tb a -

    nasii Ch ireheri 5 J II s'agit d'un texte manuscrit qui prsente neuf

    doutes d'une nature entirement diffrente de ceux du texte ant-

    rieur. Ces doutes manent d'un savant du XVlIe sicle qui ne travail-

    1 pas sous 1'observance stricte de Ia philosophie pripatticienne. Le

    savant s' inquiete par exemple du fait que Kircher ait soutenu l'existence

    d'une influence rciproque des corps dans le monde; il reproche

    Kircher de ne pas avoir expliqu Ia nature prcise de Ia puret des

    aux mises sur les plantes - sont-eIles vraiment des eaux distil les?

    68 Mira

    Kircberi , foI.

    9v-l0r.

    69

    Pour une analyse rcente du problme de I'Eucharistie et de son importance pour Ia

    mpagni de Jsus au XVI Ie sicle, voi r P.

    REOONDI,

    Galileo Eretico Torino, Einaudi, 1983;

    p. 2 7287.

    70

    d um nt est con erv

    Ia Biblioteca Nazionale di N poli, M. Ilr n iano

    II~I, ol. O l5. 1 1 n porr nu une indi ation d'auteur ni d d I

    L'EXTASE INTERPLANETAlRE D' ATIlANA

    IUS

    KlI(

    IIll.Jl

    II s'interroge. Par ces caractristiqu s, c manuscrit ne nous intr s

    ici qu' titre d'exemple de l'extension des proccupations relatives

    l Iter de l' poque.

    CONCLUSION

    Finalement, vers les annes 1650 et 1660, Kircher tait au som-

    met de son prestige Rome. II tait charg de dcrypter des hirogly-

    phes et de coIlaborer Ia construction de quelques-uns des plus pre-

    stigieux travaux publics de cette poque, Ia Fontana dei Fium i, par

    exemple.?' II n'aurait pas t facile de faire condamner, mrne dans

    un procs interne, un philosophe si prestigieux; en outre, ses cri-

    mes n'taient pas dmontrs, comme 1'aurait voulu l'auteur du

    Mira

    Kireheri.

    Cependant, le fait qu'il y ait eu un philosophe jsuite clebre

    Rome, vers Ia moiti du XVlIe sicle - peine une vingtaine d' an-

    nes aprs Ia condamnation de Galile - et qui ait crit un livre de

    Philosophie Cleste fond sur Ia pense de Nicolas de Cues impos

    une rvaluation du rle effectif de 1Un if orm it as Do et ri na e au sein d

    Ia Compagnie. L'existence de ce jeu de critiques, de dnonciations,

    de rponses et de rpliques remet en question Ia croyance en un

    Ordre des jsuites disciplin et uniformment vou au combat des

    hrsies.

    LIter n'tait pas seulement un livre contrare quelques proposi-

    tions de Ia Philosophie d' Aristote, il touchait le fond de Ia scolasti-

    que, bouleversant ses mthodes d' exposition et plusieurs de ses con-

    clusions concernant Ia Philosophie Cleste. II ne s' agit pas d'un

    nouvel aristotlisme, d'une philosophie renouvele mais encore an-

    cre sur ceIle d'Aristote. La pense que Kircher nous expose a son

    fondement aux antipodes de Ia scolastique.

    Sa pense ne se limite pas aux ides du Cardinal de Cues. Kir-

    cher tait descendant du platonisme chrtien de Ia Renaissance, dans

    tout ce que cette tradition comporte de complexe, d' clectique et de

    contradictoire. Kircher n'a pas fait rfrence dans cet ouvrage quel-

    ques autres auteurs de sa prdilection prsents dans plusieurs de ses

    livres: Herrns Trismgiste, par exemple, souvent cit dans son

    Oed i-

    pus Aegyp t iacus.

    'Malgr les crit iques et Ia dnonciation qu'il a subies, Kircher ne

    71 V. RrvOSECCHI en parle dans son Esotismo in Roma Barocca dj cit.

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    32

    CARLOS ZILLER CAMENIETZKI

    s'est pas mal comport, il a russi trouver une issue au conflit qui

    lui soit partielIement favorable. Cela n' a eu lieu que partielIement,

    parce que les autres ditions de I'

    Iter

    furent faites en AlIemagne; et

    parurent avec une

    Facultas

    qui ne le mentionnait pas - il s'agissait

    probablement du rsultat d'une manoeuvre habile du P. Schott. Ap-

    paremment, il n'y eut pas de sanctions significatives I'encontre du

    P. Kircher en reaison de son engagement philosophique. Apres

    l Iter

    il a publi une vingtaine de livres et il a toujours gard ses fonctions

    au ColIegioRomano.

    SUMMARY -------------,

    In the dialogue Iter Exstaticum Athanasius Kircher presents his

    cosmological and astronomical conceptions. The main influence on

    Kircher's work is the philosophy of Nicolaus of Cusa, despite the

    presence of several, some times conflicting, elements of other

    philosophies. In spite of being approved by the internal censorship of

    the Jesuits, the text was denounced to the General of the Society,

    causing a polemic among the censors. The text and its later editions

    demonstrate t