Cannabis et tabac (trafic et consommation en France)

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Synthèse d'articles tirés de mon blog @Geographedumond

Citation preview

Cannabis et tabac, trafics et consommation

25 octobre 2006. Espagne et Maroc. Dans un article d'El Mundo intitul Les beaux jours du narcotrafic, (voir Courrier International), il y a de quoi mditer sur le regard que les Europens portent sur le Maghreb en gnral, et sur le Maroc en particulier. Cette interprtation fallacieuse de l'loignement ponctue jusqu'aux discours : on parle des "liens qui unissent" l'Europe et l'Afrique du nord, de ce qu'il y a de commun "entre les deux rives de la Mditerrane" ; tant sous- entendu qu'un quasi ocan nous spare. Cette distance sous-entendue s'enrichit parfois de clichs exotiques : le dsert, les muezzins, les palmiers, etc. Ces lments constituent le dcor d'un ailleurs de pacotille. Qu'importe si l'on trouve ces traits de paysages en Andalousie !Ali Lmrabet veut indiquer dans son article que le cannabis rapporte beaucoup d'argent aux montagnards marocains, et bien plus encore aux rseaux de trafiquants. Ceux-ci bnficient d'une impunit garantie par des appuis au plus haut niveau de l'Etat. Le journaliste dcrit comment les oprations de police ne parviennent pas venir bout du flau. Pour lui - il s'appuie sur le ressenti des Marocains qu'il a rencontrs - la lutte contre la drogue obit surtout des impratifs de politique intrieure. Le rgime met en scne les forces de l'ordre pour des "purges cycliques" censes augmenter sa popularit, "glorifier le travail du gouvernement".L'article se termine par le renvoi un rapport datant de 1996 et manant de l'Observatoire gopolitique des Drogues. Celui-ci tablissait des "liens troits existant entre de hauts responsables du pouvoir et les narcotraficants". Ali Lmrabet saisit cette dernire occasion pour rappeler que le monarque de l'poque - Hassan II - n'avait gure apprci ce rapport et tent d'en empcher la diffusion. Le pouvoir loigne les puissants des plus humbles, il corrompt ; saisissante nouveaut.Mais pourquoi le cannabis pousse-t-il si facilement au Maroc, dans ce pays apparemment si sec ? La montagne marocaine (ici) bloque au contraire les influences ocaniques ; dans un environnement extrieur marqu par le manque d'eau, les reliefs reoivent des prcipitations qui dpassent mme les standards de l'Europe ocanique. De l'eau et de la chaleur : le cannabis ne demande rien de plus. Les surfaces cultives ne cessent de s'tendre depuis les annes 80 (voir rapport), l'poque de la movida en Espagne qui suit la mort de Franco, la priode durant laquelle l'Espagne rattraper son retard conomique et intgre la CEE (1986).Les rseaux de drogues se dveloppent grce aux consommateurs europens. Mais la demande prexiste. Une chose est nouvelle : l'augmentation des personnes susceptibles de vhiculer les marchandises, clandestins payant cher leur transbordement illgal vers l'Europe. Dans les annes 1990, l'conomie espagnole manque justement de main d'oeuvre faiblement qualifie et mal paye, ouvriers bientt employs ici dans les serres tomates, l dans le BTP. Et puis les montagnards - en particulier ceux du Rif - se trouvent quelques (dizaines de) kilomtres de la frontire terrestre entre le Maroc et l'Espagne (enclaves de Ceuta et de Melilla). Un peu plus l'ouest Gibraltar, seulement quatorze kilomtres sparent l'Europe de l'Afrique.Le "ouf ! C'est loin de chez nous" me laisse rveur.*13 novembre 2006. Sahara algrien (et trafics divers) Grard Davet et Piotr Smolar livrent dans le Monde les conclusions dune danalyse ralise par le renseignement franais propos du Groupe Salafiste pour la Prdication et le Combat (GSPC). Les premiers paragraphes donnent de nombreux dtails sur lorigine de lorganisation, ses objectifs, et le contexte particulier de lAlgrie : en rsum, lamnistie prononce par le prsident Bouteflika lintention des terroristes repentis na dclench aucun miracle.Ne disposant personnellement daucune information confidentielle, je me garderai bien dajouter quoi que soit. Dautant que la filiation entre les GIA et le GSPC rappele par les deux journalistes me renvoie quelques souvenirs concernant lorigine des premiers, les liens dcouverts tardivement entre ceux-ci et les services algriens, soucieux de rendre crdible linterdiction du FIS en 1991 en fomentant eux-mmes des troubles. Je garde de lamertume, parce que jai moi-mme succomb lpoque cette pense conforme qui justifiait (de part et dautre de la Mditerrane) les exactions policires dcides Alger au nom de la lutte contre les barbus assassins. Sous la table des diplomates et des militaires rgneront toujours les coups bas : les erreurs dhier semblent en tout cas avoir la vie dure Les Touaregs, qui reprsentent 80 % de la population dans le nord du Mali, sont entrs en conflit ouvert avec le GSPC. Ils reoivent une aide logistique des services algriens, et mme amricains. Jai donc renonc dmler le vrai du faux dans ce genre d'affaire, pour tenter de mattaquer lintangible.Dabord lhistoire. La France officiellement spare de lAlgrie depuis quarante-quatre ans, envoie son ministre de lIntrieur mais nobtient mme pas la liste des anciens prisonniers bnficiant de lamnistie, et circulant librement dans la nature. Les termes de l'article dcrivent lorganisation salafiste en 2006, mais les plus anciens reconnatront une vieille musique : cellule dAlger , mir , neuf rgions , attentats dans la banlieue dAlger , katibats , frontires Du point de vue gographique, la carte [ici] balaie les ides prconues sur les pseudo - frontires extrieures de l'Algrie, qui recoupent le dsert algrien au sud de lAtlas. 4 000 kilomtres de champs de dunes (ergs) ou dtendues pierreuses (regs) : autant dire linfini. Sur une distance moindre de moiti la frontire entre le Mexique et les Etats-Unis les Amricains peinent endiguer la migration des clandestins. Et les autorits algriennes prtendent exercer un contrle strict de ses confins sahariens ? L'arme franaise en sait quelque chose. Les autorits maliennes ou mauritaniennes ont quant elles depuis longtemps abdiqu.Ainsi, les nomades continuent prgriner la rpartition des Touaregs et/ou Berbres colle lorganisation physique et non politique du Maghreb . Ils vivent en thorie de llevage. Mais si lon en croit les sources de Grard Davet et de Piotr Smolar, le commerce rapporte bien davantage. Lun des mirs du GSPC, Abid Hamadou, chef du katibat Tariq ibn Ziad, voulait acqurir des AK-47, des mitrailleuses, des obus de mortiers, des roquettes ainsi que 1 000 grenades. Comment des chvres ou des chameaux suffiraient-ils financer les groupes terroristes ?Admettons quaucun argent extrieur ne leur parvienne. Les journalistes du Monde expliquent eux-mmes que le GSPC essaie de renouer avec d anciens sympathisants, en France, en Italie et en Allemagne, qui avaient pris leurs distances pour se consacrer divers trafics (vtements, cigarettes, voitures, drogues). Qu'en est-il des filires de migrants clandestins ? Comme la meilleure des reconversions consiste effectuer le mme travail pour son propre compte, on peut supposer que les groupes terroristes gagnent beaucoup dargent en trafiquant, grce la politique de prohibition mene par les Etats europens qui fait monter les prix sur le march au noir.Je terminerai donc par l'exemple de la cigarette (que je nallume jamais). Voyez ce tableau. Le cot de fabrication dune cigarette par un industriel amricain slve 0,013 $ lunit. Sachant quune cigarette est vendue en France 0,19 $ [0,25 ], le trafiquant peut potentiellement multiplier par 14,6 son investissement de dpart en vendant sa marchandise au prix des buralistes. Trafic de cigarettes juteux.*1er juin 2007 Prenons dabord un avion de tourisme aux antipodes des jets ultramodernes effectuant des vols intercontinentaux, un Cessna 172 nayant rien des standards davions de ligne, vendu des milliers dexemplaires. Totalement banal, il passe inaperu au point davoir djou plusieurs reprises les systmes de surveillance radar de nombreuses armes de lair. Il se pilote apparemment sans poser trop de difficults : jen parle mon aise, moi qui napprcie rien tant que le plancher des vaches ! Cet avion vole dans sa version la plus rapide 125 nuds, cest--dire 230 km/h [voir ici les conversions ] mais il peut assez facilement atteindre 300 km/h (vitesse ne pas dpasser ou VNE ). Avec ses rservoirs habituels, un vol dure au maximum six heures. On estime par consquent la distance parcourue 790 Nautiques ou miles marins (1 mile = 1,852 km), c'est dire un rayon d'action de 1.460 kilomtres.Imaginons quen prvision dune distance exceptionnelle parcourir, on ait install un rservoir ou deux supplmentaires dans le Cessna, lencontre de consignes de scurit lmentaires. Un allongement du vol ne peut que renforcer les risques dincidents mcaniques par surchauffe du moteur. Lenvahissement du cockpit par des rserves supplmentaires dun carburant inflammable met en pril le pilote. Il a soigneusement choisi la date de son vol pour profiter dune bonne mto. Il lui faut des vents porteurs rguliers qui poussent son avion tout au long du trajet ; disons au milieu du printemps de lhmisphre nord. Dans lAtlantique, au large du Brsil, les alizs sinstallent tout juste, ils vont souffler pendant plusieurs semaines du sud-ouest vers le nord-est : le Front Inter Tropical (qui dsigne la frontire virtuelle de rencontre des alizs des deux hmisphres) glisse au nord de lquateur, par leffet de la remonte de lanticyclone de lAtlantique Sud.Au mois de mai, notre pilote de Cessna va tenter de parcourir plus de 2.500 kilomtres, grce au vent et son surplus de carburant embarqu. Ni Mermoz, ni Guillaumet, ni Saint-Ex, il ne vise aucun record officiel et ne souhaite surtout pas de publicit. Partant de la pointe orientale du Brsil, sa destination se situe sur lautre bord de lAtlantique, en Afrique de louest. Lle de lAscension sous souverainet britannique constituerait une tape idale ( 1.800 kilomtres environ du littoral brsilien), mais le risque dtre repr saccrot Entre les villes de Natal (au Brsil) et Monrovia, la capitale du Libria, la distance est de 2.600 kilomtres.Notre pilote nignore rien des risques quil encourt : au-dessus de locan, larrt du moteur signifie une mort trs probable. Un avion plus puissant serait plus sr, mais nchapperait pas la vigilance des contrleurs ariens. Mme au-dessus de la terre ferme, les longs trajets rservent des surprises, en petit avion de tourisme : voir ce cas au Qubec. Mais sil tente sa chance, cest parce que le salaire escompt est norme. Il emporte avec lui 630 kilos de cocane dune valeur de 15 millions deuros ; ce niveau, une commission d1 % reprsente dj une somme de 150.000 euros. Si jai juxtapos les hypothses pour reconstituer les dtails de ce priple, cest parce que lon a appris dans le Monde la prise de cette cargaison, qui elle na rien de virtuelle !Larticle voque un trajet impossible entre le Venezuela et la Mauritanie. En vol direct, le saut de puce mesure au bas mot 4.000 kilomtres : cest manifestement hors de porte dun Cessna, mme dop ! Je suppose pour ma part une escale au Brsil pour raccourcir la transatlantique en solitaire et en Cessna, comme indiqu plus haut. Ce premier trajet entre le Venezuela et le Nordeste implique un survol de la selva amazonienne sur des centaines de kilomtres ; sans aroports, mais avec la discrtion voulue. Il reste ensuite rallier lEurope une fois arriv en Afrique, en longeant le littoral pour traverser au plus court le Sahara, comme lpoque du Dakar Casablanca. Un hlicoptre prend ensuite le relais. Si l'on en juge par lincident final, le voyage nest pas de tout repos.Lisons Jean-Pierre Tuquoi et la saisie, dans la nuit du 1er au 2 mai, d'une importante cargaison de drogue dcharge d'un avion de tourisme sur le tarmac de l'aroport de Nouadhibou, la capitale conomique [de la Mauritanie] . Cette ville littorale se situe la frontire avec le Sahara occidental, pays fantme et province actuellement sous juridiction marocaine. Les forces de scurit mauritaniennes, nous dit le journaliste ont eu la puce loreille en apprenant latterrissage du bimoteur. Il n'aurait d'ailleurs jamais d atterrir Nouadhibou, l'aroport, en travaux, fonctionnant au ralenti. Ce n'est qu'en simulant des ennuis techniques qu'il a obtenu de la tour de contrle l'autorisation de se poser. L'appareil ayant atterri et la cocane, rpartie dans des caisses, rapidement dcharge sur le tarmac de l'aroport, deux voitures de police se sont diriges vers le Cessna. Abandonnant la cargaison, l'quipage a redcoll. Le Cessna a t retrouv peu aprs, court de carburant, pos dans le dsert sur une piste d'atterrissage improvise quelques dizaines de kilomtres au sud de Nouadhibou. Mais lquipage sest enfuit ; il bnficie dappuis et se cache quelque part dans le dsert.Jean-Pierre Tuquoi fait part de ses hypothses dans la deuxime moiti de larticle sur les complicits entre traficants et officiels, jusquau plus haut niveau de lEtat mauritanien : il voque le fils de lancien chef de lEtat, un homme politique de lancienne opposition, et un homme daffaires en vue. Outre l'enqute judiciaire, une commission administrative compose de neuf membres tudie les possibles ramifications des rseaux de drogue au sein de l'administration. Selon l'opposition, la Mauritanie est devenue (...) un maillon des rseaux internationaux de la drogue. Le journaliste convainc moins lorsquil affirme que cette affaire nuit aux intrts du nouveau chef de lEtat. La dcouverte de lavion grce un zle soudain de son administration - d'habitude plutt passive - lui donne mon sens au contraire une stature nationale et internationale dhomme dEtat intgre. Je ne crois donc ni au saut de puce (du Cessna) ni la puce loreille (de la police locale) !*11 mars 2009. France. The Economist lance un pav dans la mare ce 5 mars 2009. Comment arrter les guerres de la drogue se demande l'hebdomadaire, qui constate dans le sous-titre l'chec des politiques rpressives visant interdire la production et la consommation de drogue. Le(s) journaliste(s) - les articles de l'hebdomadaire ne sont gnralement pas signs - veu(len)t donc dmontrer qu'il existe une alternative. Tout l'intrt de l'article se situe l, car il(s) cherchent ne pas tomber dans le pige, qui serait de prner la lgalisation. Il(s) la juge(nt) mauvaise, mais au milieu de toutes les autres, la moins mauvaise de toutes les parades imaginables pour les Etats. The Economist reprend donc cette occasion les termes d'une vieille controverse sur l'absolu et le relatif. La lgalisation est relativement mauvaise. A l'inverse, la prohibition se rvle l'usage absolument mauvaise. Une fois n'est pas coutume, je donnerai une place assez large l'argumentaire de l'hebdomadaire, tout en le sectionnant au besoin. On se reportera facilement l'original, pour qui souhaitera se rendre la source. Il y a cent ans, un groupe de diplomates trangers se runirent Shanghai pour le premier sommet international de lutte contre la drogue. C'tait le 26 fvrier 1909. Ils se mirent d'accord pour crer une Commission Internationale de l'Opium, une cinquantaine d'annes aprs la fin de la Guerre de l'Opium [...] En 1998, l'Assemble Gnrale de l'ONU a engag ses pays membres oeuvrer pour 'un monde sans drogue' et liminer - ou rduire sensiblement - la production d'opium, de cocane et de cannabis avant 2008. C'est le genre de promesses que les hommes politiques affectionnent. Cela flatte le sens moral, le mme sens moral qui avait suscit la prohibition de l'opium il y a un sicle. Cette promesse est cense rassurer les parents d'adolescents du monde entier. Cette promesse s'avre pourtant irresponsable, parce qu'irralisable. La semaine prochaine, les ministres du monde entier vont se runir Vienne, pour fixer les rgles d'une politique anti-drogue dans la prochaine dcennie. Comme les gnraux de la Premire guerre mondiale, beaucoup affirmeront que ce qui est ncessaire est ralisable. Alors que la guerre contre la drogue a t dsastreuse, dstabilisant des Etats du Sud et renforant la dpendance vis--vis de la drogue dans ceux du Nord. [...] Les combats perdus d'hier ne dissuadent pas les combattants du moment. Cela flatte le sens moral. Je souligne l'expression, pour y revenir un peu plus tard, mme si c'est bien ce niveau qu'il convient de se placer. L'article continue sur le mode justificatif. Ainsi, il ne faut pas se mprendre sur le terme de lgalisation, auxquels les auteurs ne donnent pas de valeur positive. L'ONU se vante du fait que le march de la drogue est 'stabilis', ce qui signifie qu'environ 200 millions de personnes consomment de la drogue chaque anne, c'est--dire 5 % de la population mondiale, proportion qui tait celle observe il y a dix ans. [...] En ralit, le prix de la cocane a flanch, mais pas celui du cannabis. Cette guerre a sem au contraire la dsolation. Les EU ont dpens 40 milliards de dollars chaque anne pour tenter d'inflchir l'offre de drogue. 1,5 million de citoyens amricains ont t arrts pour des infractions lies la drogue. Un tiers ont termin en prison pour les mmes raisons. Les lois anti-drogues sont en outre la cause principale de l'emprisonnement d'un Noir-Amricain sur cinq. Dans les pays en voie de dveloppement, le sang a coul abondamment. Au Mexique, plus de 800 policiers ont perdu la vie dans cette guerre contre la drogue depuis dcembre 2006. Cette semaine encore, un dirigeant d'un pays agit par des soubresauts conomiques suscits par la drogue a pri au cours d'un assassinat. La prohibition a de surcrot contrecarr les efforts des soldats 'anti-drogue' tout simplement parce que le prix est dtermin par les cots de transport bien plus que par ceux de la production. Si l'on prend l'exemple de la cocane, le coefficient multiplicateur entre le prix la rcolte et le prix pay par le consommateur ultime est cent. Mme si les campagnes d'radication l'aide d'herbicides ont fait quadrupler les prix, cela n'intervient qu' la marge. Finalement, les combattants 'anti-drogue' se targuent d'intercepter la moiti de la cocane produite dans le monde. Nanmoins, la poudre vendue dans la rue se ngocie la hausse, pour une qualit moyenne en diminution. Il n'est mme pas vident que la demande diminue quand les prix augmentent. En outre, il est clair que le march s'adapte aux ruptures d'alimentation. Car la rpression amne les intervenants privilgier de nouveaux sites : ainsi l'opium a migr de la Turquie et de la Thalande en direction de la Birmanie et de l'Afghanistan mridionale. Dans ce dernier pays, la drogue enrichit les ennemis des armes occidentales. Le(s) auteur(s) retrace(nt) les tapes - clefs sur la route des drogues, avec le Mexique aux portes des Etats-Unis [Tailles larges et ttes coupes], mais aussi la Guine-Bissau, au sud de la Mauritanie [Ni saut de puce, ni puce l'oreille], pays gangrn par l'argent de la drogue et o les criminels s'attaquent aux plus hauts responsables politiques, jusqu'au prsident rcemment assassin [Le Monde]. Il(s) associe(nt) en revanche tort le dveloppement des cultures illicites en Afghanistan avec une rpression ailleurs. Cette explication compte moins que la guerre mene depuis trente ans par une partie de la population afghane : Opium, misre du peuple afghan. En plus de cet chec, la prohibition a renforc le grand banditisme au point que la puissance de ce dernier n'a connu aucun quivalent dans l'histoire. Si l'on en croit les statistiques de l'ONU, l'industrie de la drogue produirait l'quivalent de 320 milliards de dollars de matire premire. En Occident, elle transforme en criminels des citoyens respectueux des lois [...] Elle est responsable du fait que les drogues sont plus dangereuses. Les toxicomanes achtent de la cocane et de l'hrone de mauvaise qualit. Beaucoup utilisent des seringues usages et prennent le risque d'attraper le sida. Les malheureux succombant une overdose au crack ou au meth tombent de surcrot sous le coup de la loi, au mme titre que ceux qui leur livrent ces substances dangereuses. [...] Un certain nombre de gnraux courageux, en Europe et en Amrique latine reconnaissent qu'il vaudrait mieux concentrer les efforts sur la sant publique et sur les consquences : financement de la mthadone, des seringues neuves. [...] La lgalisation ferait de la drogue un problme non juridique mais mdical. Les gouvernements taxeraient et en mme temps rguleraient. Ils pourraient donner l'argent aux organismes s'occupant de la prvention ou aux services hospitaliers accueillant les toxicomanes. Bien sr, la drogue continuerait tre interdite aux mineurs. Il y aurait une chelle de prix adapte la rglementation. Ce serait dlicat mettre en place. Le plus difficile serait de faire diminuer la consommation sans encourager le march parallle, le vol et la prostitution des toxicomanes.Dans les pays producteurs, la disparition de la prohibition provoquera peu d'opposition. Mais dans les pays du Nord en revanche, il faut avouer que le tournant politique sera beaucoup moins populaire. Les parents nord-amricains admettraient aisment les consquences positives d'une telle remise en cause dans les pays producteurs (en Amrique latine, en Asie, etc...) ou sous l'angle de la guerre contre le terrorisme. Mais ils se braqueront ds qu'on rapporte la question de la drogue du point de vue de la consommation sur le territoire amricain. Ils ont peur pour leurs enfants. Cette peur est en grande partie fonde sur l'hypothse selon laquelle il y aurait une explosion de la consommation. Cette hypothse n'est pas avre. Il n'y a pas de corrlation entre la duret des lois et la frquence de la toxicomanie. [...] Entre la Sude - ligne dure - et la Norvge - ligne librale - la consommation de drogue est quivalente. La lgalisation agirait la fois sur l'offre et sur la demande. Mais effectivement, rien n'est sr. Au contraire, les ventes d'un produit moins cher, de meilleure qualit, et disponible progresseront. Les partisans de la lgalisation doivent le reconnatre. Cela tant, deux arguments anti-prohibition valent toujours. En vertu de l'un (libral), les drogues extrmement dangereuses existent, mais restent trs minoritaires. Les consommateurs ne passent l'acte qu'une fois de temps en temps (le tabac suscite davantage d'addiction que les autres). Ils en tirent autant de plaisir qu'en buvant un verre de whisky ou en fumant une cigarette. Selon cette vision librale du monde, ce n'est pas l'Etat de contrarier ce plaisir... Et puis le prjudice retombe sur celui qui touche la drogue. L'accoutumance dtruit la cellule familiale, avec des implications sociales graves ? C'est pour cette raison que les politiques agissant l'amont devraient tre centrales et non secondaires. D'un autre ct, la lgalisation offre la possibilit de traiter correctement l'addiction. Une information prcise propos des risques sur la sant complterait l'information fournie par les prix. Les gouvernements pseraient alors sur le march, les drogues dures se retrouvant marginalises. La prohibition a au contraire favoris l'closion de nouvelles drogues de synthse. The Economist claironne sa cohrence ; d'une dcennie l'autre, droit dans ses bottes. Il rappelle ses prcdents. L'(es) auteur(s) pointent les contradictions de l'Occident, premire zone de consommation mondiale de drogues illgales. Dans le mme temps, le tabac et l'alcool provoquent l'addiction et amplifient les risques cancreux, au vu et au su de tous. On lit en outre l'chec des interdictions, le malheur de toxicomanes subissant des drogues coupes, la qualit problmatique. Comble de tout, personne ne peut ignorer la conclusion pessimiste sur l'effet probable d'une lgalisation, et la hausse attendue de la toxicomanie. Mais on peut tre pleinement cohrent et laisser de ct certains aspects. Il conviendrait par exemple de dpasser la lecture Nord contre Sud.Dans de nombreuses mtropoles de pays rangs dans la seconde catgorie, les classes moyennes suprieures - sans mme parler des lites sociales - sont assez riches pour s'acheter de la drogue. A Tepito, le commerce informel a ainsi progressivement cd la place un commerce plus lucratif. Mais les habitants les plus aiss de Mexico portent la responsabilit de la mtamorphose de ce quartier pricentral [voir ici / Le Monde], au mme titre que les toxicomanes californiens financent le crime organis bas dans les mtropoles mexicaines de Tijuana et de Mexicali, de l'autre ct de la frontire. Il est aussi malais de distinguer l'Italie de l'Albanie, et l'Espagne du Maroc [Du cannabis la tomate]. La drogue, comme les immigrs clandestins ou les dtenus dans des prisons surpeuples [Les portes du pnitencier continuent de se refermer], unit paradoxalement le Nord et le Sud. Entre les deux ne demeure qu'une zone d'change, dont la vitalit incite la mobilit gographique davantage qu' la reconversion professionnelle : Bye bye New York.Sur le sujet des politiques de prvention, The Economist fait preuve de mauvaise foi benote. Car si l'existant fonctionne mal, rien n'est dit sur les causes d'une rvolution espre pour les toxicomanes la suite de la lgalisation. La distribution de seringues neuves - outre qu'elle ne serait mme pas ruineuse - n'empcherait personne de fumer un joint, d'avaler un comprim, ou de se talquer les narines. De fait, les obstacles ralentissant l'effort de prvention ne se limitent pas aux questions financires. Quel Etat riche d'Europe du nord rput juridiquement trs souple l'encontre de la toxicomanie peut-il se prvaloir d'un systme idal ? Avouer qu'il n'y a aucun miracle attendre d'une lgalisation est certes un minimum, mais elle frustre le lecteur. J'aurais personnellement apprci une seconde partie de dmonstration, dans laquelle l'(es) auteur(s) aurai(en)t vit le mot lgalisation.Pour clairer mon point de vue, j'en appelle un jeu d'enfants appel Pierre - ciseaux - feuille dans lequel - il y a des variantes d'un pays l'autre - intervient aussi un puits. Chacun des protagonistes prpare sa main dans son dos. A un signal donn il la retire et la porte devant lui en simulant l'une des quatre formes cites. La pierre casse les ciseaux. Les ciseaux coupent la feuille. La feuille recouvre le puits. Cependant le puits engloutit la pierre et les ciseaux, alors que la feuille enveloppe la pierre. Dans ce jeu, la stratgie prime sur le hasard partir du deuxime coup [Thorie des jeux]. Les politiques anti-drogues me font penser aux ciseaux se fracassant contre la pierre. En ralit, l'aune de l'histoire entame en 1909, l'Etat s'avre non - comptent. De la mme faon qu'un tribunal saisi pour une affaire qui surpasse ses attributions se dclare non - comptent. Cette distinction n'est pas byzantine mes yeux. Le mot lgalisation confre qu'on le veuille ou non une une valeur (positive) la drogue, et excuse par consquent un scandale. Car la drogue dtruit la sant, ruine les familles, et ne transmet qu'en rve le bonheur, ce bonheur que certains universitaires prtendent enseigner en cours... [Comment tre heureux...]La drogue renvoie des questions existentielles (la feuille ?). C'est donc une affaire morale qu'il ne faut pas craindre de traiter comme telle, car l'homme ne se nourrit pas que de pain. Et si les Etats persistent brandir les ciseaux, ils se montreront tels qu'ils sont devenus, incapables de dfendre les simples citoyens, semant ailleurs dans le monde le dsordre : en un mot incomptents. Voir aussi Une Poigne de noix fraches.*12 novembre 2009. Cigarettes en France. Une fois n'est pas coutume. Une video introduira ce papier. Elle s'insrait l'origine dans un documentaire de la chane M6, appel Enqutes exclusives et a t mis en ligne en 2008. Bernard de la Villardire occupe le devant des premires scnes tournes sur le port - containers du Havre [Bienvenue au Havre !]. Puis la camra tourne par-dessus les toits parisiens. Dans la rue, sur un trottoir, une sortie de mtro, les vendeurs la sauvette abordent le passant et semblent ne pas devoir se dissimuler. Tous cassent les prix officiels mais se font une concurrence acharne pour attraper le client.Le documentaire s'ternise ensuite quelque part dans les Pyrnes, au pied d'une route menant Andorre. Dans la Principaut, il n'y a pas de taxes. En France, celles-ci s'approchent dsormais du seuil des 90 %. Devant les tlespectateurs friands de scnes d'action, les douanes volantes organisent l'arrestation d'un traficant factieux qui - sentant son arrestation proche - a jet dans le ravin son sac rempli ras bord de cartouches de cigarettes. Sa dngation premire tourne la farce. A une heure du matin, deux mille mtres d'altitude, l'excuse d'une balade en montagne dclenche l'clat de rire. Mais les gabelous veillent et arrtent le contrevenant. Tous les contrevenants. Attention le crime ne paie pas. Des informations d'importance ont filtr : la nuit est sombre dans les Pyrnes, il fait froid, et de la neige recouvre les sentiers.Dans l'extrait final, on apprend que quatre-vint millions de paquets de cigarettes ont t saisis en un an en Europe (2007 ?), et deux cents tonnes de tabac en France. La camra suit le journaliste de M6 au volant de sa berline, voguant vers Le Havre. Le tlespectateur participe l'ouverture d'un container provenant d'Asie. Un douanier va plonger dans le container entend-on au rythme d'une musique compose pour Miami vice. Celui-l, il va falloir le vider.Le suspense atteint son comble, mais l'quipe file Paris pour suivre un avocat spcialis dans la lutte contre la publicit mensongre sur les paquets de tabac. Inutile d'attendre que justice soit rendue. L'industriel est prsum coupable. Heureusement, alors que l'attente devient insupportable, les reporters retournent au Havre pour des images du container vid. Des rouleaux de tissus trnent au milieu d'un hangar vide. Un homme en uniforme scrute le creux, palpe la matire, droule un mtre. Mais qu'ils le disent clairement ! En bref, le container ne contient rien de rprhensible. L, il faut soupirer dans son fauteuil. Le Figaro dcidment en pointe contre l'action gouvernementale rservait une partie de sa page 10 un sujet cens mettre en porte--faux la ministre de la Sant l'origine d'une annonce rcente sur l'augmentation du prix du tabac de 6 %. Une cigarette sur quatre achete l'tranger crit Delphine Chayet. Acquises sur Internet ou dans les pays voisins, elles reprsentent pour l'tat un manque gagner de 3,4 milliards d'euros. Cette entame illustre un triple intrt du journal pour la sant publique, l'ouverture des frontires au sein de l'Union, et les nouvelles technologies de l'information. C'est une tude du groupe British American Tobacco qui est la source principale de la journaliste. Douze milliards de cigarettes proviennent du march noir, et reprsentent 22 % des cigarettes fumes en France. Les industriels et buralistes crient la concurrence dloyale, au seuil psychologique en passe d'tre franchi. Cet argument cul a une vertu, celle de ne surprendre personne.S'ensuit une numration des pays voisins accuss de pratiquer des prix honts, l'Espagne captant elle seule la moiti des importations de cigarettes, devant le Bnlux. Les habitus de ce 'tourisme fiscal' connaissent trs mal la rglementation, qui limite cinq le nombre de cartouches pouvant tre importes d'un pays voisin. Selon les Douanes, certains autocaristes vont jusqu' proposer des voyages dont le principal attrait est l'achat de tabac bas prix. Les fumeurs oublient et les sociaux-tratres complotent. Le prsident de la Confdration des buralistes de France en veut quant lui Internet. Il recommande de fermer et de bloquer les sites illgaux. De l'aveu mme de Delphine Chayet, les cigarettes ne circulent pas par cable. Elle relve au contraire que vingt-et-une tonnes de cigarettes ont chou en 2008 dans les centres douaniers postaux d'le de France. Fermera-t-on les postes ?La voix de la raison indique le chemin. Avec une hausse de 10 %, mme en tenant compte des achats transfrontaliers, la sant publique et la fiscalit auraient t gagnantes, indique la directrice du Comit national contre le tabagisme (CNCT). Seule une harmonisation europenne tirant les prix vers le haut permettra de rgler le problme de ces achats l'tranger. Grce au CNCT, les solutions pointent l'horizon. La TVA espagnole aligne sur la TVA franaise placera les fabricants de cigarettes africains - et en particulier marocains - dans une position idale pour s'imposer en Europe occidentale. Un relvement des taxes en Grce ou en Europe orientale produira les mmes effets en Turquie ou dans les pays de l'ex-URSS. Il reste savoir ce que deviendront les producteurs de tabac alsaciens ou de la valle de la Garonne. Heureusement, des aides et subventions viennent dj au secours de la filire (ici en Alsace). Les agriculteurs ne se bousculent pas au portillon dans les Hautes - Pyrnes.Au Qubec, 40 % des mgots ramasss aprs usage proviennent du march noir. Et le problme ne risque pas de s'attnuer. Le Parti Qubecois et l'Action dmocratique du Qubec se sont dclars prts runir une commission parlementaire l'automne 2008... avant les lections. Les candidats ont sign un texte commun. Parce que la contrebande de tabac est devenue une vritable crise conomique et sociale qui envahit nos coles, menace la sant de nos jeunes, porte atteinte la scurit de nos communauts et reprsente pour les milliers de dpanneurs du Qubec une concurrence injuste, dloyale et illgale, jappuie sans rserve la tenue dune commission parlementaire sur la contrebande du tabac pour dgager des pistes de solutions rassembleuses afin de contrer ensemble et de faon dfinitive ce flau. Les diffrences entre le Qubec et la France ne sautent pas aux yeux, mme si le franc-parler se situe quand mme de l'autre ct de l'Atlantique. L'Etat ls et les jeunes pousss fumer sont deux arguments que l'on mentionne. De la mme faon, on ne se voile pas derrire un rideau de fume pour dcrire la hausse importante de la criminalit au Qubec cause de la contrebande. Ah ! Cigarettes n'taient comptes. Sur le continent nord-amricain, les zones de production de tabac restent proches du Canada, en Virginie ou au Kentucky, dans le Haut-Sud [Scession de rattrapage]. Les Antilles et l'Amrique centrale suivent un peu plus au sud. Peut-tre que les Qubecois devraient tenter de fermer leurs frontires. De mon ct, je continuerai ne pas acheter de cigarettes...*24 septembre 2013. Cannabis en France En octobre 2012 Jean-Marc Ayrault a secouru un ministre de l'Education pris partie pour une dclaration qu'il jugeait anodine. Ce dernier ayant laiss entendre qu'il ne s'opposait pas - titre personnel - une lgalisation du cannabis, l'opposition faisait ses choux gras du prtendu drapage. En dfendant Vincent Peillon, le premier ministre a toutefois rvl la fragilit de son raisonnement.Inattaquable sur la drogue vue comme un dsastre social, il propose en revanche sa seule bonne volont : "Je veux me battre contre l'conomie souterraine". Il y a un hic : la prohibition produit l'inverse de la politique prcisment recherche. Mieux mme : la vente lgale du cannabis dgagerait mcaniquement des revenus pour l'Etat sous la forme de taxes. Les incantations servent juste dmontrer qu'il y a loin de la coupe aux lvres, et que la parole politique est cause (loi) mais non consquence (sant publique)." [Le cannabis pose] un trs grave problme de sant publique pour la jeunesse. [...] Il y a un problme de sant publique trs grave pour la jeunesse de notre pays, moi je ne banalise pas la consommation du cannabis [...] Ceux qui la banalisent en disant 'il n'y a qu' mettre librement en vente et vous verrez, a marchera', ce n'est pas la position du gouvernement. Par contre, il y a une campagne mener, et d'abord l'cole, contre la consommation excessive parce que c'est dramatique [...] Quand vous voyez des jeunes qui ont fum une, deux, trois, quatre, cinq cigarettes, vous croyez qu'ils sont capables de travailler correctement l'cole ? [...] Et qu'est-ce qu'on fera aprs pour les autres drogues ? "Une enqute srieuse permet dsormais de confronter les politiques d'un ct et les donnes chiffres de l'autre. Elle repose sur des analyses d'eaux uses et non sur des sondages de consommateurs. Une gographie se dgage avec une France coupe en trois bandes horizontales (Est-Ouest). Celle du centre, saucissonne entre les deux autres, se trouve un peu moins concerne par la consommation de drogue, parce que trop loigne des interfaces frontaliers (comme disent les gographes en mal de barbarisme).Plusieurs agglomrations concentrent tous les prils : dshrence, chmage et usage de produits illicites. Sont particulirement vises celles de Lille, Montpellier et Avignon. L'originalit et la force de l'tude source tiennent aussi au nombre de territoires et aux produits cibls. A t analyse la prsence de drogues dans les eaux uses de 25 collecteurs rpartis sur l'ensemble du territoire franais : dans les petites, moyennes et grosses agglomrations (Paris); en mtropole ou en outre-mer (Saint-Denis de la Runion).C'est sans doute la (seule) faiblesse mthodologique de l'enqute : les foyers adolescents sont en effet sur-reprsents dans les communes priurbaines. Je gage donc que les taux relevs par les sondages minimisent paradoxalement la situation... Mais quel lu osera affronter cette ralit ?!Dans un rapport officiel (p.67-68) de l'OFDT. On constate que - pour la cocane entre 2005 et 2010 - la consommation Paris et dans les grandes agglomrations progresse moins vite que dans les communes de 2.000 20.000 habitants. Certes, la tendance sur des petits nombres reste peu indicative (anecdotique ?) "Les drogues recherches taient la cocane et ses mtabolites (benzoylecgonine, ecgonine mthyl ester, norcocane et coca-thylne qui se forme en cas de consommation concomitante dalcool), les drogues synthtiques (amphtamine, mthamphtamine, 3,4-mthylne-dioxy-N-mthyl amphtamine, 3,4-mthylnedioxyamphetamine et 3,4- methylenedioxy Nethylamphetamine), les opiacs (hrones et ses mtabolites 6-monoacetylmorphine et morphine), les substituts dopiacs (buprnorphine et mthadone) et enfin le cannabis (11-nor-delta-9-hydroxytetrahydrocannabinol)."Dans tous les cas, les taux parisiens frlent les records. On note galement de fortes diffrences entre la semaine et le week-end ! Pour la cocane, les taux relevs Lille dpassent les rfrences connues ; dix fois plus que la moyenne nationale : 1.400 mg/jour/1000 habitants contre 130 mg/jour/1000 habitants. Pour l'ecstasy (MDMA), les taux de Montpellier sont cinq dix fois suprieurs la moyenne nationale : 150 mg/jour/1000 habitants contre 10 30 mg/jour/1000 hab.Pour le cannabis, on retrouve en tte Lille mais aussi Avignon. [Lors du festival d'art dramatique, le taux moyen de la ville a doubl] Au total, les taux de concentration dmontrent - s'il en tait besoin - que les Franais consomment plus de cannabis que les Hollandais, alors que cette substance est officiellement prohibe.Dans le mme temps, les prises de drogue par les policiers et les douaniers continuent dfrayer la chronique. Libration montre son embarras en couvrant la saisie d'une tonne (et quelques kilogrammes) de cocane. La pese, la compagnie arienne et le lieu - un aroport parisien - devraient titiller l'esprit critique du journaliste. Il n'en est rien. Mme le lecteur peu habitu aux transports internationaux a eu connaissance des mesures drastiques portant sur le transport dans la majorit des avions : interdiction individuelle du moindre object coupant, respect des rglements sur les sacs et valises, imposition ponctuelle de fouilles au corps, utilisation du scanner...Libration se contente pourtant de s'tonner vaguement, en reprenant les termes employs par le ministre de l'Intrieur : surprise devant la prise, enqute administrative, pas de Franais dans les personnes arrtes, pas d'implication d'Air France, et surtout... pas de consommation de cocane en France. On se pince, mais non :"[La drogue] tait destine au march europen, mais pas franais, selon une source policire. Elle devait rejoindre des succursales de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, qui joue depuis quelques annes, en collaboration avec les cartels colombiens, un rle central dans limportation de cocane en Europe."Les officiels franais cherchent bizarrement mnager leurs homologues vnzuliens - de faon tonnante, tant donne l'arrestation de trois militaires locaux - et charger au contraire la Colombie voisine; o sige le mal : la production de drogue, l'acheminement, etc.Le dernier tiers de l'article concentre les rponses du spcialiste de la drogue interrog dessein : il rappelle qu'il y a des routes d'acheminement de la drogue vers l'Europe, et que celles-ci changent en fonction des mesures de lutte. Porte ouverte enfonce, qui laisse peu de place l'vidence : les voies terrestres, l'ouest de l'Afrique, montent en puissance du fait mme de l'augmentation des quantits transportes ainsi que de l'enrichissement du Sngal et du Maroc, devenues tapes de consommation intermdiaires.Sur les rseaux sahariens - avec implication de l'arme algrienne ? - Libration est all chercher un autre spcialiste, M. Guidre, sr de l'impact de l'opration Serval au Mali : "Lintervention militaire franaise a t 'un coup de pied dans la fourmilire qui a totalement perturb les trafics de drogue'" Cela ne colle pas vraiment avec l'importance des quantits saisies par les services algriens : 15 tonnes de rsine de cannabis pour le seul premier semestre 2013...