30
SAM Paper Series 11 (2002) Systèmes Agraires de Montagne Caractérisation et diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan et propositions d'alternatives techniques pour une meilleure intégration agriculture-élevage dans les zones de montagne aunord du Vietnam YaIUl Eguienta a, b, c, Cédric Martin a, b, Philippe Lecomte b, Olivier Husson a, b, Jean-Christophe Castella a, d a Mouniain Agrarian Systems (SAM) Program, VietnamAgricultural Science Institute (V ASI), Thanh Tri, If anoi, Vietnam b Centre de Coopération Internationale en RechercheAgronomique pour le Développement (eIRAD), Av. Agropolis, 34398MontpellierCedex 5, France, C Centre National d'Etudes Agronomiques des Régions Chaudes (CNEARC), Av. Agropolis, 34398 MontpellierCedex 5, France. d Institut de Recherche pour le Développement (!RD), 213 rue Lafayette, 75480 Paris Cedex la, France; and International Rice Research Institute (IRRl), P.O. Box 3127, Makati Central Post Office, 121Makati City, Philippines. Résumé Au nord du Vietnam, le développement incontrôlé de l'élevage extensifprivé à partir des années 80, associé à l'expansion des cultures de pente par abattis-brûlis dans un contexte d'accroissement démographique, ont conduit à la dégradation du milieu montagneux et à une carence chronique en fourrages naturels, à l'origine de rapports conflictuels entre agriculture, élevage et gestion des forêts. L'harmonisation de ces activités appelle à une approche systémique pour la mise au point d'alternatives localement adaptées. Etant donné la relative nouveauté de l'élevage privé et la diversification récente des systèmes de production, cela implique une connaissance fine des systèmes d'élevage et de leurs interactions avec les cultnres. Le diagnostic des systèmes d'élevage réalisé en 2000 dans la commune de Ngoc Phai parmi les communautés Tay et Dao fait ressortir une conduite plus ou moins lâche des animaux en fonction des objectifs d'élevage (travail, capital et/ou viande), essentiellement basée sur la divagation, des performances faibles et des pratiques d'éleveur et de valorisation de la fumure animale insignifiantes. Une base locale de données composites, construite à partir de différentes sources, dont ce diagnostic, a été analysée par AFCM. La caractérisation des foyers d'agri-éleveurs s'organise en 2 axes, "culture" et "élevage- temps", en fonction de critères socio-ethniques (lieu et date d'installation, âge, main d'oeuvre et ethnie), agricoles (satisfaction des besoins alimentaires et de la force de trait et importance relative des cultures de pente) et pastoraux (objectifs d'élevage, effectifdes cheptels, date de démarrage de l'élevage, exploitation du troupeau, mortalité et surveillance). Dix types d'agri-éleveurs, répartis dans quatre groupes, ont été caractérisés: (A) agri-éleveurs jeunes (moins de 38 ans), ayant démarré l'élevage récemment (après 1992), peu de buffles (1-2) et surfaces en rizières de bas-fond suffisantes; (13) idem, mais pas assez de surfaces de rizières et exploitation importante des terres de pente ; (C) foyers anciens (installés avant 1992), possédant plus de 3 buffles, pas assez de surfaces de rizières et exploitation importante des terres de pente; (D) idem (C), mais surfaces en rizières suffisantes. Cette typologie, associée à celle des foyers « non éleveurs », permet de défmir

Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

SAM Paper Series 11 (2002)

SystèmesAgraires deMontagne

Caractérisation et diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dansla province de Bac Kan et propositions d'alternatives techniques pour

une meilleure intégration agriculture-élevage dans les zones demontagne aunord du Vietnam

YaIUl Eguienta a, b, c, Cédric Martin a, b, Philippe Lecomte b,

Olivier Husson a, b, Jean-Christophe Castella a, d

aMouniain Agrarian Systems (SAM) Program, VietnamAgricultural Science Institute (VASI), Thanh Tri, Ifanoi, Vietnam

b Centre de Coopération Internationale en RechercheAgronomique pour le Développement (eIRAD),Av. Agropolis, 34398MontpellierCedex 5, France,

C Centre National d'Etudes Agronomiques des Régions Chaudes (CNEARC),Av. Agropolis, 34398 Montpellier Cedex 5, France.

d Institut de Recherche pour le Développement (!RD), 213 rue Lafayette, 75480 Paris Cedex la, France; andInternational Rice Research Institute (IRRl), P.O. Box 3127, Makati Central Post Office, 121Makati City, Philippines.

Résumé

Au nord du Vietnam, le développement incontrôlé de l'élevage extensif privé à partir des années80, associé à l'expansion des cultures de pente par abattis-brûlis dans un contexte d'accroissementdémographique, ont conduit à la dégradation du milieu montagneux et à une carence chronique enfourrages naturels, à l'origine de rapports conflictuels entre agriculture, élevage et gestion desforêts. L'harmonisation de ces activités appelle à une approche systémique pour la mise au pointd'alternatives localement adaptées. Etant donné la relative nouveauté de l'élevage privé et ladiversification récente des systèmes de production, cela implique une connaissance fine dessystèmes d'élevage et de leurs interactions avec les cultnres. Le diagnostic des systèmes d'élevageréalisé en 2000 dans la commune de Ngoc Phai parmi les communautés Tay et Dao fait ressortirune conduite plus ou moins lâche des animaux en fonction des objectifs d'élevage (travail, capitalet/ou viande), essentiellement basée sur la divagation, des performances faibles et des pratiquesd'éleveur et de valorisation de la fumure animale insignifiantes. Une base locale de donnéescomposites, construite à partir de différentes sources, dont ce diagnostic, a été analysée parAFCM. La caractérisation des foyers d'agri-éleveurs s'organise en 2 axes, "culture" et "élevage­temps", en fonction de critères socio-ethniques (lieu et date d'installation, âge, main d'œuvre etethnie), agricoles (satisfaction des besoins alimentaires et de la force de trait et importance relativedes cultures de pente) et pastoraux (objectifs d'élevage, effectif des cheptels, date de démarrage del'élevage, exploitation du troupeau, mortalité et surveillance). Dix types d'agri-éleveurs, répartisdans quatre groupes, ont été caractérisés: (A) agri-éleveurs jeunes (moins de 38 ans), ayantdémarré l'élevage récemment (après 1992), peu de buffles (1-2) et surfaces en rizières de bas-fondsuffisantes; (13) idem, mais pas assez de surfaces de rizières et exploitation importante des terresde pente ; (C) foyers anciens (installés avant 1992), possédant plus de 3 buffles, pas assez desurfaces de rizières et exploitation importante des terres de pente; (D) idem (C), mais surfaces enrizières suffisantes. Cette typologie, associée à celle des foyers « non éleveurs », permet de défmir

Page 2: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 2 Diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan

Mots-clés; Intégration agriculture-élevage, systèmes d'élevage, buffles, ruminants, diversité, typologie, fourrage,couverture végétale, montagne, Bac Kan, Vietnam.

la dynamique d'évolution des foyers pennettant de relier les différents types (A vers D et B versC). Elle constitue actuellement la base du raisonnement et de la mise au point personnalisée etconcertée d'alternatives teclmiques à l'élevage extensif des grands ruminants, devenu aujourd'huiproblématique : intégration de la production fourragère dans des systèmes de culture innovants,amélioration de prairies en rotation, introduction de cultures fourragères d'hiver et valorisation desrésidus de récolte pour l'alimentation animale. Ces réalisations sont à envisager dans le cadre d'unprocessus itératif de recherche - fonnation - diffusion et impliquent la création d'outils decommunication inédits.

1111111111111111111

1. Introduction

Le district de Cho Don, province de Bac Kan,situé dans les montagnes au nord du Vietnam,est une zone d'activité essentiellementagricole considérée comme une des pluspauvres du pays, avec une fortereprésentation des ethnies Tày et Dao.Comme dans le reste du Sud-Est asiatique,les petites exploitations familiales de moinsde deux hectares associant cultures et élevageconstituent la colonne vertébrale de sonagriculture (Devendra et Thomas, 2002a).Principale force de trait, source de fumureorganique et fonne de thésaurisation, lesbuffles occupent une place importante au seinde ces foyers agricoles dont 80% enpossèdent au moins un (Eguienta, 2000). Lesmutations du paysage n'ont pas étéaccompagnées d'une évolution des pratiquesd'élevage des grands ruminants. Ellesreposent encore souvent sur la divagation desanimaux qui dépendent essentiellement desressources fourragères naturelles: prairiesnaturelles non améliorées (principalementChrysopogon sp. et Paspa/um conjugatum),forêts secondaires et recrus forestiers. Lesétudes menées sur la zone rapportent destensions sociales révélatrices de déséquilibresdes relations agriculture-élevage-forêt: lescas de buffles mutilés suite à des dégâts surles cultures sont fréquents (Iran Quoc Hoa,1999). Il semble que la pression exercée parces animaux sur les forêts et les sols pâturéssoit un facteur aggravant de la dégradation dumilieu naturel, dans un contexteenvironnemental peu favorable (Husson etal., 2001).En effet, depuis la décollectivisation del'agriculture, à la fm des années 1980, lesréfonnes foncières successives et la pressiondémographique croissante ont poussé lespopulations montagnardes à un retour auxpratiques ancestrales d'abattis-brûlis sur lesterres de pentes, dans des systèmes de

riziculture pluviale en succession avec lemanioc et une jachère longue. Ces pratiques,aujourd'hui, sont particulièrement remises enquestion, dans le contexte de saturation del'espace agricole: la diminution des temps dejachère (12 à 20 ans auparavant contre 3 à 5actuellement) freine la régénération des forêtssecondaires, ce qui entrame une dégradationde la fertilité minérale des sols cultivés etprovoque des phénomènes d'érosionimportants (Castella et al., 2002).

La gestion des ressources naturelles dans cecontexte appelle manifestement une approcheholistique prenant aussi bien en comptel'élevage que l'agriculture et le milieunaturel. La nutrition et le manque deressources fourragères sont les contraintesmajeures affectant la production animale aunord du Vietnam comme dans le reste du sud­est asiatique (Devendra et al, 2002a).Parallèlement, Le prix du kilogramme deviande bovo-bubaline a doublé entre 1995 et2000, et tend à favoriser l'émergenced'élevage plus marchands (Helvetas, 2000).L'association agriculture-élevage, à traversl'alimentation du bétail, fournit ainsi un pointd'entrée pour des pratiques porteuses dedurabilité comme l'introduction delégumineuses fourragères ou des systèmes desemis direct sur couvert végétal (Devendra etThomas, 2002b ; Rollin, 2000). Pour mener àbien cette association, il convient au préalabled'avoir une connaissance approfondie del'élevage et de sa place au sein del'exploitation agricole.

Un diagnostic réalisé au cours de la saisondes pluies 2000 (avril à septembre), à partird'enquêtes sur deux villages du district, apennis de caractériser les systèmes d'élevageainsi que leurs interrelations avecl'agriculture et la gestion des forêts, d'enévaluer les performances et les contraintes(Eguienta, 2000). L'objectif de ce document

Page 3: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguirmta, e. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.e. Castel/a, / SAM Paper Series Il (2002) 3

Le dispositif de collecte (tableau 1) de cesinformations associe observations de terrain,enquêtes exhaustives et entretiens formels ouinformels avec des personnes ressourcesanCiens, officiels (chefs de village, decommune, du parti, etc.), cadres locaux(services agricoles, techniciens, etc.). Cedispositif s'inscrit dans une démarche pluslarge de caractérisation et de diagnostic de larégion, initié dès 1999 (Castella et al., 1999).Il complète une base de données exhaustivecaractérisant déjà, pour chaque famille, lessystèmes de culture et la structured'exploita tion.

effectifs du troupeau, surveillance,exploitation agricole des pentes) et à desperformances (croît du troupeau, mortalité,satisfaction des besoins en force de trait,satisfaction alimentaire à partir du rizirrigué) ; puis de faire émerger une typologiefonctionnelle des éleveurs mettant enévidence des catégories et des trajectoiresd'éleveurs susceptibles d'évoluer vers despratiques organisationnelles ou destechniques innovantes dont l'élevage seraitun moteur.

Les exploitations agricoles familiales desmontagnes nord vietnamiennes, bien quecentrées sur la riziculture irriguée, constituentdes systèmes complexes associant cultures,arboriculture, élevage et prélèvements sur lemilieu naturel. L'élevage est ainsi abordécomme partie intégrante de ces systèmes. Ladémarche mise en œuvre s'appuie donc surles éléments de l'approche systémique (tigure1), le système d'élevage étant alors défmicomme "la combinaison des ressources, desespèces animales et des techniques etpratiques mises en oeuvre par unecommunauté ou par un éleveur, pourvaloriser des ressources naturelles par desanimaux" (Lhoste et al, 1993). Elle consisteà lier les caractéristiques de la famille, dessystèmes de culture et des systèmesd'élevage, à des pratiques (gestion des

2. Démarche de recherche

est de caractériser la diversité des foyersd'éleveurs, à travers leurs pratiques, leursobjectifs, leurs contraintes, leurs besoinsspécifiques afin de permettre la mise au pointet la diffusion d'innovations techniquesadaptées et durables.

l'AMILI~E

- Main d'œuvre disponible- Début de l'activité d'élevage- Ethnie- Village- Type de trajcctoirc (classiqu."mig-nltion, succession)

1

1

111

1

11

1

1

11

111

SYSTEMES D'ELEVAGE DE GROSRUMINANTS

- Nombres d., buflles- Niveau de diversification des espèc.,"S de ruminants- Performances : croît net, Laux de Ulortaljlé

SYSTEMES DE CULTURE

- sUTfaces de ptmtesl surtaees de paddy

1Figure J : Dispositild'analyse des foyers éleveurs selon l'approche systémique

1 3

11

Page 4: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Tableau 1: Dispositifde collecte de données

BibliOjiiphie

Bibliographie

Source extérieure

Cartes officiellesRelevés administratifs(province, commune et

village)

Echantillon

Echantillons de foyer82 foyers (soit 45% desfoyers couvrant 70% du

cheptel)Eclliiitillons (Je foyer

82 fuyen (lOit 45% desfoyers cou 70010 du

cheptel)

Enquêtes exhaustives

Enquêtes sur les pratiquesObservation

Entretiens informels

Eiqiietes sur les pratiquesObservation

EJ1tretiens informels

Etude de cartesTransects, visites de terrain

DIspositifsurve literature stakeholders

Performances

Bloc diagrammes

Pyramides des âges

Produits de l'analyse

CalendrierBesoins en force de trait

cription pratiquade surveillance

Gestion de l'alimentationDescription des pratiques

Productivité et dyoanùquesd'évolution des effectifs

Caractéristlques étudiées

Unités de Ressources fourragèresRépartition - Surfaces

variations

Conduites et pratiques:Reproduction, alimentation, surveillance...

Productions

Composantes

Caractéristiquesdynamiques

Animal (état individuel)

Espace villageoisRessources fourragères

Autres ressources agricoles

Pôles

Interfacecoh&ellee

Territoireet

systèmesde cultureIBterfaee: I-,C~ODIpOl'temelI===~t~aJ!funen=~taIre='~,.....--n~lac=emen='-'ts:-ile~s~ammaux==~-""I~--r;awg~=es~-~...r~~v~l:":ja~es:-tr~o==u~p~ea::ux~aux~parço==UI'S~lliveau de et spatial Ressources utilisées Description Cueillette du berger

coh&ellee 1----......-----....--Troupeau Etat Espèces, race, type génétique

EffectifComposition, structure

Taux d'exploitation et croitEvénements sur Je troupeau (naissances,

pertes, achats, ventes)Carrières des femelles reproductrices

Etat sanitairePerformances individuelles

Viande, lait, laine, ...Fumier, travail, transport".,

L'éleveur

Interfacecoh&ellCe

Ethnie, familleStructure d'exploitation

Histoire, projetsOrganisation de l'élevage: agents, fonctions, centre de décision

Organisation 4u travail: famille, autresgaui 'on

Gestion de l'espace et des ptturagesConfIi1S et enjeux lUI' le territoin:

Strat6giea (ftmturc ete.)

Logique socio-économiqueOrganisation sociale

Structure globaled'exploitation

CCI wasrammeDeseription des pratiquesHialOrique des p41Ut1p

CaractériJation des Cl\Ïeux

Enquêtes exhaustives .

Eiitretiens ouver!ll, formeli ouinformels

et eDqI1&I sur les plItiques

183 foyers (totalité desfamilles)

PersOiincia _sourœs(chefs de village, de

CODIIIIIIIIe, repréaeDtanlldu parti, anciens, entàDta­prdiens, lU1ICS lCteUrI

locaux)

Base de données ProjetSALVI 1999, actualisée

BibliOjiipliie

Page 5: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguienta, e. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.e. Castel/a, / SAM Pape,. Series Il (2002) 5

111111

3. Caractérisation des systèmesd'élevage

L'étude a été menée sur deux villages auxsituations contrastées (tableau 2) PhiengLieng est un village à majorité etlmique Tày,et Ban Cuon à majorité Dao de la communede Ngoc Phai, District de Cho Don (figure 2).Les systèmes Tày sont traditionnellementcentrés sur la riziculture irriguée de bas-fond,les Dao, à l'inverse, sont d'anciens senll­itinérants qui exploitaient les pentes encultures pluviales. Phieng Lieng présenteainsi une surface de rizières irriguées parhabitant supérieure à celle de Ban Cuon etune part relative des cultures de pentes plusfaible (Castella et Erout, 2002)

Tableau 2 : Présentation des deux villages étudiés

3.1 Ressources et pratiques d'élevage

L'espace est fortement structuré par le relief(rizières en bas-fond, habitations et jardins enbas de pente, prairies, forêts et culturepluviales sur les pentes) L'utilisation del'espace sur les pentes est réglementé depuis1996. Le pâturage des grands ruminants sefait principalement sur les parcours collectifssitués sur les pentes éloignées de l'espaced'habitation. Le relief et des aménagements(clôtures, fosses, etc.) séparent la zoneofficielle d'élevage de la zone de culture etd'habitation. La mise en culture des terres deparcours collectifs est cependant tolérée àcondition qu'elle n'excède pas deux à troisans, les jachères pennettraient alors lemaintien des prairies naturelles.

1111111111111

Nombre Nombre Surface totale Surface moyenne Surface moyenne de Nombre moyende foyers d'habitants (ha) de paddy par terres de pentes cultivées de buffle par foyers

habitant (m2) par foyer Cm2)Phieng Lieng 76 382 1287.8 518.4 2506 23

Ban Cuon 116 623 1578.7 298 2249 2.2

~~'~'lr~~~ .. ~... . a ••••••

•Limite de commune

Limite de districtI{J Sites de recherche du projet SAM

CHO 00 District

Fif:Ure 2 : Localisation du site d'étude

Page 6: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 6 Diversité des systèmes d'élevage buvo-bubalin dans la pruvïnce de Bac Kan

1111111111111111111

Les ressources fourragères disponibles sur lesparcours et en forêt sont très hétérogènes. Larotation, le repos des pâturages,l'amélioration des prairies sont des pratiquesabsentes du patrimoine technique local.Depuis leur mise en place, ces parcours ontsubit une évolution différente dans les deuxvillages. Dans le village Dao, la zone depâturage est fortement colonisée par lescultures de riz pluvial et de manioc. Lapression foncière conduit à une réduction dutemps de repos des parcelles, l'espacepâturable est ainsi limité aux terres les plusdégradées. Dans le village Tày, les surfacescultivées sur les parcours collectifs sontfaibles, les pmiries ne sont pas entretenues. Ilen résulte un envahissement des parcours pardes espèces non appétées, voire toxiques(principalement Imperata cylindrica etChromolena odorata etc.). Dans les deuxsituations, les charges moyennes sont élevées(0,9 à 2 têtes/ha soit converti en UBT: 1,4 à32 UBT/ha en considérant la surface dep~cours et' de forêt des villages) et lesurpâturage des pmiries génère ledéveloppement de populations deChrysopogon sp. et de Paspalum conjugatumau potentiel fourrager limité (Devendra et al,2002a; Eguienta, 2000; Tran Quoc Hoa,1999). A l'hiver (novembre à février), leclimat froid et sec (18°C en moyenne,minima à 2,2°C, gelées, moins de 70mm deprécipitations mensuelles) freine lacroissance du peuplement végétal et accentuele déficit chronique de la ressource. A cettepériode critique, l'alimentation des animauxde trait et des reproductrices (gestantes ouallaitantes) est complétée, ponctuellement,par de la paille de riz séchée ou de la soupede riz. L'élevage de la région se caractérisepar une absence manifeste de pratiquesd'éleveurs. La conduite sanitaire du troupeauest minimale, la conduite de la reproductionest inexistante. L'intervention de l'homme selimite à une surveillance plus ou moins lâchedes animaux. Le gardiennage des buffles,assuré principalement par des enfants ou despersonnes âgées, est cependant plus fréquentdans le village Dao. Il se justifie parl'omniprésence de cultures sur les pentes etles zones de pâturage et par la crainte depertes ou de vols des bêtes. La divagationn'est autorisée qu'en dehors de la saison deculture (de novembre à février) mais estrégulièrement pratiquée toute l'année, enparticulier dans le village Tày. On retrouvequatre principaux types de conduite dutroupeau au pâturage dans les deux villages :

le gardiennage avec stabulation, et ladivagation avec trois fréquences de visite(quotidienne, au moins hebdomadaire, aumoins mensuelle). Le niveau de surveillanceest un indicateur des orientations de l'élevageou d'une activité agricole sur les pentes.

3.2 Productions et performances del'élevage

Les troupeaux familiaux ne dépassent jamais8 têtes, exception faite d'un unique troupeaude 15 têtes, et 45 à 60% de ces famillespossèdent moins de 3 buffles. Les seulesproductions valorisées sont le travail(débardage en forêt, labour et hersage desrizières en mars et en juillet) et la viande dansune moindre mesure. Le lait n'est pasconsommé. La fumure animale, bien que trèsutilisée, est mal valorisée: le transfert defertilité, inorganisé, est fortement limité parl'absence de moyens de transport sur lespentes et de techniques de transformation dufumier. De plus, bien que les animauxconstituent encore une forme d'épargne «surpied », la forte mortalité et le risque de perted'un animal tendent à réduire l'importance decette fonction.En ce qui concerne la force de trait, un buffletravaille en moyenne une surface de 400 à500 m2 par jour (soit trois heures de travaileffectif). En comparaison, dans le delta duFleuve Rouge, les buffles d'eau travaillent,pour une durée égale, près de 700 nt et lescroisés Murrah plus de 1000 m2 (Tong QuangMinh et Le Xuan Cuong, 1991). Lasatisfaction des besoins en force de trait a puêtre évaluée pour chaque famille à partir dessurfaces de riz irrigué, des capacités de traitd'un buffle moyen et de la composition dutroupeau familial. Il apparaît qu'au dessus de1200 m2 de riz irrigué par buffle de trait, unefamille n'est pas autonome en force de trait etdoit faire appel à l'entraide, ou à la locationde motoculteur (Eguienta, 2000). Au-delà dela satisfaction de ces besoins, le troupeaudépassant sa fonction de tmction est alorssusceptible d'évoluer vers une fonction plusmarchande.La reproduction est libre (aucune interventionhumaine). Les bufflesses sont saisonnées etmettent bas à la période hivernale. Or, lesprincipaux événements sont concentrés àcette période: déficit fourrager, froid, picsd'infestations par les parasites, tmvail du solet débardage en forêt. Les performances dereproduction sont ainsi très moyennes pourles deux villages, avec respectivement des

Page 7: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguienta, C. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.c. Castel/a, / SAMPaperSeries 11 (2002) 7

111111111

fécondités de 54% et 48% à Ban Cuon et àPhieng Lieng. La mortalité des buffions avantsevrage est élevée à Pbieng Lieng (près de31%) et moyenne à Ban Cuon (18%).

3.3 Evolution et exploitation destroupeaux

La plupart des animaux sont issus destroupeaux des anciennes coopératives, ou nésde femelle ayant appartenues auxcoopératives. Les pyramides des âgesmontrent des troupeaux vieux, au taux derenouvellement faible (figure 3). Le croît dutroupeau est principalement liée auxnaissances, les achats d'animaux sont rares(figure 4). Les effectifs bubalins de PhiengLieng sont en baisse depuis plusieurs annéesdu fait de plusieurs facteurs consécutifs :surexploitation des ressources fourragèresnaturelles, déficit alimentaire des animaux,aggravation des épidémies et décapitalisationde la part des exploitants. Relativement aucroît brut, les taux d'exploitation destroupeaux sont élevés à l'échelle villageoise.Cela s'explique en partie par la vague derachats des rizières de bas fond etl'aménagement de terrasses sur les bas depentes dans les communautés Dao. D'autrepart, nombre de foyers ont pu avoir accès à

des prêts dans les années 90 (pour l'achatd'animaux, et de terres, pour la constructionde leur habitation) dont les remboursementssont en cours aujourd'hui. La vente de bufflespermet ainsi de financer ces dépenses.Toutefois, les ventes d'animaux se font enpriorité sur les réformes, à savoir les femellesaux performances de reproduction médiocreset les mâles de plus de 6 ans trop agressifs, ladimension marchande de l'élevage est doncencore faible. Il semble, de plus, que lesfoyers rizicoles de Phieng Lieng ont tendanceà limiter la taille de leurs troupeaux suite à lamortalité élevée des animaux et les conflitsrépétés avec le village voisin. Cependant, unredémarrage de la croissance des troupeauxest à prévoir chez les familles peu dotées enrizières. Les possibilités d'extension dessurfaces rizicoles étant aujourd'hui limitées,la constitution d'un troupeau reste encore unevoie de capitalisation.L'apparition, depuis moins de 5 ans, d'autresrwninants comme le bovin ou la chèvre(moins de 30 têtes par village pour chaqueespèce) semblent cependant indiquerl'émergence de l'objectif marchand del'activité. Le développement de marchés àbestiaux dans les régions proches va dans lesens de cette évolution.

femelles PL Age mâles PL(années)

9-10 9-10

6-7 6-7

)-4 )-4

<1 <1

25 20 15 la a a la 15 20 25

Femelles Age mâlesBC (années) BC

9-10 9-10 ~

~6-7 6-7

)-4 )-4

<1 <1

25 20 15 la a a la 15 20 25

Figure 3 : Pyramides des âges (A : Phieng Lieng ,. B : Ban Cuon)

11

1

11

11

1 7

11

Page 8: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 8 Diversité des syslèmes d'élevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan

11111111111

15%

10%

5%

0

1986-5%

-10%

-15%-

-20

-25%

5

o

-10

-15%

-20%

Phieng Lieng

2002

-+-croit

-..-croit

taux

Rdt numérique

Ban Cuon

2002

-+-croit

croit

taux

Rdt numérique

11111111

Figure 4 : Paramètres d'évolution des troupeaux

3.4 Diversité des systèmes d'élevage etstratégies d'éleveurs

La différenciation des systèmes d'élevage estrelativement récente. Durant la périodecollectiviste, les troupeaux de buffles sont lapropriété des coopératives. Seules quelquesfamilles, disposant d'une main d'œuvreimportante, parviennent à constituer uncheptel privé en rétribution du gardiennagedes animaux des coopératives. A la fin decette période, les troupeaux sont redistribuésaux villageois, généralisant l'élevage privé à

tous les foyers. Parallèlement, le jeu dessuccessions familiales (héritages, dot,dons ... ) entraîne une dispersion d'une partiedes troupeaux bubalins déjà constitués. Ainsi,en 1992, les systèmes d'élevage sont encorerelativement homogènes, ce sont lesévolutions foncières et structurelles desfoyers agricoles survenus au cours de ladernière décennie qui conduiront à leurdifférenciation.

Page 9: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y-K. Eguienta, C. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.c. Castella, / SAMPaperSeries 11 (2002) 9

1111111111111111111

4. Typologie des foyers agricolesde Ban Cuon et Phieng Lieng

4.1 Eléments de méthode

Une classification des élevems sm la seulestructure d'exploitation en «gros-moyens­petits» amait, ici, un sens limité. D'une part,en raison de l'homogénéité apparente desstructlll"es d'exploitation, d'autre part parceque la seule structure ne permet pas de faireémerger une stratégie d'élevem. Par exemple,la taille des rizières en tant que factem dedifférenciation de l'élevage, peut autant êtrela somce de revenu permettant l'achat debuffles, que l'origine d'un besoin en force detrait justifiant cet achat. Les stratégiesd'élevems visent à atteindre un ou desobjectifs, pas forcément exprimés maisrévélées par les pratiques mises en œuvre parces derniers. Elles constituent ainsi uncompromis entre la réalisation complète del'objectif et les moyens disponibles pom lesatteindre (structure de l'exploitation).

L'analyse factorielle à composantes multiples(AfCM) permet de mettre en relation lesinformations collectées (quantitatives etqualitatives) sm les différents foyersenquêtés. Elle vient, ici, compléter uneapproche plus empirique basée sm laconnaissance du terrain et des famillesenquêtées. L'ensemble des foyers, éleveurs etnon-élevems, est pris en compte. Les foyersnon-élevems folll"nissent des clés de lectureessentielles des dynamiques d'évolution del'élevage et des contraintes pesant sm cetteactivité. Ils peuvent, en effet, être d'anciensou futurs élevems, ou encore des foyers dansl'impossibilité de constituer un cheptelbubalin. En pratique, il est procédé en deuxétapes:

(i) Une première AFCM est réalisée sm 99foyers d'élevems (possédant des buffles)soit 75% du total des élevems.

(ii) La seconde prend en compte 44 foyersnon-élevems soit 84 % des familles sansbuffles.

Les enquêtes ont porté sur la totalité desfamilles mais seules ont été retenues cellespom lesquelles les informations requises poml'analyse étaient disponibles. Au fmal, 143foyers (soit 78% des foyers de Phieng Lienget Ban Cuon) participent à la construction decette typologie.

L'analyse statIstIque adoptée nécessite unemise en classe des données. Cette mise enclasse a été effectuée selon un compromisentre le maintien d'un équilibre d'effectifs declasses et la pertinence des limites de cesclasses.Cette analyse associe variables actives etvariables illustratives. Les variables quiparticipent à l'AFCM sont :

• L'année de démarrage de l'activitéd'élevage. L'ige du chef d'exploitationest une variable supplémentaire dans lamesure où elle est en partie corrélée àl'année de démarrage. L'association de cesdeux variables permet de prendre en compteles foyers qui s'inscrivent dans dessuccessions familiales, et dont le chef defamille peut être jeune mais dont l'activitéd'élevage est ancienne.

• Le niveau d'autosatisfaction en paddy.·L'autosuffisance alimentaire, exprimée enéquivalent riz, correspond à la valemcommunément admise de 250kg/personne/an (National Corrunittee ofFood Security, 1998).

• Le niveau de satisfaction des besoins enforce de trait est tiré d'Eguienta (2000).Les performances moyennes de tractiond'un buffle et d'une bufflonne ont étéestimées. La durée totale des saisons detravail des animaux dans les rizières estlimitée à 26 jours par les exigencesclimatiques et les successions culturales. Ladifférence entre la Slll"face qu'il est possiblede travailler avec la seule force de traitpermis par le troupeau familial et la surfaceréelle à travailler indique le niveau desatisfaction des besoins en force de trait dela famille. Il a été choisi d'exprimer ceniveau de satisfaction en buffle tirantmoyen en ramenant la différence de surfaceà celle que peut travailler un buffle moyen.

• L'effectif du troupeau de bumes à lapériode d'enquête (avril à septembre 2000).

• Les paramètres d'évolution destroupeaux (taux de mortalité et tauxd'exploitation) de 1996 à 2000, afmd'exprimer des tendances récentes et limiterl'errem inhérente à une méthoderétrospective. Le taux d'exploitation dutroupeau indique le nombre de ventes ou dedons d'animaux opérés au coms des 5dernières années, rapportés à l'effectifmoyen dmant cette période. De même, letaux de mortalité indique le nombred'animaux morts dmant cette même période

9

Page 10: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 10 Diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan

1111111111

également rapporté à l'effectif moyen dutroupeau.

• Le rapport surface de pente/surface derizière irriguée permet d'exprimer la partdes pentes dans le système de productiond'un foyer. La totalité des surfaces cultivéessur les pentes, qu'elles soient réalisées surdes zones officielles de pâturage ou sur desespaces forestiers, sont prises en compte dufait de la pratique de divagation. Lesespaces forestiers sont sous plusieursrégimes d'utilisation. Certains sont protégéset ne peuvent donc pas être utilisés à desfms agricoles ou de plantation, d'autres sontutilisés pour le bois. Dans la pratique, lestatut de la parcelle forestière n'est pastoujours respecté. La prise en compte de cesespaces dans la typologie nécessiterait uneétude plus approfondie de leur statut et undiagnostic spatial plus abouti.

• La main d'œuvre disponible qui prend encompte actifs et demi actifs (vieillards etjeunes de moins de 15 ans notammentaffectés) dans la mesure où toute la maind'œuvre est disponible aux pics de travail

La présence de traction motorisée, ladiversification de l'élevage (présence debovin ou de petits ruminants), les originessocio-ethniques (village et ethnie), lesconditions d'installation (successionfamiliale, migra tion) viennent compléterl'AFCM en variables illustratives.

4.2 Résultats: construction de latypologie

Nous choisissons de n'exploiter que les axes1 et 2 de l'AFCM. Au delà de leurs valeurspropres relativement faibles (figure 5), c'estle fait qu'ils soient bien individualisés parrapport aux autres axes qui en justifiel'utilisation.La répartition des modalités révèle deux axesde variation de certaines variables (figure 6) :

(i) un axe « culture» avec le niveau desatisfaction alimentaire permis par lariziculture iniguée, le llIveau desatisfaction des besoins en force de traitrelatif aux surfaces de riziéres irriguées etla part relative des rizières irriguées et descultures de pentes dans le systèmed'exploitation,

(ii) un axe « élevage-temps» avec la taille dutroupeau, l'année de démarrage del'activité d'élevage et l'âge de l'éleveur.

Les autres variables ne suivent pas d'axesdéfinis. Nous procèderons donc à unepremière caractérisation des individus suivantles variables participant aux axes « culture»et « élevage-temps ».

111111111

/I.xe Valeur pcopr", ~, % CUMUL,f, fi ISTOGRAMME1

3 0.23 1.497 28.0894 0.221 7.261 3';.350 o~---====::::.._____~

5 0.207 6.613 4 1.967.6 0.107 5.999 47.9627 O. 72 5.491 53.4528 0.151 4.044 58.296 .:--....=-...;====

9 0.144 4.606 62.903

Figure 5 .' Valeurs propres et des variables et participation à la construction des axes 1 et 2

Page 11: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

YK Eguienta, e Martin, P. Lecomte, a. Husson, Je Castella, / SAM PaperSeries 11 (2002) 11

Fi[tlre 6 : Position des modalités et sens de variations

SA4 Pl.-nlc) ST;Pl.,llc2

ST'1 SA2SAJ

ST)

SAIPente 4

-10 -05 00 05 LO

COORD_I

1 Rapport pente/paddy < 0,5 (faible importance dei; cultures de pentes)2 Rapport pente/paddy < 1J Rapport pente/paddy <24 Rapport pente/paddy >2 (forte dominance des cultures de pentes)

X ans Age du chef d'exploitation

<19XX Année de démaJ'Tage de l'élevage

~ f3-4 ;()+ aJlF bum...

actifs

1 :l-'IbutU.. <1992 boom... <1986 6+

<50 an!/" actifs

I-:!actils 3 arlfl

~diffl

"1992 <39 ans

1lIuIIIt:

-'0 0\ 00 05 10

COORl)_1

Il

lis dépassent donc l'autosatisfactionalimentaire en riz et peuvent dégager unrevenu de la vente du paddy nonconsommé_ Leur faible activité agricolesur les pentes se limite à la production demaïs pour l'alimentation porcine et àquelques plantations de fruitiers oud'essences industrielles. Leurs besoins enforce de trait, pour les rizières, sont élevèset ne sont pas couverts par les animauxdont ils disposent Les groupes B et Csont des foyers peu dotés en rizières. Ilsn'atteignent pas l'autosatisfactionalimentaire sur cette culture etcompensent par une forte activité agricolesur les pentes (Castella et Erout, 2002)_De part leurs surfaces modestes enrizières, leurs besoins en force de traitsont relativement faibles et facilementcouverts par leurs troupeaux. Ils sontsusceptibles de développer une activitéd'élevage à orientation marchande_

COORD 2

lA1

L2

'0

08

o.

04

0.2

00

-02

-04

.06

-Il 3

·'0

-15

X Nombre total d'actifs

act.ifi:

X Nombre de bufiJes

bu1llloo

technico-écono­éthniques des

] Besoins en force de trdit>2 buffles2 Besoins en force de trait<2 burnes Penh:J Besoins en force de trait satis fàits4 Un buffle non indispensable à la traction eUou possibilitéde travatUer jusqu'à 1200 m<: supplémenta.Lres de ri7jères5 Plus d'un bufIle non indispenssble à la traction

1 <25 % de couverture:: des besoins alimentaires2 <85 % de couverture clef: besoins alimentairesJ Autosatisfdction alimentaire4 150 à 200% de couverture des besoiru: alimentaires5 200 % de couverture de!: besoins alimentaires

ST

SA

snPente 1

4.3

SAS

Caractéristiquesmiques et sociofoyers

La répartition des individus par rapport auxdeux axes permet d'identifier 4 principauxgroupes de foyers (figure 7) qUI sedifférencient d'une part en fonction de leurscaractéristiques de structure (effectif bubalin,part des cultures de pentes, âge del'exploitant, etc.) et, d'autre part, en fonctionde leur capacité à assumer leur auto­approvisiOlUlement en riz et à répondre àleurs besoins en force de trait (tableau 3).

Selon l'axe « élevage-temps », lesgroupes A et B sont des éleveurs jeunes(moins de 38 ans), ayant démarrél'élevage après 1992 et possèdant 1 à 2buffles_ Les groupes C et D sont desfoyers anciens (plus de 38 ans, installésavant 1992) possédant plus de 3 buffles.

Selon l'axe « cultures », les groupes A etD correspondent à des foyers qUidisposent de grandes surfaces de rizières.

111

mORD 2STI

1411

L2

110

OB

06

104

0.2

Qil

1-0.2

-04

-0.6

1-08

-10

-15

11111111111111

Page 12: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 12 Diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan

111111111

- Age d..: l'éh;veur- Nombre de bum..- Anciennchi de l'él~V".tgc

Rapport PenteIPaddy > 1Offre en force de l:rd.1t > besoins

> Autosatisfaction alimentaire

o

A

•• - 1

Rapport P~lte/Paddy < 1OfITe t.'fl force de Ir.t < be,\loint:< Aulontilfaction alimentaire

[mtall~ avant 1992Age ~ll,;v...'Ut>38 amt

C Troupeau >3 bufll(,$

B

1111111111

Figure 7 : Répartition des individus en fonction des espaces de variations des variables

Tableau 3 : Description des groupes principaux d'individus

Groupes A B C D-- Moins de 38 ans Plus de 38 ansAprès 1992 Avant 19921 à 2 buffles Plus de 3 buffles

Satisfaction alimentaire atteinte Non Non atteinteatteinte atteinte

Inlportance des cultures de Faible part des Forte importance des Faible part despentes pentes pentes pentesSatisfaction en force de trait Non atteinte atteinte Non atteinte à

justeMain d'œuvre 1 à 2 actifs > 6 actifs 3 à 4 actifsImportance dans 11% 28% 32% 29%l'échantillon

Page 13: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguienta, e. Martin, P. Lecomle, 0. Husson, Je. Castella, / SAM Paper Series 11 (2002) 13

111111

La variable main d'œuvre ne suit pas d'axedéfmi. En revanche, elle varie dans le sens del'âge de l'exploitant. plus le cycle de vie del'exploitation est avancé, plus le nombred'individus la composant croît, constituant,ainsi, une main d' œuvre potentielle plusimportante. Ainsi pour les groupes « jeunes»(A et B), les actifs se limitent au chefd'exploitation et son épouse, le reste de lafanùlle étant alors composé d'enfants en basâge. Pour les groupes « âgés)} (C et B), onretrouve, pour le groupe C, un nombred'actifs variant de 3 à 4 actifs alors que legroupe B est constitué de famillesnombreuses (de 5 à 10 actifs).L'indentification socio-ethniques desindividus (figure 8) montre unecorrespondance nette des groupes et de leurorigine ethnique ou villageoise. Le groupe Cest presque exclusivement Tày (village dePhieng Lieng) et le groupe B, Dao (village de

Ban Cuon). Or, les règles de successionsfamiliales diftèreraient entre les deux groupesethniques. Chez les Tày, les enfants quittentle foyer assez tôt, seul le dernier fils y restejusqu'à la succession. Les surfaces de rizièresrelativement importantes permettent, en effet,aux descendants de recevoir des surfacessuffisantes à leur autonomie. A l'inverse,chez les Dao, plusieurs générationscohabitent sous le même toit, y compris deshôtes de parentées proches ou éloignées(Mellac, 2000) Cette tendance aurassemblement familial, au delà des règles desolidarité coutumière, pourrait être mise enrelation d'une part avec le manque de rizières(accentué en cas de morcellement) et d'autrepart avec l'importance des besoins en maind'œuvre nécessaires à l'exploitation desterres de pentes.

1

10

Excherivemenl BC. Exploîtlitionen fin de cycle:. Grandes famiUe$in.~ée depu:isiongternpfl.

o.

On retrouve en majorité le!l agro­éleveun: de Ban Cuon et d'origineDao el des éleveur!: jeunes de PL.

O~

o

o

o

-10

o\.°·:10.9

Jri

La majorité des éleveurs de œ~ 2 groU)Je5Bont Tay> on retrouve ici let-, famillesrnigrantes de Be. Les qudQu~ F<l1TIillesDao que l'on retrouve ici sont soit df$S'Ucces:.ionfl, l'oit des famiJlcs lITlpo.rtante!len fin de cycle.

Migrants de Be etfamiUes ancieJUlcs dePL.

0 Succes~on

<> Migrants-0.3

Ethnies Kinh, Nung-04

-05

Ethnie. Tày -06

-07

Ethnie. Dao -08

-0.9Be Vi.lIage de Ban Cuon -10

-1.1PL Village Phicng Lie~

-1.2·

1

11

1

1

11

11 Figure 8 .- Caractéristiques socio-ethniques des individus

1 13

11

Page 14: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 14 Diversité des systèmes dëlevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan

1111111111111111111

L'illustration par les caractéristiques socio­ethniques fournit ainsi une double grille delecture a l'analyse: par l'individu et par levillage ou le groupe ethnique. On retrouveune partition des foyers entre ceux de PhiengLieng (en vert sur la figure 8) qui concentrentleurs activités sur la riziculture de bas-fond etceux de Ban Cuon (en violet) qui exploitentautant les pentes que les bas-fond.Cependant, cette différenciation ethniquemasque un critére plus détenninant: l'accèsaux rizières de bas-fond. Ainsi, les villageoisde Ban Cuon qui ont pu bénéficier d'un accèsprivilégié aux rizières lors de ladécollectivisation, qu'ils soient Tày, Dao oumigrants Kinh et Nung, présentent descamctéristiques similaires aux foyersrizicoles Tày de Phieng Lieng. De même,l'analyse des groupes «jeunes» révèlent quesi le groupe A (grandes surfaces de rizères)est exclusivement Tày, le groupe B (peu derizières, importance des cultures de pentes)est en revanche mixte. Il est constitué dejeunes agri-éleveurs des deux villages, Tàycomme Dao, installés après les grandespériodes de réformes foncières et qui ont euun accès limité aux terres de bas-fond. Lapression démographique, associée à lasaturation foncière, réduit la différenciationethnique des exploitations agricoles quidoivent alors accorder une importanceparticulière à l'élevage et aux cultures depentes en réponse au manque de rizières.

4.4 Motorisation et diversification

L'identification des individus possédant desmotoculteurs et de ceux qui ont diversifié leurélevage avec un atelier bovin ou caprin(figure 9) révèle que:

• Les familles diversifiant leur élevage sontles familles qui disposent de peu derizières et dont l'activité agricole sur lespentes est importante (groupes B et C).C'est chez ces éleveurs que l'on retrouveun objectif de production sur l'élevageillustré par un choix d'espèces plusspécialisée (pas de trait, production deviande). De plus, l'élevage de bovins estmoins exigeant en terme de surveillance(les bovins ne détruisent pas les clôtureset ont un comportement grégaire marqué)et plus intéressant que l'élevage de bufflesen terme de reproduction (un petit par an),et de débouchés marchands (Helvetas,2000). Cette activité rémunératriceconstitue une opportunité pour compenserle manque de rizières.

• Les familles possédant des motoculteurssont des familles, Dao ou Tày, disposantde grandes surfaces de rizières irriguées(exclusivement groupe C). C'est la ventede buffles ou la disponibilité d'un revenuhors exploitation qui a permisl'acquisition de ce matériel (pensionsd'ancien combattant, salaires decadres... ). Ces familles sont proches del'autonomie en force de trait sur leur seulélevage de buffles, généralementimportant (>3 buffles) dans le contextelocal. L'usage du motoculteur, en effet,n'exclut pas la pratique de l'élevage quirevêt alors un rôle de force de traction desecours en cas de panne du motoculteur,un rôle social à travers le prêt d'animauxde trait et surtout une fonction marchande.

4.5 Gestion des effectift: émergencedes types d'agri-éleveurs

La gestion des effectifs est un indicateur desobjectifs de l'éleveur quant à l'orientation deson activité d'élevage.Au sein des foyers récemment installés (A etBI, figure 10), qui ne possèdent qu'un oudeux buffles, l'exploitation des troupeaux estquasiment nulle. Il est évident que ces foyers,à ce stade de leur cycle d'exploitation, sontdans une logique d'augmentation des effectifsbubalins. On retrouve également, dans unelogique similaire, un groupe de «vieux»foyers Dao (C3). En fm de cycled'exploitation, ces familles n'onteffectivement réalisé aucune vente au coursdes 5 dernières années. Cependant, l'objectifest, dans ce cas, de préparer la succession enconstituant un troupeau important. Cesfamilles possèdent peu de terres, les bufflesreprésentent alors un capital important, etsurtout fractionnable dont hériteront lesdescendants.Dans une dynamique différente, on retrouveun groupe de foyers également en fm decycle, d'origines ethniques diverses, biendotés en rizières (D4), dont la forteexploitation des troupeaux indique unelogique de décapitalisation. Leurs besoins enforce de trait sont insatisfaits (ils nécessitent2 à 7 buffles tirant supplémentaires). Or, letravail inhérent à la conduite d'un tel effectifet les risques de pertes d'animauxrelativement élevés motivent ces agri­éleveurs à réduire leurs troupeaux au strictminimum voire, à l'abandon complet del'activité. Ils ont alors recours à la location demotoculteurs. Une partie des ventes de

Page 15: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguien/a, e. Mar/in, P. Lecom/e, 0. Husson, Je. Cas/el/a, / SAM Paper Series 11 (2002) 15

1111111

o Propriétaires de motoculteurs

Figure 9: Motoculteurs et autres ruminants

Eleveurs de buffles propriétair~ debovins clfou de chèvres

Taux de mortalité hUI

\.0

Sou.o;-groupes d'éleveurs

TalL"< de mortalité

lifKlmlalenu..'Jll élcvl!

05

2.

('1

Ventes de plus de la moitié de l'effectifmoyen

Ventes supérieures à )'etfectif moyen

ll:3Aucune vente

Vent mow de la moitié del'effectif moyen

TE2

TEl

-0.1

-02

-0 J

-o.-05

-0.0

-07

-08

.09

-1 Ut-11

-12

-\.o

1

11

11

1

1

1

1 Figure la: Répartition des individus en jonction de la mortalité et de l'exploitation des troupeaux

111

Page 16: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 16 Diversité des systèmes d'élevage bavo-bubalin dans la province de Bac Kan

1111111111111111111

buffles a seIVi à fmancer le mariage oul'installation des enfants. Le groupe de foyers(D3), bien que moins avancé dans ladécapitahsation, s'inscrit dans la mêmelogique.Les groupes D2 et C2 sont constitués desfoyers, relativement âgés, possédant les plusgros troupeaux (plus de 5 buffles). Ils sontautonomes en force de trait (force bubalinesuffisante, motorisation ou entraide familiale)et l'élevage constitue pour ces familles uneforme de capital et de thésaurisation. Legroupe D2 regroupe les familles ayant fait lechoix de la motorisation, pour le travail desrizières, via l'achat ou la location demotoculteurs. Ce sont généralement desfamilles de notables (chefferie, ancienscadres, médecins, etc.), principalementd'ethnie Tày, avec quelques rares cas Dao.L'élevage dépasse ici sa fonction initiale detrait et constitue un capital prestige (à traversle prêt d'animaux), économique (à travers lavaleur marchande des buffles) et sécurité (entant que force de traction d'appoint en cas depanne du motoculteur). Les ventes sontponctuelles, groupées et seIVent à l'achat dematériel agricole (motoculteur,décortiqueuse, broyeur, etc.) comme à desbiens de représentation sociale (télévision,motocyclette, ... ), à la construction (maisonen briques, amélioration de l'habitat,... ) et,plus exceptionnellement, à la couverture desdépenses de santé ou de scolarisation. Laprestation de services agricoles à partir dumatériel acquis constitue une source derevenus non négligeable. De plus, les buffles,peu mobilisés pour le travail et sélectionnés àtravers les ventes, sont réputés pour leurgabarit, leur docilité et leur aptitude à latraction. Ils sont généralement vendus commeanimaux de trait de qualité dans le cerclevillageois.Dans le cas du groupe Dao (C2), possédantdes surfaces de rizières limitées, ce sont lesventes d'animaux de réformes qui permettentde couvrir les dépenses alimentaires lors desmauvaises récoltes, de faire face auximprévus (hospitalisation, décès,scolarisation,... ) ou de répondre aux règlessociales (dot, installation d'un jeune membrede la famille, etc.). Dans les deux cas, onretrouve des familles bénéficiant d'un certainprestige social, de par leur âge, mais surtoutde par le fait que la taille de leur cheptel leurpermettant de prêter une partie de leursanimaux pour les réseaux d'entraide.Deux groupes de foyers (C1 et Dl) semblents'inscrire dans une dynamique plus

marchande avec des ventes équivalentes àplus de la moitié de l'effectif moyen des 5dernières années. Le groupe Cl est constituéde Dao et de Tày d'âge moyen, mal dotés enrizière, exerçant une forte activité agricole surles pentes. Ils dépassent largement lacouverture de leurs besoins en traction.L'élevage de buffles ou de bovins constitueainsi une opportunité économique pour cesfamilles. Le groupe Dl, composéessentiellement de Tày, dispose de grandessurfaces de rizières et a donc des besoinsimportants en force de trait. Leurs objectifsmarchands sont alors limités par la nécessitéde maintenir un effectif de buffles tirantssuffisant pour une couverture partielle deleurs besoins, complétée grâce aux réseauxd'entraide villageois.Enfm, le taux de mortalité fournit une clé decompréhension supplémentaire desréductions d'effectifs. Un groupe d'individus(E2) se distingue ainsi par une forte mortalitéet un effectif bubalin réduit. Il s'agit ici defoyers ayant subit des pertes groupéesd'animaux. La mort d'une femelle allaitante(maladie, froid, sous-alimentation, chute,etc.) entraÛle inévitablement, dans lesconditions locales, la mort du bufflon parmanque de lait. Ces pertes sont d'autant plusgraves, pour l'éleveur, qu'elles affectentdirectement le potentiel de reproduction dutroupeau.L'analyse de la gestion des effectifs met ainsien lumière la diversité interne des groupesidentifiés par l'analyse technico-économique(tableau 4) et permet de caractériser lesdynamiques d'évolution (figure Il).

4.6 Pratiques de surveillance

Les deux villages s'opposent par les pratiquesde surveillance. La divagation est répandue àPhieng Lieng (en particulier chez les jeunes)tandis que la SUIVeillance des buffles est aumoins quotidienne à Ban Cuon. Lastructuration de l'espace de Phieng Liengexplique en partie l'absence de surveillancedes animaux: le relief et les aménagementseffectués (fosses, couloirs de contention,clôtures) assurent une partition nette entrezone de cultures et de parcours. Les raresfoyers de Phieng Lieng possédant desparcelles cultivées à proximité des parcourspratiquent, eux, la surveillance ou legardiennage. Les zones de parcours collectifsde Ban Cuon sont largement colonisées parles cultures de riz pluvial et de manioc. Ladispersion des parcelles et les faibles moyens

Page 17: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -Groupes A B C D

Types Jeunes BI B1 CI C2 C3 Dl D2 D3 D4agri- jeun ialI Marcbands Epargnants Pré-retraités Riziculteurs! riziculteurs/ Grands Anciens en

éleveurs ft éleveurs éleveurs riziculteurs Tày PhaseTày traction capitalistes en phase d'abandon

d'abandonSatisfaction atteinte Non atteinte atteintealimentaire

Importance des Faible part Forte importance des pentes Faible part des pentescultures de pentes des pentes

Satisfaction en Non atteinte Non atteinte à juste Non atteinteforce de trait atteinte (besoins en buffles (besoins en buffles supplémentaires

supplémentaires <2 buffles) >2 buffles)Nombre de 1 à 2 buffles 3 à 4 buffles > 5 buffles 3 à 5 buffles 3 à 4 buffles >5 buffles 2 à 3 buffles 2 buffles

bufflesMain d'œuvre 1 à 2 actifs Jusqu'à 5 6 à 10 actifs 3 à 4 actifs

actifsAge du chef Moins de 38 ans Tous âges Plus de 38 ans

d'exploitationDémarrage Après 1992 variable Avant 1992

éleval!eMotoculteurs - oui -

Autres ruminants - oui -Ethnie Tày DaolTày Dao/Tày Dao DaolTày Tày Tày/ Dao Tày TàylDao/autres

Exploitation du 0 moyenne Ventes 0 moyenne Ventes Moyenne à forte Très fortetrouDeau occasionnelles ponctuellesMortalité 0 Très forte moyenne Faible à moyenne moyenne 0

surveillance divagation mixte gardiennage gardiennage gardiennage gardiennage mixte gardiennage mixte gardiennageObjectif principal Démarrage Démarrage marchand marchand Thésaurisation Accumulation traction capitalisation Début décapitalisation

élevage traction capitalisation pour décapitalisationsuccession

Remarques Tendance Futurs Pertes Apparition de Les ventes sont En fin de Tendance à la Autonome en Pertes et besoin Besoin en traitactuelle éleveurs importantes comportements réservées aux cycle limitation du force de trait, en main d'œuvre trop élevé pourvers la marchands de buffles d'éleveur urgences cheptel, élevage trop élevés par être couvert par

limitation car peu de (hôpital, évolution vers constitue un rapport aux un troupeaudu cheptel terres de scolarité ...), le 04 capital et une objectifs de moyen de

culture cheptel est une réserve pour traction buffles, risque deépargne sur les gros motivent pertes important

pied achats abandon d'où choixd'abandon

Importance dans 11% 16% 12% 12% 13% 7% 7% 8% 5% 9%l'échantillon

Tableau 4 .' Résumé des caractéristiques des types defoyers d'éleveurs

Page 18: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Cl: • prkdnltb a~debaJ!koCll

prtpnIkm dcslllC'Cl:lllau

02:« rizjcuJteurHlc'\'eurscapitalblts »Motoeu1~urs

Capitalis.31ioJl élC"Vager,y

".'Cl :« ....rdlaDdn •..,

VeutA rt&Uli- de bu1Ib. .,. ,"""""'.."...nIIIlIJl.1IIUA". ~

~?' /, ..,~ _ _.._ _ __._ -.._\

,."....,...-L-. ~~__r._.. -- Jr

B2: ..iDi.n..T)1Ill C.,. 11 ua da..........--- ....

UI :« rjzicuJ(curs~Je\·eu.rsde 1bumes de trait»Vente dl: réfo:rmes

\lainticn chtptd de: trait/-

1 .- _ __.._._.._.._. '(

'~I J'-\lftfi L__1

/

//

........................._..,../

, DJ: «Gnmd, 1;~~~~~:~~n~:: :.ne ~"""""_""""""_"'_"' __"""""""~'"

J'éJevI.lC» ,l" •••••

( )! !.

.,41"'-'-.1'1

""

.......0.1 .

0,9­;"!

ii 1J i

b~.~ _ _ ./ '.0. 7

: «jeun.. agri-<!I,,·,ul'5Tiy»

0.2 Dien démarr.g,

0.0 +--------,.,.,.,.....0.1 ,./

~~: ( .....

......

..0.4 "',....' ....

..0,5 ".

..0.6

..0.7

..08

-O.

-1.0

.. 11

.. 1.2

COORD_2

1.2

D4 : «Abclens endét2pjtaJisalioni abandon

<If: l'iJcvace »

-1.0 -0.5 0.0

COORDFigure 11 : Caractérisation des Opes d'agri-éleveurs et dynamiques d'évolution -

0.5 1.0

Page 19: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguienta, e. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.e. Castella, / SAM PaperSeries 11(2002) 19

1111111

des villageois rendent difficile la mIse enplace d'aménagements ou dc clôturespennettant une protection efficace descultures. Le gardiennage ou la surveillancequotidienne sont donc indispensables etpratiqués par tous les villageois de Ban Cuon,quelle que soit leur origine ethnique.La main d'œuvre disponible est également unfacteur déterminant des pratiques desurveillance. Les foyers de Ban Cuondisposent d'une mam d'œuvre plusnombreuse Si la tendance au regroupementfamilial favorise cette situation, il fautégalement prendre en compte l'éloignementdes structures d'enseignement secondaire quientraîne une déscolarisation relativementprécoce des enfants de Ban Cuon, alors encharge du gardieJUlage des buffles.Les sinistres (mort, perte ou vol d'un animal)entraînent généralement une évolution despratiques de surveillance (groupes B2, figure12) vers une vigilance renforcée.Le groupe Cl, constitué des éleveurs àobjectifs marchands, présente une ébauche

d'organisation collective de l'élevage àtravers des pratiques de gestion solidaire de lasurveillance des troupeaux dépassant le cerclefamilial Les animaux (buffles et bovins) deplusieurs familles sont regroupés dans unenclos commun et sont conduits aux parcoursalternativement par chacune de ces familles.Ce type de comportements d'éleveurs révèlel'importance de l'élevage pour ces foyers.

4.7 Prise en compte des foyers non-éleveurs

La même méthode statistique est appliquéeaux 44 individus ne possédant pas de buffles.Seules les variables d'élevage ne sont pasprise en compte. Excepté un grouped'individus, l'ensemble de la populations'organise selon des axes similaires à ceuxidentifiés lors de l'analyse des foyerséleveurs (figures 13 et 14).

1.0

.....'4•••••

.... ,~ ..,.......

Type d·agri·élev.ur

..........._,._.._~

0.5

(D..···lt~_ ....•..:

0.0

COORD 1

Pâturage Ijbre avec virite ourelourmensuei à l'étable

.. Pâturage libre avec vi si le ou• relOur hebdomadaire il l'étable

!J.Pâturage libre avec visite ou

retom quotidien à J'étable

.I.~

• Gardiennage

-04

-02

-03

·u-12

C~BD_2 ( ...•...•.•.•_.•.•............<0),

~t________ ! •• ii , l, _.~_.~ _.._.._)

! • Â • <i2o/ """i l ""1;.. _ /./_.... ("

~~ /. «>. 1:~+------A.!:'.;!./../ .~ ~ _,:::..

-0 l ,.,./'" '7 .,(11I'\,_ ." r- 1:::: .1.). 1./'.... /·07 -- J

·0.8 .(11I" /",-0

-10

1

11

1

1

11

11 Figure 12.- Mode de surveillance et types d'éleveurs

111

Page 20: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

111111

20 Diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan

Ax s Val.ellr P' pre '1, % CUMIfIJ:: HL 'l'OGRAMME\ • b '" 'l'

1 1 " ,Cl 1003 O.3~6 11. 5?4 4~. 04 7004 O.JI 10.3;>8 5.).314005 0.276 9.200 64.~82

006 0.211 7.034 71.617 ---;-------.=...--

007 0.205 6.826 78.4~2

008 0.171 5.6fl4 8~.126

009 0.1 4 4. '19:1 88.91')010 0.0 3 J.099 92.018(l11 U.077 2.552 94.570012 0.062. 2.051 95.6 7013 0.056 ] .882 91J.SO014 0.035 1.1'19 99.668015 0.010 0.332 lOO.OOO

1Figure J3 : Valeurs propres et contribution des variables aux axes J et 2 de l'AFCA12

1111111

1.6

14

1.:

·1.0

Maind'œuvre 4

PenWPoddyJ

'---:-()I~J ~

0.5 1.0

111

<25 % de COlNerture des bC90i.ns alimentaires<85 % de COlNertw"e des besoins alimcntaire~

Aotosatisfaction alimentaire150 ~ 200% de couverture d~ bC$oins alimentaires>200 % de couverture des bC!lo1m alimentaires

Besoin en force de trait :> 2 bufIleSlB~in en force de trait <.2 bufflesBesoin$ en rorc~ de Irait=: 0

< 0,5 (faible i.mportance des cultur~ de pentes)..;1<2>2 (forte dominance des cultures de pentet:)

Maind'œQvre

1 à 2 actifs3 à r.1 actifs5 actifs>5 actifs

22 à 32 aru;

33 à 38 a.ru;

39 à 49 aIlS

>50 ans

1111

Figure 14 : Modalités et sens de variation en fonction des axes J et 2

Page 21: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguien/a, C. Mar/in, P. Lecom/e, 0. Husson, JC Cas/el/a, / SAM Paper Series 11 (2002) 21

1111111

Six types de foyers sont identifiés etpermettent ainsi de compléter les trajectoiresd'éleveurs par la caractérisation des famillessusceptibles de développer une activitéd'élevage ou ayant abandOJUlé ce typed'activité Il apparaît ainsi un groupe degrands riziculteurs, âgés (type SB3, figure15), ayant, pour la plupart, eu une activitéd'élevage dans le passé. Ils ont fait le choixde la traction motorisée à travers l'achat ou lalocation de motoculteurs. La repriseéventuelle d'une activité d'élevage pour cesfoyers concernerait exclusivement les autresespèces de ruminants (bovins, caprins)

Parmi les foyers peu susceptibles dedévelopper une activité d'élevage, onretrouve deux groupes, sans passé d'éleveur,qui disposent de peu de terres, aussi bien enbas-fond que sur les pentes:

oc.

(i) Les foyers non agricoles (type SB4), avecdes activités diverses (cadres, ouvners,enseignants, petits commerçants, moto-taxi,etc.). Dans de très rares cas et de façonopportuniste, certains peuvent élever desbovins.(ii) Les familles en situation précaire (typeSB6) Ces dernières sont les plus pauvres deleur village et dépendent essentiellement descultures pluviales sur les pentes, desressources de la forêt (bois, chasse, cueillette)ou d'activités hors exploitation (ouvriersagricoles ou du bâtiment). Leur situation estsouvent la conséquence d'un sinistre (décèsou invalidité du chef de famille, perte auxjeux, catastrophe naturelle, etc.) Ils ont trèspeu de chance d'améliorer leur situation parune voie agricole.

111111

Type Sil J : Grandsriziculteurs

Agriculteur, iigès (>38 ans)laTternent dot" en riziè'res

Abandou de l'é)ev82,e

Type S8 2 RiJicufteun 0.0 CIl

difficultéAgril.;u1teuff âg"'~ (>38 ans)

Aulosuffual1cc Il'Ob."Jl.tidle en rizMaÎll non atteinte

Type SB 4: cdra agricolesFaibt~ surtàc,,-g de riziùrw .

ct de pente!

-LU V.O

COORIU

Type SB 1 : jeunesinsbdlë5 Tli)'

Autosollisanl.8: en rizSuœcsjellll' dt' nolablcll ou

grand... liunil!...su~tibles d'acquérir dœ

auimaux de traitB

05

+AutoUitlIfllcllOQ

alÎlDcot.1ire

1.0

Type sn 6: precairesTrèf fatiblei: rcr,ourCQI:

u.g:riwk~

Sounnt rini.tréf (accid~t,décès muu, lB famille, perte

aux jeux)

11

Ancien éleveurdebum~

Propriétairede bovins

Propriétairede motoculteur

c...·.·...} Type de villageois

<1/4 de couverture des bl;SOln.o: alimefltaire~

<80% de couverture def besoiru:> alimentaires

Autosuffisance alimentaire

Autosatisfaction alimentaire dép-d.'l8ée,oommercia1iBation postrible du paddy

1111

Figure 15 : Répartition des individus sans buffles en fonction des axes 1 et 2

Page 22: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 22 Diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan

1111111111111111111

Deux groupes de jeunes agricultems,récennnent installés, sont de futms élevemspotentiels. Le premier est constitué de Tàyqui disposent de grandes surfaces de rizières(type SBl). Lems besoins en force de tractionsont élevés mais ces foyers appartiennentgénéralement à des grandes familles etbénéficient de l'entraide familiale. Lemproduction rizicole lem permettrait de plusd'assumer la location, voire l'achat demotocultem. TI faut s'attendre, pom ce typede foyers, à un développement de l'élevagebovin dans un but de production et la prised'une certaine autonomie de traction avecl'acquisition de buffles (achat ou sllltüut legsfamiliaux). Le second groupe est constitué defamilles Dao principalement installées sm lespentes, par manque d'accès aux rizières debas-fond (type SB5). Compte tenu de lemsfaibles besoins en traction (moins d'un buffletirant permettrait de les couvrir), et de lanécessité pom ces foyers de développer uneactivité rémunératrice compensant la faibletaille de leurs rizières, il apparaît fortprobable qu'ils s'orientent plus tard versl'élevage. En revanche, lem faible capacitéd'épargne, compte tenu des moyens deproduction dont ils disposent, limite lemspossibilités d'investissement dans l'achatd'un animal. L'ouverture de systèmes decrédit dans la région et l'aménagement demodalités de rembomsement adaptées aucontexte local pourraient, en partie, diminuercette contrainte.

Enfm, on retrouve à Ban Cuon un groupe defamilles d'ethnie Dao relativement avancésdans lem cycle d'exploitation, dont l'activitéagricole semble se concentrer sm les rizièresde bas-fond (type SB2). Lems surfacesrizicoles lem permettraient une productionthéorique dépassant lems besoinsalimentaires. En réalité, ils disposent d'unemain d'œuvre adulte réduite complétée par laparticipation des enfants aux tâches agricoles.Lems capacités de travail pom l'exploitationdes rizières et l'ouverture de parcelles depentes sont donc limitées. Au final, lemproduction agricole est faible et ces famillessont généralement en difficulté. L'acquisitiond'un buffle de trait lem permettrait de mieuxvaloriser lems rizières et de bénéficier plusefficacement des réseaux d'entraide pom lelabom. N'étant pas en position d'échangeavec les autres foyers, elles sont les dernièresà bénéficier des prêts d'animaux et débutentla saison de cultme en retard avec desconséquences négatives sm lems rendements.

4.8 Trajectoires d'éleveurs

La caractérisation des types de foyers desdeux villages d'étude confmne le rôledéterminant des conditions d'accès auxrizières de bas-fond dans les processus dedifférenciation déjà mis en évidence parCastella et Erout (2002). Les familles Tày(de Phieng Lieng connne de Ban Cuon) ontbénéficié d'un accès privilégié à ces rizièresau détriment des familles Dao lors desréformes foncières. Le contexte' actuel desatmation de l'espace réduit cettedifférenciation ethnique dans la mesme oùl'accès aux terres de bas-fond est aujomd'huilimité pom tous.On retrouve, cependant, encore une partitiondes individus héritée de ces réformes avecune dynamique traditionnelle Tày et Wledynamique Dao qui inclut les nouveauxfoyers Tày mal dotés en rizières irriguées. Ladiversité mise en évidence au sein de cesgroupes correspond à la diversité des stadesd'évolution des foyers par rapport à lemcycle de vie (figme 16).Une même exploitation familiale peut doncpasser d'un type à l'autre au fIl du temps(croissance du troupeau, agrandissement de lafamille, etc.) à travers des accidents éventuelsde parcoms (décès familial, pertes d'animauxou de terres, etc.) et Wl réajustement desobjectifs (abandon d'une activité, productionmarchande, préparation d'une succession,etc.) à chaque étape. Nous ne prenons encompte ici que les foyers agricoles.

Dynamique « Tày » classique. Le type SBI"jeunes installés Tày non-élevems" évoluevers le type A "jeunes agri-élevems Tày" parl'acquisition de buffles tirants (figme 17). Lacroissance du troupeau et l'agrandissement dela famille conduit ces foyers vers le type Dl« rizicultems-élevems de buffles tirants». Enavançant dans le cycle d'exploitation, onpasse au type D2 « rizicultems-élevemscapitalistes» avec la constitution d'un capitalconséquent sous forme de matériel(équipement agricole, motocyclette, etc.) etd'animaux. Le type Dl peut aussi évoluervers D210rsqu'Wl des membres de la familleaccède à un emploi ou une fonction luiconférant un revenu supplémentairepermettant l'achat de motocultem. Lesgroupes D3 « grands rizicultems en phased'arrêt de l'élevage », D4 « anciens en phasede décapitalisation de l'élevage» et SB3« grands rizicultems non élevems» seplacent chronologiquement dans Wle

Page 23: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguienta, e. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.e. Castella, / SAM PaperSeries 11 (2002) 23

Figure 16.- Caractérisation socio-éthnique des individus sans bu/Iles de Phieng Lieng et BanCuon

EthtUes Dao

EOmies~ Nung

Et.hn.iel.'l Tày

PL Villwze ?lucnll Lieruz

Be Villaae de Ban Cuon

o S'llcca"iOTJ

()

1.00.5

SB3

·1'-

·10

·12

.0.8

o~ofi ('·····..·_··_······.....·1o{ J 1,.. SBi 1 l!"f······_··_-_···__···_·_·__···········-.··..~.!,

..........:: __._-~ ~0.2 !..... ......_..................... ..... i 1

. SB2 --- --+)--+-----+jr----,!-----":,.;,·,02l . i .........J '- SB6

1 _ _ - ,r _ _"\ _ _._ ..... . _-_..:z_.-f.._.)· i !·0.6 i i i

1 T L ,~!j

L- -'-.......N"....-'------L-

·1.0 ·0.5 0.0

C()üRD_!

Crn)....·~O..........·,···1I~ i

o1

11

111111

dynamique de décapitalisation (pour lesfoyers les plus anciens) ou de simple abandond'activité (pour les foyers plus jeunes) Au­delà de cette dynamique classique, il sembleque le déficit fourrager incite de plus en plusde familles à évoluer vers ces types, ycompris des familles jeunes qui préfèrentrecourir à la location de motoculteur plutôtque d'entretenir un cheptel de buffles tirants.

potentiel de production intéressant.L'acquisition d'un buffle tirant fournirait àces familles un moyen d'échange de serviceleur permettant de se replacer plusfavorablement au sein des réseaux d'entraide.La dégradation des rapports sociaux inhérentsà la poussée démographique est susceptibled'entraîner une partie des jeunes foyers dansce type de situation.

1111111

Dynamique Dao classique et Tày «post­réforme ». Le type SB5 « jeunes installésDao» èvolue vers le type BI « jeunes agri­éleveurs, usagers des pentes» lorsqu'ilsdémarrent un atelier d'élevage bubalin. Avecle développement du troupeau, ces famillespeuvent s'orienter vers un élevage plusmarchand et aboutir au type Cl« marchands ». En fm de cycled'exploitation, ces foyers passent par un stadede thésaurisation (type C2 « épargnant »)puis par un stade d'accumulation d'animauxen préparation des successions familiales. Encas de pertes de buffles, ces types aboutissentau type B2 « sinistrés» et tententéventuellement de reconstituer un troupeauconséquent.Enfin, le type SB2 « riziculteurs Dao endifficulté» s'inscrit en marge de cettedynamique. Leurs liens sociaux au sein duvillage sont altérés et leur compositionfamiliale est défavorable à l'activité agricole(peu de mam d'œuvre adulte et denombreuses bouches à nourrir) malgré un

5. Vers des propositions adaptéesà la diversité des éleveurs

Le déficit fourrager est chronique ets'aggrave en hiver. La réduction de lamortalité bubaline à cette période et ladiminution de la pression animale sur lescultures et les forêts passent par deschangements profonds des systèmesd'alimentation et des modes d'organisationde l'espace. Le niveau de transformation quepeut envisager l'éleveur est fonction desobjectifs que ce dernier se fixe quant à sonsystème de production, de son accès àl'information et des moyens dont il disposepour les atteindre. L'analyse de la diversitédes foyers agricoles de la région éclaire ainsila réflexion pour la conception d'alternativesadaptées à leurs attentes. La compréhensionde leurs dynamiques d'évolution permetd'anticiper et d'accompagner leurschangements vers une agriculture durable.

111

Page 24: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

Autosatisfaction enforce de trait dépassé

Autosatisfaction enforce de trait non

atteinte

:-ë7~ii'dü'

troupeauAchat

1motoculteur ~L ... ---'

MortaJité:Ventes de

buffles

D2 :« riziculteurs/ éleveurscapitalistes»

Agés, utilisateurs de traction mb.::anique (locative. oupropriété), constituent un capital sur l'élé....age

Souvent notables[Morta1ité

Ventes de: buffles

Dl :« riziculteurs/éleveursde buffles tirants»

RizicuheursTroupeau Important pour le trait

(vente occasionnelle dd réformes)

D3 ;«Grandsriziculteurs Tày en

phase d'arrêt del'élevage»

Riziculteurs ayant subit dessinis.trcs sur le che.:'PLei et

s 'engage3nt dans une phased'abandon de l'élevil,ie de

Ventes debuffles

"'Vcn~d;l

buffles

r"O~"l

[l'oupeau

D4 :« Anciensen phase

d'abandon del'élevage»

GTands rizicu.\teursDécapitalis.atioD du

troupeau bubalinlocation de

motoeu1t..eu.rs

A ; «j eunes agro­éleveurs Tày »

RiziculteursDémarrent l'èlevagc pour la

traction

Il''-','i"dë''bumes

SBI :« jeunes instaUésTày»

Surfaces de riz et de l'cnteimportlln1e

Généralement en lo'Uccession desTypes D2

(tveno.Lcllemcm motoeult..eu.rs)

8B3 :« Grandsriziculteurs»

Grandes :ru.rfaccs de rizièresAbandon de: J'élevage de traction

Anciens D2 (ou SB 1)Louent ou possèdent un

motocuh~

(éventuellement autres ru.minanlsà vocation marchande)

C3 : «pré­retraités »

Eleveurs Dao et Tày~logique d'accumulation

(Aucune vente,préparation de 1.l

:ruccess.ion)

0:« épargnants»

Eleveurs Dao enlogique de:

thésauri:wion(venlt:s occasionnelles

de réfonnes )

Nombre de buffles

CI;« marchands»Dao et Tày d'!8' moyen en

logique marchande(ventes règulières d'animaux.,

presence d'autres types dt:ruminants à vocation

marchandeB2 ; « sinistrés»Anciens types C ayant

subit d'irnponan~spertc::s d'animaux

•••••••__•••••• _ •••••••••••••••••~ •••••••••••••••••~ ••••••_._•••••••••• w _ •• _ •• _ _ ••••••••••• _ •••• _ _ ••••• _ _ _ _ •• _ •• _ _ •• _ •• _ .

Pertes de rizièresou diminution

future desrizières

BI ;« jeunesleveurs, usagers

des pentes»Dao et Tày ~ phase dedémarrage avec logique

de capitalisalion sur!'tlevage

(présence éventuelled'autres types de

ruminants à vocationmarchande)

SB2 :« riziculteurs Daoen düficulté»

Agés.., surfaces de ri2ieressuffISantes mais so\J.S-cxploitées.,

peu de pentes.,Eleveur pot.e:ll.tie1 si opponunité

SB5 :« jeunesinstallés»

Dao et Tiy d'age en phase dedOnarrage sans buftles et peu

de rizières

Sinistre important(pertes terres et

<heptel)

SB6 : « précaires»Pas d'tlevage, pas de rizières

Usagers des pentes et des forêtsSituation d'GXtrême précarité: suite à

un accident faIllilial (décès du chef defamille., pene aux jeux ete.)

EXTRAAGRICOLE SB4 : « extra-agricoles»

Pas d'élevageTrès faible activité agricole

Essaltie1 des revenus d'origineextérieure (d'ouvrier li cadre)

Figures 17 : Typologie de l'ensemble des agri-éleveurs et dynamiques

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Page 25: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguienta, C. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.c. Castella, / SAMPaper Series 11 (2002) 25

1111111111111111111

Peu de foyers, exception faite de ceux pourqui l'élevage a une orientation marchande(type Cl) ou valeur de capital (type D2),seraient prêts à allouer plus de moyens àl'élevage, qui occupe une place secondairedans la constitution de leur revenu. 11 s'agitdonc de proposer des systèmes innovantsdont les retombées sur le reste del'exploitation sont aussi attractives(amélioration des rendements des culturespluviales, apport de fertilité et réduction descharges en travail).

Les travaux sur les systèmes de semis directsur couverture végétale (SCY) pomTaientfournir des éléments de réponse auxdéséquilibres actuels entre agriculture­élevage et gestion des ressources naturelles.Ces systèmes reposent sur le maintien d'uneplante de couverture sur les sols cultivés.Cette couverture permet d'assurer (i) uneprotection physique des sols lors des pluiesviolentes en début de saison de culture (avrilà juin), ainsi que la conservation, voire larestauration de leur fertilité (par un effet depompe biologique pour les graminées et defixation d'azote pour les légumineuses), (ii)un contrôle des adventices, (iii) la réductiondes charges en travail et en intrants par lesemis direct (Husson et al., 2000). De plus,les espèces sélectionnées (Brachiariaruziziensis, Brachiaria brizantha, Paspalumatratum, Stylosanthes guyanensis, Arachispintoï, etc.), assurant ce rôle de couverture,sont reconnues pour leurs qualités fOmTagères(Klein et César, 1999; Wanapat, 1999).

Ces systèmes sont particulièrementintéressants pour les domaines de pente où ladégradation des sols cultivés et de parcourslimite fortement les rendements des culturespluviales et le potentiel fOmTager des prairiesnaturelles. Dans une moindre prise de risque,les familles disposant de parcelles en fm decycle cultural constituent des interlocuteursprivilégiés pour l'introduction de jachèresaméliorées dans des SCY en rotationpluriannuelle culturesifomTages. L'espècefOmTagère assure la couverture du solpendant 2 à 3 ans, puis une culture de rizpluvial ou de maïs y est implantée en semisdirect. Ces systèmes favorisent unerestauration des sols dégradés par les culturestraditionnelles d'abbatis-brûlis et lesurpâturage, autorisant des rendements surdes parcelles autrement improductives. Lesfamilles inscrites dans des dynamiques Daoclassiques (types BI, B2, Cl, C2 et C3,

figure 17) sont évidemment les plussusceptibles de développer ce type desystèmes dans la mesure où la productivitédes terres de pente, et l'alimentation du bétailsont pour eux importants. Dans la situationde Ban Cuon, où parcours et culturesoccupent un espace commun, ces systèmes derotation pomTaient constituer une voied'entrée pour une gestion mieux équilibréedes ressources des zones de pentes.

En ce qui concerne les parcelles encorecultivables, l'association d'une variétéfOmTagère (par exemple en interligne ou enmicro-terrasses) à la culture pluviale ou à laplantation (verger de fruitiers ou essencesindustrielles) pennettrait de combinerproduction de fOmTage et conservation de lafertilité de la parcelle. L'amélioration desrendements de la culture est l'objectifprincipal de ce type de systèmes,l'exploitation fourragère de la plante decouverture leur confère une valeursupplémentaire attractive pour les éleveurspossédant des effectifs réduits de ruminants:les foyers jeunes (types A et BI) et les foyersTày plus anciens, en phase d'abandon, maispossédant encore quelques buffles (types D3et 04).

Cependant, la mise en oeuvre de ces systèmesnécessite une mobilisation considérable demain d'œuvre et d'intrants lors del'installation, alors que les effets des plantesde couverture sur l'état du sol ne sont visiblesqu'à long terme (l à 2 ans) ; de même leurexploitation fOmTagère peut demander dequelques mois (paspalum atratum) à 2 ans(Arachis pintoi) d'attente pour uneimplantation correcte du couvert végétal. Unessai d'alimentation des bovins à partir d'uneprairie entretenue de Brachiaria a égalementrévélé l'importance des contraintes detransport et de ciblage de la main d'œuvredans les systèmes d'exploitation par coupe ettransport à l'étable. La main d'œuvre allouéeà la conduite des buftles est souventconstituée par les enfants. Or, la fauche et letransport du fOmTage doivent être réalisés parun adulte. Cela est alors perçu par le paysancomme un surcroît de travail pour le foyer. Ilest donc important d'imaginer des modesd'exploitation des fOmTages relativementéconomes en main d' œuvre. Enfm,l'exploitation fOmTagère des plantes decouverture implique un apport de fertilisantspennettant de compenser les exportationsminérales. Il s'agit dès lors de valoriser au

Page 26: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 26 Diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dans la province de Bac Kan

1111111111111111111

mieux la fumure animale (transfonnation dufwnier, compostage) et les transferts defertilité à travers les déplacements destroupeaux.

La coexistence des cultures et des pâturagessur les pentes de Ban Cuon rend nécessaireun aménagement de l'espace permettant uneséparation nette des deux activités. Cetaménagement poWTait être réalisé en partiepar l'implantation de haies vives d'arbres etd'arbustes fOWTagers (Glyciridia sp., Vignasp., Flemingia sp., etc.). La protection desparcelles de culture par des haies vivespermettrait, de plus, d'intégrer les foyers non­éleveurs implantés sur les pentes, notammentles types SB2 « riziculteurs Dao endifficulté» et SB5 « jelUles installés» quidisposeraient alors d'un moyen denégociation pour le prêt de buffles tirants auxsaisons de travail des rizières.

En ce qui concerne les ressources potentiellesdes bas fond, des méthodes de traitement àl'urée ou d'ensilage des pailles de riz (voireégalement des cannes de maïs) permettraientla valorisation de ces résidus de culture pourl'alimentation des ruminants (Nguyen etPreston, 1998; Wanapat, 1999). Cestechniques présentent l'avantage de mettre àdisposition une ressource alimentaire à courtet moyen terme et permettent ainsi un reportde l'offre fourragère à la période hivernale.Leur mise en œuvre, après les récoltes de rizen novembre, cOÜ1cide avec la disponibilitéde la trésorerie nécessaire à l'achat de l'urée.En revanche, la disponibilité de la maind' œuvre est, à ce moment, limitée par lacollecte des bambous en forêt. L'introductiond'une troisième saison de culture en automneavec des graminées (orge, avoine, blé, etc.)ou des légumineuses fourragères hivernales(arachide, soja, etc.) constituerait uneopportlUlité supplémentaire d'amélioration del'offre fourragère en hiver. Une telleinnovation pourrait d'ailleurs être favoriséepar des aides incitatives dans le cadre de lapolitique nationale d'intensification desrizières de bas-fond. Ces opportlUlitésd'amélioration des systèmes d'alimentationdes ruminants sont d'autant plus intéressantesqu'elles mobilisent un espace et desressources jusqu'alors inutilisés. EllespoWTaient donc intèresser l'ensemble desfoyers, en particulier les types en démarrageet les types centrés sur la riziculture irriguée.En revanche, il apparaît indispensable derechercher, à ce niveau, les systèmes les plus

économiques (en travail et en trésorerie)valorisant au mieux des matériaux locaux(feuilles de bananes, silos en bambous,fosses, etc.) notamment pour les techniquesd'ensilage.

Si l'offre technologique SCY permetaujourd'hui de proposer un certain nombred'innovations techniques, éprouvées parailleurs dans d'autres sites (Madagascar,Brésil, Ethiopie, etc.) (Rollin, 2000; Séguy,2000), il n'en reste que les systèmes mis aupoint, y compris au niveau local, doiventencore être testés et adaptés en milieu paysan.Il reste encore à préciser :

• la résistance des espèces fourragères auxrudes conditions de l'hiver ;

• leurs niveaux de production (y compnspour les arbres fOWTagers) nécessairespour l'alimentation du bétail;

• les modes d'utilisation de ces ressources(fauche, consommation sur pied, rotation,quantité à fournir...) respectant leurfonction initiale de couverture;

• les besoins des animaux (par la mise enplace d'essais d'alimentation avec desrésidus de culture améliorés ou surprairie, avec suivi des paramètres decroissance, de reproduction et d'étatcorporel) ;

• différentes méthodes d'ensilage et defanage sur la base d'un coût d'intrantsminimum;

• la dose optimale d'engrais à apporter pourune production satisfaisante et un coûtd'intrant minimum, avec des modes degestion de la fertilité efficaces.

De plus, il semble indispensable de fourniraux acteurs locaux des moyens d'évaluationdes effets positifs de ces innovations sur leurssystèmes de culture et d'élevage; d'une part,en impliquant certains d'entre eux dans lesessais et d'autre part en utilisant ces sitescomme vitrines de l'offre technologique. Ils'agit donc de mobiliser les motivations et lerôle de leader d'opinion d'un certain nombred'éleveurs (types Cl « marchands », D2« riziculteurs/éleveurs capitalistes », C3« épargnants» et C4 « préretraités »). Cesderniers jouissent, en effet, d'un certainprestige social et de moyens humains etmatériels leur permettant de libérer une partiede leur parcellaire pour la mise en placed'essais participatifs avec une prise de risquelimitée, et de constituer lUle valeur d'exemple

Page 27: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 Y.K. Eguienta, C. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.c. Castella, / SAMPaper Series JJ (2002) 27

1111111111111111111

pour les autres villageois. Plusieurs sitesd'essais sur des parcelles paysannes,conduites en partenariat étroit avec lesvillageois impliqués, ont d'ores déjà pu êtremis en place.

La pression foncière pousse les foyers àétendre leurs activités à l'ensemble des unitésagr-o-écologiques des territoires villageois.Nous avons tenté, ici, d'accorder lespropositions techniques à ces unités.Cependant, autant au niveau villageoisqu'individuel, une réorganisation des modesd'utilisation de l'espace sembleindispensable, en particulier sur des terres depentes où activités agricoles et d'élevagessont en compétition pour l'espace etempiètent sur le milieu naturel. De cettecompétition naissent des tensions socialesparfois vives entre agri-éleveurs d'un mêmevillage ou de villages voisins. Malgré lerégime collectif des zones de parcours et laréglementation quant à leur exploitation, lasituation actuelle révèle une absencemanifeste de toute pratique de gestioncollective des ressources. En revanche, si laplupart des familles Tày s'inscrivent dans deslogiques relativement individuelles, onretrouve chez les Dao une certaine solidaritéfamiliale, voire extra-familiale. Certainsfoyers du type Cl «marchands» s'organisentdéjà en groupes d'éleveurs solidaires pour laconduite de leurs troupeaux. Ce type de foyerdoit être mis à contribution dans la recherched'une issue consensuelle à cette situation decrise, à travers de nouveaux modes de gestionconcertés des ressources et de l'espace. Unetelle démarche suppose une connaissanceapprofondie de la dimension spatiale desrelations agriculture - élevage - forêts, que laméthode utilisée dans cette étude n'a paspermis de prendre en compte.

6. Conclusion

Nous avons proposé, ici, une grille de lecturede la diversité des foyers d'agri-éleveursélaborée à partir d'indicateurs simples,prenant en compte la structure des ménages(main d'œuvre disponible, début de l'activitéd'élevage, ethnie, village, conditionsd'installation), des systèmes d'élevage(nombres de bumes, niveau de diversificationdes espèces de ruminants, taux de mortalité),des systèmes de cultures (rapport surface depente / surface de paddy) et leursinterrelations (exploitation du troupeau,

surveillance, satisfaction des besoinsalimentaires et des besoins en force de trait).L'accès aux terres de bas-fond a été unélément déterminant de la différenciation desfoyers agricoles dans le sens où le recoursaux cultures de pentes et à l'élevage viseprincipalement à compenser le manque derizières. La saturation foncière des bas-fondsamène, aujourd'hui, à d'autres critères dedétermination des logiques de production.L'élevage prend une importance touteparticulière pour les foyers implantés sur lespentes. Ainsi, la capacité à répondre auxbesoins en force de trait, la présence decultures à proximité des parcours et l'élevagede bovins ou de caprins sont des indicateursd'orientations d'élevage et donc des facteursfavorables à son développement. Parexemple, quand l'élevage de buflles estconfmé à son rôle de traction (cas des types« riziculteurs Tày»), on retrouve deslogiques d'abandon et de décapitalisation destroupeaux avec l'arrivée de la motorisation.La caractérisation du fonctionnement dessystèmes d'élevage au sein de l'exploitationagricole permet d'en déterminer les o~ectifs

et les contraintes et, ainsi, d'adapter lespossibles interventions et de mieux cibler lesconseils technico-économiques auxagriculteurs.

Notre objectif demeure de fournir desalternatives aux pratiques actuelles, tant auniveau des systèmes de culture que dessystèmes d'élevage, afm de permettre uneamélioration du niveau de vie des paysans etde favoriser un équilibre des relationsagriculture- élevage- forêts. Les alternativestechniques proposées permettent ainsi deconcilier deux types de production(amélioration des rendements des cultures derente et fourrages de qualité) et conservationdu milieu naturel (restauration de la fertilitédes sols, fixation de l'agriculture, etc.). Pourl'ensemble des foyers, l'amélioration desrendements est une priorité, en particulierpour les foyers qui dépendent des pentes. Enrevanche, la production de fourrage sur desparcelles en phase d'abandon, permettant parla suite une remise en culture, constitue unargument majeur pour amener les foyers quiexploitent déjà ces pentes, tant pour l'élevageque l'agriculture, vers des pratiquespréservant le milieu naturel. Lesconsidérations environnementales sontmarginales chez les villageois. Lesbouleversements fonciers de la dernièredécennie ont pour conséquences une

27

Page 28: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

11 28 Diversité des systèmes d'élevage bovo-bubalin dans laprovince de Bac Kan

1111111111111111111

confiance limitée des villageois dans despropositions d'action dont les effets neseraient pas visualisables à court terme.Compte tenu des besoins en main d'œuvre eten intrants à l'installation des systèmesinnovants proposés, il est indispensable defournir aux acteurs locaux des moyens de lesévaluer à travers la mise en place d'essaisparticipatifs constituant une vitrine de l'offretechnologique (Stür et al., 2002). L'équilibredes fonctions de la plante (fourrage,couverture) au sein des SCV doit encore êtreréfléchi

La diversité agro-écologique des espaces etdes ressources qu'ils supportent appelle à deprofonds changements des modesd'exploitation du territoire pour transfonnerles systèmes d'alimentation des grandsruminants. La spatialisation des interactionsagriculture-élevage-forêts est un préalableindispensable à la mise en place de ceschangements organisationnels. Enfm,l'évolution des pratiques des agri-éleveursvers une gestion équilibrée des ressources àl'échelle du territoire villageois nécessite uneréflexion concertée impliquant acteurs locauxet chercheurs de disciplines diverses à traversune démarche dialoguée d'échange de savoirspour une vision partagée des enjeux dudéveloppement (Eguienta et al., 2002a;Eguienta et al., 2002b).

Remerciements

Les auteurs souhaitent remercier Ph. Lhoste(CIRAD) pour sa précieuse contribution dansla mise en place de ses travaux, Ha Diu Tuan(Vietnam Agricultural Sciences Institute),Dang Thi Anh Hoan (programme SAM) etMme Trieu Thi Vang (Services Agricoles dudistrict de Cho Don) pour leurs rôles dans laréalisation de cette étude, et enfm lesvillageois et leurs représentants pour leuraccueil et leur collaboration.

Références

Castella J.C., Husson O., Le Quoc Doanh et HaDinh Tuan (1999). Mise en oeuvre del'approche écorégionale dans les montagnes dubassin du Fleuve Rouge au Vietnam. Cahiersde la Recherche-Développement, 45, pp. 114­134.

Castella J.C., Boissau S., Nguyen Hai Thanh etNovosad P. (2002). Impact of forestland

allocation on agriculture and natural resourcesmanagement in Bac Kan Province, Viet Nam.In: (J.C. Castella and Dang Dinh Quang OOs.)Doi Moi in the MOWltains. Land Use Changesand Farmers' Livelihood Strategies in BacKan Province, Viet Nam. The AgriculturalPublishing House, HaNoi, VietNam. pp. 197­220.

Castella J.C. et Emut A. (2002). Montane paddyrice: the comerstone of agricultural productionsystems in Bac Kan Province, Viet Nam. In:(J.C. Castella and Dang Dinh Quang OOs.) DoiMoi in the MOWltains. Land Use Changes andFarmers' Livelihood Strategies in Bac KanProvince, Viet Nam. The AgriculturalPublishing House, Ha Noi, Viet Nam. pp. 175­195.

Devendra C. et Thomas D. (2oo2a). Crop-animalsystems in Asia : importance of livestock andcharacterisation of agro-ecological zones.AgriculturalSystems, Vol. 71, nO 1-2. pp 5-15.

Devendra C. et Thomas D. (2002b). Smallholderfarming systems in Asia. Agricultural Systems,Vol. 71, n° 1-2. pp. 17-25.

Eguienta Y.K. (2000). Diagnostic des systèmesd'élevage bovo-bubalin dans une zone demontagne au nord du Vietnam. MémoireCNEARC/ESATl, Montpellier, France. 104 p.

Eguienta Y.K., Castella J.C. et Tran Trong Hieu(2002a). Mise au point d'une interface entrescientifiques et éleveurs pour la diffusion desystèmes innovants d'alimentation des grandsruminants: un modèle spatial compartimenté.SAM Paper Series 13, Vietnam AgriculturalScience Institute, Hanoi, Vietnam.

Eguienta Y.K., Castella lC., Tran Trong Hieu,Husson O. et Lecomte P. (2002b). Intégrationagriculture-élevage dans les montagnes aunord du Vietnam: utilisation des outils demodélisation pour la diffusion de systèmesinnovants d'alimentation des grands ruminants.In: Faye B. et Ingrand S. (Ed.) Modélisationdu Fonctionnement des Troupeaux. Actes duSéminaire des 17 et 18 décembre 2001. INRA/ CIRAD-EMVT. pp.101-118.

Helvetas (2000). Report of the rapid marketappraisal (RMA): into animal productsoriginating in Cao Bang Province.HELVETAS, 49 p.

Husson O., Castella J.C., Ha Dinh Tuan et NaudinK (2001). Agronomic diagnosis andidentification of factors limiting upland riceyield in mountainous areas of northemVietnam. SAM Paper Series 2, VietnamAgricultural Science Institute, Hanoi.

Husson O., Ha Dinh Tuan, Lienhard P. et DongHong Tham (2000). Development of directsowing techniques as alternatives to slash-and­bum systems in the mountainous areas ofNorthern Vietnam. In: Nori M. et al. (OOs.)Proceedings of the EC Workshop onSustainable Rural Development in the

Page 29: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

111111111111111111111

Y.K. Eguienta, e. Martin, P. Lecomte, 0. Husson, J.e. Castel/a, 1SAM PaperSeries 11 (2002)

Southeast Asian Mountai1Wus Region, 28-30November 2000, Ha1Wi. Delegation of theEuropean Commission to Vietnam.

Klein H.D. et Cesar J. (1999). Plantes fourragèreset maintien de la fertilité des sols. In "Culturesfourragères tropicales". Coll. repères, CIRAD(Éditeurs scientifiques: Roberge G. et ToutainB.).

Lhoste P., Dollé V., Rousseau J. et Soltner D.(1993). Manuel de zootechnie des régionschaudes: les systèmes d'élevage. CIRAD.Coll. Manuels et précis d'élevage. Ministèrede la coopération. pp. 287.

Mellac G.M. (2000). Des forêts sans partage ­Dynamique de l'espace et utilisation desressources dans un district de montagne auNord Vietnam. Thèse présentée à l'UniversitéMichel de Montaigne - Bordeaux III.Décembre. 608 p.

National Committee of Food Security (1998).Program of National Food Security Until theyear 2005. Ministry of Agriculture and RuralDevelopment. pp. ]]7-121.

Nguyen Phuc Tien et Preston T.R. (1998).Preliminary observations on the effect of work(diving sugar cane press) on intake of pressedsugar cane stalk and Urea-treated rice strawsby buffaloes and cattle. Livestock Research forRural Development, nOI, Volume 10.

Rollin D. (2000). La diffusion des systèmesd'après les expériences du CIRAD, in CD­ROM v.O «ateliers SCV 13-23 mars,Madagscar ».

Seguy L. (2000). Systèmes de culture durables ensemis direct et avec minimum d'intrants,protecteurs de· l'environnement, création­diffusion de ces systèmes, en petit paysannat,dans différentes régions écologiques deMadagascar. Rapport de mission àMadagascar du 13/03 au 03/04/2000, A.F.D,CIRAD CA/GEC, TAFA, ANAE, FOFIFA,FIFAMANOR, FAFlALA, 32 p. + annexes.

Stür W.W., Home P., Gabunada Jr. FA.,Phengsavanh P. et Kerridge P.C. (2002).Forage options for smallholder crop-animalsystems in Southeast Asia: working withfarmers to find solutions. AgriculturalSystems, Vol. 71, nO 1-2. pp. 17-25.

Tong Quang Minh et Le Xuan Cuong (1991).Quelques aspects des bumes de trait auVietnam. Elevage et médecine vétérinairedans lespays tropicaux, 44 (2), pp. 211-214.

Tran Quoc Hoa (1999). Le processus dedifférenciation des exploitations agricoles dansune commune du Nord Vietnam: commune deNgoc Phai, district de Cho Don, province deBac Kan. Mémoire CNEARC/ESATl, France.164p.

Wanapat M. (1999). Feeding of ruminants in theTropic based on local feed ressources. Dept. ofAnimal Sciences. Ouvrage.

29

29

Page 30: Caractérisation et diversité dessystèmes d'élevage …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/...est asiatique (Devendra et al, 2002a). Parallèlement, Le prix du kilogramme

Eguienta Y., Martin C., Lecomte P., Husson O., Castella Jean-

Christophe (2002)

Caractérisation et diversité des systèmes d'élevage bovo-

bubalin dans la province de Bac Kan et propositions

d'alternatives techniques pour une meilleure intégration

agriculture-élevage dans les zones de montagnes au nord du

Vietnam

Hanoï : VASI, (11), 29 p. (SAM Paper Series ; 11)