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Vivre le Carême 2008 Foi et développement En chemin vers Pâques RECEVOIR ET DONNER COMITÉ CATHOLIQUE CONTRE LA FAIM ET POUR LE DÉVELOPPEMENT

Carême - CCFD-Terre Solidaire...Par le Père Jean-Yves Calvez, jésuite, Centre Sèvres (Paris) et CERAS (La Plaine) & immenses disparités entre pays sous-développés et pays développés

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  • Vivre leCarême2008

    Foi et développementEn chemin vers PâquesRECEVOIR ET DONNER

    C O M I T É C A T H O L I Q U E C O N T R E L A F A I M E T P O U R L E D É V E L O P P E M E N T

  • Foi et développement

    Donner son recevoir ...................................................................................................................................................29Éric Vinson, Rédacteur en chef de Prier

    Témoignages .......................................................................................................................................................................31• Le choc d’une rencontre – Valentin Konsana• Ce que m’apporte le Niger – Vincent Goguey• Un nouveau souffle est possible – Jan Heuft

    En chemin vers Pâques

    Recevoir et donner

    Sommaire

    L’enseignement social de l’Église et le développement ................................................07Père Jean-Yves Calvez, jésuite

    Mission et dialogue en Asie : Dialogue, culture et religion .........................................11Père Antoine de Montjour, Missions étrangères de Paris

    Donner du sens à son engagement ........................................................................................................13Père Lucien Heitz, Congrégation du Saint-Esprit

    Paroles de partenaires ............................................................................................................................................14Nicaragua, Cantera, formation à la citoyenneté Inde, Don Bosco Ashalayam, réinsertion des enfants des rues de Kolkata

    Faire vivre l’Église universelle, cinq invitations ........................................................................19• Reconnaître ses préjugés et en demander pardon • Dans la rencontre, recevoir et partager • Puiser à la source d'un chant et le prier • Ouvrir les yeux sur le monde et intercéder • Rassembler la famille ecclésiale autour du repas eucharistique

    Spiritualité et collégialité du CCFD .........................................................................................................25Oser l’appel au don ......................................................................................................................................................26

  • Développement ? Recevoir ? Donner ?Avec le CCFD, vivre le Carême 2008en communauté paroissiale, en mou-vement, en service, en groupe… c’est oser sequestionner sur l’état du monde à partir demots qui nous habitent mais qu’il faut revisiterà la lumière de la Parole de Dieu ou de l’ensei-gnement social de l’Église, sans oublier lesexpériences missionnaires et les initiatives despartenaires du CCFD.

    « Vivre le Carême 2008 » est riche de texteset de propositions qui vous aideront à le faire.Vous pourrez, chemin faisant, inviter chacun àdonner sa pensée et à recevoir celle des autres.

    Le 6 février, nous entrons en Carême. Vousêtes prêtre, doyen ou curé, diacre, religieux,religieuse, laïc responsable ou membre d’uneéquipe d’animation pastorale, d’une équipeliturgique, vous êtes paroissien, paroissiennesensible aux enjeux de la solidarité… Vous êtescatéchiste, animateur, animatrice d’aumônerieet de mouvements… membre du relais solida-rité de votre paroisse, relais isolé ou membred’une Équipe locale CCFD… Envisagez les éta-pes de ce chemin dès maintenant.

    Elles doivent tenir compte de votre contextelocal, elles peuvent être d’heureux temps decatéchèse communautaire auxquels vous pour-rez inviter les parents demandant le baptêmepour leurs enfants, les fiancés, les confir-mands, les « recommençants à croire », desplus jeunes aux anciens... Pour les animateursde jeunes, inviter les parents à s’arrêter unesoirée pendant le Carême avec leurs enfantsest un enjeu.

    Pour cheminer vers Pâques, une nou-veauté cette année : cinq invitations à se ras-sembler pour réfléchir et prier sur les textes dela liturgie. Prenez aussi le temps d’écouter lespartenaires du CCFD, ceux du Nicaragua,d’Inde, ou des bénévoles de retour d’un voyaged’immersion… Ils sont signes d’espérance etde résurrection.

    Vous trouverez dans les textes de ce docu-ment les mots pour affiner, renforcer vosconvictions et pouvoir mieux les partager.N’hésitez pas à être force de propositionsd’animations et de réflexions…

    Christiane, Françoise, Henriette, Philippe, Stéphane,Vincent, qui ont préparé pour vous cette brochure.

    LETTRE À CHACUNE ET À CHACUN

    À toutes les communautés chrétiennes

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    « Alors un homme riche dit :Parlez-nous du don. »Et il répondit :Vous donnez, mais bien peuquand vous donnez de vos possessions.C'est lorsque vous donnez de vous-mêmeque vous donnez véritablement.Car que sont vos possessions,sinon des choses que vous conservezet gardez par peur d'en avoir besoin le lendemain ?Et demain, qu'apportera demainau chien trop prévoyant qui enterre ses os dans le sablesans pistes, tandis qu'il suit les pèlerins dans la ville sainte ?Et qu'est-ce que la peur de la misèresinon la misère elle-même?La crainte de la soif devant votre puits qui déborden'est-elle pas déjà une soif inextinguible ?

    Il y a ceux qui donnent peu de l'abondance qu'ils possèdent– et ils le donnent pour susciter la gratitudeet leur désir secret corrompt leurs dons.Et il y a ceux qui possèdent peu et qui le donnent en entier.Ceux-là ont foi en la vie et en la générosité de la vie,et leur coffre ne se vide jamais.Il y a ceux qui donnent avec joie,et cette joie est leur récompense.Et il y a ceux qui donnent dans la douleur,et cette douleur est leur baptême.Et il y a ceux qui donnentet qui n'en éprouvent point de douleur,ni ne recherchent la joie,ni ne donnent en ayant conscience de leur vertu.Ils donnent comme, là-bas, le myrte exhale son parfumdans l'espace de la vallée.Par les mains de ceux-là, Dieu parle,et du fond de leurs yeux, Il sourit à la terre.

    Il est bon de donner lorsqu'on vous le demande,mais il est mieux de donnerquand on vous le demande point, par compréhension ;et pour celui dont les mains sont ouvertes,la quête de celui qui recevraest un bonheur plus grand que le don lui-même.

    Et n'y a-t-il rien que vous voudriez refuser ?Tout ce que vous possédez, un jour sera donné ;Donnez donc maintenant, afin que la saison du donsoit la vôtre et non celle de vos héritiers.Vous dites souvent :« Je donnerai, mais seulement à ceux qui le méritent ».Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi,ni les troupeaux dans vos pâturages.Ils donnent de sorte qu'ils puissent vivre,car pour eux, retenir est périr.

    Assurément, celui qui est digne de recevoir ses jours et ses nuits est digne de recevoir tout le reste de vous.Et celui qui mérite de boire à l'océan de la viemérite de remplir sa coupe à votre petit ruisseau.Et quel mérite plus grand peut-il existerque celui qui réside dans le courage et la confiance,et même dans la charité, de recevoir ?Et qui êtes-vous pour qu'un homme doive dévoilersa poitrine et abandonner sa fierté, de sorte que vouspuissiez voir sa dignité mise à nu et sa fierté exposée ?Veillez d'abord à mériter vous-même de pouvoir donner,et d'être un instrument du don.

    Car en vérité c'est la vie qui donne à la vie– tandis que vous, qui imaginez pouvoir donner,n'êtes rien d'autre qu'un témoin.Et vous qui recevez – et vous recevez tous –ne percevez pas la gratitude comme un fardeau,car ce serait imposer un joug à vous-même,comme à celui qui donne.Élevez-vous plutôt avec celui qui vous a donnépar ses offrandes, comme avec des ailes.Car trop se soucier de votre detteest douter de sa générosité, qui a la terre bienveillantepour mère, et Dieu pour père.

    KHALIL GIBRAN,Le Prophète, Casterman, 1979*

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    * Avec l’aimable autorisation des auteurs et des éditions Casterman

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    Tout commence – risquons une date – en1958 ou à peu près. La décolonisation politiquebat son plein et apparaît, du coup, le délabre-ment économique du monde : on parle de pays« sous-développés » puis, bientôt, de manièreplus encourageante, mais ce n’est tout de mêmequ’un euphémisme, de pays « en voie de déve-loppement», pays «en» développement. L’huma-nité entière a, devant elle, une tâche historiquegigantesque et urgente à la fois : en finir avec les

    n cinquante ans, le monde a radicalement changé. La pauvreté d’hier n’estplus celle d’aujourd’hui bien qu’elle demeure omniprésente. Notre façon delutter contre l’injustice a dû se transformer et s’adapter an fil du temps et dessituations. À l’image de cette mutation nécessaire, la doctrine sociale del’Église propose une conception du développement qui a su évoluer, avec songénie mais aussi ses faiblesses.

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    Photo : Stéphane Lehr

    L’ENSEIGNEMENT SOCIAL DE L’ÉGLISEET LE DÉVELOPPEMENT : SES ÉTAPES SUR 50 ANS Par le Père Jean-Yves Calvez, jésuite, Centre Sèvres (Paris) et CERAS (La Plaine)

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    immenses disparités entre pays sous-développéset pays développés ; cette distance n’est pas tolé-rable dans un monde aspirant à l’unité. Déjà sou-lignée en 1945 par la Charte des Nations unies,celle-ci n’a en effet pas pour seul but la sécurité,ou la paix entre les nations, mais aussi « le pro-grès économique et social de tous les peuples»,condition de la paix, dira un jour l’Église.

    Foidéveloppement

  • passe en l’œuvre même du Christ, l’«œuvre », le« royaume » qu’il « rend » à son Père à la fin dutemps (n° 39).

    Paul VI ajoutera, dans sa Lettre sur le Dévelop-pement des peuples, moins de deux ans après leConcile : «Chaque homme est appelé à se dévelop-per car toute vie est vocation. Dès sa naissance estdonné à chacun en germe un ensemble d’aptitudeset de qualités à faire fructifier […] Il est responsablede sa croissance comme de son salut. Cette crois-sance n’est pas facultative […] La créature spiri-tuelle [l’homme] est tenue d’orienter spontanémentsa vie vers Dieu ». Et cette croissance, est, ensomme, l’ensemble de ses devoirs. Vingt ansplus tard, Jean-Paul II dira : le développementn’est pas qu’affaire « laïque » ou «profane », c’estaussi affaire « religieuse » : «Ce progrès est possibleparce que Dieu le Père a décidé, dès le commence-ment, de rendre l’homme participant de sa gloireen Jésus-Christ ressuscité » (Sur la question socialeet le développement, 1987, n°31).

    Développement, affaire« culturelle »

    D’autre part, dans les années soixante, l’Égli-se va beaucoup insister sur les implications cul-turelles qu’entraînent les initiatives de dévelop-pement. Paul VI surtout a compris que même lesinitiatives en apparence purement financières,techniques ou organisationnelles, peuvent, enfait, atteindre en profondeur et défaire des équili-bres culturels et sociaux traditionnels. Mal-heureusement cet aspect était peu retenu par leséconomistes ou les politologues « modernes ».Pourtant il s’agissait bien de l’essentiel pour leshommes.

    Quels aspects étaient ainsi mis en cause ?Généralement, la forme de la famille – dite élar-gie –, l’autorité villageoise, spécialement celledes chefs de terre, chargés de redistributionspériodiques analogues aux jubilés de la Biblehébraïque, et encore, la forme clanique des rela-tions entre les hommes ou entre les familles.Paul VI en venait à dire : « Le heurt entre les civili-sations traditionnelles et les nouveautés de la civi-lisation industrielle brise les structures qui nes’adaptent pas aux conditions nouvelles. Leurcadre, parfois rigide, était l’indispensable appui dela vie personnelle et familiale, et les anciens y res-tent attachés, cependant que les jeunes s’en éva-dent comme d’un obstacle inutile pour se tourneravidement devant de nouvelles formes de viesociale » (Lettre sur le Développement des peuples,1967, n° 10).

    De plus, Paul VI mettait en garde, dans sesconclusions, contre la superbe des experts pro-venant de la civilisation d’Occident, les incitant àl’effort pour écouter, sentir et comprendre.

    L’histoire a prouvé que la question décisiveétait bien celle d’un passage aussi en douceurque possible des formes sociales anciennes à desformes nouvelles de société… L’accueil des tech-niques est certes devenu moins problématique

    désormais (quarante ans après) : on n’en observepas moins encore, souvent, les violentes réac-tions de populations traditionnelles, indiennes,africaines, vivant dans des régions isolées, dèsque s’annonce un grand projet de barrage, leforage d’un puits de pétrole ou l’introductiond’une nouvelle culture.

    Étapes, crisesEn revenant en arrière, on peut dire que

    l’Église s’est fortement impliquée dans les politi-ques de développement des premières décenniesaprès la Seconde Guerre mondiale, celles qui ontporté le nom, en Amérique latine surtout, depolitiques de substitution, d’industries nouvelles(protégées) visant à remplacer des importationsonéreuses. L’Église a beaucoup coopéré avec leséconomistes patentés de la CEPAL, par exemple,(Commission économique des Nations uniespour l’Amérique latine installée à Santiago duChili), et de même avec ceux de la CNUCED,(Conférence des Nations unies pour le commerceet le développement créée en 1965.) Mais, assezvite, est apparue, en Amérique latine surtout, unedouble critique qui a bouleversé cette coopéra-tion. Pour la « théologie de la libération», les poli-tiques de développement, le « développemen-tisme », se révélaient inefficaces et finalementtrompeuses, masquant une «dépendance» bienréelle. Pour la nouvelle pensée libérale, d’autrepart, qui commença à se répandre dans lesannées soixante-dix, le développementisme etses politiques volontaristes n’apparaissaient pasmoins inefficaces : il valait mieux ouvrir les fron-tières et attendre de cette ouverture la diffusion

    Il faut « aider » au développement

    Les premières références dans l’Église auproblème du développement apparaissent dansles dernières allocutions du pape Pie XII. Il estquestion de l’aide indispensable de la part despays qui ont plus de moyens en direction despays qui en manquent cruellement. Longtempspape après la guerre, il meurt en 1958 pour êtreremplacé cette même année par le très fameuxJean XXIII auteur d’une « encyclique » – disonsLettre « à l’Église » et simultanément « au mon-de» –d’un grand retentissement, Sur l’Économieet la société, en 1961. La question de « l’écono-mie», pour l’Église, est de plus en plus celle de ladisparité évoquée plus haut, entre pays en voiede développement et pays développés. Et l’orga-nisation de l’aide est le tout premier aspect decette problématique : aide financière, aide tech-nique, aide éducative. On a commencé dans ledébat international à opposer aide et commerce,aid et trade en anglais : l’aide a en effet toujoursquelque chose de condescendant, presque mé-prisant, il faut d’abord donner – rendre – auxpeuples pauvres ce à quoi ils ont droit en ven-dant leurs produits. L’Église continuera pour sapart à parler d’aide, elle changera néanmoins devocabulaire parlant de « juste commerce» et semontrant soucieuse de la détérioration des ter-mes de l’échange, défavorables aux produits

    minéraux ou agricoles du tiers monde face auxproduits manufacturés qu’on leur vend et qui, aucontraire, progressivement, s’apprécient.

    Question de « foi » En cette période, l’Église amorce un tournant

    capital. Elle commence à considérer le dévelop-pement non plus comme une simple questionéconomique mais comme quelque chose designificatif pour la foi de chacun, de chaque peu-ple aussi : se développer, c’est s’efforcer et gran-dir ; l’homme y est appelé par Dieu ; il ne s’agitpas seulement d’une tâche particulière, se pré-sentant à un moment donné de l’histoire de l’hu-manité, c’est un appel constamment adressé àtout homme et orientant sa vie.

    Au Concile Vatican II (1962-1965), toutes lesquestions touchant à l’économie vont ainsiapparaître sous le titre «Le développement éco-nomique » et, peut-on ajouter, toutes les ques-tions touchant l’homme, elles, sous le titre « l’ac-tivité humaine [son développement] dans l’uni-vers». « L’homme s’est toujours efforcé, disent lesévêques, de donner un plus ample développementà sa vie » (L’Église dans le monde de ce temps,n°33). On s’interroge assurément sur ce progrèset ce développement, cette « laborieuse activité »,économique mais pas seulement. Au total, cetteimmense entreprise, «de dignité, de communionfraternelle et de liberté », de tous les hommes,

    Un nouveau thème de réflexionAnnée 2008 : Les modes de développement en question

    Le présent article du Père Jean-YvesCalvez le rappelle : de tout temps,l’Église se soucie de la place del’homme dans la société ; elle se veutcontributive en terme d’analyseset de propositions. Parce que« c’est de la qualité du vécu social,c’est-à-dire des relations de justiceet d’amour qui le façonnent quedépendent, de manière décisive,la tutelle et la promotion despersonnes pour lesquelles toutecommunauté est constituée »*

    L’action du CCFD n’a d’autre objet.Au XXIe siècle, alors que les interro-gations sur le devenir de notre terres’ajoutent à un écart de plus en plus

    sidérant entre « ceux qui ont et ceux quin’ont pas », le CCFD veut proposer unerelecture concrète des questions liéesau « développement ». Pour cela,il se nourrit de l’expérience nationaleet internationale des mouvementsqui le composent (voir p. 35) sur lesquestions sociales d’aujourd’hui ainsique de l’expertise de ses partenaires«du Sud et de l’Est ».

    La notion de « développement intégralde tout homme » serait-elle en panne ?Le CCFD a légitimé, pour sa part,à en rappeler le contenu et la visée.Les modes de développementdes dernières décennies n’auraient paspermis que se déploie une saine

    gestion des relations et des ressources« en vue du bien commun » ? La réalitévécue par ses partenaires et expliquéeà nos communautés peut êtreune éclairante clé de lecture.Si vous voulez « aller plus loin »,vous pouvez trouver à l’appui duprésent dossier, dans les délégationsdiocésaines du CCFD, des complémentsutiles : dossiers et outils (vidéo,jeux, illustrations, etc.) conçus pourdes publics divers (en communautéschrétiennes ou pour témoigner« hors nos murs », le tout en directionde toutes les générations).

    *Compendium de la doctrine socialede l’Église, n° 81.

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    Un jeune prêtre des Missions étrangères de Paris à la rencontre du peuple Khmer.

    n octobre 2006 se tenait à Chiang Maï (nord-est de la Thaïlande) le premier congrès mis-sionnaire d’Asie organisé par et pour les Asiatiques. Une occasion de faire le point, enÉglise, en partant du mode de penser et de la sensibilité de l’Asie. Le thème était« Raconter l’histoire de Jésus en Asie » à travers le défi des cultures, en insistant sur le «dialogue de la vie ». À ce défi les pays asiatiques ne répondent pas en terme de « dévelop-pement » mais de « dialogue ».

    EDIALOGUE, CULTURE ET RELIGION Par le Père Antoine de Monjour, Missions étrangères de Paris (MEP)

    La notion de développement est souventassociée aux binômes de «développement/sous-développement »,« Nord/Sud », voire « Occidentriche/pays (lesquels ?) pauvres ». Il y a là unevision du monde dans laquelle la norme du déve-loppement et de ses excès reste centrée surtoutsur le point de vue de « l’Occident » (nous dési-gnons ici l’Europe et l’Amérique du Nord) et mar-quée par la pensée, la culture et la religion chré-tienne. En Asie, les Églises connaissent cette«norme», mais l’Occident n’est pas le centre dumonde et d’autres approches sont possibles.

    « La mission comme dialogue avec les pauvres, les cultures et les religions ».

    C’est ce qu’a rappelé à Chiang Maï Mgr LuísAntonio G. Tagle, évêque d’Imus aux Philippines,dans « la mission en Asie : c’est raconter l’histoirede Jésus» : « Le chrétien en Asie se positionne tou-jours avec, et non en dehors, de personnes d’autrescultures et d’autres religions. Il doit raconter l’his-toire de Jésus avec, pour et parmi les pauvres, lesdiverses cultures et les diverses religions de l’Asie,

    car celles-ci déterminent en partie l’identité et l’his-toire asiatique. ». Ce qu’il résume dans la formule« la mission comme dialogue avec les pauvres, lescultures et les religions ».

    Autrement dit, en Asie, comment des chré-tiens, alors qu’ils sont extrêmement minoritaires(à l’exception notable des Philippines et du Timororiental), pourraient-ils dire quelque chose d’au-dible sur les questions du «développement» dontparle l’Église, sans passer d’abord par ce dialo-gue long et respectueux avec les pauvres, les cul-tures et les religions des pays où ils vivent ?Comment parler d’injustice face à des pauvretéscriantes quand les références culturelles pluri-millénaires d’un pays conduisent les gens àconsidérer la pauvreté ou la richesse plus com-me une conséquence inévitable d’actes de viesantérieures (c’est son Karma), de la situationsociale (c’est sa caste, sa famille ou son clan) oudu réseau de relations (il est l’obligé d’un tel ou leprotecteur d’un tel) et non le résultat d’une politi-que socio-économique qui serait injuste ? EnAsie cohabitent souvent sous-développement etsurdéveloppement dans un même pays, une

    du progrès économique sous l’effet de la concur-rence. Une expression résumait cet espoir : it willtrickle down (il coulera goutte à goutte), le progrèsse diffusera automatiquement comme l’eaugoutte par-dessus les bords du vase danslaquelle elle tombe de haut.

    Il en est résulté une forte crise de l’idée mêmede développement. Pour la théologie de la libéra-tion, en effet, il fallait plutôt parler de révolutionpréalable au développement. Pour la penséelibérale, il ne fallait plus parler de développementdu tout, expression naïve, trop volontariste. Et lemot s’est en effet effacé ou presque du vocabu-laire de certains économistes, y compris de quel-ques-uns qui furent influents dans l’Église pen-dant ces dernières décennies. On s’est mis à par-ler de globalisation ou de mondialisation pourdésigner certes encore une politique déterminée,mais cette fois une politique de commerce libéralqui ne se prétend pas volontariste – alors qu’évi-demment elle l’est. C’est d’elle qu’il est questiondans toutes les négociations d’accords de librecommerce, particulièrement avec les États-Unis.

    Le problème demeuresous des formes nouvelles

    Ici, dirai-je, l’Église a besoin de reprendresouffle. J’ai, pour ma part, parlé des « silences»– des retards en somme – de sa doctrine socialecontemporaine dans un livre des éditions deL’Atelier*. C’était en 1999. La situation n’a pasbeaucoup changé depuis. Nous n’avons peut-être pas besoin d’une nouvelle lettre à l’Église etau monde sur le développement, mais plutôtd’un document de synthèse ou de reprise, ras-semblant tout ce qui peut être utile sous un titregénéral comme «mondialisation» ou «globalisa-tion » désormais dans tous les esprits. Sous cetitre on ne cesse de rencontrer le problème des

    disparités extrêmes et insupportables entre lespays développés et les pays faiblement dévelop-pés ou en difficulté de développement, consta-tant le progrès quasi général des inégalités.

    D’un autre côté, il est vrai, l’Église a, avec lepape Jean-Paul II, commencé de cultiver le champdes problèmes de l’écologie et de l’environne-ment, qui est maintenant l’un des plus impor-tants. Là, une nouvelle étape a commencé, com-plémentaire de la précédente. Par l’apparition detrès sérieuses raretés. Rareté par exemple desressources énergétiques non renouvelables, etrareté de l’eau (potable surtout) en bien despoints du monde, etc. L’Église a entamé unimportant chantier, affirmant par exemple : « Lesressources énergétiques qui ne sont pas renouvela-bles, auxquelles puisent les pays hautement indus-trialisés et ceux de récente industrialisation, doiventêtre mises au service de toute l’humanité » (Com-pendium de la doctrine sociale de l’Église, 2005, n°470). C’est là une vaste tâche et nous ne savonspas encore comment au juste la mettre enœuvre. Il s’agit peut-être de la forme la plus nou-velle du développement, même si le mot estmoins souvent sur nos lèvres. «postdéveloppe-mentisme », disent même aujourd’hui certains,qui estiment qu’il ne faut plus dire développe-ment ou croissance mais «décroissance»…

    On voit combien la doctrine de l’Église sur ledéveloppement a été en fait vivante : elle n’a riend’un héritage figé en vérité. Mais il faut avoireffectivement à sa disposition tout cet héritage,pour pouvoir s’en saisir et l’enrichir encore entoutes les occasions ; il faut savoir comment sesont présentées les principales étapes dans ledemi-siècle écoulé. Ainsi la doctrine de l’Églisepourra plonger à nouveau dans ce débat, tou-jours inachevé. ■

    Dans un monde en profonde mutation,liée entre autre à la mondialisation, l’Églised’Amérique latine est confrontéeà de nouveaux défis sociaux, économiqueset spirituels. Profitant de la cinquièmeconférence des évêques latino-américainsà Aparecida au Brésil, le CCFD a invité,au mois de mai 2007, une vingtainede partenaires écclésiaux d’Amérique latinepour un temps d’échange et de réflexion.Dans ce numéro, nous vous proposonsune rencontre avec ces théologiens

    qui ont su enrichir leurs réflexionsà travers leurs engagements sociaux.Pour accueillir les inquiétudeset les perspectives des temps actuels,ils cherchent de nouvelles voies, à traversune réactualisation de la théologiede la libération et invitent à nous laisserinterpeller, voire transformer, par les exclus.« Pour un christianisme, dit un participant,qui doit avoir le visage des Indiens,des chômeurs, des sans terres,des femmes… »

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    dialogue

    *Les silences de la doctrine sociale catholique

    Un autre visage de l’Église

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    Enquête de Faim Développement Magazine*sur la théologie de la libération

    *N° 223, juin 2007. Disponibleauprès de la Délégationdiocésaine du CCFD.

  • Nous avons à répondre aux urgences pardes actions caritatives. La compassion sim-plement humaine nous y pousse. Nous avonsaussi à chercher les causes de tous les non-déve-loppements par un travail d'analyse. Il vautmieux arrêter les pyromanes que de s'essoufflerà éteindre des feux qui continuent leurs ravagesdans notre dos. Nous avons à appeler et à enga-ger d'autres personnes dans nos actions. Nousavons enfin le devoir de rechercher le plus d'effi-cacité possible à nos actions en cherchant desengagements plus politiques. Mais pas avecn'importe quels moyens. C'est dans tous cesefforts pour que l'humanité et surtout ses mil-lions de plus pauvres vivent mieux, que nousparlons le mieux de notre foi. Notre engagementpour plus de justice au nom de l'Évangile est unappel que nous aimerions que bien d'autreshommes et femmes entendent et comprennent.

    Donner sens à son engagementL'Évangile nous apprend, c'est vrai, à mar-

    cher sur les traces du Christ, en aimant Dieu etnos frères. Il nous indique aussi le bout et le butdu chemin. Savoir où on va, savoir que l'on estattendu donne du sens à la marche et du couragepour avancer. Chrétiens, nous avons, à la suitede saint Paul et de millions d'autres, la certitudeque la victoire du Christ sur la violence et la mortsigne aussi sa victoire sur tout le négatif de nosvies humaines, personnelles et collectives.

    Mettre nos pas dans les siens, regarder lesautres comme lui, agir avec et pour eux commelui, nous met dans une continuelle transforma-tion de nos relations humaines. Vivre en Église,communauté nourrie de la Parole et de l'Eu-charistie et guidée par la vision de l'Homme dansson intégralité, donne à nos existences unecohérence plus vraie avec l'Évangile. Nous ren-dons ainsi possible un autre monde qui est signedu Royaume.

    Promouvoirun développement intégral

    Prenons ensemble, Églises du Sud et celles duNord, des engagements contre la pauvreté quiaugmente, surtout chez les plus pauvres qui sontla majorité. Vérifions davantage ce que produi-sent les grandes interférences Nord-Sud : main-mise des multinationales sur les économies, sub-ventions des pays du Nord qui étouffent les pro-ducteurs des pays du Sud, prolifération desarmes qui entretient des conflits meurtriers, cor-ruptions de toutes sortes, explosion des mala-dies, sida et paludisme surtout, sans accès cor-rect aux médicaments, exodes suicidaires desjeunes vers les bidonvilles et vers l'Europe… Laliste pourrait s'allonger d'autres noms de chan-tiers incontournables, de programmes non négo-ciables pour qui puise son sens de l'Homme à lasource de l'Évangile. « Le plus important pourl'avenir est la lutte pour la paix et le développementde fond, le développement durable, auto entretenupar les populations. » écrit Ménotti Bottazzi, an-cien secrétaire général du CCFD*. Les évêquesdu premier synode pour l'Afrique (1994) ont pré-senté l'Afrique comme un continent tombé auxmains des brigands. Ils parlaient d'un besoinurgent d'auto prise en charge, de redressementéconomique et de reconstruction sociale. Unsecond synode se prépare sur le continent.L'Église veut faire face aux courants déshumani-sants et oppresseurs qui dégradent la dignité desAfricains et font obstacle à l'Évangile.

    Pour que notre Église parle à notre monded'aujourd'hui, il lui faut, plus que jamais, devenirpartout, par ses paroles et ses actes, un plaidoyerprophétique pour la justice, la paix et l'intégritéde la création. Il lui faut pour cela, et de façonurgente, de vrais militants de l'Évangile qui, duNord au Sud, tissent les liens d'une mondialisa-tion de la justice et du respect de l'homme : levrai culte qui plaît à Dieu. ■

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    hrétiens, nous sommes aujourd'hui observés, attendus à différents niveaux d'engagementpar le monde et la société qui exigent de nous, plus que de tout autre, une cohérence entreparoles et actions, entre le dire et le faire. De nombreux militants du CCFD et d'autres asso-ciations le savent.C

    POUREN SAVOIR PLUSLes spiritains :www.spiritains.org

    même ville ou un même village, dans un mêmequartier voire dans une même rue…

    Cette réflexion sur le « dialogue avec les pau-vres, les cultures et les religions» en Asie étaitdéjà contenue dans la déclaration de la premièreassemblée plénière de la Fédération des Confé-rences épiscopales d’Asie (FABC, en anglais) quis’est tenue en 1974 à Taïpei (Taïwan). À cettedate, nous sommes encore en pleine période deréception de l’encyclique Populorum Progressio(Le développement des peuples) du Pape Paul VIparue en mars 1967 dans la dynamique duConcile Vatican II. Alors qu’en Amérique latinequelqu’un comme Gustavo Gutiérrez mettait enplace une théologie de la libération, le terme de« libération» venant en lieu et place de « dévelop-pement », en Asie la FABC mettait en avant leterme de « dialogue ».

    Mise en pratique de ce dialogueDans le diocèse de Chiang Maï, où s’est

    déroulé ce congrès missionnaire, se réalisedepuis quelques années une expérience origi-nale qui se veut une mise en pratique de ce « dia-logue». Voici des extraits d’une interview du pèreNippoth, prêtre dans ce diocèse :

    « La Thaïlande s’est développée matériellementmais la société est en crise profonde et le dévelop-pement n’est pas durable. Avec des bouddhistes,des protestants et des musulmans nous pensonsque cette crise n’est pas seulement économique,sociale ou politique ; elle est le symptôme d’unecrise du système des valeurs.

    Nous voulons mettre en avant les valeurs évan-géliques, bouddhistes et culturelles des minoritésethniques. Pour cela nous avons fait l’option de tra-vailler à la base avec les paysans des minorités eth-

    niques parce que c’est là que ces valeurs existentencore. Nous voulons qu’ils puissent les reproduiredans d’autres modèles économiques. »

    Dans le même esprit, le père Nippoth tente,avec d’autres, de formuler ce qu’il appelle une« théologie du riz ». En Thaïlande, près de 60 % dela surface cultivable est constituée de rizières.Pour le père Nippoth et ses amis, la culture tradi-tionnelle du riz cristallise les valeurs spirituellesdu peuple thaïlandais.

    «La culture du riz est communautaire et met enœuvre un certain nombre de valeurs humaines.Nous essayons de faire comprendre commentinjecter ce système de valeurs dans un développe-ment qui, autrement, resterait strictement matériel.Nous appliquons cette “théologie du riz“ en aidantles gens à s’unir pour qu’ils voient ce qu’il y a der-rière le développement strictement matériel et qu’ilsquestionnent le système macroéconomique enplace. Tous les mois nous nous réunissons pourcela avec un groupe de moines bouddhistes, dereligieuses, de prêtres et de membres d’organisa-tion non gouvernementale qui nous apportent l’ex-pertise économique nécessaire. »

    Pour le père Nippoth, l’Église en Thaïlandedoit entrer de plein-pied dans ce mode d’évangé-lisation par le dialogue à la suite des directives dela FABC.

    L’approche asiatique du « développement »passant par le dialogue avec les pauvres, les cul-tures et les religions se veut avant tout pragmati-que et réaliste. Les Asiatiques ne souhaitent pasplus imposer leur manière de voir que de se lais-ser imposer une autre manière d’aborder lesquestions du développement. Ils pensent quechacun peut s’enrichir de la réflexion de l’autre etnous proposent ainsi… un dialogue. ■

    POUREN SAVOIR PLUSMissions étrangèresde Paris :www.mepasie.org

    Le respect des usages du paysExtrait des Instructions du Saint-Siège de 1659 aux premières Missions étrangères de Paris

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    Ne mettez aucun zèle, n’avancez aucunargument pour convaincre ces peuplesde changer leurs rites, leurs coutumeset leurs mœurs à moins qu’ellesne soient évidemment contrairesà la religion et à la morale. Quoi de plusabsurde que de transporter chezles Chinois la France, l’Espagne,l’Italie ou quelque autre pays d’Europe ?N’introduisez pas chez eux nos pays,mais la foi, cette foi qui ne repousseni ne blesse les rites ni les usagesd’aucun peuple, pourvu qu’ils ne soientpas détestables, mais, bien au contraire,veut qu’on les garde et les protège.Il est pour ainsi dire inscrit dans la

    nature de tous les hommes d’estimer,d’aimer, de mettre au-dessus de toutau monde les traditions de leur pays,et ce pays lui-même. Aussi n’y a-t-il pasde plus puissante cause d’éloignementet de haine que d’apporter des change-ments aux coutumes propres à unenation, principalement à celles qui y ontété pratiquées aussi loin que remontentles souvenirs des anciens.Que sera-ce si, les ayant abrogées, vouscherchez à mettre à la place les mœursde votre pays, introduites du dehors ? Nemettez donc jamais en parallèleles usages de ces peuples avec ceuxde l’Europe ; bien au contraire,

    empressez-vous de vous y habituer.Admirer et louez ce qui mérite lalouange. Pour ce qui ne la mérite pas,s’il convient de ne pas le vanter à sonde trompe comme le font les flatteurs,vous aurez la prudence de ne pas porterde jugement, ou en tout cas de ne riencondamner étourdiment ou avec excès.Quand aux usages qui sont franche-ment mauvais, il faut les ébranlerplutôt par des hochements de têteet des silences que par des paroles,non sans saisir les occasions grâceauxquelles, les âmes une fois disposéesà embrasser la vérité, ces usagesse laisseront déraciner insensiblement.

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    engagementDonner du sens

    Par le Père Lucien Heitz, de la congrégation du Saint-Esprit

    * Ménotti Bottazzi, dans « De la mine de Bollwiller aux rives du Mékong, Itinéraires militants », éd. La Toison d'Or, 2005. p. 132.

    Photo : Thierry Brésillon

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    histoire du CCFD est intimement liée à celle de ses partenaires. Depuis l’origine, sa réflexionet son action s’appuient sur leur expérience, leur pensée et leur savoir faire. Si nous propo-sons aujourd’hui de réfléchir ensemble sur les liens entre foi et développement, il noussemble essentiel de donner la parole aux partenaires. Voici deux témoignages qui visent àmontrer comment la foi est à l’origine de leur action, comment ils peuvent se nourrir de l’en-seignement social de l’Église et surtout, lui donner vie.

    Le système dans lequel nous vivons actuel-lement accumule toujours plus de mort, depauvreté et de destruction. Cette situation metla vie de l’humanité et la vie de la planète en dan-ger imminent. Plus de 60% de l’humanité vit ensituation de pauvreté et d’exclusion. L’écart entreles riches et les pauvres se fait chaque jour plusgrand. C’est la réalité dans laquelle nous devonscontinuer à être les constructeurs de l’espérancequ’un « Autre monde est possible ». La construc-tion de cette espérance passe par la reconnais-sance et la valorisation des richesses culturellesdes peuples, la prise de pouvoir d’hommes et defemmes et la recherche de l’équité et de la justicedans les processus économiques, politiques etsociaux dans lesquels nous vivons. Au cours de

    ce cheminement, nous sommes accompagnés etorientés par l’Église et sa doctrine sociale expo-sée dans les encycliques qui nous orientent pouraccomplir notre engagement évangélique.

    Un « humanisme plein », gouvernépar les valeurs spirituelles

    S’il est certain que l’expression « doctrinesociale » de l’Église remonte à Pie XI, l’Églisecatholique, grâce à son accompagnement per-manent des hommes et des femmes dans lasociété, a accumulé un riche patrimoine doctri-nal. Celui-ci a des racines dans l’Écriture Sainte,spécialement dans les Évangiles et dans lesécrits apostoliques ; il a pris forme et corps à par-tir des Pères et des Mères de l’Église et des

    Parolesde partenaires

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    grands docteurs et doctoresses du Moyen Âge.Notre Seigneur Jésus a dit clairement en se réfé-rant à sa mission : « Je suis venu pour qu’ils aient lavie et la vie en abondance. » (Jn 10,10). Son com-mandement de vie s’exprime dans l’amour deDieu et du prochain qui l’amène à dire : « Vousvous aimerez les uns les autres comme je vous aiaimés » (Jn 13,34). Quel défi pour nous d’appren-dre à aimer les autres comme Dieu lui-mêmenous aime ! Les Apôtres, et les premiers disciples(hommes et femmes) ont vécu ce commande-ment avec une radicalité évangélique profonde(voir les Actes 4, 32-35). Et ils n’ont pas vécu seu-lement le commandement de l’amour avec radi-calité, ils l’ont vécu dans une lutte constantepour construire une véritable communautéd’hommes et de femmes au sein de laquellerègnent l’égalité, la fraternité, la liberté, la paix etla justice.

    Cette recherche continue depuis les premiè-res communautés chrétiennes et les écrits sur ladoctrine sociale de l’Église réaffirment sa posi-tion face aux événements historiques, aux signesdes temps et aux grands défis qui se présententtout au long de l’histoire de l’humanité.

    Nous, Cantera, nous continuons à travaillerpour accomplir un message vital que le papePaul VI exprime : « Le développement est le nou-veau nom de la paix ». (Lettre sur le développe-ment des peuples, § 76-80).

    Permettre le développement de tous les êtreshumains répond à une exigence de justice àl’échelle mondiale qui peut garantir la paix pla-nétaire et rendre possible la réalisation d’un«humanisme plénier », gouverné par les valeursspirituelles (Compendium de la doctrine socialede l'Église, 2005, n°98).

    Participer à la réalisationdu règne de Dieu

    De même que la doctrine sociale de l’Église aévolué d’une situation d’être «pour les pauvres etles personnes appauvries » en allant vers quelquechose qui soit «depuis les pauvres et les personnesappauvries », nous, également, à Cantera, nousavons évolué au cours de ces dix-neuf dernièresannées depuis la fondation de notre organisme.

    D’un organisme ayant pour mission de parti-ciper à la construction d’une société meilleurepour les personnes exclues, nous sommes deve-nus une organisation qui accompagne cesmêmes personnes dans la construction d’unmonde plus juste.

    Ce monde qu’il faut construire avec l’effort etla solidarité de toutes les personnes, « apportez-moi toutes les mains » chantait Mercedes Soza*.Mais, apportez non seulement les mains, appor-tez vos rêves et vos espoirs, vos douleurs et vosfrustrations, vos amours et vos idées, vos histoi-res passées et vos expériences de vie actuelles.Tous ensemble, nous construirons un mondenouveau.

    Un nouveau monde possible au plan matérielet spirituel, ces deux mondes ne sont ni contra-dictoires, ni parallèles, ce sont les deux côtésd’un même tissu, les deux dimensions d’unemême réalité, « lutter pour que tous aient dupain, ce n’est pas seulement lutter pour le pain».La possibilité de construire le Royaume passenon seulement par la construction du développe-ment des peuples, mais aussi par la constructiond’une humanité vivant dans la justice, l’égalité, lasolidarité… Nous pouvons être signe (sacramen-tel) que le Royaume est possible.

    Travailler avec des femmes opprimées, desenfants et des jeunes marginalisés, des ethniesou des peuples exclus, avec toutes les personneset tous les groupes laissés-pour-compte, celaparticipe à la construction du Royaume. Or ceciest une tâche, une responsabilité, un engage-ment et une mission qui incombent à la fois auNord et au Sud. ■

    Photo CCFD / Claude Huré

    Nicaragua CONSTRUCTIOND’ESPÉRANCES ET D’UTOPIESPar l’équipe Cantera, formation à la citoyenneté, partenaire du CCFD

    CANTERAEN BREF

    PAYS : Nicaragua.NOM : Cantera signifie « vivier » en français,c’est aussi une pierre de constructiondes maisons.ORIGINE : née en 1988 pour promouvoirle développement intégral des secteurspopulaires urbains et ruraux.MISSION : contribuer à ce que les personnesse réalisent et interagissent en tantqu’acteurs du développement, forgeant,unies dans leur diversité, une sociétéplus juste, égalitaire et durable.PÉDAGOGIE : éducation populaire recherchantl’égalité homme-femme et fondée sur leconcept de développement humain intégral.BÉNÉFICIAIRES : mouvements locauxde jeunesse ; jeunes, adolescents et enfantsde quartiers défavorisés ; communautésurbaines et rurales de ces jeunes.LOCALISATION URBAINE : Ciudad Sandinoet Belén-Rivas, quartiers San Judas Tadeuet Jorge Dimitrov de Managua ; rurale :20 communautés de Bélen et de Mateare.RELATION AVEC LE CCFD : le CCFD a connuCantera par le biais d'Alforja, Coordinationcentre-américaine d'éducation populaire,en 1998.

    DOSSIER ÉDUCATEURVous trouverez une présentationcomplète de Cantera et de sonaction ainsi que des propositionsd’animations et de réflexionsdans le Dossier éducateurdu CCFD à l’attentiondes animateurs de jeunes.

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    * Célèbre chanteuse argentine engagée.

  • 1. TEMPÊTE DE CERVEAUX (BRAINSTORMING)Démarrer ce temps d’animation en grand groupe par un brainstorming. Les participants sont invités à dire les mots qui leurviennent à l’esprit quand ils entendent le mot « développe-ment ».

    2. ÉVOLUTION DU DÉVELOPPEMENTEn petits groupesRépartir les participants en plusieurs groupes (six personnesmaximum) autour du texte de Jean-Yves Calvez (p. 7). Aprèsun temps de lecture personnelle, quelques questions pouraider à la réflexion et aux échanges :– Y a-t-il, dans ce texte, des points que je ne comprends pas,qui me posent question ? – Quelles sont les grandes étapesde l’évolution du concept de développement ? – Pour vous, oùen est l’Église aujourd’hui ? – Où en sommes-nous aujour-d’hui ? – Les questions que cela pose ?

    En grand groupePartage des découvertes et des questions.

    3. LA CRITIQUE DU DÉVELOPPEMENTEn petits groupesFormer à nouveau des groupes afin de travailler le document« Mission et dialogue en Asie » d’Antoine de Monjour (p. 11).Après un temps de lecture personnelle :

    – Des questions ? – Des points d’éclaircissement ? – Commentavez-vous perçu le concept de développement présenté parl’auteur ? – Est-ce que cela vous interpelle ? Pourquoi ?

    En grand groupePartage des découvertes et des questions des petits groupes.Inviter les participants à situer la position du CCDF par rap-port au développement.Pour les temps en grand groupe, on peut demander l’interven-tion d’une personne qualifiée, connaissant ces questions dedéveloppement ou cette thématique vue par des personnesd’une autre partie du monde, ou ayant travaillé Populorumprogressio ou Sollicitudo rei socialis (deux encycliques danslesquelles il est question de développement intégral).

    4. CONCLUSIONInviter ceux qui le souhaitent à poursuivre la réflexion :– Quelle peut être la contribution de notre communauté chré-tienne là où elle est implantée pour un meilleur développe-ment ? – Ou encore : Inviter à se réapproprier les fondementsqui peuvent guider la spiritualité du CCFD et son action pour ledéveloppement à partir du texte de la page 25.

    Démarche d’appropriation personnelle et collective à partir des textes de cette première partiede « Vivre le Carême 2008 ».

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    ANIMER une réflexion sur le développement

    Inde AU « SERVICE » DES ENFANTSPar Fr. Mathew George, Salésien de Don Bosco, directeur de Don Bosco Ashalayam,réinsertion des enfants des rues de Kolkata, partenaire du CCFD.

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    DON BOSCO ASHALAYAM EN BREFPAYS : Inde.NOM : Don Bosco Ashalayam.ORIGINE : En 1985, le père Anthony Thaiparambil, trèstouché par la situation des enfants des rues à la gared'Howrah (principale gare desservant Calcutta) décided’accueillir des enfants. Un peu plus tard, avec l’aidede volontaires et de permanents, il développe un certainnombre de structures d’hébergement et de formation.MISSION : Mise en place d’activités visant la réinsertiondes enfants de la rue, quels que soient leur caste ou leursexe.ACTIVITÉS :– La «Childline » (financée par le CCFD) est une perma-nence téléphonique qui assure l’écoute et l’assistancedes enfants via un numéro gratuit, sept jours sur septet à toute heure.

    – La présence de Don Bosco est assurée à la gare d'Howrah et dans plusieurs autres gares secondaires.– Des soins médicaux sont prodigués aux enfantssi nécessaire.– Le retour dans les familles est privilégié avant deproposer un hébergement en foyer, la reprise du cursusscolaire ou le démarrage d'une formation professionnelle.– Un soutien juridique est apporté aux enfants victimesd'abus (sexuels ou autres) et un travail de sensibilisationsur les dangers de la rue et dans les bidonvilles et misen place dans les écoles de la ville. – Travail de formation et d’alerte des agents de police surles droits de l’enfant notamment.BÉNÉFICIAIRES : 2000 enfants directement concernéspar an, dont 600 filles et garçons pris en charge dans lesfoyers d’accueil et0 4000 enfants aidés via la mise enplacede la ligne téléphonique d’écoute et d’assistance.

    Un appelJ’ai quitté ma maison et ceux que j’aimais

    dans l’extrême sud de l’Inde il y a 33 ans pourrejoindre Calcutta. J’ai parcouru presque 3 000kilomètres, porté dans ce voyage par ma foi,comme le patriarche Abraham. J’avais lu etentendu de nombreuses histoires sur cette ville,sur le destin de ses habitants, en particulier lesenfants des rues qui, le plus souvent, vivent dansdes conditions inhumaines. Je voulais rallier leurcause, lutter à leur côté pour une vie plus digne.Après mes premières années de formation pen-dant lesquelles j’ai découvert un nouveau peuple

    main aux jeunes en péril. Don Bosco, un prêtrede Turin, en Italie, est devenu le pionnier d’unengagement particulier quand il choisit de tra-vailler pour les enfants qui se retrouvaient parmilliers dans les rues de Turin au début de l’in-dustrialisation (19e siècle). Il les a accueillis avecl’espoir qu’ils deviennent «des citoyens honnêteset de bons chrétiens », en leur offrant un épanouis-sement spirituel, intellectuel et physique. C’étaitun homme qui vivait dans la foi et tous ses actesainsi que son engagement envers les plus pau-vres en découlent.

    Au service des plus vulnérablesIl ne fait aucun doute qu’Ashalayam est un

    exemple de ce charisme que Dieu a confié à DonBosco. Notre mission ici est uniquement consa-crée aux enfants des rues et des gares, dansCalcutta et aux alentours, car ce sont les plusvulnérables, ceux qui, laissés à eux-mêmes,n’auront pas d’avenir. Avec nos vingt-et-unemaisons d’accueil et nos trois foyers de nuit,nous voulons les protéger (600 filles et garçonsdans ces foyers aujourd’hui) de la rue et desgares. Ce n’est qu’à cette condition qu’il devientpossible d’entreprendre des études ou des for-mations permettant d’avoir une vie rangée avecun travail, une terre et une maison.

    La foi qui anime les membres d’Ashalayamles ont conduit à aller plus loin encore. Aprèsle développement de structure d’urgencel’association tente de mettre en place une stratégievisant à pérenniser leur action en agissantde façon structurelle afin d’améliorer durablementla situation de ces enfants. Il s’agit de sensibiliserles pouvoirs publics, notamment la policesur les droits de ces enfants et les municipalitéspar la participation à un bureau consultatifmunicipal sur la protection juridique des enfants.

    La foi et les actesLorsque je marche avec eux et que je les vois

    grandir, s’épanouir, prendre confiance en eux,lorsque que ce miracle quotidien m’apparaît, jevois l’œuvre de Dieu, je baisse la tête devant leTout-Puissant dont la grâce transparaît à traverstous ces enfants. Ce n’est pas notre œuvre, nousn’avons pas de mérite. Nous sommes d’humblesinstruments dans la main de Dieu, et nous luisommes reconnaissants d’avoir placé ces en-fants sous notre aile. De la foi découlent nosactions, elle est prépondérante dans toutes nosactivités. Et l’épanouissement de ces enfantsnourrit notre foi et notre engagement. En com-muniant avec eux, à travers eux je communieavec Dieu. ■et sa culture, j’ai commencé mon ministère en

    tant que professeur dans le séminaire. Je ressen-tais toujours au plus profond de moi le besoin deconsacrer ma vie au service des plus pauvres etdes exclus et lorsque j’ai reçu la permission detravailler parmi les enfants des rues de Calcutta,il y a quelques années, j’ai soudain compris quej’allais enfin réaliser mon rêve.

    Un héritageDon Bosco Ashalayam est un projet des

    Salésiens de Don Bosco, engagés dans le mondeentier avec la mission spécifique de tendre la

    MATÉRIEL NÉCESSAIRE– Panneau et feutre pour la « tempête de cerveaux »– Exemplaires de « Vivre le carême 2008 »– Photocopies des différentes questions à poser lors destravaux de groupe (à remettre aux participants).

  • Cinq invitations,en lien avec les cinqdimanches de carême1 – Reconnaître ses préjugés

    et en demander pardon2 – Dans la rencontre,

    recevoir et partager3 – Puiser à la source d'un chant

    et le prier4 – Ouvrir les yeux sur le monde

    et intercéder5 – Rassembler la famille ecclésiale

    autour du repas eucharistique

    FAIRE VIVRE L’ÉGLISE UNIVERSELLECINQ INVITATIONS

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    PâquesPhoto : Thierry Brésillon

    a solidarité internationalepasse par une fraternitévécue en communauté pa-

    roissiale. Pour que ce Carême soit unchemin à faire ensemble, nous vous pro-posons cinq invitations pour vivre la soli-darité et la prière en lien avec les textesdes dimanches. Ces étapes de réflexionspersonnelles et communautaires serontautant de signes d’union avec les hom-mes et les femmes de tous les pays.Mieux se connaître, mieux se compren-dre demande de prendre du temps. Untemps pour et avec les autres, proches etlointains qui sera un temps pour Dieu.Nous espérons que les équipes pastora-

    les trouveront dans ces soirées deCarême un signe pour « faire Église ».

    Comme tout itinéraire, celui-ci doitrentrer dans un projet pastoral, se prépa-rer à l’avance et être annoncé à toute lacommunauté : choix des dates à réser-ver, équipes d’animation à former, appelà la création d’un groupe instrumentalintergénérationnel(1), programme à an-noncer aux différents groupes et mouve-ments de l’ensemble paroissial ou mêmedu doyenné. Des outils pédagogiques duCCFD sont à votre disposition dans lesDélégations diocésaines et certainsmembres des Équipes locales pourrontvous aider dans l’animation de ces soi-rées.

    (1) Voir proposition pour rassembler la famille ecclésiale autour d’un repas eucharistique.(2) Voir aperçu des posters pages 22-23.

    En chemin vers

    Cette année, outre les DVD,quatre visuels sont disponibles dès novembre2007 pour inviter chacun à un autre regardsur le monde, un regard lumineux(2).

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    En chemin vers Pâques

    Te m p s d e p a ro l eRECONNAÎTRE SES PRÉJUGÉS

    CHOISIR UNE PHOTO(15 MINUTES)Après le temps de l’accueil et de présen-tation de la soirée, chacun est invité àchoisir une photo sur le chemin de table.Il se rapproche ainsi d’un continent (etd’un certain nombre de préjugés) quil'inspire, le touche, l’intéresse, l’étonne.Ce choix n’est pas neutre et devrait enprincipe aider et favoriser l’échange engroupe qui va suivre.

    ÉCHANGE DES PRÉJUGÉS(30 MINUTES)Le but de l'échange en groupe (environhuit personnes par groupe) est d’expri-mer nos préjugés. Il faut parvenir assezrapidement à une parole spontanée : direce que l'on entend dans la rue, dans lescouloirs, à la télé, ce que l'on dit peut-être parfois entre amis ou lors de repasde famille…

    Au fur et à mesure des expressions, unepersonne de chaque groupe note les préju-gés sur un panneau par un mot ou unecourte phrase.

    ÉCHANGE SUR LES RICHESSESDES PEUPLES(30 MINUTES)Prévoir ici une vidéo sur nos partenaires(Paroles et Témoignages de Partenaires)suivi d’un temps d’échange. Chacun estensuite invité à exprimer un sentimentde fraternité, une valeur ou une richessedes personnes et/ou d’un peuple quereprésente la photo qu’il a entre lesmains, et des millions d’hommes et defemmes dans le monde.

    L’animateur du groupe note les richessessur un panneau par un mot ou une courtephrase au fur et à mesure des expressions.

    Cette soirée est un appelà la conversion : changer de regard,d'attitude, de discours.Un engagement à saisir toutes lesoccasions pour apprendre à connaîtreet pour faire connaître les valeurset les richesses d'un peuple…

    Reconnaître ses préjugéset en demander pardon

    Te m p s d e p r i è reDEMANDER PARDON

    On se rassemble dans un lieu de prièrequi aura été prévu et aménagé à l’avan-ce. Les « images» sont affichées ainsi queles panneaux d’expression.

    LECTURE DU PSAUME 50 (PSAUME GRADUELDU 1ER DIMANCHE DE CARÊME)

    Pitié pour moi, mon Dieu,dans ton amourSelon ta grande miséricorde,efface mon péché.Contre toi, et toi seul, j'ai péché,Ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.Tu veux au fond de moi la vérité ;Dans le secret,tu m'apprends la sagesse. Crée en moi un cœur pur, Ô mon Dieu,Renouvelle et raffermis au fond de moimon esprit.

    Lecteur A Nous voici devant toi, Seigneur,et devant nos frères et sœurs du mondeentier, éclaire-nous, guide-nous pour sortirde l’impasse de nos préjugés…

    Lecteur B Ouvre nos cœurs, ouvre nos yeuxà tout ce que tu as donné de beau, de bonaux peuples que nous méconnaissonset que nous ne savons ni voir, ni entendre,ni reconnaître, ni aimer…

    Demandes de pardonÀ partir des préjugés et des richesses quiont été exprimées dans le premier tempsde cette soirée et qui ont été inscrits surles panneaux, chacun est invité à écrire(premier temps) et à exprimer à hautevoix (deuxième temps) une demande depardon.

    Refrains possiblesaprès plusieurs interventions Des profondeurs de notre misère,nous crions vers toi, Seigneur !Prends pitié de nous Seigneur !

    Préparation• L’équipe de préparationprévoit des photos (utiliserdes revues Faim DéveloppementMagazine…) en veillant à ce quetous les continents soientreprésentés, y compris l’Europe,et en cherchant à ce queles images retenues puissentêtre significatives de préjugéspossibles…

    • Installer les photossur un chemin de table pour queles participants puissent circulerautour et faire leur choix.

    • Photocopier le Psaume 50pour le distribuer. Il peut être luà haute voix à un moment ouà un autre de la soirée, en fonctionde ce que l’équipe de préparationvoudra mettre davantage en valeur.

    • Aménager un lieu de prière

    • Choisir un refrain pour la miseen commun et prévoir les deuxlecteurs A et B.

    • Les prières écrites et exprimées pendant cette« veillée » peuvent être récoltées,elles pourront donner des idéespour la formulation d’un ritepénitentiel par exemple pourle premier dimanche de Carême.

    Te m p s d e p a ro l eDANS LA RENCONTRE

    Chacun vient à la soirée avec un « cadeau »à offrir (sans emballage). Un objet qui luiappartient et qu’il va quitter, un objet qui aune histoire qu’il puisse raconter. Quelquechose de beau et d’utile, ce que l'on offriraitau meilleur de ses amis.

    L’HISTOIRE DE L’OBJET DONNÉ(15 MINUTES)On se retrouve par petits groupes de sixpersonnes autour d’une table : chacunreçoit un carton et un stylo et est invité àrédiger un court texte qui raconte l’his-toire de l’objet « cadeau» qu’il a apporté :d’où il provient, ce à quoi il a servi jus-qu’à ce jour, ce que je quitte en le don-nant…

    Cette soirée est un appel à quitterquelque chose… à donner quelquechose de soi… à recevoir aussi quelquechose de l’autre. Comme Abrahamqui reçoit la bénédiction de Dieu(cf. Genèse 12, 1-4), être béni et bénirà son tour… Il s’agit de faire le lienentre le don et l'appel que Dieufait à Abram de quitter son pays,ce à quoi il est le plus attaché, pourun nouveau pays, inconnu…Deux attitudes s'imposent pour vivrece temps : une ambiance de fêteet de cadeaux, une attitude d'offrande,chacun étant autant prêt à recevoirqu'à donner.

    Dans la rencontre, recevoir et partager

    Te m p s d e p r i è reRECEVOIR ET PARTAGER

    On proclame : Genèse 12,1-4(cf. première lecture du deuxièmedimanche de Carême)

    L’ÉCHANGE(30 MINUTES)On prend ensuite le temps de faireconnaissance par table. Puis chacun pré-sente l’objet qu’il apporte et son histoire.On échange ensuite les objets à partirdes goûts, attentes, attraits des uns etdes autres.

    UNE HISTOIRE QUI SE POURSUITLes objets reçus peuvent continuer leursparcours de différentes manières, selonles propositions de l’équipe de prépara-tion qui tiendra compte du contextelocal… Voici trois propositions :

    1– La soirée se poursuit par un repas « fru-gal » et l'invitation à remettre aux enchèresles objets reçus, la vente se fait alors auprofit des partenaires du CCFD dans lacontinuation du repas.

    2 – On peut proposer d’organiser une venteaux enchères, à partir de ces mêmes objets,après la messe du deuxième dimanche deCarême pour toute la paroisse. Si cette pro-position est retenue : les objets pourrontêtre déposés en procession d’offrande pen-dant la messe, comme symbole du don faitpar des personnes qui ont quitté quelquechose d’elles-mêmes.

    3 – Les objets sont remis en commun pourservir de lot pour une fête : Bouge ta pla-nète, Loto Carême…

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    Puiser à la source d'un chantet le prier

    Cette liturgie du regardest une attention portée à la viedes autres. Il faudra donc prendrele temps de regarder et aussi de selaisser guérir de son aveuglement,si l’on a du mal à « voir » (cf. le textede la guérison de l’aveugle né remisà chaque participant à son arrivée).

    Ouvrir les yeux sur le mondeet intercéder

    Te m p s d ’ é c h a n g eOUVRIR LES YEUX SUR LE MONDE

    (45 MINUTES)Sur fond musical on se promène dans lapièce et l’on prend le temps de regarderles quatre posters, lire les légendes, s’im-prégner de l’ambiance des lieux et despersonnages. Les groupes se forment aufur et à mesure que les personnes s’as-soient sur les chaises disposées devantles posters. Quand tout le monde a trou-vé une place, on arrête la musique et leséchanges peuvent commencer. Chacunpeut alors prendre la parole. L’animateurveillera à ce que les trois temps de parolesoient bien distincts les uns des autres.

    • On commence par décrire en détail ceque l’on voit… • Quand tout le monde a parlé, on fait unsecond tour pour que chacun puisse direce qu’il ressent, ce qui le touche, sesimpressions…• Un troisième temps d’échange permet-tra à ceux qui le veulent d’évoquer unsouvenir que cela lui inspire...

    Préparation• Photocopier le textede l’Évangile de Jean 9 1-20

    • Installer les postersVous disposez de quatre affichesque vous aurez préalablementinstallées aux quatre coinsde la salle ou sur les piliers del’église avec des chaises disposéesautour de chacune d’elle pourformer les groupes d’échange.Prévoyez un fond musicalpour le premier temps de la soiréeet un animateur auprès de chaque« poster ».

    Préparation• Choisir un chant illustrantl’évangile de La Samaritaine(Jean 4), au choix :

    – La Samaritaine(voir CD CCFD Carême 2008,L. Duret)

    – Écoute en toi la source(L 24 71, Grimaud)

    – Il était environ midi(U 14 68-1, D. Rimaud)

    – Venez boire à la fontaine(L 205, G. Lefebvre)

    – Autour d’un puits(A 203 bis, N. Colombier)

    • Établir une liste de questionsà partir de chaque couplet.Les questions prennent sourcedans le regard que chacun portesur le monde, le tarissementde l’eau de la jarre commeautant de perte de confiance,puis le jaillissement de l’eau vivecomme l’espérance en lien avecles énergies humaines dans lesinitiatives de développement.

    • Prévoir un animateur de chant,ainsi qu’un témoin ou une vidéo.

    Une invitation à chanter ensemble,à puiser au fond de notre puitsintérieur le chuchotementde la Parole pour la faire résonner.

    Te m p s d ’ é c h a n g ePUISER À LA SOURCE

    APPRENDRE LE CHANT CHOISI(15 MINUTES)

    PROCLAMER LE TEXTE :ÉVANGILE DE JEAN 4COMMENTAIRE :L’écoute de cet évangile nous relie avectoutes les femmes allant remplir leurbidon d’eau sous la très forte chaleur ;nous fait ressentir la chaleur du désert, lasoif de vie et de bonheur ; nous montreune rencontre avec l’étranger, celui à quion n’adresse pas la parole parce qu’ilvient d’ailleurs.

    ÉCHANGER EN PETITS GROUPES(30 MINUTES)Propositions : Qu’est-ce qui rend le mon-de environnant parfois si peu aima-ble ? Quel sentiment j’éprouve enversl’étranger qui frappe à ma porte, qui vitdans ma cité ? Quel vent dessèche moncœur?Que faut-il pour faire reculer mondésert ? Comment puis-je passer, dansma vie, du tarissement de l’eau au jaillis-sement d’une source de tendresse?

    ÉCOUTER UN TÉMOIN(30 MINUTES)Outre les documents vidéo du CCFD,vous pouvez faire appel à des témoins(immersions, expérience de solidarité,rencontre d’étrangers…)

    Te m p s d e p r i è reET PRIER

    On invite les participants à former desduos pour écrire une prière de louangeou de bénédiction. La soirée se termineen chantant… Les prières peuvent êtrepartagées, entrecoupées du refrain.

    1 – Rwanda, l’instant d’après*Pendant deux heures, Dorothée m’a raconté« son » génocide. Son mari assassiné.Sa maison pillée par ses voisins. Le retour,en 2002, des voisins libérés, dans la maisond’en face. La peur panique, prête à resurgir :s’ils n’ont pas pu aller au bout de leur crime,peut-être vont-ils revenir ? Rien ne leur a enlevéde la tête l’idée de nous exterminer !De leur côté, les voisins se disent, « aprèsce que nous avons fait, le pardon est impossible.On nous tuera à la première occasion ».En attendant, chacun se salue chaque matin.Puis Dorothée est sortie de la maison, ellea réajusté son châle dans un grand éclat de rire.

    2 – Le moine mendiant de Lalibela*Au nord de l’Éthiopie, Lalibela est le sièged’une authentique merveille du monde : deséglises creusées dans la roche, au 12e siècle,par le Roi Lalibela inspiré par le rêvede reproduire Jérusalem. Aujourd’hui encore,c’est l’un des lieux saints du christianismeéthiopien, habité par quelques centainesde prêtres et de moines. Dans le passageétroit qui mène à l’église Saint-Georges,un moine mendiant m’offre son visage fendul’instant d’avant d’un large sourire. Il a ferméles yeux. Il ne pose pas, il est là, à la foispleinement à lui-même et totalement offert.

    4 – Veillée de Pâques Monastère éthiopien de Jérusalem*Chassée du Saint-Sépulcre parce qu’elleétait trop pauvre pour payer sa part,l’Église éthiopienne s’est réfugiée sur le toitet y a installé son monastère. Durantla semaine sainte, pendant la veilléede samedi à dimanche, les pèlerins prient,une chandelle de cire d’abeille à la main,et veillent sur leur espoir de la Résurrection.Alors que dans l’édifice retentissent les chantsgraves et solennels des Russes et des Grecsorthodoxes, des voix frêles brodent surles mélodies subtiles et millénaires deSaint Yared, sous les étoiles de Jérusalem.

    3 – Gaza : mort d’un innocent*26 juin 2003, on enterre un jeune chauffeurde taxi tué la veille lors d’un raid aérien israé-lien. L’événement, hélas, n’a rien d’exception-nel. Pourtant, cette violence déclencheun torrent émotionnel qui submerge chaquefois le quotidien. Si la répétition n’érode pasl’émotion c’est que le conflit n’est pasune tragédie, mais une addition de tragédiesfamiliales, personnelles. Chaque deuilest singulier. C’est aussi que, chaque fois,il faut démontrer, faire attester de la violence,de l’injustice. Dès lors, le photographe que jesuis fait partie du rituel. Dans la manifestationqui tient lieu de cortège funèbre, on veille à ceque je sois bien placé, on m'ouvre le passage,on m'amène dans la cour où seule la familleet les proches sont admis. Seule la pièceoù se dit la prière m'est interdite.

    En chemin vers Pâques

    É c o u t e d e l a P a ro l eINTERCÉDER

    Chaque groupe apporte son poster et ledépose devant l’ambon.

    On écoute ensemble la Parole de Dieu :Jean 9,1-20 évangile du quatrièmedimanche de Carême

    Sur fond musical, on prend le tempsd’écrire personnellement une prière (auchoix : demande de pardon, louange,bénédiction, intercession). Elles sont en-suite partagées à haute voix et déposéesdans une corbeille.

    Ces prières pourront donner des idéespour écrire la prière universelle du qua-trième dimanche de carême ou bien letexte qui sera dit en action de grâce aprèsla communion.

    * Les textes des posters sont du photographe lui-même, Thierry Brésillon.

  • Introduction au geste de partageDans le cadre de la mission qui lui est confiée par l’Église de France, le Comité catholique contre la faim et pourle développement nous invite à un geste de partage, nous appelle à donner, à donner aussi du temps pour mieux regarderet mieux comprendre ce que permet notre démarche de Carême. Pour satisfaire leurs besoins de développement,des hommes et des femmes des pays les plus pauvres réalisent leurs projets grâce aux soutiens financiers des hommeset des femmes qui le peuvent et qui le décident. C’est ça la famille, c’est cela la fraternité universelle. Le CCFD soutient580 projets dans 70 pays. Les actions de sensibilisation et de solidarité organisées pendant ce Carême nous permettentde regarder le monde autrement. Le développement n’est certainement pas une accumulation de biens matériels.La joie des plus pauvres rayonne sur leur visage quand les semences garnissent les greniers, quand le travail permetune juste rémunération, quand les enfants peuvent aller à l’école, quand les rencontres entre associations partenairespermettent des partages d’expériences. Recevons cette joie lumineuse dont nous avons tant besoin et donnons-leur notreattention et l’amour que nous recevons du Père.

    24 25

    Cette proposition vise à marquerla fraternité locale pour qu’elledevienne universelle peut se vivreun autre dimanche de Carêmeselon le contexte paroissial.

    Rassembler la famille ecclésialeLouer Dieu pour sa présence au cœur de l’humanité

    C i n q u i è m e d i m a n c h e

    UN GESTE D’ACCUEILLe prêtre, les membres de l’équipe litur-gique, du relais de solidarité ou du CCFDaccueillent chaque paroissien à la porteet leur offrent le psaume. Au dos du feuil-let peut être imprimé une des photosposter (voir p. 22-23). Inviter les arrivantsà remplir les rangs pour être au plus prèsde l’autel.

    UNE PAROLE D’ACCUEILÀ Béthanie, autour de Lazare, ses deuxsœurs, des amis, un événement qui a en-traîné un regroupement par amour.C'est pour célébrer le Christ mort et ressus-cité que notre communauté s'est réunie cedimanche. Une grande famille où chacun asa place. Des plus petits au plus âgés, deceux d'ici et de nos frères des pays lointains.Dieu seul nous permet d’aimer pour nousrendre solidaires de toutes les femmes et detous les hommes, créateurs d’une terrenouvelle. La communauté chrétienne s'ou-vre aux plus pauvres du monde « pour lagloire de Dieu et le salut du monde ».

    PSAUME 129Le psaume est la prière du peuple. Com-me un cri du monde, le dire tous ensem-ble, ou en partageant la communauté endeux parties qui se répondent

    ÉVANGILE Le prêtre s'entoure de trois personnes degénérations différentes pour lire le texte :dans cet évangile, il y a trois lieux donctrois lecteurs possibles.

    LA QUÊTE Un chant ou l’écoute du groupe musicalrenforcera le geste collectif, les corbeillesseront rassemblées dans la tirelire.

    LA PROCESSION DES OFFRANDES Quatre personnes « âgées » apportentune bougie qui sera déposée devant cha-que poster pour illuminer les visages,geste lent que chacun fera sien. Vientensuite la tirelire du CCFD avec l’argentde la quête. Puis le pain et le vin. Les per-sonnes participant à la procession res-tent devant jusqu’au bout et regagnentleur place lentement.

    ANNONCER LE GESTE DE PAIXPour se connaître davantage mais sansse déplacer, nous nous transmettrons«La Paix du Christ » après un échange deprénom : «Anne, je te transmets la paix duChrist » « À mon tour, Jean, je te transmetsla Paix du Christ ».

    PréparationComme toute fête familiale,la préparation de ce dimanchedoit se faire bien en amont.

    • Imprimer le psaume 129pour offrir à chacun.

    • Inviter à un pique-nique partagéauquel les membres des famillesqui n’ont pas participé à la messepourront se joindre.

    • Solliciter des personnesde chaque générationpour les lectures de la Paroleet la procession des offrandes,pour une présence active de tous.

    • Installer les quatre postersdu CCFD de manière visibleet accessible de chaque côtéde l’autel.

    •Appeler à la création d’un groupeinstrumental intergénérationnelpour animer la fête.

    e Comité catholique contre la faim et pour ledéveloppement est-il porteur d’une spiritua-lité qui lui est propre ? La réponse n’est pas

    évidente. Depuis sa fondation, des Mouvements etServices d’Église d’intuitions et de sensibilités diver-ses se rassemblent pour porter, au nom de l’Église deFrance, la solidarité internationale et le développe-ment des peuples. Il est question « d’agir ensemble »en respectant la diversité de chacun. Dans ce contexte,comment parler d’UNE spiritualité au CCFD ? Quel-ques grands principes guident toutefois sa démarche ;ils esquissent un mode d’engagement à la suite duChrist, une certaine ligne spirituelle.

    L

    Faire allianceNous appelons «collégialité » la réu-

    nion des 28 Mouvements et Serviced’Église qui composent aujourd’hui leCCFD. C’est une alliance, chaque organi-sation est l’égale de l’autre dans le res-pect des différences, rassemblées parune même aspiration : la lutte pour re-donner aux plus pauvres et aux plus vul-nérables leur dignité d’homme créé àl’image de Dieu. Ce qui se vit sous laforme de partenariat avec les pays duSud et de l’Est en atteste aussi : lademande locale est l’élément déclen-cheur : « que veux-tu que je fasse pourtoi ? » (Lc 18,35-44)

    Échanger et changerDepuis sa création, l’action princi-

    pale du CCFD est liée au temps du Ca-rême : la prière, le jeûne et le partage.Les liens tissés avec les frères et sœurs àtravers le monde permettent de commu-nier à leurs joies comme à leurs peines,aux injustices subies comme aux actionsde vie entreprises avec foi et courage.Comprendre les situations du temps pré-sent est une invitation à l’action, tout

    comme l’action et l’analyse que nouspouvons en faire nourrit notre réflexionet notre cheminement dans la foi.

    C’est une démarche de conversionqui invite à se débarrasser du superflupour être plus disponible, pour être plusattentif à autrui. Le jeûne – ou la placecréée en soi pour «accueillir » – ouvre àl’altérité, prépare à la rencontre, crée lesconditions d’une réciprocité dans la-quelle deux personnes ou deux groupesdifférents donnent et reçoivent à la fois.Ce qui n’a pas été sans conséquences surles évolutions du CCFD dans ses pro-grammes depuis 40 ans.

    Développement intégralLes principes d’action du CCFD sont

    aussi à la base de sa spiritualité. Ils vi-sent un « développement intégral de toutl'homme et de tous les hommes » (Populo-rum progressio, §42). Intégral car le dé-veloppement suppose une action quitient compte de toutes les dimensions del’être humain : économique, sociale, po-litique, culturelle et spirituelle. De plus,ce développement doit tenir compte à lafois de la personne mais aussi du peuple

    auquel elle appartient. Il ne peut y avoirdéveloppement de l’individu sans déve-loppement de la société dans laquelle ilvit et inversement. Enfin, si à travers lamondialisation « la question sociale est de-venue mondiale » (§3), nos destinées sontliées : le développement est l’affaire detous car nous sommes tous frères en hu-manité.

    En somme, on peut considérer que laligne spirituelle du CCFD repose sur lacombinaison de trois fondements. Leprincipe de collégialité, à l’image de l’al-liance entre organismes différents parta-geant une aspiration commune dans lafoi en Jésus-Christ ; alliance que l’on re-trouve dans le partenariat qui unit leCCFD et les associations du Sud et del’Est dont il soutient les projets. Le prin-cipe de conversion illustré au Carême,moment privilégié d’ouverture sur lemonde et d’échanges. Le principe d’inté-gralité et d’universalité du développe-ment, principe d’action hérité de la doc-trine sociale de l’Église. Cette spiritualités’enracine et se nourrit de celles desMouvements et Services d’Église et despersonnes qui composent le CCFD. ■

    Photo CCFD / Thierry Brésillon

    En chemin vers Pâques

    POUR VOUS AIDERVous trouverez en complément de ces « invitations » de nombreuses

    propositions liturgiques pour animer les célébrations des dimanchesdans le numéro de Signes d’aujourd’hui du Carême 2008.

    &collégialité du

    SpiritualitéCCFD

  • Appeler au don pour un mondeplus juste : une mission confiéeau CCFD par l’Église de Francepour le temps du Carême.

    En 1960, la FAO (Organisation des Na-tions unies pour l’alimentation et l’agri-culture) dénonce la tragédie de la faimqui frappe des dizaines de millionsd’êtres humains sur la planète. Ce crid’alarme est relayé par le pape JeanXXIII. Immédiatement, en France, desmouvements et services d’Église déjà en-gagés dans des actions de solidarité dé-cident d’agir ensemble. Ils reçoivent mis-sion des évêques de France d’animer unecampagne de solidarité internationalependant le Carême et d’en gérer la col-lecte. Ces mouvements et services seconstituent en association qui deviendraen 1966 le Comité catholique contre lafaim et pour le développement.

    Aujourd’hui encore, l’accompagne-ment des communautés chrétiennes surle chemin du Carême reste un des fonda-mentaux du CCFD. En ce temps fort dereconnaissance mutuelle, le CCFD peutrendre témoignage de la réalité vécuepar ses partenaires à travers le monde.C’est sa manière à lui de contribuer àune campagne de l’Église de France dontil sait assurer le suivi en termes de soli-darité internationale.

    Vous aussi, qui avez ce documententre les mains, faites partie de cettechaîne de solidarité !

    Soyez acteur de changement pour unmonde plus juste et plus solidaire en par-ticipant à l’action de Carême du CCFD.Appelez votre communauté chrétienne àsoutenir les partenaires des pays du Sud.

    Le don, facteur de régulationsociale et instrument de justice

    Le don comporte toujours une di-mension affective. Il traduit en acte notresolidarité envers les plus pauvres. Il est lesigne d’une prise de conscience qui sefait matérielle et visible.

    C’est l’expression d’un acte citoyenqui redonne à l’argent un rôle de lien.L’argent, souvent synonyme de pouvoir(pouvoir d’acheter, de montrer, d’impo-ser) devient ainsi un moyen et un pou-voir d’agir autrement. Le don devientdonc facteur de régulation sociale.

    Par le don, le donateur fait acte dedépossession, il abandonne un avoir etse rend ainsi plus disponible à l’autre. Iloffre une partie de ses biens à une com-munauté, dans un esprit de plus juste ré-partition des richesses, il est signe de va-leurs qui nous rassemblent et en ce sens,le don est instrument de justice.

    donLe partage

    de Carême

    Photo S. Lehr

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    La collecte de Carême :une part importantedes ressources du CCFD

    Les missions du CCFD (soutien deprojets dans les pays du Sud et éducationau développement en France) sont prin-cipalement financées par la générositédu public : 82 % de ses ressources ensont issues avec plus du quart des fondscollectés pendant la Campagne de Carê-me. C’est dire si la générosité de chacunen cette période est capitale pour la réa-lisation de nos missions !

    Les fonds collectés permettent de fi-nancer chaque année plus de 500 initiati-ves d’associations partenaires sur tousles continents et de nombreux program-mes d’éducation au développementvisant à promouvoir, en France, la soli-darité internationale. Au bout de cettechaîne de solidarité qui mobilise chaqueannée des milliers de bénévoles et de do-nateurs, ce sont des centaines de milliersde femmes et d’hommes qui se mettentdebout, prennent en main leur avenir etparviennent à vivre dignement.

    La mobilisation de tousest essentielle…

    Chaque année, l’organisation de lacollecte constitue un véritable défi pourle CCFD, tant aux plans national que dio-césain, nécessitant la mobilisation detous. Dans chaque diocèse, dans de trèsnombreuses paroisses, des bénévoles seréunissent dès le mois de novembre pourplanifier leurs actions, diffuser le maté-riel, préparer des animations. Parce que,autant que faire se peut, l’appel au dons’accompagne d’un travail d’informa-tion ; pour mieux comprendre les enjeuxet donner encore plus de sens au par-tage.

    Mais au-delà des « forces vives » del’association, c’est le concours de tousen Église, qui est indispensable. Chacundans son rôle a la possibilité d’accompa-gner et d’amplifier cette invitation à unesolidarité renforcée.

    Nous tenons tout particulièrement àremercier celles et ceux qui depuis desannées nous font confiance et qui parti-cipent à notre action par leur don ou leurengagement. Ne baissons pas la garde,les enjeux qui aujourd’hui se présententà nous sont de véritables défis que nousne pourrons relever qu’avec votre aide.Si vous dites oui, voici quelques pistes :

    – Encourager votre communauté àmanifester sa solidarité en appelant audon, dans la presse diocésaine ou pa-roissiale, en organisant des événements« jeunes », des repas-partage au profit dela collecte, des concerts, des conférenceset rencontres avec nos partenaires depassage et en assurant la diffusion dumatériel de collecte du CCFD dans voséglises…

    – Rappeler également les autres for-mes possibles de soutien : les legs ou do-nations, les produits d’épargne soli-daire…

    …tout au long du Carême Si le cinquième dimanche de Carême

    est le temps fort de la collecte, celle-ciprend tout son sens dans un chemine-ment qui part du mercredi des Cendresjusqu’au dimanche de Pâques. Duranttoute cette période, il est important que,dans le cadre des toutes les actions desensibilisation à la solidarité internatio-nale organisée au sein du diocèse, soitrappelée la place du partage pour leschrétiens. ■

    Oser l’appel au

    Les enveloppes Les enveloppes de Carême du CCFDsont à diffuser le plus largementpossible. Des présentoirs vous sontproposés afin de les laisserà la disposition du publicau sein des églises ou d’autres lieux.

    Les affiches du CCFD Vous disposez par ailleursd’une affiche éditée par le CCFDqui peut servir très largement enappui à vos démarches de collecte.

    Où trouver le matérielde collecte du CCFD ? Tous ces outils sont disponiblesauprès de toutes les délégationsdu CCFD, dès le mois de novembre. Les coordonnées des Délégationsdiocésaines sont sur le site du CCFD :www. ccfd.asso.fr(section « votre région »)

    Les outilsà votre disposition

    En chemin vers Pâques

    BOUGE TA PLANÈTEDÉFI POUR LES JEUNES

    Le CCFD propose tout au longde l’année une démarche d’éducationà la solidarité internationale dontle défi «Bouge ta planète » (BTP).De nombreux outils pédagogiques(dossier pour les éducateurs,document Okapi pour les jeunes,vidéo, musique, dossier multimédia...)permettent aux jeunes de développer

    leur curiosité et de changer leurregard. Le parcours les invite à allerà la rencontre de l’autre, à partagerdes activités et à réaliser ensembleun acte solidaire fort et visible.«Conversion du regard», rencontreet partage, un processus qui fait sensdans une démarche de Carêmetournée résolument vers Dieuet le monde. Cette année, le pointd’orgue de ce parcours à destinationdes jeunes aura lieu le 15 mars 2008.

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    Photo : Thierry BrésillonRecevoir

    Le Premier Testament, les Évan-giles, les saints, toute la morale et lebon sens chrétien ne nous appren-nent-ils pas l'importance –que-dis-je – lacentralité du don pour qui veut mettre sespas dans ceux du Christ ? Une insistancesi unanime qu'elle a même conduit lelangage courant à identifier l'amourchrétien – la « charité-agapè », vertuthéologale à l'immense portée– au seulexercice de la bienfaisance... puis de

    l'aumône. Assimilation du divin agapè àla fameuse « charité chrétienne », nonexempte de sous entendus péjoratifs quisoulignent les limites d'un humanismeminimal, d'un conformisme social indif-férent aux inégalités, si ce n'est de l'hy-pocrisie qui peut parfois les justifier.Comme on dit en Afrique, « la main quidonne n'est-elle pas au-dessus de cellequi reçoit » ?

    Il n'y a de véritable « donner »sans un authentique« recevoir »

    À l'évidence caricaturale, cette évo-lution de la langue et des représentationsn'en comporte pas moins sa part de vé-rité. Opposant parfois à juste titre la« charité » superficielle et ostentatoire àla pleine solidarité humaine, elle nousappelle à rendre leur véritable sens auxmots, certes dans notre bouche, mais

    EDONNER SON « RECEVOIR »…

    n Église, on aime à dire qu'il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir, selon laparole attribuée à Jésus par saint Paul (Actes, 20-35) et dont Mère Teresa fit sarègle de vie. On aime à répéter que tout ce qui n'est pas donné est perdu, selon lamaxime du père Ceyrac, parmi tant d'autres sentences frappantes exaltant unmême message de générosité.

    Par Eric Vinson, Rédacteur en chef de Prier

    & donner

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    surtout dans nos actes. Elle nous inviteaussi à tirer les conséquences, toutes lesconséquences, du message évangélique,au tranchant si redoutable pour nosfaiblesses égotiques voire franchementégoïstes. Surtout, elle souligne une véritésouvent oubliée de la sagesse chrétien-ne : il n'y a de véritable « donner » sansun authentique « recevoir ». L'un commel'autre n’allant pas de soi, mais deman-dant à chacun une prise de conscience,une lucidité, un patient travail sur lui-même et avec les autres.

    Oui, tout juste rapport à autrui sup-pose un échange, une relation équilibrée,une «circularité » : celle du «donner-re-cevoir-rendre», comme disent aujourd'-hui les anthropologues, en y voyant l'unedes clés de l'humain en tant que dynami-que de relation inépuisable. Un exem-ple ? Au fin fond de l’Amérique du sud,un prêtre de mes amis rencontre àl’heure du repas une famille très pau-vre… qui lui offre un café. C'était là toutce que ces paysans pouvaient lui donner.Mais cet humble breuvage concentraittoute leur soif d’un véritable échange hu-main : d’une réciprocité, fût-elle seule-ment symbolique. Raison pour laquellerefuser – même poliment, même genti-ment – ce cadeau élémentaire, ce mo-deste signe d'hospitalité, aurait au fondsignifié à ces gens qu'ils n'avaient rien àapporter. Qu'ils étaient des « bons àrien », voués à la misère et à l’assistance.Des « inutiles au monde» en somme, se-lon l'ancienne et terrible expression. Cequi revenait à leur dénier en un mottoute dignité, toute humanité, toute re-

    connaissance, elle qui est probablement,avec le pain, l’un des premiers besoinsde l’homme.

    Toute simple, cette anecdote nousrappelle justement que la misère, c’estbien de ne plus pouvoir donner, c’est-à-dire de ne plus trouver en face de soi lemoindre « recevoir ». Or un homme, fût-ille plus démuni de la Terre, a toujours