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Cahier pratique 28 janvier 2011 – Le Moniteur n° 5592 - Cahier détaché n° 2 – www.lemoniteur.fr ACCIDENTS DU TRAVAIL DANS LE BTP CHUTES DE HAUTEUR Effondrement, déséquilibre, rupture … Page 4 ACCIDENTS ET MATÉRIELS Étouffement, électrocution, malaise sur une grue, … Page 10 ACCIDENTS DE MACHINES Foreuse, scie circulaire, dégauchisseuse, pompe à béton, … Page 22 15 CAS ANALYSÉS

CAS ANALYSÉS aCCiDeNTS - ma-carons.hautetfort.comma-carons.hautetfort.com/media/02/01/2859526915.pdf · ... rue d’Uzès 75108 Paris cedex 02. Numéro de ... mur de rive et une

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Cahier pratique

28 janvier 2011 – Le Moniteur n° 5592 - Cahier détaché n° 2 – www.lemoniteur.fr

aCCiDeNTSDU TraVaiL DaNS Le BTPCHUTES DE HAUTEUREffondrement, déséquilibre, rupture … Page 4

ACCIDENTS ET MATÉRIELSÉtouffement, électrocution, malaise sur une grue, … Page 10

ACCIDENTS DE MACHINESForeuse, scie circulaire, dégauchisseuse, pompe à béton, …Page 22

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2� Le Moniteur�•�28�janvier�2011

SOMMAIRE

Principal actionnaire : Groupe Moniteur Holding. Société éditrice : Groupe Moniteur SAS au capital de 333 900 euros. RCS : Paris B 403 080 823 - Siège social : 17, rue d’Uzès 75108 Paris cedex 02. Numéro de commission paritaire : 0912 T 82147 - Président / Directeur de la publication : Guillaume Prot Impression : Roto Champagne, 2 rue des Frères Garnier, 52000 Chaumont - Dépôt légal : janvier 2011.

Sommairen INTRODUCTION

Manutentions : source de troubles musculo-squelettiques mais également d’accidents… ........ 3

n CHUTES DE HAUTEUR

Effondrement fatal au cours de démolitions ........... 4

Déséquilibre lors d’un travail à l’escabeau ............. 6

Une rupture de poteau prévisible ............................ 8

n ACCIDENTS DE MANUTENTION

Étouffé par des panneaux ...................................... 10

Victime du syndrome de Bywaters ........................ 12

n ACCIDENTS D’ORIGINE éLECTRIQUE

Une prise de courant convertie en roulette russe . 14

Électrocuté par une ligne haute tension ............... 16

Une remise sous tension inopinée ......................... 18

n MALAISE

Malaise lors de l’accès à une cabine de grue ....... 20

n ACCIDENTS DE MACHINES

Happé par un élément mobile d’une foreuse ........ 22

Une chute de bois mortelle .................................... 24

Dégauchisseuse : attention danger ! ..................... 26

Un coup de fouet mortel ......................................... 28

n ACCIDENT D’ENGINS DE TRAvAUx pUbLICS

Blessé par une chambre de télécommunication... 30

n ACCIDENT LIé AUx vApEURS, éMANATIONS, GAZ

Une réaction allergique inattendue ....................... 32

n pOUR EN SAvOIR pLUS

Avertissement au lecteur : Toute ressemblance des faits rapportés dans la présente publication avec des évènements ou des personnes ayant réellement existé serait purement fortuite. Les éléments factuels présentés par l’OPPBTP sont mis en avant dans un seul but pédagogique et leur utilisation serait totalement irrecevable dans un autre contexte ou dans le dessein d’engager la responsabilité d’acteurs évoluant dans le monde du BTP.

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Chaque semaine un nouveau cahier détaché accompagne désormais votre hebdomadaire.

Abordant des sujets en lien avec les rubriques du Moniteur, il propose une information complémentaire et didactique.

Les thèmes choisis sont abordés soit sous forme de questions/réponses soit en privilégiant le visuel (organigrammes, schémas, tableaux, encadrés…), afin de faciliter le rappel et l’acquisition des connaissances.

Déjà pARUS

Accessibilité des bâtiments et de la voirie : où en est la réglementation ?

EPI (Équipements de protection individuelle) contre les chutes de hauteur

Ponts thermiques dans le bâtiment

Marchés publics : les nouveaux formulaires DC

Accessibilité des espaces verts et autres aménagements extérieurs

CCAG PI adapté aux marchés de maîtrise d’œuvre

à pARAîTRE

• Accessibilité des espaces publics• Garde-corps• Énergie solaire photovoltaïque• Géothermie

(1) à retrouver pour les abonnés au Moniteur premium à l’adresse suivante…

www.lemoniteur.fr/lemoniteur_numerique

Commandez ce numéro du Moniteur au 01 40 13 50 65http//kiosque.groupemoniteur.fr

RETROUvEZ LES CAHIERS pRATIQUES DU MONITEUR (1)

à LIRE SUR LE MêME THèMEBases réglementaires de la prévention dans le bâtiment et les travaux publicsOrganisation de la prévention• 2e édition 2010 – 124 pages – 11,25 FEAN : 978-2-7354-0393-6OPPBTP

Conduire son chantier de Daniel Couffignal• 9e édition 2010 – 300 pages – 70 FEAN : 978-2-281-11455-3Éditions du Moniteur

170 séquences pour mener une opération de construction de Hervé Debaveye et Pierre Haxaire• 7e édition 2010 – 396 pages – 75 FEAN : 978-2-281-11474-4Éditions du Moniteur

Prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles dans le bâtiment et les travaux publicsAide-mémoire BTP• 4e édition 2009 – 136 pages – 12,10 FEAN : 978-2-7389-1754-6INRS

LES FORMATIONS DU MONITEURRôles et responsabilités du maître d’ouvrage en coordination SPSDurée : 1 jour – 7 heuresÀ Paris : 25 mars ; 27 juin ; 7 octobre 2011Tarif : 700 F HT

Conduire son chantier, du début des travaux à la livraison – Phase 2Durée : 2 jours – 14 heuresÀ Paris : 30 et 31 mars ; 22 et 23 juin ; 28 et 29 septembre ; 30 novembre et 1er décembre 2011Province : nous contacterTarif : 1 260 F HT

Obligations des maîtres d’ouvrage en santé et sécurité sur les chantiersDurée : 2 jours – 14 heuresÀ Paris : 26 et 27 mai ; 17 et 18 octobre ; 12 et 13 décembre 2011Tarif : 1 205 F HT

Renseignements : au 01 40 13 37 [email protected]

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Le 1er site emploi de la construction

WWW.LEMONITEUR-EMPLOI.COM

Les offres d'emploi de la construction et de l'immobilier

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28 janvier 2011 • Le Moniteur 3

IntroductIon

Manutentions : source de troubles musculo-squelettiques mais également d’accidents…Comme indiqué dans l’article « Manutention : comment alléger la charge » paru dans « Le Moniteur » n° 5592 du 28 janvier 2011, p. 60, il est bon de rappeler que 33 % des accidents du travail dans le bâtiment et les travaux publics sont dus à des manutentions manuelles (statistiques publiées par l’Assurance maladie).Mais les sources de danger et d’accidents sont multiples dans le secteur du BTP, secteur reconnu comme le plus « à risque » par le régime général de la Sécurité sociale.Quelques exemples d’accidents sont donnés dans ce cahier pratique réalisé en partenariat avec l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) et la revue « Prévention BTP ».Une quinzaine de cas classés par famille (comme dans l’analyse des accidents du BTP répertoriés dans la base de données nationale Epicea, publiée par l’Institut national de recherche et de sécurité au premier trimestre 2010) vous sont donc présentés avec une approche didactique en deux temps : « Ce qu’il s’est passé », autrement dit les circonstances de l’accident, et « Ce qu’il aurait fallu faire » en termes de prévention.Nous remercions l’OPPBTP de nous avoir autorisés à utiliser leurs documents pour réaliser ce cahier pratique.Bonne lecture !

La Rédaction du Moniteur

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4 Le Moniteur • 28 janvier 2011

AccIdents du trAvAIL dAns Le BtP

1. Effondrement fatal au cours de démolitions

Les travaux de réhabilitation d’un immeuble à ossature en poteaux-poutres, situé dans une zone urbaine, comportent la démolition de murs de séparation. Cette opération permet de créer de nouveaux espaces et volumes destinés à être aménagés en bureaux et commerces.L’entreprise générale titulaire du marché doit, à la demande du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre, recourir à des méthodes de démolition générant le moins de nuisances possibles pour le voisinage, et surtout de réduire les niveaux sonores atteints. La technique choisie fait appel aux démolitions manuelles à l’aide de marteaux-piqueurs.Les premiers jours, l’entreprise commence les démolitions manuelles des murs concernés au niveau du sous-sol. Elle passe ensuite aux démolitions des murs du rez-de-chaussée. Pendant

ces opérations, les gravats générés sont évacués à l’aide d’une minipelle qui les décharge sur des camions venant stationner à l’entrée de l’immeuble, dans une zone spécialement aménagée.Le matin du jour de l’accident, précédé de journées pluvieuses, un salarié de cette entreprise situé sur une plate-forme individuelle roulante, installée au niveau du rez-de-chaussée, termine au marteau-piqueur la démolition d’un mur de rive qu’il a commencé la veille. Ce mur donne sur un espace vide qui descend jusqu’au niveau du sous-sol de l’immeuble. En attaquant avec force un point dur situé en bas du mur, celui-ci et la poutre sur laquelle il s’appuie s’effondrent brutalement, entraînant l’échafaudage et le salarié dans une chute mortelle vers l’espace vide du sous-sol. Les secours prévenus rapidement ne réussissent pas à réanimer la victime.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Effondrement fatal en cours de démolitions

Analyse : quels éléments ont provoqué l’effondrement ?

• La poutre à l’origine de l’accident n’était pas armée. Elle supportait le mur de rive et une partie des charges transmises par la dalle pleine en béton armé du plancher.• Le plancher était soumis à des effets dynamiques et vibratoires dus aux mouvements de la minipelle ; ces effets se transmettaient partiellement à la poutre de rive.• Les chocs et vibrations du marteau-piqueur sur le mur, et plus particulièrement sur ses parties basses, ont dû solliciter fortement la poutre de rive.• Les infiltrations des fortes pluies dans les microfissures ou fissures produites dans la poutre ont contribué à la rendre plus fragile.

Comment l’opérateur occupé à démolir un mur de rive à l’aide d’un marteau-piqueur a-t-il été victime de l’effondrement du mur et de la poutre sur laquelle ce mur s’appuyait ?

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28 janvier 2011 • Le Moniteur 5

AccIdents du trAvAIL dAns Le BtP

ReCommandation

Utiliser des méthodes de démolition mécaniques avec un système de télécommande à distance aurait permis de mettre l’opérateur à l’abri de l’effondrement du mur de rive. attention aux nuisances dues au bruit et aux effets vibratoires.

• Le travail face au vide sans protections collectives, ou du moins sans protection individuelle adaptée, a exposé le salarié aux risques de chute de hauteur.• L’utilisation du marteau-piqueur, dans cette situation, constitue un facteur de risque

supplémentaire dû à l’effet d’entraînement qu’a pu subir l’opérateur en exerçant un effort pour vaincre les points durs qu’il a rencontrés.Ainsi la conjonction de ces éléments pris ensemble ou séparément a pu provoquer cet accident fatal.

Qu’aurait-il fallu faire ?Adapter les méthodes et outils aux transformations requises.

1 Réaliser en amont, pendant la phase d’élaboration du projet, un diagnostic

technique complet de l’état de l’ouvrage existant et plus particulièrement dans les parties faisant l’objet de modifications ou transformations.Ce diagnostic aurait dû faire appel, parmi d’autres actions, à des sondages aussi bien destructifs que non destructifs des éléments de la structure devant subir les effets de ces transformations.Or, avant le démarrage du chantier, la maîtrise d’œuvre a jugé suffisant de se contenter d’un examen visuel de quelques éléments importants de la structure du bâtiment et de l’étude des plans d’exécution de cette structure, disponibles dans les archives.

2 Faire appel à des entreprises de démolition ayant le savoir-faire et les compétences

nécessaires (opérateurs formés et expérimentés, équipements de démolition aux normes de sécurité…). Ceci n’exclut pas évidemment la possibilité pour l’entreprise générale ou de gros œuvre de réaliser ce type de travaux par ses propres moyens, dans la mesure où l’encadrement a été bien formé et rodé sur les méthodes de démolition.

3 Contrôler, au cours des travaux, l’évolution de l’état des éléments de la structure ayant

été touchés par une modification de la descente des charges, afin de s’assurer constamment de la stabilité des parties de l’ouvrage à conserver.Ceci aurait peut-être permis, après la suppression du mur du sous-sol, de détecter la présence de fissures en sous-face de la partie centrale de la poutre et d’adopter la solution du coffrage et de l’étaiement de la poutre et du plancher, ce qui aurait évité par conséquent leur effondrement.

4 Réaliser l’installation d’une protection collective par filets ou grillage face au

vide, ou équiper le salarié d’un équipement de protection individuelle contre les chutes assujetti à un ancrage conforme à la norme Nf EN 795.

Dans le cas du recours à une démolition manuelle avec marteau-piqueur, sélectionner des outils antivibratiles pour réduire les risques dus aux effets des vibrations (Troubles musculo-squelettiques ou TMS).

5 Utiliser des moyens de démolition mécaniques avec, au besoin, des moyens

de télécommande à distance (fig. 2). Ce système aurait permis, même en cas d’effondrement de la poutre, de mettre l’opérateur à l’abri de toutes ces conséquences.

6 Assurer l’information et la formation des salariés sur les risques dus aux travaux de

démolition en fonction des méthodes utilisées et des outils mis en œuvre.

Figure 2 Démolition mécanique  avec télécommande

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6 Le Moniteur • 28 janvier 2011

AccIdents du trAvAIL dAns Le BtP

2. Déséquilibre lors d’un travail à l’escabeau

Pour effectuer la fixation des consoles supports de tuyauteries sur les murs des sous-sols d’un immeuble en construction, un salarié utilise un escabeau. Le salarié a placé son escabeau parallèlement au mur et travaille sur le côté, les pieds posés sur les marches.Le perçage est prévu à l’aide d’un perforateur, équipé d’un foret spécial pour le béton. Juché sur son escabeau, le salarié commence la tâche et s’aperçoit tout de suite de la difficulté à pénétrer

dans le béton. Un effort important va lui être demandé pour réaliser ces travaux. Bien calé sur l’escabeau, il pousse très fort sur le perforateur, mais bascule sur le côté avec tout le matériel.Ses collègues de travail l’ont trouvé sans connaissance, allongé sur le sol. Les secours alertés immédiatement sont parvenus rapidement à le ranimer, et des examens approfondis ont montré qu’il ne reste aucun traumatisme résultant de la chute.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Déséquilibre lors d’un travail à l’escabeau©

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28 janvier 2011 • Le Moniteur 7

AccIdents du trAvAIL dAns Le BtP

ReCommandation

Pour garantir une stabilité horizontale, utiliser des plates-formes individuelles roulantes.

Qu’aurait-il fallu faire ?Privilégier l’utilisation des plates-formes pour les travaux en hauteur.

1 Compte tenu des travaux à effectuer, nécessitant un effort horizontal assez

important, l’employeur aurait dû fournir un équipement apportant une meilleure qualité au niveau de l’accès et un poste de travail conçu pour prévenir le risque de basculement.Pour garantir une stabilité horizontale à ce type de matériel, et dans toutes les directions, les fabricants ont créé des plates-formes individuelles roulantes (PIr) et des plates-formes individuelles roulantes légères (PIrL). Les normes Nf P 93352 et Nf P 93353 définissent les caractéristiques de ces plates-formes utilisées en général pour les travaux en hauteur, ainsi que les essais destinés à contrôler leur résistance, leurs déformations et leur stabilité au renversement.La hauteur maximum des planchers de ces plates-formes de travail – équipées de garde-corps réglementaires contre les chutes de hauteur –

est respectivement de 2,5 m pour la PIr et d’1,50 m pour la PIrL.Les efforts horizontaux admissibles au droit de chaque plate-forme (dont le plancher sera chargé de 75 daN pendant l’essai) sont respectivement de 45 daN pour les PIr et 30 daN pour les PIrL ; les pieds de la plate-forme ne doivent pas décoller du sol…

2 L’utilisation de ce matériel adapté à l’effort fourni par le salarié, lors du perçage du mur,

aurait garanti sa stabilité et évité le basculement de l’ensemble. En complément à ce conseil sur le choix du matériel d’accès au poste de travail, l’utilisation d’un outillage mieux adapté, de capacité suffisante et capable de réduire les efforts nécessaires au perçage, par exemple une perceuse à percussion, est préconisée.

Figure 2 Travail sur plate-forme individuelle roulante

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8 Le Moniteur • 28 janvier 2011

AccIdents du trAvAIL dAns Le BtP

3. Une rupture de poteau prévisibleUne équipe de deux monteurs d’une entreprise de téléphonie filaire part déposer une artère sur poteaux en bois, sans information préalable. Cet ouvrage a fait l’objet, trois ans auparavant, d’une expertise afin de déterminer l’état des différents appuis. Ces derniers, lorsqu’ils sont jugés détériorés, ont reçu une étiquette de couleur jaune. Les appuis en bon état au moment de la vérification sont matérialisés par une étiquette bleue. Munis de leurs harnais-ceinture et d’une longe de maintien, les monteurs

utilisent des grimpettes pour ascensionner les différents supports et décrocher les câbles. Ils arrachent ensuite les poteaux à l’aide du seul engin dont ils disposent : un camion tarière. Dans leur progression, ils rencontrent un tronçon particulièrement vétuste et renoncent provisoirement à toute ascension. Lorsqu’ils aperçoivent une étiquette bleue, l’un d’eux escalade promptement et sectionne le câble. L’appui se rompt soudainement et s’écroule sur le monteur, mortellement blessé.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Une rupture de poteau prévisible

Poteau : des appuis bois en mauvais étatCes phénomènes de rupture de poteaux ne sont pas récents. Dans les années soixante et soixante-dix, l’OPPBTP a observé plusieurs ruptures de poteaux béton. Ces supports, coulés sur chantiers il y a quelques décennies, n’avaient pas les qualités des productions industrielles actuelles. Prématurément et malencontreusement déchaussés par les monteurs, ils se brisaient lorsque l’on sectionnait les conducteurs. De nos jours, de trop nombreux appuis bois, implantés trente ans auparavant lors de l’extension spectaculaire du réseau de télécommunication, sont en très mauvais état.

Accident : l’équilibre mécanique rompuL’équilibre mécanique de l’ouvrage – déjà très endommagé trois ans plus tôt – est brutalement rompu par deux événements.L’ascension du monteur entraîne un premier effort. En tête de poteau, la rupture du câble provoque un effort dynamique – un véritable coup de fouet – lui aussi appliqué en tête du poteau.Ces deux efforts conjugués ont ruiné le poteau.

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AccIdents du trAvAIL dAns Le BtP

ReCommandation

dans les opérations de pose ou de dépose de câbles aériens, les équipes doivent disposer d’un élévateur à nacelle et des équipements nécessaires (treuils, haubans…) au maintien de l’équilibre mécanique de l’ouvrage.

Qu’aurait-il fallu faire ?Vérifier l’état des appuis. Équiper et former les monteurs.

1 Informer l’entreprise extérieure. Les deux monteurs ne disposaient d’aucune

information sur l’état de l’ouvrage sur lequel ils allaient intervenir. Il appartient au donneur d’ordre d’informer les entreprises sur les risques encourus lors de la réalisation des travaux et, plus particulièrement, sur les zones de danger. De cette façon, l’entreprise extérieure peut alors planifier et organiser son intervention.

2 Doter les salariés des équipements appropriés. L’ascension d’un grand nombre

de poteaux est prohibée dès lors qu’ils sont dotés d’une étiquette jaune. Sur un ouvrage d’une telle importance, la présence de supports endommagés ou ruinés n’est pas exceptionnelle ; il était donc nécessaire de doter les monteurs d’une plate-forme élévatrice mobile de personne car la simple ascension peut entraîner une rupture (fig. 2).

3 Vérifier l’état des appuis. Les poteaux réputés

en « bon état » et étiquetés comme tels, il y a quelques années, peuvent avoir subi de nombreuses agressions de type mécanique entre l’expertise et la période de travaux. Il s’agit par exemple du heurt par un véhicule ou par un engin agricole ou encore de détériorations par les machines chargées d’entretenir les accotements. En outre, les aléas climatiques tels que les inondations, la sécheresse, le vent peuvent dégrader la stabilité de l’ouvrage. Avant d’ascensionner le support, une vérification s’impose.

4 Former les monteurs. Quel que soit le projet de

construction, de modification, de dépose d’une ligne aérienne, il est nécessaire de considérer les efforts mécaniques engendrés par la tension des câbles. Les monteurs doivent donc être équipés et formés

de façon à entreprendre les manœuvres de force en sécurité. Pour la dépose, il est nécessaire d’opérer de façon inverse à la pose, c’est-à-dire de diminuer progressivement la tension à l’aide d’un treuil à mâchoires (de type « tire-fort » ou équivalent), et de procéder par la suite à l’aide de la nacelle au décrochage des câbles.Même des supports en bon état peuvent se rompre s’ils ne sont pas dimensionnés pour recevoir de tels efforts. Par ailleurs lors d’opération de modifications du réseau, ils peuvent, tout en restant debout, être fragilisés et occasionner des accidents lors d’une prochaine intervention.

Figure 2 Plate-forme élévatrice de personne ou élévateur à nacelle

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10 Le Moniteur • 28 janvier 2011

AccIdents du trAvAIL dAns Le BtP

4. Étouffé par des panneauxDans une entreprise de menuiserie, un ouvrier veut extraire un panneau d’aggloméré d’une pile de panneaux stockés verticalement contre le mur de l’atelier. Pour ce faire, il demande à son collègue de l’aider en maintenant légèrement inclinés les 6 premiers panneaux de la pile. En retirant son panneau, il appuie sur le paquet de panneaux maintenu en partie haute à bout de bras par son

collègue. Celui-ci, soudain déséquilibré, ne peut retenir le paquet. Les 6 panneaux basculent sur lui, le plaquent contre le mur opposé et l’étouffent en lui écrasant le thorax. Son compagnon essaie de le dégager en soulevant en vain le paquet d’agglomérés puis il court chercher de l’aide. À son retour, quelques instants plus tard, il le trouve mort asphyxié.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Étouffé par des panneaux

Risque : le poids des panneaux est souvent sous-estiméLes 6 premiers panneaux tous identiques, de 4,10 m de long par 1,85 m de haut et 19 mm d’épaisseur, de masse volumique de 600 kg/m3, représentaient une masse totale de 520 kg.Une fois posés à la verticale sur la tranche après avoir été placés un par un, ils n’exigeaient que très peu d’effort pour être maintenus en équilibre.Mais quelques instants plus tard, le compagnon n’a pas pu retenir la charge en train de basculer qui devenait trop importante.

Il faut savoir, en effet, que pour une charge de 520 kg de panneaux et une inclinaison de 10°, l’effort nécessaire d’une hauteur de 1,80 m environ pour retenir la charge est de 45 kg.Or on considère qu’un homme robuste peut fournir une poussée de 30 kg avec sa force musculaire.Dans le cas de l’accident, cette valeur de 30 kg était donc déjà dépassée !Pour un angle de 45°, l’effort nécessaire était de plus de 180 kg. Le compagnon était donc dans l’incapacité de retenir les panneaux !

Accident : manque de force musculaireUn homme robuste peut fournir une poussée de 30 kg. dans le cas de cet accident, cette valeur était dépassée.

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Stockage contre un mur avec sangles ou stockage en casiers, deux procédés d’aménagement rationnel qui évitent le renversement de panneaux.

Qu’aurait-il fallu faire ?Adopter un mode de stockage avec sangles ou un stockage en casiers.

Ce type d’accident est, hélas, trop fréquent. Pourtant des moyens de prévention simples existent.

1 Stockage contre un mur. Ce mode de stockage n’est pas le meilleur, mais il est

parfois le seul possible en cas de manque de place. Il est réservé à un nombre limité de panneaux (une vingtaine).Pour éviter le renversement de panneaux, il faut fixer au mur et au sol 2 sangles à boucle autobloquante comme celles utilisées par les transporteurs. On veillera à faire reposer les panneaux sur des tasseaux afin que la sangle passe sous ces derniers.Les sangles doivent être protégées contre les arêtes vives, ne doivent pas pouvoir être complètement ouvertes pour empêcher le basculement.

2 Stockage en casiers. Ce procédé est le plus rationnel car il permet de stocker des

panneaux de types différents tout en facilitant leur retrait, à la différence du système précédent qui nécessite, pour ce faire, une manutention supplémentaire.Ce stockage exige une place assez importante. Les différents casiers seront adaptés au nombre et à l’épaisseur des panneaux à stocker. Pour faciliter les manutentions de panneaux dans les casiers, on peut placer en partie basse un chemin de roulement. En aucun cas leur largeur ne dépassera 80 cm. Ainsi, si un compagnon rentre dans le casier pour extraire des panneaux, il ne risquera pas d’être écrasé par le renversement de ceux-ci

du fait de la limitation de l’angle de basculement. L’adoption d’un stockage correct dans l’atelier aurait pu sauver une vie. N’oublions pas également que l’aménagement rationnel du sto ckage dans les menuiseries non seulement améliore la sécurité, mais accroît aussi la productivité et contribue au confort de travail.

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Figure 2 a) Stockage contre un mur b) Stockage en casiers

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Note technique : force à appliquer selon le degré d’inclinaisonPar simplification, on exclut toute résistance du sol ou glissement, notamment des mains de l’opérateur. On considère donc le schéma ci-contre représentant le paquet de panneaux comme un volume parallélépipédique dont le centre de gravité est matérialisé par la force g de 520 kg.Pour avoir un équilibre statique dans le cas d’une inclinaison du paquet d’un angle de degrés α, il faut que la force appliquée perpendiculairement aux panneaux en partie haute par l’opérateur soit égale à (sin α est la valeur du sinus de l’angle α) :

F = (G / 2) ¥ sin aOn voit donc que :– pour α = 0°, f = 260 × sin 0 d’où f = 0 (toute la charge est reportée en partie basse sur le sol)– pour α = 10°, f = 260 × sin 10 d’où f = 45,15 kg– pour α = 45°, f = 260 × sin 45 d’où f = 183,85 kg– pour α = 90°, f = 260 × sin 90 d’où f = 260 kg (les panneaux étant à plat en appui sur 2 tasseaux à égale distance des extrémités, la charge se reporte pour moitié sur chaque appui).remarque :Si on considère un paquet de hauteur H, la force à appliquer à une distance D du bas des panneaux est :

F = (G ¥ H/2 ¥ D) ¥ sin a

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12 Le Moniteur • 28 janvier 2011

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5. Victime du syndrome de BywatersLe chantier d’assainissement est commencé depuis quelques jours. Le plan reçu par Éric, le conducteur de travaux, fournit sommairement le tracé à réaliser. Les DICT (déclaration d’intention de commencement des travaux) lancées n’ont pas toutes été reçues en retour. D’après les informations géotechniques fournies, le terrain a des caractéristiques suffi santes pour recevoir le futur ouvrage. Le maître d’ouvrage a des impératifs de délai incontournables. Le matériel est arrivé sur le site, mais il manque le matériel de boisage. Seul, le blindage lourd a été livré. Lors du creusement, une canalisation parallèle à la tranchée terrassée est repérée, la largeur de la tranchée n’a pas pu être respectée et le caisson ne

peut pas localement être mis en place du fait de la présence de réseaux divers. La largeur disponible est tout juste suffi sante pour y placer les nouvelles canalisations. Didier, poseur expérimenté, descend dans la tranchée. Il pense être en sécurité : le terrain « se tient ». De toute façon, Éric lui a ordonné de descendre pour réaliser le découpage du tuyau. Il n’a guère le choix. Il commence la découpe à la scie lorsque brutalement une masse de terre se détache et ensevelit partiellement Didier. Les efforts développés par ses camarades arrivés pour le secourir lui permettent d’être évacué sur l’hôpital. Cependant, il décède 48 heures plus tard par suite du syndrome de Bywaters.

Que s’est-il passé ?

Figure 1Ensevelissement dans une tranchée

Tranchée : une mauvaise préparationIl s’agit tout d’abord d’un défaut de préparation de chantier qui conduit à une impossibilité de réaliser les travaux dans des conditions normales du fait de :• l’absence de délai d’études pertinent ;• l’absence ou l’imprécision des études géotechniques ;• le manque d’informations sur les avoisinants, les réseaux aériens ou enterrés ;• le défaut de prévision de détection préalable des canalisations ;• le défaut de réalisation de plans d’exécution précis ;• l’existence d’un prix global forfaitisé d’exécution de canalisations.

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28 janvier 2011 • Le Moniteur 13

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Qu’aurait-il fallu faire ?Préparer le chantier, organiser le travail, informer et former les opérateurs.

Dans le même temps où l’on parle de management de la sécurité et où la législation européenne renforce la nécessité de l’évaluation des risques, de la planification des actions préventives, en tenant compte notamment des spécificités de l’homme et ne le considérant plus seulement comme un moyen, l’analyse des accidents d’ensevelissement dans les tranchées montre encore de manière systématique que le défaut de préparation des chantiers en est une cause principale. Maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, géotechniciens, concessionnaires, contrôleurs techniques, entrepreneurs sont donc tous concernés dans la chaîne décisionnelle. Ils peuvent contribuer par une approche globale et par leur compétence à maîtriser le risque d’ensevelissement. Voici six pistes d’amélioration à envisager :

1 Les informations nécessaires à la bonne exécution des travaux doivent être pertinentes.

La réalisation des tranchées nécessite une étude de sol définissant notamment la nature, la cohésion et l’angle de frottement interne des terrains, les modifications notables de géologie et l’angle de talutage possible. Les plans de recollement des concessionnaires fournis à l’entreprise doivent être précis car le choix, le calepinage des blindages et les modes opératoires, voire la faisabilité de l’ouvrage, sont liés à la répartition des conduites dans le sol. Une campagne de détection doit être entreprise pour valider les informations théoriques obtenues. La position des réseaux aériens doit être indiquée ; il est néces saire que les engins de terrassement soient en adéquation avec le site (éviter les risques de contact avec les lignes électriques).

2 Les délais de réalisation des travaux doivent être réalistes. La réalisation des

travaux nécessite une préparation du chantier (sondages par fouille, déviations de réseaux, installations d’hygiène et organisation du chantier…), l’obtention des diverses autorisations, la rédaction des documents de sécurité (PPSPS, plan de prévention, analyse DICT…), la réalisation des plans d’exécution précis en X et Z, référence à un repère topographique standard permettant de situer avec précision les obstacles.

3 Les travaux doivent être réalisables en sécurité. Le maître d’ouvrage ou son

représentant doit étudier la faisabilité du chantier, déterminer avec précision les contraintes permettant à l’entre prise d’effectuer le choix entre le talutage et les blindages. Il doit donc évaluer les situations à risque et pour le moins les signaler à l’entreprise. Il doit appliquer les PgP (plan général de prévention) en matière de maîtrise du risque : aucun terrain n’est sûr. Le principe, taluter chaque fois que possible et, à défaut, blinder, doit être adopté, ce qui détermine les volumes terrassés.

4 Les travaux de coactivité doivent avoir été pris en compte et une coordination

mise en place. En particulier, les circulations au voisinage des tranchées, la stabilité des ouvrages avoisinants et les éventuelles interventions de personnel à proximité ou dans la zone des travaux de tranchées doivent faire l’objet de prescriptions écrites.

5 L’organisation des secours. Même partiellement ensevelie, une victime peut subir

des dommages liés au syndrome de Bywaters, résultat de la compression des muscles lors d’un éboulement. Écrasés, ils produisent des toxines qui, libérées lors du dégagement de la victime, sont à l’origine de lésions rénales ou même d’arrêts cardiaques plusieurs heures après le dégagement.Un traumatisme psychologique, dont une forme grave est la psychasthénie, peut toucher les équipiers de la victime.Les pompiers doivent avoir été informés de la possibilité de tels accidents sur le chantier. Une intervention dans les plus brefs délais s’impose ainsi que la mise à disposition des matériels nécessaires aux premiers soins. Par ailleurs, une cellule d’aide psychologique doit être prévue.

6 Il est conseillé que tout le personnel, y compris l’encadrement de la maîtrise

d’ouvrage intervenant sur le chantier, suive une formation de sécurité. Il est très important de pouvoir faire face à toutes les situations rencontrées sur les chantiers et savoir optimiser la pluralité des moyens disponibles. Tous doivent être informés de leur droit de retrait.

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6. Une prise de courant convertie en roulette russe

Brancher un appareil ou une machine électrique sur une prise de courant disponible est si fréquent que nous le faisons tous machinalement sans penser que ce geste banal peut être dangereux.Avant de rentrer son véhicule au garage pour en-tretien, un chauffeur de camion de chantier devait le faire laver sur l’aire de lavage du dépôt équipée d’un nettoyeur haute pression. Compte tenu de son heure d’arrivée, à 13 h 00, plus personne n’est sur les lieux et il a donc entrepris de le faire lui-même.C’est en revenant de déjeuner, à 13 h 30, que l’équipe des mécaniciens du dépôt aperçoit une forme humaine étendue derrière le camion.

Pendant que le contremaître alerte les secours, ses compagnons se précipitent vers la victime. Le premier d’entre eux, en voulant retourner le corps allongé par terre sur la lance porte-buse du nettoyeur haute pression, reçoit une décharge électrique, heureusement bénigne. Comprenant ce qui a dû se passer, il crie aux autres de ne pas s’approcher et déconnecte la prise de courant d’alimentation de l’appareil. Les tentatives de réanimation prodiguées par l’un des membres de l’équipe de sauveteurs/secouristes du travail, relayé rapidement par les pompiers, seront vaines. Le décès du chauffeur ne pourra être que constaté.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Une prise de courant convertie en roulette russe

Alerte : danger de mortLa suppression de l’ergot de la fiche de prise de courant transforme le nettoyeur haute pression en véritable piège. Trois fois sur quatre, au hasard de l’enfichage dans le socle mural, l’opérateur qui touche le moteur-pompe ou la lance est « mis sous tension ».

Analyse : quelles erreurs ont été commises ?La fiche 4 pôles ainsi transformée pouvait être enfichée dans le socle tétrapolaire dans 4 positions différentes décalées entre elles de 90°, aucune de ces positions ne permettant un raccordement électrique correct de la machine. En effet :1 La masse du groupe moteur-pompe n’est

jamais reliée à la prise de terre de l’installation électrique, ce qui occulte totalement tous les dispositifs de protection contre les défauts d’isolement (contact indirect) situés en amont.

2 Dans l’une des positions, la masse du groupe est reliée au neutre de l’installation (tension/terre ~ 0 volt), les enroulements du moteur étant correctement alimentés entre phases. C’est certainement la position la moins dangereuse. Était-ce la position habituelle ?

Comment un chauffeur de camion qui voulait laver son véhicule de chantier a-t-il été électrocuté en s’emparant de la lance porte-buse du nettoyeur haute pression qu’il venait de saisir ?

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Maintenir en conformité :il faut prendre toutes les mesures à même de maintenir la conformité de l’ensemble des installations électriques d’un établissement aux règles de l’art.

3 Dans chacune des 3 autres positions, les enroulements du moteur triphasé ne sont pas correctement alimentés (2 phases + neutre) alors que la masse du groupe, et donc la lance porte-buse, est reliée directement à l’une des phases (tension/terre ~ 230 volts). C’est dans cette position que se trouvait la fiche après l’accident.

Toute personne qui touche un de ces éléments est en danger de mort. Le risque est d’autant plus élevé que la résistance de contact entre son corps et la terre est faible. Le chauffeur de camion, debout sur une aire bétonnée mouillée, était dans ce cas.

Qu’aurait-il fallu faire ?Pour modifier une installation électrique et brancher un appareil.

1 Faire vérifier son installation selon la périodicité réglementaire (en général tous

les ans), en n’oubliant surtout pas les récepteurs mobiles et portatifs, par une « personne possédant une connaissance approfondie dans le domaine de la prévention des risques dus à l’électricité et des dispositions réglementaires qui y sont afférentes ». Même si cela n’est pas obligatoire, il est conseillé de s’adresser à une personne ou à un organisme agréé par le ministère du Travail.

2 Interdire à tout « profane », et cela de façon absolue, toute intervention de dépannage

ou de remplacement sur les installations d’équipements électriques. Si de telles actions peuvent être dangereuses pour cet exécutant lors de l’intervention, elles sont également sources de dangers potentiels cachés pour des utilisateurs ou intervenants futurs.

3 Tenir compte des observations portées sur le rapport de vérification et procéder le plus

tôt possible aux travaux de remise en conformité.

4 Instaurer une surveillance des installations électriques par la désignation d’une personne

chargée de s’assurer du maintien des dispositions et dispositifs mis en place, de recueillir toutes les observations des salariés de l’établissement et de prendre toute disposition à même de remédier sans délai aux anomalies constatées.Il faut ensuite tenir compte de l’évolution des règles de l’art et des améliorations apportées aux différents matériels pour accroître le niveau de sécurité des installations anciennes.

5 Procéder au remplacement des dispositifs électriques de connexion de l’ensemble

d’un établissement (socles et fiches de prises de courant, prises mobiles de prolongateur, socle de connecteur), de standards anciens, éventuellement disparates, par du matériel d’un standard actuel conforme aux normes en vigueur. Matériels industriels à broches et alvéoles au brochage « international » ou matériel au standard « Maréchal », selon le choix du chef d’établissement.

6 Assurer une protection complémentaire contre les conséquences d’un contact direct

ou d’un contact indirect avec un appareil qui n’est plus relié à la prise de terre par l’installation, en amont, des socles de prises de courant terminales, d’un dispositif différentiel à haute sensibilité (I ∆n ≤ 30 mA). Ce dispositif constitue une protection complémentaire lorsque les mesures « normales » de protection (isolations, obstacles, mises à la terre…) ne peuvent plus être considérées comme suffisamment fiables. L’expérience des chantiers, où ces dispositifs sont systématiquement installés en amont de tout circuit destiné à alimenter des matériels mobiles ou portatifs, démontre leur utilité dans des situations similaires.

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16 Le Moniteur • 28 janvier 2011

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7. Électrocuté par une ligne haute tension

Une entreprise se voit confier rapidement un chantier de dépose d’une ligne téléphonique. Deux ouvriers récemment arrivés ont reçu pour toute information une consigne verbale d’arracher les appuis métalliques de l’ouvrage. Les câbles ont été préalablement déposés par une équipe de monteurs expérimentés. Disposant d’un camion muni d’un bras télescopique, le premier d’entre eux conduit le véhicule et commande la grue auxiliaire. Le second guide la charge et accompagne le mouvement vers le plateau du véhicule. Le travail se déroule sans obstacle, sur une petite route de campagne, lorsque, en fin

d’après-midi, le grutier entend un bruit et aperçoit son compagnon gisant au sol. Un instant terrorisé, il lève les yeux et aperçoit sa flèche au milieu des câbles ! Il dégage alors prudemment son engin avant de courir vers son camarade qui gît toujours inanimé au sol. Il se dirige prudemment vers le collègue, lève de nouveau les yeux et aperçoit alors, quelque peu dissimulée derrière un bosquet, une ligne électrique haute tension, qui coupe la chaussée juste avant un virage. Il comprend alors seulement qu’il est trop tard pour son compagnon, et sa prudence l’a sauvé.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Électrocuté par une ligne haute tension

Accident : les causesLes accidents mortels d’origine électrique les plus courants sont dus au contact direct avec les lignes électriques du domaine de tension « Haute tension A » (HTA, plus couramment des lignes 20 000 V). Ces ouvrages ont des câbles situés à une hauteur de quelques mètres, qui peuvent être très facilement atteints par des objets métalliques tels que fers à béton, échelles déployées, bras télescopiques des engins (tapis de toupie à béton, tarière, grue auxiliaire…).

Électrocution : les risquesCes électrocutions, quoiqu’en diminution constante, constituent un risque potentiel important pour les monteurs de réseaux de télécommunication, dont les ouvrages jouxtent ou croisent les réseaux électriques de distribution d’électricité.

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Qu’aurait-il fallu faire ?S’enquérir de la présence d’ouvrages autour du chantier,

organiser une visite préalable des lieux.

1 Demande de renseignements (Fig. 2).Il appartient au maître d’ouvrage de faire

une demande de renseignements (Dr), afin de transmettre à l’entreprise les informations relatives à la présence d’ouvrages à proximité de son futur chantier. Ici les donneurs d’ordre, parce qu’il s’agit d’une démolition d’ouvrage, n’avaient pas pris le soin de faire cette recherche.Il est faux de penser que des opérations de dépose, de démolition, de modification sont des travaux élémentaires pouvant être confiés à des opérateurs inexpérimentés. Par ailleurs, le délai nécessaire à la préparation de l’opération n’avait pas été pris en considération.

2 Déclaration d’intention de commencement de travaux (Fig. 2). L’entreprise doit s’enquérir,

avant tout début des travaux, de la présence des ouvrages auprès des concessionnaires des réseaux : c’est la déclaration d’intention de commencement de travaux (DICT). Le délai légal pour répondre est de 10 jours ; en conséquence, les travaux ne peuvent démarrer avant ce délai que si les réponses des concessionnaires sont négatives.

3 Visite préalable des lieux. Il appartient à l’entreprise utilisatrice d’organiser une visite

préalable des lieux afin de déterminer les mesures de sécurité qui doivent être prises. Cela doit permettre de constater la présence de la ligne électrique haute tension, d’alerter l’entreprise de la nécessité d’une démarche auprès de l’exploitant pour consigner l’ouvrage.Pour tout travail à proximité d’une ligne aérienne, la vigilance est requise. Pour une ligne haute tension du type de celle rencontrée dans cet accident, il convient de ne pas approcher les conducteurs nus à moins de 3 mètres. Cette distance s’entend en tenant compte des éventuels mouvements des câbles mais aussi de l’engin et de la charge. Il faut privilégier la consignation de la ligne électrique (éviter le risque électrique). Lorsque cela s’avère techniquement impossible ou dangereux, il est nécessaire que la manœuvre soit surveillée par une personne désignée (le surveillant électrique) (voir Nouveau Code du travail articles r. 4534-107 à r. 4534-130).Dans notre cas, la consignation n’ayant pas été prévue, il fallait reporter la dépose de ce poteau à une date ultérieure, en concertation avec l’exploitant.

Figure 2 Formulaires DR et DICT

4 Consignes de sécurité. Le représentant du chef d’établissement doit donner des

consignes précises aux exécutants. En ce qui concerne ce chantier, les informations, qui auraient dû être relevées lors de la visite préalable (présence d’une ligne électrique), doivent être transmises par écrit et les consignes de sécurité expliquées aux monteurs. Il est alors conseillé de reformuler sous forme de questions ces prescriptions de sécurité pour savoir si elles sont comprises.Au-delà des consignes, la zone à risque doit être matérialisée par une signalisation à proximité ou sur le poteau, afin d’attirer l’attention. Par exemple, au moyen d’un panneau routier avertissant d’un danger et d’une peinture rouge sur le support.

5 Manœuvre. Il est à noter la bonne réaction du compagnon, lorsqu’il aperçoit le contact

fortuit avec la ligne HTA. Il a reçu une formation pratique et ne commet pas l’erreur, qui pouvait lui être fatale, d’aller au-devant de son compagnon sans dégager le bras de son engin. En descendant de celui-ci, après sa manœuvre, il ne risquait plus rien même en cas de réenclenchement automatique.

ReCommandation

La demande de rensei gnements (dR) et la déclaration d’intention de commencement de travaux (diCt) sont les formulaires obligatoires à adresser par les entreprises et les maîtres d’ouvrages aux services publics.

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8. Une remise sous tension inopinéeAvant toute intervention sur une installation électrique, aussi bénigne soit-elle,il est essentiel que l’opérateur pense à sécuriser son poste de travail, notamment contre toute possibilité de manœuvre par un tiers des dispositifs de coupure ou de commande normalement accessibles.Sur un chantier de creusement de tunnel, deux électriciens doivent procéder aux opérationsde maintenance préventive des installationsélectriques du tunnelier pendant une période d’arrêt de la machine. Arrivés sur les lieux, ils mettent hors tension l’ensemble de l’installation électrique en manœuvrant l’interrupteur-sectionneur d’arrivée de l’armoire générale placée

sur le portique d’avancement, immédiatement en aval de la machine. Ils empruntent ensuite le long couloir longitudinal qui leur permet de rejoindre l’armoire électrique de protection et de commande des équipements de tunnelier (pompes, tapis transporteurs, venti lateurs…).Se fiant à la manœuvre précédente et à la disparition de l’énergie, ils ouvrent, sans autreprécaution, la porte de cette armoire située à30 mètres environ du portique d’avancement quand, tout à coup, un « flash » se produit, brûlant gravement les 2 électriciens aux mains,aux avant-bras et au visage : l’interrupteur sectionneur général vient d’être refermé.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Une remise sous tension inopinée

Analyse : les causes de l’accident• La manœuvre de l’interrupteur général situé sur le portique a aussi mis hors tension les circuits d’éclairage normal de la machine. La circulation est dans la pénombre, éclairée uniquement par les blocs autonomes d’éclairage de sécurité.• Le dispositif à clef intégré à l’armoire et permettant de verrouiller en position « arrêt » cet interrupteur général est grippé en raison de l’humidité ambiante, empêchant son retrait et donc la condamnation en position d’ouverture de l’interrupteur-sectionneur général.• Un 3e électricien a été chargé de remplacer les sources d’éclairage défectueuses du chantier. N’étant pas prévenu de la présence de ses collègues et ne les voyant pas, il réenclenche l’interrupteur sectionneur afin de pouvoir repérer les lampes et tubes grillés.• Considérant qu’ils intervenaient hors tension, les 2 premiers électriciens n’ont pris aucune précaution particulière vis-à-vis des conducteurs électriques qu’ils débranchaient et ne les ont pas isolés. Au moment de la réalimentation, deux d’entre eux au moins, appartenant à des phases différentes, se touchaient, occasionnant un court-circuit franc.

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Le verrouillage par cadenas de l’interrupteur général aurait pu empêcher la manœuvre de remise sous tension.

Qu’aurait-il fallu faire ?Prévoir les opérations de maintenance.

Choisir et installer des matériels électriques adaptés.

1 Intégrer les opérations de maintenance et d’entretien prévisibles lors de la conception

des installations électriques. Les options prises à ce moment sont primordiales car d’elles dépendront les modalités d’interventions futures : hors tension, au voisinage de la tension ou sous tension.rappelons à ce propos l’alinéa 1 de l’article 9 du décret du 14 novembre 1988, trop souvent oublié : « À l’origine de toute installation ainsi qu’à l’origine de chaque circuit doit être placé un dispositif ou un ensemble de dispositifs de sectionnement permettant de séparer l’installation ou le circuit de sa ou de ses sources d’énergie […]. Toutefois, ce dispositif ou cet ensemble de dispositifs peut séparer un groupe de circuits pouvant être mis simultanément hors tension pour l’exécution de travaux d’entretien ou de réparation […] ».

2 Séparer le plus en amont possible les installations d’éclairage et les installations

destinées à alimenter les autres matériels.Il est souhaitable de pouvoir mettre hors tension et consigner les circuits force motrice en maintenant alimentées les sources d’éclairage normal.

3 Choisir et installer des matériels électriques adaptés aux conditions

d’influences externes extrêmement sévères des chantiers souterrains.En règle générale, ils doivent posséder au moins les degrés de protection IP 55 - IK 10.Outre la protection contre les risques de choc électrique, le respect de ces critères a aussi pour effet de minimiser les risques de dégradation des différents matériels mis en œuvre, tels que le grippage d’une serrure à clef. Notons en outre qu’il existe aussi la solution de verrouillage par cadenas pouvant pallier ce type de difficultés (fig. 2).

4 Considérer et avoir toujours présent à l’esprit qu’une opération sur une installation

ou un équipement électrique ne peut être considérée être effectuée hors tension que si cette installation ou cet équipement est consigné.rappelons qu’une consignation pour travaux en basse tension consiste au moins à :– séparer la partie d’installation de toute source de tension ;– condamner en position d’ouverture les organes de séparation ;

Figure 2 Verrouillage par cadenas

– identifier clairement l’ouvrage ainsi mis hors tension ;– vérifier l’absence de tension aussi près que possible du lieu du travail.

5 Ne pas oublier que la condamnation en position d’ouverture consiste, outre à

immobiliser l’organe de commande, à signaler explicitement par pancarte, macaron ou tout autre dispositif que cet organe est condamné et ne doit pas être manœuvré.

6 Ne confier les opérations de maintenance et de dépannage électrique qu’à des

électriciens habilités pour les tâches qui leur sont confiées, c’est-à-dire des professionnels qualifiés et connaissant les règles de sécurité à appliquer.

7 Définir clairement les méthodes de travail autorisées sur le chantier dans le cadre de

cette habilitation et s’assurer que ces dispositions sont réellement et complètement appliquées.

8 Organiser ou superviser l’ensemble des équipes de maintenance et d’entretien

(électrique, mécanique, hydraulique, pneumatique…) de façon à ce que chaque équipe ou intervenant soit prévenu des opérations en cours.

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9. Malaise lors de l’accès à une cabine de grue

En ce début d’après-midi de printemps, le grutier a commencé l’ascension du fût de la grue pour se rendre à son poste de travail. À mi-hauteur, pour la première fois, la tête lui tourne, une douleur irradiant vers le bras gauche lui coupe

le souffle. rapidement le malaise augmente. Soudain, avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, il lâche le barreau de l’échelle, chute et se retrouve sans connaissance sur le palier de recueil.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Malaise lors de l’accès à une cabine de grue

Contexte : les causes du malaiseIl s’agit d’une grue dont le fût mesure 50 mètres. À l’intérieur du mât, les tronçons d’échelles à crinoline sont verticaux. Les paliers de repos, en correspondance avec les longueurs des éléments de fût, sont disposés tous les 10 ou 12 mètres. Les normes obligatoires de construction des grues permettent une telle configuration.La montée vers la cabine sur les échelles verticales aussitôt après le repas a provoqué chez cette personne de 50 ans une crise d’angine de poitrine évoluant rapidement vers un infarctus du myocarde.La disposition de paliers tous les 12 mètres paraît incompatible avec les capacités physiques de l’opérateur. En effet, le grutier regagne son poste de travail immédiatement après le repas, la température extérieure en ce début d’après-midi est élevée (noter le décalage dû à l’heure d’été) et l’opérateur a 50 ans. Il aurait été plus prudent de marquer un temps d’arrêt sur chacun des paliers de repos mis à disposition afin de récupérer.Lors de l’accès à la cabine de grue, il faut viser à réduire le risque de chute. Pour ce faire, grâce à des dispositions techniques, on agit sur la hauteur de chute entre les paliers et la pénibilité d’ascension.

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Les constructeurs de grues à tour ont aménagé leurs matériels en prenant des dispositions techniques adaptées à la pénibilité d’ascension.

Qu’aurait-il fallu faire ?Respecter un arrêt sur les paliers de repos.

1 Hauteur de chute.On préconise :

– des échelles à crinoline inclinées alternées ;– des paliers intermédiaires tous les 6 mètres.

2 Pénibilité d’ascension :– repos sur les paliers plus

rapprochés ;– port d’un bracelet permettant de matérialiser la récupération à l’effort. Les pulsations cardiaques, après une période de repos, redescendent et la personne peut donc reprendre son ascension (par exemple, prendre un chiffre théorique de 220 moins l’âge de la personne moins 20 %, en l’occurrence (220 – 50) – 20 % donne 136). Chez une personne entraînée, les pulsations cardiaques ne devront pas dépasser 140. Ce chiffre peut être revu à la baisse suivant l’état général de la personne et surtout la prescription du médecin du travail.

3 Les principaux constructeurs européens

de grues à tour ont pris en compte les demandes de modifications dans la conception des grues neuves et ont fait des propositions d’aménagement sur le matériel existant (fig. 2). Le choix d’appliquer une des solutions techniques proposées par les constructeurs n’exclut pas de mettre complémentairement en œuvre des mesures organisationnelles visant les mêmes objectifs, comme réduire la hauteur de mât à gravir en aménageant un accès depuis le bâtiment en construction et, pour certaines grues dont la hauteur de mât dépasserait 50 mètres, l’installation d’un ascenseur voire d’une cabine ascensionnelle.

Figure 2 Dispositif pour diminuer la pénibilité de l’ascension

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22 Le Moniteur • 28 janvier 2011

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10. Happé par un élément mobile d’une foreuse

Lors de la réalisation d’un forage de petit diamètre, l’aide-foreur est occupé à nettoyer la plate-forme à proximité du trou de forage, tandis que l’outil est en cours de foration. Soudain, son écharpe est agrippée par une excroissance de la tige, et il se retrouve coincé contre la glissière, support du train

de tige. Sa position ne lui permet pas d’atteindre le système d’arrêt d’urgence. Le foreur, occupé par ailleurs, ne le voit pas se débattre et ne l’entend pas. Quand il s’en aperçoit, il arrête la machine et prévient les secours. Ceux-ci arrivent trop tard. La victime est morte étouffée.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Happé par un élément mobile d’une foreuse

Happement : les causes1/ La victime est « seule » au moment de l’accident : le foreur ne la voit pas.

2/ Un élément matériela favorisé l’entraînement de la victime :– une sangle ;– un vêtement ample ;– une aspérité.

3/ La victime ne peut pas agir sur un arrêt d’urgence, soit du fait de l’inexistence de l’arrêt, soit en cas d’impossibilité d’action.

4/ Le foreur ne peut actionner l’arrêt d’urgence :– il ne voit pas la victime ;– le temps de réaction est trop long pour pouvoir en limiter les effets.

5/ Les conditions de travail sont particulières :– exiguïté du lieu de travail ;– éloignement des postes de foreur et d’aide-foreur.

6/ Le personnel est insuffisamment formé.

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28 janvier 2011 • Le Moniteur 23

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Qu’aurait-il fallu faire ?Un ensemble d’actions devrait permettre de diminuer le nombre d’accidents.

Ce risque fait l’objet depuis de nombreuses années de débats incessants sans que des solutions complètement efficaces aient été trouvées. En fait, un ensemble de mesures devrait permettre de diminuer le nombre d’accidents.

1 Mesures liées à l’organisation. Dans ces types d’accidents, la victime est souvent

seule du fait de l’organisation des chantiers ou de l’étroitesse des lieux de travail. Il convient de s’assurer que, dans de telles configurations, une surveillance efficace des salariés isolés est réalisée. Le choix des équipements de travail est important. Pour des raisons de polyvalence, les machines sont maintenant souvent mal adaptées à la tâche à effectuer. Des équipements inappropriés au site ou aux conditions d’exécution de l’acti-vité peuvent amener des risques supplémentaires. Il convient de réaliser le choix des équi pements en étudiant à la fois les conditions de site mais également les modalités d’exécution des tâches, notamment l’exiguïté du lieu imposant un gabarit maximal pour permettre la circulation des opérateurs, l’éloignement de l’aide-foreur, le guidage de la tige. De plus, les moyens de secours doivent pouvoir facilement accéder à la zone de travail en cas de nécessité.

2 Mesures liées au port des équipements de protection individuelle (EPI). Le port

de vêtements amples tels que vestes, cache-col, parka ou manteau fermé doit être réfléchi. Les équipements de protection vestimentaire doivent être ajustés au corps et permettre des mouvements aisés. On privilégiera les combinaisons de pluie plutôt que des vestes.Par ailleurs, la zone située autour de l’outil de foration constitue une zone de danger pour les opérateurs. C’est la raison pour laquelle cette zone est interdite. Cependant, il ne s’agit là que d’une consigne à respecter et qui ne tient pas nécessairement compte des gestes professionnels indis pensables : ajouts ou retraits de tiges, nettoyage des « cuttings »…

3 Mesures relatives aux équipements de travail (Fig. 2). Ces actions sont essentielles car elles

peuvent permettre d’éviter ou de réduire le risque.Il convient :– lors de la conception, d’éviter que les zones tournantes soient accessibles aux opérateurs :

position haute des mors de serrage avec barillet de distribution des tiges, intégration dans la glissière des tiges, protection du train de tige…– de mettre en place, en plus des arrêts coup de poing, des dispositifs d’arrêt d’urgence de type passif efficaces, judi cieusement positionnés et facilement accessibles : plaques ou fils d’arrêt d’urgence. Ces dispositifs doivent permettre l’arrêt de la fonction de rotation. Ils doivent être situés de manière à ce que, quelle que soit la position de l’opérateur, il puisse utiliser l’arrêt. Le temps de réaction du dispositif doit inter venir avant que les effets d’un happement sur l’individu puissent s’avérer dommageables.

4 Mesures de formation. Le personnel est souvent insuffisamment formé. Il n’existe

pas de formation particulière et, de ce fait, les entreprises doivent assurer dans un temps réduit ces formations. L’aide-foreur, particulièrement exposé, doit également recevoir une formation spécifique à son poste de travail.

Protectiondes zonestournantes

Mise en placed’arrêt d’urgence

Conception intrinsèquementsûre de la foreuse

Figure 2 Mesures relatives aux équipements de travail

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11. Une chute de bois mortelleDans une entreprise de menuiserie, un ouvrier est en train de déligner des avivés en sapin sur une scie circulaire à format. Certaines présentent des parties flacheuses qu’il faut éliminer avant de les calibrer au corroyage. Brusquement une des

chutes est éjectée dans la direction de l’opérateur et vient comme une flèche lui transpercer l’abdomen. Malgré l’arrivée rapide des secours, le menuisier décède des suites de sa blessure.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Une chute de bois mortelle

Scie circulaire : les causesL’opérateur était en fin de passe. La partie flacheuse en pointe s’est refermée en arrière de la scie et a été éjectée car il manquait un élément essentiel et complémentaire à la cape de protection : le couteau diviseur.

Cape de protection : son rôleLa cape de protection fait obstacle à l’accès à la partie supérieure de la lame.

Couteau diviseur : son rôleLe couteau diviseur doit être fixé en arrière de la lame de scie, au plus près de cette dernière, afin d’éviter le serrage de la pièce de bois en partie arrière et rendant impossible le phénomène de rejet.

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Qu’aurait-il fallu faire ?L’ensemble cape de protection et couteau diviseur assurent un travail en sécurité.

1 La scie circulaire était équipée d’une cape de protection sur potence qui avait été réglée

et positionnée près de la pièce de bois. Bien que de conception ancienne, celle-ci remplissait convenablement son rôle. Par contre, lors du sciage sur une scie circulaire, il y a risque de serrage en arrière de la lame de scie entre la chute de délignage et la pièce de bois. L’ensemble peut alors être entraîné par la lame de scie dans l’axe du sciage vers l’opérateur. Dans le cas de l’accident, l’opérateur était en fin de passe. La partie flacheuse en pointe s’est donc refermée en arrière de la scie et a été éjectée car il manquait un élément essentiel et complémentaire à la cape de protection : le couteau diviseur.

2 Le rôle du couteau diviseur. Il doit être fixé en arrière de la lame de scie, au plus près de

cette dernière, afin d’éviter le serrage de la pièce de bois en partie arrière et rendant ainsi impossible le phénomène de rejet. rappelons qu’en cas de rejet la vitesse d’éjection est la même que la vitesse de l’outil coupant en moyenne de 50 m/s soit 180 km/h ! Par contre, il faut respecter certaines règles pour que le couteau diviseur assure sa pleine efficacité : il doit être réalisé en acier de 58 daN/mm2, son épaisseur doit être légèrement inférieure de 5/10 de mm à celle de la lame et réglé à 3 mm sur la circonférence et à 2 mm maximum de la partie haute de la lame. Les dimensions du couteau diviseur doivent correspondre au diamètre de la lame selon les tranches suivantes, de 150 à 250 mm, de 250 à 350 mm, de 350 à 450 mm, de 450 à 600 mm. Il peut donc être nécessaire d’avoir plusieurs couteaux diviseurs en fonction du diamètre des lames.

3 Le rôle de la cape de protection (Fig. 2, Fig. 3). Elle fait obstacle à l’accès à la partie

supérieure de la lame. Elle peut être fixée sur le couteau diviseur pour les scies acceptant des lames d’un diamètre inférieur ou égal à 315 mm et doit être indépendante du couteau diviseur et fixée sur potence pour les scies acceptant des lames d’un diamètre supérieur à 315 mm. De plus, cette cape peut comporter une goulotte d’aspiration des copeaux et poussières en complément de la goulotte principale située sous la table.Il est vivement conseillé d’équiper les scies circulaires de capes sur potence permettant la réalisation de feuillures ou rainures tout en empêchant l’accès à la partie supérieure de la lame.

4 C’est donc l’ensemble cape et couteau diviseur qui assure un travail en sécurité.

Il faut cependant veiller à utiliser la machine en respectant les principes suivants :• régler la cape au plus près de la pièce de bois.• Pour les capes sur potence, monter la cape étroite pour les coupes droites, la large pour les coupes obliques.• régler la lame de scie en fonction de l’épaisseur de la pièce à débiter, de façon à avoir au moins 2 à 3 dents en prise et un dépassement minimum de 10 mm au-dessus de la pièce. Ce dépassement (flèche) doit être en moyenne de 1/3 de la saillie totale de la lame par rapport à la table.• Utiliser des poussoirs appropriés ou intégrés au guide.• En fin de travail abaisser systématiquement la cape contre la table.

Ces quelques principes simples auraient permis d’éviter cet accident !

�Max. 2 mm

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Figure 2 Cape correctement réglée pour la plus petite lame. Le repère de coupe se trouve en avant de la cape.

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Figure 3 Cape correctement réglée pour la plus grande lame.

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12. Dégauchisseuse : attention danger !Dans une entreprise de menuiserie, un ouvrier est en train de dresser des avivés en sapin sur une dégauchisseuse avant de les calibrer sur la raboteuse.

Lors du dressage sur chant, sa main gauche rentre en contact avec les fers en rotation lui entaillant les premières phalanges du majeur et de l’annulaire.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Dégauchisseuse : attention danger !

Analyse : les caractéristiques de la dégauchisseuse• La dégauchisseuse est souvent considérée à tort comme une machine non dangereuse par les menuisiers. En effet, les accidents sur ce type de machines concernent les phalanges et sont de moindre gravité que ceux survenant sur une toupie. Ils représentent néanmoins 13 % des accidents machines et environ 7 % des rentes versées dans le cadre des accidents survenus lors de l’utilisation des machines à bois.• Dans le cas de cet accident, la dégauchisseuse était équipée d’un protecteur, mais celui-ci était mal réglé et ne protégeait pas la partie non travaillante de l’outil. Le dressage du chant nécessite que l’opérateur effectue une pression continue au niveau de l’usinage tant sur la table que contre le guide. En effectuant cette pression, sa main a glissé légèrement et a heurté les lames en rotation.

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Qu’aurait-il fallu faire ?Régler la profondeur de passe et le protecteur.

1 Régler la profondeur de passe. Pour éviter d’avoir à exercer une trop forte pression, la

table d’entrée doit être réglée de façon à obtenir, pour le dégauchissage d’une face, une prise de bois d’environ 1,5 mm d’épaisseur sauf s’il s’agit d’une pièce très « tuilée » ou très gauche, auquel cas les premières passes pourront être plus importantes lors de travaux spéciaux (chanfreinage, par exemple).Après réglage, la table sera bloquée fermement de façon à éviter, pendant le travail, tout déréglage brutal qui pourrait être une source d’accident.

2 Régler le protecteur. Les trois types de dispositifs de protection disponibles sur le

marché européen sont les suivants :– Le protecteur escamotable automatiquement dit à « développante de cercle ». Ce type de protecteur, dont la conception est très simple, ne protège pas la main droite en fin de passe. Par ailleurs, certains de ces dispositifs n’assurent pas un recouvrement permanent de la partie non utilisée de l’arbre porte-outil.– Le protecteur articulé à segments. Il doit être réglé en fonction de la largeur de la pièce à dégauchir. Il présente les inconvénients du type précédent et peut, par ailleurs, laisser une partie

de l’arbre à découvert si le guide n’est pas réglé correctement.– Le protecteur dit « à pont ». Ce type de dispositif est le mieux adapté et le plus efficace pour la protection des fers de la dégauchisseuse. Il doit être convenablement réglé tant pour le dressage des plats que pour les chants.Pour le dégauchissage à plat d’une face, le pont doit être préréglé en hauteur en fonction de l’épaisseur de la pièce à dégauchir. L’opérateur engage alors la pièce sous le pont, ses mains passant par-dessus ce dernier, tout en maintenant une pression sur la pièce de bois au droit de l’outil.Pour le dressage du chant, le pont est abaissé sur la table et réglé en largeur pour permettre le passage de la pièce entre son extrémité et le guide.Ainsi réglé il est impossible de mettre les doigts dans l’outil.Il faut cependant éviter de dégauchir des pièces courtes (moins de 300 mm) ou très minces (moins de 12 mm) car elles risquent de se rompre sous l’action des outils.Dans ce cas il faut utiliser des poussoirs à talons.En fin de travail, abaisser systématiquement le pont contre la table et le plaquer contre le guide. Ces quelques principes simples auraient permis d’éviter cet accident !

Figure 2 Le protecteur escamotable ne protège pas la main droite en fin de passe.

Figure 3 Le protecteur à pont est le plus efficace pour la protection des fers de la dégauchisseuse.

Figure 4 Dans le cas du dégauchissage à plat d’une face, le pont est préréglé en hauteur en fonction de l’épaisseur de la pièce à dégauchir.

Figure 5 Pour le dégauchissage sur chant, le pont est réglé en largeur pour permettre le passage de la pièce entre son extrémité et le guide.

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13. Un coup de fouet mortelLe nettoyage des conduites de béton projeté est une opération très délicate qui peut conduire à des accidents très dommageables comme le montre l’événement raconté ci-après.Marcel et José procèdent à la mise en œuvre de béton projeté semi-humide pour réaliser le soutènement provisoire de la voûte du tunnel. Le béton, approvisionné par une pompe à béton, fait, tout à coup, bouchon dans la canalisation.Les deux opérateurs tentent de débloquer la conduite en frappant sur le tuyau. N’y parvenant pas correctement, ils décident néanmoins de

nettoyer l’intérieur de la canalisation en utilisant une boule de mousse poussée à l’air.Marcel applique la pression d’air maximale du compresseur derrière la boule tandis que José reste près de la canalisation pour surveiller la progression de la boule. Soudain, la boule chasse violemment et rapidement le béton et sort à grande vitesse, heurte la paroi située en face de la sortie du tuyau. La manche flexible de bétonnage fouette l’air tandis que le rebond propulse la boule sur la tête de José qui meurt sur le coup.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Un coup de fouet mortel

   Figure 2 Parties du corps touchées lors de ce type d’accident

Risques : un projectile mortelLa boule, elle-même, se comporte comme un projectile dont la vitesse sera directement proportionnelle à la force exercée sur elle. L’énergie E, égale à :

E = 12

mv2, où m est la masse de la boule

et v sa vitesse,croît donc rapidement en fonction de la vitesse et peut atteindre des valeurs très largement supérieures à celles acceptables par un individu, occasionnant, de ce fait, des blessures graves ou mortelles.

Boule : rupture brutale du bétonLa pression exercée sur la boule est suffisante pour débloquer le béton pris dans la canalisation dès lors que la poussée exercée est supérieure aux contraintes qui maintiennent le béton en place (butée, blocage, compression…). La rupture est brutale et la pression maintenue engendre, à la sortie du tube, la libération rapide des contraintes et, en conséquence, la propulsion des matières situées devant la boule.

Tête : 57%

Abdomen : 15%

Jambes : 28%

Accident : des blessures gravesParallèlement à cette typologie d’accidents, le fouettement de la manche flexible au moment du passage de la boule de nettoyage ou la mise en mouvement brusque de la conduite de béton peuvent engendrer des blessures graves. Dans 28 % des cas, l’accident a été mortel.Les parties du corps touchées sont présentées figure 2.

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ReCommandation

Un groupe de pompage envoie l’eau avec une pression et un débit suffisants pour pousserle béton résiduel de manière continue.

Qu’aurait-il fallu faire ?Modifier le processus de nettoyage et se conformer aux prescriptions du fabricant.

1 Préférer le nettoyage des conduites de béton à l’eau plutôt qu’à l’air. Tous les

accidents connus concernant le nettoyage des conduites de béton pompé sont liés à l’utilisation de l’air comprimé. La balle de mousse dure est introduite dans la canalisation et un compresseur, branché en sortie de pompe, envoie l’air nécessaire pour pousser le béton. L’air étant compressible, l’ensemble « balle-béton » se déplace par « à-coups », ce qui provoque un débit irrégulier difficilement contrôlable.Ce système peut être avantageusement remplacé par l’utilisation de l’eau. Un groupe de pompage envoie l’eau avec une pression et un débit suffisants pour pousser le béton résiduel de manière continue. Le béton peut être éventuellement récupéré, ce qui ajoute aux nombreux avantages de la méthode. Ce système est commercialisé depuis au moins une décennie sans que l’utilisation ne se soit hélas généralisée. La cause était sans doute due à l’encombrement du groupe de pompage. Avec la diminution des gabarits de ces groupes maintenant intégrés à la pompe à béton, on peut espérer que ce mode opératoire, très apprécié des opérateurs, s’en trouve plus largement diffusé.

2 Respecter les instructions données par le concepteur-constructeur de la

pompe à béton. Dans la notice d’instructions, le concepteur-constructeur a l’obligation d’indiquer à l’utilisateur la procédure de nettoyage et les risques résiduels qui s’y rattachent. Ce risque devrait être pris en considération dans la conception de l’équipement de travail et les mesures de prévention intégrées dans le cahier des charges de construction. Le fabricant a donc l’obligation d’étudier ce risque et de proposer une solution appropriée. À défaut, il doit signaler dans la notice d’instructions les conditions de sécurité dans lesquelles doit se dérouler le nettoyage des canalisations.L’utilisateur est tenu de se conformer aux prescriptions du fabricant et éventuellement, si le risque n’a pas été traité par le fabricant, il doit mettre en place des mesures adaptées, par exemple celles décrites ci-après.Il est également nécessaire d’évaluer les distances de sécurité pour permettre

l’évacuation momentanée lors de ces opérations « dangereuses ».

3 Utiliser des dispositifs spécialement conçus pour la réception de la balle. Le

sens de passage de la balle est important : elle peut être soit poussée, soit aspirée. Dans l’un ou l’autre des cas, des dispositifs pour la réception de la balle ont été spécialement conçus. Ils se placent soit à l’extrémité de la canalisation, soit dans le dispositif de pompage.

4 Amarrer efficacement les conduites. Associé au « débourrage » intempestif

de la canalisation, le fouettement de celle-ci constitue une menace supplémentaire pour tous les travailleurs situés à proximité de la zone de travail. L’amarrage des conduites souples sur des supports stables, fixes et résistants est une mesure indispensable pour pallier ce risque.

5 Respecter les procédures de purge des canalisations. Lors de l’ouverture des colliers

de jonction après la formation de bouchon, des opérations spéciales sont à exécuter :– arrêt de la source d’énergie,– purge des cuves d’alimentation et des conduites, afin de neutraliser les pressions,– localisation du bouchon.

6 Confier les matériels de pompage à des personnes compétentes et spécialement

formées. Compte tenu des risques liés à l’utilisation des matériels de pompage, il est indispensable que les opérateurs aient reçu une formation spécifique à la sécurité. De même, les personnes travaillant à proximité doivent avoir reçu une formation relative aux risques associés.

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14. Blessé par une chambre de télécommunication

Dans le cadre de la réalisation d’un lotissement de maisons individuelles, la totalité des réseaux doit être enterrée. Les lots de téléphonie filaire et de réseaux électriques sont attribués à des entreprises différentes. Les chambres de télécommunication sont livrées en l’absence du chef de chantier et sont déposées à même le sol, sur une indication imprécise du contremaître électricien. À peine arrivé sur les lieux, le chef de chantier fait entreprendre, sans délai, le creusement des tranchées. Plus tard, il ordonne

de mettre en place les chambres de tirage aux endroits prévus. L’accès est encombré car, depuis leur livraison, d’autres matériaux et équipements ont été acheminés. Un salarié enjambe les obstacles, dispose directement l’élingue sous le chaînage de la chambre. Par un geste énergique et ample, il indique à son collègue qui conduit un tracto-pelle qu’il peut soulever la charge. Le levageur agit avec promptitude, mais la charge tombe brutalement, écrasant la jambe du collègue.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Blessé par une chambre de télécommunication

Accident : l’élinguage en causeLors du levage de la charge, brusquement déplacée, l’élingue a glissé et lorsque, par effet de balancier, celle-ci a heurté l’obstacle, elle a échappé du chanfrein du chaînage de la chambre. Cette dernière a alors chuté sur l’ouvrier.

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Livrées autrefois sans inserts, les chambres pouvaient être mises en place avec des pinces.désormais elles doivent être pré-équipées et manutention nées avec des équipements appropriés conformément aux consignes écrites.

Qu’aurait-il fallu faire ?L’ensemble des manutentions doit faire l’objet d’un mode opératoire précis.

1 Les chantiers de construction regroupant de nombreuses entreprises (entreprises de

terrassement, de réseaux, de voiries…) sur un même site sont visés par la coordination SPS (Sécurité Protection Santé). Dans ce cadre, afin de limiter les risques interférents entre les entreprises et le nombre d’allers et venues d’engins de toute nature, des aires de stockage dédiées à chaque entreprise doivent être précisément définies dans le plan général de coordination (PgC). Par ailleurs, l’improvisation peut aussi être génératrice de tension entre les équipes.

2 Le conducteur de travaux ou le chef de chantier désigné par l’employeur aurait

dû s’informer auprès des fournisseurs, afin de convenir avec eux d’une date et d’un emplacement précis de livraison. Des consignes techniques, quant au mode de stockage pour permettre un enlèvement ultérieur à un éventuel calage, balisage doivent être transmises au transporteur. En sus, le cas échéant, il faut prévoir une signalisation temporaire.

3 Par ailleurs, il est souhaitable, dans la mesure où la surface disponible le permet, de

disposer les équipements et matériaux dans l’ordre du déroulement prévisible du chantier. Si cela s’avère nécessaire, par manque de place disponible, il faut procéder de façon à ce que les charges les plus faciles à manutentionner soient déplacées le plus fréquemment.

4 Des élingues plates ne constituent pas systématiquement l’accessoire de levage le

plus approprié. Dans le cas de ce chantier, aucun dispositif ne s’opposait efficacement à la chute de la charge. Toutes les manutentions doivent faire l’objet d’un mode opératoire précis, ici des pinces auraient dû être utilisées.

5 Aucune consigne de sécurité n’est délivrée aux ouvriers à l’ouverture du chantier, ni

rappelée lors des opérations. En outre, il est nécessaire de désigner pour chaque tâche concrète, les salariés qui vont l’accomplir.

6 Quels que soient les ordres transmis, le conducteur d’un engin doit se renseigner sur

les obstacles susceptibles de gêner sa manœuvre et actionner prudemment les commandes.

7 Lors de la commande des chambres de télécommunication, le service achat aurait

dû spécifier dans son cahier des charges, comme le recommande l’OPPBTP depuis des années pour ce type d’éléments en béton préfabriqué, de disposer d’accessoires de levage. Il convient, en outre, que le fabricant délivre une notice complète décrivant le mode opératoire retenu ainsi que les accessoires complémentaires (élingues avec crochets de sécurité, anneau, etc.) indispensables à la manutention.

8 Quels que soient les accessoires utilisés, il faut demeurer à distance des charges et

ne pas se servir directement des mains pour les guider.

Figure 2 Chambre à mettre en place avec des pinces

Figure 3 Chambre actuelle dotée de dispositifs intégrés pour sa manutention

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15. Une réaction allergique inattendueUn jour de la fin du mois de juin, un maçon intérimaire de 53 ans demande à rencontrer le médecin du travail. Il lui explique qu’au début du mois, il était occupé à poser des parpaings pour la construction d’une usine. En bas du mur qu’il était en train de monter, une entreprise spécialisée réalisait un revêtement de sol en résine. Comme c’était au mois de juin, il commençait à faire chaud et beaucoup de vapeurs se dégageaient ; l’odeur était très forte. Dès la fin de la première journée de coulage du revêtement de sol en résine, ce maçon intérimaire, travaillant directement à proximité, a présenté des rougeurs et des démangeaisons du visage et des avant-bras. Il est alors allé voir son médecin traitant qui lui a prescrit un traitement symptomatique et un arrêt de travail d’une semaine.Deux semaines plus tard, alors qu’il a repris son travail, guéri de ses manifestations cutanées, et qu’il se trouve sur le même chantier, au même

endroit, des ouvriers viennent faire un joint de dilatation dans le revêtement de sol. Ils utilisent pour faire ce joint une scie à sol qui travaille à sec. Cette scie produit beaucoup de poussières. Or, le revêtement étant en résine, le maçon intérimaire a immédiatement déclenché une violente réaction allergique eczématiforme du visage et des démangeaisons sur tout le corps.C’est à ce moment qu’il a demandé une consultation en médecine du travail, le lien entre ses problèmes d’allergie au niveau de la peau et de son travail lui ayant paru, à juste titre, évident. Le médecin du travail a contacté le coordonnateur SPS (santé, protection de la santé) du chantier afin de connaître les coordonnées de l’entreprise titulaire du lot revêtement de sol. Il a obtenu confirmation qu’il s’agissait bien de « résine époxy ». Le médecin du travail a établi un certificat de déclaration de maladie professionnelle, tableau n° 51, qu’il a remis au salarié.

Que s’est-il passé ?

Figure 1 Une réaction allergique inattendue

Diagnostic : allergie cutanéeLe salarié est allé consulter son médecin traitant et un allergologue, qui ont confirmé le diagnostic : il s’agissait bien d’une sensibilisation aux résines époxydiques. La seule mesure de prévention pour éviter la récidive est l’éviction de tout contact avec le produit, sous quelque forme que ce soit.

Guérison : éviter l’expositionLa guérison a été obtenue au cours d’un arrêt de travail d’une semaine. Le médecin du travail a demandé et obtenu pour le salarié un changement de chantier. Depuis, celui-ci poursuit son travail sans problème sur le plan de sa peau. Il a été informé des risques liés à son allergie et demeure vigilant afin de se retirer d’une nouvelle situation de travail susceptible de l’exposer à nouveau.

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Colles, peintures, vernis, revêtements de sol contiennent des résines époxydiques.

Qu’aurait-il fallu faire ?Mettre en œuvre des mesures de prévention technique et médicale.

1 Prévention technique• Collective : ventilation ou travail à l’air libre,

aspiration des vapeurs à la source, utilisation de produits de substitution, obtention des fiches de données de sécurité, choisir les résines les moins sensibilisantes avec les durcisseurs les moins caustiques.

• Individuelle : hygiène vestimentaire, lavage des mains, port de protections individuelles : gants en PVC, lunettes, masques respiratoires, vêtements adaptés.

2 Prévention médicale• Information des utilisateurs des risques et

des symptômes devant amener à consulter.• Apprentissage à la lecture des étiquetages.

ReCommandation

Les personnes soumises à la mise en œuvre de résines époxy doivent être équipées de protections individuelles adéquates.

Qu’est-ce que les résines époxy ?Ce sont des matières plastiques thermodurcissables, qui se présentent sous forme liquide ou solide. Chimiquement, elles renferment un groupement époxy et résultent de la condensation de l’épichlorhydrine et du bisphénol A. On leur adjoint des durcisseurs, essentiellement des amines.Dans le BTP, on trouve des résines époxydiques dans les colles, peintures, vernis, revêtements de sol coulés en place, sols sportifs ou industriels (fig. 2).

Quelles atteintes à la santé sont-elles susceptibles de provoquer ?Elles sont responsables d’allergies cutanées sous la forme d’eczéma de contact, touchant les parties découvertes, soit essentiellement le visage, avec œdème fréquent des paupières, et les mains, poignets, avant-bras. Le contact est aéroporté soit par les poussières, soit par les vapeurs (se reporter à la fiche « résines époxydiques » du fichier actualisé des nuisances – fAN – publié par le groupement national des médecins du BTP – gNMBTP).Il faut signaler que lorsqu’une personne se sensibilise aux résines époxy, c’est pour la vie, et que le moindre nouveau contact, même le simple fait de rentrer dans une pièce où flottent dans l’air quelques molécules de ces résines (un récipient contenant de la résine dont le couvercle est ouvert par exemple), suffit à déclencher une réaction allergique.

Dans quelles conditions cela peut-il arriver ?Le plus souvent cela survient lors de la mise en œuvre de telles résines, lorsque les salariés chargés de cette mise en œuvre ne sont pas bien informés des risques liés à ces produits et qu’ils n’utilisent donc pas ou de façon incomplète les protections nécessaires (fig. 3).Les salariés peuvent être bien informés, mais l’entreprise ne leur fournit pas les protections

adéquates, ou bien ils ont les équipements de protection individuelle nécessaires mais les conditions et l’organisation du travail ne favorisent pas leur utilisation. C’est le cas lorsqu’il s’agit de travailleurs à statut précaire, parfois ne parlant pas français, travaillant de nuit et sous forte contrainte de temps, avec des conditions d’hébergement et d’hygiène très précaires (situation déjà observée et pas forcément rare). Ailleurs, ce peut être la difficulté de supporter des protections individuelles par temps chaud.L’observation présentée montre que le risque existe également lors d’interventions ultérieures : le sciage à sec d’une dalle en résine époxy libère une grande quantité de poussières susceptibles d’être allergisantes, car les molécules redeviennent actives par l’effet de chaleur du sciage sans eau.

Figure 2 Produits contenant potentiellement des résines époxy

Figure 3 Manipulation avec EPI (équipement de protection individuelle)

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NormesNF EN 795 (septembre 1996 − indice de classement : S 71-513) : Protection contre les chutes de hauteur − Dispositif d’ancrage − Exigences et essais. Document modifié par l’amendement Nf EN 795/A1 (décembre 2000 − indice de classement : S 71-513/A1).

NF P 93-353 (décembre 1994) : plates-formes individuelles roulantes légères.

NF P 93-352 (novembre 1997) : plates-formes individuelles roulantes.

Textes officielsCode du travail

Code du travail : art. r4534-107 à r.4534-130

Décret n° 88-1056 du 14 novembre 1988 pris pour l’exécution des dispositions du livre II du code du travail (titre III : Hygiène, sécurité et conditions du travail) en ce qui concerne la protection des travailleurs dans les établissements qui mettent en œuvre des courants électriques, JO du 24 novembre 1988.

OuvragesBases réglementaires de la prévention dans le bâtiment et les travaux publics, Organisation de la prévention, OPPBTP, 2e édition, 2010, 124 pages.

Prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles dans le bâtiment et les travaux publics, Aide-mémoire BTP, INrS, 4e édition, 2009, 136 pages.

Autres publicationsAnalyse des accidents du BTP répertoriés dans Epicea, Claire Tissot, Hygiène et sécurité au travail 218, INrS, 1er trimestre 2010.

Bons comportements prévention pour les salariés des entreprises du BTP, OPPBTP, 2006, 16 pages (brochure à télécharger).

Bonnes pratiques prévention dans les entreprises artisanales et les PME du BTP, OPPBTP, 2005, 16 pages (brochure à télécharger).

Sites internet à consulterwww.inrs.frwww.oppbtp.fr

Pour en sAvoIr PLus

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