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Des chiens dress6s pour rechercher des turneurs ~..es capacites olfactives des chiens pourraient 6tre prochai- nement raises & profit dans I'iden- tification des sujets porteurs de certaines tumeurs. L'idee n'est pas originale en soit, mais erie manquait & ce jour d'une analyse scientifique rigoureuse. La capa- cite des chiens & detecter les cancers fut en effet suggeree pour la premiere foJs en 1989 dans une lettre publiee par le Lancet. Les auteurs y rapportaient I'histoire d'une patiente dont le chien avait manifeste un inter~t tout & fait inhabituel pour une lesion cutanee qui s'etait revelee 6tre un cancer de la peau. Depuis, la presse medicale et des journaux moins specialises ont ponctuellement rapporte des anecdotes similaires, evoquant la capacite de certains chiens & identifier des sujets porteurs de cancer du sein, de carcinome pul- monaire eu de cancer cutan& ,~ I'heure presente, aucune etude rigoureuse n'a eprouve cette hypothese. II existe cependant un rationnel i ce type d'etude, car il est prouve que les lesions tumo- rales peuvent produire des mole- cules organiques volatiles que I'on pourrait retrouver dans la sueur ou Fair expire. Les auteurs de 1'etude publiee dans le British Medical Journal ont forme six chiens & reconnaftre les urines de patients atteints de cancer de ]a vessie. Des urines contrSles ont ere obtenues d'hommes et de femmes de 18 8. 85 ans. Corolyn Willis et coll. ont en particulier pris la peine d'inclure dans ces contrSles des urines issues de femmes & differents stades de leur cycle menstruel, et des echantillons obtenus chez des patients presentant des patholo- gies urologiques non-cance- reuses. L'epreuve finale, pour les chiens, a consiste & identifier une urine de patient atteint d'un cancer de la vessie parmi un groupe de 6 prelevements negatifs. I'epreuve a ete plus que concluante puisque le taux de succes moyen est de 41% -contre 14 % attendus si les chiens avaient choisi le prele- vement positif au hasard. Uobjectif de I'etude, rappellent les auteurs, 6tait d'apporter une base scientifique i des observa- tions ice jour anecdotiques, et non de prouver que les animaux peuvent intervenir efficacement dans le processus de diagnostic des tumeurs. II n'en demeure pas moins que ces donnees pour- raient ouvrir une nouvelle vole de recherche et contribuer en parti- culler i identifier les sujets pre- sentant une tumeur au stade infra-clinique. Carolyn M Willis et aL, Br. Med. J. 329 (25/09/04) (7468) 712 Cas de r ge spr s tra splaRtstlo WAIors que la rage fait & nouveau I'objet d'une forte attention media- tique en France, les CDC d'Atlanta (Centres pour le contrele des maladies et la prevention,) a rap- porte, les 1°' et 16 juillet dernier, quatre cas de rage consecutifs & une transplantation d'organe. I1 s'agit, dans tous les cas, d'une infection contractee & partir d'un m6me donneur. Ce dernier avait 6te admis en mai au Centre medi- cal de I'Universite Baylor (Texas). Les images neurologiques avaient alors mis en evidence une h6mor- ragie sub-arachnd~dienne. Aucune etiologie infectieuse n'avait ere eta- bile et le patient etait decede 48 h apres son admission. Les organes (foie, reins, poumons et une section de I'art~re iliaque) avaient alors 6te transplantes. Ce n'est qu'apres le deces des quatre receveurs et du donneur que le diagnostic de rage a pu 6tre pose. Une enquete aupres des voi- sins et des proches du donneur a permis d'etablir qu'il avait ete recemment mordu par une chauve-souris. De fait, les analyses serologiques ont revele la pre- sence d'anticorps diriges contre un variant du virus rabique retrou- vr6 specifiquement chez les chauve-souris. Cet evenement a conduit les autorites sanitaires americaines & reconsiderer le risque de transmission du virus rabique par greffe d'organes. Plus generalement, cet incident sou- ligne que la rage peut emprunter des voies de transmission qui ne sont pas sans poser de nom- breuses questions. Les auteurs soulignent en effet que les cas de rage aux I~tats-Unis sont en augmentation. L'origine canine de la rage est cependant en regression, et les cas les plus recents ont ete attribues & des morsures de chauve-souris, qua- siment indolores. Les souches rabiques isolees sur les chauve- souris semblent suscepfibles de se repliquer sur de nombreux types cellulaires, ce qui en facili- terait la dissemination. Par ailleurs, I'infectiosite d'organes tels que le foie, les poumons ou les reins peut surprendre, mais elle conforte I'hypothese d'une transmission du virus egalement par vole san- guine. Des travaux realises en 1995 avaient dej& avance cette hypothese en demontrant que certaines souches virales pou- vaient se repliquer sur les macro- phages. Centers for Disease control and prevention, ,, Investigation of rabies infections in organ donor and transplant recipients Alabama, Arkansas, Oklahoma and Texas ,, MMWR, Morb. Mort. Wkly Rep. 53 (2004) 586-589. 16 Revue Frangaise des Laboratoires, octobre 2004,N ° 366

Cas de rage après transplantation d'organes

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Page 1: Cas de rage après transplantation d'organes

Des chiens dress6s pour rechercher des turneurs

~..es capacites olfactives des chiens pourraient 6tre prochai- nement raises & profit dans I'iden- tification des sujets porteurs de certaines tumeurs. L'idee n'est pas originale en soit, mais erie manquait & ce jour d'une analyse scientifique rigoureuse. La capa- cite des chiens & detecter les cancers fut en effet suggeree pour la premiere foJs en 1989 dans une lettre publiee par le Lancet. Les auteurs y rapportaient I'histoire d'une patiente dont le chien avait manifeste un inter~t tout & fait inhabituel pour une lesion cutanee qui s'etait revelee 6tre un cancer de la peau. Depuis, la presse medicale et des journaux moins specialises ont ponctuellement rapporte des anecdotes similaires, evoquant la capacite de certains chiens & identifier des sujets porteurs de cancer du sein, de carcinome pul- monaire eu de cancer cutan& ,~ I'heure presente, aucune etude

rigoureuse n'a eprouve cette hypothese. II existe cependant un rationnel i ce type d'etude, car il est prouve que les lesions tumo- rales peuvent produire des mole- cules organiques volatiles que I'on pourrait retrouver dans la sueur ou Fair expire. Les auteurs de 1'etude publiee dans le British Medical Journal ont forme six chiens & reconnaftre les urines de patients atteints de cancer de ]a vessie. Des urines contrSles ont ere obtenues d'hommes et de femmes de 18 8. 85 ans. Corolyn Willis et coll. ont en particulier pris la peine d'inclure dans ces contrSles des urines issues de femmes & differents stades de leur cycle menstruel, et des echantillons obtenus chez des patients presentant des patholo- gies urologiques non-cance- reuses. L'epreuve finale, pour les chiens, a consiste & identifier une urine de patient atteint d'un cancer de la vessie parmi un groupe de 6 prelevements negatifs. I'epreuve a ete plus que concluante puisque le taux de succes moyen est de 4 1 % -contre 14 % attendus si les chiens avaient choisi le prele- vement positif au hasard.

Uobjectif de I'etude, rappellent les auteurs, 6tait d'apporter une base scientifique i des observa- tions i c e jour anecdotiques, et non de prouver que les animaux peuvent intervenir efficacement dans le processus de diagnostic des tumeurs. II n'en demeure pas moins que ces donnees pour- raient ouvrir une nouvelle vole de recherche et contribuer en parti- culler i identifier les sujets pre- sentant une tumeur au stade infra-clinique.

Carolyn M Willis et aL, Br. Med. J. 329 (25/09/04) (7468)

712

Cas de r ge spr s tra splaRtstlo

WAIors que la rage fait & nouveau I'objet d'une forte attention media- tique en France, les CDC d'Atlanta (Centres pour le contrele des maladies et la prevention,) a rap- porte, les 1 °' et 16 juillet dernier, quatre cas de rage consecutifs & une transplantation d'organe. I1 s'agit, dans tous les cas, d'une

infection contractee & partir d'un m6me donneur. Ce dernier avait 6te admis en mai au Centre medi- cal de I'Universite Baylor (Texas). Les images neurologiques avaient alors mis en evidence une h6mor- ragie sub-arachnd~dienne. Aucune etiologie infectieuse n'avait ere eta- bile et le patient etait decede 48 h apres son admission. Les organes (foie, reins, poumons et une section de I'art~re iliaque) avaient alors 6te transplantes. Ce n'est qu'apres le deces des quatre receveurs et du donneur que le diagnostic de rage a pu 6tre pose. Une enquete aupres des voi- sins et des proches du donneur a permis d'etablir qu'il avait ete recemment mordu par une chauve-souris. De fait, les analyses serologiques ont revele la pre- sence d'anticorps diriges contre un variant du virus rabique retrou- vr6 specifiquement chez les chauve-souris. Cet evenement a conduit les autorites sanitaires americaines & reconsiderer le risque de transmission du virus rabique par greffe d'organes. Plus generalement, cet incident sou- ligne que la rage peut emprunter des voies de transmission qui ne sont pas sans poser de nom- breuses questions. Les auteurs soulignent en effet que les cas de rage aux I~tats-Unis sont en augmentation. L'origine canine de la rage est cependant en regression, et les cas les plus recents ont ete attribues & des morsures de chauve-souris, qua- siment indolores. Les souches rabiques isolees sur les chauve- souris semblent suscepfibles de se repliquer sur de nombreux types cellulaires, ce qui en facili- terait la dissemination. Par ailleurs, I'infectiosite d'organes tels que le foie, les poumons ou les reins peut surprendre, mais elle conforte I'hypothese d'une transmission du virus egalement par vole san- guine. Des travaux realises en 1995 avaient dej& avance cette hypothese en demontrant que certaines souches virales pou- vaient se repliquer sur les macro- phages.

Centers for Disease control and prevention, ,, Investigation

of rabies infections in organ donor and transplant recipients

Alabama, Arkansas, Oklahoma and Texas ,, MMWR, Morb. Mort. Wkly

Rep. 53 (2004) 586-589.

16 Revue Frangaise des Laboratoires, octobre 2004, N ° 366