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Catalogue pascal Courcelles

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Extrait du catalogue paru en 2003 à l'occasion d'une expo personnelle.

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Depuis que je connais Pascal Courcelles, il peint. Vous me direz : Il n'est pas le seul. Et vous aurez tort. Je crois pouvoir affirmer qu'il est le seul à peindre ainsi. Je ne parle pas de virtuosité technique ou autre, mais d'une pulsion irrépressible de peindre. Tout. Tout le temps. Depuis que je le connais, j'ai vu Pascal peindre des toiles, bien sûr, mais aussi ses murs, ses meubles, ses objets, ses livres, ses disques, sa femme,qui sait (mais il ne me l'a pas dit). Je veux dire par là que lorsqu'on est face à une telle pulsion, cela commence à devenir intéressant. Gilles Deleuze faisait une distinction entre puissance et pouvoir. En gros, la puissance est une potentialité, un ensemble de possibles. Le pouvoir, lui, canalise la puissance, la réglemente et la contraint. Pascal Courcelles a de la puissance. La liberté de peindre comme il veut ce qu'il veut n'est pas facile à assumer, au contraire. C'est pourquoi tant d'artistes se retrouvent du mauvais côté, du côté du pouvoir mais c'est un autre débat. Pascal Courcelles me semble être du bon coté du pinceau. Cette liberté, elle s'est matérialisée dans ses grandes toiles tout en matière et lumière qui évoquent le paysage. Mais Pascal sait que tout paysage est un paysage mental et jamais il ne tombe dans la peinture de genre. J'ai parlé à propos de Pascal Courcelles d'une pulsion de peindre, je ne serais pas complet si je ne parlais de la pulsation qui anime son travail. En effet, on constate dans son œuvre une oscillation entre le continu, le rempli et le discontinu, l'épars. Dans ses grands paysages nous sommes face à un espace rempli et dense, compact. Une matérialisation. Paradoxalement, cette opacité parvient à créer une véritable impression d'ouverture et d'infini. Dans ses dernières séries, renouant avec des expériences plus anciennes, il nous donne à voir une organisation spatiale : un ensemble discontinu de figures semble danser sur la toile tout en évoquant ça et là de véritables objets, comme des fleurs, par exemple. Alors que dans les grands paysages l'opacité compacte de la matière aboutit à une véritable transparence du regard, dans ses dernières toiles, c'est l'apparent chaos des figures disséminées qui aboutit à une impression d'harmonie et de cohérence. Si l'on y réfléchit, les forces à l'œuvre dans le travail de Pascal Courcelles sont bien proches de grands principes qui caractérisent les lois de la nature : les rapports du continu et du discontinu, l'articulation entre ordre et désordre, l'entropie d'un système organisé. Pascal Courcelles est-il un peintre de la nature ou un peintre naturel.

Pasquier Bernal, Février 2003

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Parler peinture : Courcelles. Parler peinture encore et toujours lorsqu'il s'agit de l'oeuvre de Pascal Courcelles. Au fil du temps qui passe, la peinture continue, existe, seules les modalités changent. Courcelles continue d'évoluer dans le temps et dans la peinture, tel un promeneur solitaire. Ses tableaux sont pareils à des réinterprétations du réel à travers le médium de la peinture, de la couleur. Dans la nature, la couleur, Pascal Courcelles en a plein les mains, la tête, dans son atelier. Les motifs de Pascal Courcelles ne sonl pas de transposer la nature dans ses tableaux mais d'utiliser le réel perçu dans le registre des couleurs, montrant toute leur plastique, plasticité. C'est ce retournement surprenant qui fait que l'on accroche au chaos des matières qui n'en est pas si l'on observe attentivement ses tableaux. Il est vrai, cette peinture n'est pas mélangée sortie du pot, c'est la combinaison de deux ou plusieurs couleurs au travers du geste, de la palette chargée appliquée sur la toile faisant vibrer les couleurs. Tantôt fluide, tantôt compacte, parfois frôlant l'oeuvre du chimiste, les couleurs se parlent dans des langages différents comme les médiums le sont. Cela provoque un choc sur la toile, une vibration, parfois un vide. Ici le ciel, là les terres émergées, pourquoi pas des vitraux quand la couleur est si éclatante. Dépassé le stade du regard et de l'observation, une analyse en profondeur s'avérerait instructive car la peinture n'est pas simplement posée, là, mais parce que le tableau en cours le demande. C'est le tableau qui parle, Courcelles lui répond par maintes touches successives et l'épaisseur du matériau signale qu'en dessous il y a encore de la peinture. Quand je disais : Parler peinture, oui, la peinture de Pascal Courcelles parle. Regardons-là.

Ludwig Szente S.L Février 2003

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