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Catholicisme social et démocratie chrétienne. Principes romains, expériences françaises byJean-Marie MayeurReview by: Jean BaubérotArchives de sciences sociales des religions, 32e Année, No. 63.2 (Apr. - Jun., 1987), pp. 274-275Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122208 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

(Herv6 Savon) et sur le problkme religieux dans les voyages imaginaires au seuil des Lumibres (Raymond Trousson).

Plus drcevant est l'essai hitif de Guy Haarscher sur l'athrisme chez Marx, qui ne fait que rrprter de vieilles formules (du type < le marxisme est l'opium des intellectuels a) sans faire avancer beaucoup notre compr&- hension du probl~me. Critiquant A la fois l'obscurantisme et le

scientisme, Georges Goriely s'interroge sur les origines communes du socialisme et de la sociologie. Elles se trouvent A son avis dans la critique conservatrice de l'individualisme: pour Bonald et pour les romantiques (mais aussi pour Saint-Simon et F. Engels !) la so- cirt6 poss~de sa vie propre, irrrductible aux individus qui la composent.

Plusieurs travaux plaident pour une morale athre (Henri Jeanne) ou pour un humanisme s6culier (Paul Kurtz). Plus originale est la drmarche de Gilbert Hottois: critiquant Sl'agnosticisme de la technique >, il prrvoit

que la grande bataille de l'avenir ne sera pas < la guerre civile entre athres et thristes a mais plut6t le combat entre les agnostiques (opera- teurs de la technoscience) et les gnostiques (catrgorie incluant aussi bien les fiddles de la Jerusalem c6leste que les partisans de la Soci&- t6 sans classes).

Le point de vue de la thbologie chrrtienne renouvel~e (inspirde par Heidegger, Lrvinas, etc.) est reprrsent6 par Jean Ladribre (< Les apories de l'ontologie >). Dans une post-face un peu ironique, Robert Joly compare la rrfle- xion sereine et prudente prrsent~e par ce texte avec les prrtentions catrgoriques du nbo- thomisme rrcent qui ne craint pas d'affirmer que < la thbologie est une science inductive, comme toutes les sciencesa (citation de C. Tresmontant, de 1972).

Une des communications les plus intrres- santes est celle de Leo Apostel, qui soumet A une critique serr~e les theologies naturelles (preuves de l'existence de Dieu). Mais il se rend compte que par rapport au Dieu person- nel des mystiques et des proph~tes, ses argu- ments logiques impeccables sont < ridicule- ment vains >. II pergoit clairement < combien Ktilng, Gutierrez, Schillebeeckx d'une part, Kierkegaard et Barth d'autre part sont des t6moins plus authentiques, des hommes plus profonds et combien leur Dieu est plus diffi- cile A r6futer que le Dieu glacial des scolas- tiques. L'incarnation actuelle du proph~te

- qui parle aux collectivitrs et appelle les hommes A combattre l'injustice et A aider A instaurer le rbgne de Dieu > - lui semble 6tre la thdologie de la Liberation.

Athee convaincu, Apostel ne peut pas ac- cepter le prophdtisme et plaide finalement pour un < athrisme religieux >, une nouvelle culture religieuse - < religion a signifiant ici seulement le lien (ou la tension) entre l'indivi- du et la totalit6 (cosmique ou historique).

Michael LOwy.

Valeurs laiques, Valeurs religieuses ; spfci- ficit6s anciennes, spfcificitfs nouvelles. Bruxelles, Ed. de l'Universit6 de Bruxelles, 1985, 135 p.

63.357 MAT (Michble), VAN HAECHT (Anne).

Ce livre contient les actes d'un colloque centr6 sur < des hommes et des valeurs a (in- troduction), qui unit et/ou oppose des laics et des catholiques. Par certains c6trs, ce vieux drbat est toujours neuf, soit parce qu'il infor- me sur un pays autre, ici la Belgique, dont plusieurs communications traitent de la vie politique et de l'6ducation, soit parce qu'une question prend tout A coup, dans la vie quoti- dienne, I'allure d'une question forte, ici, I'eu- thanasie, - on ne parlait pas encore des five- tes -, et les droits de l'homme, avec des guil- lemets pour un intervenant, sans guillements pour l'autre.

Chacun trouvera, ici, matibre A rrflexion. Michel Dion.

Catholicisme social et d6mocratie chr6- tienne. Principes romains, exp6riences frangaises. Paris, Ed. du Cerf, 1986, 287 p. (Coll. < Cerf-Histoire >).

63.358 MAYEUR (Jean-Marie).

J.-M. M. a rruni dans ce livre plusieurs arti- cles publirs depuis 25 ans dans diverses revues (allant des c6l1bres Annales A des revues d'ac- c~s difficile) et dans des ouvrages collectifs. Les textes rassemblrs offrent une bonne coh&- rence interne m~me si certains sont plut6t des 6tudes de cas et d'autres ouvrent des perspec- tives de rrflexion plus grnrrale. Au total l'en- semble est riche, fourni.

Un premier volet < Mouvement catholique, catholicisme social, drmocratie chrrtienne

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BULLETIN DES OUVRAGES

donne un cadre d'ensemble et expose les orien- tations romaines. Il y a dejA plus de 15 ans, J.- M.M. s'est attache, comme E. Poulat, A mon- trer la persistance de l'hhritage intransigeant du catholicisme social. Courant d'id~es et ensemble de manifestations complexes et di- verses, celui-ci comporte, certes, une aile r~ac- tionnaire et conservatrice mais aussi des adeptes de la d~mocratie sociale voire des socialistes ddmocrates et des socialistes r~vo- lutionnaires. ( Tous eurent en commun, au depart, une meme critique de l'ordre social individualiste nb de la Revolution frangaise et une m~me adh6sion au projet fondamental du catholicisme social: marquer la soci6t6 de l'influence chr(tienne (p. 266). Rerum nova- rum est une piece maitresse de l'enseignement social de l'Eglise catholique et J.-M.M. distin- gue fort judicieusement, A son sujet, ensei- gnement sur la soci~t6 et iddologie constitute. (< L'enseignement social de l'Eglise > a pu, tout au long de son histoire, rencontrer des ideologies diverses, se charger de leur apport et leur donner sa marque. L'action de Pie XII, dans ce domaine, est fort bien restitu6e. On lira 6galement avec profit une suggestive 6tude sur le mouvement catholique italien et une int6ressante synth~se concernant les partis d6mocrates chr6tiens europ6ens.

Le second volet de l'ouvrage porte sur les Sexperiences frangaises, et d~bute par un

trbs utile bilan historiographique. Aprbs, I'A. nous restitue le type repr6sentatif de catholi- cisme intransigeant venu du mennaisianisme que constitue la figure du pbre d'Alzon, fonda- teur de l'Assomption. A la fin du XIXe si~cle la d~mocratie chr~tienne, A travers ses congrbs nationaux, A Lyon (1896-1897-1898), exprime des aspirations sociales charg6es d'antis6mi- tisme, divis6es dans le degr6 de condamnation du capitalisme. Les relations du tiers ordre franciscain et du catholicisme social montrent une grande proximit6 avec le monde de la d~mocratie chrntienne. Contrairement A cer- taines erreurs d'appr6ciation la pens6e catho- lique sociale reconnait, d~s ce moment 1A, l'existence des classes et de leur affrontement. Le peuple, oppos6 A la bourgeoisie libdrale, fut charge de toutes les vertus. Par contre l'impor- tance de la mont6e des classes moyennes fut longtemps sous-estimbe et J.-M. Mayeur, de fagon trbs convaincante, met en lumibre un paradoxe: une Eglise dont militants, prati- quants et cadres sont majoritairement issus des classes moyennes et qui, pour cette raison notamment, se soucie assez peu de cette couche sociale. Trois 6tudes articulant histoire reli-

gieuse et histoire politique (les relations entre la d6mocratie chr6tienne et le r6gionalisme, la place des d6mocrates chr6tiens dans le renou- vellement des l61ites et les liens de la pens6e sociale de Ch. de Gaulle avec le catholicisme social) closent avec bonheur cet ouvrage oii la rigueur scientifique s'allie A une grande clart6 d'expression.

Jean Baub6rot.

63.359 MICEWSKI (Andrzej). Cardinal Wyszynski. A Biography. San Diego-New York-Londres, 1984, 474 p. Har- court Brace Jovanovitch, (trad. du polonais par W.R. Brand et K. Mroczkowska-Brand).

Traduction anglaise d'un ouvrage dont nous avions rendu compte de la version origi- nale polonaise (Arch., 55/2, p. 149-62).

Patrick Michel.

Vocazione e lavoro. Due trattati puritani. William Perkins e Richard Steele. Ferrare, Italo Bovolenta, 1985, 101 p. (Pugillaria, 7).

63.360 MIEGGE (Mario).

Le probl~me de la < vocation a vu A travers deux 6crits puritains ici comment6s (et fr6- quemment cit6s) par un philosophe qui est aussi historien des id6es, et pour qui leur histoire relive - entre autres choses - d'une saisie sociologique (cf.Arch., 32 no 255). M.M. - plus w~b~rien qu'il ne l'affirme - montre bien ici quelle sorte de rapport s'6tablit entre les conjonctures dans lesquelles les deux au- teurs concern6ms 6laborent leurs conceptions et ces conceptions elles-memes: elles ne sau- raient s'y r6duire cependant; pas plus qu'aux 6tapes de l'6volution de 1'< esprit bourgeois >, dont elles rel~vent pourtant.

Un des int6rets des deux cas 6tudids tient A ce que l'un (Perkins) renvoie A l'6poque l61isa- b6thaine, I'autre A la p~riode post-cromwel- lienne, peu de temps avant les Traitds de Locke. L'A. pr6f~re situer ailleurs la sp6cificit6 des dossiers pr~sent6s : premibrement dans l'ef- fort qu'ils r6vblent en vue d'attribuer un sens universel A des parcours individuels; en se- cond lieu dans la tentative qu'ils opbrent de 16gitimer de < nouvelles voies d'identit6 per- sonnelle >, dans une soci6t6 de plus en plus in- d6pendante des modules pass6s, et oi l'au- tonomie individuelle caract6rise de plus en plus pratiques et rapports.

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