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ד" בסPESSAH Ce fascicule est dédié à la refoua chlema de Margaret Simha bat Soly et à la mémoire de Chmouel Claude ben Mouni Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme Pessah : La révolution (Par Rav Raphaël Sadin) LE SENS PROFOND DE LA FETE DE PESSAH (2EME PARTIE) (Par Dan Devash) Hamets et Matsa : la nature et le divin (Par Yossef Aflalo) L'afikomane ou l'amour de D. envers Son peuple (Par Rav Gabriel Haccoun) La symbolique de la matsa (Par Rav Yitshak Assuli) La miraculée du acher yatsar (Par Rav Yonatan Chocron) Le travail de to'hène (moudre) (Par Rav David Sitbon)

Ce fascicule est dédié à la refoua chlema de PESSAH RESUME DE L’ETUDE PRECEDENTE Dans l’étude précédente, nous avions présenté l’image de l’exil d’Égypte telle que

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בס"ד

PESSAHCe fascicule est dédié à la refoua chlema deMargaret Simha bat Soly et à la mémoire de

Chmouel Claude ben Mouni

Espace Torah remercie Léa Marciano pour son dévouement et son professionalisme

Pessah : La révolution(Par Rav Raphaël Sadin)

LE SENS PROFOND DE LA FETE DE PESSAH (2EME PARTIE)(Par Dan Devash)

Hamets et Matsa : la nature et le divin(Par Yossef Aflalo)

L'afikomane ou l'amour de D. envers Son peuple(Par Rav Gabriel Haccoun)

La symbolique de la matsa(Par Rav Yitshak Assuli)

La miraculée du acher yatsar(Par Rav Yonatan Chocron)

Le travail de to'hène (moudre)(Par Rav David Sitbon)

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Dans la Hagada de Pessah, le racha demande: "ma ha'avoda hazot lakhem (qu'est-ce que ce service pour vous?)", et nous lui répondons "ba'avour zé assa Hachem li bétséti miMitsrayim (c'est pour cela que D. m'a fait sortir d'Egypte)". A ce sujet, le Beth Halévi demande: quel lien y a-t-il entre la réponse et la question ? La réponse ne semble pas, logiquement, répondre à la question ! Et il explique la chose suivante: Le racha pense que si on fait le Séder, si on mange de la matsa, si on boit les quatre coupes de vin, c'est parce qu'on est sorti d'Egypte. Or, contrairement à ce qu'on pourrait penser, cette idée n'est

pas juste. Bien sûr que, dans l'exercice du Séder (lorsqu'on mange de la matsa, lorsqu'on boit le vin, lorsqu'on raconte l'histoire de la sortie d'Egypte etc...), on se rattache au fait historique qu'est la Sortie d'Egypte. Cependant, la nature de ce fait historique est complètement différente selon la vision commune incarnée par le racha, et selon la vision toraïque des choses:-le racha croit toujours que ce qui est prioritaire dans le monde, ce qui est premier, ce qui est puissant, ce sont les faits, la matière, le monde; et que c'est le monde qui produit

des idées; -alors que c'est exactement l'inverse qui est vrai: c'est l'idée qui est plus fondamentale que le monde, et le monde n'est là que pour incarner physiquement une idée. Cette idée est fondamentale, car elle est le nœud-même de la liberté. Essayons donc de la comprendre.Le racha considère que tout est procédural. Qu'il y a d'abord une histoire, et que celle-ci entraîne des consciences. Que si une personne pense telle ou telle chose, c'est parce qu'elle a eu tels ou tels parents, parce qu'elle a eu telle ou telle vie; parce qu'elle a été formatée, déterminée, par l'existence. Or c'est cela

l'esclavage: être complètement façonné par quelque chose qui n'est pas moi. Que dit à ce propos la Hagada ? Le racha ne comprend pas pourquoi nous restons encore attachés à la Sortie d'Egypte alors qu'elle a eu lieu il y a plus de 3000 ans. Il veut passer à autre chose.

Nous lui répondons: "C'est pour cela (pour le Séder de Pessah) qu'Hachem nous a fait sortir d'Egypte" c'est-à-dire: toi tu crois que la fête, la spiritualité, est un produit de l'Histoire, mais c'est le contraire qui est vrai ! En vérité, les notions de Séder, matsa, quatre kossot, quatre niveau de liberté, parole etc... ont toujours existé. La preuve: Avraham Avinou faisait Pessah des centaines d'années avant que la Sortie d'Egypte ait lieu! Il mangeait des matsot à Pessah, car Pessah est un moment prédestiné à la

Pessah : La révolution(Par Rav Raphaël Sadin)

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liberté. Et parce que la spiritualité-même du Séder existe en soi. Simplement Hachem, ne voulant pas que nous soyons un peuple qui vit dans les nuages, a bouleversé toute l'histoire de l'humanité pour donner une incarnation matérielle à une idée éternelle. Et c'est cela que nous répondons au racha ! Celui-ci demande: "Qu'est-ce que ce service pour vous ?" pour dire "Ça y est, l'histoire est terminée! Passons à autre chose!". Mais nous lui répondons: "Toi, tu crois qu'on commémore la Sortie d'Egypte, mais on ne la commémore pas! Le Séder n'est pas une commémoration de la Sortie d'Egypte! Ce n'est pas pour la Sortie d'Egypte que nous faisons le Séder! C'est pour que nous puissions faire le Séder qu'Hachem nous a fait sortir d'Egypte!". Par conséquent, ce n'est plus l'idée qui est l'enfant de l'Histoire. Ce n'est plus elle qui est secondaire par rapport à la matière, au fait brut. C'est exactement le contraire ! Le fait brut est l'enfant (secondaire) par rapport à l'idée (qui, elle, est éternelle et universelle). Ces deux positions vont fonder l'esclavage ou la liberté dans l'existence: si la spiritualité d'une personne est toujours explicable par des faits bruts, matériels (c'est-à-dire que ses pensées et ses croyances sont toujours uniquement le produit de son environnement, de ce qu'il a vécu), cette personne est encore en Égypte. Car sa spiritualité a tout le temps pour source un fait matériel, l'existence elle-même. Par conséquent, cette personne n'est pas libre. Elle est constamment en train d'intellectualiser, de rationaliser. De projeter intellectuellement une vérité ou une réalité qui est elle-même le carcan matériel de l'existence. Par contre, si une personne vit exactement le contraire (elle a découvert en elle-même sa raison d'exister, et analyse tous les événements de l'existence comme des occasions d'accomplir la mission pour laquelle elle a été créée), elle est vraiment libre. Car les événements sont toujours là pour elle. Ce n'est pas elle qui est là pour les événements. Tout ce qui arrive autour d'elle est toujours une occasion à son service qui lui permet d'accomplir ce pour quoi elle a été créée. Mais comment savoir quelle est notre mission dans ce monde ? Comment savoir pour quoi nous avons été créé ? Comme l'explique le Gaon de Vilna, il faut connaître notre plus grande qualité et notre pire défaut, magnifier cette qualité, en faire quelque-chose d'extraordinaire, et lutter sans relâche contre notre pire défaut. Si une personne applique cela jusqu'au bout, tout ce qui lui arrive sera un élément lui permettant d'atteindre cet objectif, de réaliser la mission pour laquelle elle a été créée. S'il rencontre une personne énervante, par exemple, il aura la possibilité de rester doux et agréable, au lieu de se mettre en colère, et de commencer à dire des paroles blessantes. Et s'il surmonte l'épreuve en ayant la bonne réaction, il ne sera plus esclave mais roi. Il ne sera plus soumis à ses pulsions mais maître sur elles. Il ne sera plus soumis aux événements, mais il les utilisera pour réaliser ce pour quoi il a été créé. Il sera vraiment libre.

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RESUME DE L’ETUDE PRECEDENTEDans l’étude précédente, nous avions présenté l’image de l’exil d’Égypte telle que suggérée par les paroles de Rabbi Shim’on. Cette image est aux antipodes des images d’Épinal de notre enfance. On y voit bien des esclaves hébreux, mais ils ne sont pas asservis aux égyptiens mais à leur idéologie (Da’at) qui consiste en une quête permanente vers plus de jouissance. L’influence de cette doctrine amène progressivement les hébreux, à être esclaves de leur Yetser Hara’. Les exigences de celui-ci deviennent si grandes, qu’il parvient à épuiser leurs forces et à les faire tomber dans la déchéance.Cette vision de l’exil est également suggérée par le Arizal en de nombreux endroits : (Sha’ar HaKavanot Droushei HaPessah, Droush 9 +) :« L’essentiel de l’Exil d’Égypte tient dans la Connaissance (Da’at) supérieure car c’est elle qu’Israël avait corrompue »כי דז"א עיקר הגלות מצרים היה לסיבת הדעת פגמו בו Cette ‘Connaissance Supérieure’ dont parle le Arizal c’est l‘idéologie mise en place par les patriarches (Avot). Elle consistait à servir Hashem de tout son cœur afin de se rapprocher de Lui et de recevoir ainsi les bontés qu’Il veut prodiguer à ses créatures.Mais l’exil des hébreux les entraina à s’attacher plutôt aux thèses immorales des égyptiens qui voulaient eux aussi profiter des bienfaits divins, mais sans avoir à attendre ni à fournir d’efforts, (Péri ‘Ets ‘Haïm, Sha’ar ‘Hag Hamatsot 1) :« Le secret de l’Exil d’Égypte tient dans le fait que l’aspiration des égyptiens et leur immoralité s’appuyait sur la Connaissance (Da’at) » וזה סוד גלות מצרים, כי יניקת מצרים והטומאהשלהם היו מצד הדעתC’est en constatant l’état d’avilissement dans lequel ils étaient parvenus que les

israélites prirent conscience de la vanité de cette quête et surtout de la perte, à leurs yeux irrémédiable, de leur lien avec Hashem. Ils se sont alors tournés vers Lui, et L’ont imploré, désespérément. Hashem les a écoutés et le processus de la délivrance que nous fêtons à Pessah, a débuté.

LES QUESTIONS SUR L’ORIGINE DE L’EXIL D’ÉGYPTE Mais ce scénario soulève cependant une impérieuse question sur l’origine de cet exil.L’amorce de cet exil a été la descente de Yossef en Égypte après sa vente comme esclave par ses frères. Ceux-ci ainsi toute la famille de Yaakov, poussés par la dure famine qui sévissait dans la région, l’ont rejoint dans ce pays. Cependant même si la haine des frères de Yossef peut être considérée comme étant le germe ayant causé cet exil, le texte de la Torah, quant à lui, ramène cette origine à une autre époque. C’est lorsqu’Hashem promet à Abraham la Terre d’Israël en héritage. Il lui fait part alors de ce terrible décret (Bereshit 15, 13) :« … Tu dois savoir, que ta descendance sera étrangère sur une terre qui n’est pas le leur. Ils (ses habitants) les asserviront et les opprimeront pendant quatre cents ans.’ »ידע תדע כי גר יהיה זרעך בארץ לא להם ועבדום וענו אתם ארבע מאות שנהLà il n’y a aucun doute. C’est D. Lui-même qui décrète l’Exil de la descendance de Ya’akov en Égypte.Lorsque l’on sait le degré de perversion extrême qui régnait dans ce pays, comment se fait-il qu’Hashem ait choisi d’y faire séjourner les hébreux ? Viendrait-il à quiconque l’idée d’élever ses enfants au cœur d’une population se livrant à la débauche ? Pourtant, Avraham et à sa suite Yits’hak puis Ya’akov et ses fils, avaient élevé

LE SENS PROFOND DE LA FETE DE PESSAH (2EME PARTIE)(Par Dan Devash)

Étude inspirée de textes du RaBaSH, Rabbi Baroukh Shalom Ashlag fils du Baal HaSoulam ,זצ"ל

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le niveau de moralité de l’humanité à un point culminant. Dès lors, pourquoi fallait-il que leur descendants soient exilés ? Qui plus est, pourquoi fallait-il que cet exil ait lieu au sein de la nation la plus immorale de la Terre ?Ce sont ces questions que va poser Rabbi Eléazar à son père Rabbi Shim’on (Zohar Shemot 14b) :« Rabbi El’azar demande à son père Rabbi Shim’on : ‘ Qu’a donc vu le Saint pour faire descendre Israël en exil ,ב"הen Égypte ? Il lui demande : Poses-tu une seule ou deux questions ? Il lui répond : deux questions, pourquoi l’exil et pourquoi en Égypte ? »־אמר רבי אלעזר לרבי שמעון אבוי, מה חמא קובגלו למצרים ישראל, לנחתא בריך הוא, ־דשא

תא. אמר ליה חדא שאלתא את שאיל, או תרין.

אמר ליה תרין. גלותא למה. ולמצרים למהRabbi Shimon demande alors à Rabbi El’azar de donner lui-même une réponse à ses questions.

LA REPONSE DE RABBI EL’AZAR À la première question qui est de savoir pourquoi Hashem a exilé la descendance d’Avraham, Rabbi El’azar répond (id. 15a) :

« Lorsque le Saint ב"ה, vit la joie immense du Monde ici-bas en y constatant une perfection (celle des enfants de Ya'akov) identique à celle d’En-Haut. Il s’est dit : peut-être ח"ו, vont ils se mêler aux autres nations et le monde entier conservera ses défauts. Qu’a fait le Saint ב"ה ? Il les a tous déplacés de ci et de là, jusqu’à ce qu’ils descendent en Égypte … » כד חמא קודשא בריך הוא חדוותא סגיאה דהאידלעילא, אמר, כגוונא דאשתכלל תתאה, עלמא דילמא חס ושלום יתערבון בשאר עממין, וישתארבריך קודשא עבד מה עלמין. בכלהו פגימותא ־הוא, טלטל לכלהו מהכא להכא, עד דנחתו למ

,צריםVoilà donc la réponse à la première question. Les Enfants d’Israël avaient atteint un niveau de perfection morale qui suscitait l’admiration des nations (comme

on le voit encore aujourd’hui). Hashem a craint alors que les tribus ne soient adoptées par les autres nations qui les estimaient tant, et qu’elles ne s’y assimilent et perdent leur avantage. Il a donc fait en sorte de tous les faire descendre en Égypte.Pourquoi l’Égypte ? La suite du Zohar nous donne la réponse (id.) :« … jusqu’à ce qu’ils descendent en Égypte, pour fixer leur résidence au sein d’un peuple à la nuque raide (orgueilleux), qui méprisait leurs coutumes, les dédaignaient, refusaient de s’unir à eux et les considéraient

comme des esclaves … »קשה בעם דיורם את לדור למצרים שירדו עד ־ערף, שמבזים את מנהגיהם ומבזים אותם לה

אותם וחושבים עמהם, ולהתערב בהם תחתן .לעבדיםLe choix de l’Égypte vient du fait de l’orgueil des égyptiens. Chez eux, les hébreux ne couraient aucun risque de s’assimiler. Autant les autres nations, parce qu’elles appréciaient les qualités

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des israélites, représentaient un danger de ce point de vue, autant cette menace n’existait pas avec les égyptiens. Le midrash d’ailleurs témoigne du fait que les hébreux ne s’étaient pas assimilés : « Rav Houna au nom de Bar Kappara a dit : c’est par le mérite de quatre vertus les israélites ont été sauvé de l’Égypte, ils n’ont pas changé de nom, ils n’ont pas changé de langue … »־רב הונא בשם בר קפרא אמר בזכות ארבעה דב

אתשמם, שנו שלא ממצרים, ישראל נגאלו רים ... ולא שנו את לשונםAinsi donc, les israélites, en Égypte, ont été contraints par la force des choses à rester liés et à se marier entre eux, de sorte que leur descendance resta pure, sans mélange.

LA COMPLICITE D’AVRAHAMIl n’empêche que concernant l’intégrité du peuple hébreu, le risque encouru par cet exil était énorme. La preuve en est que seul un cinquième des hébreux en est sorti (Rashi, Shemot 13, 18 d’après les midrashim) : Un sur cinq est sorti (d’Égypte)אחד מחמשה )ח( יצאוPour comprendre pour quelle raison ce risque a été pris il faut s’intéresser à l’attitude d’Avraham.Il a été le premier à entendre l’annonce du projet de cet exil. Hashem l’a alors clairement informé que sa postérité serait assujettie et opprimée pendant quatre cents ans. Or Avraham, cependant, ne s’émeut pas à l’écoute de ces paroles.Pourquoi n’a-t-il pas réagit ? Pourquoi ne plaide-t-il pas pour épargner à sa descendance ces souffrances ? N’a-t-il pas tout tenté pour sauver les dépravés de Sodome ? Il faut admettre que par ce silence et cette apparente indifférence, Avraham approuve ce projet, il s’en fait, pour ainsi dire, le complice. Le Midrash suggère même que c’est Avraham qui en est à

l’origine (Tanhouma Kedoshim 13) :C’est parce qu’Avraham demande ‘Par quoi saurai-je (que j’hériterai de cette terre)’, qu’Il lui répond ‘Tu dois savoir (que ta descendance sera opprimée…)’’אברהם על שאמר במה אדע השיבו ידוע תדע וגוL’intégrité d’Avraham ne peut pas être mise en doute. Il avait accepté, par conviction, d’être jeté dans la fournaise et était prêt, par fidélité, à offrir en sacrifice son fils unique. L’Écriture témoigne de cette fidélité )Bereshit 15, 6( :« Il (Avraham) eut foi en l’Éternel, … »'והאמן בה La question est de savoir pourquoi était-il nécessaire, pour Avraham, de laisser sa descendance courir un tel risque ?

ETRE APTE A RECEVOIRCe qu’Avraham avait compris en recevant en héritage la Terre d’Israël, c’est que ce cadeau ne pouvait pas être reçu sans y être préparé. Cette Terre est tout d’abord un cadeau grandiose (Bamidbar 14, 7) :« La terre que nous avons traversée pour l’explorer est une très, très bonne terre. »הארץ טובה אתה לתור בה עברנו אשר הארץ מאד מאד Mais en même temps, cette terre a un statut d’exception aux yeux d’Hashem (Devarim 11, 12) :« ‘Une terre sur laquelle l’Éternel ton D. a des exigences. L’Éternel y porte Ses yeux en permanence du début jusqu’à la fin de l’année »עיני תמיד אתה דרש אלהיך י-ה-ו-ה אשר ארץ חרית שנה רשית השנה ועד א י-ה-ו-ה אלהיך בה מEt si les exigences ne sont pas respectées, alors vient la sanction ח"ו (Vayikra 18, 25) :« La terre est devenu impure (du fait des fautes commises), je lui ai demandé le compte pour cette infidélité, alors elle a vomi ses habitants. » ותטמא הארץ ואפקד עונה עליה ותקא הארץ אתישביהCela Avraham l’a compris. C’est pourquoi

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Il demande à Hashem (Bereshit 15, 5) : « … comment saurai-je que j’en hériterai ? »במה אדע כי אירשנהEn d’autres termes Avraham demande comment s’assurer que sa descendance sera apte à recevoir cet héritage ?C’est alors qu’Hashem lui annonce l’Exil d’Égypte. Il lui laisse entendre que dans ce lieu, sa descendance tombera sous l’oppression d’une nation dépravée. Elle en subira l’influence, se jettera elle aussi dans la course aux plaisirs matériels et finira, sous cette emprise, par s’avilir. C’est en constatant que cette situation ne mène à rien, qu’elle va rechercher plus de spiritualité, et demander à s’attacher à nouveau à Hashem. Grâce à cette expérience de l’exil, les hébreux se rendront apte à recevoir ce qui a été promis à Avraham. La Terre d’Israël, bien sûr, mais aussi d’un autre cadeau inestimable, la Torah.CONCLUSIONLa Terre d’Israël est avant tout une notion spirituelle. Chaque juif peut témoigner, en mettant les pieds en Israël la première fois, du sentiment indescriptible qu’il ressent. Ce sentiment est là parce que retrouver la Terre d’Israël c’est aussi un peu, affermir sa relation avec le Créateur.Nous pouvons à présent comprendre, à ce niveau, le sens profond de cet exil. Il se trouve que l’on ne peut être attiré sincèrement par la spiritualité qui si l’on est conscient de la vanité des plaisirs matériels.L’Exil d’Égypte a essentiellement permis aux hébreux de parvenir à cette prise de conscience. Mais leur désir d’en sortir ne suffisait pas parce qu’ils étaient totalement esclaves cette réalité matérielle. Ce n’est que grâce à l’intervention directe de D. qu’ils purent s’affranchir de cet asservissement. Ce processus se reproduit à chaque exil du peuple juif. Mais surtout en chaque juif au niveau individuel. Chacun est naturellement attiré par les plaisirs matériels. Chacun a du mal à s’en détacher. Faut-il dès lors refaire le chemin de nos ancêtres et subir jusqu’au bout les affres de cette dépendance pour pouvoir s’en sortir ?À vrai dire, cela dépend de chacun, parce qu’aujourd’hui nous avons le choix. En Égypte, la Torah n’avait pas encore été donnée. Depuis lors, l’homme à la possibilité en s’attachant à la Torah, d’échapper à l’emprise de la matérialité, cet esclavage que lui impose le Yetser Hara’.Nos Sages ז"ל, l’ont exprimé ainsi (Kidoushin 30b) : « Ainsi a parlé le Saint ב"ה à Israël : ‘Mes enfants, j’ai créé le Yetser Hara’, Je lui ai créé la Torah comme remède. » כך הקב''ה אמר להם לישראל בני בראתי יצר הרע ובראתי לו תורה תבלין Dédié à l’élévation de l’âme de Shmouel Claude ben Mouni et Isaac Ben Yéhoudah et

Myriam

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La Torah, dans le Séfer Chémot, rapporte deux versets relatifs au ‘hamets et à la matsa: -l’un concernant l’interdit de ‘hamets durant tout Pessa’h ;-et l’autre se rapportant à l’obligation de manger de la matsa.Voyons, à présent, le ‘hamets:Il est la résultante d’un processus de fermentation d’une pâte, qui se réalise au cours du temps, à l’aide de facteurs extérieurs et naturels, les levures n’étant que les accélérateurs et améliorants d’une fermentation qui se réaliserait même sans elles.Il en découle que le

processus de fermentation s’inscrit dans un phénomène naturel de relation de cause à effet. Il serait, en quelque sorte, le résultat d’une soumission aux règles de la nature. Ainsi, à un niveau spirituel, il incarnerait le monde sous l’emprise de la nature et de ses lois, qui masquerait la cause première: Dieu.La fabrication de la matsa, contrairement à celle du ‘hamets, est presque instantanée, soudaine, non liée au temps. Comme pour nous remémorer la hâte et la rapidité de la Sortie d’Egypte, comme il est dit dans Dévarim: « Durant sept

jours, vous mangerez des matsot de pain de misère, car c’est avec hâte que vous êtes sortis d’Egypte ».En d’autres termes, la matsa n’obéit à aucune loi physique. Elle n’entre pas, non plus, dans un système de relation de cause à effet. Elle est l’expression la plus limpide de l’implication directe et surnaturelle de Dieu dans sa conduite du monde.Ainsi, la matsa nous révèle un fondement essentiel: Dieu conduit et dirige le monde, même si un écran qui s’appelle « nature (téva’) » vient s’interposer, et créer l’illusion d’être une force autonome.

Nos Sages ont enseigné qu’il eut été impossible aux Bené Israël de fuir l’Egypte de façon naturelle, en dehors d’une intervention divine indépendante de l’échelle du temps. C’est pourquoi la Sortie d’Egypte est survenue brusquement, précipitamment, de façon intemporelle: pour nous en rappeler son caractère surnaturel.Ainsi le peuple juif a retrouvé sa liberté, mais à un niveau divin non lié à un espace temps.Les deux mitsvot relatives à Pessa’h prennent alors toute leur signification:-

l’interdit du ‘hamets, c’est la première étape dans la reconnaissance que Dieu gouverne le monde, tout en faisant abstraction de l’écran d’interposition qui s’appelle la nature ;-la consommation de la matsa, c’est l’étape ultime dans le dévoilement absolu de Dieu, qui dirige le monde en brisant les limites de la nature.

Hamets et Matsa : la nature et le divin(Par Yossef Aflalo)

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Dans la paracha de Bo, la Torah nous parle du moment où les Bené Israël sont sortis d'Egypte, et où ils ont pris avec eux une pâte qui n'a pas eu le temps de lever, et qu'ils ont enveloppé dans un tissu. Le soir du Séder, il y a une matsa que l'on coupe en deux, et dont on enveloppe une des deux parties dans un tissu. Le fait d'envelopper ce bout de matsa est un minhag, et la parabole suivante aide à comprendre sa signification: Un roi n'était pas encore marié. Un jour, ses conseillers vinrent le voir, et lui dirent que cette situation n'était pas à son honneur. Il devait se marier ! Le roi accepta alors de se marier, mais avec celle que lui voudrait épouser. Or, contrairement à ce que les gens auraient pensé convenable pour lui, le roi ne voulait pas se marier avec une bourgeoise, une fille de la haute société... Il prit donc son cheval, et partit rapidement dans un village lointain. Là-bas, il se mit à la recherche d'une jeune fille vertueuse, et trouva finalement celle qu'il voulait épouser. Il alla demander au père de la jeune-fille s'il acceptait de lui donner la main de sa fille, et celui-ci, évidemment, accepta. Quel honneur était-ce pour une jeune paysanne de pouvoir épouser le roi en personne ! La jeune-fille en était elle aussi très heureuse, et le roi insista alors pour qu'ils se marient le jour-même dans son village. Il devait donc s'en aller au plus vite! Et ainsi, la jeune-fille eu à peine le temps de prendre avec elle quelques affaires, qu'elle mit, à la demande du roi (qui pourtant aurait pu lui offrir une valise luxueuse!) dans un vieux bagage usé et déchiré. Quelques heures plus tard, ils furent de retour au royaume, et le roi pressa ses conseillers de préparer en vitesse le mariage, car il voulait absolument se marier le jour-même ! Ceux-ci ne comprenaient pas trop ce qu'il se passait (pourquoi le roi

voulait-il se marier avec une paysanne ? Et pourquoi était-il à ce point impatient de l'épouser ?), mais ils s'exécutèrent. Le mariage eut donc lieu le jour-même, et quelques salades et du "pain" furent servis en guise de repas (le "pain" en question étant une pâte qui n'avait eu le temps ni de bien lever, ni de bien cuire...). Au cours de celui-ci, la femme du roi prit un bout du pain et l'enveloppa dans une serviette. Le roi remarqua cela, mais il ne comprit pas pourquoi elle avait agit ainsi. C'est seulement plusieurs années plus tard, au cours d'une dispute, qu'il le comprit.En effet, un jour, le roi, très en colère, alla chercher la valise usée, la montra à sa femme et lui dit: "Rappelle-toi ce que tu étais ! Te rends-tu compte de l'abîme duquel je t'ai sortie ?". Mais la femme répliqua, en lui montrant le fameux bout de pain gardé dans la serviette: "Tu étais tellement impatient de te marier avec moi que cette pâte n'a même pas eu le temps de lever!".De même, à la Sortie d'Egypte, D. était "impatient de se marier avec nous". Il fallait donc que nous quittions l'Égypte à la hâte. Mais depuis ce jour, il y a parfois eu des moments de crise, des moments où nous n'avons pas toujours été à la hauteur. À ces moment-là, il y aurait pu y avoir 'hass véchalom des accusations contre nous... Mais à Pessah, nous sortons la matsa, pour dire à Hachem: "Il est vrai qu'on n'est pas toujours à la hauteur, qu'on a parfois des défauts ! Mais rappelle-Toi du jour où Tu étais tellement "pressé de te marier avec nous" !".

L'afikomane ou l'amour de D. envers Son peuple

(Par Rav Gabriel Haccoun)

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Lors du Séder de Pessah, nous avons l'obligation de manger de la matsa, en souvenir du pain qui n'a pas eu le temps de lever lors de la sortie d'Egypte. Ce pain, c'est la matsa. Mais pourquoi devons-nous manger de la matsa en souvenir de cet événement, qui s'est produit il y a environ 3500 ans ? En quoi nous concerne-t-il ?

Que symbolise la matsa ? Et pourquoi les Bené Israël n'ont-ils pas préparé du pain frais avant de sortir d'Egypte ? Lorsqu'on entreprend un long voyage, n'est-il pas logique de prendre avec nous quelques provisions pour la route ? Pourquoi fallait-il alors que les Bené Israël quittent l'Egypte si vite, sans même laisser à leur pâte le temps de lever ? Le Rav Hirsch donne, à ce propos, une explication extraordinaire. Il dit que l'homme a toujours tendance à s'attribuer à lui-même ses propres réussites. Il est difficile pour lui de réaliser qu'elles proviennent d'Hachem, sans qui rien n'aurait pu aboutir. L'homme à souvent tendance à se prendre pour le metteur en scène, pour celui qui crée les événements. Or ici la Torah veut nous faire comprendre que ce n'est pas grâce à notre propre force que nous sommes sortis d'Egypte. Certes, il y avait parmi les Bené Israël des gens forts. Mais c'est D., et Lui seul, qui nous a sortis d'Egypte. Nous, nous n'avons même pas eu le temps de faire cuire notre pâte, pour nous faire comprendre que c'est Hachem qui nous a sortis d'Egypte, pays dont normalement personne ne sortait. La matsa nous rappelle donc que tout a été organisé et réalisé par D. C'est Lui le "metteur en scène". C'est Lui le Maître de l'Histoire. Nous, nous ne sommes que des acteurs qui subissons l'histoire. Et ce même si, parfois, on s'imagine (à tort) qu'on pourrait se débrouiller tout seul, comme dans la petite histoire humoristique suivante: Un homme, n'en pouvant plus de tourner en voiture dans l'espoir de trouver une place où la garer, dit à D. : "Hachem, si Tu me trouves une place pour ma voiture, je Te promets que j'étudierai la Torah une demi-heure chaque jour!". Mais finalement, à peine constate-t-il qu'une place s'est libérée, qu'il dit à Hachem: "En fin de compte, c'est bon. Je me suis débrouillé" ! L'homme n'aime pas trop reconnaître que c'est D. qui gère sa vie. Il préfère s'attribuer à lui-même ses propres victoires. Mais la matsa nous rappelle que nous ne dirigeons pas notre vie. C'est Hachem et lui seul le Maître à bord !

La symbolique de la matsa(Par Rav Yitshak Assuli)

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La Torah affirme que celui qui réalise la volonté d'Hachem sera protégé de toute maladie.L'histoire qui va suivre illustre cette idée: Un jour, une petite fille )Léa Davidson( eut mal à la tête. Ses parents commencèrent par lui donner de l'Efferalgan mais, malgré le médicament, les douleurs persistaient. Ils l'accompagnèrent alors à l'hôpital, pour que des examens médicaux lui soient faits. Et c'est au cours de l'un d'entre eux qu'on découvrit que cette petite avait, en fait... une tumeur au cerveau! Et pire que cela: la maladie s'était tellement propagée qu'il fallait absolument opérer la fillette, en lui enlevant une partie de son cerveau..Suite à l'annonce d'une nouvelle aussi terrible, les parents furent, évidemment, profondément remués. Mais ils ne se laissèrent pas abattre ! Ils se tournèrent vers leur famille, leurs voisins et leurs amis, et demandèrent à chacun d'eux de réciter avec la plus grande ferveur possible la berakha du Acher Yatsar. Tout Israël se mobilisa pour la guérison de cette petite. Même ceux qui ne savaient pas lire l'Hébreu achetèrent des livres de prière en phonétique pour pouvoir dire cette prière! Et, chaque jour, les parents entendaient d'autres gens leur dire: "Vous savez, nous aussi nous prions pour votre fille!". Quelques semaines plus tard, les médecins annoncèrent aux parents de Léa qu'ils allaient devoir opérer leur fille dans quelques jours. Mais ils précisèrent qu'ils voulaient d'abord lui faire un deuxième IRM, pour avoir une idée de ce qu'ils auraient à faire lors de l'opération. Mais ils ne voulurent même pas regarder les résultats de celui-ci car, dans leur pessimisme, il se dire: "A quoi bon ? De toute manière, qu'est-ce qui peut changer ? L'opération aura lieu, et c'est tout !". Mais la mère de la petite Léa, certaine que toutes les mitsvot accomplies pour la guérison de sa fille ne resteraient pas sans effet, supplia les docteurs d'y jeter au moins un coup d'œil.

Devant tant d'insistance, les médecins agréèrent finalement sa requête. Et lorsqu'ils virent le résultat de l'examen, ils constatèrent, à leur grande surprise, que la tumeur avaient presque entièrement disparue! Il n'était donc plus nécessaire d'opérer ! C'était un miracle ! En apprenant ce qu'il venait de se passer, la mère éclata en sanglots et s'exclama: "Hachem vient de nous sauver, et de nous donner la délivrance devant tout le monde!". Et comme les médecins ne comprenaient pas le sens de ce qu'elle venait de dire, elle raconta ce qu'il s'était passé, parlant donc des nombreux engagements qui avaient été pris en faveur de sa fille, et notamment de la berakha du Acher yatsar. Ce fut un grand Kiddoush Hachem, une sanctification du nom divin et ceux qui ne connaissaient pas encore cette bénédiction ou sa traduction cherchèrent à en savoir davantage sur elle. Sur cette berakha qui avait sauvé une fillette d'une mort certaine, qui serait 'hass véchalom arrivée si la maladie avait continué à évoluer normalement. Les quelques secondes que prend la récitation de cette berakha avec concentration ont sauvé des vies et remis sur pieds des malades alités, comme le montre par exemple cette histoire, mais aussi beaucoup d'autres ! Cette histoire rappelle donc la valeur de cette berakha, mais elle montre aussi la force de l'engagement. Parfois, D.nous met dans une situation difficile parce qu'Il attend un engagement de notre part (comme le montrent par exemple les histoires des nombreuses personnes auxquelles le Rav Amnon Yitshak a demandé de se renforcer sur une certaine partie de la Torah). Il veut que nous grandissions, que nous nous améliorions. Nous verrons ainsi, avec Son aide, des miracles et que des bonnes choses !

La miraculée du acher yatsar(Par Rav Yonatan Chocron)

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La Guemara rapporte qu'il y a 39 mélakhot (travaux) qu'il est interdit de faire pendant Chabbat. Ces mélakhot ne correspondent pas aux travaux qui étaient faits au Michkane, mais aux travaux qui étaient nécessaires à la construction de celui-ci. L'une de ces mélakhot est celle de to'hène (moudre). Lors de la construction du Michkane, cette mélakha était effectuée lorsque des plantes étaient écrasées pour en sortir des couleurs qui servaient à teindre ce qu'il fallait teindre au Michkane (par exemple les peaux dont étaient faites les tentures de celui-ci). La mélakha de to'hène consiste à couper en tout petits morceaux un matériau qui, au départ, ne formait qu'une seule entité (exemples: un fruit, un légume, un morceau de bois). Lors de la construction du Michkane, pour obtenir ce qui servait à teindre ce qu'il était nécessaire de teindre dans celui-ci, on ne coupait en tout petits morceaux que des éléments qui poussaient de la terre. C'est donc uniquement ces éléments qu'il est interdit de moudre pendant Chabbat. A première vue, il semblerait donc interdit de moudre des fruits ou des légumes pendant Chabbat, puisque ces éléments poussent de la terre. Cependant, il est permis pendant Chabbat de couper des fruits et légumes en morceaux (même tout petits), à condition toutefois de le faire לאלטר, c'est-à-dire proche du moment où on va les manger ( ־סמוך לס-et plus précisément dans la demi ,(עודהheure (environ) précédant le moment où on va s'attabler pour consommer le repas au cours duquel ces fruits ou légumes seront servis. On pourra donc, par exemple, écraser un avocat pendant Chabbat, même si cela ressemble à la mélakha qui était faite lors de la construction du Michkane

(écraser des plantes pour en sortir de la couleur), tant qu'on le fait לאלטר.En ce qui concerne le fait de couper des fruits ou légumes en morceaux pendant Chabbat, il est mieux de les couper si les bouts ne sont pas trop petits. Cependant, d'un point de vue du din, il est permis de les couper même en tous petits bouts (tant que, comme nous l'avons vu, on le fait לאלטר). Si on a coupé en petits bouts des fruits et légumes peu de temps avant de manger le repas lors duquel on pensait les consommer, mais qu'on ne les a finalement pas mangés, il sera permis de consommer ce reste au cours d'un autre repas (bien que les fruits et légumes aient finalement été coupés bien avant celui-ci), et ce même pendant Chabbat. Les aliments qui ne poussent pas de la terre (exemples: de la viande, du fromage, des œufs) ne sont pas concernés par l'interdit de to'hène (puisque le fait de les écraser ne ressemble pas à celui d'écraser des plantes pour en sortir de la couleur), et on pourra donc les couper en tous petits morceaux même une heure (ou plus) avant de passer à table.

Le travail de to'hène (moudre)(Par Rav David Sitbon)