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1 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé sur http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraîne des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Les dessous entendus 1

Ce texte a été téléchargé sur · 2 Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. LES DESSOUS ENTENDUS

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AVERTISSEMENT

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Ce texte est protégé par les droits d’auteur.

En conséquence avant son exploitation vous devez obtenirl’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soitauprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemplepour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peutfaire interdire la représentation le soir même si l'autorisation dejouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurshomologues à l'étranger) veille au respect des droits desauteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, mêmea posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation(théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur etla troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Lenon respect de ces règles entraîne des sanctions (financièresentre autres) pour la troupe et pour la structure dereprésentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais uneobligation, y compris pour les troupes

amateurs.

Les dessous entendus

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Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes etle public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

LES DESSOUS ENTENDUS

Une comédie

De Claude Husson

Courriel : [email protected]

Durée de la pièce : 80 minutes

Décor : une chambre d’hôpital

Costumes : actuels, adaptés aux différentes professions.

Distribution : 3 hommes 4 femmes

Public visé : tous publics

Résumé : Fernand vient d’être transféré dans une maison de retraite, juste le temps dese remettre de son opération de la prostate.Sauf si sa femme Paulette, souhaite qu’il y reste plus longtemps.Le personnel va être au plus petits soins pour Fernand, ce qui ne va pas lui déplaire,mais ce qui ne sera pas du tout du goût de Paulette.Entre, histoires d’amour et fantasmes, c’est un séjour bien agité qui attend ce pauvreFernand.Va-t-il y trouver le repos, qu’il est censé venir chercher ?

LES DESSOUS ENTENDUS

ARIANE - aide-soignanteVANESSA - aide-soignanteCLEMENTINE - Infirmière (même age que les aides-soignantes)FERNAND- Résident (épicier plus de 60 ans)

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PAULETTE- Sa femmeLAURENT- L’ambulancierERIC - Employé des services techniques

La scène se déroule dans une maison de retraite avec secteur médicalisé Décors: une chambre d’hôpital, une porte d’entrée et une autre donnant sur un cabinetde toilettes Avec un chevet, un lit avec potence, un fauteuil, une petite table, une chaise etun petit meuble bas dans un coinArriveront au cours de la pièce : un fauteuil roulant Une télévision

Le rideau se lève sur les 2 aides-soignantes qui font le lit, elles discutent tout entravaillant, enfin elles essaient

ARIANE - Moi, je suis crevée, vivement 18 heures que je me tire en week-end.VANESSA - Où vas-tu ?ARIANE - A Deauville.VANESSA - Avec ton mec ?ARIANE - Non avec mon chien !VANESSA - Ah bon, t’as un chien ? Depuis quand, tu ne m’en avais jamais parlé.ARIANE - Mais non, je n’ai pas de chien.VANESSA - Alors, pourquoi me dis tu que tu pars avec ton chien ?ARIANE - Parce que c’était une question idiote. Avec qui veux tu que je parte ?VANESSA - Je ne sais pas, avec ta mère.ARIANE - Un week-end avec ma mère. Je n’imagine même pas …Non, c’est avecmon jules.VANESSA - Tu en as un et c’est sérieux ?ARIANE - Eh oui, puisque c’est lui qui paie.VANESSA - Oh la chance.ARIANE - Il faut la provoquer, la chance.VANESSA - Et, c’est une idée à lui ?ARIANE - Je lui ai un peu soufflée, j’ai des arguments. (Elle se dandine)VANESSA - Oh la chance.ARIANE - Mais bouge toi un peu et tu verras ça viendra tout seul.VANESSA - Il est lourd ce matelas.ARIANE - Je ne te parlais pas du lit, mais de ta vie privée. Où en es tu avec lenouveau médecin ? Il est beau, hein ?VANESSA - Il est sublime tu veux dire.ARIANE - Alors tente ta chance, qu’est-ce que tu attends ?VANESSA - Mais t’as vu la couleur de nos blouses, il ne nous regarde même pas. ARIANE - Alors provoque le, évanouie toi, demande à passer une visite médicale, tuvas bien trouver quelque chose.VANESSA - Oui, mais il n’est pas daltonien, un médecin ça ne se tape pas lesblouses roses. (Ou bleues …..Couleurs de leurs blouses d’aides soignantes)ARIANE - Eh bien enlève la, ta blouse, parce que sous nos blouses, t’as vu nosformes. (Elles rient)

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VANESSA - Voila, c’est prêt. (Le lit est fait) C’est qui le prochain ?ARIANE - Un convalo après une opération de la prostate.VANESSA - J’espère qu’il sera moins chiant que le père Girot. Combien de fois j’aieu envie de lui retourner le plat bassin sur la tête à celui là « Vanessa j’ai trop chaud,Vanessa j’ai froid, Vanessa je crois que j’ai les dents qui poussent… »ARIANE - On aurait du le pousser dans l’escalier. On est des saintes pour travaillerla dedans c’est moi qui te le dis.VANESSA - Saintes peut être, mais pas vierges pour autant. (Elles rient)Entrée de Clémentine (l‘infirmière) CLEMENTINE - Alors les comiques la chambre est prête ? Le malade est arrivé ilfait son admission.VANESSA - Oui madame, tout est comme madame l’a demandé. Bon Clem t’arrêtede jouer au chef. ARIANE - N’oublie pas que nous étions à l’école ensemble.CLEMENTINE - Il fallait y aller un tout petit plus longtemps à l’école et penser àautre chose qu’à courir les mecs.ARIANE - Ah bon, parce qu’il y a autre chose ?CLEMENTINE - Bon Ariane, tu descends à l’accueil et tu accompagnerasmonsieur Bernard et l’ambulancier jusqu’ici.ARIANE - A vos ordres chef. (Elle sort)VANESSA - Dis Clem, tu le trouves comment toi, le nouveau docteur ?CLEMENTINE - Je ne le trouve pas pour la bonne raison que je ne le cherche pas. VANESSA - Moi non plus, je ne le cherche pas mais par contre j’aimerais bien qu’ilme trouve. CLEMENTINE - Si je comprends bien tu as le béguin. Remarque tu as raison iln’est pas mal.VANESSA - Pas mal, pas mal, il est plus que pas mal, il est, il est ….CLEMENTINE - Médecin.VANESSA - Eh oui! Mais toi, ne me dis pas que tu ne lui tournes pas autour.CLEMENTINE - Nos rapports sont strictement professionnels.VANESSA - Quelle menteuse celle là, quand elle le croise son cœur bat si fort qu’onl’entend sans stéthoscope.CLEMENTINE - Oui bon, peut être, mais de toutes façons ce ne sont pas tesaffaires.VANESSA - Cela pourrait le devenir si ta blouse n’était pas plus blanche que lamienne.CLEMENTINE - Tu ne va pas me faire le coup de la lessive qui lave plus blanc, sic’est ça essaie le nouvel Omo.VANESSA - Le docteur ça m’étonnerait qu’il y soit.CLEMENTINE - Je ne comprends plus rien à tes histoires, laisse le docteur en paix,et parlons un peu travail si tu en es encore capable.VANESSA - Et comment que j’en suis capable, que veux tu que je te dise, je ne vaispas te raconter toute ma journée.CLEMENTINE - Non mais si tu me parlais de madame Beurdouche.VANESSA - Elle est au rez-de-chaussée, chambre 12 au fond du couloir à gauche.CLEMENTINE - Ca merci, mais je le sais.VANESSA - Alors que veux te que je te dise d’autre ?CLEMENTINE - Je voudrais savoir si tu as prévenu sa famille.VANESSA - Les prévenir de quoi ?

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CLEMENTINE - Que sa fin est proche.VANESSA - Ah ce n’est que ça. Tu m’as fait peur, je croyais que tu voulais qu’ils lareprennent chez eux.CLEMENTINE - Non, je sais que ce n’est pas possible, alors les as-tu prévenu ?VANESSA - Mais ils s’en foutent, depuis qu’elle a fait sa donation partage personnene vient plus la voir. Pauvre vieille.CLEMENTINE - Il faudra tout de même prévenir son fils.VANESSA - Il s’en fout comme de l‘an 40. Il préfère courir les minettes. Sa viellemère c’est un boulet qui lui coûte cher. Si tu veux lui faire plaisir tu l’appelles pourlui dire que sa mère est morte, après 2 ou 3 grimaces au téléphone, voir quelqueslarmes, tu auras à peine raccroché ton téléphone que lui, il ouvrira une bouteille dechampagne, tous des hypocrites.CLEMENTINE - Vanessa, tu n’as pas à juger du choix des gens et de leur vie, tupréviendras ce brave garçon et vite.Entrée de Fernand il est sur un fauteuil roulant poussé par Laurent, Ariane suit avec lavalise.FERNAND- Pas si vite, jeune homme pas si vite.LAURENT- Plus vite vous y serez, plus vite vous en sortirez.VANESSA - (à part à Ariane) Il n’y a rien de moins sûr.ARIANE - Il sortira quoiqu’il en soit. Comment ? L‘avenir nous le dira. (Elles rient)ARIANE - (fort) Voici, la chambre de monsieur. Ca vous plait ?FERNAND- C’est pas mal, mais ce n’est pas trop grand et puis la couleur est bizarre.Ah mais c’est exposé au nord ça doit être froid et ça c’est…VANESSA - Comme ça et vous devrez faire avec.LAURENT- Et moi qu’est-ce que je fais de ça ? (Fernand) Je vous le livre sur le lit.VANESSA - Oui merci. Laurent porte Fernand dans ses bras et le jette sur le lit.FERNAND- (râlant) Mais doucement vous dis je. Vous ne savez rien fairedoucement ? LAURENT- Non pas grand choses, n’est-ce pas les filles ?CLEMENTINE - Rassurez vous monsieur Bernard, désormais vous allez être aucalme. Excusez moi, je dis 2 mots à ce monsieur et je suis à vous. (Elle prend Laurentdans un coin, pendant ce temps Vanessa et Ariane aident Fernand à se redresser et às’installer)LAURENT - (vicieux) Tu veux me prendre à part, ah ah tu y viens toi aussi.CLEMENTINE - J’en viens surtout au fait. Toutes les personnes que voustransportez sont traumatisées, il va falloir y allez doucement et roulez moins vite.LAURENT- J’ai été formé chez les livreurs de pizzas, moi madame. Et pas chez lescarmélites. Dans la pizza, il fallait du rendement. C’est sûr qu’ici, le rendement, on neconnaît pas. (Il regarde Ariane et Vanessa) CLEMENTINE - Oui, mais maintenant ce ne sont plus des pizzas que vous livrezmais des personnes inquiètes qui ont besoin d’être rassurées. Alors, on oublie lerendement et on parle qualité de vie des résidents.LAURENT- (moqueur) Bien madame, mais à en croire Ariane, et pourquoi ne pas lacroire, il reste toujours des traces de mon ancien métier.CLEMENTINE - Comment ça ?LAURENT- Ils ont tellement peur dans l‘ambulance, que la pizza ils l’ont dans lefroc quand ils arrivent. (il rit)CLEMENTINE - Vous êtes pitoyables.LAURENT- Bon je me sauve, j’ai encore une Margarita à livrer. Salut les poulettes

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VANESSA - Salut Laurent.ARIANE - A bientôt.LAURENT- Quand tu veux ma louloutte.(À Clémentine) Au revoir soeur sourire.(À Fernand) Amuse toi bien papy.FERNAND- Merci beaucoup.LAURENT- Il n’ y a pas de quoi.FERNAND- Si quand même. Vous m’avez livrer vivant c’est déjà énorme.LAURENT- Bye. (Il sort)CLEMENTINE - Bon, excusez nous pour cette arrivée un peu musclée monsieurBernard. Je me présente, je suis Mlle Saint Clair.FERNAND- Appelez moi Fernand, et vous c’est comment ?ARIANE - Ariane et Vanessa, vous nous appellerez par nos prénoms.FERNAND- Oh oui, et vous ? (À Clémentine)CLEMENTINE - Mlle Saint clair, je viens de vous le dire.VANESSA - C’est Clémentine, mais entre nous on l’appelle Clem.FERNAND- Oh Clémentine, comme c’est drôle.CLEMENTINE - Je ne vois franchement pas ce qu’il y a de drôle. Ce n’est pas plusdrôle que Fernand, ça fait Fernandel…. (Grimaces)FERNAND- Mais ne vous fâchez pas, je ne voulais pas être désagréable avec vous.C’est tout simplement que Clémentine ça me rappelait plein de souvenir.VANESSA - Ah bon ?FERNAND- (heureux) Oh oui, c’est que j’en ai tellement connu et tellement tripotédes clémentines.CLEMENTINE - Monsieur Bernard, je vous en prie.FERNAND- Mais je suis épicier, alors les clémentines, elles n’ont plus de secretpour moi, j’en ai tripoté des dures, des molles….CLEMENTINE - Sans doute. Moi c’est mon prénom et ça s’arrêtera là. Vous allezvous allonger sur le lit, vous devez être fatigué.FERNAND- Pas du tout.CLEMENTINE - Si, vous l’êtes. (Affirmative)FERNAND- Mais je le sais tout de même un peu mieux que vous.CLEMENTINE - Eh bien fatigué ou pas, vous vous mettez en pyjama. Ariane vavous aider, nous, nous avons à faire ailleurs.VANESSA - Où ça ?CLEMENTINE - Le fils Beurdouche.VANESSA - Ca y est, elle est morte.CLEMENTINE - Vanessa on y va. (Elles sortent)Ariane commence à déshabiller Fernand.FERNAND - Doucement on se connaît à peine, et j’ai des principe, moi, je ne medéshabille pas devant une femme le premier jour.ARIANE - On n’est pas là pour rigoler. Si Clém repasse et que vous n’êtes pas enpyjama, elle va encore brailler et sur qui ça va retomber, sur bibi.FERNAND- Pauv’bibi. Oh, elle n’a pas l’air si terrible que ça notre Clémentine.ARIANE - Non, mais elle aime bien jouer au chef.FERNAND- Ne m’en parlez pas, je sais ce que c’est ma femme a toujours joué auchef.ARIANE - Et vous vous êtes toujours laissé faire ?FERNAND- Je disais toujours oui, comme ça elle était contente et je n’en faisaisqu’à ma tête dès qu’elle tournait les talons.

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ARIANE - C’est une bonne tactique.Clémentine entre.CLEMENTINE - Excusez moi. Toujours pas en pyjama ? FERNAND- C’est presque fait.CLEMENTINE - Tant mieux, dites pour ne pas faire d’impair…FERNAND- Je n’en ai pas, je ne pensais pas en avoir besoin ici.CLEMENTINE - Laissez moi finir ma phrase. Donc, afin, qu’il n’y ai pas d’erreur,vous, c’est le transfert du C H U ? (chu)FERNAND- Ah non, moi c’est là-dedans. (Il indique son bas ventre)ARIANE - Oui, c’est le transfert du C H U.FERNAND- Je vous assure que vous faites erreur, moi je n’ai rien au chu.ARIANE - Le C .H. U c’est l’hôpital qui vous a envoyé ici en convalescence.FERNAND- Mais non je suis venu en ambulance, avec l’autre fou.ARIANE - C’est pareil sauf que ça va plus vite.FERNAND- Ah pour ça oui, pour aller vite, ça allait vite. (Il en a encore des suées)CLEMENTINE - Vous êtes donc avec nous pour 3 semaines ? FERNAND- Oui et pas un jour de plus. Je ne veux pas finir ici avec les vieux. C’estqu’y faut que je fasse gaffe, ma Paulette aurait peut être bien une idée derrière la têteARIANE - Ah bon, laquelle ?CLEMENTINE - Qui est-ce, Paulette ?ARIANE - Tu liras le dossier, c’est sa femme.CLEMENTINE - Je n’ai pas encore eu le temps. J’ai des responsabilités. Et que safemme s’appelle Paulette ou Germaine c’est pareil, ça ne change pas grand-chose.FERNAND- Pardon, mais ça change tout. Surtout pour moi, Paulette c’est lapatronne. Ah ! J’espère qu’elle n’a pas comploté pour me laisser moisir ici et sedébarrasser de moi.CLEMENTINE - Mais non.FERNAND- Qu’est-ce que vous pouvez bien en savoir vous ? Vous n’avez pasencore lu mon dossier et vous ne connaissez pas Paulette.ARIANE - Il a raison et toc.CLEMENTINE - Ariane ça suffit, tu ferais mieux de terminer monsieur Bernard.Clémentine sortFERNAND- (inquiet) Que veux t elle dire quand elle dit terminer ? ARIANE - Rassurez vous, c’est juste pour me dire de terminer de vous déshabiller.FERNAND- C’est sûr ?ARIANE - Mais oui, alors ça va mieux ? (Elle lui enlève sa chemise)FERNAND- Tu parles si ça va bien. Jamais personne ne m’a déshabillé avec autantde douceur.ARIANE - Même pas votre femme ?FERNAND- Ah ben, surtout pas elle. Avec elle, il faut tout faire très vite. Si je medéshabille trop lentement, elle est déjà au lit et… ARIANE - Elle vous attend.FERNAND- Non, elle dort. Donc je me déshabille très vite si je veux faire un petit…enfin vous voyez un petit quoi.ARIANE - Oui je vois que vous êtes encore très vert monsieur Fernand.FERNAND- Et avec des petits lots comme il y a ici, je sens que je vais bientôtbourgeonner.Entrée de VanessaVANESSA - Ariane, viens m’aider, dépêche toi, j’ai besoin de toi pour retourner lagrosse mère Poulard.

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FERNAND- Qui est-ce ?VANESSA - La bonne femme de la chambre à coté, 160 kg, il faut être 2 pour labouger et si on ne la tourne pas toutes les 2 heures elle est pleine d’escarres.FERNAND- Pendant que vous êtes là toutes les 2, vous ne voulez pas m’aider pourmon pantalon ? Avec vous 2 ça ira plus vite.VANESSA - Et la mère Poulard ?FERNAND- Elle n’est plus à 2 minutes près, et puis c’est dans une maison de reposqu’elle est maintenant, pas dans une rôtisserie. Le temps de cuisson a moinsd’importance.Retour de LaurentLAURENT- Ah tu es là Vanessa, je te cherchais. Il parait qu’il faut transférer unecertaine Poulard et comme je n’étais pas encore parti je la prends. Mais j’ai fini masemaine, c’est tarif week-end. (Heureux)FERNAND- Vous allez vite déchanter.LAURENT- Tu sais grand père, j’ai un moral d’acier, pour m’atteindre il en fautbeaucoup.FERNAND- Tant mieux fiston, tant mieux. Mais garde tes « grand père » pour lesvieux et prépare tes muscles parce que j’espère que, eux aussi, sont en acier.LAURENT- Qu’est-ce qu’il raconte ? VANESSA - Que Poulard, ce n’est pas une poulette de l’année.ARIANE - C’est plutôt une oie que l’on a gavée pendant 60 ans.LAURENT - Ah purée, fais moi voir la bête Vanessa.FERNAND- Vous restez, vous Ariane ? Y a encore mon pantalon à enlever.LAURENT- Allez, je m’en charge, ça sera vite vu. (Il essaie de le soulever) FERNAND- Non pas lui, ne le laissez pas me toucher.VANESSA - Viens Laurent, on y va. (Ils sortent)ARIANE - A nous 2. (Elle enlève le pantalon de Fernand)FERNAND- On croirait que vous avez fait ça toute votre vie.ARIANE - Presque. Allez, on enfile son petit pyjama, un bras l’autre bras ; unejambe et enfin la deuxième et voila.FERNAND- C’est déjà fini.ARIANE - Eh oui, il ne faut pas 20 minutes pour enfiler un pyjama.FERNAND- C’est dommage.ARIANE - A plus tard monsieur Fernand. (Elle sort)FERNAND- (seul) Eh bien voila c’est un bon début. (Il se lève et va chercher unebouteille de vin qu’il sort de sa valise et qu’il mettra soit sur sa table de chevet soit dans lepanier du goutte à goutte) Espérons que la nourriture soit aussi appétissante que lepersonnel et tout sera parfait. Et bien finalement, tu as bien fait de me jouer ce petittour toi, (il parle à son bas ventre) je suis mieux traité ici que chez nous et tu m’aspermis de vivre un peu loin de Paulette. Bon c’est quoi ça, ah oui, la sonnette, pourpour….Ah ben oui, si j’ai besoin de quelque chose. (Il sonne) (Au public) Il fallait bienque j’essaie pour voir si ça marche, parce que si j’attends d’en avoir vraiment besoinet que ça ne marche pas et bien je serai comme un con. Et vous serez les premiers àdire, c’est de la faute de la sonnette qui ne marchait pas. Entrée de VanessaFERNAND- Voilà, ça marche bien. Vous êtes vraiment rapide ! VANESSA - Vous avez besoin de quelque chose monsieur Fernand ? (Elle voit labouteille et la prend) Ah de ça en tout cas vous n’en avez pas besoin !FERNAND- C’est 100 pour 100 naturel, c’est-ce qui donne sa belle couleur rouge àmon sang.

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VANESSA - Eh bien il va s’éclaircir un peu votre sang, durant votre séjour, parcequ’ici, vous êtes à l’eau.FERNAND- Vous êtes dure avec moi. VANESSA - Le règlement, ce n’est pas moi qui l’ai fait. A part ça, tout va bien ?FERNAND- Euh euh… oui. Comment ça c’est passé avec la Poularde ? VANESSA - Madame Poulard ? FERNAND- Oui, elle. VANESSA - Eh bien pas très bien, Laurent a voulu la soulever et elle lui est tombéedessus ;FERNAND- Comment va-t-il ?VANESSA - On ne sait pas, il est toujours dessous.FERNAND- Pauvre garçon. Ah les accidents, ça arrive toujours vite.VANESSA - Il a voulu aller trop vite.FERNAND- Une fois de plus. VANESSA - Il faut que j’y retourne, on attend les pompiers. (Elle va sortir)FERNAND- Dites Vanessa, c’est vrai ce qu’on dit ?VANESSA - A quel sujet ?FERNAND- Eh bien que vous n’avez rien sous votre blouse ?VANESSA - A votre avis. (Elle sort)FERNAND- Faudra quand même que je vérifie. Je suis comme saint Thomas moi, jene crois que ce que je vois, ou ce que je ne vois pas. (Il rit)La porte s’ouvre, c’est PaulettePAULETTE - Ah tu es là Fernand !FERNAND- Ben oui que je suis là où voulais tu que je sois ?PAULETTE - J’ai vu les pompiers dans le couloir, j’ai cru que c’était pour toi.FERNAND- Eh non. Pas trop déçue ? PAULETTE - Ne dis pas de bêtise Fernand. Tu es là depuis longtemps ? Je croyaisarriver en même temps que toi.FERNAND- Ah oui que je suis là depuis longtemps, à la vitesse à laquelle j’ai ététransportée, je ne risquait pas de prendre du retard ! PAULETTE - Il a roulé vite l’ambulance ? FERNAND- Plutôt oui, je lui ai demandé s’il ne se prenait pas pour Fangio.PAULETTE - Oh la la FERNAND- C’est un chic type mais toujours pressé enfin plus maintenant, parceque les pompiers que tu as vus, c’est pour lui.PAULETTE - Oh la la, il a eu un accident dans l’hôpital ?FERNAND- Oui, maintenant il se prend pour Suzette.PAULETTE - Oh la la, c’est qui Suzette ?FERNAND- La crêpe, parce qu’il s’est fait écraser.PAULETTE - Ah bon ?FERNAND- Bon ce n’est pas grave, tant pis pour lui, il n’avait qu’à pas se mettredessous. PAULETTE - Dessous le camion ?FERNAND- Non, dessous Poulard.PAULETTE - Ca va Fernand ? (Elle le croit devenu fou)FERNAND- Je suis en pleine forme. PAULETTE - T’es sûr ?FERNAND- J’ai juste eu un peu peur quand l’autre roulait un peu vite, mais depuisça va.PAULETTE - Quel autre ?

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FERNAND- La crêpe, le chauffeur de l’ambulance, je viens de te le dire.PAULETTE - Ah oui, celui qui s’appelle Suzette. Mais pourquoi est-ce qu’il roulaitsi vite ?FERNAND- Eh bien je lui ai demandé, et tu sais ce qu’il m’a dit ? PAULETTE - Ben non, je n’étais pas dans l’ambulance.FERNAND- Eh bien il m’a dit qu’il était toujours pressé. Alors là dessus moi je luiai répondu « ce n’est pas la peine de vous dépêcher pour moi, moi j’ai tout montemps » et tu sais ce qu’il m’a redit ? PAULETTE - NonFERNAND- Il m’a dit « eh bien pas moi ». Et on a roulé à une de ces vitesses, unquart d’heure pour faire les 50 Kms.PAULETTE - Oh la la, il devait bien faire du 120.FERNAND- J’sais pas, je ne voyais pas le compteur. J’étais allongé derrière mais ceque je sais c’est qu’il roulait drôlement vite.PAULETTE - Mon pauvre Fernand, mais pourquoi était il aussi pressé ? Pour faireplus de voyage dans la journée ?FERNAND- Penses tu, c’est à cause des 35 heures.PAULETTE - Les 35 heures !FERNAND- Oui, et comme il avait déjà travaillé 34h 45mn dans sa semaine, iln’avait plus qu’un quart d’heure à travailler.PAULETTE - Tu as failli être victime des 35 heures.FERNAND- Oui, eh bien, s’il m’avait tué celui là, elle m’aurait entendu la mèreAubry.PAULETTE - C’est qui, sa patronne ?FERNAND- Mais tu ne sais rien de rien ma pauvre Paulette. Martine Aubry c’estcelle qui a fait la loi sur les 35 heures.PAULETTE - Ah bon, c’est elle !On frappePAULETTE - Tu attends de la visite ?FERNAND- Non, entrez.Entrée d’Eric, il vient livrer une télé.ERIC - Bonjour, bonjour, la télé de monsieur est avancée.PAULETTE - Vous devez faire erreur, nous n’avons pas demandé la télé.ERIC - Je ne suis pas à la chambre 111, monsieur Bernard ? FERNAND- Si, mettez la dans ce coin.PAULETTE - Ah non.FERNAND- Bon alors dans l’autre coin.ERIC - On se décide parce que c’est lourd. Plus il y a de chaînes et plus c’est lourd.Alors je la mets ici ? (Sur le petit meuble)PAULETTE - Pas plus. ERIC - Trop tard. (Il a posé la télé et va faire les branchements)PAULETTE - Il n’a pas besoin de télé. Que vas tu faire de ça ?FERNAND- A ton avis ? PAULETTE - Oh ! Je sais, tu vas encore regarder des cochonneries.ERIC - Madame, nous sommes dans un hôpital. Pour ça, il n’a pas besoin de la télé.Vous êtes dans le service de Clémentine, beau petit lot n’est-ce pas ? FERNAND- Oui (timide)PAULETTE - (furieuse) Quoi ?FERNAND- Oui, je suis dans son service. PAULETTE - Fais attention Fernand. (Menaçante)

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ERIC - Voila c’est bon. (Le branchement est fait) Ca devrait marcherFERNAND- Et ça coûte combien ?ERIC - Rien, c’est celle de Madame Beurdouche, elle est morte alors autant qu’ellesoit ici.FERNAND- Mais si elle est morte…ERIC - Ce n’est pas la télé qui est morte, c’est Madame Beurdouche.PAULETTE - Eh bien parfait, le malheur des uns fait le bonheur des autres.ERIC - Dans son cas, c’est le bonheur pour tous.PAULETTE - Ce devait être une femme très généreuse ?Entrée de ClémentineERIC - Salut Clémentine. (Il fait des gestes à Fernand pour indiquer que Clémentine estjolie)PAULETTE - C’est vous le petit lot ?CLEMENTINE - Pardon, vous êtes ?FERNAND- C’est ma mère.CLEMENTINE - Très bien. Je ne savais pas que vous aviez toujours votre maman.PAULETTE - Mais non, je suis sa femme.ERIC - Mais elle veille sur lui comme une mère.CLEMENTINE - Éric, si vous avez terminé vous sortez, merci.ERIC - Bon et bien je vous laisse, salut la compagnie. (Il sort)FERNAND- Brave garçon et très serviable.CLEMENTINE - Certes. Donc vous êtes la femme de monsieur Bernard ? PAULETTE - C’est cela, Paulette Bernard née Pupier le jj mm aaaa à xxxxCLEMENTINE - Je ne vous en demande pas tant.FERNAND- (à sa femme) Donne lui ton numéro de sécu.PAULETTE - C’est vrai, il le faut ? FERNAND- Mais non, je plaisante.PAULETTE - Il adore me taquiner. Vous dire que je suis ça mère…Vous ne l’aviezpas cru j’espère ? CLEMENTINE - (hypocrite) Bien sûr que non. PAULETTE - Dites mademoiselle, vous aussi vous avez les 35 heures ? CLEMENTINE - Pardon ?FERNAND- Ma femme voudrait savoir si vous travaillez 35 heures par semaine ? CLEMENTINE - Oui, comme tout le monde.PAULETTE - Oh la la, mon pauvre Fernand.CLEMENTINE - Pourquoi, mon pauvre Fernand ? PAULETTE - Dites mademoiselle vous me promettez de vous occuper de Fernandavant 34h 45.CLEMENTINE - Du soir ? Je vous rappelle que les journées ne font que 24 heureset qu’après on repart à zéro. PAULETTE - Je sais, mais si vous vous occupez de lui à 34 h 45 vous allez devoirbâcler votre travail pour finir à 35 heures.CLEMENTINE - Mais non, rassurez vous.PAULETTE - Je vous dis cela parce que Fernand a déjà failli mourir une fois à causedes 35 heures, et je ne voudrais pas que ça recommence.CLEMENTINE - Je ferai tout mon possible.PAULETTE - Tant mieux. Oh quelle invention ces 35 heures, celle qui a inventé çaelle ne devait pas beaucoup travailler.FERNAND- Ou alors, c’est qu’elle n’a jamais été malade. Est-ce qu’on y est nousaux 35 heures ? Paulette dit à mademoiselle combien on fait d’heures par semaine.

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PAULETTE - Oh la la, mais c’est qu’on en fait, c’est bien simple, 76 heures parsemaine. CLEMENTINE - Tant que cela !FERNAND- Eh oui, dans l’épicerie c’est comme ça.PAULETTE - Il faut que ce soit tout le temps ouvert si on veut faire concurrence auxgrandes surfaces, on ouvre de 9 heures jusqu’à 21 heures.FERNAND- Et sans éruption.CLEMENTINE - InterFERNAND- Ah non pas inter, ne me parlez pas des supermarchés, y en a marre dessupermarchés, nous c’est une épicerie de quartier.CLEMENTINE - Ah ça existe encore ?FERNAND- Oui, la preuve.CLEMENTINE - Vous êtes le dernier, le champion.PAULETTE - On ouvre même le dimanche matin.CLEMENTINE - Le dimanche matin, oh c’est géant.PAULETTE - Eh oui, pour les gens qui vont à la messe.CLEMENTINE - Oui remarquez ça leur fait un but.FERNAND- D’aller à la messe ou chez nous ?CLEMENTINE - Les 2. Certains vont à la messe et d’autres vont au match.PAULETTE - Moi je dis qu’il vaut mieux aller au match qu’au bistrot.CLEMENTINE - Ou au casino.PAULETTE - Oh oui, on y laisserait sa chemise dans ces trucs là. Fernand lui sonseul loisir c’est le magasin.CLEMENTINE - Vous travaillez trop monsieur Bernard, c’est pour cela que vousêtes fatigué.PAULETTE - Il ne vous a tout de même pas dit qu’il était fatigué. Car de midi à 2heures qu’est-ce qu’il fait Fernand ? Il mange et puis la sieste, pendant que moi jereste à coté de la caisse.FERNAND- Elle ne veut pas la quitter sa caisse, elle a trop peur qu’on la lui vole.PAULETTE - C’est elle qui te fait vivre ma caisse et sans elle …Ah au justemademoiselle, comment y va mon Fernand ?FERNAND- Eh ben, quand même, j’ai cru que tu ne poserais jamais la question.Vous voyez mademoiselle qu’elle se fout pas mal de ma santé. J’peux bien mourir, çasera moins grave qu’un paquet de yaourt périmé qu’elle ne peut plus vendre, aucontraire elle sera débarrassée.CLEMENTINE - Rassurez vous on en est pas là, elle devra vous garder même aprèsla date de péremption, contrairement à ses yaourts.FERNAND- C’est quoi ?PAULETTE - Tu ne sais pas ce que c’est qu’un yaourt ? Oh Fernand ne te fais pasplus bête que tu ne l’es, juste pour te rendre intéressant aux yeux de mademoiselle.FERNAND- C’est quoi péremption ? Et pas yaourt, car ça, je connais merci.CLEMENTINE - La date de péremption, c’est la date limite, celle qu’il ne faut pasdépasser pour consommer. FERNAND - Et je l’ai dépassée ?CLEMENTINE - Ce sera à vous de voir.PAULETTE - Tu vois que tu ne vas pas mourir, en tout cas pas cette fois. J’avaisencore raison, ce n’est pas la phosphate qui fait mourir. CLEMENTINE - La prostate, madame Bernard. Votre mari a subi uneprostatectomie.PAULETTE - Une grosse qui t’as trop mis ?

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CLEMENTINE - Non, une ablation de la prostate si préférez.PAULETTE - Moi je ne préfère rien. Mon pauvre Fernand, ils t’ont abationné lagrosse tarte.CLEMENTINE - Non pas vraiment.FERNAND- N’insistez pas Clémentine, car mis à part ses étalages, ma femme neconnaît pas grand-chose.PAULETTE - Non, mais j’ai bien entendu que tu l’as appelée Clémentine. CLEMENTINE - Rien de plus normal puisque c’est mon prénom, ce n’est vraimentpas grave madame. PAULETTE - Si c’est grave, doucement Fernand, doucement.FERNAND- Dis, c’est toi qui a voulu que je vienne ici. Alors assume et respecte lescoutumes. Clémentine m’a gentiment demandé de l’appeler par son prénom, je le faispour lui faire plaisir.PAULETTE - C’est vraie mademoiselle ?CLEMENTINE - (embarrassée) Mais oui. Alors tout va bien Fernand ? (FER…NAND elle fait un gros effort) Vous n’avez besoin de rien ?PAULETTE - Non, tout va bien.CLEMENTINE - Je m’adresse à monsieur Bernard, enfin à Fernand.PAULETTE - Je peux répondre à sa place, je le connais par cœur, comme si jel’avais fait, et là je sais qu’il va très bien.CLEMENTINE - C’est parfait, donc je repasserai un peu plus tard.FERNAND- Oui, dites Clémentine, vous avez des nouvelles de ce pauvreambulancier ? CLEMENTINE - Oui, finalement plus de peur que de mal. Les pompiers ontdégagé madame Poulard. Laurent avait la tête coincée entre ses seins. Ils lui ont misun masque à oxygène pour le réanimer, mais ça va mieux, il a repris connaissance.FERNAND- Il doit être un peu… (Il fait des gestes pour montrer écrasé, galette)CLEMENTINE - Il s’en tire bien, elle est tellement molle que c’était un choc mou,il a juste 2 ou 3 contusions et des entorses. FERNAND- Eh bien tant mieux, vous lui donnerez le bonjour.CLEMENTINE - Je n’y manquerai pas. (Elle sort)PAULETTE - Il n’y en a pas des plus moches ?FERNAND- Si peut être, mais pas dans ce service.PAULETTE - Elles sont dans quel service, les moches ?FERNAND- Je ne sais pas. PAULETTE - Bon, et bien j’irai voir le directeur pour qu’on te change de service.FERNAND- Tu peux toujours essayer, ce n’est pas toi qui décides. Les chambressont attribuées en fonction de la pathologie, comme ils disent.PAULETTE - La pâte au logis, mais, moi aussi je fais des nouilles à la maison.Entrées d’Ariane et Vanessa. (Elles ne doivent pas voir Paulette tout de suite) VANESSA - Ca va Fernand, besoin de rien ?ARIANE - Besoin de rien envie de toi. (Elle chante)Les2 filles dansentFERNAND- Hé, les filles je vous présente Paulette, ma femme.Elles s’arrêtent netVANESSA - Ah, ah; nous ne vous avions pas vue. Bonjour Madame.ARIANE - Bonjour Madame Bernard. Vous en avez de la chance d’avoir un épouxcomme monsieur Bernard.PAULETTE - Oh ça oui, je le sais. Et vous, vous lui tournez toutes autour commeça? Il a droit à un traitement de faveur ?

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VANESSA - Pas du tout, c’est pour tout le monde pareil.ARIANE - Peut être pas pour Poulard.VANESSA - Ah non peut être pas. (Elles rient) Monsieur Bernard est un pensionnairecomme les autres.ARIANE - En plus drôle et en plus…PAULETTE - Peloteur !FERNAND- (gêné) Vous passiez pour quelque chose de particulier ?VANESSA - (elle cherche) Euh, oui, le lit.ARIANE - Allez dans le fauteuil on va refaire votre lit.PAULETTE - En pleine journée ?VANESSA - C’est un service de qualité ici. On refait les lits 5 fois par, jour s’il lefaut.PAULETTE - C’est pour cela que le prix de journée est si élevé.FERNAND- Eh oh ! C’est la sécu qui paie.PAULETTE - Pour l’instant.FERNAND- Comment ça pour l’instant ?ARIANE - Bon, allez dans le fauteuil Fernand, s’il vous plait.FERNAND- (à Paulette) Comment ça pour l’instant ? PAULETTE - Pour l’instant, elles refont le lit 5 fois par jour, puis 3, puis une seulefois.Paulette et Fernand discutent pendant que les filles refont le lit.VANESSA - Dis Ariane, je crois que ça y est, j’ai le ticket avec le docteur.ARIANE - Eh bien tu as fait vite, qu’est-ce qui c’est passé ? VANESSA - J’ai fait comme tu m’as dit j’ai provoqué le destin.ARIANE - RaconteVANESSA - Je l’ai croisé alors que j’allais vider le plat bassin de monsieur Martin.ARIANE - Ah, ça commence bien.VANESSA - Attends la suite, j’ai fait semblant de tomber, et je lui renversé le platbassin sur lui.ARIANE - Il a du être ravi.VANESSA - D’abord surpris. Alors je lui ai dis « oh excusez moi, docteur, je suisconfuse »ARIANE - Con, c’est sûr, fuse, moins.VANESSA - Laisse moi finir. Je me suis mise à pleurer, et là il m’a dit que ce n’étaitrien, que c’était de sa faute, qu’il aurait du faire plus attention et patati et patata. Alorspour me faire pardonner, je suis aller lui chercher une blouse toute propre et je l’aiaidé à ce changer.ARIANE - Oh la chance! Et alors il est comment sans sa blouse ?VANESSA - Encore plus beau qu’avec. J’ai essuyé son torse velu, ouah ! (elle sepâme)ARIANE - Ouah (elle se pâme aussi) (Paulette intriguée écoute leur conversation) La chance! Et après?VANESSA - RienARIANE - Comme j’aimerais être à ta place, il faut dire qu’il a un sacré sex-appealle beau docteur. (Paulette n’en perd pas une miette)VANESSA - J’espère pouvoir bientôt en profiter.ARIANE - De quoi ?VANESSA - De sa voiture, de sa villa et de tout, quoi.PAULETTE - Il n’est toujours pas fini ce lit ?ARIANE - Ca se termine.

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PAULETTE - Bon, Fernand, tu ne va pas les mater comme ça toute la journée. Vienson va faire un tour dans le parc. (Elle lui met sa robe de chambre) Il a le droit de sortirun peu ?ARIANE - Si vous ne le faites pas courir.PAULETTE - Pour une fois que c’est moi qui vais le faire marcher.VANESSA - Profitez en il fait très beau dehors.PAULETTE - J’en profiterai également pour aller voir le directeur.FERNAND- Pourquoi ?PAULETTE - Pour qu’il te change de service.Ils sortentARIANE - Pauvre Fernand, elle n’a pas l’air marrante sa bourgeoise.VANESSA - C’est toujours comme ça. Ce sont les types les plus chauds qui sont leplus matés à la baraque.ARIANE - Chaud lapin à l’extérieur et toutou devant bobonne.VANESSA - Enfin, s’il y retrouve son compte !ARIANE - Pauvre vieux, je n’aimerais pas être à sa place.VANESSA - Ne dis pas ça, tu vas faire pareil avec ton mec. Dans quelques années,vous formerez un joli petit couple. Tu lui mettras ses patins au pied de la cheminéepour qu’ils soient bien chauds quand il rentrera.ARIANE - Ca ne va pas Vanessa, avec Jonathan on est libre.VANESSA - Libre de quoi ? Tu pars déjà en week-end avec lui à Deauville. Dès lelundi tu ne penses qu’à ton prochain week-end en amoureux, à ce rythme là dans 15jours tu m’annonces que tu te maries.ARIANE - Alors ça, ce n’est pas demain la veille. John ne veut pas en entendre parler.VANESSA - C’est donc que tu lui en as déjà parlé.ARIANE - (embarrassée) Ben ….VANESSA - Ben oui, donc tu rêves déjà d’une vie couple, tu vas trop vite Ariane, tuvas l’effrayer, c’est pas une fusée, lui, ton Jonathan.ARIANE - Très drôle, c’est sur qu’avec toi Vanessa la vie c’est le paradis. VANESSA - Un partout, balle au centre. (Elles rient lorsque Clémentine entre)CLEMENTINE - Je vois que le rire a encore été privilégié au travail.ARIANE - On travaille dans la joie et la bonne humeur, nous. VANESSA - C’est tout de même mieux que de tirer la tronche toute la journée.ARIANE - As-tu déjà entendu quelqu’un se plaindre de nous ?CLEMENTINE - Euh, non.ARIANE - VoilàCLEMENTINE - Bon, vous le faites combien de fois par jour le lit de monsieurBernard ?ARIANE - Chaque fois qu’il le faut.VANESSA - Il y avait une miette au fond de son lit et ça le grattait.ARIANE - Et en se grattant il risquait de s’ouvrir la cicatrice.CLEMENTINE - Et, elle est où sa cicatrice ?Ariane indique le bas ventre et Vanessa le bas du dos CLEMENTINE - Sur ce sujet, votre discours n’est pas au point. Bon, bref parlonsplutôt du lit de Madame Jacquot. Quand l’avez-vous fait pour la dernière fois ?ARIANE - Oh, la mère Jacquot elle est tellement chiante.CLEMENTINE - Ce n’est pas une raison pour la négliger.VANESSA - Mardi. Elle nous a braillé dessus pendant un quart d’heure.CLEMENTINE - Quoi, vous n‘avez pas fait son lit depuis mardi ?

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ARIANE - C’est possible, en effet.CLEMENTINE - Cela fait 4 jours.VANESSA - 3 (elle compte sur ses doigts) mercredi, jeudi, vendredi.CLEMENTINE - Tu ne voudrais tout de même pas m’apprendre à compter.ARIANE - Si, parce que mardi ça ne comte pas. Car mardi, tant bien que mal, on l’afait son plumard.CLEMENTINE -Oui, bref, on ne va pas parlementer1 heure pour 1 journée. La seulequestion qui se pose c’est: pourquoi ne faites vous plus le lit de madame Jacquot ?VANESSA - Parce qu’elle ne veut pas. Elle y a caché toutes ses économies. ARIANE - Elle a trop peur qu’on lui vole.VANESSA - Elle dort avec une ménagère complète.CLEMENTINE - Complète ?ARIANE - Oui, 48 pièces.VANESSA - Elle a les marques des dents des fourchettes dans le dos.ARIANE - Plus la louche. Ah, elle doit bien s’amuser avec la louche ! (Elles rient)CLEMENTINE - Ca suffit toutes les 2. Il faut signaler ce cas au directeur.VANESSA - Et on ne t’a pas encore parlé du blé.CLEMENTINE - Elle a du blé dans son lit, mais il va germer !ARIANE - Du fric, de l’oseille, des billets si tu préfères et rien que des francs.VANESSA - Oui, qu’elle n’a pas voulu changer car elle n’a pas confiance en l’euro.CLEMENTINE - (intéressée) Et, vous savez combien elle a sur elle, enfin, sous elle ?ARIANE - Ah ça, impossible à dire. Dès que l’on s’approche d’elle, elle braille. Elleest plus performante qu’une alarme électronique.CLEMENTINE - Non mais à la louche, comme çà ? ARIANE - La louche, elle l’a toujours à portée de la main.CLEMENTINE - Eh bien dites moi. (Stupéfaite)VANESSA - Mais toi, Clém, tu devras le savoir, tu n’as rien remarqué quand tul’auscultes ?CLEMENTINE - Eh bien non, car elle ne veut pas enlever sa chemise de nuit, jel’ausculte à travers.VANESSA - Et qu’entend tu ?CLEMENTINE - Son cœur battre et très régulièrement.ARIANE - Son cœur, tu parles, ce cœur là il n’y a pas besoin de stéthoscope pourl’entendre, c’est sa pendule en laiton.VANESSA - Cette bosse sur la poitrine, ça ne t’a pas choquée ?CLEMENTINE - J’ai effectivement remarqué, et je me suis dit qu’elle avait un seinplus gros que l’autre, ça arrive fréquemment vous savez ? ARIANE - Tu peux le dire, de l’autre coté c’est un vase en cristal de Baccaratqu’elle tient de sa grand mère et il est effectivement plus petit que la pendule.CLEMENTINE - Je n’en reviens pas, mais….. Et le médecin il le sait ? Qu’en dis t-il ?VANESSA - Il y met à peine les pieds chez la mère Jacquot, ce n’est pas un cas trèsexcitant, c’est qu’elle ne sent plus très bon.ARIANE - Sauf question pépettes.VANESSA - Ariane, l’argent n’a pas d’odeur.ARIANE - Le sien si, il a le goût de … de ….c’est indéfinissable, c’est un mélangede transpiration et de fromage de chèvre.CLEMENTINE - Tu m’écoeures, tu sais bien que je déteste le fromage.VANESSA - Il a surtout un goût de servez vous messieurs dames.CLEMENTINE - Comment ça ?

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VANESSA - Il faut lui filer des calmants, et après on récolte.CLEMENTINE - Mais enfin Vanessa tu déraisonnes.VANESSA - Je plaisante.ARIANE - Mais oui, si on avait voulu lui en piquer, il y a longtemps qu’on l’auraitfait.CLEMENTINE - Et le docteur ; il faut lui en parler. (Paulette était entrée)PAULETTE - Il faut justement que je le vois.ARIANE - Fernand n’est plus avec vous, que lui est il arrivé ? PAULETTE - Rien; il m’attend dans le parc. Il faut que je parle au docteurd’homme à homme.CLEMENTINE - Il n’est pas là pour le moment. PAULETTE - Où est il ?VANESSA - Il est rentré chez lui, il revient très vite.ARIANE - Il ne se sentait plus très bien.CLEMENTINE - Ah bon ? ARIANE - Tout le monde le sentait et ça le gênait.CLEMENTINE - Je ne comprends pas. PAULETTE - Moi non plus. VANESSA - Ce n’est pas grave; y a pas docteur ici, vous parler à elle.PAULETTE - Mais qu’est-ce qu’il lui prend ? Pourquoi me parle t’elle comme ça ? CLEMENTINE - Je ne sais pas. Mais ce que je sais ce que vous allez devoirm’exposer votre problème.PAULETTE - Ah non, je ne m’expose pas avec vous.CLEMENTINE - Comme vous voudrez. (Elle sort vexée)VANESSA - Vous l’avez vexée.PAULETTE - Ah bon !ARIANE - Ca n’a pas d’importance, c’est quoi votre problème ? PAULETTE - Bon, je vous le dis à vous, parce que vous m’avez l’air ouverte.VANESSA - Oh si vous saviez !ARIANE - Parlez sans crainte.PAULETTE - Je n’ai pas peur, mais c’est pour Fernand.VANESSA - Il n’est pas bien ? PAULETTE - Si mais … ARIANE - Mais quoi ?PAULETTE - (elle est très hésitante) Dites….à Fernand…il ne pourrait pas lui enmettre une ?ARIANE - Une quoi ?PAULETTE - Ben…une pile.VANESSA - Une pile ! Mais Fernand n’a aucun problème cardiaque.PAULETTE - Cardiaque????ARIANE - Au cœur.PAULETTE - Non pas au cœur, au….au….au…enfin vous voyez où ?VANESSA - A première vue, non et toi Ariane ? ARIANE - Pas plus que toi.PAULETTE - Mais au… enfin comme au docteur.VANESSA - L docteur n’a pas de pile.PAULETTE - Mais si, il a bien une pile au….ARIANE - Mais non.PAULETTE - C’est vous qui l’avez dit. Je voudrais qu’il ait (elle respire un grand

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coup) une pile au zizi comme le docteur.VANESSA - Ah, j’y suis ! On a dit qu il avait du sex-appeal.PAULETTE - Oui, et pour Fernand ça sera possible vous pensez ?VANESSA - Et pourquoi pas. PAULETTE - Oh merci.(Elle sort radieuse)ARIANE - Quand elle va lui annoncer qu’il va avoir une pile…VANESSA - J’aimerais bien être un oiseau pour pouvoir écouter comment elle va luiannoncer la bonne nouvelle.ARIANE - Cette femme est vraiment surprenante, elle se plaint qu’il est trop chaudet elle veut lui mettre un zizi supersonique.VANESSA - C’est tout simplement parce qu’avec elle, il est froid.ARIANE - Il faut dire qu’elle, elle refroidirait un légionnaire en manque depuis 6mois.(Elles rient)Vanessa regarde sa montre.VANESSA - Encore 10 minutes et c’est le week-end.ARIANE - Déjà, qu’est-ce que le temps passe vite avec ces deux là. Je préfère avoir2 Fernand plutôt qu’une Poulard.VANESSA - Normal, il faut 2 Fernand pour faire une Poulard.ARIANE - On n’est pas prêtes de la revoir celle là, et on ne va pas la regretter.VANESSA - Tu vois Vanessa, y en a à qui on s’attache et d’autres…ARIANE - Qui tachent partout. (Rires)VANESSA - Fernand, lui, je ne sais pas quoi, mais il a quelque chose.ARIANE - Peut être son regard de chien battu.VANESSA - Si seulement on en avait plus souvent des pensionnaires comme lui. Aumoins ça nous change de monsieur Biraud et de ses hémorroïdes.ARIANE - Il nous en parle toute la journée, je finis par en avoir raz le bol.VANESSA - Tu veux dire plein le … (rires)Fernand entre et d’un ton graveFERNAND- Ca vous fait rire ?ARIANE - Que se passe t-il Fernand ? Ca n’a pas l’air d’aller comme vous voulez ?FERNAND- Elle m’a dit que c’était possible et que vous étiez d’accord.VANESSA - D’accord pou quoi faire ?FERNAND- La pile.ARIANE - Ah ! Elle vous en a parlé.FERNAND- Bien sûr que oui. Mais qu’est-ce que c’est que cette connerie ? Qui lui afourré ça dans la tête ? (Elles se défilent)VANESSA - On vous racontera lundi.FERNAND- Pourquoi lundi ?ARIANE - On a fini notre semaine dans 5 minutes.VANESSA - Et il faut encore se changer.ARIANE - Sur notre temps de travail, alors bye. Elles l’embrassent en même temps, chacune d’un côté.VANESSA - A lundi. (Elles sortent)FERNAND - C’est ça, sauvez- vous, ça vous évitera de répondre à mes questions.Une pile, mais est-ce que j’ai besoin d’une pile ? Non mais, je vous demande unpeu…

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Entrée d’Eric, il apporte la télécommande.ERIC - Ne bougez pas, je ne fais que de passer.FERNAND - Je ne comptais pas bouger.ERIC - Je vous apporte la télécommande, ça vous évitera de vous lever pour changerde chaîne. Rassurez vous les piles sont neuves, je viens de les changer.FERNAND - En parlant de pile, vous vous y connaissez en piles ?ERIC - Oui, un peu quand même.FERNAND - C’est parfait, vous allez peut être pouvoir me renseigner.ERIC - Si je peux, ça sera avec plaisir.FERNAND - Ben voila, ma femme m’a vaguement parlé d’une pile que l’on allaitposer à un de mes amis. Est-ce que vous êtes au courant de quelque chose ? Et ce quevous savez comment ça se passe ?ERIC - Si c’est sur pile, il n’y a pas besoin de courant. (Il rit)FERNAND - Soyez gentil, ne plaisantez pas, c’est sérieux, mon ami est inquiet.Savez-vous où ils la mettent la pile ?ERIC - Ben… à vrai dire, si c’est un problème médical, je ne suis pas très compétent.Mais pour ce que j’en sais, c’est près du cœur, pour le stimuler.FERNAND - Mais moi, (il se reprend) enfin mon ami, n’a pas de problème au cœur.ERIC - C’est où alors ses problèmes ?FERNAND - C’est nul part, mais sa femme dit qu’il a un problème là. (Il indique sonsexe)ERIC - Ah vous êtes impuissant, mais vous ne pouviez pas le dire tout de suite.FERNAND - Mais ce n’est pas moi, c’est un ami. Et puis il n’est même pasimpuissant, il est ….ERIC - Trop mou. FERNAND - Eh ben, quand c’est le cas ; on met des piles ?ERIC - Jamais entendu parler de ça. Mais je ne sais pas tout, et la science progresseplus vite que moi. Bon je dois y aller, j’ai fini ma journée.FERNAND - Vous aussi.ERIC - Eh oui, en principe, tout journée commencée le matin se finit le soir. Àbientôt.FERNAND - Au revoir et merci quand même.Sortie d’EricFERNAND - Bon ben je ne suis pas plus avancé, personne ne sait rien ou ne veut rienme dire, mais je suis majeur, ils ne pourront pas m’opérer sans mon consentement.Entrée de Clémentine FERNAND - Vous n’êtes pas en week-end vous ?CLEMENTINE - Je ne termine que dans une heure, je passais pour savoir si vousaviez besoin d’un calmant pour la nuit.FERNAND - Non merciCLEMENTINE - Vous en êtes certain, car je vous trouve inquiet.FERNAND - Vous avez peut être raison. Donnez moi en un, ça m’aidera à oublier.CLEMENTINE - Rassurez vous votre séjour ici va très bien se passer, on va vousremonter en 3 semaines.FERNAND - Me remonter quoi ? (Inquiet)CLEMENTINE - Allez, je vous laisse. Vous devriez regarder la télévision, ça vavous redonner le moral.FERNAND - Oui, peut être, y a quoi ?CLEMENTINE - Il y a sur ARTE, une excellente émission de débat, c’est très bienfait et le thème de ce soir c’est: la sexualité et les seniors. (Elle sort)

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FERNAND - (hurle) Oh non ! (Il se cache sous son drap)

RIDEAU

ACTE 2

Ariane et Vanessa font le lit - Fernand est absent

ARIANE - Dépêchons nous, pendant qu’ils sont au réfectoire.VANESSA - Oui, enfin tout de même j’espère que tu vas prendre le temps de meraconter ton week-end, alors Deauville c’était comment ?ARIANE - Génial on a passé 24 heures au lit.VANESSA – Tu en as de la chance. (Jalouse)ARIANE - Ah mais non, ce n’est pas ce que tu crois, il était fatigué, il a roupillépendant 24 heures.VANESSA - Non !ARIANE - Si, il a eu une semaine difficile et le voyage l’avait achevé.VANESSA - La prochaine fois, reste ici, là au moins il n‘aura pas la fatigue duvoyage. (Elle se moque) Remarque, l’avantage c’est que du coup toi, tu es fraîchecomme une rose.ARIANE - (sèche) Oui, et toi, ton week-end ?VANESSA - Calme aussi, je suis sortie vendredi soir, samedi soir et…ARIANE - Et quoi ?VANESSA - (mutine) Et rien.ARIANE - Rien tu me prends pour une bille.VANESSA - Non rien de bien signifiant.ARIANE - Vanessa, tu me caches quelque chose.VANESSA - Non, je t’assure c’était banal, des rencontres, on me drague, un pot et …le reste.ARIANE - Ouais classique, mais fais tout de même gaffe Vanessa, tu devienscomme Annick.VANESSA - Qu’est-ce qu’elle a Annick ?ARIANE - Elle roule les mecs Annick.VANESSA - Tu exagères, moi je n’en suis pas encore là. Et puis, il y a des mecs quine méritent que ça. ARIANE - Oui, déjà tout ceux qui ont le cerveau dans le slip, avec ceux là on ne vapas se gêner.Entrée d’Eric il a un journal à la main.VANESSA - En voila justement, un représentant.ERIC - Un représentant en quoi ? ARIANE - En bijoux fantaisies. (Elles rient)ERIC - Je ne sais pas ce qui vous amuse et d’ailleurs, je m’en moque. Fernand n’estpas là ?VANESSA - Eh non! Mais si tu le cherches pour lui donner le journal tu peux lelaisser sur la table.ERIC - C’est hors de question, il m’a dit de lui donner en main propre. ARIANE - (moqueuse) C’est un journal confidentiel, tu es en mission spéciale. ERIC - Exactement, oh mais vous pouvez vous marrer.VANESSA - On ne se marre pas, on respecte ta mission.

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ERIC - A+ (il sort) ARIANE - Il ne change pas notre Éric.VANESSA - Quelquefois, je me demande s’il est bien fini. ARIANE - De là haut (le cerveau), je ne sais pas, mais pour le reste je peux tecertifier que oui. (Elle est heureuse)VANESSA - Non, tu veux dire que toi et lui…. ARIANE - Oui, 2 ou 3 fois.VANESSA - Non, quand ? ARIANE - Quand je n’ai rien d’autre.VANESSA - C’est récent ? ARIANE - Non, c’était quand il était encore avec sa femme, c’était beaucoup plusexcitant que depuis qu’il est libre.Entrée de FernandFERNAND- Bonjour les filles, alors ce week-end a-t-il a été à la hauteur de vosespérances ?VANESSA - Bonjour Fernand. Pour moi, oui. Mais pour Ariane le calme plat.FERNAND- Ma pauvre petite pas trop déçue ? ARIANE - Si, la mer était calme, mon copain était trop calme, tout étaitdésespérément calme.VANESSA - Et vous Fernand ?FERNAND- Oh moi, tu sais ici, les loisirs sont plutôt limités. Hier ils m’ont proposéd’aller à la messe à la chapelle, tu parles d’une sortie.ARIANE - Et vous y êtes allés ? FERNAND- J‘ai résisté pendant 60 ans, je n’allais pas craquer maintenant.VANESSA - Vous n’êtes pas du genre à craquer pour si peu.FERNAND- Ca dépend du peu. (Il s’allonge sur son lit) Dis Vanessa, tu ne voudraisme ramasser mes chaussons ?VANESSA - Pourquoi faire? Vous n’en avez pas besoin dans votre lit. Ah j‘y suis…quel mateur, vous vouliez que je me penche devant vous. Bon, si ça peut vous faireplaisir. (Elle se penche, Fernand mate et Paulette entre)PAULETTE - Bonjour Fernand.(Vanessa se relève brusquement et Fernand détourne la tête) Ah, je vois que tout le monde est très occupé.ARIANE - Rassurez madame votre mari est en pleine forme.PAULETTE - Je n’étais pas inquiète.VANESSA - Parfait, tout va bien.PAULETTE - Je vois ça, vous lui avez déjà installé la pile ?ARIANE - (fuyante) On nous attend à coté.VANESSA - Le travail n’attend pas, on se sauve. (Même jeu)FERNAND- Vous êtes déjà obligé de partir ? PAULETTE - Oui, puisqu’elles viennent de te dire qu’elles ont du travail. Pour unefois qu’il y a des gens consciencieux, bonne journée mesdemoiselles.Elles sortent. FERNAND- Tu pourrais être agréable avec le personnel.PAULETTE - Tu y es pour 2, toi, agréable. Tiens, je t’ai apporté une boite dechocolats. (Elle lui donne la boite)FERNAND- Ah ben ça, c’est une surprise. (Il examine la boite) Et bien la voilal’explication à cette subite générosité, ils sont périmés !PAULETTE - De 15 jours, je ne pouvais plus les vendre, mais si tu n’en veux pas,tu les offriras à tes admiratrices.

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FERNAND- On verra.PAULETTE - Ne me remercie pas, surtout.FERNAND- Tu parles d’un cadeau.PAULETTE - La prochaine fois je t’apporterai des huîtres et tu te débrouilleraspour les ouvrir.FERNAND- Mais je ne suis pas maladroit.PAULETTE - C’est-ce qu’on verra.Entrée de Laurent, il marche avec des béquilles et porte une minerve autour du cou, il estdésormais très calme LAURENT- Bonjour Fernand, bonjour madame.PAULETTE - Bonjour monsieur, mais que vous est il arrivé ?FERNAND- Ce pauvre garçon a eu un accident tout bête.PAULETTE - Ils le sont tous.LAURENT- Celui là encore plus, j‘ai été happé par un mollusque géant.PAULETTE - Eh bien il ne vous a pas raté. C’était quoi ?LAURENT- La dame de la chambre 113. Je le savais que le 13 ça portait malheur.PAULETTE - Elle mangeait des huîtres, vous avez glissé et vous êtes tombé dans labourriche ?LAURENT- Pas du tout.PAULETTE - Eh ben c’est quoi ?FERNAND- Fiche lui la paix. C’est gentil à vous de passer me voir.LAURENT- J’ai du temps libre maintenant, je suis en arrêt de travail.FERNAND- Combien de temps.LAURENT- Oh la la, j’espère bien, au moins 3 mois.FERNAND- Ah quand même.LAURENT- Eh oui, il faut ça pour se remettre d’un tel traumatisme.PAULETTE - Quel traumatisme ?LAURENT- Le mollusque géant.PAULETTE - Moi, je ne comprends rien. Alors je sors faire un tour. Je te laisse avecton ami, Fernand, offre lui donc des chocolats.LAURENT- C’est gentil mais j’ai encore un poids sur l’estomac.Paulette sort. Laurent s’assoit dans le fauteuil.FERNAND- On peut dire que vous avez eu de la chance.LAURENT- Oui, si on veut, mais je m’en serais bien passé de ce séjour sousPoulard.FERNAND- On dirait que vous êtes passés sous un camion.LAURENT- Oui, un peu, j’ai une entorse aux cervicales et une à la cheville.FERNAND- Ah, quand même.LAURENT- Et je ne vous parle même pas du choc psychologique, 20 minutescoincés entre ses seins, enfin c’est-ce que les pompiers m’ont dit car au bout de 5minutes, j’étais asphyxié.FERNAND- On en rêve tous de s’endormir entre les seins d’une femme.LAURENT- Oui, mais pas ceux là. Ce ne sont pas des seins, ça. J’étais coincé entre 2(il fait des gestes), entres 2 pastèques.FERNAND- Heureusement qu’elles ne vous ont pas explosé à la tronche. (Il rit) Ohexcusez moi, je ris ce n’est pas très malin de ma part.LAURENT- Non vous avez raison, il vaut mieux en rire. En tout cas ça va mechanger la vie. Je crois que je ne le regarderai jamais plus de la même façon.FERNAND- Madame Poulard ?LAURENT- Non, la vie, quand on est passé si prés de la mort, je vous assure que

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l’on relativise beaucoup de chose. Fini la vitesse, la course au profit, je prends montemps désormais.FERNAND- Voila une bonne résolution. Mais dites moi, vous savez ce qu’ils vont enfaire de madame Poulard ?LAURENT- Ils l’ont expédiée dans un centre pour la faire maigrir. FERNAND- C’est-ce qui pouvait lui arriver de mieux.Entrée d’Eric, il ne voit pas Laurent tout de suite. ERIC - Monsieur Fernand voilà votre journal, avec le magazine que vous savez àl’intérieure. FERNAND- Merci. (il prend son portefeuille dans le tiroir de sa table de chevet et luidonne un billet) Voilà, gardez la monnaie.ERIC - C’est trop aimable à vous.FERNAND- C’est pour votre discrétion.ERIC - Ah, (il voit Laurent) tu étais là Suzette !LAURENT- C’est moi que tu appelles Suzette ?ERIC - Ben ouais, il parait que tout le monde t’appelle comme ça depuis 3 jours.LAURENT- Pas devant moi, en tout cas. Et pourquoi Suzette ?FERNAND- A cause des crêpes du même nom.ERIC - Mais oui, ça s’imposait. (Il mime l’accident de Laurent, écrasé… galette) Ca nete vexe pas, au moins ? LAURENT- Penses tu, je préfère même en rire.ERIC - C’est bien de prendre les choses ainsi. Et dire que tu aurais pu y rester et àcette heure-ci, tiens, je serais à ton enterrement.LAURENT- Et tout le monde me regretteraient.FERNAND- C’est fou ce que l’on est aimé quand on est mort.ERIC - Je suis sûr qu’il y a en même un qui aurait dit que t’étais un mec superprudent.LAURENT- Le plus beau, le plus intelligent…ERIC - Le plus serviable, jamais un mot plus haut que l’autre.LAURENT- Arrête, tu vas me faire regretter d’être en vie.FERNAND- Ne dites pas n’importe quoi. On est tout de mieux chez les vivants. Entout cas moi, même si Paulette, elle me les case, et ben je préfère encore ça que d’êtremort.LAURENT- Vous avez bien raison, on est bien, non, ici.ERIC - Je vois que tu as un super moral.LAURENT- Tu sais, après ce que j’ai subis, je relativise, j’ai vu ma vie défiler.ERIC - Où ça ?LAURENT- Dans les seins de la mère Poulard. Et là j’ai compris bien des choses.ERIC – Lesquelles ?LAURENT- Que je ne suis pas un saint, et j’ai eu le temps de regretter toutes mesconneries, avant de m’évanouir. FERNAND- Personne n’est parfait, vous n’êtes pas le diable non plus.ERIC - En parlant des seins de Poulard, tu sais ce que tout le monde chante ici ?LAURENT- Non, à quel sujet ?ERIC - Au tien.LAURENT- Vas y, je t’écoute, puisque tu meurs d’envie de chanter.FERNAND- Il vaut mieux mourir d’envie que de mourir d’ennui.LAURENT- Ou que de mourir de honte, comme toi, lorsque tu auras chanté.ERIC - Pas du tout, j’assume. Bon j’y vais, mais tu ne te fâches pas ?LAURENT- Pour quelqu'un qui assume je te sens bien fébrile.

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FERNAND- Allez y, au pire il vous tue et vous serez mort tout court.ERIC - C’est vrai ça, c’est mort tout court qui est terrible, le reste ça va. Mort detrouille, t’es même pas mort, mort de plaisir c’est plutôt bien…LAURENT- Et mort tôt c’est de la saucisse… (Il rit avec Fernand)ERIC - Bon je chante.LAURENT- Vas y Charles.ERIC - Pourquoi Charles ?LAURENT- « je chante » c’est Charles Trenet.ERIC - Ah bon ? FERNAND- Eh oui.ERIC - (il chante sur l’air de Suzette de Danny Brillant) Il s’est pris la tête Depuis on l’appelle Suzette Dans les seins d’Poulard L’était coincé sous son lard.LAURENT- Ah pas mal, et c’est de toi ?ERIC - Presque, mais l’original c’est de Dany Brillant.LAURENT- Et tu trouves ça brillant ?ERIC - Ca ne casse pas 3 pattes à un canard, mais…. (Regardant les béquilles deLaurent), Oh, j’ai encore gaffé.LAURENT- Mais non y a pas de malaise, je t’assure.ERIC - T’es trop cool, maintenant. (Il lui donne une grande tape amicale)LAURENT- Aie, doucement. Entrée de Paulette.PAULETTE - (à Laurent) Toujours là ?LAURENT- J’allais partir.PAULETTE - Je ne vous fais pas partir au moins ? (Voyant Eric) Ah mais, il y en a unautre ?ERIC - Plus pour longtemps, je suis censé bosser.PAULETTE - Ca ne se voit pas beaucoup.FERNAND- Merci Eric.ERIC - A votre service. (Il sort)PAULETTE - Merci pour quoi ?FERNAND- Il, il… a réparé la télé.PAULETTE - Ce n’était pas la peine. (Elle voit le journal) Ah tu as récupéré unjournal, c’est parfait, alors quoi de neuf ? (Elle veut prendre le journal, Fernand se jettesur le journal et le tend à Laurent) Mais que fais tu ?FERNAND- Ce journal n’est pas à moi, il est à lui. Et il voulait le lire tranquillementdans sa chambre.LAURENT- Oui, tout à fait; à plus tard. (Coup d’œil complice)FERNAND- Merci d’être passé, en tout cas.Laurent sort avec le journalPAULETTE - Tu aurais pu au moins me le laisser lire. Lui, il a toute la journéepour le feuilleter son canard et je te parie qu’il ne lit que les sports.FERNAND- Détrompe toi, c’est un garçon sensible et cultivé.PAULETTE - Ah bon, il en est ?Entrée de Clémentine.CLEMENTINE - Je vois que vous avez de la visite, bonjour messieurs dame.

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FERNAND- (tendre) Bonjour Clémentine.PAULETTE - (ton sec) Bonjour.CLEMENTINE - Avez-vous passé une bonne nuit ?PAULETTE - J’ai eu un peu de mal à m’endormir, mais après ça été, j’ai dormicomme une masse.CLEMENTINE - Tant mieux, mais, je m’adressais à monsieur Bernard. Enfin simadame m’autorise à lui poser quelques questions, directement.PAULETTE - Lui ça va, il est en pleine forme, il a du bien dormir.CLEMENTINE - C’est vrai Fernand ?FERNAND- Si elle le dit.PAULETTE - Si je le dis c’est que je le sais, je ne suis pas du genre à dire sanssavoir. À l’entendre on a l’impression que je décide tout pour lui. Mais pour qui va-t-il me faire passer ?CLEMENTINE - Donnez moi votre bras que je prenne votre tension.Paulette tend son bras.CLEMENTINE - Pas le votre, le sien.Fernand tend son bras et Clémentine prend sa tension.PAULETTE - Pour la température c’est moi qui m’en occuperai. Il ne va tout demême pas vous montrer ses fesses.CLEMENTINE - J’en ai vu d’autres.PAULETTE - Vous faites ce que vous voulez avec les fesses des autres mais cellesde Fernand, elles sont à moi.CLEMENTINE - Je vous les rendrai, comme je les aurai trouvées. Rassurez vous lethermomètre n’abîme rien.PAULETTE - Ca je m’en moque. Je ne veux pas qu’il vous montre ses fesses, unpoint c’est tout.FERNAND - J’ai peut être mon mot à dire.CLEMENTINE - (elle a terminé de prendre le tension) En attendant, je vais vousannoncer votre tension artérielle.PAULETTE - Tu vois mademoiselle aussi, elle te trouve caractériel.CLEMENTINE - Pas du tout, Fernand vous avez 15 - 9, c’est un peu beaucoup, ilfaut vous reposer et éviter les émotions fortes.PAULETTE - C’est de votre faute, vous l’excitez.FERNAND- C’est plutôt toi, qui m’excite, mais pas dans le bon sens.PAULETTE - Ah, parce qu’il y a plusieurs sens.FERNAND- Oui, toi, tu m’excites mais vers le bas.PAULETTE - C’est possible ça, mademoiselle ?CLEMENTINE - Ca peut arriver, oui, en effet.FERNAND- Ah tu vois.CLEMENTINE - Bon calmez vous, car ça ne va pas arranger votre tension, ce n’estpas catastrophique, tout va bien.PAULETTE - Ah, je l’avais bien dis. On va fêter ça. Fernand, tu n’offres pas deschocolats à mademoiselle ? FERNAND- Ben (il hésite) bon, mais, si…PAULETTE - Vous voyez comme il est, c’est qu’il garderait tout pour lui, ce grosgourmand. (Elle s’empare de la boite et la tend à Clémentine)CLEMENTINE - Merci mais, je fais attention.PAULETTE - A quoi ?CLEMENTINE - Je surveille ma ligne.

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PAULETTE - Allez, prenez en plusieurs c’est bon pour le moral. Et dans votremétier le moral c’est important, car je suppose qu’il faut avoir les nerfs solides. Vousdevez en voir de toutes les couleurs, il y a des gens tellement pénibles. Ne me ditespas le contraire, je sais ce que c’est, je suis dans le commerce moi aussi.FERNAND- Tu ne vas tout de même pas comparer ton épicerie, à un hôpital ? CLEMENTINE - Je vais y aller, j’ai d’autres clients, euh, patients qui m’attendent.PAULETTE - Vous n’avez toujours pas pris de chocolats.FERNAND- Mais n’insiste pas, puis qu’elle t’a dit non.PAULETTE - Mais il y a des jours où l’on dit non, nous les femmes, et ça veut direoui, seulement toi, tu n’y connaît rien.CLEMENTINE - Moi, quand je dis non c’est non. Il n’y a pas le moindre sousentendu.PAULETTE - Bon, et pour la pile c’est fait ? Je n‘ai toujours pas vu le docteur pourme le confirmer.CLEMENTINE - Quelle pile ?FERNAND- Ne faites pas attention Clémentine, ce sont des inventions de mafemme.PAULETTE - Mais tais toi donc, ça existe. Seulement il n’en sait rien, car il n’a rieninventé du tout, lui, même pas le fil à couper le beurre.CLEMENTINE - Je ne vois vraiment pas de quelle pile vous voulez parler etencore moins le rapport avec le fil à couper le beurre.FERNAND- C’est normal car il n’y a aucun rapport.PAULETTE - Eh oui, mais avec la pile ça pourrait changer.CLEMENTINE - Sûrement, allez, à plus tard. FERNAND- (tendre) A plus tard clémentine.Clémentine sort.PAULETTE - Elle ne m’a pas l’air très compétente.FERNAND- Parce que toi, tu l’es pour juger de la qualité de son travail ?PAULETTE - Parfaitement, elle n’a même pas pris ta température.FERNAND- Eh ben, elle est bonne celle là, c’est toi qui n’a pas voulu.PAULETTE - Elle aurait pu me laisser le thermomètre, sortir et revenir 3 minutesaprès.FERNAND- Comme pour les œufs à la coque.Retour de Clémentine.CLEMENTINE - Avec toutes ces histoires, je n’ai même pas pris votre température.FERNAND - Ce n’est pas important.PAULETTE - Si quand même, laisser moi le machin, je m’en occupe.CLEMENTINE - Ce n’est pas très réglementaire, mais je crois que je n’ai pas lechoix.PAULETTE - Exactement, c’est ça ou rien.CLEMENTINE - Tenez (elle lui tend le thermomètre), vous savez comment çamarche ?PAULETTE - J’en ai une vague idée.CLEMENTINE - Je reviens bientôt. (Elle sort)FERNAND- Tu vois qu’elle est consciencieuse.PAULETTE - Tu te tais, que je te mette ça. Paulette plonge la tête sous le drap FERNAND- Aie doucement, tu me fais mal, tu n’es même pas capable de bien viser.PAULETTE - (sous le drap) Tais toi.Elle refait surface

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PAULETTE - Bon; il n’y a plus qu’à attendre 3 minutes.FERNAND- Et qu’est-ce qu’on fait pendant 3 minutes ?PAULETTE - Eh bien, on cause. FERNAND- De quoi ?PAULETTE - De nous.FERNAND- Si tu veux. (Silence)(Ils se regardent, regardent leur montre, le temps passe….)(Après une minute) PAULETTE - Ben tu ne dis rien ?FERNAND- Si, j’ai tout dit.PAULETTE - Je n’ai rien entendu.FERNAND - J’ai résumé.PAULETTE - Menteur, tu n’as rien dis.FERNAND- Voilà c’est ça; sur nous, y a rien à dire.PAULETTE - Ben, y a qu’à parler de l’avenir.FERNAND- Si tu veux. Tu crois qu’il va faire beau demain ?FERNAND- Tant mieux. PAULETTE - Sûrement le ciel est dégagé.PAULETTE - Ca doit bien faire 3 minutes.FERNAND- Je n’en suis pas sûr.PAULETTE - Eh ben, c’est assez quand même.Elle replonge la tête sous le drapFERNAND- Alors, j’ai combien ?PAULETTE - Je ne sais pas, il fait noir.FERNAND- Ben remonte.Elle refait surface PAULETTE - Oh ben dis donc !FERNAND- Quoi, j’ai beaucoup ? PAULETTE - Je ne sais pas, sans me lunettes, j’y vois pas bien.FERNAND- Bon, ben, passe moi ce truc.PAULETTE - Non (Ils tirent chacun à une extrémité du thermomètre)Clémentine entreCLEMENTINE - Mais arrêtez, vous allez le casser, donnez moi ça.(Elle prend le thermomètre et le regarde)CLEMENTINE - 35, c’est malin vous l’avez tellement agité que le mercure a duredescendre.FERNAND- Ne me dites pas qu’il faut recommencer ?CLEMENTINE - Non j’ai autre chose à faire (elle lui pose la main sur le front) 37c’est bon, ça va à tout le monde ? FERNAND- C’est bon pour moi.PAULETTE - Mettez plutôt 37.2, c’est mieux ça fait moins rond.CLEMENTINE - Si vous voulez. (Elle note) A bientôt, bonne journée.Elle sortPAULETTE - Bon, moi aussi Fernand, je vais te laisser car ça fait déjà un bonmoment que je suis ici. Et pendant ce temps là la boutique reste fermée et le tiroircaisse aussi.FERNAND- Va, part vite causer à tes patates; tu dois terriblement leur manquer.Elle embrasse Fernand

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PAULETTE - A demain.FERNAND- Si tu as le temps ?PAULETTE - Je le prendrai; il faut que je sache pour la pile.Elle sort.FERNAND- Elle, elle a une idée derrière la tête. Je ne sais pas ce qu’elle mijote,mais je sens que ça va me rester au travers de la gorge.Entrée de Laurent.LAURENT- Elle est partie ? Je viens de la voir passer. FERNAND- OuaisLAURENT- Elle vous manque déjà ? FERNAND- Ca ne va pas la tête. LAURENT- Je vous rends votre journal et votre magazine. J’y ai jeté un œil.FERNAND- Tu as bien fait.LAURENT- Mais j’ai été déçu, je pensais que c’était autre chose.FERNAND- C’est auto moto !LAURENT- Il n’y a aucune honte à lire auto moto. Ce n’est pas la peine de le cacherdans le journal.FERNAND- Ce n’est pas une question de honte, mais si Paulette sait que j’achète unmagazine, elle me tue, il ne faut pas jeter l’argent par les fenêtres.LAURENT- Ca fait pourtant du bien de rêver un peu, en regardant des belles choses.FERNAND- Que l’on n’aura jamais.Entrée d’ArianeARIANE - Vanessa n’est pas là ?FERNAND- Quand on parle du loup.ARIANE - C’est Vanessa que vous appelez le loup ?FERNAND- AussiLAURENT- Non, elle n’est pas là, tu as besoin d’elle ?ARIANE - Oui, monsieur Biraud est tombé de son lit, il faut le relever.LAURENT- Eh bien ne compte pas sur moi.FERNAND- Je vais vous aider moi.ARIANE - Vous penser pouvoir ?FERNAND- Il ne mange pas la même chose que Poulard ?ARIANE - NonFERNAND- Donc, je devrais y arriver.LAURENT- Faites tout de même attention.Fernand se lève, met ses pantoufles et sa robe de chambre.FERNAND (à Laurent)- Je compte sur toi pour me dire ce qu’il ne faut pas faire.LAURENT – Je serai la tête et vous serez les bras.ARIANE - Vous êtes vraiment gentil Fernand, on va vous regretter quand vouspartirez.FERNAND- Je ne suis pas encore parti.ARIANE - Pourquoi dites vous cela ?FERNAND- Comme ça, un pressentimentIls sortent tous les trois. La scène est vide un court instant quand entre EricERIC - Fernand, il y a un problème, mais il n’est pas là. J’espère qu’il n’est passorti, parce que c’est bien beau de jouer les grands seigneurs en me disant « garde lamonnaie », sauf qu’il ma filé 5 euros et que son journal plus le magazine, ça fait plus.Et moi pauvre pomme, je n’ai même pas réalisé tout de suite. Mais si … il est encoreprésent, ces affaires sont toujours là. Oh ! Une boite de chocolat. Ah! Vous m’en

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offrez un Fernand, c’est gentil à vous, (il le mange et parle la bouche pleine) et undeuxième pour la commission et puis un autre pour la monnaie que je n’ai pas eue (ilen prends 5 ou 6)Encore merci Il sort.

RIDEAU

ACTE 3 Fernand est dans son lit, il dort.

Vanessa et Ariane entrent.VANESSA - Oh, il dort comme un nouveau né.ARIANE - Parce que ça dort comme ça un nouveau né, t’en as déjà vu ?VANESSA - Non, c’est une expression. Oh tu chipotes Ariane aujourd’hui. Tesproblèmes persos ne doivent pas venir jusqu’ici, ils doivent rester au vestiaire.ARIANE - Merci pour le soutien, sympa la copine.VANESSA - Il faut que je te soutienne dans quoi ? Tu n’as aucun problème sauf peutêtre celui de devenir accroc à ton jules. Il n’y a pas de honte à être amoureuse.ARIANE - Ne parle pas de malheur.VANESSA - Moins fort, tu vas lui faire peur.ARIANE - A mon copain ?VANESSA - Non, à Fernand, il mérite d’être réveillé en douceur.ARIANE - Parce que tu crois que son adjudant le réveillait en douceur ?VANESSA - Non certainement pas. Alors justement, autant qu’ici, il en profite.ARIANE - Il est beau quand il dort.VANESSA - Toi, tu n’as vraiment pas le moral. Allez Fernand, il faut se réveiller.(Elle le secoue doucement)ARIANE - C’est l’heure, une magnifique journée s’offre à vous.FERNAND- Je faisais un rêve merveilleux.ARIANE - Eh ben, vous avez beaucoup de chance.VANESSA - Vous rêviez de nous ?FERNAND- Oui, j’étais mort.VANESSA - C’est plutôt triste.ARIANE - Ca dépend.VANESSA - Ariane, ton blues, au vestiaire.ARIANE - Ah oui, (changeant de ton) en voila un drôle de rêve Fernand !FERNAND- Non, c’était magnifique. J’étais au paradis et il y avait des anges en sousvêtements tout autour de moi.ARIANE - Ah oui, ça c’est du rêve. Et Paulette, elle y était aussi dans votre rêve ?FERNAND- Elle, c’était le démon, qui chassait les anges avec sa fourche.VANESSA - Vous êtes certain que c’était Paulette ? FERNAND- Oh oui! Elle tenait la fourche dans une main et dans l’autre le tiroircaisse.Entrée de Clémentine, elle est en sous-vêtement.CLEMENTINE - On m’a volé m’a tenue, rendez moi ma tenue.FERNAND- Je rêve encore, c’est merveilleux.

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Clémentine prend le dessus de lit et s’enroule dedansCLEMENTINE - Rendez moi ma blouse, ce n’est plus drôle.VANESSA - On y est pour rien, je t’assure.ARIANE - C’est incroyable, chaque fois que quelque chose disparaît ici ni une nideux, c’est nous qu’on accuse.CLEMENTINE - Je ne vous accuse pas. VANESSA - A peine.CLEMENTINE - Je vous pose une question. Vous êtes toujours au courant de toutce qui ce passe dans l’établissement. Il n’y a pas une rumeur que vous ne connaissiezpas. Quand ce n’est pas vous qui en êtes à l’origine.VANESSA - Vraiment n‘importe quoi, et bien sur ce coup là, le courant n’est pasarrivé jusqu’à moi, et toi Ariane tu sais quelque chose ? ARIANE - Je sais juste que mademoiselle aime s’exhiber.FERNAND- Elle a bien fait, parce que comme ça je sais que je n’ai pas besoin depile.CLEMENTINE - Encore cette histoire de pile, mais de quoi s’agit-il ?VANESSA - D’une pile qui empêche de perdre la face.CLEMENTINE - Bon, très bien, puisque je n’ai plus ma tenue de travail je rentrechez moi.ARIANE - C’est trop facile ça. Moi aussi je peux perdre la mienne. (Elle commence àse déboutonner)FERNAND- Tu la cacheras dans mon lit.CLEMENTINE - Ariane, ça suffit, il y a du boulot.ARIANE - Ok (elle se reboutonne)FERNAND- Il faut aller jusqu’au bout des choses ma petite Ariane.CLEMENTINE - C’est vous Fernand qui avez pris ma blouse ? FERNAND- Ah mais pas du tout, mais je remercie celle qui l’a fait.CLEMENTINE - Bon ça suffit, je pars. FERNAND- Rendez moi mon dessus de lit.CLEMENTINE - Plus tard.FERNAND- Mais c’est maintenant que j’ai froid.CLEMENTINE - Menteur. (Elle sort)FERNAND- J’en ai besoin, je vais le chercher. (Il se lève, met ses pantoufles et sort)VANESSA - Où allez vous Fernand ?ARIANE - Il va chercher son dessus de lit. Viens Vanessa on va le suivre, on risquede se marrer.VANESSA - Tu as raison, il faut suivre le fil Ariane.Elles sortent : La scène est vide quelques instant puisEntrée d’Eric (il a une caisse à outil, type plombier)ERIC - Fernand, je viens pour… mais il n’est pas là. Ah, il est peut être aux toilettes(Il va vers la porte et y frappe)Fernand, vous êtes là ? Ouh ouh, (il ouvre et jette un œil) apparemment non, mais où estil encore ? Il n’est jamais dans sa chambre celui-ci. Ce n’est pas un pensionnaire, nimême un demi-pensionnaire, c’est un courant d’air. Ah ! Il n’est pas là, mais seschocolats le sont (il en prend un) (au public) je ne peux pas résister et puisapparemment personne n’en mange, le stock ne diminue pas vite.Bon Éric, c’est pas tout ça mais t’as du boulot, si tu veux avoir réparé cette fuite dansla journée, il faut t’y mettre maintenant, allez à nous 2 la fuite Il entre dans le cabinet de toilettes.La chambre est de nouveau vide quelques instant puis,

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Entrée de Paulette, elle porte la blouse blanchePAULETTE - Tu en veux de la blouse blanche, tu vas en avoir. A nous deux mongaillard, ben Fernand t’es où ? Ah! T u es aux toilettes ! (Elle se dirige vers le cabinet detoilettes) Ne bouge pas j’arrive. (Elle y entre)ERIC - (off) Mais que faites vous là ?PAULETTE - (off) J’allais vous poser la même question. ERIC - (off) Je répare la fuite du lavabo. PAULETTE - (off) Assis sur le trône de mon mari!ERIC - (off) Il faut toujours vider ses intestins avant de bosser. Voulez vous sortir s’ilvous plait ?Retour de Paulette sur scène.ERIC - (off) MerciPAULETTE - Vous êtes plombier, aussi !ERIC - (off) Je suis un peu tout ici, je sais tout faire.PAULETTE - Vous êtes le mari idéal.ERIC - (off) Vous auriez du le dire à ma femme, parce qu’elle s’est barrée avec unautre. Et qui plus est, un qui ne sait rien faire de ses 10 doigts, ah si peut être. Bruit de chasse d’eau et retour d’Eric sur scène.ERIC - Voila c’est faitPAULETTE - Vous avez réparé la fuite ?ERIC - Ah, non, je ne l’ai pas encore regardée. Mais dites moi, madame, Bernard,pourquoi cette tenue ?PAULETTE - Je voulais faire une surprise à mon mari, mais c’est raté. Où est il ?ERIC - Je ne sais pas, visiblement il n’est pas dans sa chambre.PAULETTE - Bon, ben, je vais l’attendre ici. (Elle s’assoie dans le fauteuil) Il finirabien par revenir.ERIC - En principe oui, et, il va être surpris.PAULETTE - J’espère bien.ERIC - Bon, moi, je retourne sur mon chantier, j’ai du turbin.(Il chante la chanson de Pierre Perret: le plombier)« Je suis le plombier bier bier bier bier bier, c’est un beau métier, j’fais mon turbinbin bin bin bin bin dans les salles de bain. Il entre dans le cabinet de toilettes.(Off) « Je veux qu’on m’implore…« PAULETTE - Eh, au lieu de chanter, il vaudrait peut être vous mettre au travail.ERIC - (off) Ca n’empêche pas. Vous devriez chanter aussi, ça vous détendrait.PAULETTE - Je ne suis pas tendue.ERIC - (off) Tu parles, on dirait un élastique prêt à péter.PAULETTE - Mais je ne sais pas chanter.ERIC - (off) Tout le monde sait chanter.PAULETTE - Oh et puis après tout, il a peut être raison. Et puis, si je chante faux iln’y a que lui qui entendra. (Elle chante : à la claire fontaine)« Sur la plus haute branche, un rossignol chantait, chante rossignol chante, toi qui a lecœur gai » Entrée de Laurent.LAURENT- Je passais dans le couloir, et j’ai entendu un rossignol, je ne savais pas sic’était Fernand qui c’était coincé les doigts dans le tiroir où s’il avait la visite de laCastafiore ?PAULETTE - Toujours aussi drôle, le rossignol c’est moi.LAURENT - Mais dites moi, vous êtes gaie comme un pinson, peut on savoir ce qui

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vous rend si joyeuse ?PAULETTE - Et vous, vous êtes curieux comme une pie.LAURENT - Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai comme l’impression que vous avezune idée derrière la tête.PAULETTE - Ca ne vous regarde pas. LAURENT - J’espère simplement que Fernand ne va pas être le dindon.PAULETTE - Rassurez vous, c’est loin d’être une oie blanche, Fernand.LAURENT- Mais où est il ? Il n’est pas là ?PAULETTE - Eh non, vous le cherchez aussi ?LAURENT- Je suis venu lui faire un petit coucou, histoire de lui changer les idées.PAULETTE - Parce qu’il a besoin de se changer les idées ?LAURENT- Euh, non, pas spécialement, mais pourquoi êtes-vous habillée comme ça?PAULETTE - Pour changer les idées à Fernand, je veux lui faire la surprise.LAURENT- Il va l’être, je sens que l’on va se marrer.PAULETTE - Vous ne sentez rien du tout, car vous partez. (Elle le pousse)LAURENT- Doucement; je suis invalide. (Il la menace avec sa béquille)PAULETTE - DehorsLAURENT- Au revoir et amusez vous bien. De toute façon Fernand me racontera.Il sortPAULETTE - Mais c’est pas vrai, mais que fait il ?Elle se penche (dos à la porte) pour réajuster les draps du lit.Fernand entre rapidement, il laisse la porte ouverte FERNAND- Ah ben, tu es là, Clémentine, coucou. (Il lui pince la taille)Paulette se retourne et le gifle.PAULETTE - Fernand tu n’es qu’un salaud.FERNAND- Ben Clem… mais c’est toi Pau Pau Paulette, je croyais que…PAULETTE - Je sais ce que tu croyais.FERNAND- Mais que fais tu là, habillée comme ça ?PAULETTE - Je voulais te faire une surprise.FERNAND- Bravo, c’est réussi. Oh Paulette! Tu es si drôle cette tenue te va si bien.PAULETTE - Tais toi, tu n’es qu’un cochon, un sagouin, un détraqué sexuel, unpervers, un maniaque, un sadique, un vieux vicieux, un accroc des petites culottes,un excité de la blouse blanche, c’est toi le violeur des maisons de retraite.FERNAND- C’est tout ?PAULETTE - Oui, pour le moment parce que je ne trouve pas d’autre mots. Ah !Mais si j’avais su, je ne t’aurais pas fait mettre cette pile. Regarde ce que tu es devenu.Ici c’est champagne, alors qu’à la maison, rien, c’est eau plate tous les soirs. FERNAND - A qui la faute ? Qui c’est qui dort avant que j’aie mis un pied dans lelit ?PAULETTE - C’est la faute à la fatigue, si tu m’aidais un peu plus dans la journée àl’épicerie, je serais un peu plus fraîche le soir.FERNAND- Parlons en de ta fraîcheur la date limite est dépassée depuis longtemps.PAULETTE - Goujat, je suis du matin, moi, monsieur. Et puis… dans cette petiteblouse blanche, tu me trouvais encore comestible.FERNAND- De dos… et puis l’appétit vient en mangeant.PAULETTE - Ca veut dire quoi ?FERNAND- Ca veut dire que j’ai cru que c’était ma petite brioche habituelle, alorsque ce n’était que ma vieille biscotte.PAULETTE - Tu es mal nourri, ici ?

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FERNAND- Non ça va.PAULETTE - Alors de quoi te plains tu ?FERNAND- De rien.PAULETTE - De toute façon, fais tes valises on part, tu ne vas pas rester uneminute de plus ici. (Elle fait la valise)FERNAND- Je n’ai pas fini ma convalo.PAULETTE - Il y a l’eau au robinet chez nous, tu finiras à la maison.FERNAND- On ne peut pas partir comme ça.PAULETTE - C’est ce qu’on verra, je signerai une décharge à la sortie, allezdépêche toi. (Elle lui met sa robe de chambre)PAULETTE - Tu écartes les bras. Oh, ne fais pas exprès pour gagner du temps.FERNAND- Mais Paulette c’est toi, qui voulais que je reste.PAULETTE - Plus maintenant, j’ai changé d’avis.FERNAND- Mais on ne change pas d’avis comme ça. PAULETTE - T’as bien changé tout court, toi.FERNAND- J’ai changé, comment ça ?PAULETTE - Oui, parfaitement tu as changé. Tu es passé de brave épicier dequartier à vieux cochon lubrique.FERNAND- (se réfugie dans le coin devant le fauteuil roulant) Mais, j’ai desmédicaments à prendre.PAULETTE - On rentre chez nous, je te soignerai. (Elle le pousse assis dans lefauteuil)FERNAND- Paulette, non.PAULETTE - On rentre, attention devant, ça roule.Elle pousse le fauteuil et ils sortent. Eric sort du cabinet de toilettes.ERIC - Eh bien dites donc, je n’en crois pas mes oreilles. C’est une tornade, lavieille. Comme quoi, il faut toujours se méfier de l’eau qui dort. Elle vient dekidnapper son mari, il faut que j’aille le secourir. (Il prend sa clé à molette) Oh ils ontlaissé les chocolats, ce n’est pas perdu pour tout le monde et puis ça va me donner del’énergie. (Il en mange un, prend la boite et sort)

La scène est vide, lorsque Vanessa entre.VANESSA - (coquine) Fernand, vous êtes où ? Ah, vous vous êtes cachés, petitcoquin mais je vais vous trouver. (Elle cherche partout) C’est moi, ta Vanessa. (Plusferme) Bon maintenant, çà suffit, je n’ai pas que ça à foutre, tu te montres et vite (elleregarde sous le lit) et ben il est où ? Il n’est ni au foyer, ni au fumoir, ni à la salle àmanger. (Elle prend le téléphone) Allo, les entrées, Fernand a disparu, quel Fernand ?…. mais Fernand Bernard, … il est sorti….comment ça ? …. Une décharge … safemme a insisté, bon merci. (Elle raccroche) Ben vla autre chose, quand je vais dire çaà Clémentine… Elle sort.Ariane entre quelques secondes aprèsARIANE - Coucou, Fernand, c’est moi, Ariane, montrez vous. Allez vite, regardez,je vous ai écouté, j’ai acheté des nouvelles culottes. Vous voulez voir, j’en ai mise une,spécialement pour vous ? Mais où est il ? D’habitude quand je lui parle de mesculottes il se redresse aussitôt.Entrées de Vanessa et Clémentine (Clémentine porte une autre tenue pas blanche)VANESSA - Si tu ne me crois pas regarde toi-même.CLEMENTINE - Ariane il parait que Fernand est parti.ARIANE - Ah c’est pour ça !

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VANESSA - Il est sorti. Sa femme a pris toutes ses affaires.CLEMENTINE - Et de quel droit ?ARIANE - Mais elle est complètement folle. Retour de Fernand avec EricCLEMENTINE - Ah! Eh bien vous revoilà Fernand, Vanessa m’a dit que vous étiezsorti.VANESSA - Moi j’ai répété ce qu’on m’avait dit.ERIC - Il était sorti contre son gré, sa femme l’avait kidnappé heureusement quej’étais là.FERNAND- Merci, mais vous y êtes peut être allés un peu fort avec la clé àmolette ?ERIC - Ca va lui remettre les idées en place. Et rassurez vous, elle c’est très viterelevée. Un peu plus et vous n’aviez même pas le temps de vous sauver.FERNAND- Elle va revenir directement ici, j’en suis sûr, il faut me cacher.ERIC - Moi, je vais essayer de la retarder un peu et vous, les filles, vous cachezFernand.FERNAND- Allez y doucement, ne lui faites pas mal.ERIC - Pensez vous, je vais juste m’arranger pour qu’elle voit le docteur.ARIANE - Bonne idée.VANESSA - Pourquoi lui ?CLEMENTINE - Oui, pourquoi lui ? Autant qu’elle aille chez le directeur.ERIC - Le docteur saura la convaincre, il a des arguments que le directeur n’a pas. Il sort.Fernand grimpe dans son lit et se cache sous les draps.VANESSA - Ca m’étonnerait qu’elle ne pense pas à regarder dans le lit.FERNAND- Vous lui direz que je suis mort, ça la rassurera. (Il fait le mort)CLEMENTINE - Mais non, je suis certaine qu’elle a encore besoin de vous. FERNAND- Oui, pour tenir l’épicerie.VANESSA - Pourquoi Éric a-t-il dit que le docteur avait de meilleurs arguments quele directeur ?ARIANE - Parce qu’il est plus beau. Enfin en même temps ce n’est pas bien difficiled’être plus beau que le directeur.CLEMENTINE - Je crois comprendre. Il parait que Paulette n’est pas insensible auxcharmes du docteur.VANESSA - Non tu crois ?ARIANE - C’est bien possible, tu y es bien toi !VANESSA - Ce n’est pas pareil.FERNAND- C’est pour ça que lorsqu’elle vient me voir, elle passe plus de tempsdans les couloirs qu’avec moi.VANESSA - À son age, vous ne voudriez tout de même pas ?CLEMENTINE - Il n’y a plus ni morale ni logique ici.Entrée de Paulette (elle est toute guillerette) Fernand met le drap sur sa tête.ARIANE - Il n’est pas là.PAULETTE - Qui ça ?ARIANE - Fernand.PAULETTE - Je ne le cherche pas. CLEMENTINE - Ah bon !PAULETTE - Non, je prends la chambre de Fernand, je m’installe ici.CLEMENTINE - Mais c’est-à-dire que….PAULETTE - Que rien du tout, je viens de parler avec le médecin, je reste ici.

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CLEMENTINE - Il vous a dit de rester !PAULETTE - Non, mais il est tellement beau.VANESSA - Eh, doucement. Il y a déjà du monde sur le coup.ARIANE - C’est vrai qu’il préfère les blouses blanches.PAULETTE - J’ai dons mes chances.VANESSA - Avec rien en dessous.PAULETTE - Ce n’est pas un problème. (Elle commence à déboutonner sa blouse)Fernand pointe sa tête.FERNAND- Paulette que fais tu ?PAULETTE - Ah tu es là toi ! Allez, pousse toi, quand y en a pour un, y en a pourdeux. Elle se précipite dans le lit avec lui.FERNAND- Mais que fais tu ?PAULETTE - Tu veux que je me déshabille devant tout le monde ? Non, alorspousse toi.Elle tire le drap sur eux.FERNAND- Et le magasin ?PAULETTE - On prend notre retraite. Ca fait 10 ans que tu veux arrêter tu devraisêtre heureux.FERNAND- Mais tu ne peux pas …PAULETTE – Tu y retournes si tu veux, à la boutique, moi je reste ici.FERNAND- Eh bien moi aussi.PAULETTE - Voila, c’est arrangé.CLEMENTINE - Ce n’est pas si simple que ça madame Bernard, il faut voir s’il y ade la place pour vous.PAULETTE - On a assez d’une chambre pour 2; hein Fernand ? FERNAND- Mais tu n’es ni malade ni grabataire.PAULETTE - Non, je n’ai pas de gras et je ne suis pas encore à terre. Je rendrai desservices, j’aiderai ces demoiselles, j’ai déjà la blouse.ARIANE - Avec une blouse blanche, vous allez faire concurrence à Clémentine, ledocteur va s’y tromper.PAULETTE - Tant mieux. (Excitée)Fernand se lève (énervé)FERNAND- Bon ça suffit, je vais t’y faire jouer moi, au docteur.Il la tire hors du lit.PAULETTE - Aie, Fernand, tu me fais mal.Ils sortent.ARIANE - A quoi jouent- ils ?VANESSA - Ils restent où ils partent ?CLEMENTINE - J’avoue que je ne sais pas. VANESSA - Moi, j’aimerais bien qu’il reste, il va me manquer.ARIANE - A moi aussi, et toi Clém ?CLEMENTINE - Un résident, c’est un résident.VANESSA - Quelle menteuse celle là, t’aimes encore bien ceux qui te matent et quite tapotent les fesses.CLEMENTINE - Ca ne va pas, non, je sais tenir mon rang, moi, mademoiselle.ARIANE - Allez, ne joue pas les saintes nitouches, pas avec nous. Va vite récupérerta blouse blanche, parce que le docteur risque de se méprendre lui qui n’aime que leblanc.VANESSA - Dommage qu’il ne soit pas daltonien.

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CLEMENTINE - Ne rêve pas trop, c’est un homme de goût, lui.Elle sort.VANESSA - Dis Ariane, toi aussi tu penses que je n’ai aucune chance avec ledocteur ?ARIANE - Pas du tout, il a un cœur gros comme ça. Assez gros pour vous deux.VANESSA - Il faut que je le partage ?ARIANE - C’est à toi de voir.Entrée de LaurentLAURENT- Je pensais bien vous trouver ici, parce que depuis que Fernand estarrivé, sa chambre, c’est un peu le centre du monde, vous y êtes tout le temps.VANESSA - Mais c’est qu’il serait jaloux notre Laurent.LAURENT- C’est tout de même moi qui suis passé sous un 35 tonnes, ça donnequand même droit à un peu d’égard.ARIANE - Tu restes notre Lolo préféré. (Elle lui fait un bisou)LAURENT- Et toi, Vanessa ? VANESSA - Excuses moi, mais je pensais à autre chose. (Elle le bise)LAURENT- Merci. Mais qu’est-ce qui te tourmente ?ARIANE - Le docteur, elle attend le résultat.LAURENT- Tu es malade ? Excuse moi Vanessa, je ne savais pas.ARIANE - Non, le résultat de son choix. Clémentine ou Vanessa.VANESSA - Ou Paulette.LAURENT- Je ne suis pas sûr de tout comprendre.ARIANE - Rassure toi, nous non plus. Tout va très vite, ils s’aiment, il ne s’aimentplus, ils se re aiment…LAURENT- Qui ?ARIANE - Tout le monde. Et Vanessa, elle, elle comte les points.VANESSA - Ca suffit, Ariane, aide moi plutôt à refaire le lit.LAURENT- Ca ne vous dérange pas si je vous regarde, je m’ennuie quand je suisseul.ARIANE - Non, tu te mets dans le fauteuil et tu ne bouges pas. VANESSA - Oui, mais on a plus le dessus de lit.Entrée de Paulette, elle est emballée dans le dessus de lit.ARIANE - Eh bien justement le voila.VANESSA - Rendez nous, notre dessus de lit.PAULETTE - Il n’est pas à vous.VANESSA - A qui est il ?PAULETTE - (espiègle) Je l’ai trouvé. (Elle part se cacher dans le cabinet de toilettes)ARIANE - A quoi joue t-elle ?LAURENT- Drapée comme ça, je dirais Phèdre ou Andromaque.ARIANE - C’est quoi comme jeu ?VANESSA - Ca se joue à plusieurs ? LAURENT- Oui et ça fini mal.ARIANE - Drôle de jeu, je n’ai pas envie d’y jouer.Entrée de Fernand : c’est lui qui porte la blouse blanche.FERNAND- (tendre) Paulette, c’est le docteur, mais où est –elle ? Vous ne l’avez pasvue ?LAURENT- Là (il indique le cabinet de toilettes)FERNAND- Ah, tu es là aussi toi ? (Excité) A toute à l’heure.IL pénètre dans le cabinet de toilettes.ARIANE - Il joue à Phèdre aussi, lui ?

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LAURENT- Je ne pense pas, ils vont plutôt jouer au docteur.Entrée de Clémentine. (Elle est bouleversée)CLEMENTINE - Je viens de croiser le docteur, il courait derrière, derrière…ARIANE - Derrière une femme et ce n’était pas toi.CLEMENTINE - Non, et en plus elle n’était même pas en blanc, elle était en dessusde lit.VANESSA - Oui, mais elle n’avait rien dessous. Enfin un qui est daltonien. J’ai meschances.CLEMENTINE - Si ce n’est que ça. Je peux ne rien porter sous ma blouse. Elle commence à déboutonner sa blouse, tout en se dirigeant vers le cabinet de toilettes.LAURENT- Attend, il y a déjà du monde.CLEMENTINE - (off) Oh pardon.LAURENT- Trop tard.CLEMENTINE - (gênée, retour dans la chambre) C’était occupé, il y avait déjàFernand et sa femme et ils …ARIANE - Ils quoi ?CLEMENTINE - Ils s’embrassent.VANESSA - Et bien voila; elle l’a trouvé son docteur.CLEMENTINE - Ah c’était lui, avec la blouse blanche !LAURENT- Et le dessus de lit sur pattes, c’était elle.Entrée d’Eric : il a toujours ça clef à molette.ERIC - Y en a du monde ici, vous avez vu ça a marché mon idée.LAURENT- Quelle idée ?ERIC - Celle de fiche Paulette dans les bras du docteur. Ca a été vite vu.ARIANE - Oui, au début mais depuis il est coulé de l’eau sous les ponts.ERIC - En parlant de flotte, j’ai toujours pas terminé de colmater ma fuite.Il entre dans le cabinet de toilettes.LAURENT- Tu feras ça plus tard…trop tard.ERIC - (off) Oh pardon; je ne pouvais pas savoir. FERNAND- (off) Mais il n‘y a pas moyen d’être tranquille, c’est le périphérique ici.PAULETTE - Viens Fernand on va chez nous.Ils sortent du cabinet de toilettes, ils sont tous les 2 emballés, côtes à côtes, dans le dessusde lit.PAULETTE - Au revoir à tous et merci pour la pile. LAURENT- Salut.FERNAND- Vous n‘aurez qu‘à passer au magasin on vous fera des prix.CLEMENTINE - Parfait.PAULETTE - Ca ne va pas non.Ils sortent vers l’extérieur.Eric revient dans la chambre. (Il a mis la blouse blanche)LAURENT- Mais à quoi tu joues toi ?ERIC - Puisqu’il parait que l’habit fait le moine dans cette boutique. Alors pourquoine pas tenter sa chance ?CLEMENTINE - C’est vrai qu’il est beau en blanc. ARIANE - Attention Éric, il ne faut rien porter sous la blouse.VANESSA - Il y a des traditions à respecter.ERIC - Ce n’est pas un problème. (Il commence à se déshabiller) J’enlève le tout ?LES AUTRES- Non, surtout pas.

RIDEAU de FIN

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Claude HUSSON

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