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1 Ç a y est ! Bébé est né, avec ses petites joues rondes, ses grands yeux, ses che- veux lisses ou bouclés, abondants ou clairsemés (voire absents). C’est déjà une personne, mais une personne qui n’a pas de nom. Que choisir ? Pour cer- tains couples, le choix est arrêté depuis longtemps. Pour d’autres, l’hésitation se prolonge jusqu’à la naissance. Alors, mieux vaut connaître quelques éléments importants pour ce choix si crucial. D’abord, rassurez-vous si vous tergiversez : en 2008, 834 000 naissances ont eu lieu en France. Pour bien des parents, le choix a été aussi corné- lien. Il le devient d’autant plus que l’on prend conscience de tous les éléments qui comptent dans un prénom : la sonorité du mot, son origi- nalité, l’histoire de la famille, la mode, un attache- ment personnel d’un des parents au prénom… Vous avez peut-être établi une liste des prénoms possibles. Apparemment, ils vous plaisent autant les uns que les autres, mais, une chose est certai- ne, il n’y en aura qu’un au bout du compte et, sauf événement particulier, il y a de fortes chances pour que ce prénom donné à la naissance accompagne ce nouvel individu tout au long de son existence. Alors, tentons de repérer les quelques questions essentielles – nous en évo- querons six – qu’il convient de se poser lorsqu’on choisit un prénom. D’après diverses études scien- tifiques, de telles questions peuvent aider, sinon à choisir le prénom parfait, du moins à éviter les fautes de goût. « Que dit ce prénom sur mon identité sociale ? » Un prénom, avant toute chose, est une marque du groupe social auquel on appartient. La plupart des gens ne s’en rendent pas compte. Un exemple simple l’illustre : en 2007, les prénoms le plus sou- vent choisis dans la population française ont été Emma, Léa, Clara, Chloé et Manon pour les filles et Mathéo, Mathis, Lucas, Enzo et Théo pour les garçons. Or si l’on recherche ces prénoms selon le groupe social auquel les parents appartiennent, on découvre des différences importantes. Par exemple, dans les registres du bottin mondain, toujours en 2007, les prénoms les plus fréquem- ment attribués aux filles ont été Charlotte, Philomène, Blanche, Isaure, Apolline, et Louis, Guillaume, Victor, Augustin et Charles aux gar- çons. Il existe des différences de registres des pré- noms selon les groupes. Or, comme le soutient le sociologue Jean- François Amadieu, de l’Université de Paris I, le prénom s’inscrit dans une histoire sociale et un groupe d’appartenance : l’erreur serait de ne pas Il y a un siècle, la moitié des enfants se partageaient dix prénoms. Aujourd’hui, cette même fraction de la population s’en partage 140. Comment faire son choix au milieu de cette jungle de prénoms ? Et surtout, comment éviter les grosses bourdes? Choisir un prénom : quel casse tête ! Psychologie au quotidien Nicolas Guéguen est enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’Université de Bretagne-Sud, et dirige le Groupe de recherches en sciences de l’information et de la cognition, à Vannes. 14 © Cerveau & Psycho - N° 32 cp_32_pxxxxxx_gueguen_prenom.xp 13/02/09 10:51 Page 14

Cerveau&Psycho 32 2009

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    a y est ! Bb est n, avec ses petitesjoues rondes, ses grands yeux, ses che-veux lisses ou boucls, abondants ouclairsems (voire absents). Cest djune personne, mais une personne qui na pas de nom. Que choisir ? Pour cer-

    tains couples, le choix est arrt depuis longtemps.Pour dautres, lhsitation se prolonge jusqu lanaissance. Alors, mieux vaut connatre quelqueslments importants pour ce choix si crucial.

    Dabord, rassurez-vous si vous tergiversez :en 2008, 834 000 naissances ont eu lieu en France.Pour bien des parents, le choix a t aussi corn-lien. Il le devient dautant plus que lon prendconscience de tous les lments qui comptentdans un prnom : la sonorit du mot, son origi-nalit, lhistoire de la famille, la mode, un attache-ment personnel dun des parents au prnomVous avez peut-tre tabli une liste des prnomspossibles. Apparemment, ils vous plaisent autantles uns que les autres, mais, une chose est certai-ne, il ny en aura quun au bout du compte et, saufvnement particulier, il y a de fortes chancespour que ce prnom donn la naissanceaccompagne ce nouvel individu tout

    au long de son existence. Alors, tentons de reprerles quelques questions essentielles nous en vo-querons six quil convient de se poser lorsquonchoisit un prnom. Daprs diverses tudes scien-tifiques, de telles questions peuvent aider, sinon choisir le prnom parfait, du moins viter lesfautes de got.

    Que dit ce prnom sur mon identit sociale ?

    Un prnom, avant toute chose, est une marquedu groupe social auquel on appartient. La plupartdes gens ne sen rendent pas compte. Un exemplesimple lillustre : en 2007, les prnoms le plus sou-vent choisis dans la population franaise ont tEmma, La, Clara, Chlo et Manon pour les filleset Matho, Mathis, Lucas, Enzo et Tho pour lesgarons. Or si lon recherche ces prnoms selon legroupe social auquel les parents appartiennent, ondcouvre des diffrences importantes. Parexemple, dans les registres du bottin mondain,toujours en 2007, les prnoms les plus frquem-ment attribus aux filles ont t Charlotte,Philomne, Blanche, Isaure, Apolline, et Louis,Guillaume, Victor, Augustin et Charles aux gar-ons. Il existe des diffrences de registres des pr-noms selon les groupes.

    Or, comme le soutient le sociologue Jean-Franois Amadieu, de lUniversit de Paris I, leprnom sinscrit dans une histoire sociale et ungroupe dappartenance : lerreur serait de ne pas

    Il y a un sicle, la moiti des enfants se partageaient dix prnoms.Aujourdhui, cette mme fraction de la population sen partage140. Comment faire son choix au milieu de cette jungle deprnoms ? Et surtout, comment viter les grosses bourdes?

    Choisir un prnom :quel casse tte !

    Psychologie au quotidien

    Nicolas Guguen estenseignant-chercheur

    en psychologie sociale lUniversit de

    Bretagne-Sud, et dirige le Groupe

    de recherches ensciences de linformation

    et de la cognition, Vannes.

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    en tenir compte par exemple en nommantCharles-Henri son fils lorsquon est n dans unecit-dortoir. On risquerait de crer de faussesattentes lgard de lenfant en raison des infor-mations sociales vhicules par son prnom.

    Sans formaliser ces notions, la plupart des per-sonnes en ont lintuition. Nous avons ainsi pumontrer, en mlangeant des prnoms issus de dif-frents groupes sociaux, que les gens sont tout fait en mesure de les affecter leur groupe dorigi-ne, dans plus de 90 pour cent des cas. lvidence,ils savent dduire des informations sociales daprsun prnom. Cela signifie quau moment de choisirun prnom pour son enfant, il faut se poser laquestion : Quelles seront les attentes des autresen entendant son prnom ? De quelle catgoriesocio-professionnelle considrera-t-on implicite-ment quil est issu ?

    A-t-on intrt choisirun prnom original ?

    Pour se distinguer, certains parents sont tentspar un prnom original, voire excentrique. LesThophane, Ulrich ou Malo, sont alors leur dis-position. Peu de chances quun autre leur vole lavedette en classe. Ou mieux, inventer son prnompour tre franchement unique au monde. Seulrisque : sombrer dans le comique, comme cetinfortun bambin qui fut prnomm Zidane il y aquelques annes.

    Seul risque ? Voire. Car de nombreuses tudesscientifiques ont montr que la raret dun prnomest souvent synonyme dinadaptations sociales etpsychologiques de lenfant, comme si ce prnomlisolait par sa singularit. Les psychologues AlbertEllis et Robert Beechley, de la Clinique dhyginementale du New Jersey, ont tudi le dossier mdi-

    cal de plusieurs milliers de garons et de filles ayantreu ou recevant des soins dans une cliniquepsychiatrique. Ils ont notamment spar les pr-noms singuliers (tels ceux mentionns plus haut)des prnoms non singuliers, qui vont des plusbanals (Paul, Pierre, Marie) aux assez rares(Roman, lodie). Les prnoms singuliers taientconsidrs comme tels sils napparaissaient quuneseule fois sur lensemble des dossiers.

    Simultanment, partir du dossier du sujettaient caractriss divers troubles, allant dutrouble lger telle une timidit assez marque, jus-quaux plus graves, telles lagressivit ou lauto-mutilation, en passant par les troubles obsession-nels compulsifs ou les troubles de lattention. Leschercheurs ont ensuite considr la rpartition deces troubles selon que le prnom des enfants taitou non singulier.

    Les rsultats de cette tude ont t sans appel :les troubles graves sont beaucoup frquents chezles garons ayant un prnom rare, insolite ou sin-gulier. En revanche, cet effet ne se manifeste paschez les filles. En fait, les garons ont des prnomsplus conventionnels que les filles, ce qui rendtoute singularit plus visible et ventuellementplus prjudiciable.

    Attention, par consquent, lorsque lon estsduit par un prnom faisant rfrence unepoque ou une figure historique (Enguerrand,Alinor ou Desdmone) : ces coups de cur peu-vent avoir un impact sur la vie de votre enfant, quipersistera jusqu sa vie adulte. Les psychologuesTimothy Anderson et Paul Schmitt, de lUniversitde Miami, ont rpertori, dans un hpital, les indi-vidus, hommes et femmes, hospitaliss soit pourdes raisons psychiatriques soit pour des raisonsmdicales usuelles. Ils ont constat que, statistique-ment, les patients hospitaliss pour des raisons psy-chiatriques ont des prnoms plus rares que ceuxqui taient hospitaliss pour une appendicite ouune insuffisance rnale. Chez les femmes, nou-veau, aucune diffrence nest observe, ce qui estcohrent avec les tudes sur les enfants.

    Un prnom peut-il rendre fou ? Ces tudes fontapparatre des corrlations, mais ne mettent pas envidence un lien de causalit. Ntait-ce pas lesparents qui prsentaient une pathologie psychia-trique qui les a pousss appeler leur enfant commeils lont fait ? Quoi quil en soit : un prnom trop rarepeut faire peser un certain danger sur les paulesdun enfant, si lon en juge par ces observations.

    Cest la mode des La. Si on essayait ?

    Pour viter lcueil de la raret, faut-il cder auxeffets de mode ? En principe, il sagit l dunmoindre mal. Psychologiquement, mieux vaut appe-ler sa fille La (numro 1 pour les filles en 2008) queMosette authentique ! ou Gudule. Si vous lefaites, sachez tout de mme que les modes changent

    Record du monde!On estime queMohammed est le prnom le plususit. SelonlEncyclopdieColumbia, environ 15 millions de personnes dans le monde porteraientlune des variantes orthographiques de ce prnom.

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  • de plus en plus vite. De faon gnrale, les prnomsobissent des cycles : ils connaissent une vague desuccs, puis retombent dans loubli pour ensuiteconnatre, parfois plusieurs dcennies plus tard, unnouvel engouement. Cest le cas typique de Louis,Jules, Jeanne ou Justine. La tendance aujourdhuiest la diminution de ces cycles qui durent mainte-nant entre deux et quatre ans (avec Enzo et Manon,par exemple) contre plusieurs dizaines dannesautrefois (avec Jean et Marie). En outre, on observeque les frquences dapparition de ces prnoms la mode sont moindres aujourdhui : en 1940,presque un garon sur dix sappelait Jean, le pr-nom le plus la mode cette anne-l, contre 1 sur100 pour Enzo, premier prnom de garonde 2004. Pour les psychologues sociaux, choisir unprnom la mode constitue une bonne stratgie cause dun effet de familiarit : le sentiment mmediffus quune personne lui est familire, conduitnimporte qui interagir plus positivement songard, par exemple en lui proposant de laide, en semontrant plus chaleureux et plus affable lors dunepremire interaction.

    Les parents sont souvent pris entre le souci deloriginalit risque et celui de lanonymat confor-table et conformiste. Il existe une troisime voie,celui du prnom intemporel. La liste nest pas silongue, mais vous pourrez puiser dans les indmo-dables Marc, Jean, Pierre, Philippe, Thomas, Marie,Julie, Catherine. Suivre la mode va ncessairementmarquer votre enfant du sceau dune poque.Aujourdhui, on sait que les femmes prnommesChristiane ou Marie-Paule, les hommes prnom-ms Grard ou Gilbert, sont ns durant une prio-de que lon situe intuitivement entre 1940 et 1960.Un prnom intemporel enfermera moins votreenfant dans une classe dge. Un prnom excen-trique encore moins, mais il prsente un risquecomme nous lavons voqu.

    Jadore Eric-Emmanuel, mais cest long

    Une tendance notable des deux dernires dcen-nies est au raccourcissement des prnoms. Les La,Enzo, Hugo, Tho, Sarah, Clara rpondent unbesoin de simplification, dabrviation. Certainssont obtenus comme diminutifs de prnoms plusanciens (Alex la place dAlexandre, Lou la placede Louise). Dans le mme ordre dides, onrduit le nombre de syllabes du prnom, avec uneprogression des prnoms deux syllabes, au dtri-ment des prnoms trois syllabes. videmment,les prnoms composs ne sont presque plus don-ns. La perte dintrt pour ces prnoms remonteaux annes 1960 : pour les garons comme pourles filles, entre 1960 et 2000 la proportion de pr-noms composs a t divise par de 15

    Comment interprter cette volution ? On peuty voir le reflet de notre poque : on veut un pr-nom percutant, facile prononcer et retenir,

    conforme lpoque o le temps et lespace ontsubi une contraction. Un prnom court, composde deux syllabes semble pour linstant constituerla nouvelle rfrence de ce changement de socit.La socit franaise ne semble pas encore avoirfranchi le cap du prnom monosyllabique, si cheraux Amricains (Tim, Tom, Jim, Ken, Al). Sivous voulez absolument opter pour un prnomlong ou compos, leffet de singularit sera certai-nement obtenu, mais avec les inconvnients lisau dveloppement de lenfant, si lon met partquelques niches sociales o sont encore tolrs lesFranois-Xavier ou Marie-Chantal.

    Margot ou Margaux ? Adrien ou Hadrien ? Le risquedes orthographes alternatives

    Aujourdhui, une grande tendance se dessine chezles parents, consistant personnaliser le prnom deleur enfant en utilisant, voire en inventant desvariantes orthographiques (on recense ainsi28 variantes orthographiques pour le prnomTiphaine). Margaut ou Margot, Adrien ouHadrien : les parents modernes ont lembarras duchoix. Et l encore, aucune orthographe nestinnocente. De faon gnrale, une variation dor-thographe diminue la perception de familiaritlie lorthographe classique, entranant parfoisune perception moins positive du prnom. Lespsychologues Albert Mehrabian et Marlena Piercy,de lUniversit de Californie Los Angeles, ontslectionn des listes de prnoms orthographis defaon classique ou alternative (par exemple, Lindaet Lynda). La liste des prnoms tait remise deslecteurs anonymes qui devaient deviner les carac-tristiques de leurs porteurs, dans des domainestels que le succs, la moralit, la popularit, la cha-leur, lentrain et le caractre plus ou moins mascu-lin ou fminin des prnoms.

    Cette tude a rvl que lorthographe classiquesuscite gnralement les valuations les plus posi-tives. Les psychologues ont galement observ queles prnoms dhommes orthographis diffrem-ment sont jugs moins masculins que les mmesorthographis de faon classique tandis que lesprnoms fminins orthographis diffremmentsont jugs plus masculins.

    Ainsi, lorthographe reprsente une norme quiinflue sur les esprits. Un cart par rapport lanorme orthographique est assimil une dviancequi se rpercute sur dautres caractristiques, quilsagisse de la fminit, de la masculinit ou de lapopularit. Chaque parent doit rflchir son atti-tude par rapport la norme. Souhaite-t-il senloigner, et en loigner son enfant ? Saura-t-il luidonner des armes pour cultiver sa dviance etdfendre des points de vue originaux et dcals, cequi peut alors devenir une force ? Ou bien juge-t-il plus prudent de passer inaperu dans un premier

    En Bref1) viter : Un prnom qui ne correspond pas lidentit sociale de lenfant ou de sa famille Un prnom trop rare, la consonance inhabituelle ou lorthographe alternative

    2) envisager, aprsrflexion : Un prnom li uneffet de mode ponctuel,dont la dure serabrve Un prnom mixte,pour une fille (Claude,Dominique, Camille)

    3) adopter sanshsitation : Les prnoms intemporels ventuellement, lesprnoms rtro (modeactuelle, mais ancragedans le pass)

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    temps, ne sachant pas si son enfant aura forcmentenvie de se distinguer ? Avoir en tte ces considra-tions est un prrequis avant de jouer avec les ortho-graphes amusantes (Cyndie, Nichola).

    Peut-on donner un prnommasculin une fille ?

    Dominique, Claude, Camille : certains prnomssont mixtes, donns aussi bien des filles qu desgarons. On peut sinterroger sur les effets de telsprnoms sur la personnalit. En dehors du prnommixte, certains prnoms de filles sont plus fmininsque dautres : Paule ou Marie-Pierre sont sensible-ment moins fminins que Vanessa ou Lily-Rose,trs en vogue au dbut de 2009. Donner un prnomplus masculin une fille peut caractriser le dsir desparents de renforcer lenfant dans le sens des com-portements traditionnellement masculins. Cela peutsusciter, de la part dautrui, des attentes allant dans lesens dun comportement masculin, ce qui condui-rait la petite fille ou la jeune femme agir conform-ment de telles attentes.

    Pour valuer concrtement ces effets, la psycho-logue Jane Ellington et ses collgues, delUniversit du Texas, ont demand des tu-diantes de complter diffrents questionnaires depersonnalit. Elle a ainsi montr que les jeunesfilles ayant un prnom peru comme plus mascu-lin prsentaient moins danxit, de dpendance lgard de la famille, et un plus grand potentiel deleadership (entraner les autres, tre la tte deprojets collectifs) et davantage de raffinement cul-

    turel que les jeunes filles dont le prnom taitconsidr comme neutre ou typiquement fminin.

    De la mme faon, Richard Zweigenhaft et sescollgues, de lUniversit Guilford dans leMassachusetts, ont observ que des femmes ayantun prnom considr comme masculin ont unplus fort score de statut (elles ne se laissent pasdominer, on les coute, on recherche leur soutien),et sont perues comme moins fminines.

    Mais il semble, daprs les tudes de CharlesJoubert, lUniversit de lAlabama, quellesapprcient peu leur prnom Pour les filles, ilfaudrait peut-tre choisir, dans certains cas, entreaimer son prnom et avoir du succs profession-nel Cette situation introduit une contradictioncar le fait daimer son prnom est gnralementassoci une bonne estime de soi, et le fait derussir professionnellement, aussi.

    Sil fallait en tirer une leon, cest quaucunprnom nest innocent. Il reste difficile, mmeaverti des rsultats les plus rcents de la rechercheen psychologie, dtre sr de ne pas se tromper.Cest pourquoi les chercheurs en psychologiesuggrent gnralement de tester un prnom.Faites part de votre (ou de vos) choix de prnoms votre famille, vos amis, vos voisins et obser-vez leurs ractions. Si un sourire apparat, uneexpression positive ( Comme cest mignon ) ouune moue dubitative, un regard qui se dtourneun peu, une certaine retenue de lexpressionvous pourrez mieux mesurer les ractions aux-quelles votre enfant sera confront lorsquil dcli-nera son identit.

    Un sicle de prnoms

    J usquen 1960, la stabilit a t la rgle dans les prnoms franais. par-tir de la seconde moiti du XXe sicle, et surtout compter desannes 1970, le nombre des prnoms usits a beaucoup augment, en mmetemps que de la monte en puissance de lindividualisme.

    Bibliographie

    N. Guguen, Psychologiedes prnoms. Pour mieuxcomprendre comment ils

    influencent notre vie,Dunod, Coll. 100 petites

    expriences depsychologie, 2008.

    En chiffres1) On dnombre environ 23 000 prnoms surles sites Internet de choix de prnoms.

    2) Le prnom Jean a t donn environdeux millions de fois depuis 1946. Ils taient56 000 en 1946, 795 en 2006.

    3) Le prnom Marie a t donn 2,2 millionsde fois depuis 1946. Elles taient 53 000 en1901, 3 400 en 2006.

    4) Le prnom Lucas a t donn 100 000 foisdepuis 1946, il ny avait aucun bb nommLucas en 1901, et les deux premiers sontapparus en 1902. En 2006, 7 182 bbs ontt prnomms Lucas.

    5) Le prnom La a t donn 150 000 foisdepuis 1946. Elles taient 125 en 1946,contre 6 500 en 2006.1909 1929 1949 1969 1989 2009

    Jean

    Marie

    Philippe

    Brigitte

    SbastienCline

    Kvinlodie

    ThomasLa

    Lucas

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