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THÉÂTRE CRÉATION | TEXTE EVAN PLACEY | MISE EN SCÈNE PAULINE BUREAU MARDI 7 ET MERCREDI 8 MARS | 20H | GRANIT DURÉE : CATÉGORIE C | À PARTIR DE LA QUATRIÈME CONTACT SECTEUR ÉDUCATIF : MAUD CAVALCA / 03 84 58 67 56 / [email protected] RÉSERVATIONS : 03 84 58 67 67 / [email protected] CES FILLES-LÀ

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THÉÂTRE CRÉATION | TEXTE EVAN PLACEY | MISE EN SCÈNE PAULINE BUREAU

MARDI 7 ET MERCREDI 8 MARS | 20H | GRANIT

DURÉE : CATÉGORIE C | À PARTIR DE LA QUATRIÈME

CONTACT SECTEUR ÉDUCATIF : MAUD CAVALCA / 03 84 58 67 56 / [email protected] RÉSERVATIONS : 03 84 58 67 67 / [email protected]

CES FILLES-LÀ

SOMMAIRE Distribution...................................................................................................................................................... 3

Une aventure collective .................................................................................................................................. 4

Deux pièces en écho .................................................................................................................................... 4

Présentation de ces filles-là............................................................................................................................. 6

Note d’intention de la metteure en scène ...................................................................................................... 6

Des filles, un groupe, une voix .................................................................................................................... 6

Des images et des corps .............................................................................................................................. 7

Repères biographiques .................................................................................................................................... 8

Evan Placey, auteur ..................................................................................................................................... 8

Adélaïde Pralon, traductrice........................................................................................................................ 9

Anne Courel / metteure en scène ............................................................................................................... 9

Activités préparatoires .................................................................................................................................. 10

À la découverte du texte ........................................................................................................................... 10

Extrait d’une interview d’Evan Placey ....................................................................................................... 13

L’histoire d’Amanda Todd ......................................................................................................................... 13

Après la représentation, pour aller plus loin ................................................................................................. 14

Nouvelles technologies et adolescents ..................................................................................................... 14

Le cyber harcèlement .................................................................................................................................... 16

Principales dates de l'émancipation des femmes ......................................................................................... 18

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DISTRIBUTION

Texte Evan Placey

Traduction Adélaïde Pralon

Mise en scène Anne Courel

Avec Distribution en cours

Chorégraphe-vidéaste / assistant mise en scène Jean-Camille Goimard

Scénographie Stéphanie Mathieu

Costumes Cara Ben Assayag

Création lumières Benjamin Nesme

Création univers sonore et régie son François Chabrier

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UNE AVENTURE COLLECTIVE

En décembre 2014, la compagnie s'est reconstruite autour du désir partagé par plusieurs artistes de se consacrer à la recherche d'un théâtre qui parle -aussi- aux adolescents et s'invente tout près d'eux, avec leur participation active.

Ensemble, nous avons lancé plusieurs projets, avec :

- un laboratoire international de création jeune public, le Lab'ados ;

- un travail de réflexion sur une plateforme numérique ;

- deux pièces d’Evan Placey, Holloway Jones (présenté au Granit en mai 2016) et Ces filles-là.

Entre création et tournée, ces deux textes chemineront ensemble pendant 3 ans.

Elles seront mises en chantier dans des lieux, nous offrant la possibilité de travailler au plus près de groupes de jeunes, avec qui nous partagerons la création en train de se faire.

D’une part cela nous permettra de nous imprégner des problématiques ressenties au quotidien par les jeunes, de leur rapport au monde et à la société.

Nous avons l'intuition que le rapport des ados à l'espace et au temps peut nous ouvrir des perspectives de recherche au plateau, en particulier dans leur manière d'appréhender les changements d'espace et de temps.

Enfin, certains d'entre eux seront amenés à intégrer le spectacle aux côtés des artistes en 2017 lors de la tournée de Ces filles-là qui réunira sur le plateau 12 comédiennes professionnelles et 8 jeunes filles.

DEUX PIECES EN ECHO Dans l’univers d’Evan Placey, la statistique règne en maître, tout est observé, prévisible. Le collectif fait loi, mais des individus se débattent, dans une quête acharnée d’identité.

L’auteur évite cependant toute banalité moult fois ressassée sur l'adolescence et ses tourmentes. Il nous livre un discours fort sur un monde dans lequel l'usage des probabilités et le déterminisme sociologique font peur.

Holloway Jones et Ces filles-là ont en commun de raconter avec une formidable énergie les rapports complexes entre le groupe et l’individu. Les personnages y sont saisis en pleine vie dans un monde réel, tragique, sexuel, violent, complexe. Leur itinéraire se construit sans complaisance, facilité ou manichéisme.

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Les deux pièces nous plongent dans des univers sociologiques différents.

Pour Holloway c’est celui de la rue, et de l’enfermement entre quatre murs. Ceux des maisons des familles d’accueil par lesquelles elle transite, ceux de la prison où elle est née, où sa mère est toujours enfermée, et où elle risque de retourner.

Dans Ces filles-là, les quatre murs sont ceux de l’institution prestigieuse dans laquelle vingt filles ont été placées par leurs familles. Elles ont été sélectionnées, promises au meilleur. Mais elles n’en restent pas moins cloîtrées, enfermées.

Dans ces deux histoires, chacune a une place prédéterminée, un avenir tout tracé. Les héroïnes luttent pour trouver la "passe", celle qui leur donne les moyens de bouger, de changer, de lutter contre l'immobilisme généré par la peur. Face à une société qui se rigidifie, s'étrécit, Evan Placey met en jeu des dynamiques de résistance, individuelles et collectives.

Les écrans sont partout, les images font foi et la loi du groupe est pesante, mais malgré une réalité dangereuse où tout peut déraper, des filles entrent dans la vie adulte de plain-pied.

Holloway Jones et Ces filles-là nous proposent de renouveler nos formes de pensées, d'écrire à plusieurs un théâtre intergénérationnel qui critique un monde malade de vieillesse, pour tenter d'aller de l'avant et transformer nos douleurs personnelles en territoires sensibles, compréhensibles et partageables où le désir est possible.

Ces deux pièces ont en commun de proposer un rapport inventif à la langue, des pistes innovantes et multiples de liens entre la scène et la salle.

Les personnages d’Evan Placey nous poussent à entrer en mouvement. C’est à cet endroit-là que nous devons creuser des sillons, en nous appuyant sur des distributions intergénérationnelles qui laissent la place à la parole des jeunes dès la conception des spectacles. Leurs questionnements nous nourrissent et nous secouent.

Et puis ce sont des destins de filles qui s'écrivent à la force de vie, ça aussi c'est important !

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PRESENTATION DE CES FILLES-LA

Être quelqu’une

Elles sont 20, choisies, triées sur le volet. Ce sont les filles de Sainte-Hélène, une prestigieuse institution. Leurs parents veulent ce qu'il y a de mieux pour elles.

Dans cet univers clos, elles grandiront ensemble pour le meilleur et pour le pire. Elles seront amies pour la vie.

Dans le carcan du groupe, chacune trouve une place… et la garde. Scarlett, depuis le début, est différente. Serait-elle un esprit libre ? Elle ose se parfumer, se maquiller. Allumeuse, disent les autres filles.

En tout cas, elle paye cher sa singularité. Lorsqu’une une photo d'elle nue circule dans l’établissement, les pires instincts se révèlent chez les autres élèves. Etrange, la photo d'un garçon nu ne crée pas autant de remous. Seraient-ils plus libres de faire ce qu'ils veulent ?

Humiliée et reniée, Scarlett doit quitter l’école, mais le cliché la poursuit, refaisant inlassablement surface sur les réseaux sociaux et les écrans de téléphone… Elle se heurte au harcèlement de tout un groupe, duquel personne n’ose élever la voix pour prendre sa défense. Les étiquettes sont difficiles à enlever, et Scarlett en fait la douloureuse expérience.

Alors qu’on la croit poussée au suicide, elle réapparait finalement pour célébrer des femmes de son passé. Chacune à sa façon, à son époque, a lutté pour exister et s’affirmer. Aujourd’hui, c’est le défi de Scarlett : être quelqu’un, tout simplement.

La pièce est inspirée de l’histoire d’Amanda Todd, une adolescente canadienne de quinze ans qui s’est suicidée après avoir publié une vidéo sur Youtube dans laquelle elle expliquait son histoire : la photo d’elle les seins nus envoyée sur Internet, le chantage d’un inconnu, la condamnation de ses amis, ses changements de lycée et toujours, le rejet des autres.

NOTE D’INTENTION DE LA METTEURE EN SCENE

DES FILLES, UN GROUPE, UNE VOIX Evan Placey a recours au chœur. Il exprime la force du groupe. Il n’y a qu’un personnage : LES FILLES, qui condamne ou acquitte, qui accepte ou rejette. C’est la version du groupe qui tient lieu de vérité. La parole est commune, une unique sentence qui peut anéantir un individu. Dans la pièce, Scarlett ne parle pas, ce sont les autres qui racontent son histoire à sa place. Dans l’univers de Saint Hélène, s’affirmer est une lutte.

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Ce chœur parvient ainsi à exprimer dans toute leur puissance les préoccupations, les questionnements et les dangers de l’adolescence. Les filles racontent l’histoire de Scarlett à sa place ; elle n’a pas droit à la parole.

Les seules voix qui se détachent sont celles des femmes du passé : la fille des années 20, la fille au casque d’aviateur, la fille aux épaulettes, autant d’ancêtres de Scarlett. Mais les filles de Sainte-Hélène ont oublié l’histoire. Collées au présent, elles peinent à savoir qui elles sont, et, face aux garçons souffrent de leurs complexes, de la jalousie et des préjugés.

La pièce autorise un travail de chœur formidable, passionnant sur le fond comme sur la forme. Le groupe en est à la fois le personnage principal et l'objet d'étude. La vitalité de l'écriture chorale, sa précision nous renvoie avec force à la fureur des sentiments, des sensations et des pensées dits "adolescents" dans toute leur énergie et leur cruauté.

L’histoire est jouée ET narrée. Pour allier la puissance émotionnelle du JE et la distance nécessaire à la théâtralité, Evan Placey utilise deux procédés dramaturgiques. Il joue d’une temporalité non linéaire, avec des filles que nous suivons de 5 ans à l’âge adulte et qui racontent l’histoire en tant que sujets en train de la vivre, ou en tant que femmes qui se souviennent.

Il jongle aussi constamment entre la première et la troisième personne, jouant sur les contrastes entre le groupe et l’individu.

Tout cela sera notamment mis en relief par une distribution intergénérationnelle, de 15 à 60 ans, qui servira la diversité des points de vue, des modes de vie, des voix.

Parmi les 12 professionnelles je retrouverai des complices de longue date de la compagnie : Jeanne Vimal, Claire, Cathy, Charlotte Ligneau, Véronique Ferrachat, Marijk Bedleem, ainsi que de nouvelles venues, Eloïse Hallauer, Léa Ménahem et Fanny Chiressi.

La production sera résolument professionnelle, mais la distribution sera partiellement mixte avec 8 ados au milieu des artistes, Dès 2015, nous travaillerons avec des groupes de façon à trouver la bonne place à donner aux jeunes au milieu des professionnelles. Il ne s’agit pas d’en faire des cobayes.

Les thèmes évoqués dans la pièce touchent en premier lieu les jeunes, et il est important de rester connecté avec leurs univers, peut-être pour mieux s'en éloigner d'ailleurs. Leurs expériences et leurs histoires vécues seront un formidable terreau pour la création. De l’échange entre amateurs et professionnels autour de leurs expériences et histoires vécues et du mélange générationnel naîtra une alchimie capable de retranscrire au mieux la puissance du texte d’Evan Placey.

DES IMAGES ET DES CORPS À Saint Hélène, les informations se répandent comme une traînée de poudre. Entre quatre murs, tout résonne plus fort, et les rumeurs peuvent vite virer au tragique. Les vingt filles de GIRLS LIKE

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THAT vivent dans un monde fait de secrets, mais où la vie privée peut être réduite à néant par la promiscuité et la technologie. Un tweet, un mail, un SMS, et Scarlett perd le contrôle de son identité. Evan Placey nous présente le paradoxe d’une société hyperconnectée, individualiste, mais dans laquelle le groupe reste une référence d’organisation sociale.

Le texte explore avec une grande justesse le thème de l’image et de son contrôle, des dérives possibles de la technologie, pose la question de l’efficience du lien social dans une société en réseau.

La violence que génère l'image est brute, sans mièvrerie, réaliste.

Là encore les écrans sont omniprésents mais le seront sans doute en creux, brillants par leur absence du plateau. C’est l’impact de l’image sur les corps et sur les voix qui sera analysé. Le sujet ne sera pas tant l’image en elle-même, mais la manière dont elle provoque des mouvements de groupe, dont elle génère des réactions physiques, dont elle crée des coalitions, sous-groupes et interactions entre les individus. Il y aura ainsi dans la pièce un important travail sur le son et la chorégraphie.

Au fil du spectacle, le chœur se forme, se déforme, compose et recompose les groupes pour faire avancer le suspens. Écrite comme un polar, cette fable haletante joue sur la peur de personnages, sur une circulation vive des énergies sur le plateau.

Au milieu des tableaux, surgissent des personnages féminins qui mènent la danse. Sortes d'intermèdes, ces moments sont très importants. Nous les retrouverons à l'épilogue où tout se dénoue.

La scénographie sera très simple : une boite noire, un terrain de jeu simple mais habilement conçu qui permette aux corps et aux voix de faire résonner cette histoire.

REPERES BIOGRAPHIQUES

EVAN PLACEY, AUTEUR Evan Placey est un jeune auteur anglo-canadien. Il a grandi à Toronto et vit désormais à Londres. Parmi ses pièces, on trouve Mother of Him (qui a remporté, entre autres, le prix King’s Cross des nouvelles écritures britanniques), Banana Boys, Suicide(s) in Vegas (en tournée au Canada, nominée pour le prix Cenataur de la meilleure production anglaise), Scarberia, How Was It For You ? et Holloway Jones. Il a travaillé sur plusieurs projets pour la radio et le théâtre, notamment Girls Like That dont la première a eu lieu au printemps 2013 et Pronoun programmée en 2014 au Royal National Theatre. Ses pièces ont été jouées au Royaume-Uni, au Canada, en Israël, en Corée du Sud, en Italie, et en Croatie. Evan Placey est aussi maître de conférences à l’université de Southampton, et il anime régulièrement des ateliers d’écriture en prison.

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ADELAÏDE PRALON, TRADUCTRICE Comédienne, metteure en scène et dramaturge, Adélaïde Pralon dirige la compagnie Tout le désert à boire et suit depuis 2007 Valère Novarina dans son travail en France et en Europe. Après un master de traduction à Nanterre, elle commence à traduire des romans pour les éditions Liana Levi : Kapitoil de Teddy Wayne (lauréat du prix de traduction Pierre-François Caillé), Les Fiancées d’Odessa de Janet Skelsien Charles, Cyber China et Des Nouvelles de la Poussière Rouge de Qiu Xialong et Visitation Street d’Ivy Pochoda. Elle rejoint le comité anglais de la maison Antoine Vitez en 2010 et traduit Punk Rock de Simon Stephens en collaboration avec Dominique Hollier et Sa Charge féroce, fatale, brutale de Lizzy Duffy Adams. Elle travaille actuellement sur la traduction de Mother of Him d’Evan Placey.

ANNE COUREL / METTEURE EN SCENE Anne Courel crée la Compagnie Ariadne à Lyon il y a plus de 20 ans pour défendre le théâtre contemporain et travailler en lien étroit avec des auteurs.

De 1993 à 2003 la compagnie a développé lors de sa résidence au Théâtre de Bourg-en-Bresse des actions autour des écritures contemporaines dans l’Ain jusqu’à la création en 1998 de la Maison du Théâtre à Jasseron qui initie des actions et anime une théâtrothèque.

De 2005 à 2010, durant sa résidence à Bourgoin-Jallieu (Isère) au Théâtre Jean Vilar, la compagnie a créé et entretenu des liens permanents entre les artistes et les populations du territoire.

Elle a animé, de 2010 à 2014, sur le territoire de Saint-Priest, la « Fabrique de Théâtre », un vaste projet de sensibilisation aux écritures contemporaines (de l’écriture à la scène), ouvert à tous.

Depuis la commande d’écriture à Sylvain Levey et la création d’Alice pour le moment, la compagnie développe un travail autour de l’axe « théâtre et adolescents ». Elle a mis en place avec l’association Postures ROULEZ JEUNESSE - Réseau Théâtre/ ados. Elle participe ou initie de nombreux projets qui mettent en lien direct des auteurs et des jeunes dont "laclasse.com théâtre" et sur 2016/2O17, un laboratoire de recherche et création, en coopération avec le Théâtre le Clou (Québec) et Emile Lansman (Belgique) : Le Lab’Ados.

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ACTIVITES PREPARATOIRES

À LA DECOUVERTE DU TEXTE Personnages

FILLES (jusqu’à 19. Répliques à répartir librement)

FILLE EN ROBE DES ANNÉES 20

FILLE AU CASQUE ET LUNETTES D’AVIATEUR

FILLE AUX FLEURS DANS LES CHEVEUX

FILLE AUX ÉPAULETTES

SCARLETT

Note sur les didascalies et la ponctuation

Changement : changement d’époque. Ils doivent être rapides. Marqués par un effet de lumière, un son, un déplacement d’acteurs, toutes ces solutions à la fois ou bien aucune.

…: pensée inachevée / manque de mot/ hésitation. Il ne s’agit pas d’une interruption.

− : phrase coupée, parfois par une nouvelle pensée qui interrompt la première. Ce ne sont ni des pauses, ni des temps.

En l’absence de ponctuation, les répliques s’enchaînent.

Il arrive alors qu’on est en cours d’histoire.

La prof n’arrête pas de parler, elle écrit des mots-clés au tableau et à chaque fois qu’elle lève le bras, on voit genre sa peau flasque s’agiter à travers la manche de sa chemise. Il faudrait lui dire que c’est illégal, les gens de plus de cinquante ans n’ont pas le droit de porter des chemises à manches courtes. Peut-être que je lui écrirai un mot. Anonyme bien sûr. Mais pour lui rendre service.

J’envoie un texto à un garçon. Il n’y a pas de garçon en histoire.

Le lycée est mixte, alors on croise des espèces mâles dans les couloirs t’sais, histoire qu’on

devienne pas toutes lesbiennes, mais sinon, on est toujours entre filles. Mais il y a d’autres filles. Trois écoles viennent remplir les bancs de Sainte Marguerite. Et c’est sympa, je veux dire, vraiment sympa d’être avec toutes mes copines d’école. Les filles de Saine Hélène.

Les filles de Saint Hélène. Ou les filles de Satanas, comme disent parfois les autres. Pour rire, t’sais.

C’est sympa d’être avec des filles qui me connaissent vraiment, qui se rappellent le primaire, le jour où j’ai gagné un concours de chant grâce à mon interprétation de Since U Been Gone de Kelly Clarkson.

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C’est sympa d’être avec des filles qui se souviennent de notre voyage de classe, quand le car est tombé en panne et qu’on a fait une soirée pyjama dedans.

Des filles qui se rappellent que j’ai gagné le relais en natation

Des filles qui se rappellent la crise de nerfs de la prof de musique

Des filles qui se rappellent la fois où j’ai tellement ri que j’ai fait pipi dans ma culotte

Des filles qui se rappellent qu’un jour j’ai eu mes règles sur un banc de la cantine et que je voulais plus me lever

Des filles qui se rappellent que ma mère a couché avec le prof de maths

Des filles qui se rappellent que j’étais la seule de la classe à ne pas être invitée à la fête de fin d’année.

Des filles qui se rappellent qu’à la pièce de l’école, j’ai raté mon entrée parce que j’étais aux toilettes.

Des filles qui se rappellent qu’une fois, j’ai dû aller à l’hôpital parce que j’avais mis mon tampon à l’envers.

Des filles qui se rappellent que j’ai demandé à l’infirmière Nancy si le clitoris était une sorte de dinosaure.

Des filles qui n’oublient jamais.

(Temps.)

Quand il arrive, nous, les filles, on est en cours d’histoire en train de pas écouter Mcmuffin déblatérer des trucs sur le vote, les femmes qui souffrent en jet ou je sais pas quoi.

Bzz

Clic

Pop

Flash

Un texto

Un mail

Un message

Un tweet

Et les écrans des téléphones illuminent la classe

C’est pas comme si j’étais la seule à regarder

Tout le monde l’a eu, pas que moi, alors c’est pas comme si

C’est pour ça que, quand je le, enfin de toute façon ça aurait rien changé.

Une photo de Scarlett. Toute nue.

(Temps.)

Bzz

Clic

Pop

Flash

Oh putain

Quelle grosse pute

Quelle grosse pétasse

Quand les poules commencent à se battre, quand elles sont vraiment à fond, elles peuvent aller jusqu’au sang et c’est là qu’il faut faire vraiment attention. Parce que si elles voient du sang, les autres poules, elles se transforment en meurtrières. Elles se mettent à donner des coups de bec pour faire couler plus de sang, encore et encore. On est obligé de les asperger de spray antiseptique violet pour qu’elles ne voient pas le rouge du sang, sinon elles tueront la poule à coups de bec. Je ne sais pas pourquoi. Mais je crois que c’est parce qu’une poule vulnérable met tout le troupeau en danger. Un truc dans le genre.

Et c’est marrant

Et c’est assez sexy

Et c’est moche

Alors je fais

Alors je fais

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Alors je fais

EFFACER.

(Temps.)

Et c’est fini.

(Temps.)

Sauf que non.

Parce que quelqu’un d’autre le fera

Quelqu’un d’autre le fera de toute façon, c’est sûr

Alors je fais

Transférer

Tweet

Poke

Envoyer

Transférer

Tweet

Poke

Envoyer

Bzz

Clic

Pop

Flash.

Et c’est pas comme si…

Ce n’est pas moi qui ai envoyé la photo au départ

Si on prend une photo et que personne ne la voit, est-ce qu’elle a vraiment été prise ? Je veux dire, c’est pas Platon ou je sais pas qui qui a dit ça ?

Et il paraît que le réseau de l’école est tellement surchargé qu’il tombe en panne.

C’est une rumeur débile puisque personne n’a le droit d’utiliser le réseau de l’école sur les portables et que tout le monde se sert de la 3G.

Ce qui est sûr, c’est qu’en trois minutes, pendant que la prof parle d’une femme qui s’est enchaînée au parlement − un truc bizarre genre les cinquante nuances − toute l’école a récupéré la photo.

« Scarlett a disparu. Elle a disparu depuis vingt-quatre heures. On le sait parce qu’un policier vient en classe nous l’annoncer.

Il veut savoir si quelqu’un a eu de ses nouvelles.

Elle n’est plus ici, intervient une fille, peut-être moi, pour aider.

Il le sait, mais il pensait que certaines d’entre nous étaient peut-être restées en contact avec elle.

Après tout, c’était une fille de Sainte Hélène.

Après tout, les filles de Sainte Hélène sont amies pour la vie.

Il pense qu’elle va peut-être essayer de se suicider, si ce n’est pas déjà fait. Il ne le dit pas de façon aussi claire.

Il ne dit pas ça du tout.

Mais on le sait. On est des filles intelligentes.

Il ne dit pas non plus que le lundi, après qu’on l’a croisée au MacDo, toute sa nouvelle école avait vu la photo. Mais on le sait aussi. On va sur Twitter. »

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EXTRAIT D’UNE INTERVIEW D’EVAN PLACEY Pourquoi vous avez voulu écrire cette pièce ?

En premier lieu, c’était la technologie qui m’intéressait parce que quand j’étais au collège, ce qui était il y a longtemps, j’ai 30 ans, il n’y en avait pas. On n’avait pas de téléphones portables à l’école, il n’y avait pas de téléphones portables qui prenaient des photos. C’est différent désormais avec les formes d’intimidation induites par les nouvelles technologies, l’instantanéité de l’information.

J’étais aussi très intéressé par le féminisme et pourquoi je trouvais que beaucoup de jeunes femmes avaient le sentiment que l’égalité était atteinte et qu’il n’y avait plus rien à faire. […]

Je me suis intéressé à explorer la question de savoir pourquoi les jeunes femmes ont commencé à opprimer d’autres femmes avec les mêmes moyens qu’utilisent les hommes pour opprimer les femmes.

Pourriez-vous nous dire sur le processus d'écriture de la pièce?

C’était une commande. J’ai commencé mon processus d'écriture par un travail avec trois groupes. Je ne savais pas ce que je voulais écrire, alors je suis venu avec des journaux. Nous avons joué à différents jeux pour déclencher une conversation.

C’était à l'époque où il y avait les photos de Kate Middleton seins nus en France et peu de temps avant on avait vu le prince Harry faire la fête à Las Vegas. Nous avons parlé de pourquoi tout le monde percevait Harry et Kate différemment. Nous avons commencé à parler de genre et de féminisme. La plupart des jeunes ne savait pas ce qu’était le féminisme.

L’HISTOIRE D’AMANDA TODD Canada : le suicide d'une ado harcelée bouleverse le pays

Le Parisien | 14 Oct. 2012, 12h08

Sa souffrance provoque une onde de choc au Canada. Amanda Todd, une jeune fille de 15 ans qui avait raconté son mal-être dans une vidéo postée sur Youtube en septembre, a été retrouvée morte mercredi dans la maison familiale de Coquitlam, près de Vancouver. Lundi, les habitants de la province de la Colombie-Britannique qui souhaitent rendre hommage à la mémoire de la jeune fille sont appelés à porter du bleu ou du rose, selon le message posté sur sa page Facebook, qui compte déjà plusieurs dizaines de milliers de messages de soutien.

Depuis des mois, Amanda se disait harcelée, à l'école et sur internet. Aujourd'hui, sa mort provoque une vague d'indignation dans la société canadienne et déclenche un débat national sur le harcèlement. Dans sa longue vidéo mise en ligne en septembre, Amanda raconte toute son histoire

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à l'aide de petits papiers blancs, sans parler. Face caméra, elle dit le terrible enchaînement qui l'a conduit vers la dépression, l'addiction à l'alcool et à la drogue.

C'est à douze ans que sa vie se transforme en cauchemar, lorsqu'elle rencontre un homme par webcam interposée. Ce dernier insiste pour qu'elle lui montre ses seins, elle accepte. S'en suit un chantage, puis la diffusion de ces photos compromettantes. L'homme n'a pour l'instant pas été identifié mais le mal est fait : Amanda perd ses amis, et sa réputation. Elle change d'école à plusieurs reprises mais le harceleur s'acharne. À chaque fois, il s'arrange pour la retrouver et diffuser les clichés à ses nouveaux amis, auprès de ses professeurs.

Dans un énième établissement, elle s'intéresse à un garçon déjà engagé dans une autre relation. Elle est de nouveau mise à l'écart, avant d'être agressée par la petite amie bafouée accompagnée de sa bande de copines. La jeune fille est cernée.

Intimidation, «cyber-harcèlement», solitude, Amanda ne sort plus de chez elle, se taillade les avant-bras et fait même deux tentatives de suicide. Dans la vidéo qu'elle diffuse, elle dit «se battre pour rester dans ce monde» et assure qu'elle «n'a personne et besoin de quelqu'un». Devant la caméra, comme un appel à l'aide, elle conclut avec un dernier mot : «Mon nom est Amanda Todd.»

Sa mère, qui refusait jusque-là de s'exprimer, a décidé de parler de sa fille au Vancouver Sun parce qu'Amanda «aurait aimé qu'on évoque son histoire pour sauver d'autres filles. L'un de ses objectifs était que son message soit utile». Avant de mourir, sa fille lui a également laissé un message vidéo qu'elle n'a pas encore eu le courage de regarder. En attendant, elle a lancé une grande collecte dont les fonds seront destinés à aider les jeunes en difficulté.

Source : http://www.leparisien.fr/societe/canada-le-suicide-d-une-ado-harcelee-bouleverse-le-pays-14-10-2012-2231737.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr

APRES LA REPRESENTATION, POUR ALLER PLUS LOIN

NOUVELLES TECHNOLOGIES ET ADOLESCENTS L’institut Ipsos a réalisé une étude pour mieux cerner l’usage des nouvelles technologies par les jeunes de moins de 19 ans. Le constat est sans appel : l’hyper-connexion des jeunes s’intensifie.

Les adolescents (13-19 ans) passent en moyenne 13h30 par semaine sur Internet en 2015, contre 12h20 en 2012. Cette augmentation est également décelée chez les plus jeunes : 5h30 pour les 7-12 ans contre 4h50 en 2012, et même 3h40 contre 2h10 en 2012 pour les enfants de 1 à 6 ans.

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Les 13-19 ans sur les réseaux sociaux

Ipsos livre également quelques statistiques liées aux pratiques des ados sur les réseaux sociaux. Le podium est composé de Facebook (78% des adolescents sont inscrits), Twitter (25%) et Instagram (14%). La proportion de jeunes inscrits sur Facebook est en baisse depuis 2013 (85%, 79%, 78%), alors que Twitter et Instagram progressent (8%, 22% et 25% pour Twitter ; 7% et 14% pour Instagram).

Les messageries instantanées ont également la cote. 42% se rendent régulièrement sur Facebook Messenger, 26% sur Skype, 23% sur Snapchat et 6% sur WhatsApp.

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LE CYBER HARCELEMENT

Le Monde.fr | 05.02.2014 à 13h52 | Par Laurine Escolano (Lycéenne)

Cyber harcèlement, un mot barbare encore trop inconnu. Ce mot désigne le harcèlement sur internet qui devient de plus en plus fréquent. Ce phénomène touche les adolescents âgés entre 13 et 16 ans car ce sont eux qui sont le plus présent sur la toile, internet est leur univers, 40% d'entre eux se disent avoir été victime un jour de cyber harcèlement. Depuis la création des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, il est très facile pour les jeunes de se faire des amis et de dévoiler leur vie privée. Ces sites sont des livres ouverts sur lesquels il n'y a aucune difficulté à se procurer des informations personnelles. Les adolescents n'ont pas forcément conscience de l'ampleur que cela peut prendre, ce qu'ils publient peut être mal interprété et se retourner contre eux. Les filles sont les plus touchées par cette nouvelle forme de harcèlement (environ trois fois plus que les garçons).

Tout peut commencer par une rencontre, une jeune fille fait la connaissance d'un garçon auquel elle s'attache très vite et n'hésite pas à lui dévoiler des choses sur elle et à lui envoyer des photos. Ce garçon la tient dans son filet et ne tardera pas à publier ses informations sur un réseau social, il ira même jusqu'à inventer des rumeurs qui vont très vite être découvertes par tout le monde. C'est ce qui est arrivé à Amanda Todd en 2012, une jeune Canadienne de 15 ans qui s'est donné la mort suite à un homme qui la harcelait depuis des années. Elle publie une vidéo sur Youtube où elle lance un véritable appel au secours qui suscitera par la suite de nombreuses réactions. L'histoire de la jeune fille fait beaucoup parler et depuis, de nombreuses pages Facebook ont été créées dans le but de lutter contre le cyber harcèlement.

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Bien évidemment, le harcèlement existe depuis longtemps, bien avant la création des réseaux sociaux, une dispute à l'école se terminait dans la cour, maintenant cela se poursuit sur internet, l'enfant n'a plus aucun moment de répit. Son espace de vie est violé et le fait de ne pas savoir qui se cache derrière des menaces et des insultes ne fait qu'accentuer son angoisse.

Il est très difficile d'identifier les harceleurs, internet est un outil qui permet de tout partager et surtout d'être vu par tout le monde, il y a juste à cliquer sur un bouton pour que toute l'école soit au courant. Il suffit qu'une rumeur soit lancée pour que l'adolescent chute dans une véritable descente aux enfers. Cela se traduit par des crises de paniques, d'anxiété, de la dépression... Les insultes et les menaces deviennent le quotidien du jeune. Souvent ces derniers s'enferment dans la solitude, ils se retrouvent seuls, ils ont honte. Les campagnes contre le harcèlement incitent les adolescents à se confier à leur entourage afin de de trouver des solutions. Les harceleurs se cachent pour la plupart du temps derrière des pseudonymes, ce qui rend quasi impossible de les démasquer. Aux États-Unis, Megan Meier fait la connaissance d'un jeune homme qui la drague sur internet et avec qui elle sympathise.

Plus tard, ce dernier publie des messages sur elle en disant que la jeune fille était « méchante » et qu'elle « méritait de crever ». Ces bulletins sont partagés avec d'autres internautes. Elle est retrouvée quelques minutes plus tard pendue dans sa chambre, c'était le 15 octobre 2006. Depuis ce drame et grâce à la fondation créée par la mère de Megan, 34 états aux États Unis ont voté une loi qui punit les cybers harceleurs.

Un enfant victime de harcèlement doit être aidé. Même si il ne le montre pas, son comportement peut vous aider à identifier son trouble. Il est souvent seul, il ne parle pas, ne s'alimente plus, ses résultats scolaires sont en baisse, il est fatigué, se fait du mal. En tant que parents, il existe des gestes simples qui peuvent résoudre le problème. Briser le silence est déjà un premier pas.

Vincent Peillon a présenté un plan d'action en novembre dernier pour agir contre le harcèlement, des petites animations sont mises en ligne pour sensibiliser les écoliers ainsi qu'un plan de formation pour les enseignants et les parents afin de prodiguer des conseils et pouvoir agir. De plus, des guides pratiques ont été établis pour que les membres de l'équipe enseignante puissent informer et aider les élèves atteints de harcèlement.

Depuis quelque temps le ministère de l'Éducation nationale a aussi signé une convention avec l'association e-enfance afin de prévenir et de traiter le cyber harcèlement. Cette association prend en charge la victime et ses parents et fait tout pour stopper les cyber harceleurs ( supprimer une photo, une publication, fermer un compte etc...). Elle intervient aussi dans les écoles pour expliquer aux chefs d'établissements ce qu'il est possible de faire pour aider le jeune à s'en sortir.

Il n'existe pas une loi à proprement parler contre le cyber harcèlement mais les auteurs des faits sont susceptibles d'être punis par les fondements du droit civil, du droit de la presse ou du code pénal.

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Cependant, il faudrait mettre en place une cellule d'écoute dans les établissements scolaires, car les élèves n'ont pas le réflexe d'aller en parler à leur professeur et faire en sorte que les réseaux sociaux n'acceptent plus les images ou les propos à caractère choquant. L'État devrait financer d'avantage des intervenants, des psychologues ou autres professionnels afin d'organiser des conférences pour sensibiliser les jeunes au harcèlement mais aussi à l'utilisation d'internet pour pouvoir se protéger.

Laurine Escolano (Lycéenne)

Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/02/05/le-cyber-harcelement-est-un-delit_4360629_3232.html#u3C66lkZ5GqaiThc.99

PRINCIPALES DATES DE L'EMANCIPATION DES FEMMES 1791 : Premières femmes féministes. Olympe de Gouges réclame l'égalité politique entre hommes et femmes dans sa "Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne" qui stipule dans son article 1: "La femme nait libre et égale à l'homme en droits". Elle est guillotinée deux ans plus tard.

1861 : Julie-Victoire Daubié est la première bachelière française.

1874 : Joséphine Andrée, syndicaliste, fonde le Syndicat féminin de la couture, premier syndicat féminin.

1875 : Madeleine Brès est la première femme à obtenir le diplôme de docteur en médecine.

1880 : La Sorbonne s'ouvre aux jeunes filles. La loi Sée institue un enseignement secondaire féminin d'Etat.

1900 : Les femmes peuvent plaider comme avocates.

1903 : Marie Curie reçoit le prix Nobel de physique pour la découverte de la radioactivité. C'est le premier prix Nobel décerné à une femme, alors que le prix a été créé trois ans plus tôt.

1908 : Première action des suffragettes (inspirée par le mouvement britannique) lors des élections municipales. Le chemin sera long...

1909 : Création du congé maternité (8 semaines), mais il n'est pas rémunéré. Le port du pantalon cesse d'être un délit pour une femme quand elle tient un guidon de vélo ou les rênes d'un cheval.

1920 : Les femmes mariées peuvent désormais adhérer à un syndicat sans l'autorisation de leur mari.

1938 : L'article 213 du Code civil de 1804 est réformé et supprime l'incapacité juridique des femmes. Elles ne doivent plus obéissance à leur époux.

1943 : France Libre - Marthe Simard et Lucie Aubrac sont nommées membres de l'Assemblée consultative provisoire. C'est la première fois qu'une femme siège dans une assemblée parlementaire française.

1944 : L'ordonnance du 21 avril accorde le droit de vote aux femmes françaises, qu'elles exerceront pour la première fois le 20 avril 1945.

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1947 : Germaine Poinso-Chapuis (MRP) devient la première femme nommée ministre de plein exercice (ministre de la Santé publique et de la Famille).

1971 : Des femmes défilent pour la première fois lors du défilé militaire du 14 Juillet.

1974 : Le 20 décembre, après de très houleux débats, vote par l'Assemblée nationale de la loi Veil sur l'IVG par 277 voix contre 192.

1989 : La socialiste Catherine Trautmann devient la première femme maire d'une ville de plus de 100.000 habitants. Il s'agit de Strasbourg.

1991 : La socialiste Edith Cresson devient la première et unique femme à ce jour nommée Premier ministre.

1999 : La Constitution intègre le principe de parité, qui permet une loi sur l'égal accès aux fonctions politiques l'année suivante.

2005 : Laurence Parisot devient la première femme à prendre la tête du patronat français: le Medef.

Source : http://www.challenges.fr/monde/20100305.CHA7552/les-principales-dates-de-l-emancipation-des-femmes.html

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AU MEME MOMENT DANS LA GALERIE DU GRANIT

CE MATIN, LE SOLEIL NE S’EST PAS LEVÉ

Ed Atkins, Eric Baudelaire, Pierre Belouin, Samuel Buckman, Cyprien Gaillard, Agnès Geoffray, John Giorno, Nan Goldin, Laura Haby, Patrick de Keyser, Nino Laisné, Edouard Levé, Claude Lévêque, Steven Parrino, Eric Pougeau, Julien Prévieux, Francis Raynaud, Ugo Rondinone, Anri Sala, Richard Serra, Pierrick Sorin, Anthony Verot, Sam Taylor Wood… Sélection en cours

Du 14 janvier au 21 mars 2017 et jusqu’au 5 juin pour les Musées de Belfort / Vernissage le 14 janvier à partir de 17h au Granit, 18h30 à la Citadelle

Cette exposition est une tentative pour comprendre une certaine trajectoire de l'art contemporain, qui a mis en avant-garde de l'esthétique ce qui doit bien être appelé une série d’actes dépressifs. Actes qui expriment les états de dépression, l'ennui qui l’englobe, l’immobilité, les ruptures communicationnelles, la perte de plaisir, le retrait de la capacité à se souvenir, à se projeter, à rêver, le désir et les fantasmes. Ces traits définissent non seulement les sujets (personnages, individus, artistes, interprètes ou performers) mis en scène dans l'œuvre d’art, mais ils sont également perceptibles dans la structure formelle de l'œuvre - dans le ralentissement, dans l'immobilité, l'opacité et la répétition de l'image, par lesquels une perte du sens du temps et du rapport aux autres englobent la relation entre le spectateur et l’œuvre. Ces actes représentent aussi bien le sujet de l’œuvre qu’ils anticipent la présence d’un spectateur dont la mémoire, l’attention de perception et les facultés relationnelles seraient possiblement et considérablement dévitalisées.

Maladie du monde moderne, la dépression est une condition de l’être contemporain inscrite dans son « moi » le plus profond. La dépression répond ainsi aux besoins de santé, de vitesse, d’ultra connexion, de chance, de beauté, qui sont le lot quotidien de l’individu contemporain, par le dégout de soi, le néant des émotions, le vide psychologique…

La dépression est aujourd’hui la maladie égalitariste par excellence, elle touche tout le monde et à tout âge, toute classes sociales confondues. Le dépressif pourrait bien être la figure type de ce début de siècle croulant sous une société ultra connectée mais plus que jamais individualiste et en plein marasme de la récession. La dépression répondrait ainsi en miroir au « mal du siècle » de la société des Lumières : « L’absence de plaisir du héros stendhalien remplacée, en quelque sorte, par l’absence de sensations de l’antihéros sous Prozac »

Sujet peu abordé - voire tabou - dans l’histoire de l’art (au dépit de sa grande sœur la mélancolie, plus noble et rattachée elle à la période d’or du Romantisme), la dépression alimente et traverse pourtant la création contemporaine dans des registres très divers. Paradigme de l’homme contemporain, elle est un moteur de la créativité des artistes, une catharsis, un exutoire ou un déclencheur de son meilleur compagnon, le mauvais esprit.

Visitez l’exposition avec vos classes. Contact : Pierre Soignon [email protected] / 03 84 58 67 55