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Ces juifs dont l'Amérique ne voulait pas. 1945-1950 by Françoise OuzanReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 98 (Apr. - Jun., 1997), pp. 98-99Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122663 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Tigourarin et Tamantit, mais il tente de mieux analyser leur place r6elle au sein de leur espace d'l61ection. L'6rudition de l'auteur, originaire lui-m~me de B6char, le pousse g vouloir comm6morer par cet ouvrage le 500e anniver- saire de la destruction de la communaut6 du Touat.

Les origines des migrations des juifs nous fournissent un bon 6chantillon de la d6marche trbs personnelle de J.O. Contre une approche historiographique qui se pr6tend fort indiment scientifique, il puise sans scrupules excessifs chez les auteurs du d6but du sibcle. Ce sont R. Mauny, M. Mibses, P. Monceaux, J. Gatte- foss6, N. Slouschz, E.F. Gautier, A.G.P. Mar- tin, G. Margais, F.C. de la Chappelle qui lui inspirent une relecture de l'histoire ancienne des juifs en Afrique du Nord, envisag6e ici comme une grande tradition de l'historiogra- phie B laquelle il redonne cours. Ce sont les z6ndtes d'ob6dience jud6o-kharijite qui ont ac- climat6 le palmier et le dromadaire en Afrique du Nord. M~me s'il n'est pas possible de r&- pondre avec certitude, leurs territoires coinci- dent avec les r6gions dactyfbres de Ghadambs jusqu'au Sous Al Aqsa. Il est 6galement pos- sible de mettre at leur cr6dit l'introduction du dromadaire puisqu'ils sont les seuls 9 avoir v6- ritablement chang6 la vie i partir du Ve sidcle.

Mais l'originalit6 de J.O. consiste i corriger les abus dans lesquels E.F. Gautier s'est laiss6 aller tout en insistant sur la solidit6 d'un sys- time oii tout concourt a l'atomisation - dis- persion et 6clatement - des unit6s juives du Touat, Tigourarin et Tamantit i partir du XIVe sidcle. On retrouve constamment dans le texte cette double dimension - critique et his- toriographique - pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur n'est certes pas dans le pre- mier chapitre, mais dans le second traitant de l'age d'or du Touat. Il y a bien du plaisir i

suivre le systhme d'irrigation original des fog- garat. La ville et le royaume de Sijilmassa comme la ville et le royaume de Tlemcen nous incitent a mieux analyser la dynamique des pistes transsahariennes et I'essor de la r6gion touatienne. L'A. nous dit de prendre son texte comme un tout et, par cons6quent, les critiques qu'on peut lui adresser ne touchent qu'au d6- tail d'une analyse foisonnante. Il d6crit le commerce de l'or, celui du cuivre, du sel, des esclaves ainsi que les relations des pays du Maghreb avec l'Europe et la place des juifs dans le courant d'6changes transm6diterra- n6ens.

Ce livre rassemble ensuite dans un troisibme chapitre des textes r6dig6s au XIVe sidcle qu'il nomme t6moignages et r6cits (pp. 71-100). L'h6t6rog6nait6 certaine qui en r6sulte n'est en

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rien dommageable i l'ouvrage, ne serait-ce que parce qu'elle interdit de l'envisager comme une 6tude d'61aboration th6orique structur6e. Au contraire, on est tent6 d'y suivre l'6volu- tion et la mont6e des pdrils qui conduisent l'A. B l'analyse des cons6quences n6fastes d'immi- grations incontr6lables, le statut des dhimmis, Al Meghili, et l'affaire des synagogues du Touat. Aprbs ces 6v6nements, le cinquibme chapitre s'ouvre sur le sort des juifs touatiens aprbs 1492. Le devoir d'objectivit6 dont se r6- clame l'A. ne va pas jusqu'a le d6tourner de certains amalgames face i ceux qui amplifient par de longues pr6faces l'apport du g6nocide. La plupart des donn6es historiographiques de premibre main ne peuvent s'imposer que comme pibces B conviction. Heureusement, le sixibme chapitre intitul6 onomastique, 6pigra- phie et toponymie, atteste l'int6r&t de cette pas- sionnante 6tude et r6vble non pas un polissage douteux du donn6 mais bien l'acceptation r6- sign6e de l'histoire.

Mustapha Naimi.

Ces juifs dont 1'Ambrique ne voulait pas. 1945-1950. Paris, Complexe, 1996, 186 p.

98.60 OUZAN (Frangoise).

(pr6face Andr6 Kaspi) (chrono., carte, bibliog., index) (coll. << Questions au XXe sitcle >>).

En 1945, t la Lib6ration, 16 t 20 millions de personnes ont 6t6 d6plac6es de leur lieu d'origine. Elles relivent de cat6gories diverses: populations transf6r6es du fait des bouleverse- ments de frontibres, civils ayant fui les th6atres des combats, Baltes fuyant le communisme aprbs la victoire des Alli6s, Volksdeutsche ou << Allemands ethniques >>, d6port6s des camps, raciaux ou opposants au nazisme, etc. On les appelle les << personnes d6plac6es >> ou DP (Dis- placed Persons). Des juifs, rescap6s du g6no- cide, figurent parmi eux. Pour l'immense majorit6 de ces derniers, il n'est pas question de rapatriement dans leurs pays d'origine. L'Europe, en particulier l'Europe centrale ne veut plus d'eux, comme en t6moignent les po- groms survenus en Pologne aprbs la guerre, no- tamment celui de Kielce en 1946 au cours duquel 41 rescap6s juifs revenus dans leur ville sont massacr6s et 75 autres bless6s.

Aprbs la Lib6ration par les troupes allides, la seconde lib6ration qu'ils appellent de leurs voeux et pour laquelle ils devront encore atten- dre est l'6migration, 6migration vers la Pales- tine oti beaucoup d'entre eux se rendront malgr6 le blocus anglais (les deux tiers selon l'auteur), mais aussi 6migration vers les Etats-

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Unis oi beaucoup d'autres espbrent refaire leur vie.

L'Amdrique pourtant n'est pas dispos6e i

accueillir ces hommes, femmes et enfants qui ont d6sappris a vivre dans des conditions nor- males et qui portent les s6quelles physiques et psychologiques des 6preuves qu'ils ont endu- r6es. Cinq longues ann6es s'6couleront avant qu'elle ne leur ouvre enfin ses portes. Cinq an- n6es pendant lesquelles les camps de DP d'Al- lemagne oi les ex-d6port6s seront tenus enferm6s derriere des barbel6s sous la garde des GI's amdricains, prendront le relais des camps nazis et prolongeront de fagon insoute- nable leur calvaire.

Cet ouvrage, court, clair, document6, d6crit - avec maladresse parfois et quelques redites, mais toujours avec coeur et passion -, ce se- cond calvaire d'aprbs le pire: les conditions d'internement, le rationnement, les conditions sanitaires d6plorables, la promiscuit6 avec les bourreaux d'hier qui, pour 6chapper aux pour- suites, se cachent parmi leurs anciennes vic- times, l'humiliation des sdlections, la rage de l'impuissance, I'apathie face au non-sens de la vie retrouv6e, l'incertitude de l'attente et l'es- poir trop souvent d69u.

Il d6crit aussi les controverses et les d6bats houleux que le sort des DP a d6clench6s aux Etats-Unis m~mes. Face i une opinion publi- que hostile d'abord, puis peu t peu capable de compassion au fur et i mesure qu'elle en sait plus, divis6e entre ceux qui, d'un c6t6, pensent i 1'Amdrique d'abord, i une Amdrique pour les

Am6ricains, propre et sans 6trangers (un petit air connu !) et qui voient dans les juifs euro- pdens de dangereux dlments de subversion communiste, et ceux qui, de l'autre, souhaitent donner tout son sens i ce symbole fort de l'Am6rique : cette Libert6 g6ndreuse qui 6claire le monde aux avant-postes d'une Am6- rique exemplaire et accueillante. La politique que Truman met en ceuvre dans un premier temps, lorsqu'il arrive au pouvoir en 1945, est un compromis entre la politique des quotas de 1924 et les exigences humanitaires n6es des circonstances exceptionnelles de l'aprbs-guerre et de la trag6die des DP. Le pr6sident doit en effet m6nager un Congrbs inflexible a majorit6 rdpublicaine, favorable i un retour a l'isola- tionnisme. Cinq ann6es seront n6cessaires pour que la loi du 25 juin 1948, connue sous le nom de Displaced Persons Act, qui privil6gie les autres cat6gories de DP (Baltes, Allemands ethniques paysans) aux d6pens des juifs, soit remplac6e en 1950 par une loi non restrictive qui ouvre les portes de l'Amdrique 415744 DP. En d6finitive, 140000 survivants

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

juifs immigreront en Amdrique au cours de aprbs-guerre.

R6gine Azria.

Law and Morality in Ancient China. The Silk Manuscripts of Huang Lao. Albany

98.61 PEERENBOOM (Randall P.).

(N.Y.), State University of New York Press, 1993, xvi + 380 p. (bibliogr., index caract. chi- nois dans le texte) (coll. << SUNY Series in Chi- nese Philosophy and Culture>>).

Pour les sp6cialistes de l'antiquit6 chinoise et du taoisme primitif, les trouvailles parmi les plus fabuleuses faites en ce paradis des arch6o- logues qu'est la terre chinoise ont 6t6 r6alis6es, en 1972-1973, dans trois s6pultures du IIe sit- cle avant notre bre, au lieu-dit Mawangdui, pris de Changsha, la capitale de l'actuel Hunan et du royaume antique de Chu. La tombe no 3 enfermait, entre autres, les deux versions les plus anciennes du Laozi (Lao-tseu), I'ouvrage fondateur du taoi'sme, et un manuscrit sur qua- tre rouleaux de soie exposant les vues d'une 6cole philosophique dite de Huang-Lao, dont on ne savait pratiquement rien jusqu'alors. C'est i ce texte du Huang-Lao qu'est consacr6 le pr6sent ouvrage. Les cent premieres pages font I'analyse de ses 616ments constitutifs et leur synthbse. Les termes fondamentaux sont expos6s un par un dans leur contexte (avec ca- ractbres chinois i l'appui), selon une m6thode exemplaire. La philosophie qui en 6mane est caract6ris6e par l'auteur en deux aspects essen- tiels : 1) un << fundational naturalism >> - natu- ralisme en ce que l'&tre humain est une partie de l'ordre naturel cosmique, envisag6 comme un systbme holistique, et << fundational >> en ce que cet ordre naturel sert de fondation pour la construction de l'etre humain; 2) une loi na- turelle objective, pr6d6termin6e par l'ordre cosmique et destinde t gouverner la soci6t6 hu- maine. L'<<Empereur Jaune >>, Huangdi (d'oii vient la premiere partie du nom de l'6cole, le second terme 6tant le Lao de Laozi) est le sym- bole du souverain id6al, lequel maintient un rd- gime bureaucratique centralis6, unifi6 par la force militaire.

Les cent pages suivantes, hautement philo- sophiques, ont pour objet de d6montrer, par l'analyse comparative des autres systhmes de l'antiquit6 chinoise, l'unicit6 des 616ments transcendants apport6s par le Huang-Lao et la capacit6 de celui-ci i fournir le maillon man- quant dans l'histoire des d6buts de la pens6e chinoise. Viennent ensuite, en une cinquantaine de pages, un historique du destin de l'6cole du Huang-Lao qui, pers6cut6e vers l'an 140 avant

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