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7/25/2019 CG28-9-Dagnac
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Cahiers de Grammaire 28 (2003), Morphologie et Lexique , pp. 163-182
Les verbes dnominaux en franaisdAfrique : rles thmatiques
et grilles argumentales
Anne Dagnac*
Cet article est la premire tape dune analyse des verbes dnominaux issus
dun inventaire dafricanismes lexicaux (IFA). Il montre comment les
rgularits smantiques et syntaxiques du corpus peuvent (partiellement) tre
expliques par deux modles morphologiques, ceux de Di Sciullo et Williams
(1997) et Hale et Keyser (1993 et 1997), et fait tat des difficults empiriques
et thoriques rencontres.
This article is the first stage of a study of denominal verbs, drawn from a
dictionary of African varieties of French. It shows how the semantic and
syntactic patterns displayed by the corpus can be (partly) accounted for by
two morphological models, those of Di Sciullo & Williams (1997) and Hale
& Keyser (1993 and 1997), and points to the empirical and theoretical
problems revealed by the data.
* Universit de Toulouse-Le Mirail et ERSS, UMR 5610, CNRS.
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Cette tude1 est une toute premire approche de nologismes dnominaux
recenss par lIFA (1988) pour un ou plusieurs pays dAfrique
subsaharienne. Il sagit dafricanismes stabiliss, qui nincluent donc pas de
crations spontanes. Notre corpus comprend des verbes base nominale
dcrivant des procs pour lesquels la base semble correspondre un des
participants smantiques. Il sagit essentiellement de verbes du premier
groupe, obtenus par conversion ou suffixation2. Nous voulons montrer quil
existe une rgularit dans les configurations liant leur base et leur
construction syntaxique. Nous verrons successivement comment deux
modles, celui de Di Sciullo et Williams (1987) et celui de Hale et Keyser
(1993 et 1997), permettent den rendre compte, ainsi que les problmes quils
posent.
1. Di Sciullo et Williams (1987) : rles thmatiques1.1. Principes de base
Dans ce cadre, la drivation est un phnomne morphologique, pr-
syntaxique, qui entrane une opration sur les grilles thmatiques de la base et
de laffixe. Pour notre corpus, les affixes ER, IR, -IS(ER) ou -IFI(ER) sontdots dune grille thmatique variable. Aux bases nominales est associ un
rle thmatique R (pour rfrentiel ), qui reprsente leur aptitude rfrer.Lors de la drivation, les rles de laffixe et de la base se combinent, et les
lments rfrentiels peuvent contrler un des rles de laffixe. Cette dernire
opration est note par une co-indiciation des deux rles. Le driv est ainsi
pourvu, en Lexique, dune grille thmatique originale, qui sassocie avec sesarguments en syntaxe.
Cette approche considre les rles thmatiques comme des primitifs
univoques, et lassociation entre rles thmatiques et arguments se fait selon
un principe de hirarchie thmatique : les arguments sont associs aux rles
thmatiques par ordre de prominence (Agent > Exprienceur > Thme >
But/Lieu/Source, par exemple). Le rle le plus prominent est associ
largument externe du verbe, le suivant lobjet direct, etc. Enfin, un mme
rle thmatique ne pouvant tre attribu deux fois, les rles saturs par
contrle lors de la drivation ne peuvent plus ltre en syntaxe, et ne peuvent
donc plus sassocier un argument, ce qui contraint la construction du verbe.
Une telle analyse permet donc en principe de prdire la construction
syntaxique du driv selon les rles thmatiques impliqus par son sens et
celui de la base. On peut classer les verbes de notre corpus selon deux
1 Je tiens remercier Charlotte Essebe, qui ma force trouver le temps de me
pencher sur ces faits, et Hamida Demirdache, pour tout.2 La suffixation en -IS(ER)/ -IFI(ER) apparat ici comme une simple variante
formelle de la conversion, sans implication syntaxique ou smantique. Nous
considrons donc les conversions comme des drivations affixe , les affixes
pleins ntant que la variante marque de dans certains cas.
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critres : leur construction et le rle que lie ventuellement la base. On
obtient ainsi trois groupes de verbes transitifs, selon que la base correspond
linstrument, au thme ou ltat final, et deux groupes de verbes intransitifs,
o la base reprsente tantt le thme, tantt ltat.
1.2. Drivs transitifs
Nous avons regroup ici lensemble des drivs de notre corpus acceptant unargument interne direct. Lorsque lentre est numrote, cela signifie que le
verbe accepte par ailleurs une autre construction. Les drivs transitifs se
rpartissent en trois classes, selon la contribution smantique de la base.
1.2.1. Drivs transitifs sur linstrument
Dans cette catgorie de drivs, assez fournie et homogne, la base indiquelinstrument grce auquel lagent-sujet effectue une action affectant le thme-
COD. On peut rsumer ainsi lopration smantique en jeu dans cette
drivation : N + ERVER: affecter X avec N.Dans le cadre de Di Sciullo et Williams (1987), on peut proposer pour
lensemble de ces verbes lanalyse illustre en (1). Elle indique
sommairement, par ses subdivisions, le type dobjet (anim / non anim) et
comment lobjet est affect (avec ou sans contact, avec ou sans
changement dtat).
1A :TYPEFLCHER QQ
UN
1A.1 : Verbes de contact 1A.2 Verbes directionnels
doigterX
indexer X
torcher X
klaxonner X
montrer X avec le doigt
avec lindex
clairer X avec une torche
appeler X coups de klaxon
1A.3 :Divers
bastonner X
chicotter X
coutonner X
coutoyer X
fourcher X
flcher X
fusiller X
hacher X
lancer X
frapper / blesser
X
avec un bton / une chicotte
/ un couteau / une flche, etc.
balancer Xmaniveller X
peser X avec une balance
dmarrer X avec une manivelle
pilipiler X
confiturer X
assaisonner X avec du pilipili
enduire X avec de la confiture
couder X
manier X
tter X
bousculer X avec le coude
toucher X de la main
frapper X avec la tte ambifier (s) claircir sa peau avec de lambi(produit de beaut)
grigriser X
matabicher X
envoter avec un grigri(s)
corrompre par matabiche
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(1) REPRESENTATION DE LA CLASSE 1A
V(Ag,Th)
N V
flche ER
ambi -IFI ER
( R i) (Ag, Th, Instrumenti)
Laffixe a pour grille thmatique (Agent, Thme, Instrument). Le rle R de labase contrle linstrument. Celui-ci tant satur en morphologie, seuls lagent
et le thme se projettent en syntaxe. Selon le principe de hirarchie
thmatique, le driv est transitif direct : son sujet est associ au rle dagent,
son COD au rle de thme, comme illustr en (2) :
(2) Sosso a flch Sik
Pour sambifier, lanalyse est quasiment la mme, sauf que le rflchi
introduit une opration supplmentaire sur la grille thmatique, liant trs
classiquement lagent et le thme.
1.2.2. Drivs transitifs sur le thme
On peut rpartir les drivs de cette catgorie en deux familles, selon que leprocs peut se gloser comme (3) ou comme (4) :
(3) N + ER> VER: faire N X
(4) N + ER>VER: donner N X
Nanmoins, un premier problme apparat : le sens de faire dans la glose
recouvre des ralits diffrentes, et le traitement de lobjet comme un thme,
sil permet de maintenir le modle danalyse, nous semble trsproblmatique, notamment lorsquon a affaire un verbe support.
1B :TYPE CADEAUTERQQUN1B.1 : donner 1B2 : faire
cadeauter X
cigaretter X
friquer X
solder 2 X
matabicher X
donner un cadeau. X
une cigarette
du fric
sa solde(salaire)
un matabiche
cicatriser X
injecter X
exciser X
faire des cicatrices X
(scarifications rituelles)
une injection(piqre)
une excision
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limiter X
menotter X
complimenter X
fixer des limites X
mettre des menottes
X
envoyer ses compli-ments(civilits) X.
amourer X
compliquerX
contracter X
entorser X
farcer X
faire l'amour X
des complications
un contrat (de travail)
une entorse
une farce
confiancer X
hontir X
faire confiance X
honte
Deux drivs nanmoins paraissent plus spcifiques :
intriguer X
monnayer X
tramer des intrigues contre qqn
faire de la monnaie sur une somme X
Dans ces divers cas, moyennant la rserve mise plus haut, on pourrait
analyser ainsi la drivation :
(5) REPRESENTATION DE LA CLASSE 1B
V(Ag, But)
N V
( Ri) (Ag, Thi, But)
cicatrices/ cigarette ER
Le Thme est satur en morphologie. Seuls lAgent et le But se saturent en
syntaxe. Selon le principe de hirarchie thmatique, lAgent sassocie
largument externe, et le But largument interne. Un seul rle tant
associer un argument interne, celui-ci se ralise sous forme directe. Ceci
explique que le COD corresponde au But, comme en (6) :
(6) Sosso a cigarett Sik
1.2.3. Drivs transitifs causatifs (changement dtat)
Cette catgorie, moins fournie, correspond au schma classique suivant :N +ER/ -IS(ER) > VER: causer que X soit N
transformer X en N
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1C :TYPE CLIENTER QQUN
clienterX
charbonner X
toubabiser X
faire de X un client (habituel)
transformer X en charbon(charbon de bois)
transformer en toubab (imprgner des faons de penser ou devivre propres aux Europens. Toubabdsigne tout occidental, et
par extension, tout Africain europanis)
retraiterX transformer X en retrait (mettre la retraite)
interner X
externer X
faire que X soit un interne, pensionnaire
faire que X devienne un externe
Lanalyse de ces drivs est nanmoins moins vidente que celle des
prcdents. Ces verbes transitifs ont des arguments correspondant aux rles
dagent et de thme, ce qui suppose un schma du type suivant :
(7) REPRESENTATION DE LA CLASSE1C
V (Ag, Th, R)
N V
(R ) (Ag, Th)
client ER/ -IS(ER)
Mais ici, la base ne contrle aucun des rles de laffixe (qui, sinon, ne
pourrait plus se projeter en syntaxe). Normalement, le rle R ne peut se
saturer que de deux manires : soit par rfrence, comme dans un SN sujet
par exemple, soit par prdication, comme dans une structure attributive.
Mais, sauf erreur, la thorie ne prvoit pas comment reprsenter que le rle R
se sature ici en syntaxe par prdication sur llment associ au rle de
thme. Lanalyse propose pour les drivs dadjectivaux ne peut sappliquer
ici, du fait du rle R. Il faut donc soit considrer que les bases sont ici
adjectivales (ce qui parat difficile au moins pour toubab et charbon), soit
imaginer un principe permettant dintroduire une corfrence entre la base et
largument-thme.
1.3. Drivs intransitifs
Les drivs intransitifs se rpartissent en deux catgories, selon quilsdsignent des activits ou des tats. Dans le premier cas, on doit considrer
que la base sature le rle de thme dun verbe support, avec les mmes
rserves que prcdemment.
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1.3.1. Drivs intransitifs sur le thme
Le schma drivationnel peut alors sanalyser globalement ainsi :
N +ER> VER: faire N / avoir une activit impliquant N
Ci-dessous, nous regroupons les drivs selon leur dominante smantique.
2A :TYPE GREVER
1/ Faire N abstrait /
faire SNfigacheter
courser
commisionner 2
fter
grver
mnager
tourner
siester
nocer
dmarcher
exposer
fauter
faire des achats
faire la course, courir
faire les/des commissions
faire la fte
faire la grve
faire le mnage
faire un tour
faire la sieste
faire la noce, participer une fte
faire des dmarches pour avoir une faveur
des autorits
faire un expos
commettre une faute (orthographe, calcul)
2/ Objets internes(danser N)
cavacher
javer
danser la cavacha(danse dorigine zaroise)
danser lajava(danse moderne)
3/ Faire (produire) N ambiancer
buter
chameauser / ter
fauter
mettre de lambiance
marquer un but
faire un chameau (faute, part. de franais)
faire une faute (de calcul, dorthographe)
4/ Avoir une activitcentre sur N concret
cigaretter 1
faubrer
linger
loguer
magaziner
nivaquiner
fumer des cigarettes
passer la serpillire (fauber)
laver, repasser le linge
faire des exercices de logarithme
(cf. Qubec) faire les magasins, des courses
prendre de la nivaquine (anti-paluden)
5/ Emplois absolus:faire/donner X ( N)
accorder
farcer
pecquer
donner son accord
faire des farces, plaisanter
donner lepec(salaire des ouvriers)
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6/ Divers : V N bilaner
ragoter
boulotter
charlater
panner 1
salonguer
rpandre, raconter des bilans(rumeurs)
rpandre, raconter des ragots
travailler, avoir du boulot
consulter un charlatan(gurisseur, sorcier)
tomber en panne
faire du salongo (travail collectifobligatoire)
Le sujet tant agentif, on aura le schma suivant :
(8) REPRESENTATION DE LA CLASSE 2A
V(Ag)
N V
( Ri) (Ag, Thi )
grve ER
Quelques drivs ont un sujet non agentif :
2B :TYPEMAGOTER
Recevoir N
bnficier
magoter
solder 1
faire des bnfices d'origine commerciale
toucher son magot(somme dargent, salaire)
recevoir sa solde(son salaire)
(9) REPRESENTATION DE LA CLASSE2B
V(But)
N V
( Ri) (But, Thi)
solde ER
Dans ce cas, seul le But se projette en syntaxe : le verbe est intransitif.
1.3.2. Drivs intransitifs dcrivant un tat
Certains verbes intransitifs sur base nominale dcrivent non pas une activit
mais un tat, dfini par la base :
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2C :TYPEMISERER
misrer 1
carencer
goter
frousser
vivre dans la misre
prsenter une carence, une incomptence
avoir du got
avoir la frousse
Llment en position sujet de surface est le sige dun phnomne (carence /
got / frousse). Selon quil est anim (frousser) ou pas, on pourrait lanalyser
comme un Exprienceur ou comme un Lieu dans lequel se situe le
phnomne3.
(10) REPRESENTATION DE LA CLASSE2C
V(Lieu/Exp)
N ER
(Ri) (Lieu, Thi )
misre (Exp., Thi )
Le thme tant satur en morphologie, le lieu / exprienceur (ou sige ) est
associ la position syntaxique de sujet.
1.4. Problmes
Hormis le problme danalyse dj signal pour les causatifs de changement
dtat, qui exigent une opration supplmentaire, une analyse de ce type
soulve plusieurs difficults pratiques ou thoriques.
1.4.1. La varit des affixes et la hirarchie thmatique
Pour obtenir toutes les grilles adquates, il faut postuler au total lensemble
des affixes suivants et de leurs grilles thmatiques :
1A (flcher qqun) : ER(Ag, Th, Inst) > V (Ag, Th)
1B (cadeauter qqun) : ER(Ag, But, Th) > V (Ag, But)
1C (clienter qqun) : ER
(Ag, Th) > V (Ag, Th, R)
2A (grver) : ER(Ag, Th) > V (Ag)
2B (magoter) : ER(But, Th) > V (But)
2C (misrer) : ER(Lieu/ Exp., Thme) > V (Lieu/Exp.)
3 Pour misrer1, on pourrait envisager linverse : X est dans la misre, la base
reprsente le lieu,Xle thme.
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Dune part, cela oblige poser plusieurs affixes homonymes : mme si,
de fait, la contribution de la base et des arguments syntaxiques est trs varie
dans ce type de drivation, cette solution est toujours peu satisfaisante.
De plus, il faut pouvoir prdire le rle qui va tre contrl par la base,
faute de quoi il suffirait dinventer linfini des affixes nuls grille sur
mesure pour tout expliquer, sans pouvoir justifier, par exemple, que le
contrle du rle dAgent soit agrammatical. La hirarchie thmatique, dj
utilise pour le passage du lexique la syntaxe, pourrait jouer ce niveau
aussi. On peut proposer que la base lie le rle le moins prominent de
laffixe. On expliquerait ainsi quelle lie le thme en 2 A/C :
2A :ER(Ag, Th) > V (Ag)
2C :ER(Lieu/ Exp., Thme) > V (Lieu/Exp)
Mais lunanimit nexiste pas sur le dtail de la hirarchie, qui elle seule
semble ne pas pouvoir rendre compte de toutes les associationsarguments/rles en syntaxe (cf. Grimshaw 1990, Dowty 1991, Pinker 1989).
Dans notre cas, pour expliquer 1B, il faudrait que le Thme soit plus bas que
le But, et pour 1A, que linstrument soit plus bas que le thme :
Agent < Exprienceur / But / Lieu < Thme < Instrument
Il reste justifier cette hirarchie par des arguments indpendants. Il nest pas
sr que la syntaxe puisse nous en fournir. Dune part, dans cette approche, lamorphologie constitue un niveau autonome : rien nempcherait donc en
principe que syntaxe et morphologie aient recours une hirarchie diffrente.
Dautre part, en syntaxe, il nest pas sr quun simple principe de hirarchie
thmatique puisse rendre compte de la ralisation des rles dans les divers
types darguments. Ainsi, dans remplir le verre deau / verser leau dans le
verre, le But et le Thme sassocient lobjet direct et lobjet indirect enmiroir, et dans Jai ouvert la porte avec cette cl / Cette cl ouvre la porte,
linstrument est tantt objet indirect, tantt sujet, cest dire tantt au-
dessous , tantt au-dessus du thme (voir respectivement Pinker 1989 et
Grimshaw 1990 pour une analyse de ces cas et des propositions originales).
1.4.2. La dfinition des rles thmatiques
Au-del de la hirarchie des rles thmatiques, cest leur dfinition mme
qui, dans de nombreux cas, est problmatique, et ce aussi bien pour le rle R
de la base que pour ceux des affixes.
1.4.2.1. Le rle des bases
Nous avons d poser que les bases N ont toutes un rle R et aucun autre.
Pour cela, il faut considrer quil sagit de noms concrets, de noms
dvnements rsultatifs ou de noms dvnements simples (Grimshaw
1990). Ce peut tre discut pour les possessions inalinables, pour confiance,
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complications, contrat, injection, honte, aide(classe1B), pour client, retrait,
interne et externe (classe 1C), pour achats, course, commissions, grve,
sieste, dmarches, expos, but, solde(classe 2A/B). De plus, dans le cadre de
Grimshaw, on peut sinterroger, en particulier pour les noms, sur le statut
exact dans le lexique (donc dans ces drivations) des participants
smantiques qui ne sassocient pas la grille argumentale.
1.4.2.2. Le driv et sa glose
Nous avons par ailleurs dfini les rles thmatiques impliqus dans ces
drivations partir de la glose du driv. Mais dans certains cas, nous avons
forc leur interprtation pour pouvoir prdire correctement les faits.
Ainsi, dans la classe 2A (faire N / avoir une activit impliquant N), trshtroclite, nous avons considr comme des Thmes les complments de
faire. Mais peut-on rellement attribuer un rle de Thme au complment de
fairedans Faire N abstrait et Faire SN fig ? Et aux objets internes (cavacha
etjava)4?
De plus, dans quelle mesure les gloses proposes sont-elles fiables ?
Certains drivs de la classe 1A (transitifs sur linstrument, type flcher)correspondent aussi bien affecter X avec N qu dplacer N vers/sur X.
Selon la glose choisie, on se retrouve avec une combinaison Thme +
Instrument ou But + Thme5. Cf. notamment les mots suivants :
confiturer X = enduire X avec de la confiture / mettre de la confiture sur X
flcher X = blesser X avec une flche / faire quune flche soit sur/dans X
pilipiler X= assaisonner X avec du pilipili / mettre du pilipili dans X
matabicher X = corrompre avec un matabiche / donner un matabiche X
Une approche des verbes dnominaux en termes de rles thmatiques
pose donc un certains nombre de problmes non triviaux, qui exigent une
exploration plus approfondie aussi bien des configurations et de leur analyse
que des prolongements thoriques. Certains de ces problmes, notamment
ceux lis la dfinition et lventuelle hirarchisation des rlesthmatiques, peuvent tre sinon rgls du moins vits dans le cadre des
propositions de Hale et Keyser (1993, 1997).
2. Incorporation (Hale et Keyser 1993 et 1997)
Dans ce cadre, les rles thmatiques ne sont pas des primitifs. Aux mots duLexique nest pas associe une grille thmatique, mais une structure
lexicale relationnelle (LRS), dont les rles thmatiques ne sont quun effet
4 Si oui, cadeauter un T-shirt N, quoiquattest, viole le critre thmatique : le
Thme est la fois contrl par la base et ralis en syntaxe.5 Cf. les constructions tudies pour la syntaxe par Pinker (1991) :to fill the glass
with water / to pour water into the glass.
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secondaire. Cette reprsentation lexicale est une structure smantique
abstraite organise de manire syntaxique. Elle obit ainsi des rgles et
contraintes syntaxiques (X-barre, branchement binaire, contraintes sur les
mouvements des ttes, ), qui excluent certains drivs. On peut poser
diverses classes de V dont les LRS prdisent des proprits distinctes. Pour
les dnominaux, la LRS est obtenue par incorporation dune tte (Baker
1985). Cette opration, base sur le dplacement de la tte nominale, est donc
soumise la contrainte sur le mouvement des ttes : une tte ne peut se
dplacer que sous une autre qui la gouverne proprement. Parmi ces verbes,
Hale et Keyser distinguent plusieurs classes. On trouve dune part les
inergatifs (type to laugh), qui sont des intransitifs purs, auxquels on peut
rattacher nos classes 2A, 2B et 2C, et dautre part trois classes de transitifs :les location verbs(type to shelve a book), les locatum verbs(type to saddle a
horse) et les ergatifs(to clearthe screen), dont nous verrons comment elles
peuvent englober ou non nos classes 1A, 1B et 1C.
2.1. Les inergatifs ( intransitifs sur le thme / tats)
Les inergatifs sont des intransitifs qui ne connaissent pas dalternancetransitive causative. Smantiquement, ils peuvent sanalyser comme have/do
N, o have/do est un verbe support abstrait, et ont une LRS de syntagme
verbal simple (contenant une seule tte V, et pas de spcifieur). La tte N,
proprement gouverne, est incorpore sous V :
(11) REPRESENTATION DES INERGATIFS
VP
V
V NP
(do/have) N
laugh
La plupart des nos intransitifs de classe 2A (type grver) correspondent
effectivement unfaire (support) + N, ceux de la classe 2C (type misrer), et
deux de la classe 2A.7 un avoir+ N6
:
6 Ltoile indique que seuls certains verbes de la sous-classe sont concerns.
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VP VP
V V
V NP V NP
N N
1 (faire) achats / sieste / mnage (avoir) misre / carence
2 (danser/faire) cavacha/java got / frousse4* (faire) magasins / logarithmes 7*(avoir) boulot / panne
5*(faire) farces
6*(faire) salongo
3 faire (produire) ambiance / but /
faute / chameau
Cette analyse rgle le problme des rles thmatiques des bases,particulirement gnant dans cette classe : ce ne sont pas eux qui justifient la
drivation. Mais dautres problmes surgissent.
Dune part, certains des drivs ne peuvent sanalyser en faire/avoir
N. Cest le cas pour cigaretter, nivaquiner, linger, faubrer, charlater,
accorder, pecquer, bilaner, ragoter. Sils peuvent tous sanalyser en V + SNavec un verbe relativement contraint (fumer une cigarette, passer le fauber,
etc.), combien de verbes supports abstraits peut-on poser sans que lanalyse
devienne ad hoc ? On pourrait proposer pour les cinq premiers utiliser N, le
sens spcifique provenant de lutilisation canonique des objets en jeu. Mais il
reste rendre compte des quatre suivants, qui obligeraient introduire
comme verbe support donner et rpandre, ainsi que de la classe 2B,
signifiant recevoir(magot/solde). Il est possible que solderne relve pas de
cette catgorie, car il connat une alternance transitive7(solder X : donner sa
solde X), mais cela ne change pas le fond du problme : multiplier les
verbes supports sans leur trouver une unit, la thorie perdrait en intrt. Si
cette approche parat sduisante lorsque la base indique un tat ou une
activit (sieste, grve, carence, ), elle reste creuser pour les bases
concrtes.
7 Ce point reste dailleurs problmatique pour langlais : certains verbes en do N
connaissent une alternance causative : to jump / to jump the horses.
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2.2. Les drivs transitifs
Hale et Keyser ne sintressent qu trois types de dnominaux transitifs
(causatifs). Les deux premiers (location et locatum verbs) sont sans
alternance intransitive et contiennent une ide de mouvement, mais le nom
incorpor y reprsente respectivement le but ou lobjet dplac, comme dans
to shelve bookset to saddle a horse. Le troisime, celui des ergatifs, baseadjectivale, dcrit des changements dtat et connat une alternance
intransitive (cf. to clear the screen). Ils ont des LRS apparentes, bases sur
les embotements de VP de Larson (1988) :
(12) LOCATION VERBS= to cause [books put on a shelf]
LOCATUM VERBS= to cause [a horse provided with a saddle]
VP1
V1
V1 VP2
(Cause)
NP V2
[+affect]
V PP
(Put) (on) shelf
(Provide) (with) saddle
(13) ERGATIVES= to cause [the screen become clear]
VP1
V1
V1 VP2
(Cause)
NP V2
[+affect]
V AP(become) clear
La diffrence de structure entre locationet locatumreflte les donnes :
(14) to saddle a horse / * to horse a saddle
(15) * to book a shelf / to shelf books
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Leur paralllisme est introduit pour justifier la possibilit de constructions
moyennes en anglais avec ces deux types de verbes :
(16) This horse saddles easily
(17) These books shelf easily
Les structures et les verbes supports proposs permettent de rendrecompte de ces deux faits : la position en spcifieur du VP2 est ainsi
uniformment dote du trait affect , qui rend licite la construction
moyenne8, et cest llment N le plus bas qui sincorpore successivement en
Prep puis en V1. Dautre part, dans les trois types de LRS, cest la prsence
du PP / AP qui force celle du NP en spcifieur de VP2, puisque la prsencedu NP dans cette position doit tre rendue licite par une relation deprdication avec largument de V2, qui, selon Hale et Keyser, ne se vrifie
quavec un argument de type PP ou AP. Ce NP en spcifieur prdit la
prsence dun COD quand N/A est incorpor sous V1. Enfin, la diffrence
entre les verbes de type location et locatum repose sur la nature de la
prposition abstraite : to/on/into/ (prpositions de concidence finale) vswith(prposition de cocidence centrale ( possessif )).
Les LRS proposes ne couvrant quune partie des dnominaux
transitifs, comment peut-on appliquer ce type danalyse au corpus ?
2.2.1. Transitifs sur le thme (classe 1B)
Comment obtenir la fois une glose acceptable et une LRS prdisant les
proprits de ces drivs ? On pourrait de prime abord les analyser commecauser que X ait N, o avoirsignifie tantt tre possesseur de N in fine
(cf. cadeauter X, cigaretter X), tantt tre physiquement affect par N (cf.
cicatriser X, amourer X). Mais cette formulation immdiate pose deux
problmes. Dune part, certains des drivs de 1B lui chappent (cf. intriguer
X, monnayer X). Dautres part, les structures correspondant immdiatement
ces gloses (causer que X ait N, ou donner/faire N X) ne peuvent pas servirdirectement de base la LRS. La premire est exclue car largument de V2
(le COD de donner), ntant pas prdicatif selon Hale et Keyser, ne peut
lgitimer la prsence de X en spcifieur de V2. La seconde, qui sanalyserait
en causer N tre X, est exclue car N, ntant pas proprement gouvern
(canoniquement, cf. Hale & Keyser 1997), ne pourrait sincorporer V1 sans
violer la Head Movement Constraint :
8 Il nest pas sr nanmoins que cette justification soit transposable au franais,
cf.La Tour Eiffel se voit de loin, pour lequel il est difficile de maintenir que la
tour Eiffelvrifie le trait affect .
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VP2 VP1
*X V V
V NP2 V VP2
(avoir) (limites, cigarette,) * N1
(limites)
Pour rendre compte de ces drivs, il faut en fait supposer une LRS du
type provide X with N (cf. to saddle)
VP1
V
V VP2
(Causer)
NP V
X
V PP
(pourvoir)
P NP
(avec) N
avec N = {Cicatrice, Excision, Injection, Farce, Cadeau, Confiance,
Cigarette, Honte, Fric, Contrat, Solde, Menotte, Matabiche, Limite,
Complications, Compliments}. Seuls intriguer, amourer et monnayer (peut-
tre mal classs), semblent difficiles analyser en pourvoir X
dintrigues/amour/monnaie.
Pour valider cette analyse, il faut nanmoins tester que les prdictions
qui en dcoulent se vrifient.
Cela suppose tout dabord que ces verbes ne prsentent pas une
alternance intransitive. Daprs les donnes de lIFA, il semble que ce soit le
cas avec la plupart de ces drivs, cf. (18) :
(18) * Soko a cadeaut (= a eu un cadeau) / matabich / honti / contract/
Nanmoins, il faut tester les donnes avec prcision auprs de locuteurs.Dautre part, solder et hontir semblent admettre une telle alternance (mais
dans deux pays distincts pour hontir, ce qui exige de vrifier sur le terrain),
cf. (19) :
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(19) Jai sold (1) vsje nai pas t sold (2)
Il ma honti (SEN) vsJai honti (CAM)
Lanalyse prdit galement que, si lon exprime un objet interne, la
structure aura la forme illustre en (20) (Hale & Keyser 1997) :
(20) injecter quelquun avec une seringue rouille / cigaretter quelquun avec des
gauloises / friquer quelquun avec / de 200 FF
Si intuitivement ces structures nous semblent possibles, elles doivent
galement tre testes auprs des locuteurs. Le seul exemple dobjet interne
donn par lIFA concerne cadeauter, et il na pas la structure attendue : jaicadeaut un T-shirt Sik.
Enfin, si les donnes de langlais et du franais convergent, ces verbes
permettraient une construction moyenne : Les femmes se cadeautent
facilement, Un douanier, a se matabiche, etc. Il nest nanmoins pas certain
que cette proprit soit transposable en franais (cf. note 8).
2.2.2. Les instrumentaux (classe 1A)
Comme prcdemment, la structure devrait tre du type suivant :
VP1
V1
V1 VP2
(Cause)
NP1 V2
X
V2 PP
P NP2
N
Il reste dterminer quel V2 abstrait et quelle prposition abstraite poser.
Smantiquement, le plus vident serait causer que X soit affect par N.Mais il nest pas clair queparcre une interrelation (prdication) qui force la
prsence de NP en spcifieur de V2, comme le requiert la thorie. Leproblme ici est que linstrument naffecte X quindirectement. De plus, la
prsence dans la LRS d'un V2 passif est problmatique.
Si lon maintient cette analyse, sous rserve dclaircir plus tard le lien
entre Prep et N, elle devrait prdire
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(a) l'absence dalternance intransitive,
(b) lexistence dune construction moyenne.
A premire vue (a) parat vrifie, cf. (21), mme si les donnes restent
tester avec des locuteurs :
(21) * Les haricots ont balanc (= sont devenus pess par une balance)
* Paul a flch (= est devenu bless par une flche), etc.
Il est plus difficile de statuer sur (b), surtout pour des varits non standard,
mais il nest pas sr que le facteur dcisif soit, en franais, le trait affect de
lobjet. Les phrases en (22) semblent intuitivement possibles dans desvarits africaines, mais doivent, elles aussi, tre vrifies :
(22) ? Dans une foule, un passant se coude facilement
? Un ballon de handball ne se tte pas facilement
Les lus de ce pays se matabichent facilement
Ces voitures se manivellent facilement
Il reste donc tester extensivement les donnes, et vrifier pour le franais
(central et africain) les liens entre LRS, trait [+ affect] et construction
moyenne. Indpendamment dailleurs de (b), il nest pas sr que le NP soit
homognement dot du trait [+ affect] : naturel pour certains, il lest moins
pour balancer, doigter, indexer etklaxonner.
Il reste galement voir si les diffrences smantiques entre ces drivs
ont une incidence sur la dfinition de la LRS. Ainsi, par exemple, pour
affecter le patient, certains verbes supposent un dplacement de linstrument
(classe deflchersauffusiller, classepilipiler), alors que pour dautres, cest
moins vident (torcher, grigriser, maniveller, et balancer / doigter / indexer /
klaxonner). De plus, ils sont plus ou moins compatibles avec une alternance
agentive/causative, cf. (23) :
(23a) ? la balance a pes les haricots / ? le coude a bouscul le passant
(23b) la flche a bless Paul / la torche a clair la grotte
Une fois tablies les proprits des diverses sous-classes de 1A, on
pourra observer dans quelle mesure ces verbes se comportent comme ceux de
1B, et si les ventuelles divergences peuvent dcouler de la diffrence deprposition abstraite dans leur LRS.
2.2.3. Les changements dtat
Hale et Keyser nanalysent que les dadjectivaux, alors que notre corpus
contient quelques dnominaux, pour lesquels on ne peut adopter la mme
analyse. On ne peut adapter la structure de leur VP interne NP1 (devenir)
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AP en NP1 (devenir) NP2, car NP2 est pour eux par dfinition non
prdicatif, ne peut lgitimer la prsence de NP1 dans la structure.
De plus, leurs proprits divergent : nos drivs ne sont pas ergatifs,
puisquils ne prsentent pas dalternance intransitive (cf. (24)) et les
constructions moyennes nous paraissent acceptables (cf. (25)).
(24) * Fatou a client (= est devenue une cliente fidle) / * Fatou toubabise,
(25) Une pharmacienne, a se cliente facilement
Ces verbes, dont lobjet est affect par le changement dtat, se
rapprochent donc plutt des verbes de mouvement, et nous proposons pour
eux une LRS avec prposition abstraite de concidence finale , lechangement dtat tant mtaphoriquement le passage dun tat un autre.On aurait ainsi :
VP2
V
(Cause) NP1 V
X
V PP
(transform)
P NP2
(en) N
client / interne / toubab /
externe / retrait / charbon
3. Conclusion trs provisoire
A ce tout premier stade de lanalyse, les deux approches permettent
dexpliquer une partie (diffrente) des dnominaux du corpus. Celle de Di
Sciullo et Williams (1987), en contre-partie de sa richesse, soulve desproblmes aux implications plus profondes, notamment sur la dfinition et la
hirarchie des rles thmatiques. Sils font cho certaines questions dj
souleves en syntaxe, il reste voir comment lautonomie de la morphologie
trouve sa place en la matire. Les propositions successives de Hale et Keyser,qui contournent de fait le problme des rles thmatiques, crent une voie
dexploration fconde, notamment pour les drivs sur le thme , transitifs
et intransitifs. Mais nos drivs, par leur diversit, supposent une extension
des LRS proposes, qui, pour ne pas tre stipulatives, et pour avoir un
pouvoir rellement prdictif, requirent dtre approfondies et valides par
des arguments indpendants (applicables au franais). Les deux voies exigent
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donc un complment danalyse, et des tests auprs des locuteurs. Ce travail
nous parat ncessaire si lon veut disposer darguments concrets pour tudier
la source de ces nologismes (influence des substrats, du systme du franais,
et/ou de la grammaire universelle ). Reste un mystre , dont nous ne
sommes pas sre quil peut tre lev directement par ce type dapproches :
pourquoi ttersignifie-t-il frapper avec la tte et doigter montrer avec le
doigt et non le contraire ?
Rfrences bibliographiques
Baker,M. (1988),Incorporation: a theory of grammatical function changing,Chicago, University of Chicago Press.
Di Sciullo, A.M. & Williams, E. (1987), On the Definition of Word ,
Linguistic Inquiry Monograph14, Cambridge, Mass., MIT Press.
Equipe IFA (1988), Inventaire des particularits du franais en Afrique
noire, Paris, EDICEF/AUPELF (2edition).
Dowty, D. (1991), Thematic proto-roles and argument selection ,
Language67, pp. 547-619.
Essebe, C. (2002), Les particularits lexicales du franais en Afrique noire
francophone : cration des verbes par drivation, mmoire de matrise
de Sciences du Langage, dir. A. Dagnac, U. de Nantes.
Grimshaw, J. (1990),Argument structure, Cambridge, Mass., MIT Press.
Hale, K. & Keyser, J. (1993), On Argument Structure and the Lexical
Expression of Syntactic Relations , in Hale and Keyser (eds), A viewfrom Building 20, Cambridge, Mass., MIT Press, pp. 53-109.
Hale, K. & Keyser, J. (1997), On the Complex Nature of Simple
Predicators , in Alex Alsina, Joan Bresnan, and Peter Sells (eds),
Complex Predicates, Stanford, CSLI Publications, pp. 29-65.
Larson, R. (1988), On the double object construction , Linguistic Inquiry
19, pp. 335-391.
Levin, B. & Rappaport, M. (1995), Unaccusativity: At the Syntax-Lexical
Semantics Interface, Cambridge, Mass., MIT Press.
Pinker, S. (1989), Learnability and Cognition : the Acquisition of Argument
Structure, Cambridge, Mass., MIT Press.