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CGSP WALLONNE – Journée internationale des services publics 2014 Argumentaire : austérité, quelles conséquences pour les services publics
1 23 juin 2014
« Ceci n’est pas une crise, c’est une escroquerie ! »
Le 23 juin, journée internationale des services publics, est aussi l’occasion de mettre en lumière les
mécanismes qui poussent au sous-financement des services publics belges. Sous prétexte
d’assainissement des finances publiques, les différents niveaux de pouvoir n’hésitent pas à réduire,
sinon bloquer les budgets des services publics.
Les conséquences sont directes pour les services publics, auxquels on demande de faire plus avec
moins de moyens, pour les agents qui voient leurs conditions de travail se détériorer et bien sûr pour
les usagers qui ne peuvent que constater la détérioration du service public.
La crise : la double peine des citoyens A travers la redistribution des richesses directe et indirecte qu’ils mettent en œuvre, les services
publics constituent une manne budgétaire accessible à tous les citoyens. L’enseignement public, les
soins santé, les administrations communales, la sécurité civile, sont autant de services dont le coût
est entièrement ou presque entièrement assumé par la collectivité via l’impôt ou les cotisations
sociales.
Depuis la dernière crise financière, les Etats européens se sont engagés à « assainir » leurs finances
publiques ou, pour le dire plus clairement, à réduire les dépenses de l’Etat. En signant le Traité sur la
stabilité, la coordination et la gouvernance, les différents gouvernements nationaux se sont inscrits
dans un processus visant toujours moins de dépenses publiques, qu’ils devront assumer faute de se
voir infliger des sanctions européennes. Moins de dépenses publiques, c’est moins d’investissements
publics et moins de budget pour les services publics. En bout de course, cet assainissement
budgétaire censé éviter la faillite des Etats s’attaque à la première bouée de secours des citoyens
victimes de cette crise.
En outre, les politiques d’austérité généralisées ont des effets dévastateurs. Tant sur le plan social
que sur le plan économique. Les mesures ratent leurs objectifs tant elles réduisent à néant la
croissance ou provoquent la déflation.
Poursuivre sur cette voie nous conduira à la barbarie, c’est-à-dire à l’abandon de tous les principes
qui nous ont fait échapper à l’état de nature, à la cruauté d’un monde sans autre loi que celle du plus
fort ! Les classes moyennes se voient mises à contribution de manière excessive alors que les
cadeaux fiscaux et les réductions de cotisations continuent d’inonder les entreprises et les riches.
Dès lors, les citoyens belges qui ont déjà largement contribué à renflouer les banques au bord de la
faillite en 2008, se retrouvent aujourd’hui privés d’un service public de qualité sous prétexte que
ceux-ci représentent une menace pour la stabilité budgétaire des Etats. Les conséquences de cette
CGSP WALLONNE – Journée internationale des services publics 2014 Argumentaire : austérité, quelles conséquences pour les services publics
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crise financière et bancaire sont assez surprenantes puisqu’au final les citoyens doivent payer deux
fois les folies capitalistes du monde financier.
Sans compter que la crise n’est pas finie. Des mesures drastiques pour réguler les banques ont été
annoncées mais rarement décidées, et quand elles le sont, c’est de manière tellement édulcorée
qu’on n’en voit pas la trace. La taille des banques est toujours énorme, les activités bancaires de
dépôt et de placements à risque n’ont toujours pas été séparées. Une nouvelle crise bancaire est dès
lors non seulement possible, mais hautement probable.
Arrêtons de nous tromper de cible, le discours néo-libéral largement diffusé par les médias nous
leurre. L’ennemi, ce ne sont pas les dépenses publiques qui offrent l’accès à tous les citoyens aux
services publics nécessaires à l’organisation d’une société démocratique et juste. Les ennemis sont
ceux qui ont englouti les 20 milliards de l’Etat belge sans garantie de remboursement ni de gestion
sécurisée.
Il est inacceptable que dans une société démocratique, l’argent public soit utilisé à sauver les
banques et que le trou budgétaire soit renfloué avec les budgets des services publics qui constituent
la première richesse des citoyens.
Moins de services publics, moins de démocratie Les services publics sont des instruments qui permettent à chacun d’être aussi libre de ses décisions
que possible. Ils offrent un cadre propice à l’épanouissement d’un citoyen (et non uniquement d’un
consommateur) dans une démocratie qui « essaie de réaliser à la fois, autant que faire se peut,
l’autonomie individuelle et collective et le bien commun tel qu’il est conçu par la collectivité
concernée », pour citer Cornelius Castoriadis. Ce qui revient à dire que les services publics rendent
possible une société qui permet à chacun de ses membres de s’épanouir et de devenir des citoyens
éclairés et libres qui participent au débat démocratique, s’investissent dans la vie de la cité, et
participent équitablement à la production des biens et des savoirs. Mais sans accès aux droits
fondamentaux, comment peut-on véritablement exercer sa citoyenneté ? Sans soins de santé, sans
mobilité, sans droit à la culture et à un environnement sain, sans un grand nombre de droits sociaux,
l’individu ne peut être libre que de manière virtuelle. Et sous couvert de l’effet d’aubaine présenté
par la crise, les politiques néolibérales impriment leur sceau et la démocratie ne peut y survivre :
liberté d’expression, éducation humaniste, solidarité sociale, fonction publique dévouée à un idéal
d’intérêt général, tout se dilue lentement dans un calcul coûts-bénéfices.
En somme, la démocratie est inséparable de la satisfaction des besoins humains essentiels.
Un choix de société qui n’est pas sans conséquences. Rappelons que la gestion publique est et reste
une condition nécessaire à la garantie de certaines libertés fondamentales. Elle seule est susceptible
de garantir à chacun la jouissance de ces droits. Car l’idéal de l’égalité sert l’émancipation de
l’individu.
La CGSP WALLONNE s’oppose à cette logique de sous financement. Nos préoccupations pour les
travailleurs de la fonction publique qui voient leurs conditions de travail se dégrader et pour les
usagers qui n’ont plus accès à un service de qualité, nous amènent à réclamer un changement de
politique radicale de la part des autorités politiques.
Une autre réponse à la crise est possible.