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Thème n°2 : Inégalités, classes sociales et justice sociale Trois chapitres : Chapitre 4) Inégalités et classes sociales Chapitre 5) Mobilité sociale et égalité des chances Chapitre 6) Intervention de l’Etat et justice sociale Chapitre 4) Inégalités et classes sociales Notions : Inégalités économiques, inégalités sociales, classes sociales, groupes de statut, catégories socio- professionnelles. Indications complémentaires : On mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales ainsi que leur aspect parfois cumulatif. On procédera à des comparaisons aux niveaux européen et international en utilisant les principaux indicateurs et outils statistiques appropriés. On montrera que le niveau et l’évolution des inégalités sont liés à des facteurs multiples : origine et appartenance sociales, formation, accumulation patrimoniale, genre, génération, etc. On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s’interrogera sur leur pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. On mettra en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés post- industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie) et on se demandera dans quelle mesure cette multiplicité contribue à brouiller les frontières de classes. Acquis de première : groupe social, salaire, revenu, profit, revenus de transfert. DEFINITIONS DES NOTIONS A CONNAITRE POUR CE CHAPITRE NPT (notions programme de terminale). NPP (notions programme de première). NC (notions complémentaires à connaître). Inégalités : accès différencié à des ressources socialement valorisées Inégalités économiques (NPT) : accès différencié aux ressources économiques (revenus ou patrimoine) à l’intérieur d’une société. Inégalités sociales (NPT) : accès différencié aux ressources non économiques (pouvoir, savoir, culture légitime, logement, santé, etc.) Niveau de vie (NC) : mesuré par le revenu disponible par unité de consommation. Patrimoine (NC) : stock qui se compose des avoirs d’un agent économique (propriétés immobilières, valeurs mobilières comme les actions et les obligations). Profit (NPP) : revenu de l’entreprise provenant de l’excédent de ses recettes sur l’ensemble de ses coûts Revenu (NPP) : flux de ressources issus de l’activité économique que perçoit un agent économique. On distingue les revenus primaires qui rétribuent la participation à l’activité productive des revenus de transfert qui proviennent des opérations de redistribution des administrations publiques.

Chapitre 4) Inégalités et classes sociales · économiques et sociales qui se cumulentVoir diapo 11 1.3. Le creusement récent des inégalités économiques ... Document polycopié

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Thème n°2 : Inégalités, classes sociales et justice sociale Trois chapitres :

Chapitre 4) Inégalités et classes sociales

Chapitre 5) Mobilité sociale et égalité des chances

Chapitre 6) Intervention de l’Etat et justice sociale

Chapitre 4) Inégalités et classes sociales

Notions : Inégalités économiques, inégalités sociales, classes sociales, groupes de statut, catégories socio-professionnelles. Indications complémentaires :

On mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales ainsi que leur aspect parfois cumulatif.

On procédera à des comparaisons aux niveaux européen et international en utilisant les principaux indicateurs et outils statistiques appropriés.

On montrera que le niveau et l’évolution des inégalités sont liés à des facteurs multiples : origine et appartenance sociales, formation, accumulation patrimoniale, genre, génération, etc.

On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s’interrogera sur leur pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale.

On mettra en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés post-industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie) et on se demandera dans quelle mesure cette multiplicité contribue à brouiller les frontières de classes.

Acquis de première : groupe social, salaire, revenu, profit, revenus de transfert.

DEFINITIONS DES NOTIONS A CONNAITRE POUR CE CHAPITRE

NPT (notions programme de terminale). NPP (notions programme de première). NC (notions complémentaires à connaître).

Inégalités : accès différencié à des ressources socialement valorisées Inégalités économiques (NPT) : accès différencié aux ressources économiques (revenus ou patrimoine) à l’intérieur d’une société. Inégalités sociales (NPT) : accès différencié aux ressources non économiques (pouvoir, savoir, culture légitime, logement, santé, etc.)

Niveau de vie (NC) : mesuré par le revenu disponible par unité de consommation. Patrimoine (NC) : stock qui se compose des avoirs d’un agent économique (propriétés immobilières, valeurs mobilières comme les actions et les obligations). Profit (NPP) : revenu de l’entreprise provenant de l’excédent de ses recettes sur l’ensemble de ses coûts Revenu (NPP) : flux de ressources issus de l’activité économique que perçoit un agent économique. On distingue les revenus primaires qui rétribuent la participation à l’activité productive des revenus de transfert qui proviennent des opérations de redistribution des administrations publiques.

Revenu disponible (NC) : revenu qui reste à la disposition des ménages (pour la consommation et l’épargne) après redistribution = revenus primaires + revenus de transfert – prélèvements obligatoires Revenus de transfert (NPP): revenus issus des opérations de redistribution et versés par la Sécurité sociale ou l’Etat aux ménages (exemples : pensions de retraite, allocations chômage). Salaire (NPP) : revenu du travail d’une personne liée par contrat de travail à un employeur Taux de pauvreté (NC) : proportion de personnes qui se situent en-dessous du seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est égal à 60% du revenu médian.

Sujets de bac possibles Dissertation (Dossier de 4 documents factuels) - Comment peut-on expliquer le caractère cumulatif des inégalités économiques et sociales ? - Comment peut-on expliquer les inégalités de revenus ? - Comment expliquer la persistance des inégalités dans les pays développés ? - Peut-on parler de renouveau des inégalités ? Epreuve composée Partie 1 (Questions de cours sans document) - Comment peut-on mesurer les inégalités économiques ? - Montrez qu’il existe des inégalités de genre. - Montrez que les inégalités sont cumulatives. - Montrez que les inégalités économiques et socioculturelles, bien que différentes, ne sont pas indépendantes. - Quels facteurs permettent d’expliquer les inégalités de salaires ? - Pourquoi les inégalités de patrimoine sont-elles centrales pour expliquer les inégalités économiques et sociales ? Epreuve composée Partie 2 (Après avoir présenté le document, vous…) - Caractérisez les inégalités mises en évidence par le document. (graph taux de départ en vacances selon la PCS) - Montrez en quoi le document permet de caractériser les inégalités d’accès au logement. (tab stat type logement et variables socio-démo) - Caractérisez l’impact du genre dans les inégalités d’utilisation du temps ? (tab stat) - Montrez l’impact de la CSP sur les dépenses de culture-médias. (graph) - Caractérisez les inégalités salariales que le document met en évidence. (tab stat distribution salaires par sexe et déciles) Epreuve composée Partie 3 (A partir du dossier documentaire de vos connaissances …) - Montrez que les inégalités sont dues à des facteurs multiples. - Mettez en évidence la persistance d’inégalités politiques en France aujourd’hui. - Expliquez les inégalités hommes-femmes. - En quoi les inégalités peuvent-elles se cumuler ?

Thème n°2 : Inégalités, classes sociales et justice sociale

Chapitre 4) Inégalités et classes sociales Partie 1 Une société marquée par les inégalités

Introduction : définir les inégalités

1. L’analyse des inégalités économiques et de leur évolution

1.1. La mesure des inégalités de revenus et de patrimoine

1.1.1. Les inégalités de revenus

Voir diapos 1, 2 et 3

Voir diapos 4 et 5

Exercice polycopié n°1

Voir diapos 6 et 7

Document polycopié n°1

Voir diapo 8

Document polycopié n°2

Document polycopié n°3

Document polycopié n°4

1.1.2. Les inégalités de patrimoine

Bordas document 4 p.287

Document polycopié n°5 Inégalités de revenus et concentration de la richesse

Voir diapo 9

Exercice polycopié n°2

1.2. Une tendance séculaire à la réduction des inégalités économiques

Document polycopié n°6

Voir diapo 10

Document polycopié n°7 Rôle de l’Etat-providence et moyennisation

Voir diapo 11

1.3. Le creusement récent des inégalités économiques

Revoir document polycopié n°6

Document polycopié n°8 Les différents facteurs de la remontée des inégalités

Voir diapo 12

Voir diapos 13 à 19

Revoir diapo 11

Document polycopié n°9

2. Les inégalités entre groupes socioprofessionnels

2.1. Des inégalités économiques entre groupes socioprofessionnels

Voir diapo 20

Voir diapo 11

Voir diapo 21

Document polycopié n°10

Voir diapo 22 : restrictions budgétaires

Voir diapo 23 : fracture numérique

Bordas p.301

Bordas document 3 p.302

Voir diapo 24

2.2. Des inégalités dans l’univers professionnel

Bordas document 1 p.292 Inégalités face au chômage

Bordas Document 2 P.292 Transformations marché du travail Paugam

Voir diapo 25

Voir aussi ce que l’on a dit sur le document polycopié n°8

Documents polycopiés n°11, 12 et 13

2.3. Des inégalités face à la santé

Bordas document 4 p.289 Les inégalités sociales face à la mort

2.4. Des inégalités face au logement et au lieu de résidence

Voir diapo 26

Document polycopié n°14 Lieux de résidence et inégalités

2.5. Des inégalités scolaires et culturelles qui ne se réduisent

pas

Document polycopié n°15

Document polycopié n°16

Bordas document 2 p. 288 bien

Document polycopié n°17 Fonction sociale de la culture dominante

Document polycopié n°18

Document polycopié n°19

Voir diapo 27

3. Des inégalités qui font système et sont cumulatives

Document polycopié n°20 Des inégalités économiques et sociales qui se cumulent

4. Il existe d’autres facteurs d’inégalités que la seule

appartenance socioprofessionnelle

4.1. Les inégalités de genre

Bordas Document 1 p.294

Voir diapo 28

4.2. Les inégalités entre génération

Document polycopié n°21 Le sacrifice des générations ?

4.3. Les inégalités subies par les jeunes issus de l’immigration

TD p.300 5. Une comparaison internationale des niveaux d’inégalités

Document polycopié n°22

Document polycopié n°23

Exercice polycopié n°1

Pour chacun des cas suivants, indiquez par une croix s’il s’agit d’un revenu primaire ou d’un revenu de transfert et s’il s’agit d’un revenu primaire précisez s’il s’agit d’un salaire, d’un revenu mixte ou d’un revenu du patrimoine.

Revenus primaires Revenus de

transfert Salaires Revenus mixtes

Revenus du patrimoine

Oumar reçoit 1 500 par mois en tant que vendeur dans un magasin de portables

Sabine touche 1 000 euros de pension de retraite de la caisse nationale d’assurance vieillesse

Marc reçoit 600 euros par mois pour un emploi à mi-temps dans une usine

Youssef perçoit 26 euros d’honoraire par patient reçu dans son cabinet médical

Isabelle reçoit 650 euros par mois de loyer pour l’appartement qu’elle a mis en location

Mona reçoit 1 500 euros de traitement par mois en tant que professeur de SES

François, actuellement en congé maladie reçoit 70 euros par jour d’indemnité de la Caisse nationale d’assurance maladie

Lamia a revenu des actions et a fait une plus-value de 2 500 euros

Nathalie qui a acheté des obligations d’une grande entreprise reçoit chaque mois 100 euros d’intérêt

La boulangerie de Sophie a fait 2000 euros de bénéfices le mois dernier

Raphaël qui a acheté des actions a reçu cette année 2300 euros de dividendes

Carlo vient d’être licencié et perçoit 850 euros d’allocations chômage

Document polycopié n°5 Inégalités de revenus et concentration de la richesse Les inégalités de revenus jouent un rôle prépondérant pour l'expliquer la concentration des richesses. Les ménages forment un

patrimoine en épargnant à chaque période une fraction de leurs revenus. Plus les revenus sont distribués de façon inégalitaire, plus les montants épargnés par les ménages diffèrent, ce qui se traduit à moyen et long terme par des écarts de richesse de grande ampleur. [ ] Le comportement des ménages les plus riches s'explique principalement par le désir de transmettre un patrimoine à leurs descendants. [...] Un facteur de concentration supplémentaire des richesses vient du fait que tous les ménages ne font pas face au même rendement de leur épargne. [...] Les ménages les plus riches détiennent une part disproportionnée des actions de l'économie. [...] Sur un horizon de plusieurs décennies, le rendement des actions a été significativement supérieur à celui des titres sans risques, ce qui a contribué à l'accroissement des inégalités.

Alexis Direr, « L'évolution récente des inégalités de richesse aux États-Unis », Cahiers français, n° 351, juillet-août 2009.

1. CONSTATER. Par quels moyens le patrimoine des ménages peut-il s'accroître ?

2. EXPLIQUER. Expliquez le passage souligné.

3. ILLUSTRER. Quels revenus le patrimoine financier et immobilier peut-il générer ?

4. EXPLIQUER. Pourquoi les revenus du patrimoine sont-ils inégalitaires ? Exercice polycopié n°2 Remplissez le schéma avec les mots ou expressions suivants : revenus élevés – épargne – revenus du patrimoine – origine sociale favorisée (héritage + donations)

Constitution d’un patrimoine

Document polycopié n°6

1) Jusqu’à quelle période observe-t-on une réduction des inégalités de niveaux de vie ?

Document polycopié n°7 Rôle de l’Etat-providence et moyennisation Le système protecteur français ouvre une ère nouvelle de stabilité et de sécurité pour des millions de travailleurs. La Sécurité

sociale fait disparaître l'incertitude des lendemains. Par ailleurs, l'État-providence français s'est constitué dans un contexte historique particulier auquel il reste identifié. II s'est

édifié durant la période de forte croissance économique (+ 5 % du PNB/an) de l'après-guerre (1950-1975). Cette période, outre par une croissance régulière du pouvoir d'achat et l'accès à la société de consommation (voiture, réfrigérateur, télévision...), se caractérise aussi par une sorte de garantie de l'emploi. Non seulement le chômage demeure à un niveau très faible (1,7 % en 1968), mais la France souffre en permanence d'une pénurie de main-d’œuvre.

(…)Le thème fort de la période est le « partage des fruits de la croissance ». En 1970, le remplacement du SMIG (Salaire minimum interprofessionnel garanti) par le SMIC (Salaire minimum interprofessionnel de croissance) traduit un changement de perspective. Le SMIG relevait d'une logique de pouvoir d'achat minimal, le SMIC vise explicitement à la réduction des inégalités de salaire.

Les transferts sociaux représentent une part importante et croissante des ménages français. L'État « social-keynésien » s'efforce tout à la fois de promouvoir la croissance économique, de surmonter les oppositions sociales et d'assurer la Sécurité sociale.

François-Xavier Merrien, Cahiers français, n° 314, mai-juin 2003.

1) A quelles conditions la croissance forte des Trente glorieuses a-t-elle pu s’accompagner d’une réduction des inégalités ? 2) Pourquoi a-t-on parlé d’une consommation de masse ?

Document polycopié n°8 Les facteurs explicatifs de la remontée des inégalités L’inégalité des revenus primaires augmente [...], en France depuis les années 1980. [...] Plusieurs phénomènes semblent avoir

joué. Le progrès technique, en modifiant les méthodes de production, peut économiser le travail non qualifié ou exiger plus de travail

qualifié, ce qui accroît les inégalités. Le développement des échanges internationaux, en créant une concurrence entre les salariés peu qualifiés des pays développés

et ceux (nettement moins bien payés) des pays en développement, contribue également au phénomène. Pour l'instant, cet effet est limité, car les échanges ne concernent pas le bâtiment, le commerce ou certains services, dans lesquels se trouvent beaucoup d'emplois à bas salaire.

La demande de biens se déplace, et ce au détriment des secteurs employant beaucoup de main-d’œuvre non qualifiée. [...] L'infléchissement du partage de la valeur ajoutée au profit des revenus du capital, sous la pression d'actionnaires plus influents que par le passé, est favorable aux titulaires de hauts revenus, qui détiennent l'essentiel des valeurs mobilières.

Les réformes fiscales parties des pays anglo-saxons ont nettement réduit les taux les plus élevés de l'impôt sur le revenu et la fiscalité des revenus du capital, ce qui profite essentiellement aux plus riches. Ces réformes sont en partie une réponse au risque, réel ou supposé, de fuite des capitaux.

Arnaud Parienty, Alternatives économiques, poche n° 46, novembre 2010.

1. EXPLIQUER. Pourquoi les inégalités de revenus salariaux se sont-elles accrues depuis les années 1980 ?

2. EXPLIQUER. Expliquez la phrase soulignée.

3. RÉCAPITULER. Faites un schéma récapitulatif des facteurs ayant favorisé une hausse des inégalités de revenus. Document polycopié n°9

1) Faites une phrase donnant la signification de chacune des données entourées. 2) Quelle est l’évolution récente des inégalités de patrimoine ?

Document polycopié n°10

1) Calculez la progression de la part pré-engagée des dépenses dans le revenu disponible des ménages. 2) Calculez la part des dépenses pré-engagées dans le revenu disponible pour les quintiles Q1 et Q5. Quelle information peut-on tirer de cette comparaison concernant la consommation des différentes PCS ?

A partir des documents polycopiés n°11, 12 et 13 et de ce qui a été vu précédemment dans ce 2.2., montrez que les inégalités peuvent être appréhendées comme juxtaposition d’inégalités et comme processus d’interdépendances entre ces inégalités. Votre réponse doit faire environ une page.

Document polycopié n°11 En ce qui concerne l’inégalité face aux risques, l’étude de Dominique Waltisperger, de la DARES (Direction de l’animation de la

recherche, des études et des statistiques), menée à partir de l’enquête SUMER 2003, est éloquente. Cette étude met en évidence cinq familles de salariés, selon la nature des risques subis. Les salariés les plus qualifiés (cadres et professions intermédiaires) ainsi que les employés administratifs (au total 40 % des salariés) bénéficient de conditions de travail relativement clémentes. En revanche, les employés des services et des commerces, surnommés les obligés du public (21 % des salariés) subissent de plein fouet les pressions du client (horaires atypiques, tensions avec le public, leurs chefs, leurs collègues, manipulation de charges lourdes ou longues postures debout). Les ouvriers se répartissent entre deux familles : les « travailleurs de force » (18 % des salariés) qui cumulent de nombreux efforts physiques (port de charges lourdes, outils vibrants) et les « contraints » (16 %) asservis à des processus de production très astreignants (pétrochimie, cimenteries).

La dernière catégorie (5 %) – désignée du nom de « Zola » par Dominique Waltisperger – cumule à peu près toutes les pénibilités imaginables : horaires atypiques, risques physiques, rythmes de travail contraint, surveillance permanente de chefs…

Les salariés qui bénéficient des meilleures conditions de travail sont aussi les mieux payés, ceux dont les emplois sont les plus stables et les carrières les plus prometteuses. Inversement, les « travailleurs de force » –18 % des salariés, très présents dans le bâtiment et les PME –, « les obligés du public » ou les « Zola » ont le plus souvent de bas salaires, des emplois précaires et sans perspective.

Que certains emplois soient moins intéressants ou plus pénibles que d’autres, c’est sans doute difficilement évitable. Mais qu’ils soient aussi beaucoup plus précaires et moins bien payés est caractéristique d’un système inégalitaire injuste. C’est ce caractère cumulatif qui fait des inégalités et donc des injustices.

Thomas Coutrot, « Les inégalités face aux risques du travail s’aggravent », Alternatives économiques Poche, n° 43, mars 2010.

Document polycopié n°12

Document polycopié n°13

Document polycopié n°14 Lieux de résidence et inégalités Le lieu de résidence est aujourd'hui plus que jamais un marqueur social. Peut-être même le principal marqueur pour beaucoup

de familles. (…) C'est peut-être la raison pour laquelle, contrairement à une idée reçue, les personnes les plus démunies de ressources

matérielles sont finalement moins concentrées sur le territoire que les personnes les plus favorisées. Tandis que celles-ci mobilisent leurs ressources pour s'isoler, celles-là subissent des dynamiques de relégation. Les ghettos les plus fermés sont des ghettos de riches. La richesse - et notamment celle, immatérielle, que confèrent les diplômes des grandes écoles - est moins visible à l'œil nu que la pauvreté - et notamment celle qu'impose dans notre société le fait de ne pas être blanc ou de ne pas avoir la nationalité française. C'est sans doute ce qui explique la relative transparence sociale des enclaves chics. (…)

La lenteur des évolutions du paysage urbain s'explique paradoxalement par l'implacable propension avec laquelle chacun, à chacune de ses mobilités, fuit ceux qui se situent immédiatement au-dessous de lui dans l'échelle supposée des réalisations, et cherchent la proximité rassurante de ceux immédiatement au-dessus. (…)

La qualité de l'environnement social ne se résume pas au calme, à la sécurité ni à la proximité des équipements. L’enjeu du lieu de résidence va aujourd'hui bien au-delà de ces considérations. (…)

Le fait que pauvres et riches n'habitent pas du tout les mêmes quartiers représente une source d'inégalités considérables entre les enfants des différents milieux sociaux. Certains grandissent et interagissent au sein de voisinages où le chômage, la pauvreté et les difficultés d'intégration culturelle sont la norme, d'autres au sein de voisinages où ces problèmes sont inexistants. Autrement dit, le drame de la ségrégation territoriale, c’est qu’en conditionnant l’environnement social de chacun, elle pèse aussi de tout son poids sur le destin de chacun. (…)

La conséquence majeure de ces phénomènes est que les enfants de familles pauvres ou exposées aux problèmes d'intégration sont condamnés à interagir avec un voisinage où l'échec scolaire est la règle, tandis que les enfants de familles aisées grandissent dans des voisinages où l'échec scolaire n'existe presque pas. L'échec est en effet par construction beaucoup plus répandu dans les voisinages défavorisés. Les adolescents dont l'un des parents au moins est diplômé du supérieur vivent en moyenne dans des voisinages où le taux de retard à 15 ans est d'environ 13 %. À l'opposé les adolescents dont l'un des proches est sans diplôme vivent dans des voisinages où le taux de retard à 15 ans est plus de quatre fois plus élevé (56 %). (…)

À l'entrée dans l'âge adulte, les enfants des diplômés du supérieur résident dans des quartiers où l'immense majorité des jeunes de leur âge poursuivent des études supérieures, tandis que les enfants des personnes sans diplôme vivent dans des contextes où la plupart des jeunes de leur âge sont déjà sur le marché du travail.

On conçoit l'importance tout à fait décisive de l'environnement social, notamment au collège, au cours de l'adolescence, lorsque chacun essaie de trouver ses repères en dehors de la sphère familiale, auprès de ses pairs. (…) Le voisinage immédiat, l'immeuble où l'on habite, représentent des éléments de socialisation tout à fait centraux, notamment pour les jeunes des classes populaires et, plus généralement, pour tous ceux qui n'ont guère les moyens de se donner d'autres terrains de socialisation. L'influence du lieu de résidence ne se limite pas aux interactions extra-scolaires ayant lieu dans ces abords immédiats. Les enfants sont dans leur majorité scolarisés dans un établissement de leur quartier et la composition sociale de leur école et de leur classe est quasi mécaniquement à l'image de celle de leur quartier. Il en résulte des inégalités devant la composition sociale des écoles fréquentées tout aussi considérables que devant la composition sociale du voisinage de résidence.

Eric Maurin, Le Ghetto français, enquête sur le séparatisme social, Seuil, 2004.

1) Expliquez les deux causes du développement de la ségrégation spatiale. 2) Citez trois éléments permettant de stimuler l’attrait d’un quartier. 3) Expliquez le lien existant entre ségrégation spatiale et reproduction sociale. Montrez que les inégalités peuvent être considérées comme cumulatives.

Document polycopié n°15

en %

Lecture au moins une fois au cours des 12 derniers

mois

Cinéma au moins une fois au cours des 12

derniers mois

Musée au moins une fois au cours des 12

derniers mois

Théâtre au moins une fois au cours des 12

derniers mois

Agriculteurs exploitants 31 39 24 8

Artisans, commerçants, chefs d’entreprise

49 50 33 14

Cadres et professions intellectuelles supérieures

83 81 65 43

Professions intermédiaires 70 73 48 23

Employés 63 58 30 13

Ouvriers 32 46 17 6

Insee, « enquête permanente sur les conditions de vie », 2006.

Document polycopié n°16 Sont allés au musée au moins une fois

Ministère de la Culture, Enquête sur les pratiques culturelles, 2009.

1) Comment ont évolué les inégalités de pratiques culturelles entre 1973 et 2008 ?

Document polycopié n°17 Fonction sociale de la culture dominante Cette sociologie [celle de Pierre Bourdieu] entend saisir la distribution inégale des œuvres, des compétences culturelles et des

pratiques. C’est une sociologie des inégalités culturelles et des fonctions sociales de la culture dominante et, en tout premier lieu, celle de la distinction culturelle. Il y a, en effet, un profit de distinction à se démarquer du « vulgaire » (dans les deux sens du terme : le « commun » et le « grossier »), profit qui s’accompagne d’ « un profit de légitimité, profit par excellence, consistant dans le fait de se sentir justifié d’exister (comme on existe), d’être comme il faut (être) ». (…)

Le service de légitimation rendu par la culture à tous les dominants culturellement (c'est-à-dire à ceux qui maîtrisent plus ou moins tout ou partie des formes culturelles historiquement dominantes) est, dans le même temps et indissociablement, un service moral rendu aux individus qui sont, de près ou de loin, liés à cette culture, et qui se sentent ainsi justifiés d'exister tels qu'ils existent, c'est-à-dire justifiés d'exister différemment des autres. Si, dans nos sociétés différenciées et hiérarchisées, exister c'est être, se sentir différent (rare, unique, singulier, élu, etc.), alors la culture aujourd’hui (comme la religion hier) est un puissant moyen de construire cette différence.

Bernard Lahire, La culture des individus, dissonance culturelle et distinction de soi, La Découverte 2005.

1) Pourquoi Pierre Bourdieu a intitulé son ouvrage sur l’étude de la genèse du jugement de goût « La Distinction » ? 2) Quels profits psychologiques les dominants tirent-ils de l’inégalité d’accès à la culture légitime ? 3) Montrez à partir de vos deux réponses précédentes que les différences de pratiques culturelles entre groupes socioprofessionnels ne peuvent être considérées comme de simples différences.

Document polycopié n°18

1) Faites une phrase avec les deux données entourées. 2) Quel constat peut-on faire à partir de ce tableau ? 3) Ce tableau permet-il d’affirmer que tous les enfants fortement dotés en capital culturel sont en réussite ? que tous les enfants de milieux faiblement dotés en capital culturel sont en échec ?

Document polycopié n°19

1) Quelle est la proportion d’enfants d’ouvriers parmi les enfants entrés en 6

ème en 1995 ?

2) Pourquoi peut-on dire que les enfants d’ouvriers sont sous-représentés parmi les inscrits en classes préparatoires ? 3) Quelle est la proportion d’enfants d’ouvriers parmi les enfants entrés en 6

ème en 1995 ?

4) Pourquoi peut-on dire que les enfants d’ouvriers sont sous-représentés parmi les inscrits en classes préparatoires ?

Document polycopié n°20 Des inégalités économiques et sociales qui se cumulent A plusieurs reprises, cependant, nous avons eu l'occasion de relever entre ces différents aspects (des inégalités entre catégories

sociales) des relations étroites et complexes. Ainsi les inégalités de revenu disponible ne peuvent qu'engendrer des inégalités de patrimoine ; inversement, ces dernières contribuent aux premières par le biais des revenus patrimoniaux. De même, des inégalités de conditions de travail découlent des inégalités face à la maladie et à la mort ; et les inégalités face au logement contribuent aux inégalités face à la santé et face à l'école. Ou encore les inégalités de situation dans la division sociale du travail engendrent dans la descendance des dispositions ou des capacités diverses face à la formation scolaire, qui se traduiront par des résultats scolaires inégaux, débouchant sur des qualifications professionnelles inégales et des insertions inégales dans la division sociale du travail, la boucle étant bouclée.

Ces quelques exemples suggèrent que les inégalités forment système. D'une part, elles s'engendrent les unes les autres ; d'autre part, elles contribuent à former un processus cumulatif, au terme duquel les privilèges se regroupent à l'un des pôles de l'échelle sociale tandis qu'à l'autre pôle se multiplient les handicaps ; enfin, elles tendent à se reproduire dans le cours des générations.

Alain Bihr et Roland Pfefferkorn, Déchiffrer les inégalités, Syros, 1999.

1) Montrez à l’aide d’un exemple que les inégalités sociales peuvent engendrer des inégalités économiques. 2) Montrez à l’aide d’un exemple que les inégalités économiques peuvent engendrer des inégalités sociales. 3) Complétez le schéma avec les expressions suivantes : emploi stable et qualifié, revenus élevés, revenus du patrimoine, épargne, capital culture élevé, niveau de diplôme élevé, santé, logement et lieu de résidence privilégiés. 4) Expliquez la phrase soulignée.

Document polycopié n°21 Le sacrifice des générations ? « Les nouvelles générations de plus en plus diplômées sont, en même temps, de plus en plus en difficulté face au marché du

logement et aux conditions de stabilité dans le monde du travail. Chaque nouvelle génération entrant dans le monde du travail fait face à une situation de précarité d'intensité croissante à des niveaux de diplômes chaque fois plus élevés ! Pourtant, chaque fois, une promesse leur est offerte : « Aujourd'hui, à 20, 25 ans vous connaissez des difficultés mais dans 10 ou 15 ans vous aurez rattrapé vos retards de carrière! » Or, mon travail met en évidence le fait que ces promesses de rattrapage n'ont été que très partiellement respectées au cours de ces 12 dernières années. [...]

L'un des éléments centraux de la consommation post moderne d'accès à la culture, ce sont les départs en vacances. Dans les années 70, les voyages formaient la jeunesse. Plus vous étiez jeunes, plus les départs étaient nombreux et lointains avec de longues nuitées hors du domicile. Aujourd'hui, la courbe des départs en vacances est totalement transformée : les voyages forment la séniorité. Le point haut des départs en vacances se situe lorsque l'on est propriétaire, que l'on a remboursé ses crédits, que l'on bénéficie d'une situation salariale ou d'une retraite stabilisée... Les nouvelles générations, pour qui, les stages, les conditions d'emplois, le remboursement du logement impliquent un certain nombre de soirées nouilles au beurre... devant la télévision, ont considérablement perdu en termes de journées passées hors du domicile. Lorsqu'ils partent en vacances, la plupart du temps, c'est dans la résidence secondaire de papa/maman.

« Le clivage des générations : une fracture qui s’amplifie et qui questionne les politiques de la jeunesse », Conférence de Louis Chauvel, 12 mai 2011.

1. Quels sont les deux idées mises en évidence par Louis Chauvel dans le premier paragraphe? 2. Expliquez la phrase soulignée. 3. Quels aspects semblent indiquer que les générations nées après 1970 sont moins bien loties que les précédentes ?

Origine sociale favorisée

Constitution d’un patrimoine

Document polycopié n°22

1) Quelle évolution globale des inégalités dans les différents pays depuis la fin des Trente glorieuses laisse entrevoir ce graphique ? 2) Quels sont les deux pays ayant le niveau d’inégalité le plus élevé ? ceux ayant le niveau d’inégalité le plus faible ? où se situe la France ?

Document polycopié n°23