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Chapitre I: Les Origines et l’Histoire de la Magieautre plan de la réalité) occupaient ce monde. Leurs motivations restent un mystère, leurs actes sont inexplicables, mais leur

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    Chapitre I: Les Origineset l’Histoire de la Magie

    I l existe une énergie qui, en quelque sorte, imprègne l’Empireet toutes les terres du monde matériel, qui touche tout ce quis’y trouve à des degrés variables, de telle façon que chaquecréature, plante, roche, goutte d’eau et parcelle d’air en estpénétrée. Cette force n’est pas une énergie que nous pouvonsobserver, mesurer et dont nous pouvons prévoir les effets par lasimple action de nos pauvres yeux, car ceux-ci sont limités auroyaume de la perception humaine.

    Ainsi, à la différence de la lumière ou de la chaleur, cette autreénergie, cette énergie ésotérique, n’a rien de physique dans sonessence (elle est métaphysique, si l’on peut dire) en ceci que,malgré le fait qu’elle affecte l’ordre naturel du monde matériel,elle n’en est pas une composante naturelle. Elle a reçu une foulede dénominations au fil des millénaires, parmi de nombreuxpeuples et civilisations, mais l’appellation la plus commune souslaquelle la connaissent les peuples du Vieux Monde est toutsimplement la Magie.

    Cependant, il ne suffit pas de nommer une chose pour laconnaître et ainsi la question reste posée :qu’est-ce que la magie ?D’où vient-elle et comment agit-elle ? Naturellement, les érudits,

    les magisters (des membres à part entière des Collèges de Magie,ayant licence de pratiquer et d’enseigner la magie), les prêtres etles visionnaires ont tous des quantités de réponses à proposer.Quelques-unes sont de valeur équivalente même si, en surface,elles s’opposent parfois les unes aux autres ; d’autres présententmoins d’intérêt, tout en demeurant des opinions très répanduesdans les différentes cultures du Vieux Monde, car le peuple restefarouchement attaché à ses traditions et à ses mythes populaires.

    On dit qu’à moins d’être concentrée et façonnée au moyen d’unsort, la magie ne peut avoir d’effet prévisible sur une chosephysique ou sur l’une des activités du domaine matériel. Seseffets sur le monde sont souvent bizarres, imprévisibles ethasardeux, tout comme le monde l’affecte de manière tout aussiétrange. On peut affirmer avec une quasi-certitude que la magiemodifiera toujours les éléments du monde matériel avec lesquelselle entre en contact, mais il est difficile d’anticiper quelle formeprendra ce changement. Elle est capable de déformer ou dedémanteler les lois physiques du plan matériel et peut métamor-phoser tout ce qui existe pour engendrer d’autres objets ouprocessus qui ne pourraient exister sans elle.

    Malgré tous leurs splendides concepts et leurs prétentions àpercevoir les motivations des hommes et des dieux, lesphilosophes et les artistes de Tilée et d’Estalie ont toutjuste réussi à effleurer la surface des plus grands mystères de laCréation. En dépit des extraordinaires découvertes des pluséminents mathématiciens d’Arabie sur les forces qui régissent lesroyaumes des mortels et la précision de leurs calculs et de leursprédictions au sujet des effets de ces forces, ces hommes ne sontque des enfants comptant des billes colorées lorsque l’on compare

    leurs découvertes à l’infinie complexité de la réalité. Les prêtres etles théologiens impériaux ont beau bénéficier de révélationsinspirées par les dieux et entretenir d’étroites relations avec toutce qui est d’essence divine, ils ne sont plus que des benêts supers-titieux quand les certitudes de leurs croyances et les hochets deleur foi se trouvent confrontés à la terrifiante incertitude, auxchangements perpétuels et aux contradictions gouvernées par lehasard qui régissent le royaume «divin» de l’Aethyr.

    — Chapitre I —Les origines et l’histoire

    de la magie

    LE ROYAUME DU CHAOS

  • Pourtant,malgré cela, tous ces artistes,ces philosophes,ces obser-vateurs et ces ecclésiastiques partagent au moins une certitudecommune à leurs réflexions et à leurs travaux. Ils sont tousconvaincus que la réalité recouvre bien plus de choses quequiconque n’a jamais pu en imaginer et que ce «plus » est bienplus vaste, profond et insondable que tout ce que n’importe quelmortel a jamais pu envisager.En fait, les habitants du Vieux Mondedans leur diversité, des seigneurs éduqués aux paysans illettrés,reconnaissent implicitement que le monde tel qu’on le leurmontre, tel qu’ils le voient autour d’eux et le sentent sous leurspieds n’est pas tout. Loin de là, en réalité.

    Dans les cultes du monde connu comme dans les Collèges deMagie, il est généralement admis qu’il existe un domaineimmatériel au-delà de celui dans lequel nous vivons. Toutes lescréatures vivantes du monde physique possèdent une sorted’âme qui vit dans ce royaume immatériel ou s’y rend après lamort du corps physique. Mais la grande majorité des individus duVieux Monde n’ont, au mieux, qu’une compréhension nébuleuseet très étroite de cette notion.

    Les grands archimages de la tour de Hoeth, en Ulthuan, utilisentparfois l’analogie suivante : tout comme les corps et les esprits

    des mortels habitent le monde matériel, leurs âmes (ou ombresimmatérielles) résident dans l’Aethyr. Pourtant, même cette expli-cation reste trop simpliste, car ces âmes sont des entités trèscomplexes,bien trop complexes pour qu’on se limite à les définircomme de simples ombres de la vie mortelle. Elles le sont, maiselles sont aussi bien plus que cela.

    De nombreux prêtres et érudits de l’Empire pensent que ceroyaume des esprits est en fait le royaume des limbes de Morr,dieu de la mort et de la fin des choses, et que les âmes y sontattirées après le trépas du corps.Certains théologiens du culte deSigmar et de nombreux adeptes d’Ulric croient que leur divinitétutélaire possède un royaume divin personnel, où seuls les pluspieux et les plus fidèles d’entre eux seront accueillis après lamort, ce qui leur évitera de séjourner dans le domaine de Morr.En plus de tout ceci, il existe une croyance très répandue chez leshabitants du Vieux Monde : on dit que ceux qui vénèrent lesdivinités démoniaques, le Grand Abîme, et qui vivent sous leurdomination tomberont dans les enfers infinis des royaumes duChaos, tout comme les gens qui osent refuser aux dieux lerespect et la vénération que ceux-ci exigent et méritent.

    En un sens, toutes ces croyances sont exactes, mais elles sontégalement limitées dans leur perspective, noyées au cœur demythes séculaires, de traditions étouffantes, de dogmes et desuperstitions. Peu de prêtres ou d’érudits (ou même d’autrespersonnes, d’ailleurs) identifient les royaumes divins ou leslimbes de Morr comme étant le même endroit ou état ou la mêmechose que l’Aethyr ; cet Aethyr auquel les magisters de l’Empirefont quelquefois référence comme étant la source de leurspouvoirs. Les membres du clergé de Sigmar prêchent que lesenvoûteurs, les thaumaturges et tous les lanceurs de sorts nonreconnus par les Collèges de Magie impériaux utilisent le souffleimpie des démons pour alimenter leurs pouvoirs hérétiques. Parconséquent, certains sigmarites soutiennent que la magie est liéeau royaume du Chaos où règnent les Dieux Sombres.

    Avant l’apparition des humains et des nains,avant même queles asurs (les elfes) aient développé un langage, deslégendes à moitié oubliées racontent que des êtres venusd’au-delà des plus lointaines étoiles (ou peut-être simplement d’unautre plan de la réalité) occupaient ce monde. Leurs motivationsrestent un mystère, leurs actes sont inexplicables, mais leurmaîtrise de la science et de la sorcellerie était telle que ces êtresétaient de nature quasi divine, naviguant comme des géants surl’océan des étoiles. Selon les rumeurs qui circulent dans la plupartdes cénacles liés à la magie, il existerait en Lustrie des textesarchaïques et rongés par le temps,gravés sur les murailles en ruinede temples préhistoriques oubliés. Si l’on pouvait déchiffrer cestextes, ils révéleraient toute la vérité sur ces êtres de l’antiquité etsur les plans qu’ils avaient conçus pour ce monde.Certains,parmiles prophètes hérétiques et autres prédicateurs déments,prétendent qu’en leur temps ces êtres étaient plus puissants queles vrais dieux tels que Morr ou Rhya, ou même que Khorne ouTzeentch, parce qu’ils existaient bien avant l’éveil complet dudivin. En vérité, ces déséquilibrés affirment que cette race, lapremière de toutes, avait le pouvoir d’invoquer les dieux et de lesasservir afin qu’ils obéissent à leurs commandements. Ces fousprétendent que ce sont les actions de ces êtres,délibérées ou non,qui ont sculpté le néant encore dépourvu de forme et en ont faitla matrice de toutes les divinités.

    Mais les gouffres du temps qui séparent notre époque de la leursont si vastes. Qui peut dire avec certitude où se situent les faits,le mythe, la folie ou le mensonge ?

    Les œuvres des AnciensSelon certains récits, ces grands et énigmatiques Anciens, dont lesouvenir diffus ne persiste que dans les plus anciennes légendeselfes et, sous une forme corrompue, dans les croyances de diverscultes secrets et dégénérés, auraient remodelé le monde et ungrand nombre de ses créatures pour leur donner des formes plusplaisantes et plus utiles à leurs yeux. La raison pour laquelle ilsont décidé d’agir ainsi se perd dans les brumes de la préhistoire,mais si ce que l’on dit est vrai, le développement de presquetoutes les races intelligentes de ce monde aurait subi leurinfluence.

    Ce furent eux, ou peut-être une race subalterne qu’ils amenèrentavec eux sur ce monde, qui enseignèrent aux premiers elfes l’artde percevoir les filaments de magie qui s’infiltraient dans cemonde au travers de leurs portails aethyriques et de les utiliser.Que ce soit du fait de leur nature profonde ou à cause d’uneintention des Anciens, les elfes possédaient une grande affinitéavec ces courants de magie,bien qu’ils ne fussent que des enfantscomparés aux Anciens. Toutefois, les elfes étaient capables demodeler ces courants de magie et de les utiliser sous forme desorts que leur enseignèrent leurs divins mentors, ainsi qu’aumoyen d’autres sorts qu’ils créèrent eux-mêmes au fil du temps.

    En dépit de leur puissance divine et de leur apparenteomniscience, les Anciens finirent par être chassés du monde

    Chapitre I: Les Origineset l’Histoire de la Magie

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    — LE MYSTÈRE DIVIN —Le MJ doit garder à l’esprit qu’aucun prêtre, théologien ou boncitoyen de l’Empire ne saurait faire le lien entre les royaumesdu Chaos, ou les enfers des Dieux Sombres, et les royaumesdivins des dieux les plus salutaires de l’Empire (sauf, bien sûr,si le citoyen en question est un sorcier ou un membre d’unculte du Chaos). Très peu de personnes oseraient mêmeimaginer que les dieux bénéfiques et maléfiques s’incarnentet résident dans le même plan métaphysique.

    LES ANCIENS, L’AETHYRET L’AVÈNEMENT DES DIEUX

  • Chapitre I: Les Origineset l’Histoire de la Magie

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    Dans les instants qui précédèrent le Commencement, il n’y avait ni Temps, ni Matière, ni Dimension, mais seulementl’Infinie Possibilité d’existence de ces choses ; car en l’absence absolue de quoi que ce soit, tout devient absolument possible.Et ainsi, il advint que cette Infinie Possibilité prit conscience de sa propre existence, engendrant du même coup l’Universet tous les plans d’existence qui lui sont parallèles.

    Tandis que le Temps, la Matière et la Dimension se déployaient au sein de la matrice physique du Réalisé, la Possibilitécontinua à se développer à leurs côtés, dans le sein métaphysique du Devenir en gestation. Chaque nouvelle créationamenait avec elle la possibilité d’une croissance et d’une plus grande complexité de Forme et de Processus.

    Au fil du temps, la Création se tourna sur elle-même pour enfanter la Vie et, à son tour, la Vie accoucha de la Perception.À la suite de la Perception vint la Conscience et avec la Conscience naquit l’Intelligence, dont découlent le Concept et lesMots qui relient toutes choses au Concept.

    Alors, les Mots engendrèrent de nouveaux Concepts qui entraînèrent l’accroissement de l’Intelligence et cetteIntelligence accrue élargit la Conscience. Ainsi amplifiée, la Conscience permit l’évolution de la Perception et cettePerception évoluée en vint à connaître la Vie plus intimement. La Perception comprit la Forme et le Processus de tout cequi faisait partie de la Réalisation et en vint à s’infiltrer dans le Potentiel brut de tout ce qui était encore en Devenir.

    Au cœur de l’Infinie Possibilité qui habitait le Devenir, les Concepts commencèrent à prendre leur propre forme et, avecle temps, les Grands Paradigmes s’éveillèrent ; Puissances en Devenir qui s’exprimèrent dans leurs propres Mots, si glorieuxet si terrifiants.

    À présent que des millénaires se sont écoulés, nous nous exprimons enfin avec nos propres Mots.Des Mots qui marient lelangage du quotidien aux langages de ceux qui, grâce à leurs visions mystiques, nous apprennent à connaître les Dieux etle monde, le Mortel et l’Immortel.Par eux, nous pourrons sculpter le monde à notre Volonté et l’univers suivant nos Desseins.

    Il en est ainsi et ainsi il en sera.

    — TECLIS D’ULTHUAN,TRADUIT EN REIKSPIEL, PAR LE MAGISTER VERSPASIAN KANT, PATRIARCHE DE L’ORDRE LUMINEUX

    Ils me qualifient de traître, pourtant je sais bien que je suis resté loyal.

    Hérétique, ont-ils hurlé, et pourtant j’ai vu les dieux comme ils ne peuvent pas les voir.

    Ils m’ont marqué comme acolyte des démons. Pourtant lorsque j’ai invoqué l’Uncréé, j’ai goûté le fruit de la vérité ;même si mon corps, mon esprit et mon âme en payent à présent le prix.

    Je sais que les œuvres de l’humanité ne sont que des édifices qui se désagrègent sur les courants mouvants des sablesarides du temps.Elles ne dureront pas.Elles en sont incapables.Les vents qui descendent du Nord sont cruels en vérité, issusdes entrailles même de l’Enfer. Les pauvres fondations de la civilisation ne leur survivront pas.

    Je rejette la vanité des hommes. Je verse des larmes devant leur orgueilleuse ignorance. Je connais la grandeur desanciennes races qui les ont précédés et la divinité impensable des créatures qui sont venues avant celles-ci.Dans mon rêveéveillé, j’ai assisté à l’aube, comme si le passé le plus lointain se révélait à mes yeux. J’ai vu les Tout-Puissants, les PremiersNés, traversant la nuit infinie pour apporter leur gloire et leur horreur sur ce misérable monde médiocre. J’ai observé cescréatures sans pitié, ces dieux mortels, les premiers de toutes les races ancestrales, tandis qu’ils élevaient leurs monumentsde matière et de pensée, sans souci des frontières entre la réalité et l’irréalité.

    Ils ne connaissaient ni frontières, ni mesures, ni limites. Ils ont puisé dans le néant insondable et dénaturé tout ce quiexiste pour le changer en tout ce qui ne devrait pas être. Ils ont conçu des portails cyclopéens reliant tous les lieux et tousles temps et plié les potentialités encore indéfinies des royaumes intermédiaires à leur bon vouloir. Pourtant, la fin de cesAnciens, tout grands et terribles qu’ils fussent, était inscrite dans chacune de leurs actions. Car plus ils puisaient profon-dément dans le néant et plus ils examinaient ses conceptions divines, plus ils attiraient son attention et éveillaient sa faimdévorante.

    Ces êtres prodigieux créèrent des formes de vie suivant leurs souhaits. Et ailleurs, là où ils ne le firent pas, ils altérèrentles créatures qui étaient apparues avant leur arrivée. Ils modelèrent leurs corps, leurs âmes et leurs intelligences pour enfaire de parfaits esclaves ou des sujets d’expérimentation.Et c’est à cette occasion que des filaments ténus s’étirèrent depuisl’Au-delà, trop faibles pour représenter une menace pour les Premiers Nés, ou même pour les toucher, mais suffisammentforts pour s’insinuer dans l’esprit de leurs serviteurs mortels. Les esprits des rejetons de cette progéniture s’accrochèrentaveuglément à ces impalpables fibres du Chaos, les ramenèrent à eux grâce aux failles qui pouvaient exister dans lavolonté des Premiers Nés et permirent au néant de prendre pied sur le plan des mortels.

    C’est ainsi que les œuvres des Premiers Nés furent amoindries et brisées sur le genou du Chaos. Leurs gigantesquesportails tremblèrent sur leurs bases et s’effondrèrent et les pensées vagabondes, les cauchemars, les désirs diffus et les rêveséveillés qui hantent le royaume du Chaos s’incarnèrent dans notre réalité blafarde.C’est de cette manière que sont arrivésla magie et tous les dieux monstrueux et les démons de notre monde. Dans le passé comme aujourd’hui, qui possède ouposséda le pouvoir de s’élever contre eux ?

    — RICHTER KLESS, PENSIONNAIRE DU GRAND ASILE D’ALIÉNÉS DE FREDERHEIM