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CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal Cahier n° 20 FOIRE DU GRAND PALAIS 11 au 14 avril 2019 STAND A5 Le seul témoin du projet d’édition illustrée, voulue par Charles Baudelaire et Auguste Poulet-Malassis, et dessinée par Félix Bracquemond. Relié par Charles Meunier.

CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal - de Proyart...CHARLES BAUDELAIRE Les Fleurs du mal Cahier n 20 Foire dU GrANd PALAiS 11 au 14 avril 2019 STANd A5 Le seul témoin du projet d’édition

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CHARLES BAUDELAIRELes Fleurs du mal

Cahier n° 20

Foire dU GrANd PALAiS11 au 14 avril 2019

STANd A5

Le seul témoin du projet d’édition illustrée,voulue par Charles Baudelaire et Auguste Poulet-Malassis,

et dessinée par Félix Bracquemond.Relié par Charles Meunier.

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BAUDELAIRE, CharlesLes Fleurs du MalParis, Poulet-Malassis et de Broise, 1857

L’UNiQUe TÉMoiN dU ProJeT d’ÉdiTioN iLLUSTrÉe deS FLEURS DU MAL VoULUe PAr CHArLeS BAUdeLAire eT AUGUSTe PoULeT-MALASSiS eT iLLUSTrÉe PAr FÉLiX BrACQUeMoNd.

Le TrÈS CÉLÈBre eXeMPLAire “SAMUeL PUTMAN AVerY” de L’iMPoSSiBLe TroiSiÈMe ÉdiTioN deS FLEURS.

L’eXeMPLAire A ÉTÉ reLiÉ PAr CHArLeS MeUNier PoUr AVerY eT PLACÉ PAr Le reLieUr dANS UN TABerNACLe iNoUÏ. L’eNSeMBLe CoNSTiTUANT UN CHeF-d’ŒUVre de LA reLiUre 1900 : “A BeAUTiFUL ANd FASCiNATiNG CoPY” (Catalogue de la vente Avery, 1919).

4 5

CeT eXeMPLAire PrÉSeNTe de NoMBreUX doCUMeNTS eSSeNTieLS À LA CoMPrÉHeNSioN dU ProJeT :

- UNe LeTTre de BAUdeLAire À PoULeT-MALASSiS SUr Le CoNTrAT deS FLEURS DU MAL de 1857 ATTeSTANT de LeUr CoLLABorATioN iNTiMe (cf. infra, n° 5);

- UNe AUTre SUPerBe LeTTre de BAUdeLAire À PoULeT-MALASSiS SUr CHArLeS MerYoN eT edGAr Poe, AVeC L’AVeU CAViArdÉ eT JUSQU’iL Y A PeU iNÉdiT : VICTOR HUGO M’EMMERDE (cf. infra, n° 6);

- TroiS deSSiNS oriGiNAUX de BrACQUeMoNd PoUr Le FroNTiSPiCe (cf. infra, n° 4.3., 4.4. et 4.6.);

- SiX eAUX-ForTeS deS TroiS ÉTATS dU CÉLÈBre FroNTiSPiCe doNT TroiS SiGNÉeS PAr BrACQUeMoNd;

4.4.

4.2.

6 7

Le frontispice de Bracquemond : histoire des trois états. Trois dessins originaux et trois estampes signées au crayon par l’artiste

4.2. Première état, signé par Bracquemond 4.3. Première état de la gravure avec le dessin original de Bracquemond pour le troisième état

4.7. deuxième état 4.4. Troisième état

4.6. dessin original de Bracquemond pour le deuxième état

4.3. Verso, dessin original de Bracquemond

4.7. deuxième état signé par Bracquemond 4.4. Troisième état, signé deux fois par Bracquemond

8 9

- LA LeTTre de BrACQUeMoNd eXPLiQUANT À CHAMPFLeUrY SA diFFiCULTÉ À deSSiNer Le SQUeLeTTe-ArBre SoUHAiTÉ PAr BAUdeLAire eT PoULeT-MALASSiS (cf. infra, n° 7);

- LA CoLLATioN MANUSCriTe PAr CHAMPFLeUrY eT BrACQUeMoNd de CeT eXeMPLAire AVerY (cf. infra, n° 9);

- LA TRÈS IMPORTANTE SUITE EN DOUBLE ÉTAT DES ORNEMENTS TYPOGRAPHIQUES, VÉRITABLE SYSTÈME DÉCORATIF CONÇU PAR BRACQUEMOND SELON LES SOUHAITS D’AUGUSTE POULET-MALASSIS ET DE CHARLES BAUDELAIRE, ET QUI DEVAIENT RYTHMER CETTE NOUVELLE ÉDITION DES FLEURS DU MAL (cf. infra, n° 10).

- CeTTe SUiTe PrÉSeNTe QUATre iNTerVeNTioNS AUToGrAPHeS de PoULeT-MALASSiS, eT oN Ne CoNNAÎT, SeLoN CHAMPFLeUrY LUi-MÊMe, QU’UN SeUL AUTre eXeMPLAire de CeTTe SUiTe, CeLUi de LA BRITISH LIBRARY (cf. infra, n° 10).

L’eXeMPLAire SiNGULier, diSPArU dePUiS UN SiÈCLe, de WiLLiAM ANdreW CLArK, L’UN deS GrANdS “roBBer BAroNS” AMÉriCAiNS, doTÉ de L’UNe deS PLUS iMPorTANTeS ForTUNeS deS ÉTATS-UNiS dANS LeS ANNÉeS 1900.

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ÉdiTioN oriGiNALe

in-8 (188 x 118mm)exemplaire complet des pièces condamnées, avec la faute “Feurs” aux titres courants des p. 31 et 108 et la faute “captieux” pour “capiteux” au premier vers de la p. 201, toutes marques de PreMiÈre ÉMiSSioN. Avec la faute corrigée p. 12 (“enhardissant”)

reLiUre-TABerNACLe À eMBLÈMeS MACABreS SiGNÉe de CHArLeS MeUNier “eXeCUTed For Mr. AVerY”. Maroquin havane, décor mosaïqué, doré et argenté, sur le premier plat : deux fleurs grimpantes poussant dans des vases, bordées d’un semé de têtes de mort, serpents, sabliers, miroirs, trompettes et chouettes, colombes de l’amour surmontant la tête d’un diable laurée et édentée, sur le second plat : motif central à deux têtes de mort, sablier, serpents, glaives et flammes, bordé d’un motif de branchage à fleurs de chardon et tête de mort, dos long orné et doré d’un même décor, doUBLUre À SUPerBe MoTiF MACABre, grand décor mosaïqué, doré et argenté, puttis, vestales, squelettes, têtes de mort et satyres, la première doublure surmontée de la devise amor à mort, gardes de moires violettes, le livre est relié sans les couvertures, fermoirs en argent et à motif de tête de mort et de serpents, tranches dorées et ciselées aux mêmes emblèmes

14 15

Au sujet de Charles Meunier et de son immense talent créateur, nous renvoyons au passionnant article de Jean-daniel Candaux (“Les manuscrits et dossiers littéraires chez le relieur bibliophile : coup d’œil sur la collection Charles Meunier”, Travaux de littérature, n° 11, Paris, 1998, pp. 373-394). La Bibliothèque publique universitaire de Genève conserve, à la suite d’un don du relieur, près de mille reliures de Charles Meunier qui formaient sa collection personnelle. Jean-daniel Candaux, fin spécialiste de rousseau et de Mme de Staël, insiste sur sa remarquable capacité à relier ce qu’il appelle des “dossiers” et à créer sur eux “des reliures qui comptent parmi les plus belles du maître”. C’est ce talent que Charles Meunier, créateur d’une édition des Fleurs du mal, a mis ici à la disposition de Samuel Putnam Avery pour son “dossier” des Fleurs du mal

LA reLiUre eST eLLe-MÊMe PLACÉe dANS UNe BoÎTe-TABerNACLe ÉGALeMeNT SiGNÉe PAr CHArLeS MeUNier. Boîte de maroquin havane à l’imitation d’un livre, encadrement de deux filets estampés à froid autour des plats, dos à nerfs, tranches dorées avec boutons à motifs floraux en cuivre, gardes de velours rouge, ouvrant SUr LeS PorTeS d’UN TABerNACLe À eMBLÈMeS MACABreS, décor mosaïqué de maroquin beige, doré et argenté, têtes de mort, serpents et chouettes, avec un bouton de cuivre en forme de tête de mort

Trois boutons floraux du décor des tranches de la boîte manquent. Petite restauration dans la marge de la p. 33 du livre

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Si le projet d’une édition illustrée des Fleurs du mal conçu par Auguste Poulet-Malassis et par Charles Baudelaire avait vu le jour, notre perception de sa poésie aurait été profondément différente. Édition de luxe, troisième édition, un temps pensée pour être imprimée au format in-4, ce projet, véritable serpent de mer de la correspondance baudelairienne pendant plusieurs années, aurait inventé une forme qui nous est restée inconnue.

La forme du livre

Car pour Baudelaire, le livre, dans sa matière concrète, est bien une forme, la forme de l’écriture, comme il l’écrit à sa mère à propos de la plaquette sur Théophile Gautier, publiée par Poulet-Malassis et dotée pour la première fois d’un frontispice : “es-tu contente de la brochure ? Je parle de la forme que Malassis a donné à la chose, caractère et papier ?” (15 novembre 1859, Correspondance, i, p. 617).

Ce souci de la forme du livre a été sanctuarisé - les bibliophiles le savent - par les exemplaires personnels de Baudelaire, reliés la plupart du temps par Lortic, selon les consignes du poète, puis gardés pour lui, comme certains des livres de sa bibliothèque, ou offerts à certains de ses proches avec un envoi. Ces Lortic de Baudelaire ont d’ailleurs modelé la définition de la notion d’exemplaire en matière de collection de littérature française, pour des générations de collectionneurs du XXe siècle et, très certainement encore, pour les prochaines générations.

4.2.

4.3.

18 19

Le frontispice de Bracquemond

Au-delà de sa très spectaculaire reliure-tabernacle de Charles Meunier, bien peu compatible avec la rigidité toute janséniste - on dirait aujourd’hui design - des reliures de Lortic, l’exemplaire Avery permet d’appréhender cette forme étrange d’un livre tant désiré. Champfleury fut sans doute l’un des témoins privilégiés de cette quête. on le retrouve en de multiples lieux de cet exemplaire. en toute légitimité d’ailleurs, puisque dès la mort de Charles Baudelaire, Champfleury fait partie, selon Mme Aupick, des trois amis que la mère du poète reconnaît comme les plus proches de son fils, avec Charles Asselineau et Théodore de Banville. Champfleury était comme Baudelaire un grand amateur de gravures et particulièrement des Danses de mort. La mère du poète voulut le remercier par un don d’objet ayant appartenu à son fils. elle lui offrit un exemplaire de La Danse des morts de 1848 d’Alfred rethel, sans doute une version allemande que Baudelaire possédait depuis longtemps, et dont on sait, depuis la magistrale étude de Claire Chagniot - à laquelle cette notice doit beaucoup -, qu’elle inf luença grandement le poète dans sa conception du frontispice des Fleurs. Champfleury, présent dès l’origine du projet, a su percer la source baudelairienne, comme il l’écrit dans la note autographe de cet exemplaire (cf. infra, n° 8)

“Par ces frontispices, ces f leurons et ces culs-de-lampe on aura peut-être une plus nette idée des Fleurs du mal qu’en les lisant. Commandées et gravées sous la direction d’un éditeur, ami de l’auteur, qui était entré profondément en lui, ces vignettes ne purent paraître par suite de divers événements [...] ces images |...] montrent comme une collaboration de Baudelaire et Malassis interprétée par un dessinateur [Bracquemond]”...

4.4.

4.5.

20 21

Cette idée d’une autre lecture, qui ne serait pas celle des caractères typographiques, fait sortir le livre illustré de sa dimension classique. il ne s’agit plus d’une facialité texte-image, comme celle régnant dans le domaine du livre dit de peintres, mais bien d’une entrée par l’image et l’allégorie dans le monde du poème. Créé par ce que Champfleury nomme lui-même une “collaboration de Baudelaire et de Malassis interprétée par un dessinateur”, ce qui demeure ici du projet de Baudelaire et Poulet-Malassis n’est pas une reconstitution factice faite par un amateur américain de Baudelaire, mais bien un moyen unique de pénétrer dans les dernières ambitions de Baudelaire, celles qui marquent ce que Claire Chagniot a appelé, à la suite d’Antoine Compagnon, le retour à l’allégorie dans les dernières années de la vie de Baudelaire.

Cet exemplaire Avery, unique par sa suite d’ornements connue, selon Champfleury lui-même, à un seul autre exemplaire et la seule en mains privées, unique par ses projets dessinés et états différents du frontispice de Bracquemond, sanctuarise une fois pour toutes, dans sa reliure-tabernacle inouïe de Charles Meunier, le projet partagé par Baudelaire et Poulet-Malassis de ce qu’aurait dû être cette édition illustrée des Fleurs du mal. La lettre de Baudelaire à Poulet-Malassis du 9 décembre 1856 (cf. infra, n° 5), conservée dans cet exemplaire, annonce cette idée de la forme du livre complaisant à Baudelaire : “chez vous, je serai fabriqué honnêtement et élégamment”. La disparition de cette lettre avait fait écrire à Pichois : ferait fabriquer (Correspondance, i, p. 364), selon une leçon en réalité incompréhensible. il convient donc de revenir brièvement sur les étapes de cette “fabrication” ratée qui feront la rapide chronologie d’un échec.

Le goût pour l’estampe a toujours habité Baudelaire. on le ressent dans l’incroyable lettre à Poulet-Malassis de cet exemplaire à propos d’une discussion qu’il a eue avec Charles Meryon (janvier 1860, cf. infra n° 6). Claire Chagniot a su montrer qu’il “s’intéressait aux représentations macabres dès la première moitié des années 1840, et la recherche d’un tel sujet pour le frontispice des Fleurs du mal en 1859-1860 ne marque pas le début de ce goût, mais son aboutissement” (op. cit., p. 277). Lorsque Félicien rops racontera plus tard l’origine de son amitié avec Baudelaire, il écrira “nous nous sommes rencontrés dans un amour étrange, l’amour de la forme cristallographique première : la passion du squelette” (cité in P. dufay, “dix-huit lettres de Félicien rops à Poulet-Malassis”, Mercure de France, oct. 1933, p. 48).

Le projet d’ édition illustrée

Le démarrage du projet d’édition illustrée est longuement détaillé par Baudelaire dans son importante lettre à Nadar du 16 mai 1859. Le poète adresse à son ami de nouvelles pièces qui “rajeuniront, je l’espère, mon livre f létri” par le procès. Puis il parle de la Danse des morts de rethel, d’un artiste “allemand” qui “a un talent tout à fait propre aux illustrations et aux frontispices” et enfin de Gustave doré auquel il “avait pensé”. on lit en creux que se dessine là le projet de l’édition illustrée. il annonce ensuite son prochain projet éditorial avec Poulet-Malassis formé par quatre livres dont trois comporteront des frontispices :

4.7.

22 23

“l ’ensemble des articles sur Poe (ici un portrait (...) encadré dans des figures allégoriques)... Opium et haschisch : frontispice allégorique... L’ensemble de mes articles critiques sur les beaux-arts et la littérature..., la deuxième édition des Fleurs. ici un squelette arborescent, les jambes et les côtes formant le tronc, les bras étendus en croix s’épanouissant en feuilles et bourgeons, et protégeant plusieurs rangées de plantes vénéneuses, dans de petits pots échelonnés comme dans une serre de jardiniers. Cette idée m’est venue en feuilletant l’histoire des Danses macabres d’Hyacinthe Langlois” (Correspondance, i, p. 577)

Ce projet trouvera sa traduction dans le contrat signé avec Poulet-Malassis pour quatre livres le 1er janvier 1860 (Correspondance, i, pp. 648-649). Mais deux projets de frontispice disparaîtront et celui des Fleurs finira aux Épaves. Baudelaire poursuit alors avec Nadar un dialogue oral, qui semble doubler des conversations d’amitié. il écarte de nouveau Gustave doré qu’il juge “puéril” puis le poète annonce avec la toute force de conviction de son génie :

D’ailleurs tu vois que je veux en revenir au système du frontispice antique, mais traité d’une manière ultra-romantique.

Le ton est donné : ce sera celui du retour à l’allégorie, ou “du retour réf lexif sur le romantisme” (Claire Chagniot, p. 308). Cette discussion de mai 1859 entre Baudelaire et Nadar fait sans doute échos à d’autres discussions que Baudelaire eut avec Poulet-Malassis. Ce dernier est lui aussi co-auteur de l’ensemble du projet d’illustration : “mieux vaut éviter d’imputer à Baudelaire seul la décision de donner des frontispices à ses livres” (Chagniot, p. 308). L’histoire du frontispice de Bracquemond a pu être minutieusement reconstituée par Claude Pichois depuis l’entrée à la BnF des lettres de Poulet-Malassis à Bracquemond. Claire Chagniot la résume avec brio dans son ouvrage (cf. les pp. 323-333). Bracquemond a tenté par deux fois de satisfaire Poulet-Malassis et Baudelaire : en 1859-1860 et en 1861.

Le frontispice, encore

Le premier essai se clôt par un échec signifié par la fameuse - la plus belle - lettre de Baudelaire, celle du 20 août 1860 : “voici l’horreur de Bracquemond”. L’artiste et le poète ne se brouillèrent pas pour autant et le don par Baudelaire d’un exemplaire des Fleurs relié par Lortic lorsque Bracquemond vint faire son portrait pour la future seconde édition en janvier 1861, en témoigne. L’impossibilité pour Bracquemond de trouver les modèles imprimés (la fameuse estampe d’eustache-Hyacinthe Langlois mentionnée dans la lettre à Nadar), auxquels se référaient l’éditeur et le poète, compliqua sérieusement sa tâche.

Le 8 septembre 1860, Baudelaire a déjà annoncé à Bracquemond, comme il l’écrit à Poulet-Malassis : “j’ai pris la liberté de l’informer moi-même que je le débarrasserais de l’ennui de penser à des f leurs”. Comme l’écrit alors Claire Chagniot : “on ignore comment on est passé à la seconde phase du frontispice [le portrait] pour l’édition des Fleurs du mal de 1861” (op. cit., p. 333). Cette édition paraît au début de février 1861.

4.3. verso

24 25

Poulet-Malassis aurait souhaité présenter cette édition de luxe à l’exposition universelle de Londres prévue pour l’été 1862. dans une lettre à sa mère du 10 juillet 1861, Baudelaire ajoute à la phrase précitée à propos du projet Poulet-Malassis, et faisant sans doute allusion à la caricature de 1858 titrée L’ indignation d’un père : “Singulière idée et que je crois mauvaise ! Quelle est la maman qui donnera Les Fleurs du mal en étrenne à ses enfants !” (Correspondance, ii, p. 178)

La faillite de Poulet-Malassis à l’été 1862 qui met un terme au projet éditorial. Cette édition illustrée constitue le chant du cygne d’un des plus beaux couples de la poésie française, celui d’un poète et de son éditeur.

Mais, le 9 août 1865, dans une lettre adressée à Julien Lemer (son intermédiaire auprès de la presse et de l’édition parisiennes) et écrite depuis l’exil bruxellois, Baudelaire revient sur la nécessité de republier Les Fleurs du mal désormais introuvables :

C’est quelques mois après que renaît le projet d’une troisième édition, comme l’écrit Baudelaire à sa mère le 10 juillet 1861 : “il faut que je surveille frontispice, portrait, f leurons et culs-de-lampe, pour une troisième édition des Fleurs (à 25 francs) que l’éditeur veut risquer”. Le projet entre alors dans sa seconde et dernière phase. il est porté par Poulet-Malassis, comme le prouve ses quatre interventions autographes dans notre maquette (cf. infra, n° 10), et dessiné de nouveau par Bracquemond. L’artiste développe donc un système d’ornementation typographique qu’il fait clicher par Sotain. Baudelaire assume de diverses manières la paternité de ce projet en même temps que, parfois, il le désapprouve ; la vérité étant, comme souvent chez Baudelaire, un composé des deux, ce que reconnaît Claire Chagniot.

1.1. Spleen et idéal 1.2. Spleen et idéal

26 27

“Si le libraire veut plus tard en faire une riche édition, grand in-octavo ou in-quarto, il n’aura qu’à racheter [...] les clichés des f leurons, lettres ornées et culs-de-lampe préparés du temps de Malassis. il ne manque qu’un portrait et un frontispice, dans le même style, dont les dessins sont chez Bracquemond” (Correspondance, ii, p. 523).

de même, le 30 janvier 1866, Baudelaire écrit à Narcisse Ancelle, toujours depuis Bruxelles, à propos d’un autre agent nommé Lécrivain qui cherche à faire publier pour Baudelaire chez les frères Garnier une édition à grand tirage des Fleurs du mal : “Il y a chez un imprimeur de Paris, des clichés, f leurons, culs-de-lampe, majuscules ornées, qui avaient été préparés pour une grande édition des Fleurs du mal (avis aux Garnier)” (Correspondance, ii, p. 582). Si le poète reconnaissait que l’on pouvait utiliser le travail effectué, c’est qu’il l’approuvait. Le 27 août 1861, Baudelaire, parlant précisément de ce projet éditorial, demande à Poulet-Malassis : “Avez-vous renoncé à la troisième des Fleurs ?” L’interrogation ref lète bien l’intérêt que le poète porte au projet.

Les sentences latines et l’aveu d’auteur de Baudelaire

Le système décoratif du livre projeté marquait une forme de retour à l’emblématique humaniste. Les sentences latines, enfermées dans les cartouches, servaient de devises renvoyant à des realia, sources communes à toutes cultures au-delà sans doute du langage lui-même. Mais l’incontestable aveu de paternité de Baudelaire est donné par sa lettre à Poulet-Malassis que Pichois date de juillet 1861 et que Claire Chagniot propose (pour des raisons légitimes de critique interne) de reporter au mois d’octobre 1861. Charles Baudelaire fournit à son éditeur une liste de sentences latines dont certaines se retrouveront directement dans les ornements de Bracquemond, comme Ad solem dolorosa, qui figure dans le bandeau de Spleen et idéal, Adversus hostes Aeterna lex esto que l’on retrouve pour Révolte. Le poète écrit lui-même : “Eritis sicut Dei ou sicut Deus pour Vin”, ce qui correspond en tout point à la devise du bandeau de Bracquemond.

de même, Baudelaire intervient dans cette lettre sur le choix du système emblématique et sollicite l’avis de Poulet-Malassis : “Pour le f leuron du Vin : le serpent buvant dans une coupe. Pour le f leuron de la Mort : une tête de mort avec les attributs de la Liberté, coiffée du bonnet phrygien. Pour Révolte... ?” (Correspondance, ii, p. 179). Les lignes suivantes ont trait aux annonces de la couverture.

2.1. Au Lecteur

28 29

on ne saurait mieux décrire l’aveu d’auteur déposé par Baudelaire sur cette fameuse troisième édition que Poulet-Malassis prépare. L’éditeur lui-même, fin latiniste comme le poète, sollicite Baudelaire pour les légendes qu’il imagine : “Quant aux légendes, vous croyez que cela se trouve comme cela. Voilà quatre jours que je cherche celle du souci, et je ne l’ai trouvée qu’hier soir, encore faut-il que je la soumette à Baudelaire” (à Bracquemond, citée par C. Chagniot, p. 337).

Claire Chagniot a pu aussi analyser les sentences des bandeaux de Bracquemond et fixer leur origine dans la cosmologie humaniste partagée par ces deux latinistes distingués qu’étaient Charles Baudelaire et Auguste Poulet-Malassis. Une chose est cependant certaine, Baudelaire désavoua les rehauts de rouge effectués à la demande de l’éditeur. de son côté, Bracquemond continuait à travailler d’arrache-pied sur le frontispice comme il l’écrit à Champfleury le 13 mars 1862 dans la lettre présente dans cet exemplaire (cf. infra, n° 7) :

“Je viens de faire pour la cinquième fois un squelette-arbre. Mais ce n’est pas encore ça ! Malassis en a sous les yeux, et tant que je ne l’aurai pas trouvé, il me fera recommencer. il m’a dit que vous aviez le livre où est ce squelette de ses rêves [...] Quand j’aurai copié exactement le squelette, peut-être n’y aura-t-il plus rien à faire [...] il y a encore le portrait de Baudelaire à faire”.

La faillite de Poulet-Malassis en juillet 1862, prononcée en septembre, eut donc raison du projet. elle mit un terme à un long travail qui, s’il avait abouti, aurait non seulement bouleversé l’image que nous avons des Fleurs du mal (une édition de luxe au format in-4 !) mais peut-être aussi la forme à venir du livre illustré.

Cet exemplaire “Samuel Avery”, magnifié par l’extraordinaire reliure-tabernacle de Charles Meunier, est surtout le seul exemplaire à nous rendre perceptible et à donner un visage, grâce à ses différents états et dessins du fameux frontispice, et surtout par cet incroyable système décoratif des ornements connu à deux exemplaires et le seul aujourd’hui en mains privées, de ce qu’auraient pu être Les Fleurs du mal illustrées.

2.2. Au Lecteur. Verso

30 313.2. Révolte2.2. Au Lecteur

32 33

PiÈCeS JoiNTeS :

N° 1. Notice du catalogue de la vente Champfleury décrivant les pièces jointes (cf. Catalogue des eaux-fortes... de la collection Champfleury, 1891, n° 11, p. 4), 220 x 112mm, notice contrecollée sur un feuillet dépliant par le haut

N° 2. “Charles Baudelaire en 1861”, portrait en photogravure imprimé sur papier fort, frontispice d’une notice d’Étienne Charavay, A. de Vigny et Charles Baudelaire : candidats à l’Académie française, Paris, 1879

N° 3. Portrait de Baudelaire gravé par Bracquemond à l’eau-forte pour l’édition de 1861

N° 4. octave UZANNe, “Une édition projetée de Fleurs du mal avec illustrations de Bracquemond”, Le Livre moderne, 10 mai 1891, t. iii, pp. 129-140

“Nous parlions récemment, à propos de la vente Champfleury, d’une petite plaquette infiniment curieuse et unique, formant le recueil de toutes les compositions de Bracquemond exécutées pour une édition définitive des Fleurs du mal que devait publier Poulet-Malassis en 1862 et qui, par la suite de circonstances adverses, ne fut jamais mise au jour”

Ce tiré à part est accompagné par SiX PiÈCeS QUi reTrACeNT L’HiSToire deSSiNÉe eT GrAVÉe dU CÉLÈBre FroNTiSPiCe de FÉLiX BrACQUeMoNd.

Samuel Putman Avery constitua la collection complète de l’œuvre gravé de Bracquemond dont il a extrait ces pièces pour les faire relier par Charles Meunier. il donna le reste immense de sa collection à la New York Public Library à laquelle ces pièces manquent aujoud’hui :

N° 4.1. reproduction du dessin original du premier “projet de frontispice au crayon, par Bracquemond” (94 x 60mm) contrecollée sur un feuillet de japon. Cette reproduction est aussi imprimée dans le corps du texte de l’article d’Uzanne (p. 131). Ce dessin original, vu par Uzanne et présent lors de la vente Champfleury puisque décrit, n’apparaît plus dans la liste autographe de Champfleury contresignée par Bracquemond et destinée à Avery (cf. infra, n° 9)

N° 4.2. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en PreMier ÉTAT (Chagniot) sans aucun squelette, avec les sept fleurs, état inconnu de Beraldi (cf. Chagniot p. 327, n° 146). Cette planche est SiGNÉe PAr BrACQUeMoNd AU CrAYoN. on connaît aujourd’hui deux autres exemplaires de ce très rare frontispice, celui de l’ancienne collection André Lefèvre (vente, 1964) et celui de l’ancienne collection roger-Marx (23 avril 1914, n° 148) récemment passé en vente : aucun des deux ne portait la signature de Bracquemond

N° 4.3. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en PreMier ÉTAT. AVeC UN deSSiN oriGiNAL À LA MiNe de PLoMB de BrACQUeMoNd SUr L’eAU-ForTe rePrÉSeNTANT Le SQUeLeTTe ArBoreSCeNT de FACe, avec les bras en croix dans l’arbre (le squelette de face correspond au troisième état). Au verso, CroQUiS oriGiNAL de SQUeLeTTe PAr BrACQUeMoNd, également à la mine de plomb. CeS deUX deSSiNS oriGiNAUX de BrACQUeMoNd sont cités dans la notice de la vente Champfleury sous le n° 5 : “Frontispice. Troisième composition”...

4.8.

34 35

Les ornements typographiques de Bracquemond, suivant leur ordre d’apparition dans ce livre

1.1. Spleen et idéal

4.1. Tableaux parisiens

5.1. Le Vin

6.1. Fleurs du mal

7.2. La Mort

2.2. Au Lecteur

1.2. Spleen et idéal

4.2. Tableaux parisiens

5.2. Le Vin

6.2. Fleurs du mal

7.3. La Mort

3.1. Révolte

2.1. Au Lecteur

4.3. Tableaux parisiens

5.3. Le Vin

7.1. La Mort3.2. Révolte

36 37

N° 4.4. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en TroiSiÈMe ÉTAT imprimée sur vergé (Chagniot ; deuxième état de Beraldi). Le squelette, de face, a les bras en croix. Cet état correspond à celui de la gravure refusée par Baudelaire dans sa très célèbre lettre à Poulet-Malassis : “voici l’horreur de Bracquemond” (20 août 1860, collection privée)

N° 4.5. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en TroiSiÈMe ÉTAT exceptionnellement imprimée sur japon fin (Chagniot ; deuxième état de Beraldi). La planche eST SiGNÉe PAr BrACQUeMoNd au crayon, qui a ajouté “très belle épreuve” et a à nouveau signé de son monogramme

Suivent deux reproductions non mentionnées ici de ce troisième état de la gravure réalisées pour les exemplaires de luxe du Livre moderne et tirées en bistre

N° 4.6. deSSiN oriGiNAL TrÈS ABoUTi de FÉLiX BrACQUeMoNd pour le deuxième état du frontispice (Chagniot p. 330, n° 148 ; premier état selon Beraldi), avec le squelette de profil, crayon et mine de plomb, rehauts de lavis et d’encre de chine

Un autre dessin original de Bracquemond, beaucoup moins abouti, sans rehauts de lavis ou d’encre de chine, avec une simple esquisse lointaine des “fleurs” est conservé à la BnF

N° 4.7. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en deUXiÈMe ÉTAT, imprimé sur vergé fin, avec le squelette de profil

N° 4.8. Frontispice dessiné et gravé par Bracquemond, eau-forte originale en deUXiÈMe ÉTAT, imprimé sur vergé fin, avec le squelette de profil, SiGNÉ AU CrAYoN PAr BrACQUeMoNd

Suivent à nouveau deux reproductions non mentionnées ici de ce deuxième état de la gravure réalisées pour les exemplaires de luxe du Livre moderne et tirées en bistre

SoiT, eN ToUT : 3 deSSiNS oriGiNAUX de BrACQUeMoNd (l’un sur une gravure, l’autre au verso de cette gravure et le dernier à pleine page), 6 eAUX-ForTeS de BrACQUeMoNd (deux pour chacun des trois états) dont 3 eAUX-ForTeS SiGNÉeS PAr BrACQUeMoNd

4.6.

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N° 5. L.A.S. de Charles Baudelaire à Auguste Poulet-Malassis, 2 pp. in-4, (210 x 135mm), suscription sur le second bifolium, encre brune, Paris, mardi 9 décembre 1856

MAGNiFiQUe LeTTre SUr L’eNTeNTe eNTre Le PoÈTe eT SoN ÉdiTeUr.

BAUdeLAire rÉCLAMe de CoNCeVoir AVeC LUi “L’ordre deS MATiÈreS” dU reCUeiL.

iL ATTeNd de PoULeT-MALASSiS Le CoNTrAT deS FLEURS DU MAL, doNT iL PrÉCiSe eNCore CerTAiNS ASPeCTS.

iL SoUHAiTe ÊTre “FABriQUÉ” PAr LUi, SeLoN Ce ProPre MoT QUi ANNoNCe LeS rÉFLeXioNS de WALTer BeNJAMiN

“Mon cher ami, rien de plus judicieux et de plus sage que votre lettre. en réalité, c’est presque les conditions que Michel [Lévy] faisait, avant ses volumes à un franc et à six mille exemplaires. Mais chez vous, je serai fabriqué [ferai fabriquer écrit Pichois] honnêtement et élégamment. Je puis vous avouer maintenant tout le plaisir que m’a causé votre lettre. J’avais fini - ne m’en veuillez pas trop - par prendre vos indécisions pour une réelle défiance de mon talent. de plus je m’étais mis dans un foutu cas. Un jour, dans un mouvement d’humeur contre Michel, je m’étais vanté à lui de pouvoir compter sur vous. enfin, les billets eux-mêmes (surtout celui de 200frs) tombent comme le messie. Car, après votre départ, mon guignon a fait qu’au Moniteur on a pris la décision d’apurer avant tout les comptes de l’année qui vient de s’écouler, et l’Arthur Gordon Pym ne sera payé que le 15 janvier.

Le 1er numéro paraîtra irrévocablement le 8. Vous devinez dans quel état d’anxiété j’étais, - et vous voyez que j’ai quelques raisons d’être satisfait.Je suis bien aise que vous ne veuilliez commencer qu’en février, et que nous commencions par la poésie. J’aurai tout janvier pour éparpiller les 3 ou 4 morceaux inédits du vol. de prose pour en tirer de l’argent - et en même temps nous pourrons disposer ensemble l’ordre des matières des Fleurs du mal, - ensemble entendez-vous, car la question est importante. il nous faut faire un volume composé seulement de bonnes choses, peu de matière, qui paraisse beaucoup, et qui soit très voyante.

Votre mot : popularité m’a beaucoup fait rire : point de popularité, je le sais, mais un bel éreintage général qui attirera la curiosité ; et puis nous saurons avoir quelques articles dans les revues étrangères.

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Je ne sais pas si vous enfermerez les deux livres dans le même traité ; mais que vous n’en fassiez qu’un ou que vous en fassiez deux séparés, si vous ne laissez pas en blanc le titre du livre en prose, mettez miroir de l’art, cabinet esthétique, ce qui vous passera par la tête, - nous modifierons cela à votre gré, quand vous déposez le titre au ministère.

Le genre de traité que je vous ai demandé et que vous me faites a cela d’excellent qu’il est difficile de supposer que vous perdiez quelque chose et que, si le livre se réimprime, les bénéfices futurs de l’auteur sont sauvegardés.

donc : 2 vol. Mille exemplaires éternellement Cinq sols Poser le cas où Malassis ne réimprimerait plus pendant un an (?) et ou Baudelaire serait libre

Avec vos billets, envoyez-moi votre ou vos traités tout signés, je vous retournerai de même les doubles.

Ajoutez dans votre lettre un conseil pour l’escomptage du 1er (200).

J’ignore la part qu’à votre beau-frère dans votre décision, ou même s’il en a une. en tout cas, présentez-lui mes amitiés, si toutefois vous le croyez sensible aux pompes sataniques de l’étiquette.

Autre aventure : mon logement définitif ne peut être prêt que le 15 janvier. Ainsi, vous me retrouverez ici, et je reste jusqu’au 15 janvier cloué dans l’hôtel de ce misérable que MM. Havin et Léon Plée prennent pour un grand poëte.

Mettez-moi de côté tout ce que vous raccrocherez de Laclos et sur Laclos. Vous recevrez ceci demain matin mercredi, je serai fort heureux si je recevais votre paquet jeudi matin.

Si je ne craignais pas que vous me traitiez de maniaque ou d’insolent, je vous parlerais encore de quelques Monnaies que je vous dois. Mais il sera toujours temps de vous fâcher quand vous viendrez à Paris. Bien à vous... Si vous voyez le Seigneur Asinarius, guérissez-le de ses superstitions grossières relatives à moi”

L’original de cette lettre avait disparu aux yeux des éditeurs de la Pléiade : “je serai fabriqué” avait été autrefois lu “je ferai fabriquer” (Correspondance, i, pp. 363-365)

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N° 6. L.A.S. de Charles Baudelaire à Auguste Poulet-Malassis, 3 pp. in-4, (210 x 135mm), encre brune, [Paris], dimanche 8 janvier 1860

TrÈS BeLLe LeTTre de BAUdeLAire SUr CHArLeS MerYoN AVeC LeQUeL iL AVAiT eNViSAGÉ de CrÉer UN LiVre iLLUSTrÉ.

Le PoÈTe rAPPorTe AU STYLe iNdireCT LeS ProPoS FoUS MAiS GÉNiAUX de L’ArTiSTe QUi S’iNTerroGe MÊMe SUr LA rÉALiTÉ d’edGAr Poe, AUTeUr AdMirÉ PAr BAUdeLAire eT MerYoN.

LA LeTTre Se CLÔT SUr UN PoST-SCriTUM rÉCeMMeNT ÉTUdiÉ PAr ANToiNe CoMPAGNoN eT JUSQUe-LÀ iNÉdiT :

BAUdeLAire AVAiT ÉCriT de HUGo : “VrAiMeNT iL M’eMMerde”, AVANT d’AdoUCir LA ForMULe eT de CLore PAr UN CiNGLANT ProVerBe : “PAr UNe Loi FATALe, Le GÉNie eST ToUJoUrS BÊTe”

“Ce que je vous écris ce soir vaut la peine d’être écrit. M. Méryon m’a envoyé sa carte et nous nous sommes vus. il m’a dit : “vous habitez un hôtel dont le nom a dû vous attirer à cause du rapport qu’il a, je présume, avec vos goûts. - Alors j’ai regardé l’enveloppe de sa lettre. - il y avait : Hôtel de Thèbes ; et cependant sa lettre m’était arrivé.

dans une de ses grandes planches [nous : Le Pont-au-Change], il a substitué à un petit ballon une nuée d’oiseaux de proie, et comme je lui faisais remarquer qu’il était invraisemblable de mettre tant d’aigles dans le ciel parisien, il m’a répondu que cela n’était pas dénué de fondement, puisque ces gens-là (le gouvernement de l’empereur) avaient souvent lâché des aigles pour étudier les présages suivant le rite, - et que cela avait été imprimé dans les journaux, même dans le Moniteur.

Je crois qu’il ne se cache en aucune façon de son respect pour toutes les superstitions ; mais il les explique mal, et il voit de la cabale partout.

il m’a fait remarquer dans une autre de ses planches que l’ombre portée par une des maçonneries du Pont-Neuf sur la muraille latérale du quai représentait exactement le profil d’un sphinx, - que cela avait été de sa part tout à fait involontaire, et qu’il n’avait remarqué cette singularité que plus tard, en se rappelant que ce dessin avait été fait peu de temps avant le coup d’état ; or le prince est l’être actuel, qui, par ses actes et son visage, ressemble le plus à un Sphinx.

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il m’a demandé si j’avais lu les nouvelles d’un certain edgar Poe. Je lui ai répondu que je les connaissais mieux que personne, et pour cause. il m’a demandé alors d’un ton très accentué si je croyais à la réalité de cet edgar Poe. Moi, je lui ai demandé naturellement à qui il attribuait toutes ces nouvelles. il m’a répondu : à une société de littérateurs très habiles, très puissants, et au courant de tout. et voici une de ses raisons : La Rue Morgue. J’ai fait un dessin de la morgue. Un orang-outang.

on m’a souvent comparé à un singe. Ce singe assassine deux femmes, la mère et sa fille. et moi aussi, j’ai assassiné moralement deux femmes, la mère et sa fille. J’ai toujours pris le roman pour une allusion à mes malheurs. Vous me feriez bien plaisir si vous pouviez retrouver la date où edgar Poe (en supposant qu’il n’ait été aidé par personne) a composé ce conte, pour voir si cette date coïncide avec mes aventures.

il m’a parlé avec admiration du livre de Michelet sur Jeanne d’Arc ; mais il est convaincu que ce livre n’est pas de Michelet.

Une de ses grandes préoccupations, c’est la science cabalistique ; mais il l’interprête d’une façon étrange, à faire rire un cabaliste. Ne riez pas de tout ceci avec de méchants bougres. Pour rien au monde je ne voudrais nuire à un homme de talent, et celui-là est plus intéressant que Montégut [texte omis par Crépet et Pichois].

Après qu’il m’a quitté, je me suis demandé comment il se faisait que moi qui avais toujours eu dans l’esprit et dans les nerfs tout ce qu’il fallait pour devenir fou, je ne l’étais ne le fusse pas devenu. Sérieusement, j’ai adressé au Ciel les remerciements du Pharisien...

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V. Hugo continue à m’envoyer des lettres stupides vraiment il m’emmerde. J’efface le mot trop grossier que je viens d’écrire pour dire simplement que j’en ai assez. Cela m’inspire tant d’ennuis que je suis disposé à écrire un essai pour prouver que, par une loi fatale, le Génie est toujours bête.1

Guys et moi, nous sommes pleinement réconciliés. C’est un homme charmant, plein d’esprit ; et il n’est pas ignorant comme tous les littérateurs. Le paragraphe sur Victor Hugo n’a pas été publié dans la Correspondance (i, p. 656) : il avait été censuré par Jacques Crépet en 1887. La lettre ayant disparu du marché après la vente Avery en 1919, il n’avait jamais été rétabli, avant que cette lettre et son post-scriptum détonnant sur Victor Hugo ne soient remarquablement étudiés par Antoine Compagnon, auquel nous renvoyons (”Un post-scriptum inédit et “grossier” dans une lettre de Baudelaire”, L’Année Baudelaire, Paris, Éditions Honoré Champion, 2015).

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N° 7. L.A.S. de Félix Bracquemond à Champfleury, 1 p. in-8 (220 x 130mm), encre brune, [Paris], 13 mars 1862

LeTTre CoNSTAMMeNT CiTÉe dePUiS SA PUBLiCATioN PAr UZANNe : SUr LeS diFFiCULTÉS ÉProUVÉeS PAr BrACQUeMoNd dANS L’AFFAire dU FroNTiSPiCe

“Mon cher Champfleury, je viens de faire pour la 5eme fois un “Squelette arbre”. Mais ça n’est pas encore ça. Malassis en a un sous les yeux et tant que je ne l’aurai pas trouvé, il me fera recommencer. il m’a dit que vous aviez le livre où est ce squelette de ses rêves. Je ne peux plus me rappeler le nom du dessinateur. Je vous serai bien obligé de me prêter ce volume ; quand j’aurai copié exactement le squelette, peut-être n’aura-t-il plus rien à dire. il ne faut pas croire que si je parviens à faire le squelette, j’aurai fini mes maux car il y a encore le portrait de Baudelaire à faire. Si vous voulez bien me prêter le volume, j’irai le chercher ou vous pourriez le mettre chez Malassis”

N° 8. NoTe AUToGrAPHe de Champfleury (Jules Husson, dit ; 1821-1889), 1 p. in-8 (215 x 131mm), encre noire, Sèvres, 10 juillet 1873

TeXTe reMArQUABLe de CHAMPFLeUrY SUr LA CoLLABorATioN BAUdeLAire/PoULeT-MALASSiS/BrACQUeMoNd PoUr CeTTe ÉdiTioN rÊVÉe deS FLEURS DU MAL (MALGrÉ Le reLeNT ANTiSÉMiTe de CHAMPFLeUrY).

PUBLiÉ PAr oCTAVe UZANNe dANS SoN ArTiCLe dU LIVRE MODERNE (pp. 133-134)

“Par ces frontispices, ces fleurons et ces culs-de-lampe on aura peut-être une plus nette idée des Fleurs du mal qu’en les lisant. Commandées et gravées sous la direction d’un éditeur, ami de l’auteur, qui était entré profondément en lui, ces vignettes ne purent paraître par suite de divers événements : au plus tard la mort de Baudelaire, la vente de ses œuvres en bloc à des juifs [Michel Lévy] devaient éloigner à toujours l’édition définitive rêvée par un libraire bibliophile. Le hasard ou plutôt la camaraderie me jeta au milieu de tous ces squelettes. Le graveur perdait l’esprit à chercher le squelette intérieur se promener dans la pensée de l’éditeur : il s’adressa à moi avec l’idée que je pourrais le tirer d’affaire. Je crois me rappeler que je lui répondis qu’après avoir feuilleté toutes les danses macabres connues, l’impression qui m’était restée était qu’on avait oublié la Mort ch... au coin d’un bois et qu’un tel frontispice ferait merveille, à mon avis.Ce piège conseil ne fut pas suivi. En m’amusant à coller ces images qui montrent comme une collaboration de Baudelaire et de Malassis interprétée par un dessinateur [nous soulignons : ces derniers mots, inédits], je suis frappé par les détails bibliques, mystiques et romantiques ; les anges, les sabliers et têtes de mort, les attributs maçonniques, les symboles autoritaires, les grandes épées de justicier et les plus grandes plumes encore du poète ; beaucoup de serpents attributs de la science, beaucoup de coupes de la sagesse auxquelles Baudelaire avait sans doute soif de se désaltérer, mais qu’il approchait rarement de ses lèvres”

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N° 10. LeS orNeMeNTS TYPoGrAPHiQUeS de FÉLiX BrACQUeMoNd PoUr L’ÉdiTioN iLLUSTrÉe deS FLEURS DU MAL ProJeTÉe PAr CHArLeS BAUdeLAire eT AUGUSTe PoULeT-MALASSiS.

L’UNe deS deUX SUiTeS CoNNUeS, LA SeULe eN MAiNS PriVÉeS (L’AUTre ÉTANT À LA BRITISH LIBRARY ), LA SeULe eN doUBLe ÉTAT. AVeC Le SeUL ÉTAT CoNNU de CeTTe SUiTe d’orNeMeNTS reHAUSSÉS de GoUACHe roUGe À LA MAiN

AVeC QUATre iNTerVeNTioNS MANUSCriTeS AUToGrAPHeS d’AUGUSTe PoULeT-MALASSiS

N° 9. NoTe AUToGrAPHe de Champfleury [avant 1889] avec apostille autographe signée de Félix Bracquemond, 1 p. in-folio (240 x 160mm), encres brune et noire, apostille datée du Sèvres, 2 mars 1891

LA CoLLATioN deS PiÈCeS JoiNTeS PAr CHAMPFLeUrY, ANNoTÉe eT SiGNÉe PAr FÉLiX BrACQUeMoNd, PoUr SAMUeL AVerY

“Ce volume se compose 1° d’un portrait de Baudelaire gravé à l’eau-forte par Bracquemond ; 2° de deux dessins originaux du même pour le frontispice des Fleurs du mal ; 3° de deux états tout à fait différents du frontispice à l’eau-forte ; 4° d’une lettre adressée par M. Bracquemond à Champfleury, lettre dans laquelle il se plaint d’un idéal de squelette qu’il n’a pas eu et qu’il voudrait bien trouver dans la bibliothèque macabre de Monsieur ; 5° de l’état à peu près définitif de l’eau-forte ; 6° de soixante-quatre clichés et fleurons inédits, en noir et en couleur, gravés sur bois sur commande de l’éditeur Malassis qui voulait donner une édition splendide des poèmes de son ami ; 7° enfin d’une note de M. Champfleury sur les tiraillements de cette œuvre en préparation et sur le fond de l’œuvre elle-même. [Champfleury]Je suis très heureux que cette collection d’États soit entre les mains de Monsieur Avery. Je le remercie de compléter mon œuvre avec autant de persistance, Bracquemond”

Exemplaire de la British Library

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Les orNeMeNTS TYPoGrAPHiQUeS sont dessinés par Félix Bracquemond et gravés par Sotain, puis imprimés en noir et avec un second état des ornements gouachés de rouge, à la main, sans pouvoir déterminer s’il s’agit de celle de Bracquemond ou de celle du graveur. C’est en tous cas la seule suite gouachée connue. À l’inverse de l’exemplaire “Bracquemond” de la British Library conservé à l’état de placard, les deux suites, qui étaient encore conservées à l’état de placard lors de la vente Champfleury, ont été ici montées dans le livre, chaque épreuve en noir précédant l’épreuve gouachée de rouge. octave Uzanne, citant la notice du catalogue Champfleury (cf. item 1 supra), précise : “il n’a été tiré que deux épreuves de ce placard” (p. 131). il est envisageable, cependant, que Poulet-Malassis ait eu un autre exemplaire, sans doute incomplet, que Champfleury aurait réutilisé pour créer la suite complète en noir, expliquant la présence d’éléments sur chine contrecollé dans la suite en noir. Cela expliquerait la formule de sa lettre : “en m’amusant à coller ces images” (cf. supra 8).

Les Fleurs du mal de 1857 se découpaient en six parties : l’avis Au Lecteur et cinq parties dénommées Spleen et Idéal, Fleurs du mal, Le Vin, Révolte, La Mort. C’est bien “l’ordre des matières” dont parle Baudelaire dans la lettre à Poulet-Malassis du présent exemplaire (cf. supra 5). Cette division en parties devait donner autant de fleurs dans le frontispice de Bracquemond. L’édition de 1861 ne put republier les poèmes censurés mais ajouta d’autres poèmes et remodela l’architecture de l’édifice par l’insertion des Tableaux parisiens. Le recueil se décomposait maintenant en sept parties : Au Lecteur, Spleen et idéal, Tableaux parisiens, Le Vin, Fleurs du mal, Révolte, La Mort. Les ornements dessinés par Bracquemond sont formés de sept parties, comme le montre bien l’exemplaire de la British Library. C’est dire qu’ils ont été composés ou complétés après le remaniement des Fleurs de 1857 et sans doute après ou au moment de la publication de la seconde édition des Fleurs, puisque la partie Tableaux parisiens est bien présente. Voici, page à page, la succession désordonnée des ornements prévus pour chaque partie de la nouvelle édition des Fleurs du mal projetée par Baudelaire et Poulet-Malassis, telle que présentée par l’exemplaire Avery :

N° 1.1. Spleen et idéal : fleuron et cul-de-lampe imprimés en noir, tirés sur chine et contrecollés ; le fleuron avec la devise Ad Solem Dolorosa, “elle offre sa douleur aux rayons du soleil”. Soit 2 éléments (sur cinq)N° 1.2. Spleen et idéal : les 5 éléments de la même partie imprimés en noir et reHAUSSÉS de gouache rouge à la main, avec la lettrine “L” (Chagniot p. 342, n° 151d). Cette lettrine “L” est composée pour le premier vers de Bénédiction : “Lorsque, par un décret des puissances suprêmes”N° 2.1. Au lecteur : 3 éléments imprimés en noir. Avec la lettrine “L” pour le vers “La sottise, l’erreur, le péché, la lésine”, le fleuron aux initiales “CB” et cul-de-lampe (Chagniot, p. 340, n° 151a)N° 2.2 Au lecteur : 3 éléments imprimés en noir et reHAUSSÉS de gouache rouge à la main, AVeC UNe iNTerVeNTioN AUToGrAPHe de PoULeT-MALASSiS : “Annonces couverture. envoyer catalogue” etc., 5 lignes, au verso, à l’encre bruneN° 3.1. Révolte : 4 éléments sur 5, sans le bandeau, tirés sur chine et contrecollés N° 3.2. Révolte : 5 élements sur 5 imprimés en noir et reHAUSSÉS de gouache rouge à la main, avec le bandeau et la devise Adversus hostes Aeterna lex esto, traduite par Poulet-Malassis pour Braquemond en “contre l’ennemi que la revendication soit éternelle” et dérivée de Cicéron De Officiis, Xii, 37 (Chagniot p. 341, n° 151c) ; la lettrine “Q” pour le premier vers du Reniement de saint Pierre : “Qu’est-ce que dieu fait donc de ce flot d’anathèmes”. on notera que l’exemplaire de la British Library présente le bandeau en tirage inversé

3.2. Révolte

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N° 4.1. Tableaux parisiens. 1 élément : cul-de-lampe seul, imprimé sur chine et contrecollé, AVeC 3 iNTerVeNTioNS AUToGrAPHeS de PoULeT-MALASSiS : “ici le bonnet de la république. - ici l’aigle. - plus simple. - trop chargé.”, encre bruneN° 4.2. Tableaux parisiens. 4 éléments sur 5, sans le bandeau, tirés en noir sur chine et contrecollés, et la lettrine “J” pour le premier vers de Paysage : “Je veux, pour composer chastement mes églogues”N° 4.3. Tableaux parisiens. 5 éléments, imprimés en noir et reHAUSSÉS de gouache rouge à la main. Le bandeau porte la devise latine Erecta modo erepta, “aussitôt élevés, aussitôt enlevés” (Chagniot, p. 341, 151b)N° 5.1. Le Vin. 1 élément : petit fleuron imprimé en noir, AVeC UNe iNTerVeNTioN AUToGrAPHe de PoULeT-MALASSiS : “mauvais les 2 serpents trop raide”, encre bruneN° 5.2. Le Vin. 5 éléments imprimés en noir, tirés sur chine et contrecollés, et la lettrine “U” pour le premier vers de L’ âme du vin : “Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles”N° 5.3. Le Vin. 5 élements imprimés en noir et reHAUSSÉS de gouache rouge à la main. Le bandeau porte la devise latine Eritis sicut Dei, “vous serez comme des dieux” (Chagniot, p. 343, 151f)

N° 6.1. Fleurs du mal. 5 éléments imprimés en noir, tirés sur chine et contrecollés, et la lettrine “S” pour le premier vers de La Destruction : “Sans cesse à mes côtés s’agite le démon” N° 6.2. Fleurs du mal. 5 élements imprimés en noir et reHAUSSÉS de gouache rouge à la main. Le bandeau porte la devise latine Quia deceptae errore viarum, “c’est un goût qui se trompe souvent de route” (Chagniot, p. 344, 151g)N° 7.1. La Mort. 1 élément : le bandeau tiré sur chine et contrecollé AVeC UNe iNTerVeNTioN AUToGrAPHe de PoULeT-MALASSiS : “trop de travail et lourd. La tête devant parler au contraire”, encre brune. Avec la devise latine : Vivitur ingenio caetera mortis erunt, “on vit par l’esprit, le reste périra” (Chagniot, p. 343, 151e) N° 7.2. La Mort. 5 éléments imprimés en noir, tirés sur chine et contrecollés, et la lettrine “N” pour le premier vers de La Mort des amants : “Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères”N° 7.3. La Mort. 5 élements imprimés en noir et reHAUSSÉS de gouache rouge à la main

SoiT eN ToUT, SUr 17 PAGeS : 31 ÉLÉMeNTS iMPriMÉS eN Noir ; 33 ÉLÉMeNTS iMPriMÉS eN Noir eT reHAUSSÉS de GoUACHe roUGe À LA MAiN ; 4 iNTerVeNTioNS AUToGrAPHeS d’AUGUSTe PoULeT-MALASSiS

2. 2. VersoAnnotation autographe de Poulet-Malassis

5.1. Le VinAnnotation autographe de Poulet-Malassis

4.1. Tableaux parisiensAnnotation autographe de Poulet-Malassis

7.1. La MortAnnotation autographe de Poulet-Malassis

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ProVeNANCe : Félix Bracquemond, pour les dessins et estampes -- Auguste Poulet-Malassis pour la suite des ornements -- Félix Husson dit Champfleury qui les réunit (sa vente ; Catalogue des eaux-fortes... de la collection Champfleury, 1891, n° 11, p. 4) -- George A. Lucas (1824-1909) agent parisien de collectionneurs américains -- Samuel Putman Avery (1822-1904), grand marchand et collectionneur de New York, qui fit relier l’exemplaire par Charles Meunier et accrut le nombre de pièces jointes (sa vente ; Rare and Valuable Books and Bindings Collected by the late Samuel P. Avery, The Anderson Galleries, 10 novembre 1919, lot 73, $975, à George d. Smith, collectionneur et marchand de New York) -- William Andrews Clark, l’un des fameux “robber barons”, ou sans doute son fils William Andrews Clark Jr, “he amassed an impressive collection of rare books which he housed in a renaissance-style library” -- puis Huguette Clark (1906-2011 ; sa vente ; An American Dynasty. The Clark Family Treasure, New York, 18 juin 2014, n° 25)

rÉFÉreNCeS : Claire Chagniot, Baudelaire et l’estampe, Paris, PUPS, 2016 -- Claude Pichois et Jean Ziegler, Baudelaire, Paris, 1996 -- Claude Pichois, Auguste Poulet-Malassis, l’ éditeur de Baudelaire, Paris, Fayard, 1996 -- Iconographie de Charles Baudelaire, Genève, 1960 -- Antoine Compagnon, “Un post-scriptum inédit et “grossier” dans une lettre de Baudelaire”, L’année Baudelaire, Paris, Éditions Honoré Champion, 2015 -- Jean-daniel Candaux, “Les manuscrits et dossiers littéraires chez le relieur bibliophile : coup d’œil sur la collection Charles Meunier”, Travaux de littérature, n° 11, Paris, 1998, pp. 373-394 Prix sur demande

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