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COMPAGNON DE LA PREMIERE HEURE CHARLES EDMOND SERRE Dédié à J SERRE son fils, A M SERRE et J SERRE ses deux filles Par MICHEL DUCOINT EDITIONS DU SOUVENIR

CHARLES EDMOND SERRE · 2014. 4. 9. · Charles Edmond, de son nom de Famille SERRE, Charles Edmond SERRE. Comme ce nom sonne bien et comme il semble issu d'une autre époque. Un

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  • COMPAGNON

    DE LA PREMIERE HEURE

    CHARLES EDMOND

    SERRE

    Dédié à J SERRE son fils,

    A M SERRE et J SERRE ses deux filles

    Par MICHEL DUCOINT

    EDITIONS DU SOUVENIR

  • COMPAGNON DE LA PREMIERE HEURE.

    1) L'époque et le lieu.

    En ce 25 Septembre 1958, baigné dans le plaisir de la vie en pleine reconstruction, nous ne saurions

    imaginer quels sont les bouleversements qui se préparent... Les plaies de la seconde Guerre Mondiale

    sont encore présentes dans l'esprit de certains et constituent le bonheur de vivre un temps de paix,

    comme une aubaine pour d'autres en Métropole. La France depuis le 4 septembre, s'attend à un

    profond bouleversement de son mode de fonctionnement. Le Général de Gaulle a présenté la nouvelle

    constitution, place de la République à Paris. Un rapprochement entre l'Etat Français et son ancien

    ennemi a eu lieu le 14 septembre à Colombey les deux Eglises, endroit symbolique s'il en est. La veille

    de ce jour, la création de l'UNR annonce les changements massifs qui vont intervenir. Monsieur René

    COTY, l'actuel président de la République, se morfond dans la complexité de ce conflit d'outre

    métropole, qui s'enlise et ne semble pas trouver d'issue. Président de la Quatrième république

    Française, depuis 1954, il ne s'attend pas à tous ces changements qui vont arriver, ou tout du moins il

    se complait à en ignorer l'importance. Cependant, face à la remontée du "Popularisme" d'un certain

    Général, Il ne peut ainsi trouver d'autre solution, pour se dégager de cette pesanteur, que de faire

    appel à celui qui dans l'ombre attendait son juste retour,… Le Général de Gaulle. Encensé par un

    référendum le 28 septembre 1958, avec près de 80% des suffrages exprimés, il ne pourra que se

    plier à cette demande qui était aussi la sienne. Une nouvelle République est en marche et est en passe

    de devenir la Cinquième. Nommé Président du conseil en Mai 1958, cet Homme de Terrain va devoir

    faire face à la prise du pouvoir. Il n'est pas en ces lignes une volonté de rappeler que la Cinquième a

    été vécue comme un coup d'état pour une majorité de Français, que d'en faire un procès d'intention.

    C'est ce pourquoi, la neutralité sera de mise.

    Mais revenons au 25 septembre 1958, en ce jour clément, une catastrophe est en préparation.

    Personne ne pouvait imaginer que quelques jours après, les éléments auraient eux aussi leur mot à dire

    et généreraient une catastrophe meurtrière. Des pluies diluviennes se sont abattues sur les Cévennes,

    elles ont été ce que personne ne pouvait imaginer, un déchainement des éléments. De plus de trente

    morts cette événement climatique pourra s'enorgueillir et pérennisé à jamais la volonté de la Nature.

    Ce 25 Septembre 1958, un Homme, au sein de sa contrée d'adoption, se repose assis sur le banc qui

    juxtapose l'embarcadère de sa demeure. Paisible et recueilli, il contemple la Seine... Il contemple la

    Seine, ses remous et sa brillance jaunâtre d'automne. En ce temps clément, il ne semble pas se

    soucier d'autre chose que de vivre l'instant présent… et pourtant…!

    En pleine Normandie, cette ville que peu connaissent réellement, est un havre de paix, elle porte un

    nom qui par son étymologie peut prêter à confusion, PORTE-JOIE, de "Port de la Joie" où les

    mariniers trouvaient le réconfort face à leur isolement, à la ville pleine de charme qu'elle constitue, le

    lien semble de peu de foi. Les Porte Joyeux, fiers de leur commune si pimpante et pleine vie ne

    veulent en aucun cas être comparés à des tenanciers de lieux de luxure. Cette commune si petite et

    pourtant réputée pour son entrain et sa joie de vivre, doit sa renommé à ces fêtes nocturnes, de

    barques fleuries, de retraites aux flambeaux mémorables, de bals, courses de bateaux et autres

  • régates sur la Seine. Elle est aussi la fameuse patrie du lait des vaches de Madame Vilcocq "distillé"

    dans la ferme où le furieux taureau résidait sur le chemin d'accès. Ce chemin qui menait sans contour

    possible à ce lieu tant convoité... Source de terreur pour les petites filles et les jeunes garçons, qui

    chargés de ramener le pot au lait à la maison, ne pouvaient se dédouaner du passage auprès de l'enclos

    de ce phénomène noirâtre qui soufflait et crachait pour effrayer et assouvir son noble statut de mâle

    dominant…!

    Porte-Joie, réside en bord de Seine et se laisse bercer des effluves vivantes de ce cours d'eau qui

    prend sa source à 446 mètre d'altitude, à "Source Seine", la Bien nommée, en Cote D'Or. Long de 777

    kilomètres, ce Fleuve borde de nombreuses villes et leur apporte une vigueur permanente. Dans sa

    quête de rejoindre la Mer, il s'articule et se désarticule aux grès des berges qui l'accueillent. Pour se

    démener comme un bon diable ce fleuve finira interminablement sa course dans la Manche entre le

    Havre et Honfleur.

    De son embarcadère qui est l'aboutissement du chemin de halage par sa transversale, cet Homme

    contemple la splendeur de cette journée d'automne. Les jaunes, les rouges, les bruns, toutes ces

    couleurs se mêlent au vert persistant des résistants courageux qui arborent la couleur de ce que le

    printemps suivant pourra apporter de satisfaction visuelle et morale. D'un regard sur l'autre berge on

    peut apercevoir, une autre rive de la Seine et une autre commune qui fait face et surplombe par ses

    falaises, Porte-Joie. De ce dénivellement qui ne rivalise pas avec les Grandes Jorasses ni l'Annapurna,

    cette Commune domine par sa géo localisation, Porte-Joie. Les reliefs ne sont pas à l'image de la

    valeur que l'on peut donner à une appartenance mais la simple constatation de ce que la nature à pu

    daigner octroyer comme érosion d'une surface uniforme à une époque que nous ne pourrions pas

    imaginer. Pour ne pas la nommer, Herqueville domine par sa position géographique et son Histoire.

    Bordée par le même cours d'eau cette autre Rive à connu une autre destinée.

    Assis sur le banc qui trône le quai de son port miniature, cet Homme lève ses yeux vers une demeure

    qu'il connait bien. Le Château D'Herqueville…! Les yeux emplis de ce que les chimistes appelleraient

    de l'eau salée et les ouvriers salins des larmes de sang. Cet Homme pleure…!

    2) L'Homme.

    De sa posture assise et prostrée, Charles Edmond ne donne pas en cet instant précis toute la

    dimension de son personnage. De taille honorable 1m75, d'une droiture habituelle et d'une tenue

    vestimentaire irréprochable au quotidien, en ce jour, Charles Edmond semble abattu et nostalgique. Il

    enlève ses lunettes et s'assèche d'un revers de la main les effluves de ses yeux qui n'ont de cesse

    d'être prolifiques en humidification indignes d'un Homme un Vrai…! Ceci fait, il se dresse d'un bond,

    de ce banc qui semble le mener vers les plus profonds abysses et lui jette un regard noir de

    reproches. Il rechausse ses lunettes salutaires et retrouve ainsi ses facultés de vue. Le banc semble

    se recroqueviller de peur…! N'a t-il pas en ce moment précis une juste raison de s'effacer…?

    Charles Edmond, de son nom de Famille SERRE, Charles Edmond SERRE. Comme ce nom sonne bien et

    comme il semble issu d'une autre époque. Un Homme, une Histoire, un vécu, le voici enfin présenté. De

    son banc, c'est enfin levé, il a ravalé sa rancœur, son chagrin et se dirige promptement vers sa

    demeure. D'un pas décidé, il traverse son port d'attache, puis le chemin de halage et se dirige vers

  • son Havre de paix, sa maison Normande à souhait. Il franchit avec précipitation le portillon qui sépare

    le chemin de Halage de son jardin arboré, pour se rendre par une porte dérobée à l'arrière de la

    maison, vers le salon. Ce Salon, un univers réconfortant et tout de cuir vêtu, où la bibliothèque prend

    une place prédominante. Garnie de livres tous plus importants les un que les autres, reliés de cuir,

    ornés de dorures, c'est sur un exemplaire sans appartenance à l'élite que son regard s'attarde et se

    fige. Ce Livre, d'une texture banale, revêt un intérêt sans bornes en ce jour du 25 septembre 1958

    aux yeux de Charles Edmond. Il s'en saisi avec précaution et contemple la couverture insipide. Puis il

    en déchiffre les écrits qui ornent cette protection légèrement cartonnée, de manière à bien en

    assurer le choix. Il s'agit de, textuellement, L'auteur, JEAN BOULOGNE, le titre, LA VIE de

    LOUIS RENAULT, le sous titre, Les Maîtres de l'Heure…! En tout petit, "Bon Grain Moud"…!

    C'est bien celui-ci, celui qui augure la tristesse et les souvenirs du temps jadis. Comme un trésor

    enfoui et récemment trouvé, Charles Edmond quitte la bibliothèque et le salon, en ignorant cet appel

    qui vient d'un autre endroit de la demeure. "Tout va bien Edmond…?" Il ignore ce cri du cœur et

    ressort de la maison pour retrouver le banc que la haine avait habillée peu de temps auparavant.

    Charles Edmond s'assied à nouveau sur le banc qui trône sur le quai et jette un dernier coup d'œil sur

    l'autre rive avant de se concentrer sur ce document précieux qu'il tient en ses mains. D'un geste

    empli de respect et de parcimonie, Charles Edmond, entrebâille les pages jaunies de ce livre si

    précieux, il arpente rapidement le contenu et revient comme aimanté sur la page de garde où la clef

    de l'intérêt se révèle enfin. Cette page de garde, sur laquelle sont inscrits des mots, qui finissent par

    former des phrases sont comme une doctrine, un sacerdoce, le nouveau et l'ancien Testament et de

    toute évidence, la révélation et l'aboutissement d'une vie bien remplie. Ne faut il pas à ce moment

    précis que l'on vous révèle la texture de cette, DEDICACE…?

    Puisque de dédicace il s'agit, je ne peux maintenant que vous en divulguer le contenu…!

    Ecrite de la main de LOUIS RENAULT le 6 novembre 1931, en voici son texte intégral :

    " A Edmond SERRE, mon tout dévoué collaborateur et Ami de la Première

    Heure. Celui auprès de qui, j'ai toujours trouvé le plus sincère et entier

    dévouement.

    LOUIS RENAULT.

    Le 6 Novembre 1931."

    Une lecture, puis une relecture, ensuite une lecture pour être certain de son contenu et voilà,

    Charles-Edmond est plongé dans un songe que personne ne doit interrompre à ce moment crucial…

    3) Les Origines

    Charles Edmond né en 1882 à Tulles en Corrèze, est le treizième enfant d'une Famille de quatorze.…

  • CHARLES EDMOND SERRE Biographie : Né le 3 juin 1882 à 19000 Tulle

    (Département de la Corrèze, région Limousin)

    Marié à Germaine

    Née le 02 avril 1892

    Trois enfants naîtront de cette union

    Jacques né en 1925

    Anne Marie née en 1926 :

    Jacqueline née en 1932:

    Décédé : le 22 février 1959 à l'âge de 77 ans

    (Inhumé au Cimetière de Portejoie 27430 Eure)

    Carrière :

    Formation :

    Collège Colbert (Paris 10 ème), Diplôme de dessinateur industriel.

    Carrière antérieure :

    Dessinateur aux Etablissement DURAND, taillage d'engrenages, rue Oberkampf à

    Paris d'où Louis RENAULT le débauche.

    Carrière Usine RENAULT :

    Le 1er novembre 1898. Travaille avec Louis RENAULT à la construction de la

    première voiturette.

    Par la suite, avec quelques dessinateurs, constitue le premier Bureau d'Etudes de la

    Marque. En devient le chef le 1er novembre 1903. Participe activement à la

    conception du moteur RENAULT à quatre cylindres (1902), du premier camion

    léger (1903), de l'amortisseur hydraulique et des taxis (1905), du premier moteur

    d'aviation RENAULT (1907), du démultiplicateur pour moteur d'avion (1908) et en

    général, de tous les types de véhicules et de moteurs construits par la Marque. Prend

    un part active à la création du char B1 et aux études de la 4CV.

    En 1928, avec Emile Tardet, avait accompagné Louis RENAULT aux Etats Unis.

    Le 1er janvier 1935 nommé directeur technique. L'année suivante

    Administrateur de la Société Anonyme des Usines RENAULT, puis

    Administrateur des Huiles RENAULT.

    Le 1er octobre 1946 est chargé de créer un Bureau d'Etudes "Tracteurs agricoles et

    matériels de transport".

    Départ en retraite :

    Le 28 février 1949 (51 ans de carrière)

    Décorations :

    Officier de la Légion d'Honneur (1937) au titre du Ministère de l'Air.

  • Activités Sociales :

    Créateur et Président du Cercle des chefs de Service et Chefs d'Atelier (1918).

    Conseiller Municipal de Portejoie en 1943 (27430 Eure).

    Elu Maire le 24 Juillet 1949 de Portejoie (Commune proche d'Erqueville27430 Eure).

    Maire de Portejoie en exercice jusqu'en 1959.

    Documents :

    Des compagnons des débuts, Charles Serre est le seul à échapper aux disgrâces

    partielles ou complètes des premières années vingt. Plus que jamais grand

    connétable de la Maison, il a lui-même, au bureau d'études, une ruche

    vibrionnante, ses barons, ainsi Rodolphe Ernst-Metzomaïer, un polytechnicien qui

    a été, pendant la Guerre, le chef du projet du char "FT"… Serre a une position

    spéciale : à Portejoie, en face du Domaine d'Herqueville, il jouit à vie d'une maison

    achetée par Louis RENAULT où il s'enferme avec lui le weekend pour de grandes

    séances de travail qui, aux dires des proches de Serre, "n'arrangent pas toujours la

    vie de Famille"…

    (Source Expo Musée RENAULT.2011)

    A Edmond Serre mon tout dévoué collaborateur et ami de la première heure.

    Celui qui auprès de qui j'ai toujours trouvé le plus sincère et entier dévouement.

    Louis Renault

    Le 6 Novembre 1931

    (Source : "la vie de louis Renault" Jean Boulogne 1931 – Exemplaire dédicacé de la main de Louis,

    propriété de Damien)

  • 4) L'Homme vue par sa descendance

    Monsieur SERRE

    Mon Père

    Mon Père était très différent de Monsieur SERRE chef du bureau d'études et

    compagnon de toujours de Monsieur Louis RENAULT.

    Il était un Père très proche des ses deux Filles, très jeune de caractère,

    toujours disponible pour sa Famille, mais l'Usine tenait une très grande place

    dans sa vie et pas plus que notre Mère, nous n'en avons été jalouses, nous

    étions très fières de lui et de la déférence que tout le monde lui témoignait

    nous a toujours impressionnés.

    Il était né à Tulle en 1882, treizième d'une Famille de quatorze enfants,

    mon Grand Père, entrepreneur de travaux publics, ayant des difficultés à faire

    vivre sa nombreuse Famille, vient s'installer à Paris avec ma Grand-mère et

    sept de ses enfants. C'était en 1889, mon Père avait sept ans.

    Il fit ses études au collège Colbert, d'où il sortit à seize ans avec un

    diplôme de dessinateur industriel. Son Père étant mort quelque temps avant, il

    ne put continuer ses études et entrer aux Arts et Métiers comme il le pensait.

    Il entre chez Durand, rue Oberkamff, une fabrique d'engrenages. Et c'est là

    que le 31 octobre 1898, il vit arriver un ami de Monsieur Durand, qui cherchait

    un jeune apprenti, étant le dernier embauché dans la maison, il fut présenté à

    ce jeune homme de vingt deux ans qui s'appelait Louis RENAULT.

    - Quand voulez vous commencer ?

    - Tout de suite Monsieur.

    - Venez demain à Billancourt, vous apporterez votre blouse et votre boîte

    de compas…..

    Le lendemain était le jour de la Toussaint, dès le début de cette longue

    collaboration, un pli était pris : dimanche et fêtes ne comptaient pas, le

    travail d'abord.

    Très vite l'étude et la fabrication des premières voitures, obligea Madame

    RENAULT à céder sa propriété de Billancourt, à ses Fils.

    Pendant la construction des premiers bureaux et ateliers, mon Père et

    Monsieur RICHER, travaillèrent chez elle à Paris, square Laborde. L'ambiance y

    était des plus familiale, à quatre heures, ils avaient croissant, chocolat

    chaud et un baiser sur les deux joues quand ils partaient le soir. Ils avaient

    dix sept ans…!

    Mon père dessinait sur une table qui avait le bureau de Monsieur RENAULT

    Père et qui lui fut donné par la suite en souvenir de cette époque.

    Et c'est sur cette même table aujourd'hui que j'écris ces lignes.

    Très vite l'Usine prit de l'expansion et d'autres dessinateurs et

    ingénieurs furent engagés sous les ordres de mon Père. Il ne sortait pourtant

    d'aucune grande école, n'avait pas de diplôme d'ingénieur mais il avait un très

    grand sens de la mécanique, était très inventif, très méticuleux et avait

  • énormément de bon sens ce qui lui a toujours servit dans toutes les

    circonstances de sa vie. Il était également très autoritaire et peut être pas

    toujours d'un abord facile. Mais l'importance de ses responsabilités le

    conduisait a être ainsi ce qui ne l'empêchait pas d'être humain et très proche

    de tous. Et par-dessus tout il existait entre lui et Monsieur RENAULT une telle

    entente qu'ils étaient le complément l'un de l'autre.

    De cette période lointaine mon Père nous parlait peu, les grands

    évènements de sa carrière ont d'abord été les grandes courses : Paris – Vienne;

    Paris – Berlin; Paris – Madrid, et la mort de "Monsieur MARCEL" comme il

    l'appelait, l'extension rapide de l'Usine puis la Guerre 14-18; il fut mobilisé

    sur place et ce fut une époque de travail intensif. Le char d'assaut de 1917

    fut une de ces grandes fiertés.

    Un très grand souvenir pour lui fut son voyage aux Etats Unis en 1928 en

    compagnie de Monsieur RENAULT et de Monsieur TORDET, pour qui il avait une

    grande amitié. Il rencontre Henry FORD et découvrit une autre façon de

    travailler, l'expérience qu'ils en rapportaient fut certainement très

    profitable à l'Usine. Les années d'entre deux Guerre furent pour lui une

    période de grande activité et de grandes responsabilités; outre la direction du

    bureau d'études de Billancourt, il dirigeait également l'étude des moteurs

    Caudron, des automotrices, des camions, des tracteurs agricoles, du matériel

    pour l'armée et certainement de beaucoup d'autres choses. De toute façon

    l'Usine était un sujet qu'il n'a jamais beaucoup abordé devant nous.

    Mais elle était présente cette Usine, dans notre vie familiale.

    Par Monsieur RENAULT, principalement que nous avions souvent l'occasion

    de voir le dimanche à Portejoie.

    Porte joie était une maison de campagne qu'il avait convaincu mon Père

    d'acheter en 1920 et qui était située sur les bords de la Seine, juste en face

    de son Château d'Herqueville, il était sû ainsi de l'avoir toujours près de

    lui, dimanche et fêtes. Combien de fois l'avons-nous vu surgir de son bateau et

    emmener mon Père pour la journée entière pour discuter d'un projet, mettre au

    point un moteur de bateau ou de tracteur agricole.

    Avant Guerre pour nous le rituel était toujours le même; un chauffeur du

    153 venait nous chercher Boulevard Murat, nous déposait avenue Emile Zola,

    devant les fenêtres du bureau d'études et là mon Père reprenait le volant et

    nous partions à Portejoie. Il lui arrivait d'être en conférence avec Monsieur

    RENAULT et nous attendions…, parfois très longtemps. Puis Monsieur RENAULT

    partait le premier, passait en trombe devant nous et prenait la route

    d'Herqueville. Mon Père arrivait quelques minutes après; nous partions très

    vite et sue la route on ne lambinait pas. (En principe personne ne nous

    dépassait, il n'aimait pas beaucoup çà)

    En arrivant à Portejoie, nous trouvions Monsieur RENAULT assis sur les marches

    du perron. Il avait eu le temps de se changer, de prendre son chien avec lui et

    de traverser la Seine. Ils repartaient ensemble à Herqueville jusqu'au soir.

    Cette collaboration si étroite se teintait je crois d'une certaine

    complicité, ils redevenaient les deux jeunes hommes de vingt deux et seize ans

    qu'ils étaient à leurs débuts.

  • Malgré une certaine distance due à la hiérarchie, qui existait de le

    leurs relations Monsieur RENAULT a été certainement le meilleur ami de mon

    Père.

    L'Usine a apporté beaucoup de joie et de fierté à mon Père mais ainsi

    bien des moments de soucis et de chagrin.

    Joie pour une belle voiture bien réussie. Li était très fier des superbes

    voitures d'avant Guerre : 40CV; Reinastella; Vivasport; Nervasport, très fier

    également des records battus aussi bien parles voitures que par les avions

    Caudron. Sa grande fierté, après le char d'assaut de 1917 a certainement été la

    4CV. Conçue et réalisée, pendant l'occupation à la barbe des Allemands sa mise

    au point donne leu à pas mal de discussion avec Monsieur RENAULT lui-même. Cela

    se passait pendant le weekend à Portejoie, les explications étaient parfois

    très orageuses, mais ils y prenaient malgré tout beaucoup de satisfaction l'un

    et l'autre.

    L'occupation a été pour nous comme pour tout le monde le début d'une vie

    différente. A l'Usine l'activité était très réduite et la présence d'un

    commissaire Allemand était très mal acceptée par mon Père.

    Mais malgré tout, dans les jours les plus sombres il a toujours cru et

    espéré en une revanche et n'avait pas peur de le dire à son entourage. Les

    quatre bombardements de l'Usine ont été les "coups durs" acceptés comme chose

    normale en temps de Guerre et d'occupation et le travail pour les Allemands

    s'en trouvait ralenti. Malheureusement il y eu des sinistrés et des disparus

    parmi le personnel de l'Usine et il était très affecté. La mort de son fidèle

    collaborateur Monsieur JUVILLE tué avec toute sa Famille l'avait bouleversé.

    La libération fut un jour formidable mais elle entraîna les tristes

    évènements que l'on sait pour Monsieur RENAULT; ce fut une grande tristesse

    pour nous tous.

    Mais l'Usine devait continuer. Après pas mal de discussions, la

    construction de la 4CV en grande série fut décrétée en 1946.

    C'est à cette époque que mon Père quitte la direction du bureau d'études,

    mais non pas de l'Usine. Il voulait prendre sa retraite à l'anniversaire de ses

    50 ans au service de RENAULT fin 1948.

    Entre temps il s'installe aux Champs-Elyzées et là, avec un dessinateur

    il met au point des projets de tracteurs, construits à l'usine du Mans. Il a

    passé là deux années qui n'étaient pas de pénitence, loin de là. Il se

    passionnait pour ces tracteurs, question qu'il connaissait bien. Il avait eu

    assez l'occasion de les étudier à Herqueville, avec Monsieur RENAULT.

    Il n'aurait pas voulu que je termine ce récit de ces dernières années

    d'Usine sans évoquer Pierre LEFAUCHEUX, qui avec déférence a toujours su lui

    montrer beaucoup de sympathie, dans cette situation délicate qui était la

    sienne au moment de la nationalisation, nationalisation très mal acceptée par

    mon Père comme on peut le penser après cette carrière passée au service de

    l'Usine et de Monsieur RENAULT.

  • C'est en mars 1946 qu'il quitte définitivement l'Usine. Mais il ne reste

    pas inactif pour autant, ingénieur conseil de différentes affaires: machine

    outil Ernault; matériel agricole Perenat, administrateur à Saint Etienne-

    Ponlieue; aux huile RENAULT; à la société des carburants, il retrouve

    l'automobile avec Jean DANINOS, l'affaire que dirigeait cet ingénieur de

    Citroën périclitant, mon Père lui conseille l'étude d'une voiture de grand luxe

    et de prestige comme il les aimait tant. Ce fut la Facel-Véga qui sortit de

    cette collaboration et ce fut vraiment une des plus belle voiture d'après

    Guerre.

    En dehors de ces activités techniques il aimait retrouver Portejoie où

    d'autres occupations l'attendaient, il avait été élu Maire de cette petite

    commune et là il redevenait l'organisateur et le responsable qu'il avait

    toujours aimé être.

    A Portejoie, il retrouvait également ses Petits-enfants qui lui apportèrent

    certainement les dernières grandes joies de sa vie.

    Anne Marie GILOT-SERRE

    5) Les souvenirs

    Comme déjà exprimé précédemment, C.E SERRE est né à TULLE en Corrèze le 3 juin 1882, mais dans

    une Fratrie de quatorze Enfants.

    …Charles Edmond le Treizième…!

    Plongé dans cette relecture, les souvenirs reviennent, le voici replongé dans cette fin d'adolescence

    où employé aux Etablissements DURAND, il ne se voit que dents à dents assouvir l'engrenage de sa vie

    rythmé par le taillage auquel il est assujetti.

    Pour autant, il faut savoir que…

    Peu de place à chacun tant en Amour qu'en espace de vie, mais en d'autres temps, autres mœurs.

    Tous avaient leur part d'affection et de bien être.

    Un déménagement Familial pour la Capitale bien des années plus tard, en 1889, et des Etudes

    rondement menées, C.E SERRE se retrouve jeune employé aux établissements DURAND.

    En 1898, cela ne vous évoque t'il pas une année mémorable...?

    Puis un jour comme un autre, un jeune industriel de 22 ans, qui souhaite innover dans le domaine de la

    transmission et avant tout de l'Automobile, se présente chez une des ses connaissances.

    DURAND, celui qui lui procure les engrenages de son innovation future...!

    Un jeune Dessinateur, s'affaire sur sa planche à dessin. Il est assidu et concentré et ne s'imagine pas

    un seul instant ce que sera son destin...!

    Nous sommes en pleine révolution industrielle et LOUIS, le cancre inventif a su trouver ses alliés pour

    la conception de sa révolution à lui.

    Il est en PRISE DIRECTE avec cet industriel qui taille des engrenages et va lui amener le BREVET

    initial.

    Le jeune Homme qui s'affaire avec ferveur sur sa planche à dessin attire son attention.

  • Louis "Monsieur DURAND, qui est donc ce jeune..., qui tire la langue en tirant les traits de son

    dessin...?"

    DURAND "Un apprenti fort doué que je suis assez content d'avoir embauché."

    Louis "Vous ferait il défaut si je le prenais à mon compte...?"

    DURAND "Ma foi..., non, que lui réservez vous...?"

    Louis "Si je parviens à mener à bien toutes mes idées..., un avenir prometteur."

    DURAND "Pourquoi pas...!"

    Louis "Je vais donc réfléchir et je repasse demain, avez vous quelques uns de ses dessins à me

    soumettre...?"

    DURAND "Oui, da, en voici une liasse, tous plus soignés les uns que les autres."

    Louis "Je regarde cela..., bien..., à demain...!"

    Le lendemain fut le début d'un longue "AMITIE", empreinte de respect mutuel, jusqu'en 1944...!!!!

    C.E SERRE, était à sa planche à dessin, quand un jeune homme apparut à ses côtés.

    Louis "Souhaiteriez vous quitter votre emploi actuel pour participer à l'Aventure Automobile avec

    moi...?"

    Pas de bonjour pas de préliminaires, juste une question brute et sans alternative autre que le oui ou le

    non.

    C.E SERRE" Bonjour Monsieur, je ne sais, enfin oui, j'aimerais bien..."

    Louis "Alors, venez demain, à BOULOGNE BILLANCOURT, au point du jour..."

    C.E SERRE "Oui Monsieur, l'adresse exacte, je ne voudrais pas louper ce rendez vous."

    Louis " C'est au 139, vous ne pouvez le louper..., venez avec votre blouse et votre boîte de compas..."

    Entrevue brève et déterminante, elle fut cependant le tournant de la vie de C.E SERRE.

    Une nuit courte et perturbée, le réveil et un nouvel avenir, quoi de plus motivant pour un jeune de 17

    ans qui souhaite faire ses preuves...?

    Après un trajet des plus différents de ce qu'il pratiquait au quotidien depuis peu, C.E SERRE, arrive à

    cette fameuse adresse énoncée la veille.

    Il a dans sa sacoche, la fameuse blouse et la boîte de compas, acquise avec la valeur numéraire

    obtenue de son travail chez DURAND.

    Une déconvenue évidente..., où est donc cette entreprise...?

    Un pavillon de banlieue se présente à ses yeux et n'augure pas l'avenir promis.

    Il sonne cependant...!!!

    Madame RENAULT, se présente à ce visiteur.

    Louise Berthe "Bonjour jeune homme, que voulez vous...?"

    C.E SERRE " Bonjour Madame, je m'appelle Charles Edmond SERRE, Je cherche Monsieur LOUIS

    RENAULT, il ma convié pour un emploi dans sa société de construction Automobile."

    Louise Berthe "Sa société de construction Automobile, mon Dieu..., entrez jeune Homme, il doit être

    dans l'Atelier..."

    C.E SERRE " Merci madame..."

    C.E SERRE franchit le portail de la demeure sans grande conviction, mais cette Dame aux allures

    Maternelles le rassure.

    Louise Berthe "Mon enfant, quelle est votre confession de foi...?"

    C.E SERRE " Catholique Madame..."

  • Louise Berthe "Dieu soit loué..."

    Quelle étrange question pour un travail...?

    Louise Berthe "Entrez, entrez, voulez vous un chocolat chaud pendant que je vais chercher LOUIS...?

    C.E SERRE "Je ne sais pas Madame, je suis venu pour travailler...!"

    Quelle est donc cette étrange Entreprise où l'on propose du chocolat chaud...?

    Puis, par les échanges sonores alertés, un jeune Homme au demeurant roux, se point la mine déconfite

    et ébouriffé.

    Louis " Vous voici enfin Monsieur SERRE...!"

    C.E SERRE " Oui Monsieur, j'étais là à l'heure..."

    Louis " Bon, vous avez ce que je vous ai demandé d'amener hier...?"

    C.E SERRE " Oui Monsieur, dans ma sacoche."

    Louis "Alors suivez-moi."

    Louis le mène dans la salle à manger, la où une table Noire trône et amène son désaccord dans ce lieu.

    Louis " Voilà votre table à dessin, vous allez me mettre au propre les croquis que j'ai dessinés."

    Louis lance alors une flopée de dessins sur des supports tous plus anachroniques les uns que les

    autres.

    C.E SERRE "Oui Monsieur, sur quoi dois je dessiner...?

    Louis déjà excédé prend une quantité de papier et la pose sur la Table Noire.

    Louis " Voilà de quoi exercer vos talents..., j'ai élaboré un concept de boîte de vitesse que je

    souhaiterais voir mis au propre pour un dépôt de Brevet, je compte sur vous..."

    C.E SERRE " Oui Monsieur, je vais faire de mon mieux..."

    Louis " Comment de votre mieux, non..., votre maximum, ainsi nous pourrons voir en votre avenir, la

    pérennité."

    Les bases sont posées, C.E SERRE, doit, soit accepter soit fuir en ce moment.

    Louis tourne les talons en grommelant et retourne dans l'atelier..., cette cabane au fond du jardin de

    la demeure du Point du jour.

    C.E SERRE va rester en ces lieux...!

    Le goût de l'aventure ou celui de la conviction Religieuse de Louise Berthe qui se doit l'aide à son

    prochain.

    En regard de son jeune Âge, je dirais un compromis que nul ne peut juger, trop succinct pour ce

    premier jour, mais si agréable entre la domination du Fils et le Maternalisme de Madame RENAULT.

    Louise Berthe "Et votre chocolat jeune Homme, le voulez vous ou pas...?

    C.E SERRE "Oui Madame.

    Louise Berthe " Vous vous trouvez sur le Bureau de feu mon Epoux, un meuble auquel il tenait

    beaucoup."

    C.E SERRE " Madame, je peux vous assurer que j'en prendrai soin, si je dois y travailler au

    quotidien..."

    Louise Berthe " Charles Edmond, puis je vous appeler Charles...?"

    C.E SERRE " Oui Madame, avec plaisir..."

    Charles, se mit à boire son chocolat, celui qu'à dix sept ans l'on apprécie encore.

    Du fond de ce fameux jardin et du fond de l'atelier, une simple cabane en pierre..., un cri surgit...!

    Louis" SERRE...!"

  • Voici le premier appel, le premier de tous, celui qui va conditionner la vie de C.E SERRE, la longue

    lignée d'une mise à disponibilité d'un ami et d'un frère, celui que l'on a perdu pour Louis et celui que

    l'on pas pu connaître pour Charles Edmond.

    Empreinte de douleurs respectives cette union sera prolifique et d'une fidélité à toute épreuve.

    6) Le début de l'épopée

    Une journée à n'en plus finir pour Charles Edmond et un Patron qui de technique était intarissable,

    voici qui ne pouvais que convenir à ce jeune employé chargé de mettre au propre les prémices de la

    grandeur de RENAULT.

    Le lendemain, le trajet long, très long, Paris Billancourt, jusqu'à cette Usine naissante et un accueil

    tout aussi distant par ce Patron qui affirme comme la veille sa ferveur de ne pas perdre de temps à

    tout expliquer.

    Louis" SERRE...!"

    C.E SERRE " Oui Monsieur,..."

    Louis" SERRE..., êtes vous bien installé pour finir mes plans dans un délai dès plus court ?"

    C.E SERRE " Oui Monsieur,..."

    Louis" SERRE..., appelez moi Monsieur LOUIS"

    C.E SERRE " Oui Monsieur,..."

    Louis" SERRE..., appelez moi LOUIS, ce sera plus simple"

    C.E SERRE " Oui Monsieur,..."

    Louis" SERRE..., appelez moi LOUIS, vous êtes sourd…?

    Charles Edmond rejoins la table noire et les plans qu'il avait laissé la veille.

    Empli de croquis cette table est aussi emplie et chargée d'Histoire, tout un ensemble de contraintes

    auxquelles Charles Edmond se doit de plier du haut de ses dix sept ans.

    Les croquis sont soit esquissés, soit emplis de notes diverses et voir parfois incompréhensibles.

    Pourtant il faut faire face et ne pas, surtout pas demander d'explications, il l'a compris...!

    Il se torture l'esprit pour suivre ce raisonnement, celui qui de logique ne corrobore qu'à son auteur.

    Puis la vraisemblance et la compréhension surgissent et les plans fusent avec aisance.

    Plongé dans la prise directe et la future type A, Charles Edmond entend un appel d'une des pièces d'à

    coté.

    Louise Berthe "Charles, mon petit…!

    C.E SERRE " Oui Madame,..."

    Louise Berthe " Voici votre deuxième jour avec mon Fils, avez-vous prévu votre repas pour ce midi ?

    C.E SERRE " Oui Madame,..."

    Louise Berthe " Quoi… Oui Madame, l'avez-vous ou pas…?

    C.E SERRE " Oui Madame, j'ai de quoi me nourrir ce midi, "

    Louise Berthe " Quoi…, qu'avez-vous…?

    C.E SERRE "Madame, j'ai un peu de viande de porc, deux tranches de pain et un pomme.

    Louise Berthe " Quoi…, c'est tout, mais vous allez vous joindre à notre repas, j'ai fait un bœuf

    bourguignon. Louis ne sera peut être pas avec nous mais vous ne devez pas mourir de faim.

    C.E SERRE "Bien Madame, mais…

    Louise Berthe " Quoi…, cessez de m'appelez Madame, appelez moi LOUISE…!

  • C.E SERRE "Bien Madame..!

    Louise Berthe " LOUISE, ne comprenez vous donc pas ce que l'on vous dit…

    Louise Berthe " donc à midi pour le repas…!"

    Charles Edmond est décontenancé par tant de disparité, l'un lui donne de la distance l'autre lui donne

    de l'affection.

    Charles Edmond se replonge dans l'interprétation et la traduction des plans de LOUIS. L'étage

    primaire le secondaire, puis les trains de pignons qui donnent la réduction et la quintessence de la

    transmission ultime, la Prise Directe.

    Louis" SERRE...!"

    C.E SERRE " Oui Monsieur,..."

    Louis" SERRE, avez-vous enfin terminé la mise en plan de mon brevet...?"

    C.E SERRE " Oui Monsieur,...l'ensemble de vos plans sont au propre"

    Louis" Comment cela, oseriez vous dire que je vous ai donné des torchons…?"

    C.E SERRE " Non Monsieur...!"

    Louis" Reprenez des couleurs, je plaisantais, ce sont des torchons indéniablement, mais ils ont le

    mérite de fonctionner."

    Le dépôt de ce brevet me mettra à l'abris de ce que la concurrence peut encore imaginer de faisable

    actuellement. Grâce à vous mon brevet sera clair et propre."

    C.E SERRE " Oui Monsieur,..."

    Louis" SERRE..., appelez moi LOUIS, vous êtes sourd que diable…?"

    C.E SERRE " Oui LOUIS,..."

    Louis" SERRE..., Mon très cher nous avons des victoires à honorer et aussi à gagner, en êtes vous

    définitivement ?"

    C.E SERRE " Oui LOUIS,..."

    Louis" SERRE..., je vois que le pli est pris, cependant n'en abusez pas…!"

    C.E SERRE " Non Monsieur...!"

    Louis" SERRE..., il va falloir que nous apprenions à nous connaitre."

    Louis se mit à rire pour la première fois depuis l'apparition de Charles Edmond.

    Louise Berthe "Les enfants le repas est prêt…!"

    Ce bœuf bourguignon annoncé est enfin prêt, mais comment imaginer que le fait de ce faire parapher

    d'enfant puisse encore plaire à LOUIS…!

    Louis" CHERE MERE, je veux bien entendre que le repas est prêt, mais je ne puis supporter que vous

    continuiez à me qualifier d'enfant...!"

    Louise Berthe "Hé bien qu'à cela ne tienne, tu ne mangeras donc pas avec nous, Charles Edmond se

    fera un plaisir de déguster ce plat avec moi."

    Louis" Bon de quoi s'agit il, à l'odeur un bœuf bien cuisiné, je ne saurais me priver de tout ceci."

    C.E SERRE " Mais vous savez j'ai de quoi manger…!"

    Comment ne pas être interpellé par cette incartade, la mise en porte faux est dérangeante.

    Louis" ne faite pas votre midinette, vous êtes convié par ma Mère et puis votre gamelle ne sera de

    toute façon pas à la hauteur des petits plats de ma MERE…"

    Allons-y…!"

    Finalement Louis dévore et Charles Edmond déguste, peu habitué à tant d'égard et de cuisine soignée.

  • Maman SERRE, femme de labeur, Mère de quatorze enfants, ne peut assurément concocter des petits

    plats à toute cette Fratrie. Elle assure la subsistance de tout ce petit monde avec les moyens du

    bord.

    Nul ne manquera de se nourrir mais nous serons loin du raffinement que Charles Edmond va découvrir

    auprès de Louise Berthe RENAULT.

    Louis" SERRE..., vous avez fini de manger, retournez donc à l'ouvrage…!

    C.E SERRE " Oui Monsieur,..."

    Louis" SERRE..., appelez moi LOUIS, non de D…"

    C.E SERRE " Oui LOUIS,..."

    Voici deux jours que Charles Edmond est présent au sien de cette Famille et le voici pris parti par le

    Fils, la Mère, il ne sait plus où il est, mais s'y sent bien.

    Le repas se passe, rapidement pour Louis et puis…!

    La dernière bouchée avalée, Louis est déjà parti de table depuis longtemps, un cri…!

    Louis" SERRE..., tu l'a vu ou pas celle que tu dessines…?"

    C.E SERRE " Non Mon…, Non Louis, où est elle…?"

    Louis" Tu n'a qu'à sortir de la maison elle est là.

    Charles Edmond lâche sa fourchette, englouti la dernière bouchée de son bœuf bourguignon et se

    précipite hors de la maison de hôte.

    Elle est là; vrombissante, avec Louis qui titille la pédale d'accélérateur, la future Type A ronronne

    devant les yeux ébahis de Charles Edmond.

    Il la dessine depuis deux jours et elle est là…!

    Louis" Tu veux que je te emmène faire un tour…?"

    C.E SERRE " Oui, où allons nous…?"

    Louis" Faire le tour du quartier, tu es prêt..?

    Les Yeux de Charles Edmond brillent de bonheur.

    Il va enfin au bout de deux jours pouvoir mettre ses impressions Automobiles sur celle qu'il dessine.

    7) Le tour du quartier

    Le prototype est là, son moteur De-Dion tourne et son Paf-Pouf , rompt le silence de cette campagne

    peu habituée aux ronronnements de la révolution industrielle en marche.

    Louis est à bord et invite Charles Edmond à le rejoindre.

    Charles Edmond hésite puis ce jette sur la place libre de cet engin peu usuel en 1898.

    Louis enclenche la première et les voilà parti pour une folle escapade dans les rues de Boulogne.

    Le portail franchi, Louis appui sur l'accélérateur et enclenche le deuxième après une manipulation

    d'une pédale adjacente, le prototype s'ébranle et les pavés défilent de plus en plus vite. Charles

    Edmond est aux anges, le vent lui fouette doucement le visage, peu habitué à une telle vitesse il se

    crispe. Louis lance le levier et enclenche la prise directe pour donner la quintessence du moteur de

    0,75 CV. Le prototype s'élance sur les pavés et donne ce qu'il a de meilleur. Mais un obstacle surgit,

    c'est à ce moment précis que Charles Edmond comprend la présence de cette autre pédale qui est le

    ralentisseur de ce prototype.

  • Louis se jette sur cette fameuse pédale et presse à fond ce levier afin que le prototype daigne

    baisser son allure outrancière. De 45km/h, le voici rendu à 10 et malgré tous ces efforts l'arrêt

    semble improbable. Pour autant la vitesse à faiblie et Charles Edmond semble reprendre ses couleurs

    originelles, il avait un tant soit peu pali face à l'adversité de ce monstre mécanique qui ne lui était pas

    coutumier. Il en sera ainsi à chaque essai de leurs nouvelles créations, puisqu'ils allaient ainsi lier

    leurs destins.

    Le retour à la future Usine, fut de bons augures, Charles Edmond savait maintenant que sa vie était

    liée à cet homme de peu son ainé, mais qui était celui qui allait donner un sens à sa carrière.

    De nombreux autres plans allaient rouler…!

    8) Conclusion hative…!

    C.E SERRE, restera le compagnon de la première heure, le confident, le conseiller et le bras droit de

    LOUIS...!

    Pour tout..., l'Epopée et le reste Charles Edmond sera de toutes les confidences et de la proximité de

    la domiciliation.

    Entre les courses, à celui qui arrivera le plus vite à Herqueville en quittant Boulogne et les longues

    soirées empreintes de techniques et de complaintes.

    SERRE, se devra de plier à sa compassion et la reconnaissance face à un Homme bon, juste et aimant.

    Partageant la même PASSION, il ne se devait d'être autrement que l'accord et le partage du soutien

    de l'USINE pour ces deux Hommes.

    Le temps est passé, celui de la profusion pour l'un celui de la Passion d'un Homme pour l'autre.

    Nous sommes en 1944, celui qui a toujours été au service de Louis va le cacher dans cette période

    noire de sa vie, puis..., puis cet homme malade...!

    Celui qui souhaitait se rendre pour justifier son intégrité et son innocence...!

    Celui qui ne voyait que le la survie de l'Usine.

    Celui qui va reprendre pour un court instant le cours de sa vie...!

    Celui qui sera injustement incarcéré, pour collaboration, puis A...............!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Celui qui va laisser une trace amicale indélébile dans l'Esprit de C.E SERRE est inhumé à quelques

    encablures de son Disciple.

    Une fabuleuse Histoire d'Hommes Passionnés..!