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ATTACHES ET ESCALES
Charles LONGUEVILLE
(1829 - 1899)
Peintre de la marine
Hall d’accueil
Huiles de Charles Longueville
C’est probablement à l’Ecole Navale, où il entre le
4 octobre 1845, que Charles Longueville
commence à révéler ses dons pour le dessin : cette
matière était alors aussi importante que les
mathématiques.
Il s’essaie assez vite à la peinture, qu’il pratique
toute sa vie avec un égal bonheur, de ses premières
œuvres de jeunesse jusqu’au bouquet final de ses
albums à l’écriture fine et élégante, enluminés de
gerbes de fleurs et illustrés à la plume.
Le hall d’accueil présente une sélection de son
œuvre picturale, centrée sur la mer.
La rade de Brest 1871 - 29x18
Lorsqu’il peint cette rade de Brest, Charles
Longueville est instructeur à l’école navale, « sur le
Borda » depuis cinq ans. Il vient de rentrer amer
du siège de Paris, où il était second d’un des
bataillons de marins de Brest, qui défendait le fort
d’Ivry.
L’œuvre représente l’entrée du port de Brest avec,
dans le lointain, la pointe de l’Armorique et l’ile
Ronde.
La rade de Brest – Goulet de Brest 1873 - 30x17
Deux ans plus tard, toujours sur le Borda,
Longueville peint cette fois l’entrée de la rade de
Brest. Son chevalet est installé sur la plage de
Laninon, incluse depuis dans l’arsenal.
Il y venait souvent, avec
son fils Edouard, âgé de
huit ans, contempler le
goulet, fermé par le
phare de Portzic et la
pointe des espagnols.
Procession des Coureaux à Larmor Plage 115x73
A la fin des années 1880, Longueville est retraité
à Lorient. Cette œuvre illustre un de ses thèmes
préférés. Voici comment il en parle lui-même :
Rade de Brest Vaisseau la Bretagne par coup de vent – 1871 -24x11
Revenons en 1871 ; le vaisseau la Bretagne se
trouve à Brest depuis huit ans. Mouillé en rade, il
est devenu, en 1866, le navire école des novices et
apprentis marins.
Longueville représente ici le vaisseau amiral de
l’escadre d’évolution, qu’il a connu alors qu’il
naviguait en Méditerranée sur l’Algésiras, second
vaisseau de la flotte, de 1858 à 1862.
Ile de Cézembre à Saint Malo 1878 38x24
Les ancêtres de Longueville étaient de Granville,
mais il avait de nombreux cousins du nom à
Saint-Servan, depuis le mariage de son grand
oncle Nicolas, capitaine corsaire de Granville, en
1780 ; il y vint plusieurs fois en congé.
En 1793, âgé de 12 ans, son père avait été
mousse sur la corvette Goulu, armée à Saint-Malo.
Quatre-vingt cinq ans après, il peint cette marine
de l’île de Cézembre, qui borde l’entrée du chenal
de ce port.
citadelle de Port-Louis vue du bois de Keroman 30x24
Né à Lamballe, Longueville a passé toute sa
jeunesse à Lorient, et y a fini sa vie. Officier de
marine, il resta attaché au cadre de ce port
pendant toute sa carrière. Pour ses vacances près
de sa mère, il disposait d’une petite maison au
bord du Scorff, sous la chapelle saint Christophe.
La rade de Lorient n’avait plus de secrets pour lui,
et il aimait beaucoup peindre ses paysages, ici la
citadelle de Port-Louis vue du ʺbois de Kéromanʺ,
aujourd’hui disparu.
Larmor au soleil couchant Juin 1886 30x21
Après dix années de retraite à Paris, c’est en
1885 que Longueville revient à Lorient. Il noue des
relations suivies avec la famille Le Verger, qui
habite une très grande maison du quai des Indes,
la dernière avant le port de guerre, et qui y donne
de très fréquentes soirées musicales et artistiques.
L’été, toute cette activité culturelle se transporte à
Port-Louis, où Longueville trouve une inépuisable
source d’inspiration picturale. Ainsi cette vue de
Larmor au couchant, à travers l’entrée de la rade.
Voiliers 1867 15x7
L’océan peut-il atténuer le chagrin d’un marin ?
1867, voilà un an que Charles Longueville a quitté
Cherbourg pour Brest. Voilà moins d’un an qu’il a
perdu son épouse Mathilde et son fils aîné, Charles,
âgé de moins de trois ans, lors d’une épidémie de
diphtérie, et que son fils cadet, Edouard, est élevé
à Morlaix chez ses beaux-parents Desloge.
Il se réfugie dans une représentation de la mer et
des voiliers, empreinte d’une grande mélancolie.
L’embouchure du Gapeau 119x77
Ce grand tableau a probablement été peint vers
1860. A cette époque, Longueville parcourt la mer
Méditerranée à bord du vaisseau l’Algésiras.
L’escadre va souvent s’entraîner en rade d’Hyères.
Lorsqu’elle est au mouillage, il va fréquemment à
terre pour peindre. Les barques qu’il représente
ici, à l’embouchure du Gapeau, sont des
« pointus », courants sur cette côte.
Château de Brest à marée haute 1873 23x30
Le drame familial que Longueville a connu peu
après son arrivée à Brest marque la fin de ses
embarquements. Désormais, son fils survivant est
sa priorité : il fait tout pour conserver son
affectation d’instructeur à l’école navale ; mis à
part les six mois de la guerre de 1870, ses neuf
dernières années de carrière se passent en rade
« sur le Borda ».
Le pied du château de Brest, qu’il peint à marée
haute, mais aussi à marée basse, est une de ses
nombreuses œuvres finistériennes de cette période.
Marine 23x10
Voici encore une marine, non datée, qui traduit la
maîtrise de Longueville pour recréer la sérénité qui
se dégage d’une mer paisible, où se reflètent des
ciels changeants, comme il s’en observe souvent en
Bretagne :
« O temps, suspends ton vol … »
Larmor, sortie de la rade de Lorient 20x11
Se faisant face à la sortie de la rade de Lorient,
Larmor et Port-Louis se partagent les vues
pittoresques d’un océan assagi où voguent
tranquillement barques et voiliers au couchant.
Un contraste marqué avec la salve d’honneur des
bateaux de guerre saluant Notre-Dame de Larmor
au moment de quitter Lorient pour des croisières
lointaines.
Auditorium
Dessins
D’outre-mer
à la Plume
Eaux-fortes
des côtes de France
et de Méditerranée
Dessins d’outre-mer
à la Plume
Toute sa vie, Longueville a vécu avec un crayon et
un carnet à la main. Qu’il sillonne les mers ou
parcoure la campagne, il est avant tout
observateur et dessinateur.
Ce qui le caractérise, c’est la précision et
l’exactitude de ses plumes, marque d’un artiste
formé à restituer fidèlement les atterrages, en un
temps où la photographie n’était pas répandue.
Les dessins présentés ici sont le fruit de ses
navigations en Atlantique, en Mer des Indes, et en
Méditerranée.
Pic de Ténériffe Canaries - 2 janvier 1848 - 30x17
Le 23 décembre 1847, « la Reine Blanche »
appareille de Cherbourg. A bord de cette frégate,
Longueville, sorti de l’école navale, entame une
croisière de plus de deux ans en Mer des Indes.
« La Reine Blanche s’est rendue en neuf jours de Cherbourg
à Ténériffe, et nous fussions arrivés un jour plus tôt (le 31
Xbre), sans un grain de pluie qui nous déroba la vue de la
terre, au moment où nous donnions à pleines voiles dans la
rade de Santa Cruz, et qui nous força à tenir le large
pendant la nuit »
(Lettre du capitaine de vaisseau Page au ministre de la Marine, 2/1/48)
Deux plumes de Rio-de-Janeiro à l’hiver 1848
Le géant couché à l'entrée de la rade de Rio - 30 janv. 1848 - 30x10
Au XIXème siècle, comme dans les courses modernes
à la voile, la route du Cap de Bonne Espérance
longeait les côtes du Brésil pour déborder
l’anticyclone de sainte Hélène. Les bâtiments qui
s’y rendaient relâchaient donc à Rio de Janeiro.
La reine Blanche y fut du 30 janvier au 9 février.
Longueville remarqua la forme de géant couché de
cette côte, et en fit un relevé précis :
ʺLa figure de Louis XVI parfaitement représentéeʺ (CV Page)
Corcovado et Tijouka - Rio de Janeiro -février 1848 - 30x14
Deux plumes des îles Mascareignes en 1848
La Réunion, anciennement île Bourbon - avril 1848 - 30x12
« la mer et le vent tombèrent, et nous voguâmes
avec tranquillité en nous dirigeant vers l’île
Bourbon (ou de la Réunion) dont la belle silhouette
apparut comme un cône gigantesque … C’est le
Pays-Brûlé, que domine son volcan, le Piton-de-
Fournaise, qui rejette par la « Marmitte d’Enfer »
soit la lave, soit la cendre, soit une sorte de
matière en filament appelée Cheveu du Volcan »
Charles Longueville, Voyages dans l’Inde, 1888.
Port Louis - île de France 1848 - 26x15
« A quarante lieues est l’île Maurice, découverte
par Don Mascarenhas, mais que le hollandais Van-
Neck occupa peu après et nomma Mauritius …
Bernardin de Saint-Pierre l’a chantée dans sa
prose inimitable. J’aimais à parcourir ces lieux qu’il
a rendus célèbres par l’enfance touchante et les
amours naïves de Paul et Virginie. Et que de fois je
suis allé aux Pamplemousses voir leurs tombeaux »
Charles Longueville, Voyages dans l’Inde, 1888.
La Table Cap de Bonne Espérance - la flotte française - 1849 - 30x19
« Nous revînmes en Europe en serrant de près le
cap des Aiguilles, pointe extrême de l’Afrique
australe, et nous relâchâmes dans la colonie du
Cap, dans l’arsenal de la False Bay … De la ʺBaie-
Fausseʺ à la ʺBaie de la Tableʺ il n’y a que peu de
chemin, et l’on peut jouir de la charmante vue de
la jolie ville du Cap, si coquettement posée au pied
de la ʺTableʺ ».
Charles Longueville, Voyages dans l’Inde, 1888.
Mer des Indes - Iles St Paul et Amsterdam 1849 - 29x15
Passé de la Reine Blanche à l’Artémise, Longueville
se rend en août 1849 à l’île Saint-Paul, où un
réunionnais d’adoption, Mieroslawski, représentait
la France (et dirigeait une pêcherie) depuis 1843 :
« Puis nous descendîmes vers le Sud, aux îles Saint-Paul et
Amsterdam. Saint-Paul est un sommet de cratère qui,
s’étant effondré d’un côté, forme de la sorte un port ovale,
aux flancs tapissés de gazon, domicile des pingouins ».
Charles Longueville, Voyages dans l’Inde, 1888.
Ile de Sainte Hélène - 3 janvier 1850 - 30x17
Charles Longueville, Voyages dans l’Inde, 1888
Rocher le Diamant Martinique - 1851 - 30x9
En 1850-1851, embarqué sur la frégate-hôpital
« La Caravane », Longueville fait trois fois la
rotation des Antilles :
Le Stromboli - mer Thyrrénienne - 23 mai 1861 - 30x15
« Bientôt, dépassant la Corse, [l’escadre] vogue
dans la mer Tyrrhénienne, et aperçoit l’île de
Stromboli, cratère offrant l’image d’un vaste cône à
la base large, baignant ses pieds dans une mer
bleue, limpide et profonde. A intermittences égales
s’échappait une légère vapeur ».
Charles Longueville, Voyages dans le Levant, 1888.
Castellamare La Baie de Naples - 4septembre1860 - 42x24
« De Pompéi à Castellamare, il n’y a qu’un pas, et
on atteint bien vite le vieux château. La ville est
bâtie sur l’emplacement de l’antique Stabies,
engloutie en même temps que ses deux sœurs, par
la pluie de laves. C’est là que périt Pline l’Ancien,
quand il se porta, avec sa flotte, au secours des
malheureux ». Charles Longueville, Voyages au Portugal et La Méditerranée, 1888.
Eaux-fortes
des côtes de France
et de Méditerranée
En 1863, Longueville vient de débarquer de ses
quatre années de navigation en Méditerranée. En
France, la « société des aquafortistes » entame sa
deuxième année d’existence.
Longueville y est coopté parmi de nombreux noms
qui deviendront célèbres : Corot, Courbet, Millet,
Manet, Pissarro, Daumier …
Il réalise une trentaine d’eaux-fortes, dont deux
séries d’une douzaine chacune, d’inspiration
méditerranéenne :
- Sur terre et sur mer (1864-1865),
- Voyage d’un marin à Jérusalem (1869-1870).
Voyage d’un marin à Jérusalem - Frontispice 1870
Le frontispice de cette série d’eaux-fortes de
Longueville, intitulée « Voyage d’un marin à
Jérusalem », se trouve décrypté dans une lettre
écrite de Beyrouth à sa mère, le 15 août 1861 :
« … Mais revenons à Jérusalem. Notre caravane se composait
d’environ 50 personnes, tant officiers que matelots. Un âne
m’est échu dans le partage et nous voilà à 4 h du soir
partant de Jaffa et nous dirigeant sur Ramlah … »
Voyage d’un marin à Jérusalem - Felouque 1870
Le « Voyage d’un marin à Jérusalem » rassemble
des scènes maritimes de Brest à Beyrouth et
terrestres en Palestine, éparses sur seize mois.
L’Algésiras quitte Brest le 29 mars 1860, et
mouille à Jaffa en juillet 1861, après avoir passé
l’été et l’automne 1860 en baie de Naples, comme
on le verra plus loin.
Les felouques de la présente eau-forte ont
probablement été dessinées en juin 1861.
Voyage d’un marin à Jérusalem - Frégate 1870
Cette frégate montre un épisode anachronique,
intégré dans la série du « voyage à Jérusalem » :
le 2 octobre 1865, Longueville est sur la Flandre,
frégate de l’escadre cuirassée de la Manche, qui
appareille de Lisbonne. Il raconte :
« Le roi [du Portugal] fit visite à l’escadre, et le lendemain,
accompagnant la reine, il fit voile pour la France. L’escadre
française lui fit escorte jusqu’à l’embouchure du Tage. Et là,
défilant devant eux, les salua de ses salves d’artillerie ».
(Longueville, 1888)
Voyage d’un marin à Jérusalem – Vaisseau et felouque
Contraste saisissant entre le vaisseau de guerre
français et la petite felouque levantine, avec une
côte montagneuse dans le lointain ; ce trois mâts
mixte est vraisemblablement l’Algésiras, en
approche des côtes de Syrie le 31 mai 1861.
Sur terre et sur mer – Le blocus de Venise
Extraite de la série « sur terre et sur mer », cette
eau-forte montre la flotte française bloquant le
port de Venise, en juin 1859, et contrôlant des
« trabaccoli », petits caboteurs de l’Adriatique :
« C’était au temps de la lutte entre la France et l’Autriche,
de laquelle devait éclore l’affranchissement de l’Italie …
Plusieurs vaisseaux français exerçaient pendant ce temps un
blocus rigoureux sur Venise ».
Charles Longueville, Voyages au Portugal et La Méditerranée, 1888.
Présentée d’abord isolément, cette eau-forte s’est
trouvée rapidement jumelée avec la précédente,
pour former la planche unique présentée ici. Elle
illustre ce que le critique d’art britannique
Hamerton écrivait dès 1868 :
« Longueville est, a mon avis, un amateur mais un amateur
certainement très doué. Aucun peintre de marine n'a, dans
mon souvenir, mieux que lui exprimé la majesté d’une flotte
de guerre moderne. Il est sensible à la magnificence navale et
la saisit a la fois en tant qu‘artiste et en tant que spécialiste
des choses de la mer ».
P.G. Hamerton, « Etching and etchers », London, 1868.
Combat naval - L’Alabama coulant sur le feu du Kearsarge 1864
Le 19 juin 1864, un combat naval met aux prises
deux frégates américaines au large de Cherbourg.
La population, massée sur les falaises, y assiste en
foule. Le corsaire sudiste, l’Alabama, est coulé par
la frégate nordiste Kearsarge.
La renommée de ce fait d’armes fut immense. Dès
le 1er août, l’éditeur de la société des
aquafortistes, Alfred Cadart, ajoutait cette eau-
forte à son catalogue.
Escale de ravitaillement 47x31
Dans sa production picturale, Longueville a peu
utilisé d’autres procédés (aquarelles, pastels…).
L’attribution de cette œuvre, qui n’est ni datée, ni
signée, est incertaine ; mais elle a toujours figuré
dans les cartons de l’auteur sous le titre « escale
de ravitaillement » ; la corvette dans le lointain
pourrait être la Thisbé, sur laquelle il fit la
croisière en Amérique du Sud du 17 novembre
1854 au 25 août 1856.
La Thisbé en réparation en rade de Rio-de-Janeiro - 1855 -27x15
La corvette La Thisbé quitte Lorient le 17 novembre 1854
20 janvier 1855 : … la corvette la Thisbé vient de
rallier mon pavillon après soixante-un jours de mer.
Peu de jours après : Le CF Henry vient de m’adresser une
longue énumération des besoins de la corvette … Mon but est
de mettre promptement la Thisbé en état de naviguer.
13 février 1855 : La Thisbé complètement réparée
par l’escouade des ouvriers de la Division prendra la
mer dans quelques jours. Lettres de l’Amiral de Suin, commandant la station du Brésil et de la Plata,
au ministre de la Marine