857

Click here to load reader

Chavasse 1958 Le sacramentaire gélasien

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Antoine Chavasse, Le sacramentaire gélasien (Vaticanus Reginensis 316): Sacramentaire presbytéral en usage dans les titres romains au VIIe siècle. (Tournai: Desclée, 1958).

Citation preview

  • BIBLIOTHQUE DE THOLOGIE SRIE IV

    Histoire de la Thologie SOUS LA DIRECTION DE MGR. G. JOUASSARD, M. RICHARD, R. AUBERT

    Vol. 1

    LE SACRAMENTAIRE

    GLASIEN (Vaticanus Reginensis 316)

    SACRAMENTAIRE PRESBYTRAL

    EN USAGE DANS LES TITRES ROMAINS AU VIle SICLE

    PAR

    Antoine Cltavasse

    DESCI.E & Cie, DITEURS

  • NIHD. OBSTAT :

    Argentorati, die 3 dembris 1957 R. MBTZ

    IMPRIMATUR :

    Argentorati, die 5 decembris 1957 + Joannes-Julianus WEBER,

    Ep. Argmtinmsis

    Copyright 1958 by DI!SCLD & Co., Tournai (Belg.).

    Prinred in &/titlm

  • INTRODUCTION

    L'historien des institutions, l'historien de la liturgie, mais aussi le thologien, ne peuvent mconnatre l'importance exceptionnelle du sacramentaire glasien. On s'y rfre assez frquemment, moins souvent qu'on ne devrait le faire, si l'on a gard aux richesses qui y sont enfermes. Malheureusement, ce livre liturgique n'a pas encore fait l'objet d'une tude complte et systmatique. Nous voudrions combler cette lacune.

    Depuis de longues annes, l'tude de l'histoire et de la thologie des sacrements nous a confront avec le sacramentaire glasien. Notre premier contact remonte l'anne 1932. Aprs avoir travaill longtemps dans le cadre des hypothses dont ce livre a t l'objet et qui taient admises par la majorit des historiens, nous avons t amen reprendre le travail par la base. Les sondages de plus en plus pousss auxquels nous avions t conduit, manifestaient qu'il tait impossible d'admettre encore que ce sacramentaire pouvait se rattacher au pape saint Glase (492-496). Mais il n'tait pas moins impossible de se rallier aux vues extrmes de quelques historiens rcents, pour qui le sacramentaire aurait t compil en Gaule.

    ll est manifeste que le sacramentaire glasien est une compilation dans laquelle il y a des parties d'poque diffrente, et dans laquelle des lments gallicans voisinent avec des portions authentiquement romaines. Pour dmler cet imbroglio, il fallait soumettre le livre une analyse serre et aussi complte que possible. La conjoncture y tait d'ailleurs favorable. De nombreux documents ont t publis depuis la dcouverte du sacramentaire glasien et ils ont fait l'objet d'une dition critique : autres sacramentaires, romains ou gallicans; lectionnaires; antiphonaires; ordines romani, etc... Les comparaisons d'ordre textuel et d'ordre liturgique taient devenues plus faciles. On pouvait donc escompter une solution plus adquate des problmes que pose le sacramentaire glasien. Nous esprons n'avoir point trop prsum de nos forces.

    Avant d'indiquer quelle mthode nous avons suivie et avant d'exposer le plan que nous avons adopt, nous devons prsenter les tmoins manuscrits du sacramentaire glasien et nous devons faire connatre dans quel tat nos devanciers ont laiss la question du glasien.

    No449, -A*

  • VI INTRODUcriON

    I. LES TlOINS DU TEXTE

    1. LE Vaticanus Reginmsis j16, ET SON COMPLMENT PARISIEN a. L'intgrit du manuscrit et le contenu du sacramentaire

    I. L'actuel V aticanus RegiMnsis 316 (245 fol.) a t accidentellement mutil. La fin du manuscrit se trouve actuellement dans le manuscrit de Paris, Bibl. Nat., lat. 7193, fol. 41-56 (1). Mais le formulaire Ora-tiones in natali presbyteri qwzliter sibi missam debeat celebrare (d. WILSON, p. 254) ne faisait pas partie du manuscrit original. Cette messe a t ajoute, par une main plus rcente, au verso du folio, et la fin du fonnulaire a t transcrite sur un autre folio plus petit, ajout au manuscrit (1).

    2. Le sacramentaire proprement dit se trouve dans le Iginnuis 316, fol. 3-245, et il se termine par cette indication : Explicit Liber sacramentorum. Deo gratias. Mais cet explicit y a dj t recul d'une page environ, de faon englober dans le livre une prface gallicane ( contestatio) et un petit rituel de la pnitence (Incipit ad poenitentiam dandam), qui ne faisaient pas partie du sacramentaire, si l'on en juge par la table mme du sacramentaire.

    Aussitt aprs le titre du dernier fonnulaire (table n CVIII. Item alia pro salute vivorum = texte, 1. III, section CVI. Item orationes ad missam pro salute vivorum), cette table fait lire : Expliciunt capi-tula. Deo gratias semper. Amen.

    On le voit dj par cet exemple, cette table, qui est place en tte du manuscrit, est trs utile pour reprer le contenu exact du sacra-mentaire proprement dit. Malheureusement, Wilson ne l'a pas repro-duite dans son dition et il lui a substitu une table factice. Pour avoir le texte authentique, il faut l'aller chercher dans l'dition de Tommasi (3).

    On s'explique jusqu' un certain point que Wilson n'ait pas reproduit cette table, car les premiers folios du manuscrit ont disparu et la table ne commence qu'au milieu du Ille livre du sacramentaire

    (') E. A. LOWE, The Vatican ms. of rhe Gelasian Sacramenrary and its supplement ar Paris, dans Journal of rheological srudies, XXVII (1925-:z6), 357-373

    (') A. WILMART, Pour une nmtfJelle ldition du sacramentaire glasien, dans RerJPM Bndictine, L (1938), 324-328.

    (')Parue en 1680 et rdite dana Opera onmia, Rome, VI (1751), p. 1-:z; elle est reproduite par Cabral, dans l'article Glasien, D. A. C. L., VI, 1, 76o-761.

  • INTRODUCTION VII

    (XL VI. Missa ad poscendam serenitatem). Elle recoupe donc le texte du sacramentaire, du formulaire XL VI (d. WILSON, p. 26o) la fin du Jivre III. La connaissance intgrale de la table authentique eftt t pourtant fort prcieuse, car, mis part deux dcalages dans la numrotation des formulaires ('), ceux-ci se suivent identiquement de part et d'autre. Une seule exception relle, mais elle est d'importance :

    Sous le numro XCIII, la table signale seulement la Commendatio animae, que le texte du sacramentaire place en XCI b (d. WILSON, p. 299). Le texte du sacramentaire reproduit, juste avant cette pice, en XCI a, dix-sept oraisons qui se rapportent aux funrailles. Or, ces pices, nous le verrons, sont toutes d'origine gallicane. La table fournit ainsi un srieux argument de critique externe, qui vient opportunment confirmer l'absence de ces dix-sept pices dans le texte authentique du sacramentaire.

    3 A la suite de l'explicit, le texte du sacramentaire renfermait un long appendice, qui se trouve actuellement dans le Parisinus 7I9J, fol. 41-56. Cet appendice comprend les pices suivantes : Exorcismus contra energumenos, un Pnitentiel, et le Breuiarius Apostolorum (). Cet appendice ne faisait certainement pas partie du sacramentaire romain qui est la source du sacramentaire reproduit dans le Reginensis. Mais il ne faisait pas non plus partie du manuscrit qui a servi de modle au copiste du Reginensis et sur lequel avait t dresse la table par laquelle s'ouvre le manuscrit. Cette table ne fait aucune mention de ces pices, non plus que de la prface et du petit rituel de la pnitence dont nous avons dj parl.

    4 Cette table, qui est place en tte du manuscrit (le~ restes se trouvent aux folios 1 et 2 du Reginensis), est suivie (fol. 2, verso) du texte du Pater, en grec et en latin, le latin tant crit entre les lignes du texte grec, phnomne qu'on retrouve au folio 45 v (d. WILSON, p. 53-54) pour la transcription bilingue du Symbole de Nice-Constan-tinople. Ce texte de l'Oraison dominicale, ainsi plac, tait appel trs vraisemblablement servir pour la Tradition du Pater, au cours des scrutins baptismaux, comme le faisait le texte bilingue du Symbole (Gl., I, xxxv), quand les candidats au baptme de la Rome des VIe et vue sicles taient composs la fois de Grecs et de Latins.

    Que le sacramentaire dbute avec un tel complment (Pater bilingue) a son importance, la fois pour confirmer l'appartenance

    () Table. 61-62=Gl. 61 a-b; Table. 89-90=Gl. 88 a-b. (') Edits par Lowe, art. cit. supra, note 1.

  • VIII INTRODUCTION

    du sacramentaire la priode byzantine de l'histoire romaine (55o-750) et pour tablir que les copistes ont assez servilement recopi leur modle romain, mme aux endroits o l'usage gaulois aurait d les en dissuader.

    b. La date du manuscrit et le lieu de sa transcription I. Delisle attribuait le manuscrit la fin du vne sicle ou au

    dbut du VIlle. Il fut suivi par Wilson, Bishop, Cabrol, etc ... Les meilleurs spcialistes, l'heure actuelle, sont d'accord pour carter cette date comme trop ancienne.

    E. A. Lowe se rallia finalement l'opinion de Zimmermann, lequel attribuait la dcoration du manuscrit au milieu du VIlle sicle. Quant lui, Lowe estimait que l'criture appartenait la seconde moiti de ce sicle ('); aussi H. Lietzmann avait-il adopt cette date (7).

    Wilmart voudrait remonter " un peu avant 750 " ('). Mais on sait combien il est difficile de cerner avec rigueur la date palographique d'un texte; le plus sage est de placer la transcription du &ginensis vers 750, sans vouloir exclure qu'il soit un peu plus rcent. Aussi bien, plus de prcision n'est-il pas ncessaire, le contenu lui-mme du sacramentaire fournissant des ressources suffisantes pour en dfinir la date de compilation.

    2. Quant au lieu de transcription, l'on admettait gnralement, la suite de Duchesne, que le manuscrit avait t crit dans la rgion parisienne, et ajoutait-on, pour Saint-Denis. Wilmart aurait pench pour le scriptorium de Corbie (), mais Lowe, revenant la question, estime que Wilmart n'a apport aucune preuve vritable de son sentiment. Quant lui, reprenant une suggestion de Bischoff, il croirait volontiers que le manuscrit a t confectionn dans un monastre fminin, celui de Chelles, prs de Paris (10).

    2. L'INDEX GLASIEN DE SAINT-THIERRY

    En dehors du Reginensis et de son complment parisien, aucun autre exemplaire complet du sacramentaire glasien n'est parvenu

    (')Art. cit. supra, note 1; et Codices latini antiquiores, part 1, Oxford 1934, n 105. (') Das Sacramentarium Gregorianum .. . , Munster en W., 1921, p. XXVII. (')Bibl. Apostol. Vaticanae codices ... Reginenses, II, Rome 1945, 203. ( 1) Supra, note 8. ( 10) Codices latini antiquiores, part VI, Oxford 1953, p. XXI-XXII.

  • INTRODUCTION IX

    jusqu' nous. On a signal quelques fragments manuscrits qu'on tait port rattacher au glasien du type Reginensis, mais il a fallu recon-natre que la plupart de ces fragments se rattachent au glasien du VIlle sicle. Le cas des autres peut tre discut (11).

    Mais Wilmart a rdit, en I913, une partie de la table d'un autre exemplaire appartenant certainement au mme type que le Reginensis (11). Cette table se trouve relie dans le manuscrit de Reims, cod. 8 (C I42), du XIe sicle. Elle a t crite au VIlle sicle.

    Cette table fragmentaire recoupe la fin du Jer livre du sacramen-taire et la totalit du ue livre. Les dcalages dans la numrotation des pices du Jer livre, qui existent entre elle et le Reginensis, s'expliquent par le fait que ce dernier, nous le montrerons, a modifi la disposition originale de son modle.

    Table 82-91 Gl., 87-96 92 ua 93 21 b 94 22. 95 2ob 96 24 97-100 99-102

    101-102 97-98 103-105 103-105 1o6-107 106ab

    Dans le livre II, au contraire, c'est le compilateur de l'Index qui a effectu des dplacements. N'ayant pu se retrouver dans les chan-gements de numros que ces dplacements ont entrans, il a omis de mentionner des formulaires (Gl., II, XXIV, a-b); il a brouill la suite normale des numros (le numro 52 est dficient), et, remaniant les derniers titres, il les numrote mal (73-83), quitte retomber, la fin, sur le bon numro (Table. 8o = Gl. So).

    Table 1-9 Gl., 1-9 Table 31 Gl., 32 Table 53-643b Gl., 52-64 10 cf. 71 33-43 33-43 65-69 65-69 II-24 1o-23 44 cf. 46 71 70 ( ) 2.4ab 45-46 44-45 cf. 10 71 25-30 25-30 cf. 44 46 73-83 72-79 32 31 47-51 47-51 8o So

    (") Il ne nous a pas paru utile de nous y arrter. On pourra voir ce que Bourque en dit, dans Etudes sur les sacrammtaires romains, premire et deuxime parties, Cit du Vatican 1948 et Qubec 1952.

    ( 11) L'Index liturgique de Saint-Thierry, dans Revue Bndictine, XXX (1913), 437-450. Cette table avait t dite une premire fois par Loriquet, en 1904.

  • x INTRODUCTION

    II. LES TRAVAUX CONCERNANT L'ORIGINE DU REGINENSIS

    Le sacramentaire que nous appelons couramment le " glasien " n'a jamais port le nom du pape Glase. Le Reginensis lui donne ce titre : ln nomine Domini nostri Jesu Christi salvatoris, incipit liber sacramentorum Romanae Ecclesiae urdinis anni circuli. Les glasiens du VIlle sicle, qui dpendent du prcdent, n'ont pas d'autre titre. Ils l'ont parfois retouch, mais on retrouve partout les mots Liber sacramentorum Romanae Ecclesiae, sauf dans le Gellonensis, qui omet les deux derniers. Comment donc en est-on venu parler du sacra-mentaire " glasien "? C'est ce que va nous expliquer l'examen des travaux consacrs ce sacramentaire.

    Dans une premire priode, on se borne, en invoquant quelques arguments de critique externe, prsenter le livre comme tant l'uvre du pape Glase. Cette opinion ne fut pas srieusement remise en question avant la fin du XIX.e sicle. Une deuxime priode s'ouvre alors, pendant laquelle les critiques se divisent. Les uns tiennent encore pour l'opinion ancienne, mais en y apponant de srieuses modifications. Les autres avancent des solutions nouvelles, plutt disparates, qui ont aussitt provoqu de srieuses critiques, mais qui ont eu l'avantage d'amener les adversaires projeter de nouvelles lumires sur l'origine du Reginensis.

    1. PREMIRE PRIODE. LE "SACRAMENTAIRE DU PAPE GLASE

    Durant cette premire priode, on identifie le Reginensis avec ce "missel glasien" que mentionnent quelques textes, du IX.e au XIe sicle, et l'on y voit l'uvre du pape Glase.

    Quand le Reginensis tait encore dans la collection du Snateur Paul Petau, J. Morin (1651) et le Cardinal Bona (1671) l'avaient examin et utilis. Tous deux s'accordaient y voir le sacramentaire du pape saint Glase (13). Lorsque J. M. Tommasi donna la premire dition du texte (168o), il le publia sous le titre qui se lit dans le manuscrit, sans mentionner cet endroit le nom du pape Glase. Mais, dans sa prface, il expose pourquoi il y voit l'uvre de ce pape (11).

    (") J. MORIN, Commentarius historicus de disciplina in administratione sacramenri paenitentiae XIII primis saeculis, Paris 165I. - J. BONA, Rerum liturgicarum libri duo, Rome 1671, 1. II, c. V, 4

    (") Codices sacramentorum nongenris annis vetustiores, Rome 1680.

  • INTRODUCTION Xl

    En 1716, Pierre Le Brun, qui avait parfaitement distingu le Reginensis des autres manuscrits "glasiens ", optait pour l'origine glasienne du premier. D l'appelait" le sacramentaire de saint Glase", ou encore " le sacramentaire glasien ", ou simplement " le glasien " (15). Ce fut L. A. Muratori, qui, en 1748, rimprima l'dition de Tommasi en plaant en tte du sacramentaire le titre suivant : Sacramentarium Gelasianum sive Liber sacramentorum Romanae Ecclesiae, a sancto Gelasio 1 papa, uti videtur, concinnatus.

    La cause paraissait gagne. On parla dsormais du sacramentaire glasien, comme si la tradition littraire lui avait toujours accol ce nom.

    2. DEUXIME PRIODE. DISTINCTIONS ET CONTESTATIONS RADICALES.

    Lorsque L. Duchesne publia,' en 1889, ses Origines du culte chrtien, l'unanimit prcdemment ralise fut rompue brutalement par la premire attaque d'envergure. Duchesne est le premier avoir contest fermement les arguments de critique externe auxquels on avait eu recours (11). Analysant le contenu du sacramentaire, il fixe la composition de "l'original romain" entre les annes 628 et 731. Puis, prenant prtexte de l'absence de certaines particularits romaines (lieux de station; messe de sainte Anastasie, le 25 dcembre, etc ... ), il en dduit que ce livre d'origine romaine avait t adapt " l'usage de pays loigns de Rome ". Il relve enfin le mlange d'lments romains et d'lments gallicans (dans les ordinations, dans le Sanctoral ... ) et il en conclut que le livre a t fortement retouch " dans le sens gallican " (17).

    Cette analyse, que Duchesne a reproduite dans toutes les ditions de son livre, appelle de srieuses rserves (18). Elle a pourtant fortement influenc tous ceux qui crivirent sur le glasien aprs 1 889.

    En relevant les lments de date rcente que renferme le Reginensis, Duchesne est la source des" distinctions" que les tenants de l'origine glasienne durent faire dsormais entre le fond du sacramentaire et les additions qui y furent faites jusqu'au vne sicle. En signalant

    (") Explication littrale, historique er dogmatique, des prires et des crmonies de la PMsse, Paris 1716-1726,4 vol. Le tome Il traite du glasien dans la Dissertation II, art. II, spcialement aux pages 151-153; 165-169; 170-Ip.

    ( 11) Ces arguments seront examins plus loin (infra, p. XXI-XXIJI). (") Notons, en passant, que Buchwald admit les conclusions de Duchesne sur

    la date du glasien (Das sogenannte Sacramentarium Leonianum, Vienne 1908). ( 11) Elles seront prsentes au cours de notre travail.

  • XII INTRODUcriON

    vigoureusement la prsence d'lments gallicans dans ce sacramentaire, dont il maintenait pourtant l'origine romaine, Duchesne est indi-rectement la source des tentatives qui furent faites pour contester l'origine romaine du sacramentaire glasien pris en bloc.

    I. Distinctions. Parmi les historiens qui, aprs 1889, reprirent l'examen du Reginensis et qui conclurent cependant l'origine glasienne du sacramentaire, nous ne retiendrons que trois noms, ceux de S. Bamer (18), E. Bishop (10) et F. Cabrol (21), les deux premiers ayant travaill en collaboration, et le dernier reproduisant gnralement les conclusions de Bishop.

    Ces auteurs ont tent de distinguer entre les additions qui furent faites au glasien aprs le VIe sicle, et le fond du sacramentaire, qu'ils s'accordent faire remonter au VIe sicle. Ainsi pur, le glasien serait, pour reprendre une expression de Bishop, " le sacramentaire de l'Eglise romaine au VIe sicle". Ce sacramentaire du VIe sicle, pour une part de son contenu, devrait mme tre rattach au pape saint Glase.

    La conviction que le glasien aurait t le sacramentaire " officiel " de l'Eglise romaine au VIe sicle, et qu'il aurait t, au VIle sicle, compltement supplant par un autre sacramentaire " officiel ", le grgorien, cette conviction tait si fone chez un homme comme Bishop, qu'il regardait comme ayant t ajouts hors de Rome, au glasien, non seulement les lments videmment gallicans, mais aussi tous les formulaires et toutes les pices qui laissaient souponner une date plus rcente que le VIe sicle.

    Ainsi corrige, l'opinion des premiers historiens reprit vie pour quelques dcades. Duchesne n'avait pas contest - et avec raison -l'origine romaine du sacramentaire. D en avait seulement rabaiss la date au VIIe-VIIIe sicle. On enregistre son accord sur le premier point, et l'on pense que, pour faire remonter l'essentiel du livre au VIe sicle, il suffit de le dbarrasser de quelques additions rcentes, gallicanes ou non. Sans l'avoir prouv, et parfois sans mme souponner

    (") Ueber das sogenannte Sacramentarium Gelasianum, dans Historisches Jahrbuch, XIV (1893), 241-301.

    ('") The earliest roman mass book, publi en 1894 dans Dublin Review, et reproduit dans Liturgica histon"ca, Oxford 1918, 39-61. Du mme auteur, Liturgical Note (dans A. B. KUYPERS, The Prayer Book of Aedeluad the Bishop, commonly ca/led the Book of Cerne, Cambridge 1902), spcialement p. 244, 253, 26o, 262, 269, 27o-272.

    (") Anicle Glasien (le Sacranrentai11), D. A. C. L., VI, I (1924), 747-777

  • INTRODUCTION XIII

    qu'il y aurait le prouver, on assume donc que la liturgie du sacra-mentaire glasien peut tre attribue, toute entire, au VIe sicle.

    2. Contestations radicales et mises au point. Les choses en restrent l, pour l'essentiel, jusqu'en 1927. A cette date parut l'tude rvolu-tionnaire de Baumstark, publie dans le volume o Dom Mohlberg donnait le texte du Paduense (22). Voici comment, en 1939, Baumstark a lui-mme rsum les rsultats de son travail: "C'est aussi une uvre rdige aprs la mort de saint Grgoire le Grand, et vraisemblablement dans le royaume franc, au moyen de matriaux romains plus anciens, que ce sacramentaire dit "glasien ", dont le cod. Vat. Regin. 316, crit au dclin du vue sicle, est le seul exemplaire survivant " (28).

    La rfutation vint ds 1929, administre de main de matre par Michel Andrieu (u). "Tout le systme me parat des plus chim-riques", crivait cet auteur, et il en donnait la preuve sur un point particulier, celui des messes des jeudis de Carme . .Ces messes ont t institues par Grgoire II (715-731) et le grgorien leur affecte des formulaires dont les pices ont t empruntes au vieux glasien ( Reginensis).

    L'intrt des pages crites cette occasion par Andrieu ne se limite pas la rfutation de Baumstark. L'auteur tablit fermement que le glasien a coexist, Rome mme, avec le grgorien. Il parle, il est vrai, de la "survivance du glasien, cte cte avec le nouveau grgorien ", parce qu'il admet toujours que le glasien est " l'ancien sacramentaire du VIe sicle ". Sur ce point, Andrieu reprend rang ct des Bishop, des Cabrol, etc ... , mais il se dtache franchement du premier quand il reconnat que le glasien tait encore connu Rome au VIle sicle et dans la premire partie du VIlle. Cette conclusion faisait accomplir un grand pas la critique du glasien; aussi a-t-elle t l'objet des attaques du P. Schmidt, en 1952, quand cet auteur tenta de restaurer l'explication de Baumstark.

    Mais avant de prsenter cette contre-offensive, qui ne s'est pas solde de faon purement ngative, il convient de signaler que des auteurs de valeur, tout en s'inscrivant dans la voie trace par Bishop, ont apport leur lot d'hypothses nouvelles.

    (") Die ii/teste erreichbare Gestalt des Liber Sacramentorum anni circuli der riimischen Kirche (Cod. Pad. D 47, fol. rrr-10or), (Liturg. Quellen u-12), Munster en W., 1927. L'tude de Bawnstark est aux pages 1*-199*.

    (Il) Lirurgie compare, Chevetogne 1939, p. 217. (") LG messes des jeudis de Carme et les anciens sacramentaires, dans Revue des

    sciences religieuses, IX (1929), 343-375.

  • XIV INTRODUCTION

    S'appuyant sur une tude de J. S. Sinclair (11), Gregory Dix () date le sacramentaire glasien de 500 environ, date moyenne entre les extrmes indiqus par Sinclair (475 et 510 ou 525). Mais cet anctre lointain du Reginensis, selon Dix, a reu deux lots d'additions. Avec Bishop, Dix reconnat un lot important d'additions gallicanes, qui distinguent" l'dition franque" du glasien (Reginensis) de son anctre transalpin des annes 550. Puis, avec Frere (27), il reconnat aussi, dans le glasien des annes 550, un livre qui ne venait pas directement de Rome, mais de l'Italie du Sud, et peut-tre de la rgion de Capoue. Hypothse originale, qui expliquerait pourquoi le ne livre du glasien renferme quelques saints de cette rgion.

    Nous avons class ici les deux tudes de Frere et de Dix, parce que, chronologiquement, elles prennent place entre le travail de Baumstark et celui du P. Schmidt. Tout bien pes, elles sont aussi de la mme veine. Elles suggrent, en effet, que l'anctre italien du glasien ne venait pas comme tel directement de Rome, mais de la rgion de Capoue. On reconnat, il est vrai, que cet anctre italien drive d'un anctre romain, substantiellement identique. Mais, en introduisant cet intermdiaire "italien", l'on a normment distendu les liens du glasien avec la liturgie romaine locale; qu'on le veuille ou non, c'est une nouvelle source de suspicion concernant la fidlit du glasien aux usages romains.

    Avec l'tude du P. H. Schmidt, parue en 1952, on cesse enfin de raisonner quelque peu dans l'abstrait (28). Jusqu'ici, les historiens partaient de quelques constatations plus ou moins exactes et ils en tiraient des conclusions pour ou contre l'origine romaine du glasien, pour ou contre l'anciennet de ce sacramentaire, sans se soucier assez d'examiner si le reste du livre pouvait s'accommoder de ces conclusions. Il y avait, dans cette faon de faire, un procd de gnralisation htive, qui cre un malaise chez le lecteur, mme non prvenu.

    Le P. Schmidt nous ramne sur le terrain positif des faits obser-vables. Faisant poner l'examen sur les quatre-vingt-dix-sept oraisons

    (") The Deve/opmmt of the Roman rite during the Dark Ages, dans Theology, XXXII (1936), 142 sv.

    ( 11) The shape of the Liturgy, Londres 1945 J'utilise la deuxime dition, 1945, aux pages 532 et 565-566.

    (") Srudies in the Barly Roman Lirurgy, 1, Londres 1930, p. 42 sv. (") De lectionibus variantibus in formulis identicis sacramentariorum Leoni ani,

    Gelasiani et Gregoriatzi, dans Sacris Erumri, IV (1952), 103-173 Voir aussi, du mme auteur, De sacramentariis Romanis, dans Gregorianum, XXXIV (1953), 725-743.

  • INTRODUCTION xv

    qui sont communes au lonien, au glasien et au grgorien (11), il a examin avec grand soin les variantes des trois tmoins. Cet examen l'a conduit conclure que le lonien, le glasien et le grgorien, n'auraient entre eux aucun contact direct. Les pices qu'ils ont en commun leur viendraient, chacun, des libelli missarum, conservs au Latran, dans lesquels leurs compilateurs respectifs auraient puis indpendamment les uns des autres.

    Prenant acte de ce "fait", le P. Schmidt imagine de la faon suivante la formation des trois recueils. Le lonien aurait t compil ailleurs qu' Rome, par un collectionneur qui aurait recopi les libelli romains venus jusqu' lui, et qui y aurait ml des pices d'autre origine.

    Pour confectionner le grgorien, saint Grgoire serait all puiser directement dans les mmes libelli, conservs au Latran, y ajoutant d'autres pices, composes ou non par lui-mme.

    Quant au glasien, il serait issu d'une grosse collection de libeUi romains, parvenus en Gaule dans la seconde moiti du VIe sicle, auxquels seraient venus s'ajouter des formulaires gallicans et des formulaires propres.

    En ce qui regarde le glasien, cette interprtation, qui rdite les vues de Baumstark, se heurtait la dmonstration fournie par Andrieu propos des messes des jeudis de Carme. Le P. Schmidt tenta de ruiner cette dmonstration, mais, il faut bien l'avouer, il n'a lev contre elle aucune objection vritable. D a fait tat de simples possibilits diffrentes d'interprtation, et Dom B. Capelle a eu raison de rtorquer "qu'il y a mieux faire ... que de soupeser possibilits et probabilits pour conclure par un point d'interrogation " (30).

    Pour ce qui regarde les formulaires des jeudis de Carme, en effet, la critique qu'Andrieu avait dveloppe contre Baumstark, a t reprise et complte par Dom Capelle, dans l'article que nous venons de citer. Nous ne voyons pas comment on pourrait chapper ses conclusions. Dans ce cas particulier, le grgorien dpend du glasien, mais cela ne donne pas le droit de conclure que partout ailleurs la mme dpendance s'impose.

    n faut donc largir le dbat et examiner la partie positive de l'essai du P. Schmidt. Nous dsignons par l l'analyse qu'il a faite

    ( 11) Deux ou trois oublis, seulement. ( 1') Le sacramentaire romain avant saint Grlgoire, dana Rewe Bblidictine, LXIV

    (I9S4). IS7-I67.

  • XVI INTRODUCI"ION

    des pices communes aux trois sacramentaires romains. En plaant le dbat sur ce terrain, le P. Schmidt a rellement fait progresser l'tude des sacramentaires romains. Mais les conditions dans lesquelles il a conduit son tude, expliquent les rsultats extrmement ambigus auxquels il a abouti, et les conclusions aventures qui en ont dcoul. Nous allons examiner en dtail sa solution, car de tous les travaux consacrs aux rapports mutuels des sacramentaires romains, c'est celui qui mrite le plus d'attention.

    Ce travail appelle deux critiques principales. La premire doit relever l'troitesse des bases sur lesquelles a pon l'investigation. L'auteur n'a d'abord pas tenu compte des sacramentaires gallicans, qui renferment pourtant un bon nombre des pices " communes " aux trois sacramentaires romains, objet de son tude. Or, il arrive assez souvent que ces pices communes prsentent, dans les sacra-mentaires gallicans, ainsi que dans le glasien et le grgorien, des variantes identiques qui opposent tous ces tmoins leur source loigne, le lonien. Mais, en mme temps, chacun de ces drivs prsente des variantes propres qui interdisent de les considrer comme s'tant pass l'un l'autre leurs pices communes. n faut donc faire intervenir une autre source, intermdiaire entre eux tous et le lonien, source de laquelle ils drivent indpendamment les uns des autres.

    On retrouve assez souvent une situation analogue quand on consi-dre, non plus les textes qui se retrouvent dans le lonien, mais d'autres pices, communes aux sacramentaires gallicans, ainsi qu'au glasien et au grgorien. En largissant ainsi l'enqute, les conditions de l'inter-prtation sont profondment modifies, et d'autres solutions se laissent percevoir, que le P. Schmidt n'a pas pu souponner.

    La seconde critique doit signaler un dfaut de mthode plus grave. La critique textuelle et la critique littraire de dpendance qui y prend appui, offrent cettes une base trs objective, mais la critique historico-liturgique a aussi son mot dire. Dans le cas prsent, elle avait un rle important jouer. Elle seule peut tablir que les diffrentes parties d'un livre liturgique n'ont pas forcment le mme ge, ni parfois la mme patrie. C'est ce qu'elle amne conclure pour chacun des livres romains examins par le P. Schmidt. On voit alors la consquence de ce fait.

    Ne pas tenir compte de l'ge et de l'origine diffrente de ces couches liturgiques, et confondre ainsi toutes les parties d'un livre, quand on le compare un autre livre pour lequel les mmes distinction&

  • INTRODUCTION XVII

    doivent tre faites, c'est fausser ds le dpart les statistiques les plus savantes et se condamner en tirer des conclusions qui n'auront aucun rapport avec la ralit.

    Ayant nglig de faire ces distinctions, soit pour le glasien, soit pour le grgorien, le P. Schmidt n'a pu s'expliquer pourquoi les rapports de ces deux livres s'inversent totalement selon les cas. Suivant la section considre et suivant l'ge qui lui revient, c'est tour tour le glasien qui dpend du grgorien, ou le grgorien qui dpend du glasien. Le relev des variantes a permis l'auteur de percevoir ce renversement des rapports des deux livres, mais, en se limitant la critique textuelle, il n'avait pas le moyen de les interprter correctement. D'o l'embarras qu'il avoue plusieurs reprises.

    Mais, une fois mises part les parties rcentes du glasien et du grgorien, pour lesquelles le rapport de dpendance des deux livres est direct, bien qu'il s'inverse suivant les cas, on n'a pas de peine constater que les rapports de ces deux livres ne sont plus les mmes pour le reste de leur contenu, la plus grosse partie, d'ailleurs. Ici, glasien et grgorien ne sont plus en relation que par l'intermdiaire des sources qu'ils ont utilises. On le vrifie toutes les fois qu'une pice du lonien, reprise de part et d'autre, est modifie en mme temps par le glasien et le grgorien, mais en des points diffrents, si bien qu'il est matriellement impossible qu'ils se la soient passe l'un l'autre. Mais avant de conclure qu'ils la tiennent chacun direc-tement du lonien, il faut prendre garde qu'ils ont introduit assez souvent, dans cette mme pice, des variantes identiques, dont la prsence atteste qu'ils se rattachent une source intermdiaire, distincte du lonien.

    Lorsqu'on voit, en outre, les sacramentaires gallicans attester la mme variante identique, au moment mme o, par ailleurs, ils repro-duisent plus fidlement le texte lonien que ne le font les deux autres sacramentaires romains, et au moment mme o, enfin, ils introduisent dans le texte d'autres variantes, inconnues du glasien et du grgorien, on ne peut plus hsiter. Dans cene partie de leur contenu, glasien, grgorien et sacramentaires gallicans, drivent d'une source commune, distincte du lonien. La dmonstration se poursuivant de proche en proche, l'on est finalement en prsence d'une source constitue par un vritable livre liturgique, dont on n'aurait jamais souponn l'exis-tence si la recherche n'avait pas pris pour base de dpart, en les critiquant, les prcieuses statistiques tablies par le P. Schmidt.

  • XVIII INTRODUCTION

    Pour n'avoir pas peru la vritable solution, bien qu'il ait signal les donnes exactes du problme, le P. Schmidt n'aurait-il pas suivi une interprtation toute faite d'avance, dans l'espce, celle de Baumstark, plutt que d'obir aux constatations qu'il a enregistres et qui n'orientent pas l'esprit dans le sens qu'il a indiqu? Il crit en effet:

    Problc:ma solvc:ndum est de simultanc:itatc: oppositionis et congruc:ntiac:, nam in c:adem formula simul habentur tres rationes quae coniunctae esse non possunt : observatur enim GR, in c:adem formula, simul et sc:qui LE contra GE, et sequi GB contra LE, et sequi proprium ingenium contre LE et GE (p. 131).

    Si l'on a admis au pralable que glasien, grgorien et lonien, n'ont aucun rapport direct, les faits observables que la phrase cite enregistre correctement, paraissent en effet " impossibles " ( quae coniunctae esse non possunt). Mais un historien doit-il raisonner de cette faon-l? Si les faits s'accordent mal avec son hypothse, c'est l'hypothse qui doit tre modifie. Pour la modifier, dans le cas prsent, il faut clairer les rsultats atteints par la critique textuelle, en recourant aux lumires que peut fournir la critique historico-liturgique des documents examins.

    La critique historico-liturgique, qui faisait dfaut dans l'essai du P. Schmidt, est au contraire utilise par E. Bourque dans l'tude du glasien (11). Mais, ici, c'est la critique textuelle qui est dficiente. On voit que l'auteur n'a pas soumis les textes un examen suffisamment minutieux. Quand il esquisse des explications d'ordre historique et liturgique, il va trop vite aussi, se fiant des apparences trompeuses et tirant des conclusions dont les prmisses sont loin d'tre assures. Le travail de Bourque tmoigne certes d'une grande masse de connais-sances, mais la mthode utilise appelle de grosses rserves.

    Sur un point, la solution qu'il propose ressemble aux solutions que Stuiber et Schmidt ont respectivement donnes aux problmes que soulvent le lonien et le glasien. Le glasien serait la compilation de libelli indpendants, d'origine romaine, auxquels sont venus s'ajouter plus tard des additions franques. Pour n'tre pas nouvelle, cette vue fconde qui a guid Bourque plus qu'aucun de ses devanciers, mrite de rester attache son nom. On ne peut plus regarder le glasien

    ( 11) Enuk sur les sacramentaires romains, Premire partie : Les textes primitifs (Studi di antichit cristiana, :zo), att du Vatican, 1948, p. I8S-:Z98.

  • INTRODUCTION XIX

    (nous voulons dsigner le fond romain du glasien) comme un livre compos d'une seule venue, par un mme homme et une mme poque de l'histoire liturgique de Rome.

    Mais, s'il est bien certain que des libelli, issus de milieux diffrents, y ont t utiliss, encore faudrait-il l'avoir dmontr, et, par des analyses fondes, avoir dlimit objectivement la teneur de ces libelli et en avoir dtermin la provenance. La dtection de ces libelli suppose d'autres mthodes que la divination. Si l'on se plie aux exigences d'une tude vraiment scientifique, il apparat que, tout en ayant utilis quelques libelli dont la provenance peut tre fixe avec une sret suffisante, le sacramentaire glasien dpend avant tout de livres litur-giques proprement dits, qui sont plus anciens que lui, et au premier rang desquels il faut placer un vieux livre liturgique romain, prglasien et prgrgorien, qui a t galement utilis pour la confection du grgorien et pour celle des livres liturgiques gallicans. A ct de ce vieux livre romain, le recueil lonien est intervenu amplement lui aussi. Dans les parties rcentes du glasien, il faut reconnaltre galement l'influence du grgorien.

    Dans la dtermination de ces rapports complexes, la critique textuelle et littraire joue donc un grand rle. Elle fournit les bases de dpart (11). Mais, elle seule, elle ne peut toujours dtecter le sens des dpendances. Il faut alors demander la critique historique et liturgique les lumires qu'elle est apte fournir. A l'issue de tout ce travail, le glasien ne peut plus apparatre comme un livre plus ou moins factice, fruit d'un travail de compilation effectu " en chambre " par un collectionneur. Il se prsente comme un livre vivant, organis par et pour des usagers romains. On y peut reprer, comme autant de sdiments successivement dposs, les divers apports liturgiques et littraires, soit des milieux romains diffrents avec lesquels le glasien fut en contact, soit des gnrations successives d'usagers auxquelles il doit d'avoir enregistr les contrecoups de l'volution de la liturgie romaine locale, depuis la fin du VIe sicle jusqu' la seconde moiti du vne sicle.

    (") Sur ce terrain, le livre de G. Manz (Ausdrucksformen IUT lateinisch$n Liturgie-sprach$ bis ins elfte Jahrhundert, Beuron 1941) peut rendre de trs grands services. Mais il est trs dlicat manier, car il compare aux livres romains anciens des tmoins gallicans souvent plus rcents, et parfois plus rcents de deux ou trois sicles, ce qui peut gravement induire en erreur. Quand, dans quelques parties de ce livre, l'auteur passe sur le plan de la critique littraire, d'origine ou de dpendance, il commet d'normes bvues. Nous aurons l'occasion d'en signaler quelques-unes au cours de ce livre.

  • INTRODUCTION

    De la revue que nous venons de faire, nous avons limin maints travaux secondaires (33), pour signaler seulement les auteurs dont l'intervention nous a paru avoir t dterminante - en bien ou en mal, mais jamais sans quelque profit pour la solution des problmes que pose le glasien. Nous esprons avoir suffisamment fait sentir que ces essais, parfois fort divergents, n'ont pas t striles. Ils ont permis de mieux dfinir les conditions de la mthode d'tude qu'il faut appliquer au glasien. A ce premier rsultat, qui est capital, ils ont ajout quelques orientations gnrales concernant l'origine du glasien et la faon dont il a t compos. En outre, des solutions particulires ont t parfois solidement acquises, dont tout le monde a fait son profit par la suite. Nous avons bnfici de tous ces apports, et nous le signalerons le moment venu.

    III. LE SACRAMENTAIRE DIT GLASIEN, ET LE PAPE SAINT GLASE

    Lorsque, il y a plus de dix ans, nous avons entrepris d'tudier systmatiquement le sacramentaire glasien, nous l'avons fait en adoptant la solution qui paraissait la mieux fonde, celle des Bishop, Cabrol, etc ... , qui avait ralli des suffrages minents, comme celui de Michel Andrieu. Nous tions donc tout dispos faire remonter au pape Glase quelque partie au moins du sacramentaire glasien.

    A la suite de la dcouverte par Dom Capelle de deux messes du pape Glase conserves dans le recueil lonien (14), une assez longue incursion dans ce domaine voisin nous apporta bientt la preuve qu'une partie de l'uvre liturgique de ce pape se trouvait directement conserve dans ce recueil (811), tandis que le sacramentaire glasien n'en conservait que des traces indirectes, dans la mesure o il repro-duisait des sources anciennes, issues pour une part de l'uvre de ce

    (") Nous pouvions nous dispenser de les signaler, car, jusqu' l'anne 1940, ils ont t signals par Hourque (op. cit. supra, note 31). De 1940 1953, voir H. SCHMIDT, De sacramentariis romanis, Bibliographia cum notitiis (I939-I9SJ), dans Gregorianum, XXXIV (1953), 731-733.

    (") Messes du pape s. Glase, dans le sacramentaire lonien, dans Revue Bndictine, LVI (1945-46), 12-41.

    (") En 1950, nous avons signal qu'il y a, dans le recueil lonien, au moins dix-sept messes du pape Glase, et qu'elles taient toutes en rapport avec l'affaire des Lupercales (voir la page 212 de notre tude Messes du pape Vigile, dans le sacra-mentaire lonien, parue dans Ephemerides Liturgicae, LXIV, 161-213). M. l'Abb G. Pomars a bien voulu accepter de mettre en uvre la dmonstration dans sa thse (dactylographie), intitule Dix-sept messes du pape Glase, dans le sacramentaire lonien, Lyon 1952.

  • INTRODUCTION

    grand pape. Cette constatation fit tomber les derniers scrupules que nous avions, rejeter les arguments de critique externe auxquels on avait eu recours pour identifier l'uvre liturgique de Glase avec le Reginensis.

    La tradition, mme en matire littraire, ne doit jamais tre critique la lgre. Elle a pu commettre des confusions, mais elle n'a gnralement pas invent de toutes pices les indications de paternit qu'elle transmet. Dans le fait, il est certain que le pape Glase est l'auteur de compositions liturgiques, prfaces et oraisons, comme l'affirme le Liber Pontijicalis : Fecit etiam et sacramentorum praefationes et orationes cauto sermone (31). C'est bien ce que la critique littraire et historique permet de constater, par l'tude du lonien.

    Mais les liturgistes du Ixe sicle et des sicles suivants ont mal "appliqu" le renseignement donn par le Liber Pontifo;alis. Ils ont cr la confusion dont on a t longtemps victime. Encore faut-il bien noter que les liturgistes du IXe sicle ne sont pas responsables de l'application de l'adjectif " glasien " au type de sacramentaire conserv dans le Reginensis. Ce sont les rudits du XVIIe et du XVIIIe sicle qui ont fait cette application-l. Quand ils parlaient de " sacramentaires glasiens ", les liturgistes anciens ne visaient pas ce type de sacramentaire, mais ce que nous appelons maintenant le " glasien du VIIIe sicle". La chose est facile tablir.

    Quand les liturgistes du IXe et du xe sicle placent en tte d'une pice ou d'un groupe de pices les expressions secundum gelasianum et secundum gregorianum (37), on se rend compte que les pices ainsi dsignes se retrouvent, les unes, dans le grgorien du type Hadrianum, les autres, dans le glasien du VIne sicle. Contre-preuve d'envergure, le compilateur du Triplex (Zurich, cod. C 43; de 102o-1030) reproduit sous le sigle Gel. le texte du sacramentaire glasien du VIne sicle tel qu'il est conserv dans le Sangallensis 348 (crit en 813-814, ou en 817). Il est mme extrmement probable qu'il avait sous les yeux ce manuscrit-l, ct d'un ou deux exemplaires du mme type (38).

    () Ed. DUCHESNE, 1, 225. - Dans la notice du pape Glase qui a t ajoute tardivement au De viris illustribus de Gennade de Marseille (d. E. c. RICHARDSON; Texte u. Unter., XIV, 1, 1896, p. 94), la proposition suivante a t inspire pat la notice du Liber Pontificalis : scripsit tractatus diversarum scripturarum et sacramentorum delimato sermone.

    (") On trouvera des indications suffisantes dans l'tude de Baumstark (cite supra, note 22), aux pages 10-u.

    (") Bon expos, dans E. BOURQUE, Etudes sur les sacramentaires romains, Seconde pattie: Les textes remanis. Tome premier: Le glasien du VIII sicle, Qubec 1952, p. 135-140.

  • XXII INTRODUcriON

    On voit, ds lors, quels livres les inventaires du IXe sicle peuvent faire allusion, quand ils signalent des missales gelasitmi (11). Citons au moins le plus ancien de ces inventaires, celui qui se lit dans la Chronique de l'Abbaye de Saint-Riquier (") et qui fut effectu par Hariulf, en 831.

    Cet inventaire recense les livres qui servent l'autel (De libris sacrarii qui ministerio a/taris dnermunt). Il nomme d'abord les sacra-mentaires grgoriens ( missales gregoriani tres), qui correspondent ce que nous appelons l' Hadrianum non supplment.

    Vient ensuite un reprsentant de l' Hadrianum pourvu du Suppl-ment d'Alcuin ( missalis gregorianus et gelasianus modernis temporibus ab Albino ordinatus 1). On observera que le supplment, effectivement tir du glasien du VIIIe sicle, est ici qualifi de " glasien ". Cela montre qu'en ce premier tiers du IXe sicle on appelait dj couramment glasien le sacramentaire glasicn du VIlle sicle, comme on le fit dans les textes plus tardifs signals la page prcdente.

    Nous savons donc ce qui sc cache dans l'article suivant: Missales gelasiani XIX. L'adjectif gelasiani n'y change pas de sens, et cc gros lot de livres est form de dix-neuf exemplaires du glasicn du VIlle sicle.

    Lors donc que Walafrid Strabon, moine de l'Abbaye de Reichnau, prsente dans son De rerum ecclesiasticarum exordiis et incrementis, crit en 841, l'uvre liturgique du pape Glase, et qu'il l'oppose au sacramentaire grgorien, dcrit aussitt aprs sans aucune ambigut, on reconnat facilement avec quels livres liturgiques, " encore aux mains de nombreux usagers" des Eglises gauloises, Walafrid identifie l'uvre de Glase :

    Nam et Gelasius, in ordine LII, tam a se quam ab allis compositas preces dicitur ordinavisse, et Galliarum ecclesiae suis orationibus utebantur, quae et adhuc a multis habentur. Et quia tam incertis auctoribus multa videbantur incerta et sensus integritatem non habentia, curavit beatus Gregorius rationabilia quaeque coadunare et seclusis his quae vel nimia vel inconcinna videbantur, composuit librum qui dicitur sacramentorum, sicut ex titulo eius manifestissime declaratur, in quo si aliqua invc-niuntur adhuc sensu claudicantia, non ab illo inserta, sed ab aliis minus diligentibus postea credenda sunt superaddita {11).

    ( 11) Rfrences, dans l'tude de Baumstark (cite supra, note zz), p. 10. ('0) Chronicon Centulense, d. G. III!CIR, Catalogi bibliothecarum antiqvi, Bonn

    1885, p. 28. Cf. P. L., 174, IZ6I. ( 11) Ed. v. ltRAUSE; M. G. H., Legum secrio II, Capitularia Regum franrum,

    II, pars III (1897), p. 498. Cf. P. L., II4, 946.

  • INTRODUCTION XXIII

    Le seul tmoignage qui ne puisse tre interprt d'emble comme se rapportant au glasien du VIlle sicle, est celui du romain Jean Diacre. Dans la Vita Gregorii qu'il crivit en 872-882, il dcrit ainsi le traitement que saint Grgoire aurait fait subir un certain codex gelasianus, afin d'en tirer un volume d'un seul livre:

    Sed et gelasianum codicem de Missarum solemns, multa subtrahens, pauca convertens, nonnulla vero superadiciens, pro exponendis evangelicis lectionibus in unius libri volumine coarctavit ('").

    Que dsigne l'expression codex gelasianus? Il n'est pas absolument impossible qu'elle dsigne un glasien du VIlle sicle, comme Wilson tendrait le penser (13), car ce type de sacramentaire est connu dans l'Italie centrale ds le VIlle sicle ("). Elle pourrait aussi dsigner le modle romain du &ginensis, c'est--dire ce que nous appelons le glasien ancien. Dans les deux cas, en effet, l'expression in uniw libri fJolumine coarctaoit trouverait son explication, le vieux glasien tant divis en trois livres, et le glasien du VIlle sicle tant parfois divis en deux livres.

    Mais si, par rappon l'une et l'autre de ces deux formes du glasien, le grgorien a videmment beaucoup lagu ( multa subtrahens), on voit moins bien qu'il ait chang peu de choses ( pauca convertens) et encore moins bien ce qu'il aurait ajout ( nonnulla 'Oer'O superadiciens). En consquence, l'expression codex gelasianus ne pourrait-elle pas faire allusion un autre livre liturgique romain, par exemple ce vieux livre prglasien et prgrgorien dont nous tablirons l'existence?

    Quoi qu'il en soit, il n'est pas possible d'utiliser le tmoignage de Jean Diacre pour tablir que l'adjectif" glasien" dsignait alors, dans les milieux romains, l'anctre de notre Reginensis. Il ne parait pas possible, non plus, de s'appuyer sur son tmoignage pour interprter les rapports des sacramentaires romains les uns avec les autres. Jean compare deux sacramentaires de son temps, le grgorien et un autre sacramentaire alors prsent Rome. Les diffrences qu'il relve entre eux taient relles et sans doute bien observes, mais l'interprtation qu'il en donne ne mrite pas ncessairement le mme crdit.

    ( .. )Il, 17; P. L., 75, 94 (") Ed. H. A. WILSON, The Gelasian Sacrammtary, Oxford 1894, p. LIX-LX. (") Tmoin les fragments palimpsestes de la Bibl. Angelic:a de Rome, cod.

    F. A. 14o8 (T 6. z:z), crits avant la fin du VIII sikle.

  • XXIV INTRODUCilON

    IV. QUESTIONS DE MTHODE

    1. Un prjug carter On reporte inconsciemment dans le pass ce qu'on a sous les

    yeux, et l'on imagine qu' l'intrieur de la Ville de Rome il rgnait alors une vritable uniformit liturgique. Cette uniformit aurait marqu le cadre liturgique des clbrations et les formulaires qui le remplissaient, et elle aurait t assure par l'utilisation de livres litur-giques officiels, imposs par l'Autorit centrale et soustraits toute modification dont celle-ci n'aurait pas eu l'initiative.

    L'on s'tait bien rendu compte que telle clbration n'avait pas la mme ordonnance au Latran, par exemple, et dans les glises presbytrales. Mais on y voyait une exception la rgle gnrale de l'uniformit. Plus ou moins aveugl par ce prjug, nous avons mis du temps reconnatre qu' force de se multiplier, ces exceptions finissaient par signaler un autre type liturgique, voisin et contem-porain du type papal, et peu peu, au sein d'une unit liturgique vritable, mais moins superficielle, nous avons vu apparatre une diversit beaucoup plus complexe et bien plus tendue qu'on n'aurait os l'imaginer.

    n ne s'agit pas, proprement parler, de la diversit qui oppose les uns aux autres les tats successifs d'une liturgie romaine qui a volu avec le temps. Cette diversit-l a t reconnue et admise depuis fort longtemps par les historiens. Il s'agit d'une diversit qui, une mme poque, oppose entre elles les diffrentes glises de Rome, et qui, dans des proportions variables d'une glise l'autre, affecte la fois ou sparment l'ordonnance liturgique gnrale de la clbration et les formulaires eucologiques qui y sont employs.

    Cette diversit a des causes multiples. Elle rsulte assez souvent de ce qu'ici l'on conserve une vieille ordonnance liturgique, tandis que l est adopte une ordonnance nouvelle. La diversit des tats successifs de la liturgie romaine aboutit, dans ce cas, une diversit concomitante, et l'on voit coexister au vne sicle, par exemple, des messes une ou deux collectes, suivies d'une oraison super sindonem, et des messes une collecte que ne suit aucune oraison super sindonem, alors que le premier type de messe, dit " glasien ", est plus ancien que le second, dit " grgorien ". Dans d'autres cas, la diversit rsulte de l'accueil fait, ici, de nouvelles crmonies ou de nouvelles ftes, qu'on n'a pas admises dans telle ou telle glise

  • INTRODUCTION xxv

    voisine. La diversit peut enfin venir, et trs normalement, de la cl-bration de ftes qui constituent le "propre" de l'glise considre.

    Cette diversit, aux aspects multiples et aux sources varles, est d'autant plus comprhensible qu' Rome, au VIe sicle, subsistait encore l'habitude de composer au jour le jour les formulaires liturgiques. En rdigeant son sacramentaire, saint Grgoire s'est conform cette coutume, et il ne pouvait gure, cause de cela, songer l'imposer toutes les glises de la Ville. Avec la fin du VIe sicle et le dbut du vne, cependant, on commence de recopier les vieux recueils; on en reproduit les pices, tout le moins, quitte les remployer diffremment, et la composition de nouvelles pices en est rduite d'autant. Celle-ci continue cependant, et le vue sicle sera encore un sicle fcond. Bien plus, on organise toujours des formulaires conformes des types liturgiques prs de disparaitre, et le caractre archaque de ces productions nouvelles ne doit pas faire illusion : il n'est qu'une survivance.

    Cette libert relative nous aide comprendre avec quelle facilit le vne sicle romain accepta les importations trangres, et comment il le fit " en ordre dispers ". Les papes orientaux, siciliens ou napolitains, apportrent avec eux, au Latran, des usages que les titres presbytraux n'imitrent pas tous. Ces derniers accueillirent, leur tour, des usages trangers, italiens ou orientaux, qui restrent ignors du Latran ou de telle autre glise. Car, par dessus toutes les causes de diversit, un autre facteur est l'uvre, qui, lui seul, aurait tendu crer une dualit liturgique gnrale dans la Ville. Il s'agit, on le devine, de la distinction et de la diversit des deux liturgies romaines locales, la liturgie papale et la liturgie presbytrale.

    La diversit des " solutions " liturgiques adoptes Rome relve donc de facteurs fort divers. L'tude du glasien en fournit un bon nombre d'exemples, et la composition de ce livre devient intelligible quand on tient compte de cette diversit, au sein de laquelle il n'apparat plus, en ce VIle sicle, comme un bloc erratique. Les sacramentaires en usage Rome, au vue sicle, ne sont pas les seuls d'ailleurs s'enraciner en des milieux liturgiques diffrents. D'autres livres liturgiques offrent une diversit analogue. Le P. Lw a commenc de le montrer, dans le cas des Sermonaires de l'Office. Terminant son enqute, il en a trs bien peru les consquences, et il a group et pertinemment formul les questions qui se posent ds lors l'his-torien, l'arrachant l'illusion d'une liturgie romaine ancienne,

  • XXVI INTRODUCTION

    uniforme et monolithe ("). Nous devons cette tude du P. Lw d'avoir pu rejeter les derniers scrupules qui nous retenaient dans cette voie et nous empchaient de comprendre la leon du vieux glasien.

    On ne peut plus, dsormais, opposer l'un l'autre deux usages divergents et, tenant l'un pour romain, nier l'origine romaine de l'autre pour le seul motif qu'il en diffre. On ne peut plus, pour ce seul et mme motif, contester la nationalit romaine du livre qui conserve ces usages diffrents. Dlivre des priori qui pouvait la faire dvier, la critique historique retrouve la fois sa libert et sa fcondit, et nous pensons que ce changement de perspective ouvre une nouvelle priode dans l'histoire des livres liturgiques romains et dans celle des institutions liturgiques elles-mmes.

    2. Critiqus textuelle et interdpendu;e des sacramentm'res anciens

    Lorsque nous avons entrepris d'tudier systmatiquement le sacramentaire glasien, notre premier travail fut consacr relever tous les textes parallles contenus dans le lonien, le glasien, les deux grgoriens, les sacramentaires gallicans ( Gothicum, Missale Francorum, Missale gallicanum vetus, Bobbierrse), et, pour certains textes, dans le glar.ien du VIlle sicle.

    A propos de chaque pice, nous avons relev les variantes qu'elle prsente d'un tmoin l'autre, et nous avons examin, dans chaque cas, l'ordre de dpendance des tmoins les uns par rapport aux autres. Une fois achev ce long travail, qui a port sur plus de neuf cents pices, une constatation s'est impose, qui remettait tout en question.

    Sauf dans quelques cas trs particuliers, circonscrits aux parties rcentes du glasien ou du grgorien, il tait impossible de jaire driDer

    , directement les uns des autres le glasien, le grgorien et les sacramentaires gallicans. La thse couramment admise tait videmment fausse, selon laquelle le grgorien aurait dpendu du glasien, et les sacra-mentaires gallicans, toujours de ce mme glasien, qui aurait t l'intermdiaire entre eux tous et le lonien. Mais, aucune solution ne se prsentant, nous avons eu ce moment-l une impression de dsarroi.

    Il fallait pourtant sortir de cette impasse. Nous nous sommes alors tourn vers l'histoire des institutions liturgiques, ayant eu la

    (") G. LW, Il codice Ms A 14 tUila Bibliotua Vallicelliana (del su:. IX) e il suc contributo alla liturgia romana, dans MiscelmBa Liturgica in h. L. C. Mohlbnf, II, Rome 1949, p. z.JS-266. Voir spcialement p. 265-266.

  • INTRODUCTION XXVII

    preuve, par quelques tudes antrieures, que l'accord des livres litur-giques de nature diffrente (sacramentaires, pistoliers, vangliaires, antiphonaires de la messe, voire sermonaires de l'Office) pouvait et devait servir de rgle suprme dans l'tude de l'volution de la liturgie romaine. A moins de supposer que la Rome du Vl6 et du vue sicle avait pratiqu une liturgie incohrente, il fallait admettre que l'accord de tous ces livres pouvait dfinir les tapes de cette volution liturgique et permettre d'y loger chaque tmoin connu.

    Au cours de cette tude, nous ne pouvions nous empcher de jeter un coup d'il du ct du premier problme sur lequel nous avions but : celui des rapports existant entre le glasien, le grgorien et les livres gallicans. A mesure que le glasien se rvlait nos yeux comme groupant en lui des institutions Jiturgiques qui se dataient du vue sicle, et parfois du vue sicle avanc, nous vmes paralllement se dessiner, par derrire les livres que nous venons d'numrer, la silhouette d'un plus ancien livre liturgique, auquel chacun de ces livres se rattachait indpendamment des autres. Ds ce moment, nous avons men de front l'tude des institutions et celle de cet anctre commun, qui se manifestait de plus en plus distinct du recueil lonien, malgr les rapports vidents qu'il entretenait avec lui.

    Ds lors, l'horizon parut moins noir. Les problmes demeuraient, certes, fort complexes. Ils l'taient mme devenus un peu plus. S'il tait simple, voire simpliste, de conclure de la prsence d'un certain nombre de pices identiques dans deux livres liturgiques, la dpen-dance directe de l'un par rapport l'autre, il tait moins simple de devoir dfinir les rapports indirects qu'ils pouvaient avoir entre eux du fait de leur dpendance par rapport un anctre commun, qui n'tait pas autrement connu.

    Mais cette difficult accrue n'tait pas suffisante pour dcourager la recherche. Aussi bien n'y avait-il pas quelque navet procder comme si tous les anciens livres liturgiques taient venus jusqu' nous, et vouloir que la partie se soit joue entre eux seuls ? L'historien est souvent tent de faire comme s'il avait en main tous les tmoins du pass. Mais il n'en est pas justifi pour autant.

    3 Critique "liturgique" et critique "littraire" Pour avancer dans la voie qui s'offrait, nous avons donc fait

    concourir deux sortes principales de recherches : la critique liturgique et la critique textuelle et littraire.

  • XXVIII INTRODUCTION

    La cnnque liturgique, d'abord, et par l nous entendons la recherche qui doit primer lorsqu'on s'occupe de textes liturgiques : il s'agit avant tout d'apprcier un document en fonction de la liturgie que l'on sait pratique dans une Eglise donne. La liturgie de cette Eglise n'est pas compatible avec n'importe quel rite, ni avec n'importe quelle pice liturgique. Andrieu l'a bien peru et il a mis en uvre cette fonne de critique dans ses diffrents ouvrages, singulirement dans les introductions consacres chacun des Ordines romani, o l'on voit constamment intervenir l'argument" liturgique".

    Cette critique liturgique doit galement primer dans l'tude de l'volution d'une liturgie donne, mais ici doit surtout intervenir la comparaison entre les livres liturgiques de nature diffrente, dont le concours est requis pour assurer l'intgrit d'une clbration donne.

    Malgr les divergences d'origine " locale " qui peuvent les affecter, ces livres complmentaires ne peuvent se dsaccorder compltement. Quand des tapes se rvlent avoir t franchies successivement, dont chacune a amen l'un de ces livres s'aligner sur les livres complmentaires, on est sr de toucher ce qui s'est rellement pass.

    Nos pres taient aussi soucieux que nous d'assurer la cohrence interne d'une clbration. Si ces diffrents livres s'accordent pour dessiner ensemble, suivant l'ge des tmoins, une certaine courbe d'volution, il faut se rendre. Nous tenons l l'argument majeur qui doit tre administr en pareille matire. C'est pourquoi l'tude des institutions liturgiques et celle des livres complmentaires d'un sacramentaire, tiennent tant de place dans un travail consacr l'un des reprsentants de la liturgie romaine, le vieux sacramentaire glasien.

    A ct de cette cnnque liturgique, mais subordonne elle, il est bien certain que doit intervenir la critique littraire, sous toutes ses fonnes. Sur ce nouveau terrain, la critique textuelle, et la critique littraire de dpendance qui y prend appui, devront tre plus entendues que toutes les apprciations qui touchent au style, aux cadences, voire au vocabulaire matriellement pris.

    Il y a quelque illusion croire qu' Rome tout le monde a parl comme un saint Lon ou un saint Glase, pour ne citer qu'eux, ou bien comme on pouvait parler ou crire la Chancellerie romaine. On a si bien clbr l'admirable littrature liturgique du ve et du VIe sicle, qu'on a donn l'impression qu'un clbrant romain n'a jamais pu parler autrement. Mais, sans compter les influences

  • INTRODUCTION XXIX

    trangres qui ont agi pendant la priode byzantine de l'histoire romaine, il faut prendre en considration la culture propre des desser-vants des titres, lesquels ne pouvaient tous tre des gnies, ni mme d'honntes ouvriers de la plume.

    Il n'est pas permis d'apprcier l'origine romaine d'une pice liturgique avant d'avoir lu et relu les longs textes, de toute provenance, qui remplissent un Sermonaire de l'Office comme celui de l'glise des Saints-Philippe-et-Jacques (premire moiti du VIIIe sicle), lequel, de surcrot, prsente des rapports si troits avec le vieux gla-sien. Ces textes, maintes fois entendus au cours de l'Office, ne pouvaient manquer de mettre dans la tte de ceux qui les utilisaient, un voca-bulaire, des ides, des procds de style et des cadences, qu' la Chancellerie l'on aurait peut-tre trouvs bien barbares! En tout cas, l'troitesse de nos jugements vient souvent de la mconnaissance de tout ce qui avait pu faonner la tte et la main du compositeur dont nous examinons les uvres.

    Pour achever de se disposer apprcier un livre comme le glasien, il faut aussi mettre part, dans la production littraire romaine du VIle sicle, deux ouvrages : le Liber Pontificalis, dans la partie qui concerne les papes du VIle sicle, et le Liber Diurnus, pour les textes du vne sicle qu'il renferme, ainsi que pour les textes plus anciens dont il maintenait l'usage. Ces deux livres fournissent un bon lot d'expressions et de formules qu'on s'tait tonn de rencontrer dans le glasien et dont on avait pris prtexte pour mettre en doute l'origine romaine des textes o elles figurent.

    s V. ORGANISATION DE L'TUDE DU GLASIEN

    Une tude complte du sacramentaire glasien aurait exig deux choses : expliquer comment s'est forme la compilation qui a finalement t recopie dans le Reginensis; rechercher qui est l'auteur de chacune des pices qui ont t incorpores cette compilation. Nous avons fait de nombreux sondages concernant le second point, mais nous n'avons pas voulu en faire l'objet de ce livre. Aussi les rsultats que nous avons obtenus seront-ils utiliss dans le cas seulement o il sera indispensable d'en faire tat pour clairer le premier problme.

    Le prsent ouvrage a donc pour objet propre de montrer o, quand, comment et pour qui, a t constitue la compilation glasienne.

  • xxx INTRODUCI'ION

    Le glasien ayant reu, en Gaule, des additions imponantes, nous les avons examines dans une premire partie. Chaque chapitre de cette partie tudie l'une d'entre elles : rituel des ordinations, de la conscration des vierges, de la ddicace, de la bndiction de l'eau lustrale, enfin des funrailles. Toutes ces additions, sauf les deux dernires, ont eu pour but d'incorporer au glasien les textes qui concernent les principales fonctions piscopales. Avant d'avoir reu ces additions, le glasien se prsentait comme un sacramentaire presbytral.

    Ce caractre presbytral se trahit tout au long de l'ouvrage, mais il est singulirement perceptible dans les sections qui se rapportent la Semaine-Sainte. Dans le but d'tablir fermement le caractre presbytral de la liturgie glasienne, nous avons dcid de consacrer la deuxime partie de l'expos aux crmonies de la Semaine-Sainte (chapitre II). Nous avons fait prcder ce chapitre d'une tude prli-minaire (chapitre Jer) o sont rassembls les renseignements de toute nature concernant la distinction des deux formes de la liturgie romaine locale, au VIle et au VIlle sicle : la liturgie papale et la liturgie presbytrale. Le chapitte III tudie deux auttes rites presbytraux : l'administration de la pnitence, que saint Grgoire affirme tre dsormais exclusivement confie au ministre des prtres, et J'admi-nistration du baptme, qui, dans le glasien, est prside par un simple prtre. Le chapitre IV fournit la contre-preuve requise, en tablissant que le glasien n'enregistre aucune des particularits liturgiques qui caractrisaient alors la liturgie papale.

    Le sacramentaire glasien est divis en trois livres. Le livre Jer concerne surtout le Temporal. D s'ouvre par un titre qui est la fois le titre du sacramentaire tout entier, et le titre du premier livre : In nomine ... incipit Liber sacramentorum Romanae Ecclesiae ordinis anni circuli. Le livre II renferme principalement le Sanctoral, aussi a-t-il pour titre : Incipit liber seamdus. Oratmes et preces de natalitiis san-ctorum. Le livre III groupe des formulaires de toute nature. Son titre est des plus simples : Incipit liber tertius (41).

    Etant donn cette division tripartite, nous avons consacr chacun de ces livres une tude particulire. La troisime partie de notre travail tudie spcialement le livre Jer (Temporal). Elle tablit d'abord que le Temporal glasien groupe des formulaires qui appartiennent

    (")Les mots qui suivent (Orationes et preces cwn c11110ne per dominicis diebus) se rapportent exclusivement aux sections I XVI.

  • INTRODUCTION

    des "couches liturgiques" diffrentes (chapitre Ier). Pour clairer cette structure liturgique tonnante, le chapitre II replace le sacra-mentaire glasien dans l'volution de la liturgie romaine. Il dfinit la place et l'ge de chaque partie du Temporal glasien par rapport aux autre!> tmoins de la liturgie romaine. Sont ainsi successivement analyss cinq groupes de formulaires : les formulaires de Nol l'Epi-phanie; de la Septuagsime au Mercredi-Saint; la semaine pascale; les six dimanches aprs Pques, et les formulaires allant de l'Ascension l'octave de la Pentecte.

    Le livre Jer se termine par quelques formulaires qui ne font plus partie, proprement parler, du Temporal. Comme l'tude de certains de ces formulaires venait mieux ailleurs, nous avons consacr le chapitre III ceux dans lesquels on peut reconnaitre des compilations du VIle sicle.

    La quatrime partie tudie spcialement le livre II (Sanctoral). Aprs avoir replac le Sanctoral glasien dans l'ensemble de la tra-dition romaine pour en faire saisir les particularits et en montrer le caractre ambigu (chapitre Jer), nous tablissons que ce Sanctotal est l'assemblage de deux sries prexistantes de formulaires, de type liturgique diffrent (chapitre II). L'origine de ces deux couches de formulaires est alors examine (chapitre III), et, pour achever d'en prciser l'ge et l'origine, nous avons tudi plus spcialement (chapitre IV) quelques ttes particulires : Invention et Exaltation de la croix; sainte Euphmie; la Passion de saint Jean-Baptiste; les quatre ftes "orientales" de la Vierge (2 fvrier, 25 mars, 15 aot, 8 septembre).

    Le chapitre V examine le reste des formulaires du livre II : le Commun des saints, d'abord; puis, les formulaires qui n'appartiennent pas au Sanctoral: l'Avent et le jene du septime et du dixime mois.

    Dans la cinquime partie, une premire tude s'occupe des formu-laires " archaques " du livre III, singulirement les formulaires monastiques (chapitre Ier). Le chapitre II traite d'un groupe de for-mulaires qui sont assez disparates du point de vue de leur objet, mais qui sont apparents par un certain nombre de formules et d'expressions caractristiques. Dans le chapitre III, nous avons group les quelques formulaires qui ne prenaient place ni dans le premier, ni dans le second des deux groupes originaux tudis aux chapitres I et II.

    Dans les tudes prcdentes, les rapports " textuels et littraires " du sacramentaire glasien avec les autres livres liturgiques n'ont

  • XXXII INTRODUcriON

    t voqus que dans la mesure o la chose tait invitable. Pour achever de dfinir la place du glasien au milieu de ses congnres romains et gallicans, avec lesquels il a tant de pices communes ("), il restait examiner en eux-mmes les rapports de ces diffrents livres. C'est l'objet de la sixime et dernire partie.

    Le chapitre Jet" reprend par la base l'tude du sacramentaire grgorien du type Paduense- nous dirons pourquoi, le moment venu-et il montre que ce grgorien est une rvision, effectue au moyen de matriaux qui ont t emprunts au glasien.

    Le chapitre II examine nouveau comment, deux reprises, le glasien a servi de source pour la confection des formulaires grgoriens des jeudis de Carme.

    Le chapitre III tudie le Supplment particulier qui fait partie de l' Hadrianum, mais non du sacramentaire grgorien. Ce petit Suppl-ment est distinct du grand Supplment qui a t ajout par Alcuin l'Hadrianum, une fois celui-ci arriv en Gaule. Ici encore, le glasien apparat comme la source principale laquelle a eu recours le compilateur romain de ce petit Supplment.

    Les trois chapitres prcdents font apparatre le glasien comme tant en rapport direct soit avec le grgorien revis, soit avec les parties rcentes ajoutes l' Hadrianum. Les tudes des chapitres IV VII tablissent, au contraire. que le glasien n'est plus en rapport direct avec les autres livres tudis : grgorien et sacrameataires gallicans (Gothicum, Gallicanum vetus, Bobbiense). Aucun de ces livres n'est d'ailleurs en rapport direct avec les autres. Ces livres se rejoignent seulement par l'intermdiaire d'un plus ancien livre liturgique romain, qui n'est pas autrement connu, et qui a t utilis sparment par le glasien, le grgorien et les sacramentaires gallicans.

    L'existence de ce livre liturgique est atteinte par deux voies complmentaires. On est accul l'admettre par l'tude des variantes " communes " et " propres " qui rapprochent et distinguent, la fois, les pices ideatiques qui se lisent dans ces diffrents tmoins. L'autre preuve est tire de la structure liturgique des formulaires qui ren-ferment ces pices communes. L'un des tmoins, et parfois plusieurs d'entre eux, ont gard la plus ancienne structure des formulaires

    (") Un tableau de concordance, plac la fin du volume, indique dans quels livres liturgiques, romains et gallicans, on retrouve chaque pice du glasien. Ce tableau a t dress en prenant pour base le glasien.

  • INTRODUCTION XXXIII

    en question, et, selon leur ge, les autres tmoins modifient cette structure conformment ce qu'a t l'volution ultrieure de la liturgie romaine.

    La dmonstration est esquisse, dans ses grandes lignes, propos des formulaires de la semaine de la Pentecte (chapitre IV). Elle se poursuit au chapitre V, dans lequel elle pone sur les parties les plus importantes du Temporal. Avec le chapitre VI, vient le tour du Sanctoral. Quant au chapitre VII, il examine les rapports du Bobbiense avec quelques formulaires glasiens du livre III.

    Pour conclure l'ouvrage, nous avons accept, sur des conseils autoriss, d'expliquer comme.at nous voyons dsormais l'ensemble de l'histoire des livres liturgiques romains, afin de marquer clairement la place qu'y occupe le vieux sacramentaire glasien.

  • TABLE DES MANUSCRITS ET DES OUVRAGES CITS EN ABRG

    C'est dessein que nous ne dressons pas la liste de tous les livres et de tous les articles que nous avons utiliss. Au cours de notre travail, nous avons signal, le moment venu, tous ceux auxquels nous avons emprunt quelque chose. Lorsqu'une tude importante appelait quelques rserves ou une mise au point, nous l'avons indiqu dans le texte ou dans les notes. Mais il nous a paru inutile de citer d'autres travaux dont la critique n'aurait apport aucune contribution positive la recherche. Cela aurait alourdi sans profit un expos dj trop long, et, en se multipliant, ces critiques auraient risqu d'indisposer le lecteur.

    Nous indiquons simplement, ici, les livres liturgiques que nous avons cits en abrg, ainsi que quelques ditions et quelques travaux auxquels nous avons dQ renvoyer de muJtiples fois.

    Pour les livres liturgiques, nous expliquons comment lire les rfrences utilises.

    I. SACRAMENTAIRE GJ!I.AsiEN

    Gdl. ~d. H. A. WILSON, The Gelasian Sacrammtary, Liber sacramentorum Romanae Ecclesiae, Oxford 1894. Gl., 1, xv = Livre 1, section xv. Gl., 1, XVIII. F = Livre 1, section XVIII, formulaire F.

    Dsignation des pices : = premire collecte

    2 1 = seconde collecte 2 ou 2 1 = oraison super sindonem 3 = secrte (3' et 32 = doublets) V. D. = prface Corn. = Communicantes h. i. = Hanc igitur 4 = postcommunion 5 = oraison super populum.

  • XXXVI TABLE DES MANUSCRITS ET DES OUVRAGES CITS EN ABRG

    Nous avons maintenu cette facon de dsigner les pices, parce qu'elle permet de garder au formulaire sa structure exacte. On trouvera dana la table de concordance la numrotation continue des pices.

    Index Remensis 8 (C. 142), fol. 1-2. :&f. A. WILMART, L'lrukx liturgique t glas. Sainr-Thierry, dans RtlfJUII Bndiaine, XXX (1913), 437-450.

    2. SACRAMENTAIRE LONN Lon. Nous avons utilis l'dition de c. L. FELTOE, Sacramenrarium Leonmum,

    Cambridge 1896. Lon. 1 14, 3 = d. Feltoe, p. 1 14, ligne 3 La table de concordance indiquera la numrotation continue des pices d'aprs la nouvelle dition deL. c. MOHLBERG, Sacramenrarium Verorrms. (Rerum eccl. documenta, Series maior, Fontes I) Rome 1956. Les textes que nous utilisons ont t vrifis sur cene dition.

    3 SACRAMENTAIRE GRGORIEN Hadr. Type Hadrianum. :ad. H. LIETZMANN, Das SacrlJlMIIfarium Gregorianum

    nach dem Aachener Urexemplar (Liturgiegeschichtliche Quellen, 3) Munster en W., 192.1. Hadr., 40, 1 = Hadrianwn, section 40, premire pice.

    Pad. Type Paduense. d. c. MOHLBERG, Die iilteste erreichbare Gestalt ts Liber Sacramentorum anni circuli der romischen Kirche (Cod. Pad. D 47, fol. IIr-IOOr) (Lit. Quellen, 11-12) Munster en W., 1927. Pad., 280 = Paduense, pice n 280.

    Sup. Supplment d'Alcuin l'Hadriammr, d. H. A. WILSON, The Gregorian Sacramenrary under Charles the Great (H. Bradshaw Soc., 49) Lon-dres 1915. Sup., XL = Supplment, section XL.

    4 GLASIEN DU VIII0 SIECLE Texres dits

    A. Paris, Bibl. Nat., ms lat. 816 (VIII-IX sicle). d. P. CAGIN, Le sacra-memaire glasien d'Angoulme, MAcon 1918. A. 126o = pice n 126o (numrotation Cagin).

    S. St-Gall, Bibl. Cantonale, cod. 348 (IX sicle). d. c. MOHLBERG, Das friinkische Sacramentarium Gelasianum in alamannischer Ueberlieferung (Lit. Quellen, 1-2.) 2 d., Munster en W., 1939. S. 150 = pice no 150 (numrotation Mohlberg).

    S'. St-Gall, Bibl. Cantonale, cod. 350 (IX sicle). J!d. G. MANZ, Ein Sr. Galler Sakramenrar-Fragmenr ... Ais Nachtrag zum Friinkische11 Sacramentarium Gelasianum (Lit. Quellen, 31) Munster en W., 1939

    Texres indirs Gell. Paris, Bibl. Nat., ms lat. 12048 (fin VIII sicle). Les initia sont donns

    par P. DE PUNIET, Le sacramentaire romain cle Gellone (Excerptum ex Ephemerides Lirurgicae) Rome 1938. Mais ici et pour les manuscrits

  • TABLE DES MANUSCRITS ET DES OUVRAGES CITs EN ABRG XXXVII

    suivants, nous avons substitu une numrotation continue la numro-tation des pices donne par Puniet. Pour le texte, toutes les fois que ce fut ncessaire, nous avons eu recours au manuscrit. Gell., 36, 3 = section 36, pice n 3.

    P. Berlin, Bibl. d'tat, ms Phillipps r667 (fin VIII sicle). D'aprs les indications fournies par Puniet, op. cit., confrontes avec le microfilm du manuscrit que possde l'Institut de recherche et d'histoire des textes (Paris). P., 36, 2 = section 36, pice n 2.

    God. Sacramentaire de Reims (Godelgaudus) crit en 798-800. Ms perdu. Copie partielle dans Paris, Bibl. Nat., ms lat. 9493, dite par u. CHEVALIER, Sacramenraire et martyrologe de l'abbaye Sainr-Rimy de Reims (Bibl. liturg., VII) Paris 1900, p. 30S-337 Les chiffres indiquent la place de la pice dans chaque formulaire.

    Tr. Zurich, Bibl. de la Ville, cod. C. 34 (272). D'aprs les indications four-nies par Wilson (The gregorian sacramenrary, p. 317-371) et par Puniet (Le sacramentaire romain de Gellone). Tr., 34, 2 = section 34, pice no 2.

    R. Zurich, Bibl. Centrale, ms JO (Rheinau), dbut du IX sikle. D'aprs les indications fournies par Wilson et Puniet, op. cit. R., 27, 2 = section 27, pice n 2.

    S SACRAMENTAJJIJ!S GALLICANS

    Go. d. H. M. BANNISTER, Missale Gorhicum, A 1alliean sacramentary, Ms Vatican Regin. lat. 317 (H. Bradshaw Soc., S2) Londres 1917. Go., 26o = pice no 260, d'aprs l'd. Bannister.

    M.F. d. L. c. MOHLBERG, Missale Francorum, Cod. Var. Reg. lat. 257 (Rerum eccl. documenta, Series maior, Fontes Il) Rome I9S7 Les citations (M.F., I, 2 = section I, pice n 2) sont faites d'aprs P. L., 72, 317-340, mais le texte a ensuite t vrifi d'aprs l'dition Mohlberg.

    M. G. V. Missale Gallicanum Verus (Vatic. Pal. lat. 493), d'aprs P. L., 72, 339-382. M. G. V., 27, I = section 27, pice n I.

    Bo. d. E. A. LOWE, The Bobbio Missal, A gallican mass-book, ms Paris, /ar. 13246 (H. Bradshaw Soc., SB) Londres 1920. Bo., 26o = pice n 260, d'aprs l'd. Lowe.

    6. LIVRES LITURGIQUES WISIGOTHIQUES

    L. O. d. M. FmOTIN, Le Liber ordinum en usage dans l'Eglise wisigothique er mozarabe d'Espagne du V au X I sicle (Monumenta Eccl. liturg., V) Paris I904

    L. M. S. d. M. FmtOTIN, Le Liber Mozarabicus Sacramenrorum (ib., VI) Paris 1912.

  • XXXVIII TABLE DES MANUSCRITS ET DES OUVRAGES CITS EN ABRGi

    7. J!PISTOLIERS ROMAINS

    W. ~pistolier de Wurtzbourg. ~d. G. MORIN, Le plus ancien comes 1111 lectionaire de l'Eglise romaiM, dans Ref:ue Bnldicrine, XXVII (1910), 41-74 La numrotation des pricopes est emprunte cene dition.

    Ale. ~pistolier d'Alcuin. :ad. A. WII.MART, Le lecriomu.Jire d'Alcuin, dans Ephemerides Lirurgicae, LI (1937), 136-197. La numrotation des pricopes est emprunte cene dition.

    8. J!VANGJ!LIAIRE ROMAIN DU PRI!MII!II. TYPE

    :ad. TH. ICLAUSER, Das rlhnische Capirulare Evang., 1 Typen (Liturgie-gesch. Quellen, 28) Munster en W., 1935.

    Il Premire varit (vers 645); Id. cir., p. 13-46. A Deuxime varit (vers 740); p. 58-92. :E Troisime varit (vers 755); p. 102-130 .:1 Recension romano-franque (750 environ), se rattachant un noyau

    romain datant de 650 environ; p. 140-172.

    9 ANTIPHONAIRES DB LA MIISSII JlOMAINI!

    ~d. R.-J. HESBBRT, Antiplumale missarum sexruplex, Bruxelles I93S M. Monza, Trsor de la Cath., Canrarorium du milieu du VIII sicle. B. Bruxelles, Bibl. Roy., lar. 101Z7-10144, Antiphonaire du Mont-Blandin

    du VIII-IX sicle. C. Paris, Bibl. Nat., lar. 17536, Antiphonaire de Compigne du IX sicle. K. Paris, Bibl. Nat., lar. rzoso, Antiphonaire de Corbie du IX-X sicle. S. Paris, Bibl. Sainte-Genevive, lar. 111, Antiphonaire de Senlis de la

    deuxime moiti du IX sicle.

    10. SERMONAIRES ROMAINS DB L'OPFICB

    Le Sermonaire de Saint-Pierre du Vatican, reprsent par quatre tmoins directs:

    Tr. Troyes, Bibl. municip., ms 853 (IX sicle), analys succinctement par J. LECLERCQ, Tables POliT l'inwnraire des homliaires manuscrirs, dans Scriptorium, II (1948), 197-198.

    Al. Le sermonaire d'Alain de Farfa (vers 76o), analys par B. HOSP, Il sermo-nario di Alana du Farfa, dans Ephemerides Liturgicae, LI (1937), 21o-240.

    Eg. Le sermonaire d'lgin de Vrone (vers 8oo), analys par v. ROSB, Verzei-chnis der lareinischen Handschriften der kgl. Bibl. zu Berlin, 1 (1893), Berlin, 81-95.

    S. P. Le sermonaire de Saint-Pierre, Bibl. Vat., Arch. de Saint-Pierre, C. zos (IX-X sicle), analys par G. LW, Il pi anrico Sermonario di San Pietro in Vaticano, dans Ritlina di Archeol. crisriana, 19 (1942), 143-183.

  • TABLE DES MANUSCRITS ET DES OUVRAGES CITS EN ABRG XXXIX

    Le Sermonaire des Saints-Philippe-et-Jacques, copi par Agimond dans la premire moiti du VIII sicle.

    Vat. Analyse dtaille par G. LiJW, Ein Stadtriimisches Lektionar des VIII Jahr-3835 hrmderts (Cod. Vat. lat. Nr. 3835 und 3836), dans Rom. Quartalschrift, j8j6 37 (1929), IS-39

    Lib. Ponti/. Lib. Diurnus

    Pour les autres textes liturgiques, utiliss seulement en passant, nous donnerons, le moment venu, les indications bibliographiques ncessaires .

    *.

    d. L. DUCHESNE, Le Liber Pontijicalis. Texte, Introduction et Commen-taires, 2 vol., Paris r886-1892. d. TH. E. VON SICIL, Liber Diumus Romanorum pontijicum, Vienne 1889.

    *

    ANDRIEU, Ordines Romani... = Michel ANDRIEU, Les Ordines Romani du Haut Moyen ge, 1, Les Manuscrits, II, Les textes (Ordines l-XIII); III, Les textes (Ordines XIV-XXXIV); IV, Les Textes (Ordines XXXV-XLIX), dans Spicilegium sacrum lO'Vaniense, Etudes er documents, fasc. II (1931), 23 (1948), 24 (I9SI), 28 (1956), Louvain.

    *

    MANZ, Ausdrucksformen ... = G. MANZ, Ausdrucksformen der lateinischen Litur-giesprache bis ins el/te Jahrhundert, als manuskript gedruckt u. als 1. Beihe/t der Texte u. Arbeiten erschienen, Beuron 1941.

    Acta SS. = Acta Sanctorum quotquot orbe coluntur ... collegit ... J. BOLLANDUS, etc ... , 3" d., Paris 1863 sq.

    C. S. E. L. = Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum, editum consilio et im-pensis Acad. Litter. Caesareae Vindobonensis, Vienne-Leipzig r866 sq.

    D. A. C. L. = Dictionnaire d'archologie chrtienne et de liturgie, sous la direction de F. CABROL, H. LECLERCQ etH. MARROU, Paris 1903 sq.

    MANSI = J. D. MANSI, Sacrorum conciliorum nO'Va et amplissima collectio, Florence 1759 sq. (rdition de E. WELTER, Paris-Leipzig 1903-1924).

    M. G. H. = Monumenta Germaniae historica, Hanovre 1877 sq. P. L. = J. P. MIGNE, Patrologiae cursus completus, series latina, Paris 1844-1864.

  • PREMIRE PARTIE

    ADDITIONS MAJEURES APPORTES AU SACRAMENTAIRE GLASIEN, HORS DE ROME, A LA FIN DU vue OU AU DBUT DU VIlle SICLE

    N 449.-1

  • Les historiens ont assez vite repr, dans le Reginensis, les formules eucologiques et les rites qui ne leur paraissaient pas avoir appartenu la liturgie locale de Rome. Ils ne sont pas tous d'accord sur la nature et sur l'ampleur des additions ainsi faites au manuscrit qui nous a conserv ce type de sacramentaire. Ce dsaccord s'explique par diff .. rentes raisons.

    A l'poque o crivait tel de ces historiens, l'on ne connaissait pas encore, par exemple, les documents qui depuis lors sont venus prciser les particularits de la liturgie romaine locale ou qui en ont fait con natre l'volution. Il est arriv aussi que tel de ces historiens a rduit son argumentation un type d'arguments et qu'il n'a pu en mes~ la porte, n'arrivant pas, par exemple, surmonter l'ambigut des variantes textuelles au nom desquelles il a voulu trancher l'histoire des formulaires glasiens, ou bien tant victime des limites trop troites dans lesquelles il a maintenu, inconsciemment, sa recherche des expres sions caractristiques. Qui peut se flatter, d'ailleurs, d'avoir aperu toutes les donnes d'un problme et d'en avoir tir le meilleur parti? Sur tel point ('), nous l'avons appris nos dpens, et c'est avec le senti-ment de ne pas pouvoir clore dfinitivement ce chapitre que nous allons indiquer les additions majeures apportes, hors de Rome, au sacramentaire glasien ancien.

    Nous limiterons cet expos aux additions majeures, nous rservant d'indiquer par la suite telle addition de moindre importance. Ce par tage a t adopt en vue de dgager plus facilement la physionomie du glasien pris dans son ensemble, et cette premire partie est destine faire contraste avec la seconde partie de ce livre.

    La seconde partie groupe, en effet, un certain nombre d'tudes dont le rsultat est de faire apparatre le sacramentaire glasien comme un sacramentaire presbytral, organis ou remani Rome mme pour le service des titres. Des tudes que groupe la premire partie un rsultat complmentaire se dgage, savoir que les rites rservs l'vque ont t ajouts aprs que le sacramentaire eut quitt Rome (ordinations, conscration des vierges et ddicace des glises). A ces

    ( 1) /rifra, p. I7ZI73

  • 4 ADDmONS MAJI1lUS

    rites il faut adjoindre, il est vrai, d'autres additions importantes, comme celles qui affectent le rituel de la bndiction de l'eau ou le rituel des funrailles, et c'est pourquoi nous avons donn cette premire partie un titre assez comprhensif. C'est pourtant en vue d'obtenir le contraste signal, il y a un instant, que nous avons dcid de placer cette tude en tout premier lieu. Aussi bien les tudes rassembles dans la premire et la deuxime partie ont-elles t conduites conjoin-tement au cours de la phase de recherche, s'appelant rciproquement et concourant l dgager la physionomie vritable du modle parti de Rome.

    Pour assurer la solidit des rsultats et dtecter plus srement les additions, nous avons fait appel autant qu'il tait possible la critique externe comme lla critique interne. Sans ngliger l'apport de cette dernire, mais pour viter de nous confiner dans une perspective trop troitement littraire, comme on l'a peut-tre trop fait jusqu'ici pour le glasien, nous avODS recouru avant tout la comparaison avec les autres sacramentaires romains (lonien et grgorien), ou avec les saaamentaires gaulois (Bobbiense, Missale Francorum, etc ... ), ou encore avec les collections canoniques, gauloises ou autres, lesquelles nous ont apport un secours inattendu. Nous avons aussi recherch dans le Reginensis lui-mme les signes d'interpolation qu'il peut pr-senter, en comparant, par exemple, le contenu du manuscrit avec ce qui reste de la table originale par laquelle il s'ouvre (1), ou en faisant appel l l'Index liturgique de Saint-Thierry, qui servait de table un manuscrit du sacramentaire g1asien ancien peu prs identique au Reginemis (').

    Ici djl, comme il nous arrivera souvent de le faire par la suite, nous ne suivrons pas stricteme:Dt l'ordre dans lequel se prsentent les sections du saaamentaire. Nous commencerons par tudier les formulaires pour lesquels il est possible d'arriver plus facilement ou plus s(irement l des conclusions claires et solides. Et c'est pourquoi les rites de l'ordination nous retiendront d'abord. Nous tudierons ensuite la conscration des vierges, puis la ddicace des glises. Le rituel de la bndiction de l'eau lustrale et celui des funrailles viendront en dernier lieu.

    (') Supra, p. VI-vu. (')Cet Indes est comerv dus les folios ret 2 du Remensis 8 (C. 142), qui

    ont ~ crits au VIII sikle (M. A. WILMART, L'Index liturgique de Saint- Thierry, dam R""" Binld., XXX (1913) 43NSO).

  • CHAPITRE 1

    LE RITUEL DES ORDINATIONS

    Dans le Reginensis, le rituel des ordinations est scind en trois morceaux : 1, xx, A-B, XXIV; XCV-XCVI; XCIX. Saufla section XX A, qui est propre au Reginensis (') et que nous tudierons en dernier lieu (section Il), ces trois groupes sont runis et placs au mme endroit dans l'Index glasien de Saint-Thierry (1, xc-xCVII). Ds sont aussi groups ensemble, mais accompagns de nouvelles pices, dans le Missale Francorum (1-IX). C'est ce rituel complet que nous allons tudier dans la premire section.

    Nous ne ferons intervenir le tmoignage du " glasien du VIlle sicle " qu'au moment de dfinir la strUcture gnrale du rituel des ordinations incorpor au sacramentaire glasien et dpec par le Reginensis. C'est alors seulement que, sans cercle vicieux, nous pourrons tirer du glasien du VIlle sicle les indications qu'il comporte sur la teneur de son modle glasien.

    PREMJRE SECTION

    UN RITUEL ROMANO-GALLICAN, COMPIL1! EN GAULE

    ET AJOUT~ AU SACRAMENTAIRE G~LASIEN L'Index de Saint-Thierry ne peut gure servir que pour dter-

    miner la place primitive du rituel des ordinations dans les exemplaires du glasien ainsi supplments. Chaque section n'y est videmment reprsente que par son titre, et l'tude du contenu des formulaires doit se limiter au Reginensis et au Missale Francorum. La comparaison de ces deux livres permettra d'tablir qu'ils drivent, chacun de son ct, d'une mme et unique source ( 1), un rituel des ordinations

    (') On la retrouve, videmment, dans le glasien du VIII sicle, qui, en ce point prcis, recopie certainement un sacramentaire analogue au Reginensis (infra, p. 20).

  • 6 ADDmONS MAJEtllUIS

    qui avait dj combin entre elles des pices d'origine romaine et des pices d'origine gallicane ( II). Ce rituel romano-gallican se prsentant comme un rglement liturgico-canonique, nous tablirons ensuite ( lll) qu'il a t partiellement organis au moyen de pices empruntes quelque collection gauloise de la fin du vue ou du dbut du vme sicle.

    Ramassant alors et compltant les indications d'origine ainsi repres, il nous apparatra que ce rituel des ordinations n'a pu tre compil qu'en Gaule mme ( IV) et il nous restera montrer sous quelle forme il a t incorpor au sacramentaire glasien, et comment et pourquoi le Reginensis l'a scind en plusieurs fragments ( V).

    Avec ses cinq tapes, la dmonstration se droulera assez lente-ment. Nous avons voulu cette lenteur. Elle est la ranon d'une marche plus assure, car la solution ne peut tre obtenue que par approxi-mations successives.

    I. LA SOURCB COMMUNE D