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CHEIKHNA CHEIKH SAADBOU ET LE FOUTA TORO D’abord, les relations entre Cheikhna Cheikh Saadbou et les lettrés noirs de culture arabo- musulmane furent marquées par le souci du Cheikh d’étendre son enseignement partout au Sénégal. Cette mission eut pour porte d’entrée Saint-Louis du Sénégal où il bénéficia de l’estime générale des musulmans et particulièrement des dignitaires musulmans locaux à l’exemple de Bou El Moghdad SECK ; Cheikh Mbarick DIOP, Cheikh Biram Coumba WADE et Cheikh Malamine DIEYE dans le Quartier Guet-NDAR ; Cheikh Amadou DIOP à Ndar- Toute,Cheikh Amadou FALL à Sor ; Cheikh Moustapha GUEYE au Quartier Nord etc. Ensuite, son voyage par bateau de Saint-Louis à Podor lui permit de séjourner dans cette région où l’Islam produisit de fins lettrés noirs qui véhiculaient un enseignement Coranique riche et varié. Le Cheikh ,dispensateur de beaucoup de wirds, compte tenu de son statut de Sceau de la sainteté et de Calife du prophète Mouhammad sur terre (paix et salut sur lui, sur sa famille et ses compagnons) distribua un enseignement fondé sur la Tarbiyya du cœur, le perfectionnement du caractère et la vivification du Soufisme qu’adoptèrent des hommes de sciences et de droiture de la trempe de Cheikh Boucary DATT ,Cheikh Moussa KAMARA, Tafsir Hammat Ndiaye ANNE, Ceerno Yoro BAAL, Cheikh Mouhammad El Maqami KANE, Cheikh Hamidou KANE, Ciré Abbas SOW (fin lettré et généalogiste de renom, il est l’auteur de plusieurs chroniques de haute valeur sur le Fouta sénégalais qui furent traduites par Maurice Delafosse et publiées dans la « revue du monde musulman » de septembre et Décembre 1913 et Mars 1914) etc. dont la plupart reçurent de lui un enseignement et une bénédiction spirituels tout en conservant, pour la plupart, le Wird Tidjani. Il faut rappeler que le Cheikh de Nimzatt maitrisait tous les Wirds et a été un Maître par excellence comme le fut, jadis, Cheikh Mouhammad Fadil Ibn Mâmine, son Maître spirituel et père biologique. Il faut effectivement souligner que le prosélytisme ou appel religieux du Cheikh n’était pas uniquement orienté vers les populations noires, adeptes du paganisme et de la philosophie ceddo, mais également vers des personnalités de haut rang compte tenu de la place qu’elles occupaient dans le domaine des sciences islamiques. C’est ce dont témoigne le professeur Abdel Wedoud Ould Cheikh, dans sa contribution intitulée « Espace confrérique-Espace étatique » publiée par le Codesria, lorsqu’il écrit : « Contrairement à la vision condescendante qu’en donnent parfois les chroniqueurs et administrateurs français de l’époque, et leur hiérarchie « albinocratique» du savoir, sh Sa’d Bud a recruté, parmi sa clientèle religieuse (il faut plutôt parler de disciples, critique adressée à M 0uld Cheikh, le principe du désintéressement et du renoncement étant contraires à la notion de clientèle propre à la sociologie occidentale d’essence capitalistique), des personnalités intellectuelles noires dont le niveau de compétence arabo-islamique n’avait rien à envier à celui des lettrés musulmans du monde maure « blanc » voisin, au milieu desquels ils avaient d’ailleurs souvent effectué des séjours de formation (Schmitz, in Kamara 1998 : 9-30). » En conclusion, nous pouvons dire que l’influence du Cheikh de Nimzaat s’étendait par delà les deux rives du fleuve Sénégal conformément à son projet d’islamisation et d’introduction de la Haquiqa Mouhammadiyya qui constitue le cœur ou noyau de la résistance culturelle face à l’idéologie coloniale qui réussit, grâce à la suprématie militaire, à mettre fin aux résistances politiques et aux Djihads armés . Cheikh Talibouya NIANG Chercheur en Histoire du Soufisme [email protected]

Cheikhna Cheikh Saadbou Et Le Fouta Senegalais

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SAINTETE DANS ISLAM

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  • CHEIKHNA CHEIKH SAADBOU ET LE FOUTA TORO Dabord, les relations entre Cheikhna Cheikh Saadbou et les lettrs noirs de culture arabo-musulmane furent marques par le souci du Cheikh dtendre son enseignement partout au Sngal. Cette mission eut pour porte dentre Saint-Louis du Sngal o il bnficia de lestime gnrale des musulmans et particulirement des dignitaires musulmans locaux lexemple de Bou El Moghdad SECK ; Cheikh Mbarick DIOP, Cheikh Biram Coumba WADE et Cheikh Malamine DIEYE dans le Quartier Guet-NDAR ; Cheikh Amadou DIOP Ndar- Toute,Cheikh Amadou FALL Sor ; Cheikh Moustapha GUEYE au Quartier Nord etc. Ensuite, son voyage par bateau de Saint-Louis Podor lui permit de sjourner dans cette rgion o lIslam produisit de fins lettrs noirs qui vhiculaient un enseignement Coranique riche et vari. Le Cheikh ,dispensateur de beaucoup de wirds, compte tenu de son statut de Sceau de la saintet et de Calife du prophte Mouhammad sur terre (paix et salut sur lui, sur sa famille et ses compagnons) distribua un enseignement fond sur la Tarbiyya du cur, le perfectionnement du caractre et la vivification du Soufisme quadoptrent des hommes de sciences et de droiture de la trempe de Cheikh Boucary DATT ,Cheikh Moussa KAMARA, Tafsir Hammat Ndiaye ANNE, Ceerno Yoro BAAL, Cheikh Mouhammad El Maqami KANE, Cheikh Hamidou KANE, Cir Abbas SOW (fin lettr et gnalogiste de renom, il est lauteur de plusieurs chroniques de haute valeur sur le Fouta sngalais qui furent traduites par Maurice Delafosse et publies dans la revue du monde musulman de septembre et Dcembre 1913 et Mars 1914) etc. dont la plupart reurent de lui un enseignement et une bndiction spirituels tout en conservant, pour la plupart, le Wird Tidjani. Il faut rappeler que le Cheikh de Nimzatt maitrisait tous les Wirds et a t un Matre par excellence comme le fut, jadis, Cheikh Mouhammad Fadil Ibn Mmine, son Matre spirituel et pre biologique. Il faut effectivement souligner que le proslytisme ou appel religieux du Cheikh ntait pas uniquement orient vers les populations noires, adeptes du paganisme et de la philosophie ceddo, mais galement vers des personnalits de haut rang compte tenu de la place quelles occupaient dans le domaine des sciences islamiques. Cest ce dont tmoigne le professeur Abdel Wedoud Ould Cheikh, dans sa contribution intitule Espace confrrique-Espace tatique publie par le Codesria, lorsquil crit : Contrairement la vision condescendante quen donnent parfois les chroniqueurs et administrateurs franais de lpoque, et leur hirarchie albinocratique du savoir, sh Sad Bud a recrut, parmi sa clientle religieuse (il faut plutt parler de disciples, critique adresse M 0uld Cheikh, le principe du dsintressement et du renoncement tant contraires la notion de clientle propre la sociologie occidentale dessence capitalistique), des personnalits intellectuelles noires dont le niveau de comptence arabo-islamique navait rien envier celui des lettrs musulmans du monde maure blanc voisin, au milieu desquels ils avaient dailleurs souvent effectu des sjours de formation (Schmitz, in Kamara 1998 : 9-30). En conclusion, nous pouvons dire que linfluence du Cheikh de Nimzaat stendait par del les deux rives du fleuve Sngal conformment son projet dislamisation et dintroduction de la Haquiqa Mouhammadiyya qui constitue le cur ou noyau de la rsistance culturelle face lidologie coloniale qui russit, grce la suprmatie militaire, mettre fin aux rsistances politiques et aux Djihads arms . Cheikh Talibouya NIANG Chercheur en Histoire du Soufisme [email protected]