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Institut Régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et Réadaptation Pays de la Loire 54, rue de la Baugerie – 44230 - SAINT- SÉBASTIEN SUR LOIRE Protocole de rééducation à visée préventive du complexe global de l’épaule chez des jeunes handballeurs de pôle espoir ayant subi des lésions d’origine traumatique ou micro-traumatique Lucie BEAUFRETON Travail Écrit de Fin d’Études En vue de l’obtention du Diplôme d’État de Masseur-Kinésithérapeute Année : 2015-2016 RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE

chez des jeunes handballeurs de pôle espoir · 2016. 10. 7. · handball de pôle espoir tous les mercredis. Les membres de cette équipe de 20 joueurs sont âgés de 15 et 17 ans

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  • Institut Régional de Formation aux Métiers de la Rééducation et Réadaptation

    Pays de la Loire

    54, rue de la Baugerie – 44230 - SAINT- SÉBASTIEN SUR LOIRE

    Protocole de rééducation à visée préventive

    du complexe global de l’épaule

    chez des jeunes handballeurs de pôle espoir

    ayant subi des lésions d’origine traumatique ou micro-traumatique

    Lucie BEAUFRETON

    Travail Écrit de Fin d’Études

    En vue de l’obtention du Diplôme d’État de Masseur-Kinésithérapeute

    Année : 2015-2016

    RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE

  • AVERTISSEMENT

    Les travaux écrits de fin d’études des étudiants de l’Institut Régional de Formation aux

    Métiers de la Rééducation et de la Réadaptation sont réalisés au cours de la dernière

    année de formation MK. Ils réclament une lecture critique. Les opinions exprimées

    n’engagent que les auteurs. Ces travaux ne peuvent faire l’objet d’une publication, en

    tout ou partie, sans l’accord des auteurs et de l’IFM3R.

  • Remerciements

    - Je remercie mon directeur de mémoire pour l’aide qu’il m’a apporté tout au long de

    ce travail écrit.

    - Je remercie ma tutrice de stage et les joueurs du pôle espoir de handball qui ont pris

    de leur temps pour m’aider à réaliser ce projet.

    - Pour finir, je remercie ma famille et mes amis pour la relecture du mémoire mais

    aussi pour tout leur soutien.

  • Re sume

    Ce travail écrit traite d’un des rôles important du Masseur-Kinésithérapeute : être acteur de

    la prévention. Dans le domaine du sport, plus particulièrement dans le handball, le complexe

    de l’épaule est soumis à des traumatismes ou micro-traumatismes pouvant être à l’origine de

    pathologies de l’épaule. L’intervention s’est faite auprès de jeunes joueurs du pôle espoir de

    Poitiers (15/17 ans). Suite à une analyse épidémiologique et une synthèse de revue de

    littérature, un protocole de prévention a été réalisé sur l’ensemble du complexe de l’épaule.

    Le but de ce travail était de montrer les effets de ce protocole après 4 mois. Les déficits

    retrouvés lors du bilan initial ont été diminués. Certains déficits, comme les dyskinésies

    scapulaires, ont présenté une moindre évolution par rapport aux résultats attendus. Suite à

    cette constatation, différentes notions ont été abordées : l’observance et l’adhésion au

    protocole, la notion de spécificité du protocole.

    Mots-cle s

    Prévention Complexe global de l’épaule

    Geste sportif du lancer Traumatismes sportifs

    Abstract

    This written work deals with one of the important roles of the physiotherapist : being an actor

    of the prevention. In the field of sport, more particularly handball, the shoulder complex is

    exposed to traumas or micro-traumas that may cause shoulder pathologies. The intervention

    was provided to young players of the FFHB team of Poitiers (15/17 years old). Following an

    epidemiological analysis and a synthesis of a literature review, a prevention protocol has been

    realized on the whole of the shoulder complex. The aim of that work was to show the effects

    of this protocole after four months. The deficits found in the initial assessment were

    decreased. Some deficits, such as the scapular dyskinesis, have shown a smaller evolution than

    expected. Following these findings, various notions have been discussed: the observance and

    the adherence to the protocol as well as the concept of the protocol specificity.

    Key words

    Prevention Shoulder complex

    Throwing sport gesture Sports traumas

  • Sommaire

    1 Introduction ........................................................................................................................ 1 2 Données épidémiologiques ................................................................................................ 1 3 Rappels anatomiques du complexe de l’épaule ................................................................. 2

    3.1 Éléments passifs et actifs de la gléno-humérale ............................................................. 2 3.2 La scapulo-serrato-thoracique ........................................................................................ 3

    4 Les déficits de l’épaule et les mécanismes pathologiques ................................................. 3 4.1 Les conflits du complexe de l’épaule .............................................................................. 3 4.2 Les décentrages de la tête humérale .............................................................................. 4 4.3 Le GIRD (Glenohumeral International Rotation Deficit) ................................................. 4 4.4 Les déficits scapulaires .................................................................................................... 5 4.5 Le déséquilibre musculaire des rotateurs internes et externes de la gléno-humérale .. 6

    5 Analyse du geste au handball ............................................................................................. 7 5.1 Le tir en appui .................................................................................................................. 7 5.2 La chaîne cinétique ou l’enchaînement segmentaire ..................................................... 8 5.3 Mise en place de l’analyse du geste sur le terrain .......................................................... 8

    6 La prévention en Masso-Kinésithérapie ............................................................................. 8 7 Outils et méthodologie du bilan initial ............................................................................... 9

    7.1 Interrogatoire ................................................................................................................ 10 7.2 Examen morphostatique ............................................................................................... 10 7.3 Examen articulaire ......................................................................................................... 10 7.4 Examen musculaire ....................................................................................................... 11 7.5 Examen fonctionnel de l’épaule .................................................................................... 12 7.6 Résultats du bilan initial ................................................................................................ 12 7.7 Diagnostic kinésithérapique .......................................................................................... 13

    8 Le protocole de prévention............................................................................................... 14 8.1 Les objectifs ................................................................................................................... 14 8.2 L’échauffement ............................................................................................................. 14 8.3 Travail musculaire des fixateurs de la scapula .............................................................. 15 8.4 Travail musculaire des rotateurs latéraux d’épaule ...................................................... 16 8.5 Exercice de recentrage actif de la tête humérale ......................................................... 17 8.6 Exercices de proprioception du complexe global de l’épaule ...................................... 17 8.7 Renforcement et étirement des chaînes musculaires .................................................. 18 8.8 Les étirements ............................................................................................................... 19

    9 Bilan final ........................................................................................................................... 20 9.1 Interprétation des résultats .......................................................................................... 20

    10 Discussion .......................................................................................................................... 25 10.1 Les notions d’adhésion et d’observance ....................................................................... 25 10.2 La notion de spécificité du protocole ............................................................................ 26

    11 Conclusion ......................................................................................................................... 29

    Références bibliographiques et Annexes numérotées de 1 à 3

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    1

    1 Introduction

    Durant le stage de 3ème année du 01/09/2015 au 09/10/2015, qui s’est déroulé dans un

    cabinet libéral sur Poitiers, nous avons eu à prendre en charge une équipe masculine de

    handball de pôle espoir tous les mercredis. Les membres de cette équipe de 20 joueurs sont

    âgés de 15 et 17 ans. Il a été mis en évidence, par l’intermédiaire d’une équipe

    pluridisciplinaire (entraîneur, médecin, kinésithérapeute) et par des données

    épidémiologiques de la saison précédente, que les joueurs ont eu, ou possèdent encore de

    nombreux déficits et/ou pathologies du complexe de l’épaule. Nous nous sommes intéressés

    à ces différents déficits, tout en excluant les problèmes pouvant être retrouvés lors des

    contacts (luxation, instabilité de l’épaule).

    Dans un premier temps, la gestuelle du tir a été analysée : de la phase d’armer à la phase de

    décélération. Dans ce contexte, le complexe de l’épaule est hyper-sollicité. Il a été démontré

    que ce dernier n’intervient pas seul dans le tir. Il est en lien avec les autres articulations du

    corps permettant un transfert d’énergie segmentaire. D’après une partie de la définition de

    l’Ordre sur le métier de Masseur-Kinésithérapeute : « La pratique de la masso-kinésithérapie

    comporte la promotion de la santé, la prévention, le diagnostic kinésithérapique et le

    traitement », le kinésithérapeute est acteur de la prévention.

    Face aux problèmes retrouvés et en observant qu’aucune prévention n’a été mise en place,

    un questionnement est apparu : étant acteur de la prévention, pouvons-nous diminuer voire

    supprimer l’apparition des pathologies de l’épaule chez ces sportifs par l’intermédiaire d’un

    protocole de prévention primaire et secondaire ? Quels sont les effets de ce protocole ? Pour

    cela, quatre joueurs ont été sélectionnés suite à une discussion pluridisciplinaire : trois joueurs

    que nous avons nommé B, C et D avec un code couleur, qui ont déjà eu des problèmes au

    niveau du complexe de l’épaule. Le 4ème joueur est le joueur A, qui n’a jamais eu de

    problèmes au niveau de l’épaule. Il a donc servi de référence afin de comparer les résultats.

    Ce choix a donc permis de montrer les effets d’une intervention préventive sur ces jeunes

    joueurs et l’équipe en général.

    Notre méthode de travail a été de réaliser deux bilans communs : un bilan initial (mi-

    septembre 2015) et un bilan final (27 janvier 2016). Le protocole a été décrit suite à

    l’interprétation des résultats du bilan initial qui a permis de mettre en évidence certains

    déficits appartenant à des facteurs prédictifs de blessures. Puis, il a été présenté à l’ensemble

    des joueurs : c’est un protocole commun.

    2 Données épidémiologiques

    Dans la majorité des sports de lancer de compétition, comme ici le handball, le complexe de

    l’épaule est soumis à des mouvements traumatiques ou micro-traumatiques, qui sont

    répétitifs. D’après une étude réalisée par le médecin national de la Fédération Française de

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    2

    Handball sur les déséquilibres musculaires de l’épaule, 20% des lésions chez des joueurs et

    joueuses de handball de haut niveau ont été retrouvées au niveau de l’épaule (1). Cette

    évaluation s’est faite sur deux saisons, entre 2010 et 2012.

    Durant la saison 2014/2015, cinq joueurs de l’équipe du pôle espoir ont présenté des douleurs

    au niveau de l’épaule et/ou des conflits : un en octobre, un autre en avril et un dernier en mai.

    Un des joueurs présentait une souffrance du sus-épineux et un autre avait des douleurs à

    l’épaule lors de l’armer du bras.

    3 Rappels anatomiques du complexe de l’épaule

    L’épaule est un complexe de cinq articulations : la scapulo-humérale, la scapulo-serrato-

    thoracique, l’acromio-claviculaire, la sternoclaviculaire et la sub-deltoidienne. Les

    articulations nous intéressant ici sont la scapulo-humérale ou gléno-humérale qui est une

    articulation sphéroïde et la scapulo-serrato-thoracique qui est un plan de glissement ou une

    syssarcose. La gléno-humérale est très mobile, mais présente des éléments de stabilité active.

    3.1 Éléments passifs et actifs de la gléno-humérale

    Il existe des structures passives ligamentaires qui vont renforcer la capsule fibreuse :

    - Le ligament coraco-huméral qui a pour but de suspendre la tête. Il va limiter la rotation

    latérale de l’humérus dans les 50 premiers degrés d’abduction ainsi que la translation

    postérieure de la tête humérale.

    - Le ligament gléno-huméral comprend trois faisceaux : le

    faisceau supérieur limite la translation inférieure, le

    faisceau moyen limite la rotation latérale de l’humérus

    entre 0 et 45° d’abduction et il assure la stabilité

    antérieure. Le ligament gléno-huméral inférieur limite, en

    rotation médiale, la translation postérieure de la tête

    humérale. Il a une action limitatrice sur la rotation latérale

    ainsi que la translation antérieure de la tête humérale à 90°

    d’abduction(2)(3). Lors des mouvements associés

    d’abduction et de rotation externe, les deux bandes

    postérieures et antérieures du ligament gléno huméral

    inférieur développent des tensions égales (figure 1)(4).

    La stabilité de la gléno-humérale est majoritairement assurée par la coiffe des rotateurs. Celle-

    ci est constituée du supra-épineux qui suspend la tête humérale et permet le mouvement

    d’abduction. L’infra-épineux assure la rotation latérale de l’humérus avec le petit rond.

    Ensuite, il y a le subscapulaire qui permet une partie de la rotation médiale.

    Figure 1 - Schématisation des deux bandes du ligament gléno-huméral inférieur (AIGHL : bande antérieure et PIGHL : bande postérieure)

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    3

    3.2 La scapulo-serrato-thoracique

    La scapulo-serrato-thoracique comprend deux sous articulations : la serrato-scapulaire et la

    serrato-thoracique. Le plan de glissement se fait par l’intermédiaire du muscle dentelé

    antérieur sur la cage thoracique. Il n’y a aucune stabilité passive de la scapula. Elle est

    maintenue activement par les muscles suivants : l’élévateur de la scapula, le trapèze, les

    rhomboïdes et le dentelé antérieur. La contraction synergique de ces muscles permet le

    plaquage de la scapula contre la cage thoracique. Il existe la notion de rythme scapulo-

    humérale, c'est-à-dire que lors d’un mouvement de 15° d’abduction dans le plan frontal, 10°

    sont attribués à la gléno-humérale contre 5° à la scapulo-serrato-thoracique (3). Les

    amplitudes divergent selon les auteurs. En général, nous retrouvons dans les 30/60 premiers

    degrés d’abduction, un mouvement qui se fait surtout dans la gléno-humérale pour après se

    poursuivre dans la scapulo-thoracique.

    La scapula a quatre grands rôles (5) :

    - La mobilité,

    - La stabilité et la coordination avec la tête humérale,

    - Le dégagement acromial permettant d’éviter la compression de la coiffe,

    - Un point d’ancrage de nombreux muscles.

    4 Les déficits de l’épaule et les mécanismes pathologiques

    Dans les sports de lancer, dont le handball, il est possible de retrouver différents déficits au

    niveau du complexe de l’épaule.

    4.1 Les conflits du complexe de l’épaule

    Il existe différents conflits : antéro-supérieur, antéro-interne et postéro-supérieur.

    Pour le conflit antéro-interne ou conflit sous-coracoïdien, le tendon du subscapulaire et la

    bourse sous-acromio-deltoïdienne viennent en contact avec le processus coracoïde. Chez le

    sportif, ce conflit est souvent dû à une instabilité antérieure (6).

    Le conflit antéro-supérieur ou conflit sous-acromial (6)(7) correspond au contact entre le

    tendon du supra-épineux, la bourse sous-acromial et la voûte sous-acromio-coracoïdienne.

    Chez le sportif, ce type de conflit est fréquemment dû à un décentrage de la tête humérale.

    Lors de l’élévation du membre supérieur, ce contact existe et est physiologique, mais à force

    du surmenage, il peut devenir pathologique.

    Enfin le conflit postéro-supérieur (6)(7) correspond au contact entre la partie postérieure du

    supra-épineux et la partie supérieure de l’infra-épineux avec le labrum postéro-supérieur et

    le rebord glénoïdien adjacent. Ce conflit est présent dans les sports de lancer mais surtout

    dans celui de l’armer du bras. C’est une atteinte favorisée par des microtraumatismes répétés.

    Ces conflits peuvent entraîner des tendinopathies comme celle du supra-épineux.

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

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    4.2 Les décentrages de la tête humérale

    Il existe différentes descriptions des décentrages en France

    selon Sohier, Thierry Marc... Ici, nous nous intéresserons à la

    description donnée par Thierry Marc dans le Concept Global

    de l’Epaule (CGE) : la kinésithérapeute est formée CGE (8). Il

    a mis en évidence deux types de décentrage de la tête

    humérale: le décentrage antéro-supérieur et le décentrage

    en spin de rotation médiale.

    Le décentrage antéro-supérieur (figure 2) correspond à une

    translation antéro-supérieure de la tête humérale sur la

    glène lors du mouvement de flexion. Cette translation

    entraîne une compression de la coiffe des rotateurs (supra-

    épineux) et de la bourse sous-acromiale.

    De plus, le spin en rotation médiale (figure 3) correspond à

    un décentrage de la tête humérale qui effectue une rotation,

    c'est-à-dire qu’il y a un mouvement de glissement sans

    roulement. Ce qui entraîne une limitation dans les

    mouvements de rotation mais aussi d’abduction.

    4.3 Le GIRD (Glenohumeral International Rotation Deficit)

    Le GIRD se rapporte à une diminution de l’amplitude passive en rotation interne du côté

    dominant par rapport au côté opposé (9). Il est dû à des phases traumatisantes du lancer : la

    phase d’armer et la phase de décélération. De fortes charges s’exercent sur les différents

    tissus composant l’articulation de la gléno-humérale qui vont devoir s’adapter en changeant

    fonctionnellement et structurellement (4)(10)(11)(12)(13)(14)(15). Certains auteurs parlent

    d’adaptation osseuse par une rétroversion de la tête humérale (16)(17)(18)(19), d’autres

    d’une laxité du ligament antéro-inferieur et de la capsule ce qui aurait pour conséquence un

    conflit postéro-supérieur.

    Cette rétroversion correspond à l’angle entre

    l’horizontale faite par les deux épicondyles et

    l’orientation de la tête humérale. La rétroversion de la

    tête humérale est une adaptation osseuse permettant

    de gagner en rotation externe (figure 4)(19) et de

    diminuer les contraintes sur la capsule antérieure lors

    des mouvements de rotation externe. Une

    rétroversion incomplète chez le jeune handballeur

    peut entraîner des compensations au niveau de

    l’épaule et donc une augmentation du risque de

    blessures (19). Elle entraîne aussi une diminution de la rotation interne.

    Figure 2 - Schématisation du décentrage antéro-supérieur lors du mouvement de flexion antérieure selon T. Marc

    Figure 3 – Schématisation du décentrage en SPIN de rotation médiale lors du mouvement d’abduction selon T. Marc

    Figure 4 - Rétroversion plus importante à gauche qu'à droite permettant une rotation externe de plus grande amplitude

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

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    Lors de la phase d’armer et de la phase d’accélération, l’épaule part en hyper-rotation externe.

    La capsule antérieure, durant ces deux phases, est mise en tension afin d’éviter toute

    translation antérieure de la tête humérale. Quant à la capsule postérieure, elle est sollicitée

    lors du mouvement de décélération du membre supérieur. Ce sont des affections micro-

    traumatiques pouvant entraîner une micro-instabilité postérieure amenant à un GIRD et ou à

    un ERG (« External Rotation Gain », gain en rotation externe du côté dominant par rapport au

    côté opposé).

    En effet, c’est ce que Burkhart et d’autres auteurs ont mis en

    évidence avec la rétraction postéro-inférieure de la capsule ainsi

    que la rétraction postérieure du ligament gléno-huméral inférieur

    (PIGHL)(4). Ces rétractions entraîneraient un déplacement du

    centre instantané de rotation de la tête humérale en postéro-

    supérieur ainsi que des conflits lors de mouvements combinés de

    rotation externe et d’abduction de l’épaule (Figure 5). Cette

    rétraction entraîne donc une diminution significative de la

    rotation interne.

    D’après plusieurs études, il existe des valeurs moyennes du GIRD qui sont différentes en

    fonction des athlètes sans symptômes : la valeur moyenne est entre 10/15°. Pour des athlètes

    avec symptômes, la valeur moyenne est entre 19/25°(12)(15)(10). En conclusion, les athlètes

    présentant un GIRD supérieur à 20° ont une forte probabilité de présenter des douleurs, des

    pathologies d’épaule dans la saison ou les saisons suivantes (4)(13). La condition de cette

    augmentation du GIRD doit se faire sans compensation, ou très peu, de l’ERG.

    De plus, il a été mis en évidence le TROM (Total Range Of Motion), toujours en comparaison

    entre les deux membres supérieurs. Il correspond à l’amplitude totale de la somme des

    rotations interne et externe de l’épaule. De multiples études ont permis de montrer que si un

    TROM du côté dominant a une différence d’amplitude de plus de 5° par rapport au côté

    opposé, l’athlète a une forte probabilité de développer des pathologies d’épaule. L’auteur

    Wilk a démontré que si le TROM est supérieur à 5° du côté lanceur, l’athlète a donc 2.5 fois

    plus de risques de se blesser (10)(12)(11)(15).

    Il est possible que la diminution de la rotation interne et l’augmentation de la rotation externe

    soient de même amplitude et que les TROM des deux membres supérieurs soient équivalents.

    Dans ce cas, nous pouvons supposer qu’il y a eu une adaptation physiologique afin

    d’augmenter la performance au lancer. Un ratio GIRD/ERG peut être utilisé, si il est supérieur

    à 1, le risque lésionnel est proportionnel à l’augmentation de ce rapport (14).

    4.4 Les déficits scapulaires

    Les SICK scapula syndrome est un terme créé par Bukhart, Morgan et Kibler (20)(14). Il existe

    alors quatre symptômes que nous pouvons retrouver dans l’épaule du lanceur. Le « S »

    Figure 5 - Déplacement du centre de rotation en postéro-supérieur

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    6

    correspond au « Scapular malposition on the rib cage »1, le « I » pour « Inferior medial border

    winging from weak middle and lower trapezius muscles »2, le « C » pour « Coracoid pain and

    malposition from the attachment of a tight pectoralis minor muscle pulling on the coracoid »3,

    et enfin le « K » pour « Scapular dyskinesis from alterations in muscles recuitment patterns »4.

    C’est une classification en trois types.

    La dyskinésie scapulaire est une malposition au repos et/ou lors du mouvement du bras, de la

    scapula sur le gril costal. Pour les décrire (5)(9), elles peuvent être associées à un conflit sous-

    acromial ou à une instabilité ou encore à un problème neurologique qui ne sera pas développé

    ici. Cette anomalie correspond à un déficit musculaire ou à un dysfonctionnement des

    stabilisateurs de l’omoplate.

    4.5 Le déséquilibre musculaire des rotateurs internes et externes de la gléno-humérale

    « Le déséquilibre musculaire agoniste/antagoniste serait “fonctionnellement” secondaire à

    une lésion organique initiale, et sa mise en évidence révèlerait un état de décompensation ;

    elle marquerait le signe d’une évolution péjorative et/ou longue »(21). Les tests isocinétiques

    permettent de mettre en évidence différents ratios (22)(23) :

    - Les ratios concentriques correspondent aux forces concentriques des rotateurs internes

    (RI) et externes (RE), que l’on nommera REc/RIc. REc/RIc ont pour valeurs normatives chez

    des sujets sains en bilatéral, non sportifs : 0,60 à 0,80 (24). Ces deux forces concentriques

    peuvent aussi être comparées en bilatéral car une différence de plus de 10% entre la force

    en RI droite par rapport à celle de gauche peut être un facteur de risque de pathologies

    (24).

    - Ensuite, il y a les ratios fonctionnels : lors de la phase d’armer, il y a une contraction

    concentrique des RE et excentrique des RI, ce qui nous donne un ratio RIex/REc. C’est un

    facteur de risque si ce dernier dépasse 1,61 (25). D’un côté, l’élévation de ce ratio

    permettrait un meilleur contrôle de la tête humérale lors de la phase d’armer mais, d’un

    autre côté, c’est un facteur prédictif de blessures. Le 2ème ratio se nomme le ratio mixte et

    apparaît lors du tir et de la décélération du membre supérieur : il y a une contraction

    excentrique des RE et concentrique des RI. Le ratio utilisé est REex/RIc et est souvent

    associé aux pathologies d’épaule s’il est inférieur à 0,67(25).

    En général, la force excentrique et concentrique des rotateurs externes est fortement

    diminuée dans les sports de lancer en comparaison aux rotateurs internes.

    1 soit la malposition de la scapula sur la cage thoracique 2 soit une proéminence de la pointe inférieure et un décollement du bord médial de la scapula 3 soit une douleur de la coracoïde due à une rétraction du petit pectoral qui a tendance à tracter la coracoïde 4 soit une dyskinésie des mouvements scapulaires

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

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    5 Analyse du geste au handball

    Au handball, il existe de nombreux tirs dont le tir en appui et le tir en suspension. Une analyse

    du geste est nécessaire, afin de mieux comprendre les pathologies retrouvées au handball.

    5.1 Le tir en appui

    D’après la thèse de L. Fradet (26), il y a quatre phases dans le tir. Nous n’allons en décrire que

    trois car la 1ère phase étant celle de la réception du ballon. La phase d’armer démarre au

    moment où la main du membre supérieur non-tireur quitte le ballon et se finit au moment où

    le membre supérieur commence à s’antérioriser, c'est-à-dire lorsque l’épaule va faire une

    translation antérieure. A ce moment, commence la phase d’accélération ou de tir pour se finir

    par le lâcher du ballon qui correspond au dernier contact des doigts avec le ballon. Nous

    arrivons alors à la phase de décélération (Annexe 1).

    Lors de la phase d’armer (stade I), il y a une augmentation de l’abduction dans le plan frontal

    du membre tireur ainsi qu’une abduction horizontale maximale à la fin de cette phase.

    Pendant toute cette phase, la gléno-humérale (GH) est en rotation externe. Au niveau de

    l’articulation du coude, la position de flexion/extension est spécifique à chaque joueur. Il y a

    peu de mouvements au niveau de la main, du poignet et de l’avant-bras. La

    pronation/supination de l’avant-bras est neutre.

    Lors de la phase de tir ou d’accélération (stade II), la GH part en adduction horizontale jusqu’à

    la fin de l’accélération. Au début de la phase, une extension se produit au niveau du coude.

    Au milieu de cette phase, la GH est en rotation externe maximale (stade 3 II). Cette rotation

    externe maximale est moins importante que dans les autres sports de lancer : elle ne dépasse

    pas les 43° dans cette étude. Cette rotation externe maximale est due au mouvement

    d’adduction horizontale associée à l’abduction dans le plan frontale. De plus, l’adduction

    horizontale de GH entraîne le coude vers l’avant ce qui engendre un retard de la main par

    rapport au coude. Ce retard amène vers la rotation externe de la GH et une flexion de coude

    (milieu de phase). Ensuite, la GH fait de la rotation interne pour atteindre, soit une position

    neutre au moment du lâcher de ballon, soit une légère rotation interne. Au moment du lâcher,

    le coude se trouve en extension (stade III). Cette extension est favorisée par l’abduction

    maximale de la GH. Tout au long de cette phase, le poignet part en flexion pour ensuite

    atteindre une inclinaison ulnaire au moment du lâcher. De plus, nous pouvons observer une

    supination très légère de l’avant-bras. Les doigts permettent la précision du geste.

    Pour terminer, la phase de décélération commence : elle correspond à un freinage de tout le

    membre supérieur après le lâcher du ballon. Après le lâcher, une pronation de l’avant-bras se

    fait afin de permettre une décélération du geste.

    L’efficacité du geste permettant d’avoir une vitesse maximale au lâcher est due à la durée plus

    importante de la phase d’armer par rapport à la phase de tir.

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    8

    5.2 La chaîne cinétique ou l’enchaînement segmentaire

    La notion de chaîne cinétique ou d’enchaînement segmentaire est importante dans les sports

    de lancer. Il y a eu plusieurs théories qui ont été synthétisées dans la thèse de L. Fradet (26):

    - Un enchaînement segmentaire dans l’ordre est possible grâce à l’activation des muscles

    proximaux forts vers les muscles plus faibles et distaux.

    - Il a été mis en évidence un enchaînement segmentaire possible par une succession de pics

    de vitesse : soit de vitesse angulaire ou de vitesse linéaire. En parallèle, afin d’atteindre

    une vitesse maximale de lancer, la sommation des vitesses segmentaires se réalise.

    En général, le lancer à bras cassé est possible

    grâce à une mobilisation qui part des jambes

    pour aller vers le tronc puis le bras puis l’avant-

    bras pour finir par la main. C’est une

    transmission d’énergie d’un segment à un

    autre. Il existe des contestations de cette

    chaîne cinétique et surtout au handball. Dans

    l’étude de Laetitia Fradet et d’autres études, le

    pic de vitesse linéaire du coude intervient

    avant celui de l’épaule (figure 6).

    5.3 Mise en place de l’analyse du geste sur le terrain

    Des vidéos ont été prises des tirs en appui et des tirs en suspension de deux des joueurs à la

    demande du coach. Ces vidéos sont analysées grâce à un logiciel gratuit qu’il est possible

    d’obtenir : Kinovea®. Il permet de visionner la vidéo image par image et donc permet une

    analyse plus approfondie des gestes du sportif. Les deux joueurs concernés sont le joueur B

    et le joueur D (Annexe 1). Le joueur B présente un problème global de relâchement de tout le

    membre supérieur. Lors de la phase d’armer, il n’existe pas ou très peu d’abduction

    horizontale. De plus, le fait de ne posséder aucun relâchement, entraîne une élévation du

    moignon de l’épaule et une abduction de la GH dans le plan frontal plus importante que la

    normale. Le joueur D, quant à lui, présente lors de la phase d’armer, une GH limitée en

    abduction dans le plan frontal. Ce qui l’empêche de contourner l’adversaire lors du tir.

    6 La prévention en Masso-Kinésithérapie

    La définition de la prévention selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) datant de 1948

    est la suivante : « La prévention est l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre

    et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps »(27). Elle a été aussi définie par la

    Banque de Données en Santé Publique (BDSP) qui correspond à des « Actions visant à réduire

    l'impact des déterminants des maladies ou des problèmes de santé, à éviter la survenue des

    Figure 6 - Pic des vitesses linéaires de l'épaule, du coude et du poignet lors du tir en appui

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    9

    maladies ou des problèmes de santé, à arrêter leur progression ou à limiter leurs

    conséquences. Les mesures préventives peuvent consister en une intervention médicale, un

    contrôle de l'environnement, des mesures législatives, financières ou comportementalistes,

    des pressions politiques ou de l'éducation pour la santé »(28). Ces deux organismes ont mis en

    évidence trois types de prévention :

    - La prévention primaire correspondant à l’ensemble des actions visant à diminuer

    l’incidence d’une maladie ou d’un problème de santé dans une population saine.

    - La prévention secondaire a pour but de s’opposer à l’évolution de la maladie ou encore

    faire disparaître les facteurs de risque.

    - La prévention tertiaire a pour but de diminuer les récidives ou les rechutes ou encore les

    complications d’une maladie dans une population.

    Dans cette étude la prévention des troubles musculo-squelettiques chez le sportif est notre

    principal objectif. Les troubles musculo-squelettiques sont : « Un ensemble d’affections des

    tissus mous péri articulaires (muscles, tendons, gaines synoviales, bourses séreuses, micro-

    vascularisation, nerfs) des membres et du tronc survenant chez des travailleurs »(29).

    Pour mettre en place un protocole de prévention, il faut d’abord analyser les facteurs de

    risque. Ils sont soit intrinsèques, soit extrinsèques, et certains peuvent être modifiables et

    d’autres non-modifiables (9)(Tableau 1). Dans ce travail, nous allons intervenir sur les facteurs

    intrinsèques modifiables.

    Tableau 1 - Classification des facteurs de risque intrinsèques et extrinsèques en modifiables et non-modifiables

    Facteurs de risque extrinsèques Facteurs de risque intrinsèques

    Non-modifiables - Sport pratiqué : handball - Heures de pratique : 12h/semaine - Niveau de jeu : pôle espoir - Saison sportive : plus fréquente en

    début de saison qu’en fin de saison - Poste du joueur

    - Présence de blessure antérieure - Sexe : masculin - Age : entre 15 et 17 ans : pic de

    croissance a tendance à favoriser l’apparition des blessures

    Modifiables - Non-respect du règlement lors des contacts

    - Temps de jeu - Surface de jeu - Equipement - Formation des coaches sportifs

    - Endurance cardio-respiratoire - Force musculaire : déséquilibre

    entre les rotateurs médiaux et latéraux de l’épaule

    - Souplesse : des rotateurs, de la capsule postérieure

    - Contrôle neuromusculaire - Modification des amplitudes

    articulaires passives en rotation médiale et en rotation latérale de la gléno-humérale

    7 Outils et méthodologie du bilan initial

    Les données qualitatives et quantitatives du bilan sont en annexe (Annexe 2, Tableau 2).

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    10

    7.1 Interrogatoire

    Quatre joueurs ont été sélectionnés : ils ne présentent aucune douleur actuelle. Le joueur A

    est le joueur de référence. Le joueur B a présenté un conflit antéro-supérieur en mai 2015. Le

    joueur C a ressenti des douleurs d’épaule lors du tir et avait un décollement bilatéral des

    scapulas. Le joueur D a eu une tendinopathie de la coiffe des rotateurs (les muscles touchés

    n’ont pas pu être précisés).

    7.2 Examen morphostatique

    L’examen du rachis dans sa totalité a pour objectif de vérifier que les courbures dans le plan

    sagittal et dans le plan frontal sont bien présentes. Une anomalie peut influencer le bilan du

    complexe de l’épaule. De plus, l’enroulement des épaules est évalué de manière qualitative

    en prenant la distance entre l’acromion et la table en comparaison des deux côtés (30).

    L’élévation ou l’abaissement du moignon de l’épaule est à noter. La position de la scapula est

    donnée avec un mètre-ruban mesurant la distance entre des points clés de la scapula et les

    épineuses des vertèbres (30).

    7.3 Examen articulaire

    Auparavant, les mobilités articulaires du rachis cervical, du coude et de la main en passif et en

    actif doivent être vérifiées afin d’exclure tout déficit des articulations sus et sous-jacentes à

    l’épaule car cela pourrait influencer nos bilans. De manière qualitative, les mobilités de la

    sterno-claviculaire, de l’acromio-claviculaire et de la scapulo-thoracique sont appréciées en

    comparatif au côté opposé.

    Ensuite, à l’aide d’un goniomètre en métal, la mobilité de la gléno-humérale pure est évaluée

    grâce au Concept Global de l’Epaule (CGE) de Thierry Marc (8). Si la tête humérale est

    décentrée, la mobilité de la gléno-humérale présentera des limitations. Il faut noter

    l’amplitude à partir de laquelle la scapula se mobilise.

    Le décentrage antéro-supérieur est testé en flexion (Figure 7). La rotation humérale doit être

    neutre. L’examinateur amène le bras en flexion. Il arrête la flexion lorsque la scapula se

    mobilise. L’angle thoraco-huméral doit se trouver entre 120°/140°(31). C’est un test que nous

    comparons au côté opposé. Une 2ème évaluation (Figure 8) se fait grâce à l’adduction

    horizontale. La manœuvre part d’une abduction de 90° du bras. Il faut stabiliser la scapula au

    niveau du bord axillaire et l’examinateur amène le bras en adduction horizontale. L’angle

    entre le plan frontal et l’humérus doit être d’environ 135°(31)(32).

    Figure 7 - Evaluation du décentrage antéro-supérieur 1

    Figure 8 - Evaluation du décentrage antéro-supérieur 2

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    11

    Le SPIN en rotation médiale (Figure 9) s’évalue lors d’une abduction

    du bras dans le plan frontal strict en rotation neutre de l’humérus.

    La scapula est immobilisée. L’angle thoraco-huméral doit se trouver

    entre 100° et 130°/140° pour les sujets hyperlaxes(31)(32). Une 2ème

    évaluation est possible : le C-Test (Figure 10). Le patient le réalise en

    actif. Il ressemble au test du Yocum. Il permet de détecter des

    déficits articulaires dont le spin en rotation médiale. Le patient a sa

    main posée sur l’articulation acromio-claviculaire en contact avec la

    2ème articulation métacarpo-phalangienne. Il doit élever le coude le

    plus haut possible sans décoller la main. L’angle thoraco-huméral

    doit être de 130°(31)(32).

    De plus, dans la gléno-humérale, l’évaluation bilatérale des

    rotations interne et externe en passif se fait dans la position R2

    afin d’être le plus proche de la position du tir au handball. Le

    patient est allongé en décubitus dorsal. La 1ère main du thérapeute

    se trouve sur le moignon de l’épaule afin de bloquer la

    compensation de la scapula lors de la mobilisation en rotation de

    la gléno-humérale. L’épaule est en abduction à 90°, coude fléchit

    à 90° et position de rotation neutre au départ (Figure 11).

    La mobilité en abduction horizontale est à apprécier en

    comparatif au côté opposé.

    Pour finir, il est important d’étudier le rythme scapulo-thoracique en demandant au patient

    de faire une élévation antérieure des membres supérieurs cinq fois (33). L’examinateur fait un

    examen bilatéral des scapulas afin de mettre en évidence, ou non, des dyskinésies de la

    scapula. Des vidéos nous ont permis d’analyser ces déficits.

    7.4 Examen musculaire

    Dans le concept global de l’épaule, trois tests musculaires sont utilisés. Lors de ces tests, un

    lâchage de la contraction musculaire est évocateur d’une rupture tendineuse. Par contre, si

    une douleur persiste, nous pouvons émettre l’hypothèse d’une tendinopathie. Le test de Jobe

    met en évidence une atteinte du supra-épineux. Le test de Patte signe une atteinte de l’infra-

    épineux et du petit rond. Enfin, le Press Belly test signe une atteinte du subscapulaire.

    En utilisant une analogie au Testing International, l’évaluation qualitative des muscles comme

    le dentelé antérieur dans le mouvement d’abduction de la scapula, les rhomboïdes/trapèze

    moyen dans le mouvement d’adduction de la scapula, les adducteurs horizontaux (grand

    pectoral et faisceau antérieur du deltoïde), les abducteurs horizontaux (faisceau postérieur du

    deltoïde) peut se faire. L’utilisation du break test est recommandée avec une comparaison

    bilatérale (Annexe 1, Figure 12-17).

    Figure 9 - Evaluation du décentrage en SPIN 1

    Figure 10 - Evaluation du décentrage en SPIN 2

    Figure 11 – Mesure des amplitudes passives en rotation de la gléno-humérale. Photo prise dans l’article « L’épaule du lanceur »

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    12

    Dans un premier temps, afin d’évaluer la force des rotateurs médiaux et latéraux, une

    demande d’isocinétisme a été faite au CHU de Poitiers. Mais cela a été impossible car les tests

    isocinétiques de l’épaule ne sont pas remboursés par la sécurité sociale. En conséquence, nous

    avons réalisé notre évaluation grâce à un peson utilisé comme un dynamomètre. Il a été

    demandé au patient une contraction isométrique maximale des rotateurs médiaux et des

    rotateurs latéraux. La position est une abduction d’épaule à 90° avec le coude fléchit à 90° en

    appui sur la table pour limiter la compensation du deltoïde (Figures 18 à 20). Il doit y avoir un

    maintien de cinq secondes dans la position de force maximale. Cela est répété 3 fois pour

    chaque rotation afin de faire une moyenne. Les deux membres supérieurs ont été évalués, et

    des ratios ont été mesurés.

    7.5 Examen fonctionnel de l’épaule

    Selon les recommandations de l’HAS (Haute Autorité de Santé)(34), le score fonctionnel de

    l’épaule est le score de Constant. C’est un score sur 100 points qui évalue la douleur, le niveau

    d’activités quotidiennes, le niveau de travail avec la main, la mobilité et la force musculaire.

    Nous avons utilisé un score de Constant modifié, c’est-à-dire un score utilisé habituellement

    à partir de 21 ans. Ici, nos sujets ont entre 15 et 17 ans, ils doivent donc être à 100% de leurs

    capacités fonctionnelles. En effet, les hommes se présentant dans la tranche d’âge 21/30 ans

    doivent avoir des scores de 97% pour le côté droit et de 99% pour le côté gauche.

    7.6 Résultats du bilan initial

    Les données du bilan sont cataloguées en annexe (Annexe 2, tableau 2). D’un point de vue

    morphostatique, ces quatre joueurs ne présentent pas de modifications du rachis dans sa

    globalité. Il existe cependant des malpositions de la scapula en comparaison bilatérale. Les

    joueurs A, C et D présentent un décollement du bord médial et/ou de l’angle inférieur de ou

    des scapula(s) alors que le joueur B n’a pas de décollement scapulaire au repos. De plus, il y a

    un enroulement ou une antéposition de l’épaule, plus important du côté dominant par rapport

    au côté opposé pour tous les joueurs.

    Les quatre joueurs présentent des dyskinésies scapulaires plus ou moins importantes. Par

    exemple, le joueur D a un rythme scapulo-thoracique asymétrique entre le côté droit et le

    côté gauche. Les mobilités actives et passives des cervicales, du coude, du poignet et de la

    main ne sont pas limitées. Les quatre joueurs présentent les deux types de décentrage selon

    CGE du côté dominant par rapport au côté opposé. Le bilan articulaire passif des rotations

    montre que seul le joueur B est dans les normes car le ratio GIRD/ERG est égal à 1, que le

    TROM est nul, soit inférieur à 5° et que le GIRD est bien inférieur à 20°. Alors que les joueurs

    Figure 20 – Outil de mesure : le peson Figure 18 – Position d’évaluation des RL dans le plan sagittal

    Figure 19 - Position d’évaluation des RL dans le plan frontal

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    13

    A, C et D présentent un ratio GIRD/ERG supérieur à 1, un TROM supérieur à 5°. Seuls les

    joueurs C et D ont un GIRD supérieur à 20°. Le joueur D est celui qui présente des valeurs

    nettement supérieures aux normes pour ces trois données.

    D’un point de vue musculaire, il n’y a aucun lâchage ou aucune présence de douleurs lors de

    la réalisation des tests utilisés en CGE et au testing pour la totalité des joueurs. Des ratios ont

    été réalisés entre la force des rotateurs externes et internes d’épaule du côté dominant et du

    côté non dominant. Pour voir une différence entre les deux côtés, nous avons rajouté un autre

    ratio comparatif droite/gauche: 10% < (

    𝑅𝐿

    𝑅𝑀𝑑𝑢 𝑐ô𝑡é 𝑑𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑛𝑡)

    (𝑅𝐿

    𝑅𝑀 𝑑𝑢 𝑐ô𝑡é 𝑛𝑜𝑛 𝑑𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑛𝑡)

    > 10%. Si le ratio est supérieur

    à 10%, nous pouvons évoquer le déséquilibre musculaire : c’est le cas pour les joueurs A et D.

    Il est à noter que le joueur D présente un ratio RL/RM du côté dominant à 0,51. Tous les

    joueurs sont à 100% au score fonctionnel Constant.

    7.7 Diagnostic kinésithérapique

    A partir d’un schéma, nous avons mis en lien les différents résultats retrouvés dans le bilan

    initial avec l’aide de la synthèse de littérature réalisée précédemment. La modification des

    amplitudes passives des rotations de gléno-humérale est le point de départ (Schéma 1). Le

    joueur D possède le plus grand nombre de déficits mesurables alors que le joueur B en

    possède peu. Les joueurs A et C se trouvent entre les joueurs B et D. Le joueur D présente un

    fort risque de récidive au niveau de l’épaule alors que le joueur B présente un faible risque.

    Les deux autres joueurs (A et C), ont des risques plus importants que le joueur B de développer

    des problématiques au niveau du complexe de l’épaule. Le joueur A n’ayant jamais eu de

    problèmes à ce niveau, a donc un facteur de risque intrinsèque de moins.

    Modification des

    amplitudes passives des

    rotations de la gléno-

    humérale (GIRD, ERG,

    TROM)

    Gestuelle du tir

    Joueurs B et D

    Décentrages de la

    tête humérale

    Tous les joueurs

    Répétition du

    mouvement de

    lancer

    Tous les joueurs

    Déséquilibre

    musculaire des

    rotateurs

    Joueurs A et D

    Rétraction

    de la capsule

    postéro-

    inférieur, du

    PIGHL.

    Rétroversion de

    la tête humérale

    Malposition de la scapula

    Tous les joueurs Déséquilibre

    musculaire des

    stabilisateurs de

    la scapula

    Tous les joueurs

    Dyskinésies scapulaires

    Tous les joueurs

    Adaptation

    structurelle Plus le nombre de déficits

    énoncés et mesurables ici

    est important, plus le joueur

    a une forte probabilité de

    développer des

    problématiques d’épaule

    plus ou moins douloureuse

    ATCD(s) épaule

    Joueurs B, C et D

    Schéma 1 : Diagnostic kinésithérapique des joueurs

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    14

    En tant que kinésithérapeute, il est intéressant d’intervenir sur des jeunes joueurs afin de

    prévenir l’apparition ou la récidive des pathologies concernant, ici, le complexe de l’épaule.

    Nous voulons donc voir les effets apportés par un protocole de prévention utilisé tous les

    jours, sur quatre mois pendant la saison, et sur des jeunes joueurs compétiteurs, sur le

    complexe global de l’épaule.

    La problématique en ressortant est : Quels sont les effets de la mise en place d’un protocole

    de rééducation à visée préventive du complexe global de l’épaule chez des jeunes

    handballeurs de pôle espoir ayant subi des lésions d’origine traumatique ou micro-

    traumatique ? La sous problématique pose la question suivante : Ce protocole a-t-il une

    action indirecte sur les amplitudes passives en rotation de la gléno-humérale ?

    8 Le protocole de prévention

    Le protocole de prévention prend en compte les différentes dysfonctions

    que nous avons retrouvées dans le Bilan Diagnostic Kinésithérapique. En

    effet, il a été décidé de mettre en place un protocole global du complexe

    de l’épaule et commun pour tous les joueurs. Le matériel à disposition est

    le suivant : des ballons de handball et chaque joueur possède au moins un

    élastique de ce type avec des résistances qui diffèrent (Figure 21). Le

    protocole a été mis en place le 23 septembre 2015 suite à une

    présentation générale.

    8.1 Les objectifs

    Notre intervention a surtout des objectifs à long terme dont un principal : prévenir la récidive

    ou l’apparition des pathologies d’épaule en intervenant sur de la prévention primaire et

    secondaire. Des sous objectifs nous permettront de réaliser cette prévention :

    - Récupérer ou maintenir une mobilité en rotation interne de la gléno-humérale (étirer les

    structures postérieures, apprendre le recentrage actif de la tête humérale)

    - Diminuer voire supprimer les dyskinésies scapulaires (renforcer les muscles permettant la

    fixation de la scapula, obtenir un équilibre de ces muscles par co-contraction)

    - Diminuer le déséquilibre musculaire entre les rotateurs externes et internes de la gléno-

    humérale (renforcer les rotateurs latéraux sur un mode excentrique)

    - Récupérer une harmonisation morphologique comparable en bilatéral

    - Améliorer la proprioception

    - Éduquer les joueurs sur les modalités d’exécution des exercices demandés

    8.2 L’échauffement

    Avant de commencer le protocole, il est nécessaire de faire un échauffement. Tout d’abord,

    un échauffement cardio-vasculaire est à faire de 10 minutes, soit de type course, soit sur un

    cycloergomètre. Ensuite, l’échauffement est articulaire et musculaire avec des mouvements

    Figure 21 – Elastique avec différentes résistances

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    15

    cervicaux dans tous les plans de l’espace, des mouvements d’épaule de type circumduction,

    pivot d’épaule (les handballeurs ont déjà leur propre échauffement de pivot d’épaule). Ils

    réalisent ensuite l’échauffement suivant : resserrer les scapulas en bombant le torse.

    8.3 Travail musculaire des fixateurs de la scapula

    D’après l’algorithme décisionnel retrouvé dans deux articles (35)(36), nous pouvons intervenir

    soit sur une hypo-extensibilité tissulaire (musculaire, capsulaire), que nous verrons plus tard

    (cf la partie sur les étirements, partie 8.8), soit sur une faiblesse musculaire afin de permettre

    une stabilisation et un contrôle optimal de la scapula sur le gril costal. Pour cela il faut

    renforcer les muscles péri-articulaires de la scapula (6) : plus particulièrement le dentelé

    antérieur et le trapèze moyen et inférieur (20)(35)(36).

    Dans les différents exercices, il est important de surveiller la non-sollicitation du trapèze

    supérieur qui est un muscle déjà hyperactif au quotidien (9)(35). Chaque exercice est constitué

    de 3 séries de 15 répétitions avec un temps de repos de 60 secondes entre chaque série (37).

    La progression sera d’augmenter le nombre de répétitions par série.

    8.3.1 Renforcement musculaire du dentelé antérieur

    Pour renforcer le dentelé antérieur, plusieurs exercices ont été mis en place. Le premier

    exercice se réalise en position debout, par exemple contre un poteau de but d’un terrain de

    handball et en chaîne cinétique ouverte (CCO). Ce travail est nommé soit « Punch »(20)(38)

    ou « Serratus Punch »(35) ou encore « Dynamic Hug ». Ici, la résistance présente est celle de

    l’élastique se trouvant à hauteur d’épaule. La pesanteur est annulée. La consigne est

    « d’amener ou pousser le membre supérieur avec le coude en extension vers l’avant » (Figure

    22). Il peut se réaliser en décubitus dorsal, toujours en CCO mais en bilatéral et avec l’action

    de la pesanteur. La consigne est « d’amener le membre supérieur avec le coude en extension

    vers le plafond » (Figure 23). Le renforcement de ce muscle, en position debout, est à surveiller

    car il peut y avoir une compensation avec une élévation du moignon de l’épaule et donc un

    travail du trapèze supérieur. Ce qui n’est pas le cas en décubitus dorsal, car le joueur est

    totalement relâché à ce niveau.

    Le dentelé antérieur se renforce aussi en chaîne cinétique fermée (CCF)(6)(35), en bilatéral,

    soit contre un mur ou en position de demi-pompes au sol (Figure 24 et 25). La consigne est de

    « pousser contre le mur ou le sol avec les coudes en extension afin de voir apparaître le dos

    Position de départ Position d’arrivée Figure 22 Travail du dentelé antérieur en CCO en unilatéral

    Position de départ Position d’arrivée Figure 23 Travail du dentelé antérieur en CCO en

    bilatéral

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    16

    rond puis freiner le retour ». Au départ, c’est une contraction concentrique du dentelé

    antérieur puis une contraction excentrique « freinatrice » à la fin.

    8.3.2 Renforcement musculaire du trapèze moyen et des rhomboïdes

    Pour travailler ces muscles, nous avons décidé d’utiliser le mouvement d’adduction de le

    scapula sur le gril costal (9)(20)(35)(36). Ces exercices se font en CCO. Tout d’abord, le premier

    exercice se réalise en procubitus, avec seulement la pesanteur en résistance. La consigne est

    de « resserrer les « omoplates » en décollant les mains du sol » (Figure 26). Le dos et la tête

    ne doivent pas décoller du sol dans cet exercice. Le deuxième travail nécessite l’utilisation de

    l’élastique attaché à un poteau à hauteur des coudes. La consigne est de « bomber le torse et

    de resserrer les « omoplates » » (Figure 27). Ici, il ne doit pas y avoir de compensation du

    trapèze supérieur qui se remarque par une élévation des moignons de l’épaule. De plus, il ne

    faut pas que ce soit une extension des épaules simple car sinon les fixateurs ne seront pas du

    tout sollicités.

    8.4 Travail musculaire des rotateurs latéraux d’épaule

    Les rotateurs externes sont plus faibles que les rotateurs internes. Il faut se rapporter au ratio

    mixte REexc/RIcon, évoqué lors du bilan, qui est souvent minime (9)(36). Cela correspond à la

    phase de tir et de décélération lors du lancer : il y a le travail excentrique des rotateurs latéraux

    et concentrique des rotateurs internes. La contraction excentrique a pour but de protéger le

    complexe de l’épaule (9). Nous retrouvons cet exercice dans la littérature (13)(25)(38). Ici, les

    3 contractions sont associées : concentrique, isométrique et excentrique. La consigne est

    Position de départ Position d’arrivée Figure 24 Travail du dentelé antérieur en CCF en

    bilatéral contre un mur

    Position de départ Position d’arrivée Figure 25 Travail du dentelé antérieur en CCF en bilatéral et

    en position de demi-pompes

    Position de départ Position d’arrivée Figure 26 Travail du trapèze moyen et rhomboïdes en CCO

    Position de départ Position d’arrivée Figure 27 Travail du trapèze moyen et rhomboïdes en CCO avec élastique

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    17

    « d’écarter les avant-bras du corps tout en gardant les coudes le long du corps, maintenir la

    contraction puis freiner le retour à la position initiale » (Figure 28). Les joueurs réalisent 3

    séries de 15 répétitions avec 60s de repos entre chaque série. En progression, ils vont

    augmenter le nombre de répétitions.

    8.5 Exercice de recentrage actif de la tête humérale

    D’après Thierry Marc, la correction du décentrage antéro-supérieur de la tête humérale se

    pratique manuellement avec une poussée orientée vers l’arrière, le bas et le dehors réalisée

    par le thérapeute lui-même. Nous avons mis en place ce recentrage de manière active avec

    les mêmes composantes de correction mais avec la main comme point fixe. Le joueur se place

    face à un poteau et place sa main du membre supérieur à travailler, au niveau de l’oreille

    opposée, accrochée à un poteau. La consigne est de « tirer le membre supérieur vers le bas,

    l’arrière et le dehors » (Figure 29). Cet exercice se réalise en 2 séries de 10 répétitions.

    8.6 Exercices de proprioception du complexe global de l’épaule

    La proprioception correspond à une partie de la sensibilité profonde. Elle va permettre à

    l’individu de connaître la position de son membre à un instant donné (statesthésie) et le

    mouvement de ce dernier (kinesthésie), par l’intermédiaire de récepteurs. Peu de preuves

    existent à ce jour pour montrer l’efficacité du travail de la proprioception sur la prévention

    des troubles musculo-squelettiques chez le sportif (9). Mais la proprioception est travaillée

    dans toute rééducation suite à une pathologie d’épaule (20)(38).

    Ici, la stimulation des récepteurs sensitifs est réalisée par l’intermédiaire de déséquilibres

    intrinsèques lors du mouvement. Le joueur est face à un mur, ballon à la main plaqué contre

    Position de départ Position d’arrivée Figure 28 Travail des rotateurs externes d'épaule

    Figure 29 Technique de recentrage actif de la tête humérale

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    18

    un mur. Il doit mettre une partie du poids du corps sur le ballon par l’intermédiaire de son

    membre supérieur (coude en extension). Il exerce des mouvements circulaires ou en « huit »

    avec le ballon (Figure 30). En 2ème exercice, le joueur est en position de demi-pompe et doit

    faire « rouler » le ballon vers l’avant avec les deux membres supérieurs (Figure 31).

    Il peut maintenir la position avec un membre supérieur en appui (Figure 32) ou même se

    mettre sur le côté, avec le membre supérieur positionné dans le plan de l’omoplate (Figure

    33). Dans ce travail de proprioception, il y a d’un côté un travail de la coiffe des rotateurs

    permettant la stabilité de la gléno-humérale par co-contraction et d’un autre côté un travail

    des fixateurs de la scapula par co-contraction aussi.

    8.7 Renforcement et étirement des chaînes musculaires

    Les résultats morphostatiques peuvent être expliqués par des rétractions musculaires faisant

    intervenir les rotateurs internes de la gléno-humérale (grand pectoral, subscapulaire) et les

    abaisseurs de l’épaule. Le petit pectoral a aussi un rôle sur cet abaissement en entraînant un

    tilt antérieur de la scapula. De plus, d’après l’analyse du geste, l’enchaînement segmentaire

    montre un lien croissant entre le tronc, l’épaule, le coude, le poignet et la main.

    Nous nous sommes servis de deux concepts : les diagonales de Kabat (35)(38)(39) et les

    chaînes musculaires de Léopold Busquet (40).

    Pour les diagonales de Kabat, la diagonale d’abaissement interne du membre supérieur est

    celle la plus sollicitée lors du tir au handball. Le renforcement de la diagonale d’élévation

    externe est réalisé avec un départ en flexion du poignet, pronation de l’avant-bras, extension

    du coude, rotation médiale, extension et adduction de l’épaule pour arriver en extension du

    poignet, supination de l’avant-bras, extension du coude, rotation latérale, flexion et abduction

    d’épaule. Cette diagonale fait référence à la position d’armer. La main intervient peu dans

    notre exercice car elle reste fermée pour maintenir la résistance de l’élastique.

    Figure 30 Proprioception 1 Position de départ Position d’arrivée Figure 31 Proprioception 2, position demi-pompe en bilatéral

    Figure 32 Proprioception 3, position de demi-pompe en unilatéral

    Figure 33 Proprioception 4, position latérale

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    19

    Pour les chaînes musculaires de Busquet, il est intéressant de se référer aux chaînes croisées

    antérieure et postérieure du tronc. Elles sont en lien avec le membre supérieur. En effet, lors

    du tir au handball, c’est la chaîne croisée antérieure (CCA) gauche pour un droitier qui est sur-

    sollicitée. Pour un joueur droitier, il faut renforcer la chaîne croisée postérieure (CCP) gauche

    et étirer la CCA gauche (Annexe 3, tableau 3).

    Les deux exercices de renforcement et d’étirement de chaînes musculaires, qui rassemblent

    ces deux concepts, sont donc faits pour maintenir un équilibre entre les chaînes musculaires

    et obtenir une attitude morphostatique identique au côté non dominant (Figure 34 et 35). Le

    travail de renforcement avec l’élastique se fait sur 3 séries de 15 répétitions avec 60 secondes

    de repos entre chaque série. L’étirement de la CCA se fait sur 3 étirements de 30 secondes.

    8.8 Les étirements

    De nombreuses études ont été rédigées sur l’efficacité des étirements sans résultats

    concluants. Dernièrement, McHugh (41) suggère que les étirements pourraient diminuer le

    risque de lésions musculaires, mais cela nécessite des études supplémentaires.

    Ici le but des étirements est de cibler sur les muscles hyper-sollicités (grand pectoral, petit

    pectoral, subscapulaire, triceps brachial, grand dorsal) afin de prévenir les rétractions

    musculaires, de garder une souplesse musculaire et de corriger la position morphostatique de

    l’épaule. Pour chaque étirement, nous avons décidé de les réaliser 3 fois sur 30 secondes : ils

    sont de courte durée et d’intensité modérée (9). Le premier intervient sur la composante

    rotatoire du grand pectoral et du subscapulaire (Figure 36). Le deuxième a une action sur la

    composante rotatoire mais aussi sur l’abduction/adduction d’épaule comme sur les

    mouvements de tilt de la scapula. Il vise le grand pectoral et le petit pectoral sur le geste

    d’armer du membre supérieur (Figure 37) (35)(38). Le troisième étirement a une action sur le

    grand dorsal et le triceps (Figure 38).

    Position de départ Position d’arrivée Figure 34 Renforcement de la CCP droite pour un gaucher

    Position de départ Position d’arrivée Figure 35 Etirement de la CCA gauche pour un droitier

    Figure 36 Etirement n°1 Figure 37 Etirement n°2 n°2

    Figure 38 Etirement n°3

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    20

    De plus, l’étirement de la capsule postéro-inférieure ainsi que la partie

    postérieure du ligament gléno-huméral inférieur va permettre de réduire ou

    prévenir la rétraction de ceux-ci et donc de gagner en rotation interne de la

    gléno-humérale (diminution du GIRD). Il va aussi permettre de diminuer le TROM

    (

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    21

    pour le joueur A. Les quatre joueurs ont toujours une malposition de la scapula. Mais pour les

    joueurs C et D, il existe un décollement des angles inférieurs des scapulas et non plus des

    bords médiaux.

    9.1.2 Analyse de l’évolution des décentrages de la tête humérale

    D’un point de vue articulaire, nous constatons une nette amélioration dans l’évaluation des

    décentrages de la tête humérale, ainsi que dans le gain en rotation interne et la diminution de

    la rotation externe que nous aborderons à la fin de cette interprétation des résultats.

    Pour commencer, il faut aborder l’évolution des décentrages qui est interprétée sous forme

    de graphique. Le décentrage antéro-supérieur (Figure 40), évalué dans le mouvement de

    flexion, n’est plus présent des deux côtés pour tous les joueurs. De plus, une égalité de

    l’amplitude en flexion apparaît entre les membres dominant et non dominant. Avant, les deux

    membres supérieurs présentaient ce décentrage en flexion, avec un écart important en

    comparaison bilatérale, sauf pour le joueur D qui ne présentait pas ce décentrage en flexion

    du côté non dominant. Par contre, ce décentrage antéro-supérieur lors de la réalisation de

    l'adduction horizontale (Cross Arm Test) est toujours présent pour tous les joueurs même si

    une augmentation de l’amplitude est mise en évidence par rapport à l’évaluation initiale.

    Pour le décentrage en spin (Figure 41), l’évaluation en abduction frontale était dans les

    normes pour tous les joueurs sauf pour le membre dominant du joueur D. Maintenant,

    l'abduction frontale est augmentée pour tous et ne met pas en évidence ce décentrage. Pour

    le C Test, tous les joueurs étaient en dessous de la valeur physiologique et donc présentaient

    un décentrage en spin selon ce test. Maintenant, les joueurs A, B, C sont soit, au-dessus de la

    valeur seuil, soit en dessous avec un maximum de 2 degrés. Sachant que dans les mesures, il

    y a une marge d'erreur de 5° à 10°(44), il peut être déduit que ces joueurs ne présentent plus

    de décentrage en SPIN. Pour le joueur D ce test est toujours bien en dessous de la valeur seuil.

    Il présente donc toujours un décentrage en SPIN.

    Figure 40 Graphique présentant l'évolution du décentrage antéro-supérieur

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    22

    9.1.3 Analyse de l’évolution musculaire

    Au niveau musculaire, les dyskinésies scapulaires sont toujours présentes chez les joueurs B,

    C et D. D’après les observations, ces dyskinésies scapulaires ont peu évolué pendant ces 4

    mois.

    Tout d’abord, à l’aide de graphiques, la diminution du déséquilibre musculaire entre les

    rotateurs internes et externes des épaules dominantes et non dominantes est mise en

    évidence. Les ratios RL/RM calculés dans les bilans, ont évolué sur les 4 mois de protocole axé

    sur le renforcement des rotateurs externes de l’épaule (Figure 42). L’utilisation des graphiques

    de type « Boxplot » ou « boîte à moustache » est adéquate. Ils mettent en avant les quartiles

    (ce sont les largeurs de la boîte qui mettent en évidence la dispersion des valeurs de 25% de

    part et d’autre de la médiane), la médiane (milieu de la série), et les valeurs minimales et

    maximales (ce sont les valeurs les plus étendues). Cette disposition du graphique permet de

    classer les différentes valeurs, retrouvées lors des bilans, en boîte avec des extrémités

    déterminées, afin de voir l’évolution de ces valeurs.

    Pour le membre dominant de

    chacun des joueurs, la boîte a

    diminué en largeur et se

    rapproche du chiffre 1, étant le

    ratio correspondant à l’équilibre

    musculaire. Cela explique une

    amélioration du déséquilibre

    musculaire initialement présent

    du côté dominant et un

    rapprochement des valeurs se

    situant entre 0,86 et 0,96. Du côté

    non dominant, l’amélioration est moins significative, car ce côté est déjà moins sollicité lors

    des tirs au handball. Mais une amélioration de ce ratio existe quand même. Les ratios finaux

    Figure 41 Graphique présentant l'évolution du décentrage en SPIN

    Figure 42 Graphique représentant l'évolution des ratios RL/RM

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    23

    des deux côtés se rapprochent de l’équilibre voir sont équilibrés (si le ratio est supérieur à

    0,9).

    Le graphique suivant montre la progression du déséquilibre musculaire entre les rotateurs

    externes, initialement plus faibles, et les rotateurs internes, initialement plus forts, du côté

    dominant de chaque joueur (Figure 43). Ce déséquilibre, retrouvé au bilan initial, est

    représenté par une différence dans l’alignement des boîtes. La boîte des rotateurs médiaux

    est au-dessus de la boîte des rotateurs latéraux. Les résultats du bilan final permettent de

    montrer une diminution de ce déséquilibre avec un réalignement des deux boîtes, même si la

    force des rotateurs internes a tendance à toujours être au-dessus de celle des rotateurs

    externes.

    Du côté non-dominant, le déséquilibre existait au bilan initial mais de manière moins

    importante (Figure 44). Les résultats montrent là aussi un alignement des deux boîtes et donc

    une diminution de ce déséquilibre musculaire.

    Figure 44 Graphique présentant l'évolution du déséquilibre musculaire des rotateurs du côté non-dominant

    Figure 43 Graphique présentant l'évolution du déséquilibre musculaire des rotateurs du côté dominant

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    24

    9.1.4 Analyse des amplitudes passives en rotation de gléno-humérale

    Enfin, nous voulions voir si le protocole de prévention pouvait influencer les amplitudes

    passives des rotations de la gléno-humérale en intervenant indirectement sur cette mobilité,

    c’est-à-dire en travaillant sur les autres déficits retrouvés lors du bilan initial. Le but fixé était

    d’obtenir un gain en rotation interne et une diminution en rotation externe. Grâce à

    l’utilisation des graphiques de type « Boxplot », l’augmentation de la rotation interne et la

    diminution de la rotation externe du côté dominant sont significatives. Cette amélioration

    existe aussi du côté non-dominant mais avec une moindre modification des amplitudes

    (Figures 45 et 46).

    L’évolution de certains facteurs prédictifs de blessures tels que le GIRD et le TROM, permet

    de conclure sur le fait que les joueurs A, B et C n’ont pas, ou plus, de probabilité de se blesser

    au niveau de l’épaule (Figure 47). En effet le GIRD, pour tous, est inférieur à 20° et la différence

    du TROM droite/gauche est inférieure à 5°. A noter que seuls les joueurs B et C présentent un

    ratio GIRD/ERG inférieur ou égal à 1,00. Quant au joueur D, il ne présente plus un GIRD

    supérieur à 20°. Sa différence de TROM a diminué de 8° mais est toujours supérieure à 5°. Le

    ratio GIRD/ERG a diminué mais reste au-dessus de 1,00.

    Figure 45 Graphique présentant l'évolution de l'amplitude passive en rotation interne

    Figure 46 Graphique présentant l'évolution de l'amplitude passive en rotation externe

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    25

    9.1.5 Résumé de l’analyse

    Ce protocole de rééducation à visée préventive a permis de modifier certains des facteurs

    prédictifs de blessures de l’épaule en les diminuant voire en les supprimant. Aucune blessure

    de ce complexe n’est apparue durant ces 4 mois de protocole dans l’équipe. Au niveau

    morphostatique et au niveau des dyskinésies scapulaires, les résultats sont moindres par

    rapport à nos attentes. Sur tous les autres critères, il y a eu une diminution des décentrages

    de la tête humérale permettant un gain de mobilité dans la gléno-humérale et une diminution

    des déséquilibres musculaires entre les rotateurs de l’épaule. Pour finir, la modification des

    amplitudes passives en rotation de la gléno-humérale a été possible en intervenant

    indirectement sur ces amplitudes mais en prenant en charge l’ensemble du complexe de

    l’épaule.

    Se pose alors la question suivante : pourquoi les dyskinésies scapulaires ont peu évolué après

    4 mois de protocole ? En effet, par rapport aux résultats attendus, les dyskinésies scapulaires

    ont évolué lentement. Au niveau qualitatif, l’évolution est moindre : la malposition des

    scapulas est toujours présente, le décollement du bord médial et/ou de l’angle inférieur est

    modifié au repos mais très peu lors du mouvement…

    10 Discussion

    10.1 Les notions d’adhésion et d’observance

    Dans la littérature (45), ces notions d’adhésion et d’observance sont utilisées pour les

    maladies chroniques qui nécessitent un traitement à long terme. Ces termes peuvent être

    utilisés ici, car le protocole de prévention a été mis en place sur du long terme. L’observance

    se réfère au comportement des joueurs à réaliser le protocole tous les jours, tout en réalisant

    l’ensemble des exercices. Il a été évalué par un recueil de données auprès des joueurs qui ont

    affirmé la réalisation de ce protocole et par une non-apparition de symptômes douloureux du

    complexe de l’épaule. Quant à l’adhésion, elle correspond à la motivation, la volonté de

    Figure 47 Graphique présentant l'évolution du GIRD et de la différence du TROM

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    26

    réaliser ces exercices. Ce qui était le cas ici. Les exercices ont été réalisés de manière

    correcte et régulière. La kinésithérapeute vérifiait tous les mercredis la réalisation du

    protocole. Ces deux critères, pouvant être à l’origine du peu d’évolution des dyskinésies

    scapulaires, sont donc écartés.

    10.2 La notion de spécificité du protocole

    Ce protocole, à visée préventive, était commun pour les joueurs. En effet, il n’était pas

    spécifique pour chaque joueur, ce qui pourrait expliquer le peu d’amélioration des dyskinésies

    scapulaires et de la posture. Il peut correspondre à l’ensemble des personnes pratiquant un

    sport de lancer et ici, plus spécifiquement, le handball car dans la globalité, les joueurs

    présentaient les mêmes déficits lors du bilan initial. Ces déficits se retrouvent aussi dans la

    littérature. Pour avoir un impact plus important, il faut s’orienter vers le bilan initial. Une

    trame initiale d’examen a été suivie pour tous les joueurs. Les déficits retrouvés chez la

    majorité des joueurs ont été rassemblés afin de mettre en place ce protocole commun. Une

    analyse spécifique d’un déficit, ici les dyskinésies scapulaires, aurait pu être réalisée afin de

    personnaliser l’intervention pour chaque joueur. Pour l’examen des dyskinésies scapulaires,

    l’élévation antérieure des membres supérieurs sans résistance a été utilisée afin de mettre en

    évidence un décollement du bord médial et/ou de l’angle inférieur des scapulas. Le rythme

    scapulo-huméral a pu être analysé. Mais l’évaluation s’est arrêtée là.

    Pour orienter la rééducation, de nombreux tests existent pour évaluer les dyskinésies

    scapulaires. Le point de départ est l’algorithme décisionnel suivant (Figure 48)(46)(47).

    Il peut y avoir un défaut de souplesse des muscles scapulaires (petit pectoral, élévateur de la

    scapula, rhomboïdes, trapèze supérieur) et des muscles et/ou structures de la gléno-humérale

    (capsule postérieure, grand dorsal, infra-épineux). Ils vont limiter les mouvements de la

    scapula. Le 2ème critère est un défaut de performance musculaire. Il est dû soit à une altération

    Figure 48 Algorithme décisionnel des dyskinésies scapulaires

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    27

    du contrôle moteur des muscles de la scapula et/ou une perte de force des stabilisateurs de

    la scapula (faisceaux moyen et inférieur du trapèze, dentelé antérieur).

    Dans la littérature, il a été mis en évidence une hyperactivité et une activité précoce du

    trapèze supérieur, une perte de force et une hypoactivité ou un retard d’activation du dentelé

    antérieur, des trapèzes moyen et inférieur (46)(47)(48)(49)(33)(50). Cela entraîne :

    - Une diminution de l’espace sous-acromial (des conflits sous-acromiaux, des décentrages

    de la tête humérale),

    - Un défaut de mobilité de la scapula lors de l’élévation des membres supérieurs dans les

    trois dimensions avec une diminution ou une augmentation de la sonnette latérale, une

    augmentation de la rotation interne de la scapula et une diminution du tilt postérieur (47).

    Le schéma suivant rappelle les différents mouvements de la scapula dans les trois dimensions

    (Figure 49).

    Différentes interprétations sont données pour les défauts de mobilité de la scapula :

    - Il peut y avoir une augmentation de la rotation externe de la scapula et une diminution de

    la sonnette latérale et du tilt postérieur (48),

    - Ou encore une diminution de la sonnette latérale, une augmentation du tilt antérieur et

    un décollement du bord médial et de l’angle inférieur de la scapula (49).

    L’article suivant met en évidence différentes atteintes et ses conséquences au niveau de la

    mobilité de la scapula (50) :

    - S’il y a une diminution de l’espace sous-acromial, nous verrons une diminution du tilt

    postérieur et de la sonnette latérale. La rotation interne de la scapula est moins précise,

    mais une augmentation de cette dernière entraîne une meilleure rotation externe de la

    gléno-humérale et donc un fort risque de développer un conflit postéro-supérieur.

    Figure 49 Représentation de la mobilité de la scapula dans les trois plans de l'espace. En partant de gauche à droite : les sonnettes, les rotations et les tilts.

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    28

    - S’il y a une rétraction capsulaire postérieure, un mécanisme compensatoire se met en

    place. En effet, nous verrons une augmentation de la sonnette latérale afin de gagner en

    mobilité dans le gléno-humérale. Ces patients avec un GIRD, ont une scapula qui a

    tendance à partir en tilt antérieur afin de gagner en rotation interne en fin d’amplitude.

    - Pour une insuffisance du dentelé antérieur et une hyperactivité du trapèze supérieur, il y

    aura une diminution de la sonnette latérale, du tilt postérieur et une élévation de la

    scapula.

    - La fatigue musculaire des rotateurs externes de la gléno-humérale aurait un impact sur

    l’activité musculaire des muscles de la scapulo-thoracique.

    - Pour une rétraction du petit pectoral, il y a une diminution du tilt postérieur, de la sonnette

    latérale et une augmentation de la rotation interne de la scapula.

    Certains auteurs ont écrit que les dyskinésies scapulaires peuvent être la cause ou le résultat

    de blessures à l’épaule, c’est-à-dire qu’elles peuvent augmenter les symptômes à l’épaule, ou

    au contraire influencer les résultats du traitement (47). Ici, si l’origine des différents déficits

    était les dyskinésies scapulaires, le diagnostic aurait une nouvelle orientation avec comme

    point central les dyskinésies scapulaires. L’évaluation initiale aurait donc été plus spécifique

    et axée sur ces dyskinésies. Cette dernière permet de déterminer un lien entre les symptômes,

    l’altération du mouvement et identifie le facteur de cause du mouvement dysfonctionnel. Elle

    se réalise dans les trois dimensions de la scapula. Les outils à disposition pour l’évaluation des

    dyskinésies sont :

    - L’examen statique permet d’indiquer la position des scapulas au repos. Pour mettre en

    évidence la rétraction du petit pectoral, nous avons utilisé la distance acromion/table. Il

    aurait été intéressant d’utiliser la distance entre l’origine et l’insertion du petit pectoral,

    soit la distance du processus coracoïde à la 4ème côte (36)(33)(51). Ensuite, il existe le

    « Lateral Scapular Slide Test » qui est une mesure statique dans trois positions d’abduction

    de la gléno-humérale (0°, 45° et 90°)(47)(33). La mesure correspond à la distance entre

    l’angle inférieur de la scapula et son processus épineux adjacent. Une différence de plus

    de 1,5 cm, en comparaison bilatérale, est le signe d’une épaule dysfonctionnelle. Deux sur

    trois de ces tests permettent de déterminer la position de la scapula au repos (51).

    - L’évaluation observationnelle de la dynamique des deux scapulas est possible

    (47)(33)(50)(52) avec le « Scapular Dyskinesis Test » où le patient réalise soit une flexion

    ou une abduction bilatérale des deux membres supérieurs avec un poids dans les mains. Il

    existe une classification en 4 types de dyskinésie. Le « Yes/no test » permet juste de dire

    s’il y a la présence de dyskinésies scapulaires, ou non. Le thérapeute va noter la présence

    d’un décollement des scapulas, mais va aussi analyser leurs mouvements dans les trois

    plans.

  • IFM3R – IFMK 2015/2016 TEFE Lucie BEAUFRETON

    29

    - Les effets de la correction manuelle sur les différents symptômes (douleur et défaut de

    mobilité) (47)(33)(50) avec le « Scapular Assistance Test » qui apporte une assistance en

    sonnette latérale durant l’élévation du membre supérieur. Le « Scapular Reposition Test »

    amène un maintien du bord médial de la scapula tout en réalisant un tilt postérieur

    pendant l’élévation active du membre supérieur. Ces tests n’auraient pas pu être utilisés

    dans cette étude car les résultats se mettent en évidence sur la diminution de la douleur

    et sur un gain en mobilité lors de l’assistance au niveau de la scapula. En effet, les joueurs

    ne présentaient ni douleurs ni restriction de mobilité de l’épaule en général.

    Ces éléments permettent donc d’orienter le traitement qui serait devenu spécifique pour

    chacun des joueurs. Différents auteurs ont mis en évidence que la rééducation des dyskinésies

    scapulaires est basée sur l’évaluation clinique afin de poser des objectifs appropriés au patient

    (46)(47)(50). En effet, l’origine des dyskinésies peut être multifactorielle et spécifique à

    chaque patient (Cf l’algorithme).

    Pour diminuer les dyskinésies scapulaires, il est important d’associer les exercices sollicitant

    le complexe global de l’épaule avec les exercices musculaires de la scapula. Le 1er article a

    prouvé que la réalisation d’exercices de stabilisation de la scapula associée aux étirements et

    au renforcement musculaire de l’épaule chez des patients présentant des conflits sous-

    acromiaux évolue plus positivement que la réalisation des exercices de l’épaule seule (53). En

    effet, il y a une amélioration de la proprioception de l’épaule, de la force des stabilisateurs de

    la scapula et une diminution des dyskinésies scapulaires. Le 2ème article présentait deux

    groupes (49): un 1er groupe réalisant du renforcement musculaire excentrique de la coiffe des

    rotateurs associé à des frictions et des ultrasons, un 2ème groupe réalisant que des exercices

    dynamiq