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CHEZEMMA,VOUSAIMEREZAUSSI…
Leuramoursera-t-ilvraimentaussidestructeurqueKatel’imagine…oularédemptionest-elleauboutduchemin?
Lejour–ouplutôtlanuit–oùChrisrencontreKate,çanesepassepasvraimentdanslesrèglesdel’art.Lui abeaucoup tropbu et s’est trompéde tente, et elle, furieuse, lemenace carrément.Chrisn’estpourtantpasvraiment legenredemecàquioncherchedes emmerdes.D’ailleurs, lui et sonmodedeviedebadboy représentent tout cequeKate tented’éviter : lesproblèmes, elleenadéjàassezaveclamortdesamèreetlaresponsabilitédesapetitesœursurlesbras.Maisc’estcomptersansl’étrangeattirancequ’ilsontimmédiatementl’unpourl’autre,presqueàleurcorpsdéfendant…
Jesaisque je l’aime.Parceque leregarderme faitmal,cequimerendparadoxalementvivante.Commedes débris de verres qui s’enfonceraient dansma chair,mes organes…monâme. Je l’aimeparceque,quandilmetouche,j’ailecorpsquiexploseenunmillierdeparticules.Parceque,lorsqueje l’écoute parler, j’oublie de penser. Parce que, quand il est près de moi, j’ai le sentiment quepersonnenepeutm’atteindre.Parcequ’il suffitquenoussoyonsdans lamêmepiècepourquemonuniversserésumeàlui.Jel’aimeet j’étouffe.J’étouffed’êtreaussi impuissanteàchassercequi lehanteencetinstant.
Leslecteursadorent:«J’airencontrél’undesplusbeauxcouplesderomancedemesderniersmois.»3moopydelfyde
NewKidsontheGeek«Unemagnifiquehistoired’amourentreunbadboyperdudans sanoirceuretune jeune femme
battantequines’enlaissepascompter.»UnlivreàNice«Unénièmebouquinsurlesbadboy…etbienNON,c’estundesmeilleurssinonlemeilleurque
j’ailu.»B.Vero
Thiaestlegenredefemmesàsavoircequ’elleveut.Maislorsquelapassions’enmêle,commentchoisirentrelesdeuxhommespourquisoncœurbalance…?
LorsqueThia se rend avec sesmeilleures amies àLondres afin d’assister à un fan event autourd’unfilmàsuccès,elleestloind’imaginerqu’ellevaavoirlachanceincroyabled’approcheretderencontrer lesacteurs…etnotamment lebeauetmystérieuxMaden,pourquiellea toujourseuunénormecrush.À sa propre surprise, elle va se retrouver néanmoins à flirter avec le séduisant Jackson, dont
l’accessibilitéetlecharmefacilesontloindelalaisserindifférente.Entrelapassionombrageuseetlongtempsfantasmée,etlecoupdecœursansnuageauquelellenes’attendaitpas,lechoixs’annoncedifficile…—Onnesereverraplus,aprèstout…,murmurai-jesanspouvoirm’enempêcher.Doncçanecomptepas,non?pensai-jeavecl’impressiond’êtreassoifféeetpourtantàcôtédela
sourcedontj’avaisbesoin.—Dis-moiquelquechoseenfrançais,demanda-t-il.
Mespaupièresfrémirent.Sentirseslèvrescaresserlesmiennesàchaqueparoleétaittropbon.—Embrasse-moi,futlaseulechosequimevintàl’espritenfrançais.Ilsouritet,alorsquejel’attiraipourréduireànéantl’ultimedistancequinousséparaitencore,il
affermitsonétreinte.Enfin,jel’embrassai.Jegoûtaiseslèvres,salangue,avecferveur.Jenesaispasquiserapprochadel’autre,maissoncorpsépousabientôtlemien,m’isolantdurestedumondeetduventquibalayaitleparc.Dumêmeauteur:CampingDating
Uneanciennepassion,desrancunes,desregretsetdeuxcaractèresexplosifs:uncocktaildangereuxsouslesoleilcatalan!
Jennifer est fièrede laviequ’ellemèneàMontréal :unecarrière stimulanteetunpetit amiauxpetits soins, elle n’a besoin de rien d’autre. Surtout pas que son mari vienne tout chambouler !PourtantBrunoestbienlà,chezelle,huitansaprèsleurséparation,etilexigequ’ellel’accompagneenEspagnepourdivorcerdanslesplusbrefsdélais.Hors de question pour Jennifer de mettre sa vie entre parenthèses pour se lancer dans un tel
voyage!Maisc’estsanscomptersurladéterminationdeBruno…Malgrétoutesaforcedecaractère,Jennifersevoitcontraintederetournersurleslieuxdecequ’elleatantvouluoublier:leurpassé.Deux tempéraments de feu en confrontation constante pourraient bien réveiller la flammed’une
passiondévorante…—Ilditêtretonmari.Jenniferpouffederire,avantdeluitournerledospoursecalerconfortablementdanslelit:—Arrêtedediren’importequoi.Chasse-leàcoupsdepiedauxfessesetreviensaulit.Quelculot
dedérangerlesgensàneufheuresdumatinpendantleurjourdecongé!Avant même que Maxime ne s’exécute, un bruit de pas dans le couloir qui mène à la chambre
résonnelourdement.Alertéeparlebruit,Jennyseredresse,maisàpeinea-t-elleletempsderemonterledrapsurellequel’intrusapparaîtdansl’embrasuredelaporte.Illadétailled’unregarddur,avantd’afficherunsourireforcé:—Bonjour,chérie,tutesouviensdemoi?Dumêmeauteur,chezEmma:UncadeauducielAprèsl’orage
Chapitrepremier
LINDA
—Allez,Linda,profiteunpeuaulieudetirerlatronche.—Dequoiveux-tuquejeprofite?—Demoi,ditJoshenhaussantplusieursfoislessourcils.Josh,c’estmoncollèguedepuisdeuxans,d’ailleursc’estleseulquejesupporte.J’aiquittél’armée
danslebutdem’occuperdemamère.Jesuissouventendéplacement,maismesmissionssontmoinslongues que lorsque je travaillais pour l’État. Ce qui permet de passer plus de temps avec elle.Aujourd’hui, je suis agent de protection rapproché, du moins officiellement. Nos rôles peuventchangerunefoisarrivésurleterrain.Notreagencedesécuritéademultiplesfacettes,larecherchedepersonnes disparues, la protection de personnes importantes, mais aussi la mise en sécurité deconvoisdansdespaysétrangers,del’espionnageindustrielougouvernemental.Onvienttoutjustederentrerd’unedenosmissionsàLondres,etJoshm’aentraînéedansunbar
oùtouteslesfemmesseretournentsursonpassage,devraispiranhas.Etvulesregardsqu’ellesmelancent, elles ne feraient qu’une bouchée demoi.Heureusement que j’aime ce bar, l’ambiance estintimisteetilyaunepetitepistededanseunpeuplusloin.Jen’yvaisquequandjesuispompette,etjeleseraisûrementcesoir.—Jecroisque tuasunharem, là-bas,quinedemandepasmieux.Moi, jevaisprofiterdemon
mojitoenattendant.Etpeut-êtrequejeseraisassezsaoulepournepasenvoyerpaîtretousceuxquiveulentmeparler.—Tuesdésespérante,mabelle.—Tues…—Unchaudlapin,jesais,jesais!UnevraiepileDuracell,riennepeutm’arrêter!—Maiscen’estpasdutoutcequejevoulaisdire,répliqué-jealorsqu’ils’esclaffe.Jelèvelesyeuxauplafond.—Allez,file,Sophiavaarriver.Àpeineai-jeprononcéceprénomqu’ilstoppenet.Àmontourd’éclaterderire.—Jelesavais,dis-jeenlepointantdudoigt.Tul’aimesbien!—Jenevoispasdequoituparles.Excuse-moi,maismonharemcriemonnom.Jeleregardes’éloigner,unsourireidiotcollésurmeslèvres.Jesecouelatête,Joshnesesentpas
prêt à semettre en couple et il sait que Sophia fait partie de ces femmes que l’on épouse.À tropattendre,ilvafinirparlouperlecoche.
—Bonsoir.—Pasassezsaoule,grogné-jesansmêmemeretourner.—Pardon.Jesensdeseffluvesd’alcoolarriverjusqu’àmonnez.MonDieu,prenezunepastilleàlamenthe
avantd’aborderdesfemmes.—Désolée,jesuisprise.—Jesuissûrquesitumeregardais,tuchangeraisd’avis.Dépitée, jeme retourne pour l’envoyer voir si lesmelons ne sont pas plusmûrs ailleurs. Je le
détailleduregard,eteffectivement,jechanged’avis.J’aicarrémentenviedefuir,maintenant.Ilfallaitqueçatombesurmoi!Lescheveuxgras,brun,lachemisehawaïenne,unparfaittourdetaille…nonje rigole et pour couronner le tout : la marque encore bien visible d’une bague de mariage àl’annulaire,toutjusteretirée.—Monmojitoetmoi-mêmeavonsunrendez-vousgalant,alorssivouspouviezdragueruneautre
personne,ceseraitfortgentildevotrepart.Jen’aijamaisétéaussisympa,Joshseraitfierdemoi.—Mais…—Oh,tulaissesmafemmetranquille,s’insurgeunevoixderrièrenous.Unénormesourireéclairemonvisage.Jemeretournepourfairefaceàmasauveuse,Sophia.Une
petiteblonde,avecunvisageangéliqueetdesyeuxvertsenvoûtants.Sij’étaislesbienne,jetenteraisvolontiersmachanceavecelle.L’intrusnousregardeàtourderôle,lesyeuxremplisdelubricité.—Mêmepasenrêve,assèneSophiaquiaanticipésaquestion.L’hommes’envaengrognant,cequipermetàSophiaetmoi-mêmedenoussauterdanslesbras.—Putain,tum’asmanqué,medit-elle.J’enpouvaisplus,d’attendretonretour!—Ha,maisjenesuispartiequedeuxmois.Pourtant,ellem’amanquéaussi.Ons’estrencontréesdanscemêmebar,ellevenaitderenverser
sonverresurmonpantalon.Lafaçondontelles’estfondueenexcuseétaittellementhilarantequejeluiaioffertunverre.Avantque jeparte,ellevoulaitabsolumentque j’accepteuneviréeshopping,poursefairepardonner.Sophiapeutêtredugenretenacequandellelesouhaite,alorsjeluiaidonnémon numéro dans l’unique but de me débarrasser d’elle. On voit comment deux ans après, ça amarché.—Net’inquiètepas,j’aicontinuéàfairelafêtesanstoi.—Çanem’étonnepas,mapoule.EllecommandeuneTequilaSunriseetseretourneversmoi.—Alors,dis-moi,quoidebeaudanstavie?luidemandé-je.—Absolument rien,monboulotde caissièrem’énerveplusqu’autre choseetneparlonspasde
Raphaël,éternellementàfonddanssesjeuxvidéo.—Jenecomprendstoujourspaspourquoituasemménagéaveclui.Vouspassezlaplupartdevotre
tempslibreloinl’undel’autre.Ellehausselesépaules,résignée.—Audébutc’étaitparfait,etpuisletempsafaitquel’onapluslesmêmesenvies.Brefassezparlé
demoi,ettoi?—Boulot,boulot,etmamère.—Commentva-t-elle?—Beaucoupmieux,dis-jeunsourireauxlèvres.Penseràellememetdubaumeaucœur.Mamèreestlecentredemonexistence,cellepourquije
feraisn’importequoi.Pourquijenecesseraijamaisdemebattre.—Çamefaitplaisird’entendreça.D’ailleurs,ilfautabsolumentquejepassecheztoipourprendre
desesnouvelles.—Pourprendredesesnouvelles,hein.Cen’estpasplutôtpourrencontrerl’infirmierquis’occupe
d’elle?—Maispourquimeprends-tu?Pourlesdeux,bienévidemment.Allez,onrecommandeetpuison
vadanser.Commeprévu,jemeretrouvepompettesurlapistededanseavecSophia.Ons’amusecommedes
folles.Trèsvite,Joshnousrejoint.Ensandwichentrenousdeux,ildoitêtrel’hommeleplusheureuxdumonde.Jefinisparm’éloignerpourleslaisserseuls,jesuissûrqu’ilsneserendrontmêmepascomptedemonabsence.Auboutd’uneheure,ilesttempsderentrerpourmoi,sijeveuxavoirunetêteprésentabledemain
matinauboulot.MaisJoshetSophian’ontpasl’airprêtsàpartir,alorsjeleurdisquejem’envais.Jejetteunderniercoupd’œilamusédans leurdirection,unjour ilsfinirontbienparreconnaître leurattirancel’unenversl’autre.Lelendemain—Tuasvraimentbesoindetireruncoup,mabelle,ditunevoixsuave.Jesursaute.—Non,maiscen’estpasvrai.Josh,tum’asfaitpeur!—Tudevraisteregarderdansuneglaceavantdemedireça,réplique-t-ilavecungrandsourire.Jen’aipasvraimentletempsdemereluquerdanslemiroir.Jesuisplutôtbienfoutue–selonles
diresdeJosh–lescheveuxchâtainsetavecdegrandsyeuxverts.Mais,jesaisquecematinj’aiunetêtededéterrée,lafauteàl’alcool.Plusjamaisjenetoucheraiunegoutted’alcool.Etmonculc’estdupouletfrit,susurremaconscience.—Linda!Dansmonbureautoutdesuite,lanceToddavantdeclaquersaporte.—Hum,jen’aimeraispasêtreàtaplace.Tuasfaituneconnerie?medemandeJosh.Jeluifaisnondelatêtetoutenpartantversl’enfer.Toddc’estnotrepatron,unvraiconc’estlecas
deledire.Onestuneéquipedehuitagents–tousdeshommessaufmoietévidemmentjesuislaseulequ’il appelle par sonprénom.Si seulement je pouvais lui faire ravaler son sourire de connard. Jesecoue la tête pour retirer toutes pensées négatives demon esprit et plaque un sourire forcémaisconvaincantsurmonvisage.—Oui,M.Peters?Rienqu’àlevoir,moncerveaucommencedéjààétablirunelisted’injures,toutesplusfleuriesles
unesquelesautres.Danssoncostumetaillésurmesure,ilal’aird’unhommeàquil’ondonneraitleBonDieusansconfession.Quelleerreur !C’estunprédateur.Sonvisageparfaitmetenémoiplusd’unefemme,maissesyeuxmarronreflètentlapromessedespiressévices.Jenel’aipasremarquétoutdesuite,maiscebeaubrunatoutdupsychopathe.—J’aiunemissionpourvous.DépartdemainpourParis,cen’estquepourdelareconnaissanceet
del’identification,maisilsepeutqueçabougeunpeuplus…Lui etmoi savons parfaitement ce qu’il veut dire par : un peu plus.On reste peut-être bien une
minutesansriensedire,àseregardercommedeuxpitbullsprêtsàsejeterdessus.Jeluidiraisbienoùilpeutsemettresamission,sachantquejeviensàpeinederentrer,maisj’aibesoindeceboulot.Puisilmedit,toutsimplement:— Je n’attends pas de vous l’excellence comme les autres. Juste que vous ne posiez pas de
questionsetquevousexécutiezlesordres.
Intérieurement,jefulmine.Non,maisçaveutdirequoiça,«commelesautres»?Quelabruti!— Je ferais aussi bien que les autres, voire mieux. Je vais me préparer, j’attends que vous
m’envoyiezledossieretlescoordonnéesparmail,jepartiraitrèstôtdemain,dis-jesuruntonfroid.—Bien.Jetournelestalonsetl’insultedetouslesnoms,unefoislaporteferméeetunedistanceminimum
desécurité.Joshesttoujoursinstalléàmonbureauquandj’yreviens.—Non,maistun’asriend’autreàfaire?—Si,maisjenerateraispourrienaumondetondébriefing.—Argh,jeletueraisbiendemespropresmainscelui-là,tusais.Bref,j’aiunemissiondemainsur
Paris,donctuvasdevoirtrouverquelqu’und’autrepourt’accompagnerprendreuncafélematin.—Oh,dit-ilendétournantleregard.—Commentçaoh?Qu’est-cequetumecaches,Josh?—Riendutout,c’estque…c’estquecettemissionj’enaientenduparler.—Et?—Et…écoute,faisjustecequ’ontedemandeetrentreviteàlamaison,OK?—C’esttoutcequetucomptesmedire?Tutefousmoi?—Absolument pas Linda, je ne la sens pas cette affaire,mais tu verras par toi-même. Si ça se
trouve,jemefaisjustedesfilms.—Mouais…—Allez,jefile,j’aiduboulot.Onsevoitàtonretour,hein?Etfaisattentionàtoi,mabelle.Jen’aipasletempsderépondrequ’ilestdéjàparti.Ilestbizarredepuisquelquetemps,ilfautque
jelecuisine,ilyaquelquechosequicloche.Joshestplutôtjoyeuxettaquind’habitudeetlàc’étaitvraimentsuspect.Lebruitd’arrivéed’unnouveaumailmeramèneàlaréalité.
Chapitre2
LINDA
Quelquesheuresplustard
—Maman?—Jesuisdanslesalon,mapuce.J’enlèvemaveste,posemonsacetmescléssur lacommode.Jevaisrejoindrecellepourqui je
donneraismavie.Marie.C’estunpetitboutdefemme,avecunecoupecourtebruneetdegrandsyeuxnoisetteremplisd’amour.Jelaretrouvesurlecanapéentraindelire.—BonjourMaman,dis-jeenl’enlaçant.—Commenttuvas,machérie?—Ceseraitplutôtàmoideteposercettequestion.—Jevaisbienmapuce,çanesevoitpas?répondmamèreenselevant.J’ai un pincement au cœur en voyant son bras droit paralysé, constant rappel que j’ai failli la
perdre.—Biensûrquesimaman,maistusaisquejemeferaistoujoursdusoucipourtoi.—C’estbiençaleproblèmemapuce,tutefaistropdesoucipourmoi,j’ail’impressionquel’ona
inversélesrôles.Jesecouela têteetparsdans lacuisinepourmefaireunthé,évidemmentmamèremesuit.Elle
peutêtretêtuequandelles’ymet,jenemedemandeplusdequijetienscetraitdecaractère.—Écoutemaman,onnevapasavoircetteconversationunenouvellefois.Jeprendssoinde toi
commejedoislefaire,c’esttout.—Oui,maistumetstavieentreparenthèsespourmoi.Jenet’aijamaisdemandétoutça.Elledésignetoutcequil’entoure.Onaemménagéensembledansunepetitemaison,ilyapeude
temps.C’estunemaisonàdeuxétages,avecunepiscineetun immense jardin.Elleadore jardiner,ellepeutparlerfleursetplantationsdetoutessortespendantdesheures.J’aitoutdesuitepenséquemamèreenseraitfolleetcefutlecas.Maisdepuis,ellenecessedemerépéterquec’esttrop.D’aprèselle,jenesorspasassezetneprofitepasdelavie.—Jesais,maisjenechangeraispasd’avislà-dessus.Jeprendsmatassedethéetvaism’asseoirsurlecanapé.—Maman, je pars pour quelques jours et je ne sais pas encore quand je reviendrai. J’ai déjà
prévenul’infirmierquipasseratouslesmatins,ainsiquel’auxiliaire.
—J’espèrequeceseratoujourslemêmeinfirmer,ilesttrèsmignon.—Maman!m’exclamé-jehorrifiée.—Benquoi?Laviecontinuemachérie,medit-elleavecungrandsourire.—Certes…Pourenrevenirausujetdedépart,j’essaieraidet’appelertouslessoirset–jelèvela
mainquandjevoisqu’ellevam’interrompre–paslapeinedenégocier!Jefinisparungrandsourire.—Vuquejen’aipaslechoix,ruminemamère.—Non!Jeparsdemainmatindebonneheure.Pizzacesoir,çateva?Onpasselasoiréesurlecanapéavecnospartsdepizza.MamèreveutabsolumentregarderMagic
Mike, jenepeux rien lui refuser.Unevraie torturepourmoide l’entendrecommenter lemoindremorceaudechairdeceshommesbienfoutus.D’accord,jel’avoue,j’aiaussipasmalbavé,maisçarestemapetitemamanetilyadeschosesquemoncerveaun’aimeraitpassavoir.Elles’endortsurmonépauleavantlafindufilm,jeremonteleplaidpourlacouvrir.Jelaregardeuninstant,attendrieetreconnaissantedel’avoirtoujoursauprèsdemoi.Jesavourecesmomentsmère-fille.DepuissonAVC,ellevitchaquemomentcommesic’était le
dernier.Quitteàmetraumatiserdetempsentemps.Lefaitquejem’enailleneladérangepasdutout.Elle est habituée, elle m’oblige même à la laisser seule de temps en temps. Il y a beaucoup depersonnesquipassentlavoiretelleprofitedeladeuxièmechancequiluiaétédonnée.Lelendemainmatin,jefaistouteslesrecommandationspossiblesàl’infirmier,Jackson,mêmes’il
n’aaucunementbesoin.Bienévidemment,c’esttoujourslemêmeetjen’enchangeraispourrienaumonde.Etsij’encroislesouriredemamèrequiluimontejusqu’auxoreilles,Jacksonestdansdebeauxdraps.Jecomprendssonattirancepourlui,ilestsublime.C’estunhommeàlapeaumate,desyeuxbleuclairetunsourireàtomber.Commentnepassuccomber?Maiscequilerendsiunique,c’est sa gentillesse, son humour et sa fiabilité. Depuis que je le connais, je ne vois aucune autrepersonnecapabledes’occuperdemamèrecommejelesouhaite.Jeredonnelesmêmesconsignesàl’auxiliaire,Henry,unhommequemamèreappréciebeaucoup
poursacompagnie.Ilsontl’habitudeavecmoi,àchaquedépartdemission,c’estlemêmeritueletlamêmebouleauventrequejeressens.Underniercâlinàmamèreetmevoilàpartie.Je suis au volant de ma voiture, direction Paris. Ville que j’aimemoyennement, il y a trop de
monde.Jepréfèremonpetitcoinpaumé,oùtoutlemondeseconnaîtetoùjen’aipasàmeméfierdetous.Enfinpaspourlesmêmesraisonsqu’aujourd’hui,entoutcas.Jen’aipasletempsd’admirerlepaysage,jem’inquiètebeaucouptroppourmamère.Jenedevraispas,jesaisqu’ellevamieux,maisl’angoisseesttoujourslà.Tapiedansl’ombre.Depuisquel’onm’aappeléepourmeprévenirqu’elleétait à l’hôpital, j’ai toujours cette peur de revivre ce moment où je la découvre sur son litcomplètementimmobile.Jemesenstoujourscoupabledenepasavoirvulessignesavant-coureursdesamaladiedeHorton1,denepasavoirétéprésentepourévitertoutça.Etpuis ilyaaussi lesdernièresparolesdeJoshquimeperturbent, j’espèrequecettemissionse
passeracommeprévu…
1LamaladiedeHorton(parfoisappeléeartéritetemporaleouartéritecrânienne)désigneunemaladieinflammatoirequisecaractérisepar l’inflammation des vaisseaux sanguins, en particulier les artères situées au niveau des tempes (artères temporales). Complicationspossibles:AVC,Cécité.(NdA)
Chapitre3
LINDA
J’arriveàmonhôtelsurlescoupsdemidi.Jevoisquemonpatronafaitleradinsurlesfraisdelogement.Jenesuispasunefillequiaimeleluxe,maisquandmêmeleminimumsyndical,mince!Del’extérieur,onpeutsedire:«Oh!c’estmignontoutplein».Maisunefoisqu’onarrivedanslehall, on commence à faire le signe de croix, puis vient le drame : la chambre.Le lit, si l’on peutappeler ainsi ce truc informe, est recouvert d’une housse douteuse et d’une couverture, à tous lescoups,pleinedemites.Lepapierpeintestuneœuvred’art.Surunfondjaunepoussin,onyretrouvedes brebis, des oiseauxnon identifiés, des tulipes, des jonquilles.Bref unehorreur sans nom.Unesimpletabledechevetavecunelampeetvoilàmonchez-moijusqu’àlafindelamission.Lepied.Çapourraitêtrepire,jepourraisêtreàlarue.Relativiser.J’ail’impressiondenefairequeçaavecTodd.Heureusement que j’ai toujoursmon sac de couchage avecmoi, ça fera l’affaire. Et la salle de
bainsal’airunpeumieuxentretenue,ilyaunlavaboetdestoilettes.Jemerepassementalementtouslesdétailsdelamission.Toddestdugenreparanoalorsilneveut
pasqu’onimprimenosordres.Commejenel’écoutepasetquecertaineschosesm’échappentchaquefois,jeprendsmontéléphonesécuriséetfaisletourdudossierquej’aienregistré.Jedois surveiller une entreprisede sécurité.GlobalDeltaSecurity.C’est la seulepartie que j’ai
trouvéebizarre,onnefaitjamaisdansl’espionnagedenosconcurrents,maisilssontapparemmentsoupçonnés de fournir des armes dans des pays en guerre. Aux deux camps opposés. Desmercenaires.Jesuisdoncchargéedesurveilleruneagencedesplusréputées,touteseule.Oùjen’aique des noms, ou plutôt des pseudonymes comme identité des propriétaires et aucune photo. Çacraint.C’estpeut-êtreçaquiangoissaitJosh,jel’appelleraicesoirpouravoirplusdedétails.Je ne commence que demain, alors je me change et me prépare pour faire un footing. Ça me
permettrademieuxconnaître lequartier et jepourrai faireenplusunpetit repérageducôtéde lasociété.Unefoisprête,jeprendsmoniPodetparspouruneheurededétente.Ouipourmoilefootingc’est de la détente, çam’aide à évacuer toutes les tensions.Etma frustration de ne pas avoirmonpatronenfacedemoipourl’étrangler.Jesuistellementdansmespenséesquejeneregardenioùjevaisniquelcheminj’emprunte.Etme
voilàperdue,uncomblepourquelqu’uncenséavoirlesensdel’orientation.Danscesmoments-là,jedisvivelatechnologie.Jesorsmontéléphone,etregardeenl’airàlarecherched’uneplaquederueàrentrersurmonGPS.Lavoilà et…aïe. Jeviensdemecogner contre… jene saismêmepas. Jeme frotte le front et
relèvelatête.C’estuntorse,trèsalléchantd’ailleurs.Àtraverslet-shirtnoirmoulant,j’arriveàvoirdesabdosdessinésàlaperfection.Nitropnipasassez.J’entendsunraclementdegorge,jerelèvelatêted’uncoup.Oh.Mon.Dieu.Cethommeestlaperfectionincarnée.Ilalapeaumate,unBrésilienpeut-être?Petitebarbedetrois
joursbienentretenue,desyeuxd’unnoisetteintenseetdeslèvresparfaites.N’allezpascroirequeçam’arrive souvent de baver devant les adeptes de la salle demusculation.Mais là, c’est difficile defaireautrement.Unautreraclementdegorge,décidémentj’aidumalàmeconcentrer.Jefaisunpasenarrièreetm’excusecommejepeux,c’est-à-direlamentablement.—Jesuis…désolée.Jenevousavaispasvu.Biensûrquejenevousavaispasvu,sinonjenevous
seraispasrentréededans.Jeregardaismontéléphone,enfinmonGPSetvotretorseestarrivé…Jemerendscomptedemalogorrhéeetdusourireencoinqu’affichecethomme.Zut!—Vousêtesperdue?—Euh…oui.Jecherchaislenomdelarue,pourlarentrerdansmonGPS.TuradotesLinda.—Vousavezbesoind’aide?—Nonçavaaller.J’arriveraiàmedébrouillertouteseule.—Bien,auplaisirdevousrevoir.Etils’enva,danslesensopposéqu’ilprenait.Bizarre.Maisjenem’attardepassurcefait,plutôt
sursapairedefesses.Jesoupire.Vraimentdommage,jen’aipasletempspourça.Jefaisdemi-touretrentreàl’hôtel.Ilest15heuresquandj’arrive.Jemelavetantbienquemaletm’habille.Cethommemystérieux
m’atellementperturbéequej’enaioubliédefaireuntourducôtédel’entreprise.Jesecouelatête,çanemeressemblepasdutout.Jepesteintérieurement,etm’assoisparterrepourregarderlatélé.Je décide d’attendre 18 heures, avant d’aller faire du repérage et de chercher de quoi manger.
J’appellemamèrepourprendredesesnouvelles.Elleestraviedesoninfirmier–tum’étonnes–etlui en fait voir de toutes les couleurs. Le pauvre. Elle va bien, c’est l’essentiel. Si un infirmieragréableàregarderpeutfairepétillersespetitsyeuxnoisette,ehbientantmieux.Jepréfèrelavoircommeça.Enfin, l’heuredepartir arrive, cette fois-ci, jemets leGPS.Àbonnedistancede l’entreprise, je
détaille les lieux, jenem’attendaispasvraimentàça.Dansunepetite tourentièrementvitrée,avecporte-tambour,setrouvelesiègedeGDS.Ildoityavoirplusieursentreprisesquiysiègent.Delàoùjesuis,jepeuxvoirqu’ilyadestourniquetsàl’intérieuretaussiquelquesagentsdesécurité.Çanevapasm’aider à être discrète, tout ça.C’est une ruequandmêmebien animée, il y a un café, desmagasinsdeprêt-à-porteretdesrestaurants.MerciTodddel’avoirprécisédansledossier.Non,vraimentmerci!Jereparsavantdemefairerepérer.Monventresemetàgargouiller,signequ’ilestl’heured’aller
manger.J’appelle plusieurs fois Josh, pendant que je cherche de quoime nourrir,mais rien n’y fait, je
basculesursamessagerieàchaquefois.Demainestledébutdecettemission,quinevapassepassercommeprévu,jelesens.
Chapitre4
LINDA
Quatreheuresdumatin
Je n’ai pas beaucoup dormi. Je ne suis pas du tout motivée, mais je n’ai pas le choix. Il fautabsolument que jeme rende sur placepour surveiller les allées et venues, afinde savoir quand jepeux placermon système d’écoute. Jeme prépare en vitesse, tout en bâillant àm’en décrocher lamâchoire.Engénéral,j’aimemonboulot,maisjenesuispasdumatin.Unparadoxe,medirez-vous.Mavieenestremplie.La première étape aujourd’hui, c’est d’aller installer tout mon matériel de surveillance dans
l’appartementinoccupéenfacedel’entreprise.Ilaétérepéréparmonpatron,j’espèrequ’iln’estpasdans lemêmeétatque l’hôtel. Jedois tout faireenun seulvoyage, sans faire tropdebruit et sansparaîtreentraindecommettreuncambriolage.Etseule.Çavaêtreunjeud’enfant.Jeprendsmonsaccontenanttoutesmesaffaires,chargemavoitureetparsàl’aventure.Unefois
arrivéeàl’adresse,j’arriveàtoutfaire,ensueur,maisensilence.Enfin,autantquepossiblequoi.Jeredescendsgarerlavoitureplusloin.Sixheuresdumatin,mevoilàparée.Monappareilphotosuruntrépied, je suisprête àprendre enphoto les entrées et sorties. J’ai étémédisante, l’appartement esttypiquement dans le style parisien : murs d’un blanc immaculé, cheminée et parquet au sol. Trèslumineux et sûrement affreusement cher. Il ne manque plus qu’un fond de musique classique.Dommagequemachambred’hôtelnesoitpasdumêmeacabit.Jesoupireetmeposedanslefauteuilpoursouffler.Jenesaispascequemonpatronacontremoi,
maisilm’enveut,j’ensuiscertaine.Pourtantilm’aembauchée–unautreparadoxedemavie.Dèslepremierjour,ilm’amontrésonmépris.MêmeJoshnecomprendpaspourquoiilestcommeçaavecmoi.Jepourraisallertravaillerailleurs,maisj’aimebienmonéquipe,enfin,surtoutJosh.D’accord,queJosh.Jesourisenpensantàlamoueamuséequ’ilafficheraitfaceaudécordel’hôtel.Septheures,débutdesarrivées.Ilyaquatreentreprisesdanscebâtiment,heureusementpourmoi,
cen’estpasunbuildingd’unecinquantained’étages.Lamatinéepasselentementetj’enaidéjàmarre.Çapromet.Maisjeresteenplaceetattends17heuresavantdemeleverpourfaireunepause.Monventregargouillecommesijen’avaispasmangédepuistroisjours,alorsquejen’aisautéquedeuxrepas.Ilesttempsdes’empiffrer.Toujoursécoutersonestomac,telleestmadevise.Je trouve un restaurant non loin de là. Enm’installant à une table, je pense à ce qu’ilme reste
encoreàfaire.Grâceaulogicieldereconnaissancefacialedel’ordinateurportablequej’aiapportéetauxphotos,jevaispouvoiridentifiertoutlemonde.Ilnemeresteraplusqu’àfaireletri.J’ensuislàdemes réflexionsquandunepersonne s’arrête face àmoi. Je lève lentement la tête dumenupourcroiserunregardnoisetteàvousfairemouillerlaculotte.Bond’accord,j’exagèreunpeu…Ilaunregardintense,voilàc’estmieux…tellementintensequeje…m’arrêtelà.Bref,jelereconnaîtraisentremille,c’estceluid’hiersoir.Maiscomment?—Bonjour,medit-ild’unevoixsuave.Mince,mêmesavoixestparfaite.Il doit bien y avoir un défaut chez cet homme. Les hommes sont bourrés de défauts, c’est bien
connu,non?Aujourd’hui,ilestvêtud’unechemiseenjean,jepencheunpeulatêtepourvoirqu’ilporteunpantalonnoirquimouleparfaitementchacundesesmuscles.Ses fessesdoiventavoiruneallured’enferdedans.Jememordslalèvre.Ilseraclelagorge,meramenantàlaréalité.Encoreunpeuetunfiletdebavecoulaitlelongdemonmenton.— Je cherchais de quoimanger et je vous ai vue à travers la devanture.Ça vous dérange, si je
m’installelà?—Euh…ehbien,bégayé-je.—Oh,vousn’êtessûrementpasseule.Jesuisdésolé,jevaisvouslaisser.—Non!Honteuse,jeregardeautourdemoi.Onauraitdituncridésespéré.Luimefixeavecunsourireen
coin.Ilprendplacefaceàmoietpencheàsontourlatêtesurlecôté.Mince,pourquoiquandjetombesurlui,jeneportepasunerobeouunhautbustier?Jenesaispasmoi,quelquechosepourmemettreenvaleur.Là,mescheveuxsontenbataille,j’aiundébardeurnoiravecpourinscription:«Situtiensàtespartiesintimes,fuis!!»–cadeaudemesamies.Unbasdesurvêtementégalementnoiretdesbaskets.Unechoseestsûre,ilnem’apasrejointepourmesbeauxatours.—Jem’appelleLeandro.Etvous?J’aileregardfixésurseslèvres,c’estunappelàlatentation.Jem’aperçoisavecuntempsderetard
qu’ilattenduneréponsedemapart.—Pardon,j’étaisdansmespensées.Jem’appelleLinda.—Enchanté,Linda,répond-ilavecunsouriremagnifique.Ohmon Dieu, la façon dont il prononce mon prénom enflammemon bas-ventre. Allez, on se
concentre.Aprèstout,c’estpeut-êtreunserialkiller.Mouais,delaculottesûrement.Jesecouelatêtepoursortirtoutçadematête,etserrelescuisses.Cequinefaitqu’attiserlatensionquejeressens.Ehmerde!Leserveurarriveetvoyantquenoussommesfinalementdeux,repartcherchercequ’ilavaitenlevécinqminutesplustôt.Leandros’excuseauprèsdelui.Jereplongela têtedanslemenupouréviterdelefixer.Jemeconnais, j’aibeauêtreunefemme
forte,spécialiséedansplusieursartsmartiaux,jen’enrestepasmoinsunefemmequiaimeregarderdebeauxspécimens.Etcelui-là,çaenestun!—Linda?—Hum,dis-jelesyeuxtoujourssurlemenu.—Jevousmetsmalàl’aise?Jerelèvevivementlatêteverslui.—Non,pourquoi?Ouimentirc’estmal,maisj’aimafierté.—Vousneparlezpasbeaucoupetvousnemeregardezpas.—Oh,vousregardez,jenefaisqueça…
Etvoilà,jen’aipasréussiàmecontrôler.Linda,danstoutesasplendeur.Leserveurrevientàcemoment-là,empêchantLeandroderépondre.Cerepasvaêtreunevraietorturepourmoi.Leandro,enbongentleman,nerelèvepasmadernièrebourde.Dieumerci,jemesensdéjàassez
nullecommeça.Maiscethommeaquelquechosed’énigmatique,d’envoûtant.Unefoisqu’onplongesonregarddanslesien,ilestbiendifficiledelelâcher.—Vousfaitesquoidanslavie?medemande-t-il.Jen’avaispasprévudefaireplusampleconnaissanceaveclui,etjenepeuxpasvraimentluidirela
vérité.—Jesuisinfirmière,etvous?D’accord,çan’arienàvoiraveccequejefais,maisilnesaurajamaisquejeluiaimenti.—Jesuisdansl’administration.Jeledétaille.Lui,dansunbureau?Sacrilège.Dansmonlit,voilàunendroitoùjevoudraisqu’il
soit ! Je secoue la tête, j’ai l’impression d’être une femme qui n’a pas vu d’hommes depuis unedécennie.Pourorientermespenséesversautrechose,jel’interroge:—Est-cequeçavousplaît?—Çadépenddesjours,merépond-ilavecunepointedetristessedanslavoix.—Commebeaucoupdemonde,jesuppose.Ilal’airperdudanssespensées,leslèvrespincées,unmuscletressautantauniveaudesamâchoire.—Toutvabien…?—Humoui.Excusez-moi,j’avaislatêteailleurs.—J’avaisremarqué,dis-je.Ilpenchelatêtesurlecôtéetmeregardecommes’ilvoulaitsondermonâme.—Vousaccepteriezunautredîneravecmoi?—Euh…ehbien…c’est-à-dire…Leserveurarriveàcemomentetmesauveunefoisdepluslamise.J’aimeraistantpouvoirdire
oui,maisjesuisenmissionetjen’aipasledroitàladistraction.Aussitentantesoit-elle.D’uncoup,jen’aiplus très faim.ÀpartmamèreetSophia,personnene saitvraimentceque je fais.N’avoirpersonneàqui se confierpeut êtrepesant.Et Joshquine répond toujourspas au téléphonene faitqu’amplifier mon sentiment de solitude. J’ai décidé d’appeler Todd plus tard pour avoir desnouvelles.Preuvequejem’inquiètevraimentaupointd’enarriverlà.Siseulementleschosesétaientdifférentes,j’accepteraisvolontiers.Pourunefois,jeregrettedenepasavoiruneviebanale.—Linda,vousnem’aveztoujourspasrépondu.Jesupposequeçaveutdirenon…?Jerelèvelesyeux,j’ylisdeladéceptiondanslessiens,maisaussiautrechosequejen’arrivepasà
identifier.J’aimeraistantlecontredire.—Jenepeuxpasacceptereffectivement,maisonpeuttoujoursprofiterdecedîner.Qu’endites-
vous?Ils’adosseàsachaise,etavecunsourireuncoinmedemande:—Etonenprofiterapourfairequoi?—Oh…ehbienpourmanger?Apprendreàseconnaître.C’estvrai,jenesaispasgrand-chosedelui.Jenesaisriendeseshobbies,desonâgeous’iladela
famille.Mêmesijenevaispaslerevoir,jenem’interdispasdepasserunagréabledéjeuner.—Àquoibon?Jen’aiplusfaimdenourriture,répond-ilenmedétaillantlentement.Etlapalmed’ordelafemmecouleurtomatemerevient.J’entendsdéjàunestandingovation.Jene
suispasunefemmetimide!Non!Jesuisunefemmequiportepresquedescojones, jenevaispasrougirparcequ’unhommem’aditouvertementqu’ilaenviedemoi,si?OhmonDieu,dansquel
pétrinjemesuisfourrée?—Àquoipensez-vousalors?demandé-jed’unetoutepetitevoix.J’aipresquepeurdesaréponse.Ilserapprochedesortequecequ’ilditnesoitentenduquedemoi.—Jepenseàunechambreetànousdeuxsurunlit.Àmoi,entraindecouvrirvotrecorpsdema
bouche,demalangue.Àmoi,descendanttoujoursplusbas,pourarriverentrevosjambes…Subitement,ilselève,metendsamainetmedit:—Sionnedoitplussevoir,jeneveuxpasperdredetemps.Jepréfèrevousmontrercequej’aien
tête.Accepterunrendez-vousavecunparfaitinconnu,çanemeressemblepas.Maisnedit-onpasqu’on
aqu’uneseulevie?Ohetpuismerde, j’ai26ans, jesuiscélibataire.J’aibien ledroitd’avoiruneaventureaumoinsunefoisdansmavie,non?Oui,ilpeutêtredangereux.Oui,çan’arrivepasqu’auxautres.Maisjenesuispaslapremièrevenueetjesaismedéfendre,aprèstout!Etpuisgrâceaulogicielinventéparundemescollègues,jen’aimêmepasbesoind’êtrederrière
l’objectif,pourlasurveillance.Jeferailetrienrentrant.Voilà,carpediem.Jeglissemamaindanslasienne.Enmerelevant,jemeretrouveplaquéecontresontorse,ildardesurmoiunregardaffamé,pleindedésir.Mesdoigtsglissentsursabouche.Commes’ilnepouvaitensupporterplus,seslèvresfondentsurlesmiennes,monpoulss’accélère.Jelaisseéchapperungémissementetpassemesmainssursanuque,puislesremontepourmeperdredanssescheveux.Avecunelenteurquim’enflamme,ilpasse sa langue surma lèvre inférieure.Moncorpspressécontre le sien, je sens lapreuvede sondésir. J’aurais pu lui arracher ses vêtements sur place si un raclement de gorge ne nous avait pasinterrompus.Jem’écartevivementdeLeandro,pourmeretrouverfaceauserveurqui,avecunregardamusé,
demandesinousavonsfini.Jesupposequ’ilparledurepas,parcequejen’aipasfiniavecLeandro.Etc’estenchœurquenousrépondons:—Oui.Alorsquenosplatssontquasimentintacts,nousquittonslasalle.Leandrotientabsolumentàpayer
lanote.J’avoueêtretroppresséedemeretrouverseuleàseulavecluipourargumenter.Onverraçaune prochaine fois, je secoue la tête, il n’y aura pas de prochaine fois. Alors, autant en savourerchaqueinstant.
Chapitre5
LINDA
Ilm’emmènejusqu’àsavoiture,m’ouvrelaportièreetmedemande:—Tuessûre?Ohoui,jen’aijamaisétéaussisûredemavie.—OuiLeandro,allons-y.Il ne faut pas le lui dire deux fois qu’il est déjà au volant. Enmoins de quinzeminutes, on se
retrouvedevantunhôtel.Jeneluidemandepascommentilsaitqu’ilyenavaituntoutprès.Jeneluidemandepaspourquoionnevapaschez lui. Jenepensequ’àune seulechose, êtredans sesbras.Leandrofaitletourdelavoitureetm’ouvrelaporte.Apparemment,lagalanterieexistetoujours,çafait du bien de le savoir. Nous prenons rapidement une chambre auprès de la standardiste etempruntonsl’ascenseur.Unefoislesportescloses,Leandromeplaquecontrelaparoietmedonneunavant-goûtdecequi
sepasseradanslachambre.Sonbaiserestsauvage,sensueletpossessifenmêmetemps.Sesmainssontpartoutàlafois.Jevaisprendrefeudanscetascenseur.Sabouchedescendlelongdemoncouetmordille ma clavicule. Je pousse un gémissement. Il me soulève, et instinctivement je passe mesjambes autour de sa taille. Avec une audace toute nouvelle pour moi, je me presse contre sonentrejambepouressayerdesoulagerlatensionquejeressens.Jen’enpeuxplus.Leandrosucemonlobed’oreille.—Tuneterendspascomptedansquelétattumemets!Je glousse. Je… quoi ? Non impossible, je n’ai pas pu faire une telle chose. Les portes de
l’ascenseurs’ouvrentenfin.Jeredescendslentementdesortequechaquepartiedenoscorpsrestentencontact.Leandroinspireungrandcoup.—Allons-y,avantquejenetefassel’amourici.Jenetienspasvraimentàavoirunpublic.Onsehâtejusqu’ànotrechambre,unefoisàl’intérieur
jenefaispasdutoutattentionàladécoration.Jen’aid’yeuxquepourLeandroquivientderefermerlaporte.Ils’avancelentementversmoi,telunprédateurverssaproie.Sesprunellesnequittentpasunesecondelesmiennes.J’ailachairdepoulequandsesdoigtsmontentlelongdemesbras,ilfaitunpasdepluspourqu’il
n’yaitplusunseulespaceentrenousdeux.Sesmainssesontarrêtéessurmesjoues,ilattendquejefasselepremierpas.Alors,jeposedélicatementmeslèvressurlessiennes.Sesbaisersontungoûtdementhe.Toutsimplementexquis.J’agrippefermementsoncoldechemiseetgémisquandilsefrotte
contremoi.Ilmepoussecontrelemuretpasseunejambeentrelesmiennes.Impatiente,jecommenceàdéfairelesboutonsdesachemise.Ilattrapemespoignetsetlesplaqueau-dessusdematête.Ilmesouffleaucreuxdel’oreille:—Toid’abord.Qu’àcelanetienne,tantqu’onesttouslesdeuxnusdanspeudetemps.Ilsoulèvemondébardeur,
avecune lenteurquiattise la tensiondansmonbas-ventre.Heureusementpourmoi, jeporteunbelensemble, bleu électrique en dentelle. Il sème un chemin de baisers de ma poitrine jusqu’à monnombril. Il se baisse pour retirer mes chaussettes et baskets. Il ne me reste plus que le bas desurvêtement,pourquejemeretrouveenpetitetenuedevantlui.N’enpouvantplus,jemedépêchedel’enlever.Ilafficheunsourireencoin,quis’effacevitedèsqu’ilmevoitensous-vêtements.Ilreculeet contemple chaque centimètre demon corps comme s’il voulait ne jamais l’oublier. Son regardm’enflamme.Ilsepressedenouveaucontremoietsesmainsseposentrapidementsurmapoitrine.Ildégrafemonsoutien-gorge.Cederniervarejoindrelapiledevêtementsaucoindelachambre.Salanguedescendlelongdemoncouets’arrêtesurmapoitrine.Jemecambreverslui.Ilsuceuntéton,pendantquesonautremains’occupedemonsecondsein.MonDieu!Leandro s’agenouille et je ne vois plus que ses cheveux. Il retire mon tanga. Lentement, trop
lentement ! Il prendmon pied qu’il pose sur sa cuisse, sème des baisers le long dema jambe etmordillel’intérieurdemacuisse.Lecontactdesabarbesurmapeaum’électrise.Ilattisemonplaisir,toutenaugmentantmafrustrationenneposantpassabouchelàoùj’enmeursd’envie.—Leandro,situcontinuescommeça,jeteplaqueausol.Il éclate de rire, un son cristallin. Si je n’étais pas déjà sous le charme, j’aurais pu l’être rien
qu’aveccettemélodie.—N’oubliepasquec’estnotreseulmomentensemble.Jenerisquepasdel’oublier.—Laisse-moienprofiter,mesusurre-t-il.Ilm’écarteunpeupluslescuisses,monsexeseretrouvejustedevantsesyeux.Avecsonpouceet
sonindex, ilécartemes lèvres. Il relève la têteetsespupillesdilatéesm’indiquentàquelpoint ilaenviedemoi.Ilpasseunemainderrièremongenouetremontemajambesursonépaule.Etsabouchesepose
enfinsurmonsexe.Mesmainsseperdentdanssescheveux.Sesdoigtsrejoignenttrèsvitesalangue.Ilmordillemonclitorisavantdesoufflerdessus.Ilaccélèrelerythmedesesdoigtsavantderalentir.Quandjepensenepluspouvoirlesupporter,ilsucemonclitoristoutenmeprenantplusfortdesamain.MonDieu!Mesdoigtsseresserrentsursescheveux.Jesensmoncorpssetendre,secambrer.Jejouisavecunetelleforcequemesjambesnemetiennentplus,jem’écrouledanssesbras.Cefutbref, mais d’une intensité extraordinaire. Je plane complètement. J’aimerais que cet état dure, etsurtoutnepasavoiràmerelever.Leandromeportejusqu’aulitetsedéshabillelentement.Sesabdosquejen’avaisfaitqu’imaginer
l’autrefoissontbeletbienlà.Unelignedepoilspartdesonnombriletdisparaîtsoussonjean.Ilauntatouagetriballelongdesonbrasdroit.Ilretiresonportefeuilledesapocheetprendunpréservatifqu’ilposesurlatabledenuit.Ilsedébarrassedurestedesesvêtementsetlevoilànudevantmoi.Ilme laisse le détailler de la tête aux pieds, j’avouem’arrêter plus que nécessaire sur son sexe.Cethommeest parfaitementproportionné, pourmonplusgrandbonheur.Pendant que je salivedevantsonanatomie,ilenfilelepréservatif.Ils’allongesurmoi,unemaindechaquecôtédematête.Sansmequitterdesyeux,àl’aidedeson
genou, ilm’écarte les jambes.Etpressesonpéniscontremonsexe. Il frottesonglandcontremon
clitoris,ravivantainsimondésirpourlui.Je grogne de frustration. L’instant d’après, d’un coup de reins, il me pénètre. Je me cambre et
gémis. Il commence de lents va-et-vient, je suis déjà au bord de l’extase. Sa queue sort presquetotalementavantderentrerlentement.Jemetsmesmainssursesfessespouraccélérerlemouvement.—Leandro,jen’enpeuxplus…Jet’enprie!Ilmefaitbasculeretjemeretrouveàcalifourchonsurlui.—Faiscequetuveuxdemoi,medit-il.Etc’estcequejefais,jejouequelquesminutesavecluipourmevenger.Aulieudefairecedontje
rêve,jem’abaisselentementsursonsexeetmerelèvetoutaussidoucement.Jerecommenceplusieursfois cette torture.Sesmains secrispent surmeshanches.Mais trèsvite, la tensionest trop forteetj’accélère mes mouvements. Leandro trouve mon clitoris et avec son pouce dessine des cerclesdessus.Lasensationesttellementintense,sipeudetempsaprèsmonpremierorgasme.—Leandro…net’arrêtesurtoutpas…j’ysuispresque…Jepousseunlongcrideplaisir,pendantqueLeandrolâcheunrâleetjesenssoncorpssetendreet
lesconvulsionsdesonsexeàl’intérieurdumien.Ilinversenospositionsetdéposeseslèvresaucoindesmiennes.Ilselèvepourretirerlepréservatifetsedirigeverslasalledebains.Quandilrevient,ils’allonge,entremêlesesjambesaveclesmiennesetmepressecontresoncorps.Jetremble,jecroisbiennepluspouvoirrienfairequederesterdanssonétreinte.Onreprendnotresouffledanslesbrasl’un de l’autre. J’ai été victime du serial killer de la culotte. Et je souris à m’en bousiller leszygomatiques.Etjesourisàm’enbousillerleszygomatiques.Jelâcheunsoupirdebien-être,jecroisbienquec’estlapremièrefoisquejem’abandonneautantavecunhomme.Jem’apprêteàmeleverquandLeandroresserresesbrasautourdemoi.—Oùcomptes-tuallercommeça?murmure-t-ilcontremanuque.—Ehbien…Jecroisqu’ilesttempsquejeparte.Ilsepositionneau-dessusdemoietm’emprisonnedesoncorps.— Je crois que c’est une très, très mauvaise idée, dit-il en baissant la tête jusqu’à ce que nos
bouchessetouchent.Impossiblederésisteràlatentation,jelèvelatêteetmordillesalèvreinférieure.—Etpourquoiça?—Parcequejesuisloind’êtrerassasiédetoi.Ilpèsedetoutsonpoidssurmoietjepassemesjambesautourdeseshanches.—Montre-moiàquelpoint.Etc’estcequ’ilfaitpendantencoreplusieursheures,insatiable.Jeretombesurl’oreilleraubord
de l’épuisement, incapable dumoindre mouvement. Le soleil s’est couché depuis longtemps et jepensequejeferaisbienunpetitsommepourmeremettredemesémotions.Leandrocollemondoscontresapoitrineetjem’endorsdanscetteposition.Unemainquisebaladelelongdemoncorpsmesortdematorpeuretmefaitclignerdesyeux.À
travers la fenêtre, je vois que l’aube se lève. Mince, je ne pensais pas que je dormirais aussilongtemps ! Une main remonte prendre mon sein en coupe et titiller mon téton déjà dur. Jeronronneraispresque.Malheureusement, une sonnerieme fait descendre demon nuage. J’entendsLeandro pousser un
juron.Onsedégage l’unde l’autreet j’enprofitepourpasservite faitdans lasalledebainsetmerhabiller.Mince, je ne retrouve pasma culotte ! Tant pis, je partirai sans. Pantalon et chaussettes,check!Soutien-gorgeett-shirt,check!Voilà,c’estbon,jepeuxyaller.Underniercoupd’œilversLeandro,ilmetourneledosetesttoujoursautéléphone.J’enprofitepourlematerunedernièrefois.
Ilaunepairedefessesquejecroqueraisbien!Muscléeetrebondie.Çadevraitêtreinterdit.J’avanceà pas de loup vers la porte. J’entends un raclement de gorge, j’avaispresque réussimon évasion.J’inspireungrandcoupetmeretourne.Leandroafficheungrandsourire.—Tun’auraispasoubliéquelquechoseparhasard?medemande-t-ilavecunsourireespiègle.Ilmedétailledespiedsàlatêteets’attardesurmonbassin.Ilsaitquejen’aipasmaculotte?Mais
sonregarddescendsurmespieds.Mespieds?Jemecogneraisbienlefrontcontrelemur.J’aioubliémesbaskets!Lafemmecouleurtomateestderetour.—Maintenantquetuenparles,dis-jelesjouesenfeu.Jenerougisjamais!JAMAIS!Saufaveclui.Leandroéclatederire.Oh,ilvamelepayer.—Tuasfinidetemoquerdemoi?Jecroiselesbrassurmapoitrineetluilanceunregardnoir.Illèvelesmainsensignedereddition.—Jenememoquaispasdetoi!C’estjustequec’est…bond’accord,jememoquedetoi!Mais
avouequelasituationestquandmêmedrôle,non?Il se lève et s’approche lentement vers moi. Nu ! Dur de ne pas succomber à la tentation. Cet
homme a un corps d’Adonis. Linda, ressaisis-toi ! Tu es une ancienne militaire, tu es partie enmission dans des pays en guerre. Ce n’est pas Leandro, nu, complètement nu, avec des abdosparfaitementdessinés,desmusclesciselés,deslèvresparfaites…—Tuaimescequetuvois?m’interroge-t-ilavecunsourireencoin.—Absolumentpas!J’aidéjàvumieux,jerétorque,fièredemarépartie.Leandropasdutoutdécontenancécontinued’avancer.Jereculed’unpas,maisjemeretrouvetrès
vitecoincéecontrelemur.—C’estlàqu’onacommencé,toutàl’heure.Etsioncontinuait?Neregardepasseslèvres.Voilà,maintenantdécale-toiversladroite.Regardelemuropposé.Bien!—Leandro,ilfautquej’yaille.J’aimeraisbienrester,maisj’aidutravailquim’attend.Jepréféreraismille fois rester ici,danscettechambreet surtoutavec lui.Mais jedoisavoirdes
centainesdephotosàanalyser,maintenant.Ilsoupire,maiss’écartequandmême.—Laisse-moiaumoinsteraccompagner.C’estluiquim’aamenéedanscethôteletjen’aiaucuneidéedel’endroitoùl’onest.J’accepterais
biensapropositions’ilnefallaitpasquejeluidonnel’adressesoitdel’hôtelsoitdel’appartement.Crotte!L’espaced’uninstant,j’aioubliéquej’étaisenmissionetcenséeêtrelaplusdiscrètepossible.—Non,net’inquiètepas,jevaismarcherunpeu.Avecmon sens extraordinaire de l’orientation, je vais bien réussir àm’en sortir.Une chose est
sûre,jenetomberaipassurunsecondserialkiller.Leandroal’airdéçu,maisseressaisitvite.—D’accord.Alorsjesupposequec’esticiqu’onseditaurevoir?—Oui.Unsilencegênants’installe.Aucundenousdeuxn’oseplongersonregarddansceluidel’autre.—Bien.AurevoirLeandro,dis-jepourromprecesilence.Jeme retourne et avance vers la porte sans regarder derrièremoi. Il neme retient pas et c’est
certainementmieux ainsi. J’appuie comme une forcenée sur le bouton de l’ascenseur. J’aurais dûprendrel’escalier.Pasdesouvenirsdenousdeuxenlacéslà-bas.Jesecouelatête,ahpauvredemoiquiaiconnuunmomentdesexeintenseetfabuleux…!Le«ding»del’arrivéedel’ascenseurmeramèneàlaréalité.Jen’aimêmepasfaitunpasdedans
qu’unemainm’agrippebrusquement.Jeneréfléchispas,faisvolte-faceetmetsuncoupdepoingàmonagresseur.Quis’avèren’êtrequeLeandro.Oups…Ilm’aimmédiatementlâchéeetmeregardechoqué,unemainsursajoue.
—Moiquivoulaistefaireunvéritableadieu,c’estraté.—Désolée,dis-jepiteusement.—Cen’estpasgrave,rienn’estencoreperdu.Il n’attend pas que je comprenne le sens de sa phrase et me plaque contre le mur. Ses mains
encadrentmonvisage.Sonregardplongédanslemien,j’ail’impressionqu’ilveutmedirequelquechose,mais n’ose pas. Ses yeux font des allers-retours entre lesmiens etma bouche. Il se décidefinalement à poser ses lèvres au coin desmiennes.Lentement, il descend le long demon cou,memordillantaupassage.Jelaisseéchapper,malgrémoi,ungémissement.Commeunsignal,saboucheseplaquedurementcontrelamienne.Iln’yaaucunespaceentrenous,monDieu,jelelaisseraisbienmeprendreici,auxyeuxdetousfinalement.Exhibitionniste,jesuisdevenue.Dieu,pardonnez-moipourmespéchés…Leandros’écarteunpeuetprendunegrandeinspiration.—Linda,j’aiencoreenviedetoi,murmure-t-il.Jem’apprêteàrépondrequandilposesonindexsurmabouche.—Jesais,tudoispartir.Laisse-moijustet’embrasserunedernièrefois.Jenepeuxquehocherlatête.Cettefois,Leandroprendtoutsontemps.Salanguedessinemalèvre
inférieure,illamordille,lasuce.Jemeliquéfiesurplace,jamaisunbaisernem’aautantretournée.Samainaucreuxdemesreins,ilmeplaquecontreluietcontinueàmefairetournerlatête.—OnsereverraLinda,susurre-t-ilenappuyantsurleboutondel’ascenseur.Ils’enva,melaissantébahiedevantlaporteentraindes’ouvrir.Jem’engouffredansl’ascenseur
etc’estunsourireniaisquiapparaîtsurmeslèvres.Jesaisquejenelereverraipas,dumoinspasenchairetenos.Maisunechoseestsûre,Leandro,onseretrouveradansmesrêves.Jedemandeà lastandardiste lenomdelarue.Jevaisessayerdenepasmeperdre,cettefois.Je
m’arrêteraiencheminpourm’acheterdesviennoiseries,dequoitenirtoutelajournée.Jen’osepasimaginerlatêtequejedoisavoiravecmescheveuxenbataille,maisjeneregrettepasdutoutcettenuit intense. Je rentre les coordonnées dans mon GPS et il m’indique trente minutes de marche.Exactementcedontj’avaisbesoinpourmeremettrelesidéesenplace.Lamarchen’arienchangédutout,Leandrom’aretournélecerveau!Jesuiscertainequejevaisle
compareràtousleshommesquivontcroisermaroute.Jedistous,maisiln’yenaurapastantqueçanonplus,hein.Jesouffleetrentredansl’appartementdesurveillance.Ilesttempsdeseremettreautravail,lapauserepasetplussiaffinitésestterminée.
Chapitre6
LINDA
Je fais le tri grâce au logiciel. Je passe des heures dessus, et après aumoins cinq pauses pipi àcauseducaféquej’aiingurgitépourgarderlesyeuxouverts,j’aifini.Enfinpresque,ilyauneseulepersonnequejen’aipasréussiàidentifier.Unhomme,plutôtséduisantsionaimelegenrebedonnantet pantalon trop court. La cinquantaine à première vue et des lunettes rondes. Je cherche un signedistinctif,maisrienàfaire,jen’entrouvepas.Jesuisperplexe,onlaissetoujoursdestracesderrièresoi.Àmoinsd’avoirquelquechoseàcachereténormémentd’argent.J’attendsque tout lemonde ait quitté le navire pour pouvoir poser lesmicros.C’est la dernière
étapeavantdecommencer réellement. J’ai identifié laplupartdes employés. Ilsn’ontpas leprofilphysiqued’agentsurleterrain,j’enconclusqu’ilsnefontriend’autrequeduboulotadministratif,niplusnimoins.Desviesde famillesbien rangées. J’aipasséaucrible leurpasséet riend’alarmant.Est-cequecetteadressen’estriend’autrequ’uneboîteauxlettres?Ilvafalloirquej’appelleTodd.Ilyacertaineschosesquim’échappentdanscettehistoire.Enattendant,jevaistoutpréparerpourcesoir.Jeregardeunedernièrefoisleplandel’immeuble.
Monseulproblème,c’estquececherToddnem’apasfournil’emplacementdescaméras,tantpis,jeferaisans.Jepasseraipar l’arrièredubâtiment, ilyaundigicodeque jepiraterai.Ensuite, toutenévitantlescaméras,jeprendrailesescaliersjusqu’aucinquièmeetdernierétage.Là,ilmefaudraunbadgepouraccéderàl’ensembledesbureauxdecepalier.Résumételquel,çasemblecompliqué–etçal’est.Jesoupire,parfoisj’aimeraisfaireautrechose
demavie.Etsurtoutêtremonproprepatronouaumoinsenavoirunavec lequel jem’entends.Jem’attelleaupiratagedubadge.HeureusementqueJoshm’adonnéquelquesastucesinformatiques.J’aieubesoind’uneheurepourfairecepass.J’aiusurpél’identitéd’unedesemployées,j’espère
qu’il marchera correctement. Il n’est que 18 heures, trop tôt pour rentrer discrètement dans unimmeuble, tout de noir vêtu, alors qu’il est censé être vide. Je ferais bien un footing, mais je nevoudraispasraterquelqu’unquirevientàladernièreminuteparcequ’ilaoubliéundossier.Jesuiscondamnéeàattendre23heuresetàregarderdansmonobjectifpendanttoutcetemps.J’adoremonmétier!Heureusementqu’ilexistelesmuffinsauxpépitesdechocolat,sanseuxjeseraisdépressiveàl’heureactuelle.Jedéballeunsachetindividueletmordsàpleinedentdansmongâteau.Ne rien faire à part attendre nem’aide pas à occulter demon esprit cette pause sensuelle. Être
occupéem’empêchaitdepenserauxlèvresdeLeandrosurmoncorps.Àsesdoigtsjouantavecmon
clitoris…Merde!Linda,concentre-toi!Je regarde l’heure : 19 heures. Je ne vais jamais y arriver ! J’attrape mon téléphone, j’ai un
message.Jedevaisêtretellementconcentréequejen’aipasentendulasonnerie.Ha,c’estmamère.«Coucou,machérie,tuvasbien?Justepourtedire,nem’appellepascesoir.JedîneavecEmma
alorsnet’inquiètepaspourmoi.»Emma, c’est notre voisine. La quarantaine, petite blonde aux cheveux courts, elle s’entend à
merveille avec ma mère. Le problème c’est que, quand elles sont ensemble, elles se comportentcommedeuxados.Mamèreestassez…commentdire…malicieusequandelleestseule,maisàdeux,ellessontingérables.Pourtant,j’adorelesécouter,lesregarderfairelesfolles.Jesuistristedenepasêtreavecelles.Avecmontravail,jeratetellementdemomentsavecmafamille.Heureusementquejesuis filleunique, sinon jeneverraispasgrandirmesneveuxounièces.C’estaussi frustrantquandj’entends mes amis parler d’une soirée à laquelle je n’étais pas. Je soupire et me concentre surl’instantprésent.J’appelle Josh, croisant les doigts pour qu’il décroche enfin son foutu téléphone ! Au bout de
quatretonalités,ilfinitparrépondre.—Salutmabelle,dit-il,d’unevoixlasse.—Josh,tuvasbien?Jecommençaisàm’inquiéter!—Oui,oui,çava.Désolédenepasavoirrépondu,j’étaisoccupé.Jefroncelessourcils,ilyaquelquechosed’inhabitueldanssonton.—Qu’est-cequisepasseJosh,?Silenceauboutdelaligne,j’éloignemonportablepourvoirs’ilm’araccrochéaunez,maisnon.—Rien!Toutvabiendetoncôté?—Euh…oui,riend’exceptionnelpourl’instant.Josh,tumelediraissiçan’allaitpas,hein?—Biensûr,mapuce.Ilfautquejete laisse,onsetientaucourant.Prendssoindetoi.Jet’aime.
Bisous.Ilatoutditd’unetraiteetacoupélacommunicationsansattendremaréponse.Soncomportement
estplusqu’étrange.D’habitude,c’est luiquineveutpasmelâcherquandonestautéléphone.C’estunevraiepipelette,chosequejeluidissouventd’ailleurs.Etilnemeditjamaisjet’aime.Cen’estpasquelqu’undetrèsexpressifsursessentiments.Peut-être qu’il était en mission et que ça a mal tourné ! Mince, j’aurais dû l’appeler avec le
téléphone de la société. On a une ligne sécurisée. Je réessaie de le joindre avec et je tombedirectement sur sa messagerie. Je m’inquiète de plus en plus. J’appelle Todd pour avoir desexplications.Mêmechose,répondeur.Iln’estjamaissurrépondeur,jedisbienjamais.Aucasoùl’undenousaitbesoind’uneextractiond’urgenceouautre,ilesttoujoursjoignable.Maisqu’est-cequisepasse?Jesuisàplusieurscentainesdekilomètresdusiège,jenepeuxabsolumentrienfaire,àpartélaborermespropreshypothèses.Jecommenceàfaire lescentpas,maisriennemevient.ÀpartqueJoshétaitbizarreavantmon
départ.Est-cequeçaaunrapportaveccettemission?Je regarde l’heure,minuit. Jenepensaispasavoirpasséautantde tempsà retourner la situation
dans tous les sens. Un dernier coup d’œil dans l’objectif, je prends mon sac et je pars poser lesmicros.Jen’arrivepasdirectementdel’appartement,jefaisd’abordundétour.Sijamaisquelqu’unvoulait
remonterlapisteàl’aidedescamérasdelaville,voilàquiluimettraitquelquesbâtonsdanslesroues.
Auboutdetrenteminutes,jesuisderrièrel’immeuble.Pasdetempsàperdre,jepirateledigicode.Jelongeuncouloiretj’arrivedevantuneportederrièrelaquellesetrouvelehalld’entrée.Selonleplan,l’accès aux escaliers est à l’autre bout. Je passe ma tête par l’entrebâillement, lève les yeux à larecherchedescaméras.L’uneesttournéeversl’entréeprincipale,l’autreestrotativeetbalaietoutlehall.C’estbienmaveine.Çavasejoueràlasecondeprès.Etilyadesobstacles,lebureaud’accueilen formedeU,desplantesenveux-tuenvoilà.Heureusementque jeneportepasde talons,parcequ’aveclemarbreausolçaauraitétéépique.Jesuisunenanaquidéchire…Jesuisunenanaquidéchire…Oui,c’estmonmantraquandjestresse!Commentça,jeregardetroplatélé?J’inspireungrandcoup,unefoislacaméradel’autrecôté,jecoursleplusvitepossiblejusqu’àla
porte.Ças’estjouéàpeudechose.Directionledernierétage,etc’estlàqueçasecomplique.Pouraccéderauxbureaux, il faututiliserunbadge.Jecroise lesdoigtsenespérantavoirbienretenulesleçonsdeJosh.J’arrivedevantlesystèmeetlepassedevantlelecteur.Levoyantpassedirectementauvert,voilàunebonnechosedefaite.Maintenant,placeàl’installationdesmicros.Pourlespremiersbureaux,toutsepassecommeprévu.Ilnem’enresteplusqu’un,c’estceluidu
patron,leplusimportant.Quandjemedirigeverscelui-ci,jevoisunesilhouettesedéplacerdanslenoir.Merde,toutlemondeestpartipourtant,est-cequej’enailoupéun?Impossible,aumomentoùjesuisarrivée,iln’yavaitpasunseulbruit.Àmoinsquecettepersonnesoitmeilleurequemoi,ellen’étaitpaslàlorsquejesuismontée.Jecontinueàavancer,toujoursdansl’ombre.Jemecollelepluspossible au mur. Je ne peux pas allumer la lumière, ni même lui sauter dessus puisqu’il y a unecaméranonloin.Mince,qu’est-cequejevaisfaire?Cen’estpeut-êtrequ’uncambrioleur.Maisdanslesbureaux,àpartlesordinateursiln’yarienàvoler.Etiln’apasl’airdes’yintéresser.Ilnemeresteplusbeaucoupdetemps,levigilesortpar-derrièreà2heuresdumatinpourfumer.
Etc’estlaseuleissuequej’ai.Jemeplanquedansuncoin,enespérantquel’hommedel’ombres’enaillevite,trèsvite.Au bout de dix minutes, il sort enfin du bureau. Je me fais aussi discrète que possible. Mais
apparemment,monventreadécidédesemanifester.Merde,ils’estarrêtédemarcher.Jesavaisquej’aurais dûmanger avant de partir. De dos, je le vois tourner la tête dans tous les sens, avant dereprendreenfinsamarche.Etc’estlàqu’arriveledrame.J’ail’impressionqu’untsunamivabriserlesfenêtresdesbureaux,tellementmonventrefaitdubruit.Là,ils’arrêtetotalementetjecroisqu’ilregardedansmadirection.Zut,çadevaitêtresimple!Ils’avanceversmoi,cen’estpluslapeinedemecacher.Jeposemonsacàdosetj’avanceégalement.Jenecomptaisassommerpersonnecesoir.Maiscommec’estunvoleur,onvadirequ’illemérite.Danslenoirdifficilededistinguersestraits,detoutefaçonjen’enaipasletempspuisqu’ilsejettesurmoi.Ilmeplaqueausol.Aïe,cen’estpasunmatchderugby,putain!Mais,puisqu’ilveutlajouerAllBlacks,jeluimetsuncoupdegenoujusteendessousdelaceintureetjel’entendslâcherunmagnifique:—Merde!Ausondecettevoix,jemetétanise.Jeriraisbiendudestin.Cetenfoiré!Maislà,j’aiplutôtenvie
decrier.Commecen’estpaspossible,jeluidécocheuncoupdepoingenpleinsurlenez.Iln’yapasbeaucoup d’espace entre nous deux alors je n’ai pas pu frapper aussi fort que je le voulais. Jecontinueàmedébattre,jusqu’àcequ’ilmedise:—Linda,arrête,jeneveuxpastefairedemal…Troptardpourça,connard!Pourtouteréponse,jeluimetsuncoupdetête.Mince,j’avaisoubliéà
quelpointçafaitmal,maispasplusquecequ’ilm’afait.Combiendechancepourqueçasoitunpur
hasardqu’ilsoitici?Aucune!Lapalmedelafillequisefaitavoirmerevient.—Pousse-toidelà,Leandro,oujetebroietonminipaquet!dis-jeavechargne.Jepourraisvraimentlefaire,jesuistellementencolèredem’êtrefaitduperdelasorte!Ilbascule
surlecôté,jemerelèvevivement.Jeluimettraisbienuncoupdepiedenpleinsursagueuled’ange.—Qu’est-cequetufaislà?—Je…Il n’a pas le temps de continuer que l’on entend de lourds bruits de pas provenant de la cage
d’escalier.Merde,levigile.Dansl’escalier.Laseuleissue.L’ascenseurn’arriverajamaisassezvite.Deuxoptions,leneutraliserou…zut,jenetrouvepasdesecondeoption.Àcôtédemoi,Leandroestdéjàprêt.Àquoi?Jenesaispas.—Attends,tucomptesfairequoilà?—Tuverrasbien.Vadansledernierbureau.C’estleplusprochedel’escalier.—Eh,minutepapillon!Jen’aiaucunordreàrecevoirdetoi!Ilmepousse soudainvers laporte et la laisse entrebâillée. Jevoisqu’il se tient face à cellequi
mèneàl’escalier,etattend,campésursesdeuxjambes,lespoingsserrés.Disdonc,levigilen’estpaspressé ou bien il ne fait pas souvent de sport, parce qu’il enmet du temps pourmonter ces cinqétages!Enfin,l’agentdesécuritéapparaît,maisLeandron’apasbougéd’uniota.Levigilel’aperçoitetlui
sautedessus.Justeavantl’impact,ilmecrie:—Cours!Est-cequejenevienspasdeluidirequejen’avaisaucunordreàrecevoir?Certes,maisjecours
quandmême,m’élançantdanslacaged’escalier.Jenesaispassilevigileaappelélapoliceetsic’estle cas, je tiens à ce quemon casier reste vierge.Tant pis pourLeandro, il lemérite.Moins d’uneminute plus tard, j’entends des pas derrièremoi, je tourne la tête le temps d’apercevoir qu’il metalonnedeprès.Zut,ils’enestsorti.Onarrivedanslehall,onévitelescamérasdumieuxqu’onpeuteton se retrouve trèsvitedehors. Jen’aipas le tempsdedemanderdesexplications, j’entendsdessirènesdepolice.JemeretourneversLeandroetluimetsuncoupdegenouauniveaudel’entrejambe,avantdefiler
pournepasmefaireattraperniparluiniparlapolice.—Àbientôt,mecrie-t-ilalorsquejetourneàl’angle.Merde,j’ailaissémonsacàdoslà-bas.Silapoliceletrouve,ellevafairepasseraucribletoutes
lespiècesàlarecherchedemicros.Toutçapourrien…Leandro,sijeterecroisejeteferaibouffertouteslesculottesquejetrouve!
Chapitre7
LINDA
J’aidécidédedormiràl’hôtelplutôtqu’àlaplanque.Ducoup,jen’aipasaccèsàmonmatérieldesurveillance.Linda,tufrôleslaperfection,maisdeloin,detrèsloin!J’aieuunsommeilagité,pournepasdirequejen’aipresquepasdormi.D’une,parcequej’avais
malàlamain.Çafaisaitlongtempsquejen’avaispaseuàmebattreàmainsnues.Etdedeux,jen’aipasarrêtéderessassercesderniersjours.Depestercontremoninsouciance.Commentai-jepuêtreaussinaïve?Parisestunegrandeville,tomberdeuxfoissurlemêmehommeestquasiimpossible.Niledestinnilehasardnesontcoupablesdanscettehistoire.Seulementmoi.Ilfautquejeréparelesdégâts,maisToddetJoshrestentinjoignables.Lesautresdel’équipeétaient
déjàenmissionquandjesuispartieetnesontpascensésreveniravantdeuxsemainesminimum.Jesuistouteseule.C’estlapremièrefoisquejen’aiaucunsoutienpendantunemission.Etévidemment,c’estlapremièrefoisquej’enaibesoin.Jeregardel’horloge,8heures, jeresteraisbiendansmonsacdecouchage,àpleurersurmontristesort,maisjenesuispasdugenreàbaisserlesbras.Jemelèveetmonventresemetàgargouiller.Oh,celui-làcommenceàmetapersurlesnerfsàfaireautantdebruit.Jemepréparevitefait,histoired’alleràlaboulangerie.J’ouvrelaporteetsursaute.Ilestlà.Accroupisurlecôtédemaporte,latêteentrelesgenoux.Ça
nem’étonnemêmepasdeletrouverlà.Jeledétaille,ilporte,àpremièrevue,lesmêmesvêtementsqu’hier soir. Tout noir, avec une veste en cuir. Jeme racle la gorge. Il relève les yeux versmonvisage,etjesensunsourireétirermeslèvres.Ilaunmagnifiquecoquard–quin’estpasdemoi–etunbleuquicommenceàapparaîtresursajoue.Unemoueboudeuseremplacevitemonsourirequandjevoisquejeneluiaipascassélenez.Benquoi?Non,jenesuispasunefemmeviolente,engénéral.Mais là, ça méritait plus qu’une simple gifle. Et malgré tout ça, il est magnifique. Comment unhommepeutêtrebeauavecuncoquard?Moi,quandmonmascaracoule, jeressembleàunpanda.Mais,luinon,çalerendplusmystérieuxetluidonneunairdangereux.Sexy.Ilal’airépuisé,jemedemandedepuiscombiendetempsilestassisici.Aumomentoùilselève,jeluiclaquelaporteaunez.Non,maisquelculot!Jen’ycroispas.Ilse
pointeici,alorsqu’ilafaitfoirermamission?Jenesaismêmepasdansquelcampilsetrouve!Etsij’avaiscouchéavec l’ennemi?Jepose la têtecontre laporte.Pourquoi ila falluqueça tombesurmoi?Ilsemetàtambourinersurlebattant,sijeneluiouvrepas,laréceptionnistevafinirparappelerla
police.D’accord,cettenuitilétaithorsdequestionquej’empêchelesforcesdel’ordredel’emmener,mais là je serais forcément impliquée. J’inspire et expire doucement, il faut que j’arrive à mecontrôler.Neletuepas…Neletuepas…Pastoutdesuite,aumoins…—Arrêtedetapersurlaportecommeunmalade!Jevaisouvrir!jecriepourmefaireentendre
par-dessusleboucanqu’ilfait.Il baragouine une réponse que je ne comprends pas entièrement. Les seuls mots qui filtrent à
traverslaportesont:«taré»,«bonsamaritain»,«nepaslatuer»….Jesecouelatête,cemecnetientpasàsavie.—Qu’est-cequetuattendspourouvrir?grogne-t-il,plusfort.—Jen’aijamaisditquejeleferaitoutdesuite.J’arriveàmecalmer…auboutdedixminutes.Ilsemetàtapersurlaporte,maispasaussifortque
tout à l’heure. Ce sont des coups répétitifs suivis de court silence. Toujours le même nombre decoups.Jemetsuntempsfouàcomprendrequec’estdumorse.Dumorse!Cethommeestfou.Quiutiliseencorecetteméthodedenosjours?—Recommence,luidis-je.Unlong,deuxcourts.Silence.Troiscourts.Silence.Uncourt,unlong,deuxcourts.Silence.C’esttout?Mince,j’aiperdulefil.—Unedernièrefois!Unlong,deuxcourts.Silence.Troiscourts.Silence.Uncourt,unlong,deuxcourts.Silence.D.S.L.«Désolé»?Maispourquoiaujuste?Pourm’avoirmenti?Oupireencore?Silence…Jemedécideenfinàouvrir,etm’effacepourlelaisserrentrer.Jem’appuiecontrelaporteaprès
avoir fermé.Leandrofaitun toursur lui-mêmepouranalyser les lieux.Oui, ilanalyse, ilnevisitepas.Çasevoitàsafaçondetoutdétailler,commes’ilétaitàlarecherched’élémentssuspects.—Trèsmignon,finit-ilpardire.Jelèvelesyeuxauciel,s’ilestvenupoursemoquerdemoi,ilvarepartirdelàentitubant.—Commentm’as-turetrouvée?jedemande,agacée.—Semelledetachaussure,répond-ilenhaussantlesépaules.Iln’apaspufaireça?Si?Jemedirigeversmeschaussures,lesretourneetd’uncouptoutema
colèrerevient.Fermelesyeux,imagine-toidansuneprairie.Voilà,iln’yapasd’hommeàcastrer,pasde traceurdans tachaussure. Inspirecetairpur,pasdepollutionparisienne !Écoute le chantdesalouettes,pas toncœurquidemandevengeance.Assieds-toiet inspire.Une,deuxet trois fois.Voilàmaintenant,ouvrelesyeuxetneletuepas.Jevaisletuer!Leandro,quiaanticipémaréaction,faitunpasenarrière,etlèvelesmainsensignedereddition.
Ou de soumission ? Bien sûr, je préfère imaginer que c’est la deuxième option. Mais je restedéterminée,j’avanceverslui.Quiestlaproie,maintenant?—Linda,calme-toi!Cen’estpascequetucrois,dit-il.Elleestbienbonne,celle-là!Pourquoitousleshommesprisenfautesesentent-ilsobligésdedire
ça?Parcequ’envérité,c’esttoujourscequel’oncroit.Voustrouvezvotremarinuavecunefemmetout aussi nue dans votre lit, c’est bien ce que vous croyez.Non, ils ne faisaient pas une partie de
Scrabble – ça existe le strip Scrabble ? – il vous trompe et c’est un connard ! Votre mère vousorganisedesrendez-vous,c’estbiencequevouscroyez,vousavezl’airdésespéré!Alors, voilà ce que je crois.Cet homme à l’allure de dieu grec a placé une puceGPSdansma
chaussure.Ilasûrementenquêtésurmoietdoitdonctoutsavoirdemavie.Ilacouchéavecmoialorsqu’ilmementaitsursonidentité.Est-cequ’ils’appellevraimentLeandro?Cequejesais,c’estquejevaisletuerouaumoinslecastrer!Encoreunpasdeplusverslui.Onneselâchepasduregard.Danslemien,ildoityvoirlacolère,
ledégoûtquejeressensenverslui.Danslesien,ehbien,difficiledel’analyser.Ouplutôt,j’aimeraismetromper.Parcequej’yvoisduregretetdel’amusement.—Tutesouviensdut-shirtquetuportaisaurestaurant?medemande-t-il.Iln’estpassérieux,pourquoijemesouviendraisd’undétailaussiinsignifiant?J’arrêted’avancer,
croiselesbrassurmapoitrineethausselessourcils.Laposetypiqued’unepetitefillepourriegâtéequin’apaseudedessertetquienréclameun.Pourmapart,jeregretteplutôtd’yavoirgoûté.— Tu ne comptes pas m’adresser la parole ? Comme tu veux. Mais je viens de comprendre
pourquoituportaiscet-shirt.Jenevoispasdequoiilparle.J’aibeaumecreuserlesméninges,riennemevient.—Toujoursaucun souvenir ?Moiquipensaisquece jour t’auraitmarquéeunpeuplusqueça,
s’étonne-t-il.Ilsecouelatête,dépité.Cethommeestsuicidaireetàunénormeproblèmed’ego.—Tuportaisundébardeuraveccommeslogan:«Situtiensàtespartiesintimes,fuis!».Àlavue
detonexpressionaujourd’hui,j’auraisvraimentdûprendrecetavertissementausérieux.Jeplisselesyeux.Jevoistrèsbienqu’ilseretient,maisc’estplusfortquelui,iléclatederire.Je
suismédusée.Jeclignedesyeux,maisnonjenerêvepas.Ilestpliéendeux.Jenesaispascequimeretientdel’assommer.—T’asfini?jedemandesèchement.Ildresseundoigtenl’airpourmedemanderencoreuneminute.Jelèvelesyeuxauciel.Merdeàla
fin,j’enpeuxplus.Jevaischercherlalampehideuseetlalancedanssadirection.—Non,maisçanevapas?Tuescomplètementfolle.Àchaquefois,ilfautquetum’agresses.Ilsefrottelefront,ilfautdirequejeraterarementmacible.—Àchaquefois?Tunemedoisqu’unjolismokyeyesinversé,ettuportesencoretonensemble
troispièces.Alors,nemepoussepastropàbout!—Unsnoopyquoi?—Laissetomber!—Cen’estpasmafautesitumefaisrire.Jepassemamainsurmonvisage,épuisée.J’enaimarredetournerautourdupot.—Quies-tu?Sonhilaritélaisseplaceàuneambiancepesante.Ilmetourneledosetregardeparlafenêtre.Au
momentoùjepensequ’ilnevapasmerépondre,ilmefaitface.Ilaretrouvésonvisageimpassible.—Ilyadesquestionsauxquellesjenepeuxpasrépondre.Celle-cienfaitpartie,ditLeandroenme
regardantdroitdanslesyeux.—Qu’est-cequetupeuxmedirealors?—Quecequis’estpasséentrenousn’étaitpasprémédité,répond-il.—Ettupensesquejevaisycroire?—Absolumentpas.—Bien, tupeuxpartirmaintenant.Parceque jene te faispasconfianceetquec’étaituneerreur
entrenous.D’ailleurs,j’aidéjàtoutoubliédecejour-là.—Cen’estpasleplanquej’aientête,grogne-t-il.—Cequetuveuxm’importepeu!Maintenant,sorsd’ici!Être près de lui me retourne le cerveau. Leandro s’avance vers la sortie. Au lieu de partir
directement,ils’arrêteàmescôtés.Onregardetouslesdeuxdansdesdirectionsdifférentes.Jeserrelespoings.Ilreplaceunemècheéchappéedemonchignonfaitàlava-vite.Sesdoigtss’attardentlelongdemoncouetsuiventlechemindemonépaule.Unfrissonmeparcourt,jeserrelesdentspouréviterquetoutgémissementm’échappe.—Jesuisdésolé.Onsereverratrèsvite,minhaquerida2,murmure-t-il.Cen’estqu’unefoisquej’entendslaporteclaquerquejerelâchemonsouffle.Jem’assoissurmon
lit. À chaque fois qu’il a dit qu’on se reverrait, il a tenu promesse. Je ne sais pas si d’ici notreprochainerencontre,mesenviesdemeurtreserontpassées.Jenesuispasplusavancéequ’hiersoirparrapportàtoutecettehistoire.—Leandro,quies-turéellement?jesouffle.Lasonneriedemontéléphonem’empêchederuminer.Unnuméromasqué.Jedécrocheetjesuis
souslechocparletonpaniqué…
2Minhaquerida:Machérie(NdA)
Chapitre8
LINDA
—Linda,nerestepaslà!Va-t’en!Ils…—Josh?Josh!Jen’aipourtouteréponsequelatonalité.Jeresteuninstantcomplètementparalysée.Essayantde
comprendre.Maisqu’est-cequisepasse?M’enaller,d’accord,maispourpartiroù?Inspire, expire, inspire, expire. Il faut que je gardemon calme sinon je n’y arriverai jamais. Je
reprendsmontéléphone.Joshestdésormaissurrépondeur.J’essaieavecTodd.—Réponds!Décrochecefoututéléphone,jemurmuretoutencroisantlesdoigts.Çasonnedanslevideavantdebasculersursamessagerie.Jesuisàdeuxdoigtsdebalancermon
portable contre lemur. Dernier espoir, j’appelle une à une toutes les personnes de l’équipe. Sansrésultat,ilssonttoussurmessagerie.Commentsefait-ilquejesoislaseulejoignable?J’aidesmilliersdequestions,maisaucune réponse.Lapeur s’immisceenmoi, jenedoispasy
prêterattention.Resterconcentréeetenviesipossible,voilàcequejecomptefaire.Jefourretoutesmes affaires dansmon sac, fais un tour surmoi-même à la recherche d’un objet oublié. Tout estcommelorsquejesuisarrivéeici,hideuxetavecunelampeenmoins.Unendroitquejenevaispasregretter.J’aimeraisêtrechezmoisurlecanapéavec…—Maman,dis-je,totalementpaniquée.Jecherchemonportabledansmonsac.—Putain,maisilestoù?Jerenversetoutlecontenudemonsacsurlelit.Pasdetempsàperdre.Jelerepèreentreunrouge
à lèvresetunminipaquetdechips.C’est lesmains tremblantesque je le récupèreetcomposesonnuméro.Jefaislescentpasdanslapièce.Pourquoimet-elleautantdetempsàrépondre?Jetombesursonrépondeur.Maiscen’estpaspossible!Jeretenteunenouvellefois.Heureusementauboutdelaquatrièmetonalité,ellerépond.—Bonjour,machérie,tuvasbien?J’ai le souffle coupé, les larmes aux yeux, je m’assois lourdement sur le lit. Entendre sa voix
m’enlèveunpoidsénorme.Sijamaisilétaitarrivéquelquechoseàmamère,jenesaispascommentj’auraisfaitpourcontinueràavancer.—Linda,tuvasbien?répète-t-ellefaceàmonsilence.—Oui,oui,mamantoutvabienettoi?dis-jelavoixenrouée.—Parfaitementbien!J’airendez-vousavecEmmaetsafillecesoir.
Jemeraclelagorge.Jeregardemamontre,11heures.Jacksondoitêtreencorelà.—C’estsuper,tuleurdirasbonjourdemapart.Maman,tupeuxmepasserJackson,s’ilteplaît?—Pourquoi?Jevaisbien,tun’aspasdesoucisàtefaire!Jelèvelesyeuxauciel,siseulementellesavaitàquelpointjelasurprotège.—Jesais,maisilfautquejeluiparle.—D’accord,bougonne-t-elle.—Merci,maman,prendssoindetoi,jet’aime.—Moiaussijet’aime,machérie.EnattendantdeparleràJackson,jecommenceàrangermonsac.—Bonjour,Linda.—Salut,Jackson,toutsepassebien?—Commed’habitude,dit-ilavecunsouriredanslavoix.—Parfait.Jackson…Jesoupire,maisilfautquejeprotègemamère,jesavaisqu’unjourçapourraitarriver.—Qu’est-cequisepasse,Linda?mequestionne-t-il,inquiet.—Eagle.—D’accord.Ilneluienfautpaspluspourcomprendre.Jacksonn’estpasseulementuninfirmiermaisaussiun
amiquiafaitl’opérationTamir3avecmoi,alorsquej’étaisencoremilitaire.J’avaisreçuuneballedanslajambeetj’avaisétéplacéesousunetenteenattendantd’êtresoignée.Jen’étaispaslecasleplusurgent,alorsj’avaisinsistépourqued’autressoientprisenchargeavantmoi.Ilétaitarrivéencourant.J’avaiséclatéderirequandilavaitfaitundérapagecontrôlédevantmoi.Jacksonn’avaitpasarrêtédefairelepitrepourmedistrairedeladouleur.Ledébutd’unebelleamitié.Quandmamèrem’aobligéeàreprendreleboulot,j’aicherchéunepersonnedignedeconfiance
pourveillersurelle,sanséveillersessoupçons.Luin’avaitpassignélareconduitedesoncontrat,etselançaitdanslecivil.Coupdechancepourmoi,jel’aiengagédesuiteetàpleintemps.Doncnon,ilnefaitpasquecontrôlerl’étatdesantédemamère,ilveilleaussiàsasécurité.Ilesttrèsdiscret,ducoupmamèrenesaitpasquequelqu’unveillesurellelorsquejenesuispasàlamaison.«Eagle»,c’estnotrecoderouge.Sil’undenousdeuxprononcecemot,mamèredoitêtremiseen
lieu sûr coûte que coûte. Il y a des armes cachées partout dans la maison, on est les seuls à enconnaîtrelesemplacements.Surprotectrice?Non,j’envisagejustetouteslesoptions.—Faisattentionàtoi,mabelle.—Vousaussi,dis-jelagorgeserrée.Jeraccrocheetjesensmoncœurs’allégerd’unpoids.Savoirmamèreentredebonnesmainsme
permetdemeconcentrer surmapropre fuite. Je remballe toutesmesaffairesetquitte lachambre,puisl’hôtel.Unefoisdehors,j’inspireungrandcoup,jetteuncoupd’œilàdroiteetàgauche.J’accélèrelepas
jusqu’àmavoiture.Dixminutesplustard,j’arriveenfindevant.J’ouvrelecoffreetlancemonsacàl’intérieur.Aumomentoù jesuissur lepointde le refermer, jesens lecanond’unearmeappuyercontremondos.—Tuvasêtregentilleetfaireexactementcequejedis.Ilseserreunpeupluscontremoiquandunevieilledamepasseprèsdenousavecsonchien.Ce
derniersemetàaboyeretgrognerdansnotredirection.Monagresseurpassesoudainementunbrasautourdemataille.— Fais un magnifique sourire à mamie sinon, c’est dans une mare de sang que les gens la
retrouveront,chuchote-t-il.Ilfaitunpeupluspressionavecsonarmeetjem’exécuteimmédiatement.Lafemmeaccélèrelepas
commesielleavaitaffaireàdejeunesdépravés.Mêmeunefoisqu’elleadisparu, il reste toujourscolléàmoi.Jemeretiensdenepasluibroyerlestesticulespourlefairereculer.Jen’aitoujourspasvusonvisageetilfautdirequecetteposturecommenceàmetapersurlesnerfs.J’inspireungrandcoupetdemande:—Qu’est-cequevousmevoulez?Jesaisbienquel’argentn’estpaslemobiledecetteagression,prendreautantderisquealorsqueje
conduis une vieille voiture et que je n’ai pas l’allure d’une bourgeoise du 16e est beaucoup troprisqué.—C’esttoiquejeveux.Saréponsemelaisseperplexe,quivoudraitmegardercaptive?Iln’yapaspluschiantequemoi
commeprisonnière.Surtoutsijen’aipasmadosequotidiennedesucre.Dieu,donne-moiaujourd’huimonmuffinquotidien.—Pourquoi?—Tulesaurasbienasseztôt,enattendanttuvasveniravecmoi.Àcesmots,monsangseglace,jeregardepartoutautourdemoiàlarecherched’uneéchappatoire,
iladûlesentirparcequ’ilappuieunpeupluslecanoncontremondos.—NejouepasàWonderWomansitutiensàcequetonamiresteenvie.Uncoupdefiletilfaitla
rencontredelafaucheuse.Jemefige,c’estàpeinesij’oserespirer.IlsontJosh?Maisquisont-ils?Putain,j’auraisdûrester
chezmoiàmegoinfrerdemuffinsetàbaversurJensenAckles.Voilàunprogrammedignedecenom!Jesecouelatêtepourmeconcentrer.SilaviedeJoshestendanger,jedoistoutfairepourlesortirdelà.—Bien,jevoussuis.Ilsedécolleenfindemondosetseplaceàmescôtés,l’armecontremonflanc.—Bravefille.Jegrogne.—Ne jouezpas tropnonplus avec le feu. Jem’énerve trèsvite et je frappe toujours lespoints
stratégiques,dis-jeenlorgnantsonentrejambe.Ilsembleavoircomprislemessage.Ilrefermebrutalementmoncoffreetsemetenroute.Ilmetire
le bras pourme faire avancer plus vite. Je peux enfin détailler ses traits. Des cheveux bruns trèscourts, des yeuxmarron et un teint pâle. Il a sûrement dû croiser la route d’un certain nombre deblondes.Jeparledebièresbienévidemment,vulacirconférencedesonventre,çanefaitaucundoute.Il a tout de l’homme banal qu’on oublie vite. Peut-être un avantage pour lui ? Il peut aisément sefondredanslafoulesansqu’onlerepère.Onmarche environdixminutes avant d’arriver devant une fourgonnette blanchegaréenon loin
d’unparc. Je détaille les lieux, à la recherched’un indicequelconque sur l’identité de cet homme.Nada. Il y a un cybercafé, une boulangerie, un cinéma et plein d’autres commerces. Une rueparisienneparmitantd’autres.Aucunesolutionnemevientàl’espritsansrisquerlaviedeJosh.Merde!Ildoitbienyavoirun
moyend’échapperàcetenlèvement.Qu’est-cequ’ilmeveutbonsang?Jesuissortiedemespenséespar le troll. Je trouvequecesurnom luivacommeungant. Ilvientd’ouvrir sacamionnetteetmepousse avec son arme pour que jemonte à l’intérieur. Jem’exécutemême si je n’ai qu’une seuleenvie:luiroulerdessusauvolantdemafutureprison.Parcequejesaisenvoyantlesmenottesetle
Scotch,que jenevaispasêtre libredemesmouvements ! Il refermederrière lui.Unevitreséparel’avantdel’arrière.Jevoistrèsbiencequisepassedehors,s’ilestaussibêtequesespieds,jepourraipeut-êtreessayerdeprendredespointsderepèrepourunefuturefuite.—Assieds-toi!TuprendslerouleaudeScotch,tul’enroulesautourdeteschevillesettuserresle
pluspossible!Jeluilanceunregardnoir.Unefoisquec’estchosefaite,ilsortuncouteaudesapocheetdécoupe
unmorceaudebandeadhésivepourlecollersurmabouche.Ilprendlesmenottesetmelesmetaupoignetdesortequ’ellesmordentunmaximummachair.J’étouffeungémissement,jeneluiferaipasce plaisir. Il finit le rouleau de Scotch en emprisonnantmes cuisses.Me voilà aussi saucissonnéequ’unedindedeNoël.—Bien,maintenantquej’aitoutetonattention,tuvasm’écouter.Ha,commesij’avaislechoix.Jelèvelesyeuxauciel,ilreprendcommesiderienn’était.— Ton ami et toi avez, apparemment, énervé les mauvaises personnes. Tu es assez futée pour
savoir ce que ça implique. Vous allez devoir rendre des comptes, l’interrogatoire risque d’êtremusclésitunecoopèrespas.Àtoidevoirsitupréfèreslaméthodedouceouforte.Enattendant,resteallongéeettiens-toitranquillejusqu’àlafindutrajet,çameferaitmalaucœurdedevoirt’assommer,dit-ilavecunecompassionfeinte.Justeavantdepartirilmemetunbandeausurlesyeux.Ordure!J’ail’impressionqueletrajetduredesheuresvoiredesjours.Jesuisballottéedanstouslessensau
moindrevirage.Jeressenslapluspetitecrevassesurlaroute,mondosestencompote.Matêteestsurlepointd’exploser.Des larmesde rage remplissentmesyeux, j’essaie tantbienquemaldenepaspleurer.Jen’aipasbesoind’enrajoutercôtéhumiliation.Enfin, levéhicules’arrête, jesoupiredesoulagement.Avantdemerappelerquecequim’attend
peutêtrebienpire.J’entendslaportecôtéconducteurclaquer,puiscelleàl’arrières’ouvrir.Onmetire violemment par les chevilles, je n’oppose aucune résistance sachant que ça ne sert à rien.Quelqu’un tranche le Scotch qui enserremes chevilles et enlèvemesmenottes.Maisme laisse lebandeau.Jefrottelapeauendoloriedemespoignetsetgrimace.—Avancetoutdroit,medit-ilenmetenantparlecoude.Aumoins, j’ai toujoursaffaireautroll.Onemprunteunescalier, l’odeurdel’humiditémêléeau
désinfectantetencoreautrechosesurquoijen’arrivepasàmettredenom,m’agresselesnarines.—Tuasdelavisite,criesoudainementletrollens’arrêtant.Ilmesemblequ’ilouvreuneporteavantdemepousseràl’intérieurdelapièce.—Jecroisquevousvousconnaissez,touslesdeux.J’entendslecliquetisd’unverrouetdespass’éloigner.Jesoulèveletissudedevantmesyeux,et
leslaisses’habitueràlaluminositéavantdelâcherlaseulechosequimevient.—Oh,merde…
3OpérationTamir:NomdelamissiondesforcesfrançaisesenAfghanistan.(NdA)
Chapitre9
LINDA
—Tuasmauvaisemine,Leandro,luidis-je.Jepenchelatêtesurlecôtépourl’examineretgrimace.Ilaplusieurscontusionssurlevisageeten
plissantlesyeuxj’arriveàdiscernerdusangauniveaudesjointuresdesamaindroite.Ilestallongésurunlitsommaire,vêtudesmêmesvêtementsquecematinenunpeuplussales–etensanglantés,surtout.Jeregardeautourdemoi,jeremarquequel’onestdansunecellule.Ilyaunlavaboetdestoilettes couverts de crasses. Le lieu a l’air abandonné. Seule la lumière du jour, qui filtre par lafenêtremuniedebarreaux,mepermetdevoiràquelpoint.Lapeintures’effrite,l’odeurestàlalimitedusupportable.Jem’avanceverslafenêtreetmemetssurlapointedespieds.Onestvisiblementdansuneprison.Plusieursautresbâtimentssontdansunétatlamentable.Onavuesurleterraindebasket.Jesuispresquesûrequ’unesourisvientdemefrôlerlepied.Maisjen’osepasregarderausol,depeurdemeridiculiserdevantLeandro,pourchanger.—Çame fait plaisir de te revoir aussi,minhaquerida, bien que les circonstances ne soient pas
cellesquej’avaisimaginées.—Hum.Çaveutdirequoiaujuste?—Quejepréféreraisquelelitsoitplusgrandetsurtoutplusconfortable!Jepousseunsoupird’exaspération.—Tunepensesdécidémentqu’àça?Jelèvelamainpourluisignifierquejeneveuxpasderéponse.—Jeneparlaispasdetespenséesperverses,maisde«minhamachinchose».—Minhaquerida.Qu’est-cequejegagnesijetediscequeçaveutdire?—Lefaitquejen’ajoutepasd’hématomesàtonjoliminois,jeréplique,pince-sans-rire.—Alorscommeçatutrouvesquej’aiun«joliminois»,dit-ilavecunsourireencoin.Jelèvelesyeuxauciel,c’estlaseulechosequ’ilaretenue.J’aideschosesbienplusimportantesà
réglerquedeflattersonego.Deplus,«joliminois»cen’estpasl’expressionquej’auraischoisiesijevoulaisluifaireuncompliment.Maisplutôtgueuled’ange.OuJSO:Jesigneoù?—Commentes-tuarrivéici?jeluidemandeensecouantlatêtepourmechangerlesidées.— Sûrement de lamême façon que toi. Ilsm’ont coincé pas longtemps après que j’ai quitté ta
chambre.J’aiessayédemedéfendre,maisàquatrecontreunc’estcompliqué.JenesuispasChuckNorris.—Ça,c’estsûr.
—Ilsm’ontdroguéetquandjemesuisréveillé j’étaissurcelit,reprend-ilcommesi jen’avaisriendit.Jesuisquandmêmevexéedenepasavoireulamêmeescouade.Cen’estpasparcequejesuisune
femmequejenepeuxpasmedéfendre!Ilsm’ontclairementsous-estiméeetçapeutjouerennotrefaveur.Ilfautjustequejetrouvecomment.—Ilsnet’ontrienditsurlepourquoidecetenlèvement?— Si, que j’avais énervé les mauvaises personnes !Mais le fait que tu sois là toi aussi réduit
clairementlaliste.Je fais lescentpasdans lapièce,enfin, j’en faisplutôtquatreetmeretourne.Laseuleetunique
affairequinouslie,c’estcelledelasociétédesécuritéprivée.MaisjenesaispaspourquitravailleLeandro !Est-ceque jepeux lui faireconfiance?Objectivement?Certes, ilm’asauvé lesmichesquand il a fallu quitter le bâtiment en speed cette nuit-là.Mais sans sa présence, le plan se seraitdéroulésansaccrocs.Etpuisilm’asuivie,toutdemême,cen’estpasrien!—Toncerveauvasemettreàfumersitucontinues,semoque-t-il.Jedardesurluiunregardnoiretcroiselesbrasauniveaudemapoitrinealorsqu’ilafficheencore
sonsourireencoin.—Leandro!Cen’estpaslemoment.Concentre-toi,ilfautqu’onsorted’ici.Etpuiscommenttu
faispourtecouchersurcetruc-là?C’estuncoupàsechoperlapeste.—Jen’aipaslechoix,j’aimalpartout,murmure-t-il.Jem’avance rapidementet faitcourirmesmainssur lui, inspectantminutieusementsoncorps. Il
grimacequandjeletoucheauniveaudescôtes,frisonnequandjelaissemesdoigtss’attardersursapeau.Jeplongemesyeuxdanslessiens,jesuiscommehypnotisée.J’oublielapuanteur,lesmurssurlepointdes’effondreretlefaitquejesoisenfermée.Iln’yaplusquenousdeux.Seulsaumonde.Jenesaispascombiendetempsonresteainsisansriensedire,maislebruitd’unmoteurdevoituremeramènebrutalementàlaréalité.Jeretiremesmainscommesisapeauétaitenfeu.—Cassées?jel’interroged’unevoixrauque.—Apriorinon,maisjenesuispasunspécialistenonplus.C’estjustedouloureux.—Tuasmalautrepart?—Justelà,dit-ilenmemontrantseslèvres.—Irrécupérable…Bienquelatentationsoitgrande,cen’estabsolumentpaslemoment.Nimaintenant,nijamais.—Onvadevoirattendrequetuterétablissesunminimumavantdetenterquoiquecesoit.Comme
défoncercetteporte.—Tuasunplan?medemande-t-il.—Pasdutoutettoi?Ilsecouelatête.Onestdansdebeauxdraps.Enparlantdedraps,jevaisdormiroù,moi?Mêmesi
jenevaispascertainementpasfermerl’œil,j’aibesoind’unminimumderepospourm’enfuiretcen’estpasenrestantdeboutquejevaisentrouver.Alorsoù?Surlesol?Certainementpas,jeneveuxpasêtreréveilléeparunesourismegrimpantdessus.OhmonDieu,lasouris.Elleestoù?J’inspirelonguementetexpirelentement.Jedétestelessouris,jenetrouveriendepluseffrayant.—Qu’est-cequetuas?mequestionneLeandro.—Rien!riendutout.Ilfautquejepenseàautrechose.Vite!—Quies-tu,Leandro?—Voilàunequestionbiencomplexe,dit-ilenfuyantmonregard.
—Tunepensespasquejemériteenfind’avoiruneréponseparrapportàtoutcefoutoir?jehurle,incapabledememaîtriser.Ilpousseunsoupird’agacementoudedéfaite,jenesaispastrop.J’aibesoindesavoiroùj’ensuis,
est-ce trop demander ? De savoir si je peux lui faire confiance, tout simplement. J’étais sûre depouvoirgérerseule.Parcequec’estbien lecas, jesuisseule.LefaitdeneriensavoirdeLeandrom’empêche de totalement me reposer sur lui. Plusieurs minutes passent, avant qu’il n’ouvre labouche,maisillarefermeaussitôt.Ilal’airdecherchersesmots,peut-êtredécide-t-ildecequ’ilpeutmedireoupas.—OK,uneautrequestion.Quesais-tudemoi?j’enchaînequandjevoisqu’ilpeineàmerépondre.—LindaPerrin,27ans,filledeMarieDuval.Agentdesécuritéprivée.Enquêtesuruneentreprise
concurrente.Desfaits,rienquedesfaits.Aucuneémotiondanscesphrases.Sûrementquetoutcequ’ilm’adit
oufaitavantn’étaitdictéquepourlebiend’unemission.Ilsaittoutdemoi,alorsquejenesaisriendeluietçamefaitmal!Jedétourneleregard.J’essaiedeparler,maisj’ailagorgenouée,jelaracleavantdepoursuivre.—Tuasappristesleçons!Maintenant,dis-moicequejesaisdetoi.Ilmarqueunepause,ilvoittrèsbienoujeveuxenvenir.—Leandro,travailledansl’administration,répond-il.Voilà,c’esttoutcequejesaisdelui.Etaussiqu’ilm’amenti.Jesaisquec’estunagent,çanefait
aucun doute, même s’il ne me l’a pas dit. La réelle question est, pour qui travaille-t-il ?Mais jepréfèreenposeruneautre.—Leandro,c’esttonvraiprénom?Ilhochelatête,maisneditrien.—Jenecomptepasmeneruninterrogatoire!J’enaimarredemebattrecontretoialorsquetune
mejettesquedesmiettes,jem’exclame,frustrée.Jem’éloignede lui, j’aibesoindedistancepourcontrôlermesémotions.Pourquoi suis-je si en
colèrecontrelui?Jesecouelatêteetregardelecielàtraverslesbarreaux.Çapourraitêtreunebellejournée d’été, si je n’étais pas enfermée dans une prison en ruine, avec un homme qui ne meconsidère que commeunemission. J’entends le lit grincer et ne bouge pas d’un pouce. Je sens sachaleurdansmondos,maisnemeretournepas.—Linda,mapuce…,dit-ilavecunepointed’angoissedanslavoix.Onapassé sipeude tempsensemble, et j’aidéjà l’impressionqu’ilhantechaquepartiedemon
cerveau, demon âme. Il a laissé une trace indélébile et c’est pour cette raison que je lui en veuxréellement.Jenemesuisjamaissentieaussivivantequedanssesbras,àtraverssonregardcejour-là.L’entendre me parler ainsi, si tendrement, me donne un coup de poignard en plein ventre. Je memordslalèvrejusqu’ausangpournepasmebriserenmillemorceaux.L’enlèvement,saprésenceetsesmensonges,c’estplusquejenepeuxsupporter.J’essaiederépéterdesexercicesderespiration,maisrienn’yfait,jelaisseéchapperunhoquet.Soudain,ilmeretournefaceàluietmeprenddanssesbras.J’éclateensanglots.J’étaispersuadéed’êtreplusfortequeça,qu’eux…quelui.Unemainmaintientmatêtesursapoitrine,tandisquel’autresurmondosdessinedescercles.Ilme
murmure des mots apaisants. Peu à peu, je me détends dans ses bras, enivrée par son parfum.J’aimeraisqueletempss’arrête,justepourprofiterdesonétreinte.Jesuisnoyéeparl’affluxdemessentiments.Colère,peine,joie.Jesuisdésorientée.Quand Leandro sent que ma crise est finie, il pose ses mains sur mes épaules et me décolle
lentementdesoncorps.Ilmetientàquelquescentimètresdeluietmeregardeintensément.
—Jevaistedirequijesuis,Linda.Maisavantça,tudoissavoirquelquechose.Saphraselaisseplaceàlapaniquechezmoi,ilyaunsujetquipourraitm’anéantirencoreplus?
Sentantquejevaispeut-êtrem’effondrerànouveau,ilprendmonvisageencoupeentresesmainsetdéposeunbaisersurmonfront.Jefermelesyeux,seslèvress’attardentplusquederaison,pourtantjenem’endétachepas.—Jeveux justeque tusachesquecequis’estpasséentrenousn’étaitabsolumentpasprévu.Tu
doismecroire,j’étaisetjelesuisencore,attirépartoi.Riendecequiseproduitautourdenousnepourrachangerça!Illeditavectantdevéhémencequejecommenceàlecroire.— Je teveux,dit-il enponctuant chaquemotd’unbaiser, surmon front,monnezet enfinmes
lèvres.Doucement,jemecolleàlui.Pouroublieroùnoussommes,pourmedélecterdesachaleur.Mes
lèvres sur les siennes, je pars dans un autremonde.Unmonde où nous sommes seuls, dans notrebulle.Maraisonmeditquejedevraismeméfier,nepasm’abandonnersifacilementalorsquemoncorpssepressecontre lui. Ilglissesesmainsdansmescheveux, jem’accrocheàsespoignets.J’aibesoindeplus,etluiaussi.Samaingauchedescendlelongdemacolonnevertébrale,m’arrachantunfrisson,etseposeaucreuxdemesreinspourfinirsacoursesurmesfesses.Noscaressesdeviennentviteplussauvages,plusprimaires.Jegémis,jenemelassepasdel’embrasser,c’esteffrayant,maistellementbon.Leandromordillemalèvreinférieureavantdeposersonfrontcontrelemien.—Ondevraitarrêteravantqueçanepartetroploin,murmure-t-ilaussiessouffléquemoi.J’inspire un grand coup et fais un pas en arrière. Être collée à luim’empêche de domptermes
envies. Je relèvemon regardversLeandro, le sienest encorebestial, remplidedésirpourmoi. Ilpassesamaindanssescheveux, lesdérangeantencoreplus. Jemeretiens tout justede remettreenplace samèche qui lui tombe sur le front. Il ferme les yeux et lève un instant son visage vers leplafond.Quand il commenceà faire les centpas,notremoment intimeestbel etbien terminé.Placeà la
vérité,àprésent.—Jenesaispasparoùcommencer,medit-ilaprèsunsilenceinsupportable.—Parledébut?jepropose.Jemecalecommejepeuxdansuncoindelapièce,àl’affûtdumoindremouvementausol.Jen’ai
pasoubliécettejunkiedufromage,dotéedequatrepattes.Loindesedouterdelabataillequisejoueentrelasourisetmoi,Leandrocommencesonrécit.—JesuisnéauBrésil.Pasducôtéglamour,plageetpaillettes.Maisceluideladrogue,duracketet
desmeurtres. J’ai appris àm’adapter pour survivre, surtout pourmamère etmes sœurs cadettes.C’étaitàmontourdemesacrifier,notrepèrel’avaitassezfaitpendantmacourteenfance.Jevoulaisuneviemeilleurepourelles.Ellesleméritaienttellement.Unsourirepleind’amouréclairesonvisage,etjevoisbiensesyeuxembués.N’écoutantquemon
instinctetmoncœur,jem’approchedoucementetentouresatailledemesbras.Ilposesonmentonsurlehautdematête.—Merci,souffle-t-ilavantdereprendre.J’aitrèsvitecomprisàquijedevaisrendredesservices
pour gravir les échelons. J’étais l’homme de l’ombre, celui qu’on envoyait faire le sale boulot.Jusqu’àcequ’undecheznousmevendeàl’ennemi.Son corps irradie d’une telle tension que ça me fait peur. Je lève mon visage vers le sien, sa
mâchoireserréeetsespaupièresclosesm’indiquentàquelpointrevivretoutçaestdurpourlui.Jeresserremonétreintepouressayerdeleréconforteretparcequejen’osepasl’interrompreavecdes
mots.—J’aifaitcequej’avaisàfaire.J’aifaituneoffrequenepouvaitrefuserlechefdegang.Laviede
sonennemi.Parlasuite,jemesuisvengé.Etdepuis,jevendsmesservicesauplusoffrant.—Tu…tuestueuràgages?—Entreautres,répond-illeregardvide.Jem’arracheàsesbras.—Commentça,entreautres?Est-cequec’étaitçatamission?Metuer?—Non,dit-ilendétournantleregard.Jenefaispasqueça,c’esttout!—Leandro,situmemens,jetedécouperailescouillesentoutpetitsmorceaux!— Je ne doute pas une seconde que tu en sois capable, minha querida. Mais il faut que tu
comprennes qu’avant chaquemission, j’enquêteminutieusement sur tous les commanditaires et lescibles.Riennem’échappe,mêmecequ’ilsontcachéàdesgenshautplacés.C’estcequimepermetdeprendreladécisiond’accepterounonlamission.—D’accord,maiscommenttufaistoutçaseul?—J’aidescontactsunpeupartout.Ilmesuffitdelessolliciter.—C’estaussisimplequeça?Jesuisdubitative.—Non,maisonn’apasbesoinderentrerdanslesdétailspourl’instant.Je me masse les tempes. Je ne m’attendais pas vraiment à ça. J’ai des tonnes de questions qui
tournentdansmatête.J’arrivedifficilementàfaireletri.—Commenttuasfaitpourqu’iln’yaitpasdereprésaillesdelapartdesgangsauBrésil?—Ilsmecroientmort,ainsiquemafamille,dit-ilenhaussantlesépaules.Jem’attendsàcequ’ildéveloppeunpeu,maisaucontraire,ilretournes’asseoirsurlelitetnedit
plusunmot.Signequecesujetestclos.—Tutravaillespourqui,actuellement?—Ilfautvraimentquejerépondeàcettequestion?Jeneprendsmêmepaslapeined’ouvrirlabouche,jecroiselesbrassurmapoitrine,ethausseles
sourcils.—Josh,reprend-il.—Quoi,Josh?—Toncollègue.C’estpourluiquejetravaille.—Mais…mais…,jebafouille.Jenecomprendsplusrien.Pourquoitravaillerait-ilpourJosh?Etsurlamêmemissionquemoi?
Celan’aaucunsens.—Ilvafalloirquetusoisunpeuplusclair,cettefois-ci!—Ilm’arrivederendredesservicesàdesamis.Joshenfaitpartie.Ilm’ademandéd’enquêtersur
cetteaffaire,parcequ’iltrouvaitquecertainspointsnecollaientpasdansledossieretqu’ilnepouvaitlefairelui-même.—Quelspoints?jel’interroge.Jen’essaiemêmepasdesavoircommentilaconnuJosh.Jesuistellementabasourdie.—D’habitude,cegenred’affairesurlesmercenairesestconfiéeàdesagencesgouvernementales.
Alorspourquoiest-cevousquiavezhéritédudossier?—Cen’estpaslapremièrefoisquelegouvernementnousconfiedesaffaires,jeréplique,surla
défensive.—Certes,maissurdesmercenairesdegrandeenvergure?
D’accord,ilmarqueunpoint.—Autrepoint,pourquoituesseulesurcetteaffaire?Oùsonttescoéquipiers?—Çanedevaitêtrequedelasurveillanceetdel’identification.Pasbesoind’êtredixpourfaireça,
jesaistrèsbienmedébrouillerseule.Concernantlesautres,ilsontunemissionauMoyen-Orient.—Ouisaufquetun’esplusseule,tum’asmoi.Tupeuxcomptersurmoi,maintenant.Je lève les yeux au ciel, il y a encore trop de zones d’ombre pour que je lui fasse totalement
confiance.—Surquoiporteleurmission?continue-t-il.—Jenesaispas,ilssontpartisaumomentoùJoshetmoiétionsàLondres.—D’accord,ilvafalloircreuserdececôtéaussi.TuasdesnouvellesdeJosh?Jen’arriveplusà
lejoindre.Josh,monDieu,dansquoitut’esembarqué?—Ilestendanger,j’ensuissûre.Cematin,j’aireçuunappeldesapart,medisantdefuir.Jen’ai
paseuletempsdeluiparler,lacommunicationatrèsvitecoupé.—Çanesentpasbon.Aumoins,onnepeutpasreprocheràLeandrodeprendredespincettes.Ilmefaudradutempspour
assimilertoutcequejeviensd’entendre.Maisenpremierlieu,jem’inquiètepourJosh.—Est-cequetucroisqu’ilestquelquepartdanscetteprison?—Jenesaispas,maisonledécouvrirademain.Jeseraisenfind’attaquepourdéfoncercetteporte.Jeresteplusieursminutesdansmoncoin,àrevivrel’instantoùcettemissionm’aétéconfiée,àla
recherche d’un indice quelconque. Mais rien n’y fait, je reste bloquée sur les différentesconversationsquej’aieuesavecJoshdepuis.Ilyaquelquechosequicloche,maisjen’arrivepasàmettreledoigtdessus.Soudain,jesensuntrucsurmachaussure.—Leandro?dis-je,paniquée.—Hum.— Tu peux regarder au niveau de mes pieds et me dire que ce n’est pas une souris sur ma
chaussure…?Ilserelèveetbaisseleregardsurmoi.—OK,jenevaispastedirequec’estunesourisquigrignoteteslacets.J’inclinemonvisageversmespieds.Erreurfatale.Niune,nideux,toutenhurlant,jebalancema
jambedanstouslessenspourlafairelâcherprise,etsautedanslesbrasdeLeandro.Soncorpsestprisdesecousses.Cetenfoiréestmortderire!—Cen’estpasdrôle,jedétestelessouris.—Jedevraislaremercier,grâceàelle,tufinisdansmesbras,minhaquerida.Jeluidonneuncoupdepoingsurl’épaule,maisrestetoutdemêmelàoùj’aiatterri.
Chapitre10
LINDA
—Onn’aqu’unlit,onfaitcomment?medemande-t-ilavecunairinnocent.Encoreaccrochéeàlui,jeregardeparlafenêtre,lesoleilsecouche.Toujoursaucunenouvellede
nos ravisseurs, et ça m’inquiète autant que ça me rassure. L’idée de dormir ici devrait m’êtreinsupportable,maisjesaisqu’ilfautquejemereposesijeveuxêtreenformelorsqu’ontenterades’échapper.—Iln’yapasmoyenquejedormelàpendantqueXenasepromènequelquepartautourdenous.—Xena?m’interroge-t-ilenlevantlessourcils.—Benoui,Xenalasouris!jerétorque,lesyeuxrivéssurlesol.—Sérieusement,Xenalasouris?Dis-moiquetunevienspasdedonnerlenomd’uneprincesse
guerrièreàunesouris?—Etpourquoipas?Jetrouvequelessourissontdéterminées,vicieuses,et…—Tutiensvraimentàfaireundébatsurlecaractèredessouris?m’interrompt-il.Jerelèveleregard,ilsepinceleslèvrespouréviterderire,maissesyeuxsontbaignésdelarmes.—Tune terendspascompte,un jour, lessourisdomineront lemonde, je l’informeavecunair
dégoûté.Apparemment, c’est plus qu’il ne peut en supporter. Il me dépose vivement sur le lit, avant de
s’écroulerderire,pliéendeux.Sonrireestunsonsidouxàmesoreillesquejemejoindraisàluisijen’enétaispaslacause.Ilfautêtrecomplètementtarée,pourtombersouslecharmed’unhommequisefoutdevous!Hamisère,dansquelpétrinmesuis-jefourrée?Jemerenfrogne.D’aprèsmamère, je suis atteinte demusophobie depuis que je suis petite. Elle n’en a jamais trouvé la raison.Quand jeme suis engagée dans l’armée, j’ai été souventmoquée parmes collègues,mais je leurrendaisaucentuple.Jen’aiencoreriendecompromettantsurLeandro,maislorsqueçaarrivera,jemeferaiunejoiedeletournerenridicule.JecroiselesbrasetattendsquececherLeandroarriveàseremettredesonfourire.EtmonDieu,çaluiprenduneéternité!—Non,mais…tu…te…Tuterendscomptedel’énormitédecequetuasdit?finit-ilpardire,
grimaçantlamainsursescôtes.Monamour-propreenprenduncoup.—Ouaisbonçavahein,onnevapasenfairetoutunfromage!Etlevoilàreparti,d’ailleursjenevoispascequej’aiditcettefois.Jesouffle,ramènemesjambes
contremapoitrineetposematêtesurmesgenoux.J’aidécidédeneplusluiadresserlaparoletant
qu’ilneseserapasexcusé!Moi,susceptible?Pasdutout!Enattendant,jevaisdevoirlesupporter.Jecroisbienquedixminutespassentavantqu’ilnesecalme.Ilvients’asseoiràmescôtés.—Heymapuce,jesuisdésolé.—Hum,jeréponds.Leandromesoulèveetmedéposesursesgenoux.Ilreculejusqu’àcequesondostouchelemuret
merelèvelementon.—Jesuisdésolédem’êtremoquéde toi.Je teprotégeraideXena!Elledevramepassersur le
corpsavantdet’atteindre,dit-illeplussérieusementdumonde.—Ilyaintérêt,jeréplique.Ilsouritetrevientausujetinitial.—Commentfait-onpourlelit?—Tudorsparterre?Commeçac’estsûr,elletepasseradessus,jerétorque,sarcastique.—Jeveuxbienmesacrifier,maisjeneseraipasvraimentenformedemainsiondoits’échapper
d’ici!—Alors,onaunproblème.—Pasvraiment,onn’aqu’àseserrerl’uncontrel’autre,répond-il,leregardlascif.—J’imaginequeçat’arrange!Ilfautdirequecettesolutionnemedérangepasplusqueça.Levraiproblème,c’estl’effetqueça
mefera.Jenetienspasàêtrefrustréeplusquederaison.—C’estuneidéedegénieetjenedispasçaparcequ’ellevientdemonincroyablecerveau.—Jenesaispascommentçasefaitquetoncorpsn’aitpasencoreexploséavecunegopareil!—Linda,tuesimpayable,dit-ilavecunsourireamusé.Jehausselesépaules,onmeleditsouvent,jen’ypeuxrien.Quandjestresseoulorsquej’aipeur,il
fautquejesorteunephraseidioteouquejedétourneuneexpression.C’estpresqueuneprotection.—Surtout,nechangepas,j’adore!—Merci,enfinjecrois.—C’étaitbienuncompliment.Tuesunique.—Heureusement,jemarmonne.—Allezallongetoi,jeveilleraisurtoi.Jem’exécute,ilcollemondoscontresapoitrineetdessinedescerclesauniveaudemonventre.Il
fautquejepenseàautrechose.—Tucroisqu’ilsvontfairequoidenous?Jen’aipaschoisilesujetleplusjoyeux,qu’importe,ondoityréfléchir.—Jen’enaipaslamoindreidée,maisprionspourqu’onpuissepartiravantdeledécouvrir.—Probabilitéqu’onsortedelàindemnes?—Faible.—C’est ce qu’ilme semblait, surtout qu’ondoit voir si Joshne se trouvepas dans les parages
avantdes’enfuir.—Oui,aussi,réplique-t-il,soucieux.Jemeretournepourqu’onsoitfaceàface.—Eh,onvas’ensortir,dis-jepourlerassurer,autantluiquemoi.—Jevaistoutfairepour!répond-ilenposantseslèvressurmonfront.J’aiencoredumalàintégrerque,malgrétoutcequisepasse,jemecolleainsiàluisansvergogne.
Jeleveuxautantqu’ilmedésire.J’aipeurdecontinuersurcettevoie,peurdemeretrouveraveclecœur brisé – si on sort un jour d’ici. Je ne sais même pas ce que l’on est l’un pour l’autre. Un
couple?Moncerveaumesermonnepourmedirequec’estunemauvaiseidée.Quantàmoncœur,ilsautedejoieàcettehypothèse.Jedevraisluiposerdirectementlaquestion,maisçamedonneraitl’airtotalementdésespéré.—Jepaieraischerpoursavoiràquoitupenses,chuchoteLeandrodansmonoreille.—Tun’espasassezrichepourça.—Ha,tupourraisêtresurprise.Maintenantdors,minhaquerida,une longue journéenousattend
demain.Jem’installeplusconfortablementdanssesbras,unejambeentrelessiennes,sabouchedansmes
cheveux.—Xena, si tu me touches, tu peux dire au revoir à ta queue, je murmure avant de me laisser
emporterdansunsommeilléger.
Chapitre11
LEANDRO
Latenirdansmesbrasestcequejepréfère.Elleal’airsifragile,sidouce.Pourtant,réveillée,c’estunevraiecombattante,unetigresse,elleenveut.C’estcequimeplaîtleplus,elleneminaudepas,netournepasautourdupot.Elleestvraie.ElleestLinda.J’auraisaiméqueleschosessoientdifférentes,quenotrerencontresepassedifféremment.Quand
Joshm’aappelé,jenepouvaisrefusersademande.Ons’estrencontréspendantunemission,ilétaitsous couverture et moi j’étais chargé d’éliminer la cible, coûte que coûte. Le gouvernement m’aobligéàfaireéquipeavecJoshauboutd’unesemained’enquête.Pourlebiendelamission.Onaviteremarqué que c’était surtout dans un intérêt financier. La cible était un certain Carvalho,principalement narcotrafiquant àMiami.Mais en réalité, on avait affaire à une vraie entreprise. Iltouchait à tout, le trafic d’êtres humains, la drogue, les armes. Chaque filiale était indépendantefinancièrement,chacuneavecundirecteuràsatête.Ons’attaquaitàgrosetc’estpourcetteraisonquec’estpartienvrille.Joshétait infiltrédans labranchedrogue,desorteà récolter leplusd’informationspossiblesur
Carvalho.C’étaitlaseulequ’ildirigeaitdirectement.Petitàpetit,onaréussiàatteindrenosobjectifs.Cettemissionaduréquatremois.LejourJdel’opérationfinale,noséquipesdevaientarrêteroutuertouslesdirecteurssubalternes.Demoncôté,jedevaismechargerdeCarvalhoquisetrouvaitchezlui.Joshétaitpostéensniper
aucasoù.Onavaittoutplanifié,saufunechose.Quesafemmerentreplustôtetpointeunearmeàlabasedemanuque.Joshn’apasattendu,ill’aabattue,etmoiCarvalho,quitentaitdeprendrelafuite.Depuiscejour,jedoislavieàJosh.Voilàpourquoi,jenepouvaisluirefuserceservice.Enplus
d’enquêtersurcesacdenœuds,j’avaisaussipourordredeveillersurLinda.Oui,c’étaitunordre,ilm’adittextuellement:«Siellerevientaveclamoindreégratignure,onteretrouveraavecuntrouaumilieudufront,faitparmonM-200».Vulabête,jepréfèrefaireprofilbas.Donc, notre première rencontre n’était pas l’œuvre du hasard.Ni la deuxième. Je ne devais pas
entrer en contact avec elle, juste la surveiller. J’auraispum’en tenir là, lapremière fois.Mais sesmains surmon torse, ses seins frôlantma poitrine, et ses yeux envoûtantsm’en ont dissuadé.Maraisons’étaitfaitlamalle,ilnemerestaitplusquemestripes.Etmoncorpsquilavoulait.Quandjel’ai vue à travers cette vitre, j’ai craqué et je me suis installé à sa table. L’inscription sur sondébardeur était à mourir de rire. Pourtant, même décoiffée et vêtue d’un jogging, elle étaitirrésistible.Etcemomentdesexe torridem’aélectrifié. J’envoulaisplus,beaucoupplus.Plusque
son corps.À partir de cet instant, j’ai su que j’étais foutu.Mais je ne le regrette pas lemoins dumonde,sic’étaitàrefaire,jereferaisexactementlesmêmeschoses.Jen’arrivepasàtrouverlesommeil,jeressassetouslesmomentsquel’onapassésensemble.Au
lieude réfléchiràcommentnoussortirde là, jepenseàsoncorpsserrécontre lemien,àsapeaudouce,àsesseinsfermes.MonDieu,ilfautquejemeconcentre.Jepourraisessayerdedéfoncerlaporte.Lesgondssontrouillés,j’aipeut-êtremeschancessans
medéboîterl’épaule.Jevaislalaisserdormirencoreunpeu.Lesoleilselèvejuste,elleabesoindereposaprèstoutescesémotions.Puisonpartirad’ici.Unenuit,c’estdéjàtrop.Finalement, nous n’en aurons pas le temps. J’entends des voix, des chuchotements qui se
rapprochentdeplusenplusdenous. Jene la réveillepasencore,depeurde l’inquiéterpour rien.Maislespass’arrêtentdevantnotreporte,alorsjelasecoueunpeu.—Mapuce,réveille-toi,onn’estplusseuls.Comme un ressort, elle se met en position assise. L’esprit encore léthargique, ses yeux
papillonnent,jusqu’àseposersurmoi.Puiselleentendlesvoix,sabouches’arronditsouslecoupdelapeur,avantqu’ellenesemaîtrise.Unecléestinséréedanslaserrureenmêmetempsqu’unevoixnouscrie:—Onsaitquevousêtesréveillés,sivousfaiteslesmalins,onvousleferaregretter.JeregardeLinda,elleacquiesced’unsignedetête.—OK,jeréplique.Laportes’ouvreengrand,laissantapparaîtrequatrehommes.Troisd’entreeuxsontdesarmoires
àglace.Jevoisqu’ilsn’ontpasoubliél’accueilquejeleuraifaitquandilsmesonttombésdessus.—Oh,jenesavaispasquelesquatremousquetairesavaientreforméleurgroupe,lâcheLinda.Je pince les lèvres pour m’empêcher de rire. Ce n’est pas vraiment le moment. Soit elle est
suicidaire,soitelleaunplan.Jepenchepourlapremièreoption.Elleatendanceàdiretoutcequiluipasseparlatête.L’und’euxs’avancedanslapièce,quiparaîtpluspetiteàprésentqu’ilssonttousentrés.Petit,tout
enmassegraisseuse,chauveetunpetitbouc.Pasd’armesapparentes,unpointpositif…oupas!Lapostureetl’attitudedestroisautresm’indiquentqu’ilsn’ontriendeprofessionnels.Maiscelaneveutriendire,doncautantnepaslessous-estimer.—Levez-vous,onvousemmènefaireunpetittour,ordonne-t-il.J’obéisenpremieretplaceLindadansmondos.Ellemepincepourmemontrersondésaccord,
rienàfoutre.Jedoislaprotéger.Jeluilanceunregardsévèreetnoussuivonslemastodonte.Deuxdevant,lesdeuxautresfermantlamarche,unevéritableescorteVIP.JeprendslamaindeLindaetlaserrefort.Ellemeregarde, je luidésignediscrètementdumentonceuxdedevant.Jefaisplusieursallers-retoursavecmesyeux,entreelleeteux,pourqu’ellecomprenne.Arrivésdevantunescalier, c’est lemomentou jamais. Je recule légèrementpourqueLindasoit
devantmoietaitaccèsànosnouveauxamis.Underniercoupd’œiletellepasseàl’action.Lepremiers’étantdéjàengagédansl’escalier,elles’attaqueaudeuxième.Elleluimetuncoupde
pied au genou et ses jambes flanchent. Elle lui brise la nuque. Pendant dix secondes, il y a unmouvementde flottementoù tout lemonde restebouchebée.Unmélanged’incrédulitéetde fiertépourmapart.Decolèrepourlesautres.Quandjeressensunedouleurauniveaudescôtes,jesaisquecemomentd’égarementmecoûtera
cher. Putain, ça faitmal ! Je décrochemon regard du combat quemène à présent Linda contre lemastodonteetme retourneversmesdeuxennemis.L’und’euxa ramasséunebarrede fer,d’où ladouleurquej’éprouve.Unrictusmauvais,iln’attendqueça,mefracasserlecrâneaveccettebarre.
Pasdechance,jecomptevivreencoreunpeu,dumoinsassezlongtempspourfairesortirLindad’ici.Je jauge rapidementmesdeuxadversaires.L’un trapu, l’autre toutenmuscles.C’estparcedernierquejevaisdevoircommencer,çatombebien,c’estluiquitientl’arme.Ilsm’encerclent,jemefocalisesurMusclor.Ilavancerapidementversmoi,j’esquiveunpremier
coupdebarre,enchaîneavecuncrochetdugauche,unuppercutetenfinunbalayageauniveaudesjambes.Dèsqu’ilperdl’équilibre,jerécupèrel’armeetmeretourne.Jeviseledeuxième,quisejetaitsurmoi,enpleinetête.Undemoins!Soudain,unbraspasseautourdemoncoupourm’étrangler.Jenerésistepas,etfaispesertoutmonpoidssurmonadversaire,cequiledéséquilibre.Ilrelâcheunpeulapression,çamepermetdetenteruncoupdetête.J’entendsuncraquement,Musclorgrogne.Iltitubeenarrièreetsetientlenezd’oùlesangcouleàflots.J’entendsunbruitsourdderrièremoi.Jeneregardepasdepeurdemedéconcentrer,j’enchaîneaveclecoupdegrâce.Commesonconfrère,uncoupenpleinetêteetvoilàqu’ilchutelourdementsurlesol.J’oseenfinmeretourner,jevoisLindaenpleinelutteausol.Ils’apprêteàluidécocheruncoupde
poingquandjelavoisdescendrerapidementsamainauniveaudel’entrejambedel’homme.Elleluibroie le service trois pièces avec une telle force que je grimace pour lui. Aïe !Mon Dieu, je laprendraiplusausérieuxquandellememenacera.L’hommebasculesurlecôté.Jecroisbienqu’ilpleure.Lepauvre,ellen’yestpasalléedemain
morte!Quandelleserelèvedifficilement,jesaisquelafuitenevapasêtrerapide.Onvérifiesilesdeuxdontjemesuisoccupésontmortsoujusteassommés.Leurspoulsestfaibleetàlavuedusangquis’écouledeleursblessuresàlatête,ilsnevontpastarderàpasserdel’autrecôté.Onfouillelescorps,àlarecherchedeclésdevoiture,declésdecellulepourenfermerlederniersurvivant,etd’untéléphone, ce qui pourrait nous être utile. On récupère les nôtres, qu’ils ont été assez bêtes pourgardersureux.Unefoisquel’onatouttrouvé,onenfermeletype,nonsansmal.Ilsedébatcommeuncochon,jusqu’àcequ’ellel’assommeaveclabarre,etonpartàlarecherchedeJosh.Pasunmotn’aétéprononcédepuisquel’onestseuls.—Tuvasbien?jefinisparluidemander.—Hum.Elleserrelesdents.Jevoisbienqueçanevapas.Elleetsafierté,jevousjure!Jesecouelatête,
posemamainsursonbraspourl’arrêter.Jeregardeattentivementsonvisage,iln’yapasassezdelumièrepourquejepuissevoirsielleavraimentdégusté.Merde!—Jerépètemaquestionetsoishonnêteavecmoi!Est-cequetuvasbien?—J’aiunpeumalàlatête,c’esttout.—Unpeucomment?—Écoute,onn’apasletempspourça!Onfouillerapidementlesbâtimentsetons’envaavecou
sansJosh,maisvite,s’énerve-t-elle.Jelatrouveterriblementsexyquandelles’emporte.Samoueboudeusenemedonnequ’uneenvie,
celledel’embrasseràn’enpluspouvoir.Maisellearaison,onn’apasletempspourça.—Onvaseséparer,dit-elleenmesortantdemespensées.—Non,c’esthorsdequestion.—Oniraplusvite,Leandro!Elleserapprochedemoietappuiesesmainssurmontorse.—Pensetactique!Pasavecça,continue-t-elleenmetapotantlapoitrinedudoigt.—C’estunetactiquedemerde,imaginequelesautresnesoientpasvenusseuls!—Jesuissûrequ’ilssontseuls.L’und’euxétaitmonravisseur.Ettoi,tuenasreconnu?Jeréfléchisunpeuethochelatête.Lepremierqu’elleatué,etMusclor.
—Maisonnepeutquandmêmepasseséparer,onn’aaucunmoyendelocaliserl’autreensuite.—Pasfaux,onvafairesimple.Chacununétage,d’accord?Onserejointenbas!Ellem’énerve, il faut toujours qu’elle trouve réponse à tout ! Je soupire, je crois que de toute
façon,jen’aiguèrelechoix.J’acquiesced’unmouvementdetête.Ilyatroisétages.Lindadécidedeprendreledeuxième.—Moinsdemarchesàmontercommeça,medit-elleavantdes’élancer.Jepenseplutôtqu’ellesouffreplusquecequ’ellem’adit.Sijeresteprèsd’elle,ellevam’envoyer
promeneretcroirequej’aipitié.Alorsquejeveuxjustelaprotéger.Pendantl’ascension,jematesonmagnifiquefessier.Jeresteunhommeavecdespointsfaibles.Etcelui-làestundemespréférés.Arrivée à son palier, Linda se retourne, me fait un clin d’œil et commence sa recherche. Je
continue demonter pourme retrouver à un étage où la puanteur est encore plus insupportable. Jeregardecelluleaprèscellule.MaisaucunsignedeJosh.Jefaisdemi-tour.Alorsquejecommenceàdescendrelesmarches,j’entendsuncriàmeglacerlesang.Linda…—Linda!Aucuneréponse.—Linda,maisputainréponds-moi!Toujours rien. Jepassedanschaquecelluledudeuxième, rien ! Jecourspourprendre l’escalier
afindedescendreaurez-de-chausséequandjel’entendsencore.—Leandroooo…Savoixs’éteintsurlafin.Mon Dieu, faites qu’il ne lui soit rien arrivé ! Je redescends aussi vite que mes jambes me le
permettent.Jel’appelleencoreetencore,maisrienn’yfait.C’estunsilencedemortquimerépond.Moncorpsestprisdetremblements,lasueurcoulelelongdemacolonnevertébrale.Jenepeuxpasla perdre, pasmaintenant que je l’ai trouvée. Putain, j’ai encore tellement de choses à lui dire. Jesecouelatête,ilfautquejesortetoutescespenséesnégativesdemonesprit.Ellevabien,Ellevabien!Jemerépètecemantra.Peut-êtrequ’àforcejevaisycroire.Maispourquoinerépond-ellepassic’estlecas?J’entendsungémissement.Unelueurd’espoirrefaitsurface.Jecontinueletourdescellulesaussi
vitequepossible.Jusqu’àceque je lesvoie.Ces tracesdesangausoléclairéesparunfaisceaudelumière.Jepilenet!Mesjambesrefusentd’avancerplusloin,moncœurbatàmilleàl’heure.Mesyeuxs’embuent.Non,c’estimpossible.Jeluiaipromisquejelaprotégerais!Jememetsuneclaquementale,jeperdsdutemps!Sic’estbiensonsang,cen’estpasenrestantlà
commeunemauviettequejevaislasauver.Ces tracesmènentàunecellule,àquelquespasdemoi.Quelquesmètresseulement. J’inspireun
grandcoup,fermelesyeuxcinqsecondesetcourscommeundératé.Jem’arrêtedansl’embrasuredelaporte.Elleestlà,surlesol.Immobile,facecontreterre!Mon
Dieu,non ! Jem’agenouilleprèsd’elle, jeposemon indexetmonmajeur sur sa carotide, tout enpriantDieupourtrouverunpouls.Jepousseunsoupirdesoulagementquandjelesens.J’allumeraiunciergeenguisederemerciementplustard.Jetâtechaquepartiedesoncorps,àlarecherched’uneblessure. Jen’en trouveaucune, jene saispaspourquoiellene se réveillepas. Je la retourneet laprendsdélicatementdansmesbras.—Mapuce,s’ilteplaît.Réveille-toi…
J’entendsencoreungémissement,maisilnevientpasd’elle.Jusqu’àmaintenant,jen’avaispasfaitattentionàcequim’entouraitdanslapièce.Lorsquejerelèvelatête,àlarecherchedelaprovenancedeceson,jecomprends.Jecomprendspourquoielleahurlédecettefaçon.Josh!Mesyeuxs’arrondissentd’effroi.Ilestdansuncoindelapièce,voilàpourquoijenel’aipasvu
avant.Ilesttorsenu,ligotésurunechaise,duScotchàmoitiédécollésurleslèvres.Ilaététorturé.Son visage est tuméfié, presqueméconnaissable. Je continuemon examen visuel, serrant plus fortcontremoiLinda,commesijenevoulaispasqu’ellereviveça.Ilaaussideslacérationssurletorse.Justeassezprofondespourqueçasoitdouloureuxàchaquemouvement.Putain!Ilyaunetablesurlaquelleilyaencoredesscalpelsetd’autresobjetsdetortures.—Josh,tum’entends?dis-jesansbouger.Leseulœilvalidequ’illuirestes’ouvredifficilement.Ilfixesurmoiunregardmorne,moncœur
seserredepeinepourlui.—Jevaisvoussortirdelà,d’accord?Ilsecouelatête.—Ohsi,ilfautqu’onparted’ici.Mêmesijedoisvousportertouslesdeux,jeleferai!Iln’yapas
moyenquej’abandonnel’undevous,jerépondsavecdétermination.IlbaissesonregardsurLinda,unelarmecoulelelongdesajoue.Jesuisobligédeserrerlesdents
pournepasmelaisseremporterparmesémotionsmoiaussi.—Sijet’abandonneici,ellem’émasculeraàsonréveil!Tulesaisnon?Unrictusamusé,dumoinsjecrois,apparaîtsurseslèvres.Ohoui,illesait.—Bien,maintenantquecesujetestréglé…onsedépêche.JereposedoucementLindaausol,replacequelquesmèchesrebellesderrièresonoreilleetluifais
un bisou sur le front. Je rejoins Josh. Je m’empare d’un des instruments de torture. Il pousse ungémissementàbriserlecœur.—MonDieu,Josh,c’estmoi!Jevaisjustecouperlescordes,d’accord?Ilhochelatêteensigned’assentiment.Avecdesmouvementslents,jetranchesesliens.Jeleretiens
pourqu’ilnetombepasenavantlafacelapremière.—Maintenant,jevaist’enleverleScotch.Désolémonvieux,maisçavaêtredouloureux.Jetired’uncoupsec,ungrognementluiéchappe.Jel’agrippeparlesaissellesetleposesurlesol.
Jesuisquandmêmeobligéd’enlaisserunletempsd’allerauvéhicule.Etinversementpourrevenirici!Jenepeuxpasfaireça.Quiquevoussoyezlà-haut,aidez-moiàm’ensortir,s’ilvousplaît!—Tupeuxmarcher?jedemandeàJosh.Ilhausselesépaulesengrimaçant.—Onpeuttoujoursessayer,jevaist’aideràtemettredebout,OK?PendantquejeprendraiLinda
surmonépaule, tu t’appuierascontre lemur.Ensuite, jepourrai te soutenir jusqu’àcequ’onsorted’ici.Jem’avancevers lui et le remetsdebout.Ses jambes fléchissent.Onest obligéde s’yprendre à
troisreprisesavantqu’ilnesoitstable.JemepenchesurLinda.—Jesuisdésolémabelle,maisjen’aipaslechoix.Je la bascule doucement par-dessus mon épaule et rejoins Josh. Il s’appuie de l’autre côté. Je
souffle ungrand coup, je dois presque soutenir deuxpoidsmorts. Je passemonbras autour de latailledeJoshetmemetsenmarche.Onsetrompeplusieursfoisdecheminpourtrouverlasortie.Jecontracte lamâchoire pourm’empêcher de tout lâcher. Je dois y arriver, je suis notre seul espoirpourl’instant.Jem’attendsencoreàtombersurd’autrespersonnesetsiçaseproduit,jenedonnepas
cherdenotrepeau.Auboutdecequimeparaîtuneéternité,onarriveenfindehors.Ilyaunseulvéhiculegarésurla
floresauvagequiaéludomiciledevantcetteprison.Unpick-upnoirlambda.Cequimelaissepenserqu’iln’yapersonned’autredanslesparagesetqu’ilsnousontfaitsortirdenotrecelluleuniquementpournousfairesubir lamêmechosequ’àJosh.JelaisseJoshs’adosserauvéhicule, le tempspourmoidechercherlescléstrouvéessurl’undescorpsavecmamainlibre.JedéverrouillelesportesetattacheLindaaumilieu.Çam’inquiètequ’ellen’aittoujourspasrepris
conscience.J’aideJoshàs’asseoiràl’autreboutetprendsviteplacederrièrelevolant.Maispouralleroù?Ilsm’onttrouvéquandjesuispartidechezLinda.Avecunpeu–beaucoup?–
de chance, ils ne connaissent pas toutesmesplanques.De toute façon, je n’ai pas le choix, je doisprendrecerisque.Maisavantça,onvarendrevisiteàunmédecinquejeconnaisbien.Ilsdoiventêtretousdeuxexaminés,etvite!
Chapitre12
LEANDRO
Jem’éloignedecetendroitmauditetprendscequimesembleêtre la routeprincipale.À lavued’unpanneaudirectionnel,jemesensdépité.Putain,onestdanslenorddelaFrance,jeneconnaisriendecetterégionetjen’aipasletempsdefairedutourisme.Jesorsmontéléphoneetcomposeunnumérodontjen’aipaseubesoindepuislongtemps.—Gary,j’aibesoindetoi.C’esturgent.—Commed’hab’fiston,merépond-ildesavoixsuave.J’inspireungrandcoup.—Ilfautquetumefassesentrerincognitodansunhostoouuneclinique,peum’importe.Jesuis
danslenordetj’aideuxblessésavecmoi,l’und’euxestinconscient.—Uneidéedelagravitédesblessures?—Putain,non!JenesuispasmédecinGary,c’esttonjob.Jel’airetrouvéeinconscientesurlesol.
Etl’autreestsalementamoché.—Ho,calme-toi,Leandro!C’estpoursavoiroùilfautquetulesemmènes.Tuesoùexactement?
medemande-t-il.Jeplisselesyeuxpourlirelepanneaudirectionneld’après:—JesuissurlarocadeNord-Ouest,laprochainesortiec’estLomme.Jelelaissegambergersurlessolutionspossibles.—C’estbon.J’aiunamiquitientunecliniqueprivéesurLille,jevaist’envoyerl’itinéraireainsi
quel’adresseetleprévenirdetonarrivée.—D’accord,merciGary,j’aibesoinquetunousrejoignesaussilà-bas.Etdis-leurquejesuisdans
unpick-upnoir.—J’arriveleplusvitepossible,monpetit.Je lève lesyeuxauciel.Depuisnotre rencontre, ila tendanceà tropmematerner.Pourtantnous
n’avonsquesixansdedifférence!Lapremièrefoisquel’ons’estvus,parl’intermédiaired’unami,c’étaitàParisetjen’aipasététrès…courtois.Enmêmetemps,jevenaisderaterunecible,j’avaisuneballedansl’épaule.J’avaisdequoiêtregrognon,toutdemême!Etlui,ilétaitlàavecsonsourirecharmeur,àdraguersansgênel’infirmière.Excédé,j’avaisdemandés’ilattendaitquejemevidedemonsangpourmesoigner, il avaitcesséde faire sacouretavait reporté sonentièreattentionsurmoi.Mêmeunpeutrop,cariln’arrêtaitpasdemeposerdesquestionsmaisaufildesannées,jemesuis fait à l’idée que j’avais eu de la chance. Parce qu’il est plus qu’un médecin sur qui je peux
comptermaintenant,c’estunami,ungrandfrère.Lasonneriem’avertissantdel’arrivéed’unSMSmesortdemespensées.C’estGaryquim’indique
l’adresse.Ilyaaussilenomdudocteurquejedoisrencontrer.J’entrelescoordonnésdansleGPSetj’appuiesurl’accélérateur,directionlaclinique.Detempsentemps,jejetteuncoupd’œilàmesdeuxcomparsespourm’assurerque leurspoitrinessesoulèvent toujours.Joshs’estendormiauboutdequelqueskilomètres,latêtesurlavitre.Lindaalatêteappuyéesurl’épauledeJosh.Onpourraitcroirequ’ellevientjustedes’endormir
aprèsunelongueroute.J’aiencorepeurpourelle,maisaumoinsjesaisqu’ellevatrèsviteêtrepriseencharge.Jemegareprèsdel’entréedel’établissement.Lepersonnelmédicalarriveencourant.Joshfaitun
scandalepournepasavoiràmontersurlebrancard,onluiapporteunfauteuilroulant.Vusonétat,jesuisétonnéqu’ilarriveencoreàserebeller.Jenelâchepasd’unesemelleLinda,jeluipresselamainet ai la surprise de la sentir serrermes doigts en retour. Ce sont deux cierges que je vais devoirallumer!Autourdenous,lesmembresdupersonnelmédicalparlententreeux,meposentplusieursquestions. Je suis tropdistraitpour tout comprendre.Mais trèsvite, jeme retrouvebloquépar cesportes avec l’inscription : « Strictement réservé au personnel ».Une infirmièrem’indique la salled’attenteetm’informequ’ellemetiendraaucourantleplusvitepossible.Jem’effondresurunechaise.Pluslesheurespassent,plusjedeviensfou.Alorsquejemetiensla
tête entre les jambes, les pires scénarios me traversent l’esprit. Le sang-froid que j’ai su garderjusqu’àprésentestentraindesefairelamalle.J’aifaitfuirtouteslespersonnesquiétaientlàetpluspersonnenerentre.Surconseildupersonnel,peut-être.J’arpentelapiècedelongenlargequandunmédecinfaitsonapparition.Ils’avanceversmoietje
lereconnaisimmédiatement.Ilenlèvesonmasquechirurgicaletmeprenddanssesbras.—Çafaitdubiendeterevoir,Leandro.Jenesuispasfandesembrassades,maiscommejel’aidéjàditGarymematernetrop.Jeluirends
maladroitementsonétreinte.—Moiaussi,monvieux.Alors,dis-moitout.—TonamiJoshestdansunsaleétat,maisils’enremettra.Onveutjustelegarderenobservation
cettenuitetaprèsc’estrepostotalpourlui.Mêmesivusontempérament,iln’enferaqu’àsatête,medit-ilavecunsourireamusé.J’opineetattendslasuite,lagorgeserrée.—Linda a un petitœdème cérébral qui a toutes ses chances de se résorber.On lui a donné un
traitement.Ellevaêtredanslegazencorequelquesheures.—Merci,Gary,dis-je,lavoixrauque.—Tutiensàellen’est-cepas?—Qu’est-cequitefaitcroireça?Ilpenchelatêtesurlecôtéetm’observeattentivement.—Depuisquandturépondsàmesquestionsparuneautre?—Depuisquandtut’esfaitpousserdesseins?jerétorque,surladéfensive.Àmaréplique,ilexplosederire.Dequoiallégerl’ambiance,dumoinsunpeu.—Crois-moi,vautmieuxpasqu’unepairedeseinssemetteàmepousserdessus.Jepasseraimes
journéeslesmainssurmapoitrine.Jesecouelatête,lecoindemeslèvressesoulève.—Elleestdanslachambre204,dit-ilenreprenantsonsérieux.Jet’accompagne?—Ouis’ilteplaît.
Jem’avance,maisilstoppenet.—MonDieu,tuviensdedires’ilteplaît!Elledoitvraimentêtrespéciale.Jesoupireetlepoussepourqu’ilcontinueàmarcher.Illèvelesmainsensignedereddition.—J’espèrejustequetunelalaisseraspaspartir,murmure-t-il.Aucune chance ! Mais je ne réponds pas et plonge dans mes pensées, et mon rêve d’une vie
meilleureauprèsdeLinda.Ilm’accompagnejusqu’àsachambre.Elleal’airsifragileetsipâle,ellea des cernes sous les yeux et une perfusion à son bras gauche. Je prends une chaise et l’emmènejusqu’àcôtédesonlit.J’attrapedélicatementlamainetlaporteàmeslèvres.—Mapuce,jetiensàtoiplusquetunelecrois.Plusquejeledevrais,même.Jesuistotalement
égoïste, ilm’est impossiblede te laisserpartir.Mavien’estpasfaitepouryaccueillirunefemme,maisjenevoispluslamiennesanstoi!Alors,net’avisepasdemerefaireunefrayeurpareille.Jedéposeunbaisersursonfrontet,nelâchantpassamain,jemerenfoncedansmonsiège.Jesais
qu’elle nem’entendpas,maismoncœur en avait besoin.À son réveil, je vais devoir prendreunedécisionetjesuissûrqu’ellenevapasluiplaire.
LINDA
Jeclignedesyeux,constateque jesuisallongéeetcomplètementdans lesvapes.Maisbordel, jesuisoù?Jem’assoisetsensmapeautiraillerauniveaudemamain.Uneperf,génial!Jeregardeautour demoi, je suis dans une chambre plutôt douillette. Lesmurs sont couleur pêche, il y a unfauteuilàmadroite,unécranplatenfacedemonlit,unepetitearmoiredansuncoin.Jevoisaussiuneportequi,jesuppose,mèneàlasalledebains.Etmêmeunebaievitréedonnantaccèsàunpetitbalcon.Ehbien,c’estlegrandluxeici,entoutcasplusquedanscetteprisonabandonnée…Toutd’uncoup, tous mes souvenirs me reviennent. L’enlèvement… Leandro… Xena… notre évasion… Ladouleurquej’airessentieàlatêtequandunassaillantmel’aécraséecontrelesol…EtJosh!Cettevisiond’horreur,monDieuJosh,quet’ont-ilsfait?Marespirations’accélère,moncorpssemetà trembler.Les larmesdévalentsurmes jouespour
finirdansmoncou.Jerevisencoreetencorecemomentoùj’aidécouvert levisageboursouflédemonami.Jesuisarrivéetroptard,jen’aipasréussiàlesauver.Uneinfirmièrealarméeparlesbipsde ces foutues machines me demande de me calmer, mais c’est impossible. Comment être calmequand vous avez vu le corps mutilé d’une personne chère à votre cœur ? Il était à peinereconnaissable. Mon pouls ne cesse d’augmenter, j’ai l’impression que ma boîte crânienne vaexploser.Jemeprendslatêteentrelesmainspouratténuerladouleur,maisrienn’yfait.Àtraversmeslarmes,jevoisqu’ilssontdeuxàprésentdansmachambre.Ilsmeparlent,maisjen’entendsrienàpartmoncœurquihurledetristesse.Etpuisc’estletrounoir.Le second réveil est douloureux,ma tête pèse une tonne,ma langue est pâteuse.Et j’ai faim, je
tueraispourunedizainedemuffins.Amère,jeremarquequejesuistoujoursdanscettechambre.Toutça n’était pas un rêve, Josh est bel et bien mort. Où est Leandro ? C’est forcément lui qui m’aemmenéeici,jevoismalnosravisseursm’emmeneràl’hôpital.Àmoinsqueçan’ensoitpasun…?Maisquelintérêtdemegarderenvie?Jenevaispasattendrequ’ilsreviennentpourleurdemander.Merde,ilfautquejesorted’ici!Difficilement,jememetsenpositionassiseetbasculemesjambespar-dessuslelit.Jesuisfaible,
mais je n’ai pas le choix. Je vais prendre appui sur la table de chevet…Une enveloppe est poséedessus.Jefroncelessourcils.Jelaprends,monprénomestinscritdessus.Jelaretournepourchercherunindice,maisiln’ya
riend’autred’écrit.Jel’ouvreetensorsunefeuille.«Minhaquerida,J’aimeraistellementêtreprèsdetoiàtonréveil.Paslapeinedefairecettetête,jen’aivraiment
paslechoix.J’aiencoretellementdechosesàtedire,maisàdéfautdetelessusurreràl’oreilleenaimanttoncorps,jevaistelesécrire.Jamaisunefemmenem’afaitsentiraussivivantquelorsquejesuisavectoi.Aucunenem’afait
rirecomme turéussisà le faire.Tuescellequiarriveàme fairecroirequ’unavenirheureuxestàportée de main tant que tu restes dans ma vie. J’aurais tellement aimé que ce soit possible. Un«nous».Tuesmonmiracle,cellepourquijevaismebattrejusqu’aubout.
Je t’en prie, pardonne-moimapuce, je n’ai pas trouvé d’autre solution.Neme cherche pas. S’ildevait m’arriver quelque chose, je sais qu’entre Josh et Gary (dont tu as sûrement déjà fait laconnaissance),tuserasentredebonnesmains.Unedernièrechosemonamour,nechangejamais.Leandro»Jesuisfurieuse,triste,ettotalementperdue.Joshn’estdoncpasmort,maisLeandroestparti.J’ai
retrouvél’undeshommesdemavieetperdudanslemêmeinstantceluiquifaitbattreplusvitemoncœur.Moncœurquinehurleplusdetristesse,maissevidepetitàpetit.Jefroisselalettredansmamain,c’estunmotd’adieu.Commentpeut-ilmefaireça?Ànous?Jesais,àprésent,qu’ilyabienplusentrenousqu’uneattirancelambda.Maisilm’estimpossibled’approfondirlaquestion,s’iln’estpasprèsdemoi.J’avaistellementpeurquemessentimentsnesoientpasréciproquesquej’aipréféréme taire. Les larmes se remettent à couler, je pensais quemon stock était écoulé.Que compte-t-ilfaire?Unemissionsuicide? Ilenesthorsdequestion!Jenepeuxpas rester là, lesbrascroisés,pendantqu’ilsebatpourmesauver.Jeporteunebloused’hôpital,cetrucestvraimentimmondedanslequeljemebaladelesfessesà
l’air.Mince,jenepeuxpassortirhabilléecommeça!J’arrachelaperfetmedirigeversl’armoireenpriant pour y trouver des vêtements. Je pousse un soupir de soulagement, il y a plusieurs hauts etpantalons, des sous-vêtements, ainsi qu’uneveste.Parfait ! Jene cherchepas à savoir comment ilssontarrivéslànipourquoiilssonttousàmataille.C’estundétailquejerégleraiplustard.Jemedépêchedem’habiller,ignorantladouleurquimevrillelecrâneetlesvertiges.Jemetsma
paire de baskets, c’est bien la seule chose que je porte qui ne soit pas neuve.Mes pas ne sont pasencoretrèssûrs,maisilfautquejequittecetendroit.Peuimporteoùjemetrouve,j’aitroischosesàfaire.Retrouver Josh,découvrirqui estGaryetbotter les fessesmuscléesdeLeandro. Je suisunefemmeactive.Jem’avancedoucementversmaporte,tournelapoignéeetsorsdanslecouloir.—Ilm’aprévenuquevousneresteriezpassagementdansvotrechambre,meditunevoixgrave.Jecriede surprise.Merde !Pour la sortie endouce, c’est loupé.Unhommeest assisprèsde la
porte.Ilrelèvesonvisagedumagazinequ’ilfeuilletait.Ildépliesoncorpsetsepostefaceàmoi.Latrentaine,brun,lesyeuxnoisette,uncorpsappelantauxpéchés.Sijen’étaispasdéjàaccroàLeandro,jetomberaisvolontiersdanssesbras.Unsourireencoinapparaîtsurseslèvresquandilremarquequejeledétaille.—Oùsuis-je?j’exigedesavoir,surladéfensive.—Dans une clinique privée àLille, votre ami Josh se trouve dans une chambre tout près de la
vôtre.Maisvousdevriezretournerdansvotrechambre,pourvousreposer.—Depuiscombiendetemps,jesuisici?Etquiêtes-vous?jeluidemande,sanstenircomptede
sonconseil.— Ça fait quatre jours que vous êtes hospitalisée. Je m’appelle Gary, pour vous servir, jeune
demoiselle,dit-ilenmetendantlamain.Jeleregarded’unairhostile.Maisc’estunamideLeandro,jedoispouvoirluifaireconfiance…—Linda.Nem’appelezpas«jeunedemoiselle»,nousnesommespasdansuncontedefées!—Commevousvoudrez…Ilserapprocheetmurmureàmonoreille:—Jeunedemoiselle.Ilestprès,bientroppourmoi.—Gary,voustenezàvosbijouxdefamille?
Ilfaitunpasenarrière,hausselessourcilsetpenchelatêtesurlecôté.—Ilsmesontfortutiles,doncoui.Pourquoi?—Leandronevousa,apparemment,pastoutditsurmoi.Siunhommem’énerveunpeutrop,j’ai
unepetitemanie.—Laquelle?Àmontour,jemerapprochedeluietsouffleàsonoreille:—J’enfaisuneunuque.L’espaced’uninstant,ilrestebouchebéeavantd’éclaterderire.—Jecomprendsmieuxpourquoiiltientàvous.Vousêtesunefemmequineselaissepasmarcher
surlespieds.—Ilfautcroirequ’ilaoublié,jemarmonne.—Non,pasdutout,ilchercheàvousprotéger.—Etluiquileprotège?!—Ilatoujoursfaitcequ’ilpensaitêtrebonpourceuxqu’ilaime.Mêmesisavieestenjeu.—Çanevapassepassercommeçaetvousallezmedonneruncoupdemain!—Certainementpas,ilmetueraits’ilapprenaitquejevousaiaidée.—Jevoustueraisivousnelefaitespas.Le silence s’installe, jenebluffepas.Enfin si,unpeu.Bienque jecomprennesa loyautéenvers
Leandro,ilfautquejemetteenplacemonplan,etGarypourraitêtreutile.—D’accord,maiscommentjepeuxvousrendreservice?—Toutd’abord,allonsvoirJosh.
Chapitre13
LINDA
Le chemin jusqu’à la chambre de Josh est court, sa chambre n’est qu’à quelques portes de lamienne.Garys’arrêtedevantetseretournepourmefaireface.—Vousêtessûre?Jehochelatêtepourluifairecomprendrequejesuisprête,j’ailagorgetropserréepourparler.Je
sais ce que je vais voir derrière cette porte, je sais que mon cœur va arrêter de battre pendantquelquessecondes.J’inspireungrandcoupetluidis:—Allons-y!Ilouvre,s’effacepourmelaisserpasser,maisjerestefigéesurleseuil.Jefermelesyeux,serreles
poings et tente deme calmer. Son visage est tuméfié et couvert de bleus, une de ses paupières estvioletteetgonflée.Ledrapnerecouvrantqu’unepartiedesoncorps,monregardrestebloquésurlesbandages qui entourent son torse. En le voyant si fragile, mon cœur et mon âme demandentvengeance.Jesuisassoifféedesang!Jen’aijamaisétéaussidéterminéeàéliminerdesennemis.Jenesaispasquelgenredepersonneçafaitdemoietjem’enmoquetotalement.Riennecompteàpartcetteenviedetoutmassacrersurmonpassage.Mesonglesappuientplusfortcontremespaumes,marespirations’accélère.Jefaisunpasenarrière,maragefaitplaceàlatristesse.Ilneseraplusjamaislemême,jen’aipaspulesauveràtempspourça.Unemainpressemonépaule,jemeretourneetsuisimmédiatementprisedansunétauconfortable.Garysecontentedemeserrerdanssesbras–pasdemotsréconfortants,justelachaleurdesoncorps.—Merci,dis-je.Il sedétache etme regarde longtemps. Il pencheunpeu la tête sur le côté comme s’il tentait de
résoudreuneénigme.—Neculpabilisezpas,Linda!Joshabesoindevous,maintenantplusquejamais.Iln’apasouvert
une seule fois la bouche àpart pourvous appeler.Une fois qu’on lui a dit quevous étiez saine etsauve,ils’estcalmé.Mesgenouxsontsurlepointdelâcher,jem’appuiecontrelemur.—Ilestdoncconscient?—Ilalternelesphasesd’éveil,courtes,etlespériodesd’endormissementoùilestplongédansun
sommeiltrèslourd.Soncorpsabesoinderepos,depaix,merépond-il.Jehochelatête.—Est-cequ’onpeutm’apporterdequoidormirdanssachambre?
—Biensûr,jepensequeçaluiferadubienquandilseréveillera,devousvoir.—Merci,Gary.—Pasdequoi,jeunedemoiselle,medit-ilavecunclind’œil.Jelèvelesyeuxauciel,maisnerépliquepas.—Jevouslaisse,jevaisorganiservotretransfert.Jem’avancejusqu’àlachaiseprèsdulitdeJosh.Jefermelesyeux,invoquantdesimagesdeluien
bonne santé, souriant et charmeur.Brun, lesyeuxbleu intense.C’estunbeaumec, il faut l’avouer,maisjeleconsidèrecommeunfrère.MonJoshd’autrefois,jemedemandes’ilauraencorelamêmeinsoucianceaprèsunetelleépreuve.Unmurmureàpeineaudiblemesortdemonsommeil.Lafatigueafiniparmerattraper,jemesuis
endormiedanscefauteuil.—Linda,dit-ilunpeuplusfort.Jerelèvelesyeuxetcroiseleregarddesonseulœilencorevalide.Leslarmesmenacentdecouler,
autantpourluiquepourmoi.MonDieu,Josh,quet’ont-ilsfait?Jerapprochemachaiseetserresamaindoucement.Ilcrispesesdoigtssurlesmiens,commepours’ancrerdanslaréalité.—JesuislàJosh,jechuchote,lavoixrauque.Uneplainteluiéchappeetmamainlibrepressemacuissepourm’empêcherdehurler.—Repose-toi,toutvabienmaintenant.Mensonge!Mais il fautvraimentqu’ilserepose.Avantdes’endormir, ilmurmurecesmotsqui
fontfroiddansledos.—Nefaisconfianceàpersonne…Absolumentpersonne.Ilreplongedanslesommeiljusteaprès.Est-ceunemiseengardeouétait-ilencoredanslesvapes
d’uncauchemar?Detoutefaçon,qu’ilnes’inquiètepas,iln’yapluspersonneàquifaireconfianceounon,jesuistouteseule.Leandroestjenesaisoù,Todd&compagnienerépondpas,Jacksonestavecmamère.Seule,totalementetirrémédiablementdéprimée.Cen’estpaslemoment,Garym’aditqueJoshabesoindemoi,jedoisêtreforte!Quandonparleduloup,onenvoitlaqueue…Jesecouelatête,heureusementquejen’aipasditcesmotsàvoixhaute!— Je t’ai apporté àmanger, j’ai pensé que tu devais avoir faim,me dit gentimentGary. Ça ne
t’embêtepassionsetutoie…?—Non,c’estparfait.Merci.Ilposeleplateau-repassurlatabledelitamovibleetlapoussejusqu’àmoi.Àlavueducontenu,je
grimace.—Unesoupe,sérieusement?Est-cequej’ailatêtedequelqu’unquiboitsonrepas?J’aiencore
toutesmesdents,Gary!—Oui,et jevoisque tusaismordre,Linda.Maisdepuiscombiende temps tun’aspasmangé?
Tonestomacabesoindeseréadapterunpeu.—J’auraispréféréqu’ils’adapteàunbonBigMac,ouunkebab,ouàunpouletrôtietdesmuffins.—Plustard,promis,réplique-t-il,amusé.—Pastroptardnonplus,hein.Demauvaisegrâce, jemangemasoupeetmonyaourt. Jesuispresque tentéedesortirendouce
pour aller chercher ma dose de vraie nourriture, mais je suis certaine que Gary veille au grain.D’ailleurs,iln’apasbougédesaplace,aucoindelapièce,lesbrascroisés,laminesombre.—Gary,j’aibesoinderéponses.Jenepourraislesobtenirsijeresteici.Tuasunendroitsûrpour
nous?
—Leandros’estoccupédetoutavantdepartir.Etc’estluiquit’aachetédesvêtements.—Pourquoiçanem’étonnepas…,jemarmonne,encolèrecontrelui.Onpourrapartirquand?—Onresteiciencoreunenuitetons’enva.J’aitoujourseul’habitudedetravaillerenéquipesurlesmissionslesplusdangereuses.Cettefois,
jedoisapprendreàmedébrouillersansordresouconcertationsavecmescollègues.—Commentas-tuconnuLeandro?—Longuehistoireentreunpatienttêtuetunmédecin.Toutcequetuasàsavoirc’estquetupeux
mefaireconfiance.—Laconfiancesegagne.—Commentjepeuxparveniràavoirlatienne?—Mène-moiàLeandro.—Impossible,jenesaismêmepasoùilestpartinicequ’ilaentête.Jeréfléchisdelonguesminutes.Maseuleidéec’estdecontinuermonenquêtesurcetteentreprise
louche, en poussant plus loin. Je suis sûre que Leandro a lemême projet quemoi. Il a juste unelongueurd’avancesurmoi.—Ilfautquejeretourneàmaplanque.—Cen’estpastroprisqué?Jehausselesépaules.—PasplusquecequedoitfaireLeandroencemoment.Àcettepensée,moncœursaigned’inquiétudepourlui.—Jepréfèreêtrelechasseurquelaproie,ilesttempsqu’ilsl’apprennent,dis-je,déterminée.J’ai réussi à convaincre Gary qu’il était dans notre intérêt de remonter à la source de nos
problèmes.Ilm’aditqu’ilferaittoutpourm’aider,maisqu’ensuitejedevraisplaidersacauseauprèsdeLeandropourqu’ilneluiabîmepasleportrait.Quantàmoi,jesaisexactementcequejeferaiunefois que je le retrouverai. Attaché au lit, il sera à ma disposition et je jouerai avec son corps,longtemps,pourlefairepayer.Jeseraipatiente,faisantmonterlapressionjusqu’àcepointdenon-retour,jusqu’àcequejepermetteenfinànoscorpsdenefaireplusqu’un.Je secoue la tête, ce n’est pas le moment de fantasmer, mais de mettre mon plan en action. Je
réfléchisauxdétailsquiauraientpum’échapper.LeplussimpleseraitdediscuteravecJosh,maisiln’apasreprisconsciencedepuisqu’ilm’amiseengarde.Ilestencoretrèsfaible,etjelesoupçonnedenepassebattresuffisamment.Ilvafalloirquejelesurveilledeprès.J’aitellementdechosesàfairequejenesaisparoùcommencer.Jem’allongesurlelitqueGarya
rapportédans lachambreet fixe leplafond. J’ordonnemes idées, résume toutcequiaplantédanscette mission. Avant même qu’elle débute, Josh m’a paru bizarre et m’a dit de faire attention.Rapidement,pluspersonnedel’équipen’aétéjoignable,puisilyaeucettepersonnequejen’aipasréussiàidentifier.Entretemps,Leandros’estfaituneplacesurlepodiumdesmecslesplusenvoûtantsque j’aiconnus.Sans lui,peut-êtreaurais-jeeu le tempsd’identifier l’hommemystère.C’estsûr, ilfautquejeretourneàmaplanquepourrécupérermesdonnéesetmonmatériel.Jecroiselesdoigtspourquepersonnenem’aitsuivie.Prièrevaine,s’ilssontaussidouésquejelepense,ilsn’attendentqueça,maisjen’aipasd’autrechoix.Je me rends compte qu’en me disant de ne faire confiance à personne, Josh incluait peut-être
également Gary dans l’équation. Mais j’ai besoin du soutien logistique de Gary, pour l’instant.Totalement seuleetmêmeavec toute lavolontédumonde, jen’yarriveraispas. Jeplongema têtedans lesoreillers, chaquechoseen son temps, sinon jevaisdevenirparano.Pourcommencer,une
bonnenuitdesommeil,pourmeremettred’aplombetsurtoutpouravoirlesidéesclaires.Je suis réveillée par des hurlements glaçants, il me faut dix secondes pour comprendre qu’ils
viennentdeJosh.Jesautedemonlit,allumelalumière,maisjen’osepasletoucher.Sarespirationest saccadée, son corps pris de tremblements et il serre tellement les poings que j’ai peur qu’il seblesse.Jem’avanceprèsdeluietparleassezfortdansl’espoirdelesortirdesoncauchemar.—Josh,tuesensécuritémaintenant.Toutestfini…Jerépètecesmotsplusieursfois.Lesinfirmièressontsurlepasdelaporte,jeleurfaissignedene
pas avancer. Je connais Josh, il va se sentir démuni, fragile, à leurmerci si on lui administre uncalmant.Peuàpeusoncorpscessedes’agiter, sespaupièrespapillonnent jusqu’àcequ’ilpose lesyeuxsurmoi.Leslarmescoulentsurmesjoues,maisjenelelaisseraipastomber.Jecombleladistancequinoussépareetluiprendlamain.—Josh…Jen’arrivepasàprononcerd’autresmots,tellementmagorgeestserrée.Iltapotelelitàcôtéde
lui.Jem’allongeetleserreautantquejepeuxsansluifairemal.—Jesuisdésolé,mabelle,murmure-t-il.—Chut,Josh,repose-toi.Tun’aspasàt’excuser.—Si,j’auraisdûteprévenirquecettemissionallaitpartirenvrille.—Onenreparleraplustard.Cequiimportec’estquetuteremettes.J’aipleindequestionsàluiposer,maiscen’estpaslemoment.Çaneferaitqueraviverencoreet
encorecequ’ilavécu.Ilsouffredéjàassezcommeça.Onfinitpars’endormirdanslesbrasl’undel’autre,serassurantparnotreprésencemutuelle.Unemain surmon épauleme secoue un peu. Jeme retourne et voisGary qui affiche un grand
sourire.—JenesaispassiLeandroseraitd’accordavecça,dit-ilendésignantJoshetmoidumenton.Jemedégagedoucementdel’étreintedeJoshetpousseGarydanslecouloir.—Cequetupeuxcroiresurcequisepasseicim’importepeuetLeandron’estpaslàpourdonner
sonavis,jegrogne.J’aidéjàditquejen’étaispasdumatin?Illèvelesmainsensignedereddition.—Tout doux, je rigole. Je sais ce qui s’est passé cette nuit, reprend-il plus sérieusement. Il va
devoirêtresuivi,tusais.—Oui,j’aiconsciencequeçaneserésoudrapasàcoupdebaguettemagique,maisondoitdéjàen
finiraveccetteaffaire.Ilhochelatêteets’appuiecontrelemur.—Jet’airéveillépourtedirequetoutétaitenplace.Onpeutpartirdèsquevousêtesprêts.—D’accord,maischangementdeplan.TumetsJoshàl’abrietmedonnesunevoiturepourqueje
merendeàmaplanque.—MaisjenepeuxpastelaisserseuleLinda!— Essaie de m’en empêcher ! Tu ne ferais que me ralentir, j’ai besoin d’aller vite, de rester
concentréeetsurtoutdepasserinaperçue.Cen’estpasavectoiqueçavaêtrepossible.—Hum,çaveutsurtoutdirequejesuistellementirrésistiblequec’estmabeautéquirisquedete
déconcentrer!—Tu arrives encore à passer les portes ? Parce qu’avec un ego comme le tien, j’ai peur qu’il
prennetropdeplace.Unrégimedel’orgueil,çatetente?
—Jet’aimebien,Linda,répond-ilavecunsourireamusé.—Cen’estpasréciproque.—Allez,prépare-toi,petiteteigne,jevaistetrouverunevoitureenattendant.Jem’avanceverslaporteetposemamainsurlapoignée.—Merci,Gary.—Derien,jeunedemoiselle!Jelèvelesyeuxauciel,maisunsouriresedessinetoutdemêmesurmeslèvres.Jem’approchede
Joshetleréveilleendouceur.Unefoissesyeuxancrésdanslesmiens,jeluidis:—Ilfautqu’onparte,onvasemettreauvertquelquetemps.Commentest-cequejepeuxt’aiderà
tepréparer?—Situmetrouvesuneinfirmièresexypourmefileruncoupdemain,ceseraitparfait.HeureusederetrouvermonJosh,dumoinsenpartie,jememetsàrirefranchement.Puisjeleserre
dansmesbrasdoucementetluichuchoteàl’oreille:—Tum’asmanqué,magrenouille.—Grenouille?—Jet’expliquerai,unjour.—Hum,réplique-t-ilsceptique.C’estlecœurunpeupluslégerquejemepréparedanslasalledebains.J’appelleuneinfirmière
pour l’aider, il l’accueille avec un magnifique sourire. Je les entends rire, c’est un miracle qu’ilsembleautantlui-mêmemalgrétoutcequ’ilaenduré.—Faitesattention,jesuisréputéepourêtreunesorcière!—J’aihâtedevoirquelsortvousallezmejeter.Jesecouelatêteetsorsdelachambrepourluilaisserunpeud’intimité.Jem’assoissurunechaise
nonloindelà,etfaisuninventairedetoutcequ’ilmeresteàfaire.Beaucouptropàmongoût…
Chapitre14
LINDA
Quandnoussommesprêts,Garynousaccompagnejusqu’àun4x4garéderrièrel’immeuble.—Linda, tuviensavecnous.Lavoitureque j’ai trouvée t’attendànotreplanque,medit-ilense
retournant.—Cen’estpascequejet’aidemandé,Gary!Jedoisêtrelà-basauplusvite!—Jesais,maisjen’aipaspufaireautrement.Jen’aipasautantderelationsquetulecrois.Jehochelatête,pastrèsconvaincue.JeregardeJoshducoindel’œil,enappuicontrelaportière
de la voiture, il a l’air plutôt détendu. Son avertissement ne concernait peut-être pas Gary. Çam’arrangerait,entoutcas.—Onvaoù?demandeJosh.—ÀOrléans.—Super,jemarmonne.—Tuverrasmabelle,c’estunesuperrégion,ditJoshenpassantunbrasautourdemesépaules.—Hum.Vivementlesvacances,j’iraiàlaplageetmateraitouscesAdonisaucorpsbronzé.Mensonge,iln’yaqu’unseulcorpsdontjerêve.Jemontedanslavoitureàl’arrière, tandisque
Josh se place côté passager et Gary au volant. J’observe à la dérobée Josh, son visage encoreboursouflémebriselecœuretmalgrétout,iltented’afficherunairserein.Jesaisquecen’estpaslecasetquelecheminvaêtrelongpourlui.L’enviedeluidemandercequ’ils’estpasséetcommentilaétékidnappémedémange,surtoutqueletempsjouecontrenous.Maisjenesaispassil’onpeutfaireconfianceàGary.Cen’estclairementpaslebonmomentpourposerdesquestions.Alors jenedisrien, et ronge mon frein de mon côté, laissant mon angoisse pour la suite des événements,particulièrement pour Leandro, étouffer mes autres émotions. Ma jambe tressaute, signe de monangoisse,jem’obligeàmecalmerpournepasinquiéterlesautres.Onlaisseauconducteurlesoinduchoix de la musique. Une véritable catastrophe. Pire, une apocalypse. Mon Dieu, au bout de dixminutes,Adèlemesortparlestrousdenez!—Gary,jet’ensupplie,abrègemessouffrances.Changedemusiqueouachève-moi,parpitié!—Jevoulaisjustetestervosgoûts!CeCDestàmasœur,jeterassurejen’aimepasnonplus.—Tuestordu,Gary!—Ohnonmabelle,toutestparfaitementdroitchezmoi.Tupeuxvérifier,situveux.Jeluifaisundoigtd’honneur,tandisqueJoshéclatederire.Ha,leshommes!Letrajetsedéroule
tranquillement,onabordedessujetsanodins.Commeunebullehorsdutemps,loindenosgalères.
Onarriveauboutdequatreheuresderoute,devantunportailenferforgé.Garytapeuncodeetlesportescoulissent.Merde,maisjeveuxcettemaisonpourmoitouteseule!Unegrandealléeenpentedescendjusqu’àelle.Elleestdestylechampêtre,bleueautoitgris,ilyaunevérandaetunevuesurlaLoire.Àl’airbéatdeJosh,jepensequesaconvalescencevabiensepasser.L’intérieurestunmélangedeblancetdenoir.Lesalonest trèspeumeublé,uncanapéencuiret
deuxfauteuilsnoirs,ainsiqu’unetablebasseblancheetbiensûruneimmensetéléoccupentl’espace.Desbaiesvitréesdonnentsurunjardinetuncheminmenantàuneforêt.Lerestedesautrespièces,huitentout,sontdanslemêmegenre.C’est-à-direchicetsimple,maisimpersonnel.Rienn’indiquequivit ici.Jenem’attardepasplusdetrenteminutesdanslamaison, jeprendsunedoucheexpressdanslasalledebainsattenanteàmachambre,attachemescheveuxmouillésenqueue-de-cheval.Unsurvêt,unecasquetteetdeslunettesdesoleil.JeprendslesclésdelavoiturequeGarym’alaisséesunpeuplustôt.UneMiniCooperS!Jenevaispeut-êtrepaslarendreàGary,finalement.JeressembleàuneenfantrecevantàNoëllecadeautantdemandé.Jesuisexcitéeetpresséedel’essayer.Niunenideux,jegrimpeàbord,caresselevolantetdémarre.Cesdeuxheuresetdemiederoutevontêtreunvrairégal.JemetsleGPSetquittececoinpaisible.Jenesuispasdugenrepeureuse–misàpartlessouris.Saufquelà,j’aivraimentl’impressionde
mejeterdanslagueuleduloup.Avantdepartir,Garyaessayéunedernièrefoisdem’endissuader.Autanttenterdeconvaincreunâned’avanceralorsqu’iladécidéducontraire.Jemegareàquelquespâtésdel’appartementetdécidedefiniràpied.Latêtebasseetlepasrapide,
je ne suis plus qu’à une rue quand je ressens un léger picotement au niveau de la nuque. Je meretourne,maisnevoispersonnedesuspect.Jetraverselehalld’entréedel’immeuble,montelesmarchesetdéverrouillelaporte.Toutestàla
mêmeplacequelorsquejesuispartie.S’ilssontvenus,ilssesontcontentésd’installerdesmicrosoudes caméraspourme surveiller deprès.L’un comme l’autre, çanem’enchantepasdu tout. Jemedépêchedetoutrécupérer,espérantnefairequ’unseulvoyage.J’aipresquefiniquandunesonnerieretentit.Cen’estpasmontéléphonequej’aidansmapoche.Il
mefautquelquessecondespourcomprendrequ’ellevientdutéléphonefixe.Jenesavaismêmepasquelaligneétaitétablie.Pendantmaprésence,iln’apassonnéuneseulefois.Jelaisselerépondeurs’enclencher.—MademoisellePerrin,jesaisquevousêteslà.Merde,merde!Cettepersonnepeutmemenerjusqu’àLeandroouçapeutêtreaussiunpiège.Je
metsdixsecondesàmedécider.Jedécroche.—Quiêtes-vous?—J’aidemultiplesnoms,mademoisellePerrin,maiscen’estpasimportant.Cequil’est,c’estce
quevousvoulez.—Selonvous,qu’est-cequejeveux?—Lavérité.—Oh,çava!Onn’estpasdansunemauvaisesérieB!Venez-enaufait,quevoulez-vous?—Organiserunerencontre.—Jen’aiaucunepreuvequecen’estpasunguet-apens!—Rien,àpartmaparole.—Voussavezoùpouvez-vouslamettre!—Jevoisqu’onnem’apasmentisurvotrecaractère.—Quiça«on»?
—ÉcoutezmademoisellePerrin, si jevoulaisvotremort, ilm’aurait suffidedemanderàundemeshommesdevousattendredansl’appartement.Jenesuispasvotreennemi!Jepousseunsoupirderésignation.—Bien.Oùetquand?—Vousavezdequoinoter?J’attrapeuncalepinetunstylo.—Oui.—Rendez-vousauCafédelaPaix,5Placedel’Opéra,à10heuresdemain.—J’yserai!—J’espèrepourvousetvenezseule,mademoisellePerrin,jeréagismalauxsurprises.Ilraccrochesansmelaisserletempsderépliquer.Mavieressembleàunvieuxfilmdesannées60.
«Venezseule»,ilpensequejevaisdébarqueravecunearmée?J’aidesressources,maispastantqueça,voirepasdutout.Cetappelétaittotalementsurréaliste.Jeterminedetoutemballeraussivitequepossible,envérifiantqu’iln’yapasdemouchardsdans
les affaires que j’emporte. Je vais jusqu’à la voiture et charge le coffre. Je m’insère dans lacirculation,guettantlamoindrevoituresuspecteouquimecolled’unpeutropprès.Jefaisplusieursdétourspourêtresûreetmedirigeversmanouvelleplanque.Unefoisarrivée,jemontedirectementdansmachambre.Joshdoitêtreentraindesereposer,Gary
jenesaispasetjem’enmoqueunpeu.J’installetoutmonfoutoirsurmonlitetmemetsentailleurdevantl’ordinateur.J’inspireungrandcoup,mepréparantàpasserdesheuresàrevoirchaquedétaildesdossiersqueToddm’adonnés.TouteslespreuvesdésignentGDScommecoupable.C’estpresquetropbeau,tropfacile!Sic’était
sisimple,pourquoicetteentrepriseest-elleencoreenactivité?Pourquoiaucundesesdirigeantsn’a-t-ilétéarrêtéparlesservicesdugouvernement?Ilyaquelquechosequiclochedanscettehistoire.J’ouvre le fichier des identifications, faisant à nouveau face à l’hommemystère. Je vais devoir
taperplushautetutiliserleseulcontactdontjenevoulaisplusentendreparler.J’attrapeletéléphoneposésurlatabledechevetetcomposesonnuméro.Jememetsàmeronger
lesongles,chosequejen’aipasfaitedepuiscinqans.Fébrile,j’attendsqu’ildécroche.—Allô!—Bonjour,Louis,c’estLinda.J’entendsdesbribesdeconversation,desbruitsdepasetuneportequiclaque.Misàpartlesouffle
desarespiration,lesilenceàl’autreboutdufilestpesant.Auboutdequelquesminutes,ilsembleserendrecomptequ’iln’atoujoursriendit.—Linda.Leseulfaitdel’entendremebriselecœur,maisjedoispasseroutre.C’estuneancienneblessure,
jeneveuxpasenvivreuneautreenperdantLeandro.—Oui,c’estmoi.—Commentvas-tu?—Çat’intéressevraiment?Danscecas,pourquoinepasm’avoirappeléepourlesavoir?—Maprincesse…—Jet’interdisdem’appelercommeça,tuasperducedroitquandtuesparti,jelecoupe.Jemepincel’arêtedunez,faitchier!Jedevaisrestercalme,maîtressedemesémotions.Pourtant
j’ai le sentiment d’être au cœur d’une tornade, projetée de tous les côtés, heurtant des obstacles àchaquefois.—Jenet’aipasappelépourmedisputeravectoi.
Jeserrelesdents.—J’aibesoindetonaide.—D’accord,jet’écoute,medit-ilaveccalme.Avantquetoutnedérape,c’étaitlapersonnesurquijepouvaistoujourscompter.Ilasum’épauler
dans des moments difficiles, me conseiller, me réconforter. Sauf à l’instant où j’ai cru que monmondes’écroulait,etoùiln’étaitpaslà.Jesecouelatêtepourmesortircessouvenirsdouloureuxdel’esprit.— J’enquête sur une entreprise de sécurité privée, Global Delta Security, je ne sais pas si tu
connais?—Jeconnais.Pourquoiçanem’étonnepas?Cethommequiagravi leshautes sphèrespolitiquesdoitêtreau
courantdetout.—J’aibesoinquetum’identifiesquelqu’un.Jepeuxt’envoyersaphoto?—Oui,envoie-moiçasurmaboîtemailsécurisée.—D’accord.J’ai beau être en colère contre lui, il memanque. Aucun de nous deux n’ose raccrocher. Deux
personnesenapnée,enattentedelasentencedel’autre.C’estfinalementluiquicoupecourt.—Jetetiensaucourantdèsquej’aiuneréponse.Àbientôt,maprincesse.Ilnemelaissepasletempsderépondre,iladéjàraccroché.—Aurevoir,papa,dis-jelagorgeserrée.Louis, mon père. Ça fait deux ans que je ne l’avais pas appelé papa. Aujourd’hui encore, j’ai
l’impressionqueçasonnefaux.Cethommequim’aapprisàfaireduvélo,maisaussidesmuffins.Quim’aréconfortéquandmonpremierpetitamim’aplaquée.Àuneépoque,cethommeétaitprêtàtoutpourmoi.Quecetempsestloin,quecetteviepleined’insouciancememanque.Jedonneraistoutpour revenir en arrière, avant que tout dégénère. Une partie de mon cerveau guidée par messouvenirsheureuxn’arrivepasàluienvouloir.Alorsquel’autrepluspragmatique,plusrancunièresaitqu’ilyadeschosesquel’onnepardonnepas.Jelaissetomberletéléphonesurmonlitetm’allonge.Peut-êtrequ’encontemplantleplafond,les
réponsesvontvenir toutes seules.Mespeines s’envoler,moncœur se réparer et lavieme sourireenfin. Je suis lasse deme battre pour les autres, d’être abandonnée ou trahie. Je voudrais une viesimple.Metracasserpourlesproblèmesduquotidien,paspouressayerderesterenvieetgardertoutlemondesainetsaufmêmecontreleurvolonté.Unevienormale.Maisonn’apastoujourscequel’onveut,sinonçasesaurait.Je regarde l’horlogemurale, deux heures dumatin, je devrais dormir pour être en forme pour
cette rencontre mystérieuse. Mais je suis trop sur les nerfs pour y arriver. Je regrette de ne paspouvoirenparleràJoshavantdemainmatin.Jesaisqu’ilabesoinderepos,danscesconditionsjenemevoispasleréveillerpourluidemanderdesconseils.Ilauraittrouvéunesolutionouauraitsumerassurer.Jedescendsdanslacuisinedanslebutdegrignoterquelquechose.Jen’airienmangédelajournée et je suis méchante le ventre vide. Je marche sur la pointe des pieds pour ne réveillerpersonne.Jenelesaipasvusdelasoiréeetilsnesontpasvenusmevoir.Jesupposequeletrajetlesafatigués.J’ouvrelefrigoàlarecherchedequoiremplirmonestomac.Jerestebouchebée.Ilestremplide
boîtesTupperwareétiquetées.Quiches,lasagnes,bœufbourguignon…Ehben!LarelationdeGarys’estdonnébeaucoupdemalpournousaccueillir à laperfection. Je choisisuneboîtedepâte à labolognaise,chercheuneassiettedanslesplacardsetmesers.Jemetsmonplatdanslemicro-ondeset
attends adossée à l’évier. Je contemple la pièce, plan en granit, plancher en céramique, portes deplacardsrouges.Laseule touchedecouleurvivede lamaison.J’espèrequ’après toutça, j’aurai lapossibilitédevenirmeressourcerici.—Jesavaisbienquej’avaisentendudubruit.Jesursaute.—Josh,tupourraisfaireunpeudebruitquandmême.Jemeretournepourrécupérermonassiette.—Tuenveux?—Non,c’estbonj’aidéjàmangé,j’aichoisiunmorceaudequiche.Unepersonnes’estchargéede
remplirlefrigopourunesemaine.—C’estqui?—Jenesaispas,dit-ilenhaussantlesépaules.Pendantquejeprendsunebouchéedepâtes,jeledétaille.Sonvisagedégonflepetitàpetit,d’après
Gary, il gardera quand même deux cicatrices, l’une au niveau de la joue et l’autre au-dessus del’arcadedroite.—Quandtum’asditdenemefieràpersonne,çaincluaitLeandroetGaryaussi?—Gary,jeneleconnaispas,jenepeuxpastedire.Maispourl’instant,ilm’al’airclean.J’attends qu’il me réponde pour Leandro, mais il détourne le regard. La peur commence à
s’immiscerenmoi.—Josh,etàproposdeLeandro,j’insiste.—Jenesaisplus.Jeluiavaisdemandédeserenseignersurl’affaire,pasd’allersurleterrain.Ilne
devaitêtrequespectateur.D’ailleurs,ilvafalloirquetumeracontestoutdanslesdétails,j’aitropdezonesd’ombrepourtedire.—Mais…maisilt’asauvélavie,untraîtreneferaitpasça.—Leandro ne fait rien qui ne lui soit pas bénéfique.ÉcouteLinda, je ne sais pas…En venir à
douterdemonami,c’estdouloureuxpourmoi.Alors,dis-moi.Je lui relate tout ce qui s’est produit depuis le début de l’affaire jusqu’à ce fameux coup de
téléphone. Il nem’interrompt pas une seule fois.Quand j’ai finimon récit, ilme tourne le dos etregardedehors.—Tuestombéeamoureusedelui?medemande-t-il.Saquestionmeprenddecourt,jen’aijamaisavouéquej’avaisdessentimentspourLeandro,pas
mêmeàl’intéressé.—Jenesaispas.Messentimentspourluisesontchangésenquelquechosedefort.Mais,est-ceque
c’estdel’amourpourautant?Peut-être…Ilnedit rienpendantplusieursminutes.Ce silencepesantcommenceàme rendrenerveuseet je
suisàdeuxdoigtsdel’envoyerbalader.—OnvamettredecôtéLeandroetseconcentrersurl’affaire,d’accord?Lefaitqu’ontiennetous
lesdeuxàluipourraitnousinduireenerreur,dit-ilenseretournant.On s’installe sur les tabourets et on commence à récapituler les points louchesde cette histoire.
Maisonn’arrivepasàtrouverlelienquilesrelietous.Toddestlaseulepersonnequipourraitnouséclairer,maisilestinjoignable.Joshm’expliqueenfincequ’ilfaisaitàParis.Tropinquietpourmoi,iln’a rien trouvédemieuxqued’enquêteraussisurcetteaffaire. Iladû tombersurquelquechosed’intéressant pour qu’on s’intéresse à lui. Ou il n’a pas été assez prudent dans ses recherches. Leproblèmec’estqu’onnesaitpasquelleoptionestlabonne.D’aprèssessouvenirs,ladernièrechosesurlaquelleilbossaitc’étaitsurlescontactsdeGDS.Ilnemeracontepasendétailcequ’ils’estpassé
pendant qu’il était détenu, et je ne lui pose pas de questions.Mais il me dit que nos kidnappeursvoulaientàtoutprixsavoixoùsetrouveTodd.—Jeneveuxpasquetuyaillesseule,Linda.Jehausselessourcils.—Etcommentcomptes-tum’enempêcher?—Jesaisquec’estimpossible.Tuesunevraietêtedemule,répond-ilavecunsourireencoin.—Pourunefois,tuasraison!—J’aitoujoursraison,mabelle.Allez,vaaulit,tuvasêtrecrevée,sinon.Jeluifaisunbisousurlajoue,ilm’entouredesesbras.—Onsevoitavanttondépart.—Oui.BonnenuitJosh.—Bonnenuit,mabelle.Je le laisse dans la cuisine. Je monte dans ma chambre, me change et me glisse sous les
couvertures.JefermelesyeuxetimaginequeLeandrosetrouveprèsdemoi,sesbrasentourantmataille.Mondoscollécontresontorse,mesjambesentrelessiennes.MonDieu,qu’ilmemanque…J’ai encore du mal à me dire qu’en si peu de temps, mon cœur s’est ouvert à lui. Je m’endorsfinalementpourquelquesheuresdesommeil.
Chapitre15
LINDA
7h00
Jemepréparevitefaitetavalequelquesgâteauxdanslacuisine.AprèsunedernièremiseaupointavecJosh,mevoilàsurlaroute.Jeneprendspasletempsd’admirerlepaysage,jepréfèretestercettemerveillequej’aientreles
mains.C’estdécidé,cebijou,jelegarde.Encompensationdetoutcequej’aivécudepuisledébutdecetteaffaire,jeleméritebien!Jegare lavoitureàquelquesruesdupointderendez-vous.Jemefondsdans lafoule,observant
cettefourmilière.Lesgensnes’arrêtentdoncjamaisdecourirdanscetteville?Jerepèrerapidementlelieu,CafédeLaPaix,l’hommemystèreveutpeut-êtreconclureunaccord.Entoutcas,ilatrouvéunendroittrèsagréable,laplacedel’Opéras’ouvredevantnous,lePalaisGarnierànotregauche.Jen’oseétudierlacarte,depeurdefaireunulcèreenregardantlesprix.Cen’estpasvraimentàcelaquejem’attendaisenrevenantàParis.Assiseàlaterrassedececafé,
le regard perdu au loin, je réfléchis aux jours précédents. La dernière fois que j’ai rencontréquelqu’undanscetteville,l’aventureaétéplutôtmouvementée,çaonpeutledire!Jememetsàriretouteseuleetleserveurmejetteunregardétonné.Jecommenceàperdrelatête.
Je devrais me faire plus discrète, je ne suis pas là pour me faire remarquer. Malgré mon armeplanquéedansmondos,monétatdenervositéestàsonsummum.Jefuisleregardduserveuretdétaillecequim’entoure.Mafoi,commelieuderendez-vousilya
bienpire.Tout ici respire la richesse et le calme,desnappesblanches auxchaises rougesdonnantl’impressiondefaireunbondàl’époquedeLouisXIV.Àl’intérieur,lesdorurestapissantlescoinsduplafondetunepeintureaucentre renforcentmon impressiondedétonnerdanscedécoroù toutsemble à sa place aumillimètre près. Les clients sont pour la plupart habillés de vêtements hautecouture.Moi,jesuisenjoggingbasket.Définitivementpasmonmonde.Plusquedeuxminutesavantqu’ilnesoitenretard,aprèsquoijedisparaîtrai.Jesuisarrivéeavec
unpeud’avance,jemedemandebienàquoicelaaservi,jenesaismêmepasàquoiressemblemoncontact.Sûrementqu’ilviendraàmoi.J’auraisdûluidemandercomment je lereconnaîtrais.Alorsquejem’apprêteàm’enfuir,jelevoisetenrestebouchebée.—C’estimpossible,murmuré-je.Sonregardacapturé lemien,aucundenousdeuxn’osebouger.Toutautourdemois’efface, je
n’entendspluslebruitdesvoituresquipassent,nilesclientsquirâlentparcequ’ilsnesontpasservisassezvite.Jesuiscommehypnotiséeparsonregard.Siseulementtoutavaitétédifférent,siseulementiln’étaitpaslui.Jesuistombéesurbienpirequ’unguet-apens…Je suis face à celui que je voulais sauver.Maismerde, qu’est-ce que j’ai loupé ?Leandro, c’est
doncluimoncontact?Çaveutdirequ’iltravaillepourl’ennemi?Furieuse,jerèglel’additionetquitteprécipitammentlecafé.Jenesaispasoùjevais,maismespas
m’emmènentloindemoncœurbriséquej’ailaissédanscecafé,loindecethommequim’amenti.Jel’entendsm’appeleretsaisqu’ilmesuit.Lesjouesbaignéesdelarmes,c’estàpeinesijevoiscequim’entoure. Je me mets à courir, slalomant entre les passants, en bousculant quelques-uns. Je neregardepaspar-dessusmonépaule,jeveuxjustefuircetendroit.Jem’arrêtedansune ruelleétroite,appuiemesmainscontre lemurenpierre. Je suisépuisée,à
boutdeforceetmonmoralestauplusbas.Lapremièrefoisquej’aidécouvertqu’ilm’avaitmentisurquelquechose,jem’étaispromisqu’ilnem’auraitplus.Etvoilàquejereplongededans,lecorpsentieravecenprimemoncœuretmonâme.J’entendsdespasserapprocher,jefaisvolte-face,prêteàmebattre.Leandro!Unepartiedemoi lehait,alorsque l’autreveut luiouvrir lesbras.Onse jaugeduregard,deux
prédateurs.Deuxennemis!Jepenchelatêtesurlecôté.—Alorstut’esbienamusé?Ilpince les lèvres,maisnerépondpas toutdesuite,cherchantpeut-êtreunenouvelleexplication
stupideàmefournir.Ohnon,çanevapassepassercommeça.Jenemelaisseraisplusavoir!—Tuasperdutalangue?Biendommage,ellefaisaitdeschosesexceptionnelles.Commementir…Ilavanced’unpas,jelemetsaudéfid’enfaireunautre.Jeserrelespoings.—Pourquoies-tulà?—Pourtoi.Àcesmots,j’éclatederire.Unrirejaune.—Elleestbienbonnecelle-là!Ilvafalloirquetutrouvesmieux,Casanova!Jefaisminederéfléchiretreprends:—Tu vois ce quime dérange le plus, c’est que je pensais que tu étais un homme bien. Pas un
connard, capabledecoucheravecune femmealorsqu’il estdans lecampadverse.Ça faitquoidebaiserl’ennemie?Mesmotssontcrus,toutcommemapeine.—Laisse-moit’expliquer,Linda.—Pourquoijeferaisça?Donne-moiuneseulebonneraisondelefaire,jehurleencomblantla
distancequinoussépare.—Parcequejet’aime!Jesuisuninstantabasourdieparcequ’ilvientdemedire,jenerespiremêmeplus.Jerestecomme
un poisson hors de l’eau, en pleine asphyxie.Mais très vite, mes réflexes reviennent. Je le gifle.Commentose-t-ilmefaireça?M’avouerqu’ilm’aimealorsqu’ilm’amenti!Depuismasortiedel’hôpital, j’ai rêvé des centaines de fois d’entendre cesmots de sa bouche.À présent, ce sont cesmêmesmots qui piétinent ce quime reste de cœur. Jemets de la distance entre nous.Leandromelanceunregardpeiné.—Ohnon !Tunem’aimespas,Leandro.Tuas aimémoncorps,maispas cequ’il y a auplus
profonddemoi!C’estimpossible,sinontuauraissaisil’occasiondetoutmeraconterquandonétait
danscetteprison.Jesaismaintenantqu’enplusd’êtreunconnard,tuesunlâche,dis-jeavechargne.Jenemecontrôleplus,mespoingsseserrentetsedesserrent.Jememordsl’intérieurdelajoue
pouréviterdepleurer.Jeneverseraiplusaucunelarmepourlui.J’aiimaginélepirequandj’ailusalettreetfinalement,ilétaitparfaitementensécurité.—Tusaisquoi,Leandro?Jesavaisbienquec’étaittropbeau.L’amourn’existepas,iln’yaque
lesconspourycroire.Toutça,dis-jeavecungestedubrasnousenglobanttouslesdeux,c’étaitunechimère.Iln’yarieneuentrenous,maintenantjepeuxjurerquesijetevoisdansmalignedemire,jet’abatssansaucunscrupule.De la pure méchanceté. Je ne pense pas ces derniers mots. Pourtant, je pourrais le faire dès
maintenant.Jepourrais,j’aitoujoursmonarmedansmondos,maisj’ensuisincapable.J’aitellementmal.MonDieu,jenepensaispasqu’ilétaitpossibled’autantsouffrir.—Jesaisquetum’enveux,maisilfautquetum’écoutes!Mapuce,ilfautque…Jelèvelamainpourluiintimerdesetaire.Cesurnom.Sidoux,pleind’amour.Enfin,c’estceque
jepensais, ilse trouvequecen’étaitqu’unetactiquepourm’atteindre.Ila trouvémonpointfaible.Lui.—Pasde«mapuce»,pasde«minhaquerida».Discequetuasàdire,cepourquoitum’asfait
venir,etva-t’en.Jesuisàdeuxdoigtsd’éclaterensanglots,jemeretournepourqu’ilnevoiepasl’emprisequ’ila
surmoi.—Bien.Oui,jetravailleaussipourGlobalDeltaSecurity,maisilyadeschosesquetunesaispas.Parcequetunemelesasjamaisdites!—Lerendez-vousd’aujourd’huin’avaitpourbutquedet’intimider.Cen’estpasmoiquidevais
êtrelà,maisj’aiinsisté.Jeneveuxpasqu’ilstefassentdumal,Linda.Maiscen’estpasdeGDSquetudoisteméfier.Crois-moi,jefaistoutpourteprotéger.C’estplusfortquemoi,jemeretourneetluidemande:—Mêmede toi?Parcequ’ilest là, leproblème,Leandro.Quimeprotègede toi?Tum’asfait
bienplusdemalqu’ilsn’auraientpum’enfaire.Ildétourneleregard,c’estàsontourdeserrerlespoings.Quandilmefaitfacedenouveau,ceque
jevoisdanssesyeuxm’obligeàfaireunpasenarrière.— Tu penses que je t’ai menti, que j’ai feint d’avoir des sentiments pour toi uniquement pour
t’utiliser.Mais tu ne sais pas tout de l’histoire ! Jeme suis battu pour toi et je le fais encore. J’aiinsistépourvenir ici,mais jenesuismêmepassûrqu’ilssoientdupes! Ilssaventqu’onacouchéensemble,etjesuispeut-êtreendanger,maisjen’aipaslechoix!Ilabatsonpoingcontrelemur,cequejerêvedefairedepuisquejemesuisarrêtéeici.Ilnecille
même pas, alors que ses phalanges sont dans un sale état. Il se rapproche demoi, je suis commetétaniséeparlalueursauvageetdecolèrequibrilledanssesyeux.—Jet’interdisdecroirequejenet’aimepas!Tun’imaginesmêmepastoutcequejefaisdepuis
quejet’airencontréepourtegarderenvie.Ilmecaresselajoueetmalgrémoijefermelespaupières.—Mapuce, je suis désolé, vraiment.Mais si je n’avais pas voulu que tu saches la vérité, tu ne
l’auraisjamaissue…Jenesuisvenuquepourça.Ildéposeunbaisersurmeslèvresetreculedequelquespas.Jetitubejusqu’àprendreappuicontre
lemuretfermelesyeux.Maissijen’avaispasvouluquetusacheslavérité,tunel’auraisjamaissue…—Tum’asmenti,Leandro.Tum’asblesséecommeaucunautren’asulefaire,dis-jed’unevoix
froide.Moncorpsutiliselemodeautomatiquepourm’éloignerdecetendroit,delui.Jelepoussealors
qu’ilessaiedemereteniretmetsdeladistanceentrenous.Jesaisquejen’aipaseul’entièrevéritédetoutecettehistoire,maisavoirLeandrodevantmoimefaitbientropmal.Jeremontedansmavoitureet pars en trombe. Je n’ai pas conscience de ce que je fais, ni d’où je vais avant d’être arrivée àdestination.C’estpeut-êtreunemauvaiseidée,maismaintenantquejesuislà,jen’aiaucuneenviedefairedemi-tour.Jesorsdelavoitureetm’adossecontreelle.J’observeuninstantlespassantsavantd’arrêtermonregardsurladevanturedurestaurant,celui-làmêmeoùmavieavéritablementbasculé.Je pensais alors profiter d’un moment d’insouciance et de liberté, je me retrouve amoureuse,enchaînéeàunhommequim’amentietm’atrahiedepuisledébut.Ils’estjouédemoi,demonâmeetdemoncœur.Devantmoi,uncouplerentredansl’établissement,lafemmeritàgorgedéployéeetsonhommela
regardeavecamour.Uncoupauventre,uncoupaucœur.C’estcequejevoulaisavecLeandro,aumoinsessayerdevivreça.Unevienormale.Jesoupire,fermelesyeuxetappuiemondoscontrelacarrosserie.J’offreàmonvisagelesrayons
du soleil. Et, àmes poumons, l’odeur rassurante de la pollution. La pollution, rassurante ? Il fautvraimentquejeprennedesvacancesdignesdecenom.Jesensunepersonnes’installeràcôtédemoi,jen’aipasbesoind’ouvrirlesyeuxpoursavoirquic’est.Jereconnaissonodeurunique.Iladûmesuivre,çanem’étonnemêmepas.—Qu’est-cequetufaislà,Leandro?jemurmure.—Jemefaisdusoucipourtoi.—Ilfallaitypenseravant.—Pourquoit’es-tuarrêtéeici?Jenerépondspas.Jel’ignore.Sûrementquejevoulaisrevivrecesinstantsoùc’étaitsifacile.Jele
senssedéplacerpourseposterdevantmoi.Ilposesesmainssurmesjoues,lacaressem’envoiedesdéchargeslelongdemacolonnevertébrale.—Mapuce,regarde-moi…Jeserreencorepluslespaupières.Jem’accrocheaupeuderancœurqu’ilmereste.—S’ilteplaît…Merde,jenepeuxrésisterautondesavoix.J’ouvrelesyeuxetcequejevoisdanslessiensfinitde
détruirelemurquejecommençaistoutjusteàbâtirautourdemoncœur.Jeretiensmonsouffledansl’attentedecequ’ilaàmedire.—Laisse-moiunechancedet’expliquer.Ildétourneleregardetledirigeverslerestaurant.Unsourireencoinapparaîtlentementsurson
visage.—Tusais,jenedevaispasrentrerdanscerestaurant,jenedevaismêmepastesuivre.Maisquand
ons’estheurtés,jen’aifaitquefantasmersurtoi,teslèvresettoncorps.Tum’asenvoûtéaupremierregard,mapuce.Tuasbesoind’explications,jesais,maisonnepeutparlerici.Etsionallaitfaireuntour?—EtpourquoipascentballesetunMars?réponds-jedutacautac.Unpeuoldschoolcetteexpression,maisçasoulagetoujoursautantdelasortir!Ilhausselessourcils.—CentballesetunMars?Jepensaisplutôtàdescentainesdemuffins.Qu’ilconnaissemonaddictionauxmuffinsprouvequ’ilensaitdéjàbientropsurmoi.—Jesuistrèsbien,loindetoi.
Ilserapprocheetposesesmainssurletoitdelavoiture,emprisonnantparlamêmeoccasionmoncorps.Jeserrelesdentsetmeretiensdejustessedelegifler.Jemecontentedelerepousser.— Ce qui n’est pas mon cas. J’ai passé ces derniers jours à penser à toi, à m’inquiéter de ta
sécurité.S’ilyaunechosesurlaquellejenet’aipasmenti,c’estsurlessentimentsquej’aipourtoi.Jetiensénormémentàtoi,Linda,etlesmotsquej’aiprononcéstoutàl’heure,jelespenseréellement.Accorde-moiunechancedem’expliquer.Jemusellemoncœurquimeditdeluisauterdanslesbrasetécouteplutôtmaraison.Leandroest
clairementunadversaire.Riennemeprouvequ’iln’apastoutorganisé.J’ancremonregarddanslesienàlarecherched’unfonddesincérité.Jenepeuxpasfairetablerasedupasséenunclaquementdedoigts,si?Non,impossible.—Tunepeuxpasêtrebienéloignédemoi.Entoutcas,jemesensvideloindetoi.J’aibesoinde
toidansmavie,laisse-moiteleprouver.Jenetedemandepasd’oubliercequis’estpassé,surtoutpaslapartielaplusintéressantedansunechambre,ajoute-t-ilavecunsouriretimide.Jetedemandeunesecondechancepourquenotrerelationpartesurdebonnesbases.Relation,besoindetoidansmavie.Moncœurbatàtoutrompredansmapoitrine.—Qu’est-cequimeprouvequetunememènespas,encoreunefois,enbateau?—Rien,àpartça.Ilmeprendmamainetlaposeauniveaudesoncœur.—C’estavecmoncœurquejeteparleaujourd’hui.C’estavecluiquejetesuppliemapuce.Jerestedelonguesminutesàleregarderdanslesyeuxàlarecherchedumensongequej’ailoupé
la première fois.Mais je n’y vois que lamême vénération dont je rêvais tout à l’heure. J’inspireprofondémentetprendsunedécision.J’espèrequ’ellenevapasseretournercontremoi.Jerécupèremamainetmetsunpeudedistanceentrenous.—Suis-moi.Jedésignedumentonlerestaurantetavancesansattendre.Leserveurnousplaceet j’attendsque
nosrepassoientservisavantdereprendrelaparole.—Tuvasmeracontertoutelavérité,tun’oubliesaucundétail.Jeveuxabsolumenttoutsavoir.Jelèvelamainquandjelevoisprêtàintervenir.—Jen’aipasfini.Sij’apprendsquetunem’aspastoutraconté,tuleregretteras.—Marchéconclu,dit-il.Leandrorestetendutoutlelongdurepas,ilmeregardefixement,s’attendantpeut-êtreàcequeje
craqueetparteloind’ici.
Chapitre16
LEANDRO
Je ne la quitte pas du regard,m’attendant à toutmoment à ce qu’elle s’en aille. L’angoisse quim’étreintmefaitimaginerlepire.Jesaisquecequejevaisluidireva,soittoutdétruireentrenous,soit nous permettre d’avancer ensemble. Je repense encore à l’instant où nos corps sont entrés encollision.Jeconnaissaistoutd’elle,maisrienn’auraitpumeprépareràcequej’airessenti.Àcequejeressensmaintenant.Jel’aimeetjenel’aicomprisquependantcesmomentsoùl’onétaitséparés,loinl’undel’autre.J’aipeurdelaperdre,peurqu’ellenefassepluspartiedemavie.—Leandro,tum’écoutes?Jesecouelatêtepouressayerdemeconcentrerunpeu.—Désolé,tudisais?—J’attendsquetumeracontesabsolumenttout.Siseulementjepouvaisévitercettepartie,maisautantyallerfranco.—GlobalDeltaSecuritym’aembauchéenpremieretquandJoshm’ainforméqu’unemissionsoi-
disantlouchesurcettesociétéallaitdébuter,jeneluienaipasparlé.—Pourquoitunel’aspasfait?demande-t-elle,lesbrascroisés.GDSaquelquechoseàcacher?Jesoufflederésignationetregardeparlafenêtre.—Letruc,c’estquetuteméfiesdelamauvaiseentreprise.Tun’astoujourspasdenouvellesde
Todd?Quandellefaitsignequenon,jereprends:—Pourquoiçanem’étonnepas?Jet’aiditquej’enquêtaistoujourssurlespersonnespourquije
travaille.GDSestcequ’ilyadeplusclean.Parcontre,onnepeutpasendireautantdetonpatron.—Cen’estpaspossible,endeuxans,j’auraisremarquéquequelquechoseclochait.—Çaacommencéilyapeudetemps,Linda.JepensequeToddadéconnéquelquepartetqu’à
présentilfaitprofilbas.—Alors,tusavaisquecen’étaitpasGDSquinousavaitenlevés,quandonétaitdanscetteprison.— Je n’étais pas sûr à cent pour cent.Ce ne serait pas la première fois qu’un client tente de se
débarrasserdemoi.Elleposelescoudessurlatableetseprendlatêteentrelesmains.—Bordel,c’estunvraimerdier.—Tul’asdit.EtsicommejelepenseToddaénervédespersonnesimportantes,onvadevoirse
fairepetits,nousaussi.
Ellerelèvevivementlatêteetmeregardeavecdesyeuxronds.—Ilsenontaprèstoi?—Jen’ensaisrien,jepensequ’ilsm’ontkidnappéenpensantquejetravaillaisdanslamêmeboîte
quetoi.Ilsnedoiventpasencoresavoirquijesuis,net’inquiètepaspourmoi,maisplutôtpourJoshettoi.Tantqu’onn’apasrésolucettehistoire,onnefaitconfianceàpersonne,d’accord?Ellehochelatête,leslèvrespincées.—Pourunefoisquejesuissurunemissiontouteseule,ilfautqueçasoitunvéritablebourbier.—Jesuisdésolémapuce,maisonvaréussiràs’ensortir.Lindaneditrien,commes’ilétaitdifficilepourelledecroireàunhappyend.Auboutdequelques
minutes,elleseredressesursachaiseetreprendlaparole:—Jenesaispascequenousréservedemain,maisjesaiscequejeveux.Etc’estprofiterdutemps
qu’onpeutpassertouslesdeux.Ellepenchelatêtesurlecôté,unsourirecharmeurauxlèvres.Oh,çan’augureriendebon.—J’aiquelquescoursesàfaire,tum’accompagnes?—Pourquoipas?On règle l’addition et je suis Linda jusqu’à sa voiture. Elle cherche quelque chose dans son
téléphoneetunefoisqu’ellesemblel’avoirtrouvé,unairraviapparaîtsursonvisage.—OK,allons-y.Ellehâtelepasjusqu’àsavoiture,ellemelanceunsourireénigmatiquequandjem’installecôté
passager. Je saisque jedevraism’inquiéterdecequ’elleprépare,mais je suis tropheureuxd’êtreprèsd’elle.Jereplaceunemèchefolledesonchignonetfrôlesajoue.Unfrissonlaparcourt.Jesuiscontentdevoirquejenesuispasleseulàréagiraucontactdenoscorps.Jesuisdudoigtlacourbedesoncouetdescendslelongdesonbrasdénudé.Ellemejetteuncoupd’œilavantdeseconcentrersurlaroute.—Onnedistraitpasleconducteur,c’estdangereux.—Chef,ouichef!Elleglousseavantdereprendre:—FaisgaffeLeandro,jepourraistrèsbiencroirequeturequiquirasavecletemps.—Requiquiras?Cettefemmen’arrêtepasd’inventerdesexpressions.Aumoins,avecelleonnes’ennuiepas.—C’estunedemesamiesquiditça,répond-elleenhaussantlesépaules.Requiquira,c’estcomme
riquiquiavecelle.Donc,quandelleutilisecemot,çasignifiequec’estlafemmequiportelaculottedans le couple. L’homme perd un peu de ce qu’il a dans le pantalon, dit-elle en regardant monentrejambe.J’éclatederire.—Net’inquiètepasmapuce,ilyatoutcequ’ilfautlà-dedanspourtesatisfaire.Ellelèvelesyeuxaucielensouriant.—Tiens,Casanova,onestarrivés.Lindasegareetsortdelavoiture.Àmontour,jesorsetmefigedevantlavitrinedumagasinavant
qu’unsourirelascifapparaissesurmeslèvres.—Vraiment?—Humhum,maistoi,turestesici.Quoi?Ilesthorsdequestionquejenesachepascequ’elleaacheté,c’estdelatorture.—Oui,jesuissérieuse,jerentredanscetteboutiquedelingerieettum’attendslà!Jememetsàbouder.Oui,commeunvraigaminetjem’enfichetotalement.Elleserapprochede
moietsusurreàmonoreille:—L’attenteestunetorture,maislarécompenseestundélice…Etelles’envasedéhanchantunpeuplusqued’habitude.Ellemetuera,unjour.Jel’imaginedansle
magasin, parcourir le rayon nuisettes, s’arrêter devant un ensemble de dentelle. Très vite, je meretrouveàl’étroitdansmonpantalon.Jefermelesyeuxpourtenterdemecalmer,d’endiguercettevaguedechaleurquimesubmerge,mais j’obtiens lerésultatcontraire.Je l’imaginedans lacabined’essayage,vêtueseulementd’unstring,sestétonsrosesetdurcisparleplaisir.Putain!Jesuisàdeuxdoigtsderentrerdanslemagasinetdelaprendresauvagementdanslacabine.Elle ressort quaranteminutes plus tard dumagasin, fourre ses sacs dans le coffre et s’assoit au
volant.Ellemeregardeavecungrandsourireavantdemedire:—Prêtpourlarécompense,bébé?Putain!Danslaboucheden’importequi,bébém’auraitparutellementpuéril.Maisavecsavoix,
c’esttrèssexy.—Oùtuveux,quandtuveuxmapuce.Linda, concentrée sur la route et son GPS, ne dit plus rien depuis qu’elle s’est insérée dans la
circulationparisienne.—Bon,tuveuxbienmedireoùonva?—Non.Jem’attendsàcequ’ellem’endiseplus,maisMadameenadécidéautrement.—Linda?—Hum,hum.—Aumoinsunindice,alors?Elleneme répondpas et se contentedeme faireun clind’œil. Il faut croireque jevaisdevoir
prendremonmalenpatience.C’estqu’ellepeutêtretêtuequandelleveut.Etçanelarendqueplussexy, choseque jenepensaispas êtrepossible. Jeposemon front contre lavitre et l’observe à ladérobée.Siseulementleschosesétaientplussimples,onpourraitfairecommesionavaitunavenir,unespoirdehappyend,quelquechosed’autrequecesheuresqu’ons’apprêteàvoler.Lindasegareenfinetrécupèresesaffairesdanslecoffre.Cettefemmenecesseradem’étonner,
commentn’ai-jepas comprisoù l’onallait…?C’est l’hôteloù je l’ai emmenéeaprès l’avoirvuedanscerestaurant.—Onyva?medemande-t-elleensemordantlalèvreinférieure.—Jetel’aidéjàdit,mapuce.Oùtuveux,quandtuveux.Elleserapprochedemoi,collesoncorpscontrelemienetmurmureàmonoreille:—Alors,dépêche-toi,parcequejeveuxqueçasoitdanscethôteletmaintenant.Elle s’éloigne,m’adresseunclind’œilet entredans lebâtiment. Jem’empressede la rejoindre,
elleestdéjàentraindeprendreunechambre.Laréceptionnistes’immobiliseenmevoyant,batdespaupièresetmelanceunregardappréciateur.Petiteblondeauxyeuxverts,plutôtbienfoutueilfautl’avouer.Dansuneautrevie,peut-être aurais-je réagi à ses avances.Àprésent, l’idéemêmede luidemandersonnuméromerebute.—Oh,c’estpariciqueçasepasse,ditLindad’untonsec.—Excusez-moimadame,doncceseralachambre210.—Merci.Aufait,vousavezunpeudebavequicoulesurvotrementon.Fièred’elle,Lindarécupèrelaclé,unimmensesourireauxlèvres.Laréceptionniste,bouchebée,
n’enrevienttoujourspas.Etmoijesuismortderire,çamefaitdubiendevoirLindajoueuse.Jela
rejoinsdevantl’ascenseur.—Jalouse,minhaquerida?— Pas du tout, je voulais juste lui épargner une humiliation. Entre femmes, il faut qu’on se
soutienne,tucomprends?—Biensûr,leGirlPowerettoutça.—Jesavaisquetuétaisunhommeintelligent.—Ha,maisjenesuispasqueça,mapuce.Unemainsursesreins,jelasuisdansl’ascenseur.Cetendroitmerappelledebonssouvenirs,età
lafaçondontLindajoueavecseslèvres,jenesuispasleseul.—J’aibienfaillitefairel’amouriciladernièrefois.—Qu’est-cequit’enaempêché?—Jenesuispastrèschaudpourqued’autrespuissentadmirercequejeconsidèrecommemien,
dis-jeenlacollantcontrelaparoi.—Commetien,hein?Déjààcemoment,tupensaisavoirdesdroitssurmoi?Tun’espasunpeu
macho?—Nonplutôtpossessif,commetoitoutàl’heure.—Jenevoispasdequoituparles.Le«ding»del’ouverturedesportesm’empêchedecontinuernotrejouteverbale.Arrivéedevant
laporte,Lindaseretourneversmoi.—Unefoisqu’onpassecetteporte,tudevrasfairetoutcequejedis,m’annonce-t-elle.Jeplisselesyeux,medemandantoùsetrouvelepiège,maisfinitparhocherlatête.Jevaisdevoir
lasuivreetfairetoutcequ’ellemedemandesansrésister.J’auraispeut-êtredûréfléchirunpeuplusavantd’accepter.—C’estpartipourlarécompense,chuchote-t-elle.Elleouvrelaporteets’engouffredanslapièce.—Attends-moisurlelit,j’arrive.Lindasedirigeverslasalledebains.Mince,jenesavaispasqu’ellepouvaitêtreaussiautoritaire.
Un pan de sa personnalité qui m’excite. Je l’imagine enfiler de la lingerie, mon cœur rate unbattement.Monsoufflesebloque,lesangpulseauniveaudemaqueue.Putain!Jemetsmonavant-brassurmesyeuxetexpirelentement.Auboutdetrenteminutes,pendantlesquellesj’imaginetoutetn’importequoi,ellesortenfindelasalledebains.J’enrestebouchebée,elleestsublime.Carrémentbandante.Putain,elleveutréellementmamort.Monimaginationpourtantassezfertilen’étaitpasàlahauteurdelaréalité.Chausséedetalonshauts,sesjambessontrecouvertesdebasattachésàunporte-jarretelles. J’avale péniblementma salive et continue à la détailler.Un shorty et un bustier tout endentellenoir.Ellevientdem’achever.Jesuisincapabledeprononcerlemoindremot.—Jevoisquetuasperdutalangue,c’estplutôtflatteur…Déshabille-toi,remontejusqu’àlatêtede
litetallonge-toi.Telunrobot,jem’exécute.Jeneréfléchispas,enfinsiavecmondeuxièmecerveau.Ilaprislepas
sur celui d’en haut. Lindamonte sur le lit etme chevauche. Elle se frotte légèrement contremonmembredurciavantdedéposerunlégerbaisersurmeslèvres.Sabouchetoujourscontrelamienne,ellemurmure:—Onvavoiràquelpointtuvaspouvoirrésister,bébé.Pourunhommesevantantdenerateraucundétail,celui-làjenel’avaispasvuvenir.Lindaattrape
monpoignetetl’attacheàlatêtedulitàl’aided’unruban.Sapoitrinesepressecontremontorse,jesenslespointesdurciesdesestétonssefrottercontremapeau.L’airsiffleentremesdents.
—Sanslamoindrerésistance,merappelle-t-elle.Alorsjelalaissefaireavecmonautrepoignetetmeschevilles.Enbonneanciennemilitaire,ellea
bienserrésesliens,sanspourautantqueçasoitdouloureux.—Voilàunechosedefaite,prêtpourqu’onentameleschosessérieuses?—Jesuistoutàtoi,mapuce.Lentement,seslèvrescapturentlesmiennes,sucent,mordillent.Lebaldenoslanguessefaitplus
sauvage.L’intensitémontepetitàpetit.Lindadétachesabouche,passesalanguelelongdemoncou,remonteetmemordlelobedel’oreille.L’odeurnoixdecocodesescheveuxm’enivre.Jetournelatêteetfrottemonnezcontresoncou.Jemordillesapeauavantdelasucer.—PutainLinda…tu…tumetues,dis-jeenserrantlesdents.J’ai l’impression d’avoir à nouveau quinze ans et de ne pas réussir à me retenir. Toujours en
prenantsontemps,Lindapassesalanguesurmestétons.Jeprendsunebrusquerespirationquandellelesmordille.Putain…putain.Lindasèmedesbaisersjusqu’àmonentrejambe.Sescheveuxglissentlelongdemontorse.Sesmainssontpartout,maisnetouchentpasunseulinstantmonsexe.Merde,ellenevapasm’obligeràlasupplier,si?Ohsi,elleadécidédemetorturer,jelevoisàlafaçondontelleme regarde. Elle s’assoit en tailleur entre mes jambes écartées, penche la tête sur le côté et medemande:—Tupensespouvoirtenirencore?—Non,j’enpeuxplus.Détache-moi.Quelquessecondespassentavantqu’elleneréponde.—Jen’aipasfini,enfait.Ànouveau,ellemechevauche,monsexefrottecontresonshorty.Àtraversceboutdetissu,jesens
combienelleaenviedemoi.Nos respirationss’accélèrent, j’aibesoindeplus. Jecommenceàmedébattrecontremesliens.—Putain,Linda,ilfautquejetetouche.—Pasencore.Àpeine a-t-elle réponduquemonpénis se retrouve entre ses lèvres.Merde, jenevaispas tenir
longtemps.Ellejoueavecmoi,etjepeuxledire,envéritablevirtuose.Salanguepasselelongdemaqueueavantqu’ellelaprennedanssabouche.Jeserrelesdentsetmespoingsautourdesbarreauxdelatêtedelit.Lindaplantesonregarddanslemienetpasselentementsalanguesurmongland.Putain!—Mapuce,situcontinues,jenevaispaspouvoirmeretenir.Ellepassesalangueunedernièrefois,lelongdemaqueue,avantdelalâcher.Ellesemetdeboutet
commenceàsedéshabiller.Soncorpsestparfait,avecdescourbesmagnifiques.—Tuvoisquelquechosequiteplaît?—Absolumenttout,querida,jerépliquelavoixrauque.Unefoisnue,maistoujoursavecseschaussures,ellemetourneledosetsortunobjetdesonsac.
Cen’estqu’unefoisqu’ellerevientversmoiquejevoisquec’estunpréservatif.Elleme l’enfile et placemon pénis dans la bonne position pour que je puisse la pénétrer. Elle
descend centimètre par centimètre, unevraie torture.Mais la voir, la tête en arrière, la respirationsaccadée,m’emmènedéjàpresqueà la jouissance.D’uncoupdehanches, jem’enfonce totalement.Onatouslesdeuxlesoufflecoupé.JelaisseletempsàLindades’adapter.Jesenslasueurcoulerlelongdemanuque, ilm’enfautplus.Commesielleavaitentendumespensées,Lindacommenceàbouger. Je relève la têteetcapture sa lèvre inférieureentremesdents.Onsedévore,étouffantnosgémissementsdanslabouchedel’autre.—Plusvite,monange,dis-jelavoixrauque.
J’accompagnesesmouvements,jesenslesparoisdesonvaginsecontracterautourdemonsexe.Elleyestpresque.—Touche-toimonange…Tout en continuant de me chevaucher, Linda descend sa main jusqu’à trouver son clitoris. Elle
accélère,onn’entendquenossoufflesetlebruitdenoscorpsquiclaquentl’uncontrel’autre.Uncrirauque luiéchappe, jesenssonvaginconvulserautourdemaqueue.Putain,cettefemmemetuera,c’estcertain.Àmontour,jejouiscommejamais.—Waouh,dis-je.Iln’yaquecemotque j’arriveà sortir.Une foisnos respirations revenuesà lanormale, je lui
demande:—Allez,mapuce,c’estàmontourdeprofiterdetoncorps…Çafaittroplongtempsquej’attends
depouvoirtetoucherencore.Encorealanguie,Lindas’exécute toutdemême.Ellemedétacheet je faisque jedis. J’aimeson
corps,encoreetencore.Etjeluidonnemoncœuretmonâme.
Chapitre17
LINDA
LatêteposéesurlapoitrinedeLeandro,jeréfléchisàtoutcequel’onavécuensipeudetemps.MonDieusionm’avaitracontéqu’unjour,jemeretrouveraisdansunetellesituation,jenel’auraisjamaiscru.Jemelèveleplusdiscrètementpossiblepournepasleréveilleretvaisdanslasalledebains.Je
rentre dans la cabine de douche et laisse l’eau chaude apaiser mes membres courbaturés et meramenerdoucementàlaréalité.J’appuiemonfrontcontrelemurcarrelé,ilyaencoretellementdequestions que j’ai à lui poser.Mais je redoute tant les réponses. Et s’il m’avait caché encore deschoses?Ilfallaitypenseravantdecoucheraveclui,merappellecettesaloperiedeconscience.Onnepeutnierl’attractionqu’ilyaentrenousnil’amourquigrandit.C’esteffrayantetenivrantà
lafois.Est-cequejepourraisaffronterunnouveaumensonge?Certainementpas.Jel’aimeoui,maisj’aidéjàpardonnédeuxfois.Jamaisdeuxsanstrois.—Ohferme-la,toi,jemurmure.Jefermelesyeuxetinspiredenombreusesfoispourfairepassermonanxiété.—Tucomptesresterlà-dedansàvie?Jesursauteettournelatête.Leandroestappuyécontrelechambranledelaporte,vêtuuniquement
desonboxer.Unvéritableappelaupéchésurpattes.JecommenceàcompterlespartiesducorpsdeLeandroquej’aimeraisembrasser.Cettedivinebouche,sagorge,monregarddescendtoujoursplusbas.—Ilyaquelquechoseàtongoût?—Oh,jenesaispas.—Jepeuxpeut-êtret’aideràlesavoir,jepensequej’aiquelquesargumentspourteconvaincreque
toutcequ’ilyadevanttoi,dit-ilensedésignant,estcequiexistedemieuxsurlemarché.J’éclatederire.—Net’inquiètepas,tuesimparfaitementparfait.—Commentçaimparfaitement?—Tuesbourrédedéfautsquandmême,jeraille.Jemeretournepourluifairetotalementfaceetmereplacesouslepommeau.Leandromerejoint
toutengrognant.Jepencheunpeulatêteetleregardeunsourireaucoindeslèvres.
—Unproblème,monange?—Jesuisparfait,d’accord!bougonneLeandro.—Biensûr.Danstesrêves,jemurmurecesderniersmots.—Eh,jet’aientendu!—Oups,dis-jeenbattantdescilsdemanièreexagérée.—Jerêveoututemoquesdemoi?—Jen’oseraisjamais,tulesaisbien.Ilmeprendlesavondesmainsetmeplaquecontrelemur.Saboucheseposesurlamiennepour
un baiser enfiévré. Avides l’un de l’autre, nosmains sont partout à la fois. À bout de souffle, jedétachemeslèvresetposel’arrièredematêtecontrelecarrelage.—Tuesinsatiable.—Tuesirrésistible,merépond-ildutacautac.Je secoue la tête etme noie dans ses prunelles noisette. Je pourrais prononcer ces fameux trois
petitsmots.Pourtant,jemerendscomptequej’ensuisincapable.Nonpasquejenelesressentepas,maisjen’aipasenviequ’ilssoientditsdanslefeudel’action,etj’aiencoretropdequestionssansréponses.—Moiaussi,medit-il.Jeluilanceunregardinterrogateur.Ildéposeunchastebaisersurmeslèvres.—Tumeledirasquandtutesentirasprête.Sansmelaisserletempsderépondre, ilreprendlesavonetmelepassesurlecorps.N’oubliant
aucunepartie.Ilmerinceetc’estàmontourdem’occuperdelui.Jamaisjen’auraispupenservivreunmomentaussi intime.Çal’estbienplusquedefaire l’amouravecquelqu’un.Jenepourraispasfaireçaavecuneautrepersonne.Jeneleveuxpas.Unefoisrincé,Leandrosortdeladoucheetm’enrouledansuneserviette.Jevoisbienl’effetqueje
luifais,maisilal’aird’avoirenvied’autrechose.Detendresse.Etpuis,ilfautdirequemoncorpssesouvientencoredecettenuit.JepousseunpetitcridesurprisequandLeandromeporteetmeposesur le reborddu lavabo.Si jen’étaispasautantsous lechoc, j’auraispeurqu’ilnecèdesousmonpoids. C’est bien le genre de chose qui pourrait m’arriver. Leandro s’installe entre mes jambesécartéesetreplaceunemèchederrièremonoreille.—Jeresteraisbienicijusqu’àlafindestemps.—Çapeutêtrelong.—Letempsauprèsdetoinemeparaîtjamaislong.JerestemuettefaceàcettefacettedeLeandro.—Depuisquandtuesromantique?—Jenesuispasromantique,jesuisamoureux.—Arrête,dis-je,lefeuauxjoues.Lesourireauxlèvres,ilmerelèvelementonetmordmalèvreinférieure.—Minhaquerida,jen’arrêteraisjamaisdeteledire.Jecachematêteaucreuxdesonépaulealorsquemoncorpsestprisdesoubresautsnerveux.—Désolée,jenesuispashabituéàcegenredechose.—J’espèrebienquetuneleserasjamais.—OhmonDieu.—Non,cen’estquemoi.Jeluitapel’épaule,l’airfaussementénervéealorsquejen’aijamaisétéaussiheureuse.Alorsque
c’estunbordelmonstreautourdenous.Jeresserremonétreinteautourdesatailleetlecoinceentre
mescuisses.Ilposesonmentonsurmatête,sesmainsdessinentdesarabesquesapaisantessurmondos.Onresteuninstantcommeça,onneditpasunmot.Juste l’échodenosdeuxcœursbattantaumêmerythme.Jesuislapremièreàromprelesilence.—Jecommenceàavoirmalauxfesses.Oui,jesais,cen’estpascequ’ilyadeplusglamourouromantique.Maisc’estlavérité,aubout
d’unmoment être assise sur le rebord d’un lavabo, ce n’est pas ce qu’il y a de plus confortable.Leandrocommeàsonhabitudeestmortderire.Pourquoiçanem’étonnepas?Àchaquefoisqu’ilal’occasiondesemoquerdemoi,ilnesegênepaspourlefaire.Jelepousseetposemesdeuxpiedsàterre.—Jesuisdésolémapuce,maistuaslechicpourmesurprendre.—Contentequemesmalheurstefassentrire.Jememords l’intérieurde la jouepourm’empêcherdesourire. Ilparcourt ladistancequinous
sépareetcollemapoitrinecontrelasienne.—Jesaisquetuasenviedesourire,envrai.Jehausselessourcils.—Quandtuenasenvie,maisquetuneveuxpaslemontrer,tutemordsl’intérieurdelajoueetça
creuseunpetittrou,justelà,m’informe-t-ilenposantsonindexsurmajoue.Ehmerde,grillée!—Tueschiant,àtoutrepérer!—Jesuisnépourça,mapuce.Jelèvelesyeuxaucieletrécupèremesvêtementsdelaveillesemésunpeupartoutdanslapièce.Je
prendsmontéléphoneetvérifiequejen’aipasd’appelmanquéoudemessagedeJosh.Pendantquej’étaisdanslaboutiquedelingerie,jel’aiappelépourleprévenirquej’étaisavecLeandroetqu’ilnedevait pas s’inquiéter. De son côté, il m’a rassuré en me disant que tout se passait bien et qu’onpouvaitapriorifaireconfianceàGary.Jem’assoissurlelit,témoindenotrejournéeetnotrenuitdefolie.Cettefois,j’aiprévuuneculottederechange,doncpasderisqued’oubli.Leandrofaitdemême–s’habiller,pasl’oublideculotte–j’admirecethommequej’aimetant,maisàquijenel’aijamaisdit.—Ilfautqu’onparle.Leandros’arrêtenetdanssesmouvementsetmefaitface.—Engénéralquandunefemmeditcegenredechose,çan’annonceriendebon.Jeluilanceunoreiller.—Arrêtedefairelepitre,j’aiencorequelquesquestionsàteposer.Ilfinitdes’habillerets’adosseàlatêtedelit.—Viensici,medemande-t-ilentapantl’espaceentresesjambes.Jem’installe,nos jambesentremêlées,etposema têtecontreson torse.Luiaunemainsurmon
ventre,lenezaucreuxdemoncou.—Jet’écoute,mesouffle-t-il.Et c’est parti pour le retour à la réalité.Mais entre les bras de l’hommeque j’aime, jeme sens
protégée,ensécuritéetaimée.Confortablementinstallée,jefaisletridanslesquestionsquejeveuxluiposer.—Qu’est-cequetufoutaisdansl’immeublecesoir-là,situtravaillespourGDS?— Le patron soupçonne l’un de ses employés de vendre des informations à une entreprise
concurrente.—C’estsûrquetuespassémaîtredansl’artdejouerdoublejeu,dis-je,sarcastique.
—Jedevaissimplementinstallerdesmicrosdanslesbureauxetvérifierqu’iln’yenavaitpasdansceluidupatron,continueLeandrocommesijen’avaisriendit.—Pourquoinelefait-ilpaslui-même?Est-cequec’estluiquej’aieuautéléphone?—Non,c’étaitsonbrasdroit.Encemoment, ilestàl’étranger.Etc’estpourcetteraisonquece
n’estpasluiqu’illefait.Ilauraitpudemanderàsonbrasdroit,maisdepuisquelquetemps,iln’aplusconfianceenlui.—D’accord.Lesautresemployéssontdesagents?— Non, seulement du personnel administratif. Les agents de terrains sont rarement dans les
bureaux.Leandro, patient, me laisse prendre mon temps, il ne me presse pas pour en finir avec cet
interrogatoire.Heureusementparcequec’estunvraicapharnaüm,dansmatête.—Tuétaisdéjàsuruncontratavantquetoutneparteencacahuète?—Oui.—Tuasdûtuer?—Oui,maisj’aiétéobligéd’enfinirplusvitequeprévuaveccedossieravantde…Ilnefinitpassaphrase,jesenssoncorpssetendre.Jemetournelégèrementpourl’observer.Ila
lesmâchoiresserrées,uneveineressortauniveaudesoncouetàlatempe.J’ail’intimeconvictionquejenedevraispaschercheràensavoirplus.—Avantde…?jedemandetoutdemême.Ilpousseunsoupirderésignation.Jenesuispassûredevouloirentendresaréponse,finalement.—Dechangerdecible.Ilmefautquelquessecondesavantquemoncerveaufasselelien.Ildevaitm’éliminer.Jetentede
medégagerdesesbras,maisilresserresonétreinte.—Lâche-moi!—Non,tunecomprendspas,mapuce.—Qu’est-cequejenecomprendspas?Quenonseulementnoustravaillonspourdesentreprises
concurrentes,maisqu’enplustuétaiscensém’éliminer?J’aitrèsbiencompris,jen’aipasbesoindetonaidepourça.Maintenant,laisse-moimelever.Jenepeuxpasycroire.Lesoiroùilm’aracontélavéritésursavieetsonpassé,jeluiaidemandé
sisamissionétaitdemetuer,etilm’amenti.Putain!Aprèstoutcequ’ons’estdit,ilresteencoredesnon-dits entre nous. Et ils ne viennent que de lui. Hier, je lui ai offert toute ma confiance, voilàcommentjesuisrécompensée.Jamaisdeuxsanstrois.Jet’avaisprévenue…Encoreelle,putain,maisjamaisellenelaferme!Toujourslàpourenfoncerleclou.—Alorstum’asdéjàjugécoupable,sansmêmemelaisserletempsdet’expliquer?Cequis’est
passéhierpourtoinecomptepas?Deslarmesderageembuentmesyeux.—Cequis’estpasséhierappartientdéjàaupassé,jerépliqueavechargne.Mes paroles ont aumoins lemérite deme libérer instantanément de son étau. Jeme réfugie à
l’autreboutde lapièce, je serremesbras autourdemapoitrine.Commeunemuraille, empêchantmoncœurdesortirparlafenêtrepourallersesuicidersouslesrouesd’unevoiturequelconque.—Danscecas,jepensequecen’estpaslapeinequejedonnemaversion,n’est-cepas?Latienne
estcellequiprévautsurlavérité.—Lavérité?—Laissetomber,onrentre.
Leandroselèveetsedirigeverssesbaskets.—«On»?—Oui,quoiqu’ilarrivetuvasdevoirmesupporterparcequej’aidéjàmismavieendangerpour
toi.Onestdanslemêmebateauàprésent.Jen’aipasbougéd’uniota,jenesaispasquelleémotionvaprendrelepassurl’autre.Lapeineou
lacolère.Finalement,c’estàcettedernièrequejem’accroche.—Tusaisquoi?Jenet’airiendemandé,d’accord!Leandro serre lamâchoire etm’attend près de la porte. Je pourrais partir sans lui, je pourrais
mêmequittercetteville,maisdanscescas-làjepasseraismavieàfuir.Cen’estpascequejeveuxnipourmamère, ni pour Josh, ni pourmoi. Je vais en finir avec cette affaire et prendre un chemindifférentdeLeandro.Unefoisquej’aimismeschaussures,jeprendsmesaffairesetsansunregardderrièremoi,jesorsdecettepiècemaudite.J’yaivécuundesmeilleursinstantsdemavie,maisaussilepire. Jeveux toutoublier, surtoutceluiquipiétineencoreune foismoncœur.Etdireque jememoquais de ces femmes qui revenaient encore et encore vers l’homme qui les faisait souffrir.L’amour, quelle belle connerie ! Rien ne vaut la vie de célibataire, moins d’emmerdes, ça c’estcertain.Jevaisjusqu’àlaréceptionpayerlachambre.Heureusement,c’estunehôtessedifférentedecelled’hier.Ellenebavepas,maislancequandmêmedesregardsaguicheursàLeandro.Jeluilaissevolontiersma place. Pourtant,mesmains se crispent sur le comptoir. Imaginer Leandro avec uneautrefemmemenouel’estomac.Jefaisletrajetjusqu’àlavoitureenessayantdecomprendrecommentonenestarrivéslà.Moiet
messtupidesquestions,jevoulaisdesréponsesetjelesaieues.Etquellesréponses!Jenepouvaispasavoiraussimal!Jepensaisquesonderniermensongem’avaitanéanti,cen’estriencomparéàcequejeressensmaintenant.Etc’estbeaucouptropintensepourquejepuissefaireletrajetavecluiàmescôtéssansavoirenviedeluisauteràlagorge.Lesmainscrispéessurlevolant,avantdedémarrerjedemandeàLeandros’ilsouhaiterécupérer
savoiture. Ilgrogneunevagueréponseque j’interprètecommeunnon.L’ambiancevaêtresympapendantcesdeuxheuresderoute.Detempsentemps,jeluijettedescoupsd’œil.Ilalevisageferméetregardeparlavitre.Aucune
émotionnesedégagedelui.Pasuneseulefois,sonregardnesetourneversmoi.Arrivésàdestination, je le laissesedébrouilleravec lesgarçonspour lesexplications.Jefais le
tour de lamaison et vais dans la véranda.Dotée de fauteuilsmodernes noirs et d’une petite tableassortie,elleestassezépuréeetapporteuncôtérelaxant.Saufqu’aujourd’hui,riennepeutcomblerlevidequejeressens.Jem’installedansunfauteuiletprendsleplaidquiétaitdessus.J’aimeraism’enfaireunetentepourfuirlemondeextérieur.Monregarddévieverslecoursd’eau.Jedonneraisn’importequoipouravoirSophiaavecmoiencemoment.Ellearriveraitàmefaire
riremême de cette situation et je suis certaine qu’elle donnerait à Josh la volonté de remonter lapente.Ladigueromptetmeslarmesdévalentmesjoues.J’aifaitbienpirequecoucheravecl’ennemi.Cethommedevaitm’abattreetj’ensuistombéeamoureuse.MonDieu,qu’ai-jefaitdansuneautreviepourmériterça?—Hé,mabelle,m’interpelleJosh.Jenemeretournepas,jevoulaisquepersonnenevoiemachute.Jevoulaislaisserletempsàmon
cerveau d’assimiler tout ça.Mais aussi àmon cœur, de construire desmurs suffisamment solidespourqueLeandronepuissepaslesdétruire.Joshs’agenouillepourêtreàmahauteur,maisjeneleregardetoujourspas.
—Mabellenefaispasça,nemerejettepas.Je ferme les yeux aussi fort que possible, puisant le courage d’ancrer mes prunelles dans les
siennes.Jeneveuxtoujourspasparlerdelui.—TuasdesnouvellesdeSophia?jedemandeplutôt.—Oui,jel’aiappeléetoutàl’heureetellevabien.Jem’enveuxdenepasyavoirpenséavant,quellemédiocreamiejefais.J’aimerais tantqu’elle
soitlà.Unsouhaitégoïsteetdangereuxpourelle.—Linda,tudevraisallerluiparler.—Horsdequestion,onenfinitaveccetteaffaireetnoscheminsseséparent.Findel’histoire,etje
neveuxplusendiscuter.J’essuierageusementmeslarmesetmelève.—Jevaisprendreunedouche,tiens-moiaucourants’ilyadesavancées.Jeneluilaissepasletempsdemerépondre,jelelaissesurlavéranda.Jenefaispasattentionà
LeandroetGaryinstallésautourduplandetravaildelacuisine.Jejetteuncoupd’œildanslesalonoùdespilesdedossierss’entassent,signequeleshommessesontmisauboulot.Jemonteaussivitequepossiblel’escaliermenantàl’étage.Arrivéedansmachambre,jemedéshabilleàlahâteetentredanslacabine.Jelaissel’eaufroidem’aideràoublierquesesmainsetseslèvresontétépartoutsurmoncorps.Jesensencorelesouffledesabouchesurmanuque.MonDieu, commentvais-je fairepour le supporter, alorsqu’il est siprèset si loindemoià la
fois?
Chapitre18
LINDA
Jesorsdeladouche,lapeaurougieparl’eaufroide.Vêtueuniquementd’uneserviette,jemelaissetomber sur le lit et fixe leplafond,à la recherchedemoncourage.Celuiqui s’est fait lamalleenmêmetempsquemoncœurdanscettechambred’hôtel.Jeressassechaque instantdenotredispute,enfonçantparlamêmeoccasionunpeupluslecouteaudanslaplaie.Pourmoi,iln’yapasderetourenarrière,mapeinevaau-delàdufaitqueLeandrom’aitmenti.Iln’apasassezcruennouspourmedirelavéritéquandjeluiaidemandé.C’estluiquinousalaissétomberdanscepuitssansfond,jesuiscellequin’apluslaforcederesteraccrochéeàl’ultimeprise.Unàun,mesdoigtslâchentpriseetnotrecoupledisparaît,emportantnoscœursblessésdanssachute.Jeme lèvepourmettre un t-shirt et un short etme faufile sous la couette. Je n’ai envie devoir
personne.Ce que je fais est lâche,mais jem’enmoque.Ce soir, je fuis.Demain, je serai forte…demain.Apparemment,quelqu’unenadécidéautrement.Descoupssontfrappésàmaporte.Jechoisisde
jouerlesendormies.Lescoupsdeviennentplusinsistants.—Foutez-moilapaix,bordel!—Mêmepasenrêve,jeunedemoiselle.Ilnemanquaitplusquelui.Sansattendremonautorisation,Garyentredanslapièceetrefermela
porte.Jemeredressevivementetmerecouvredelacouverture.—Oh,maisjet’enprie.Faiscommecheztoi,jefulmine.—Agressive.J’ail’impressiond’avoirl’exacterépliquedeceluiquiestenbas.Jedétourneleregard,entendreparlerdeluimefaitmonterleslarmesauxyeux.Non,maisquelle
chochottejesuisdevenue?—Qu’est-cequetuveuxGary?jedemanded’unevoixlasse.Ils’assoitsurlecoindulitàmespiedsavantdemerépondre.—Jesuisjustevenuvoircommenttuallais.—Commetupeuxlevoir,jepètelaforme.Tupeuxmelaissertranquille,maintenant.Jem’attendsàcequ’ils’enaillefaceàmontonsarcastique,maisaucontraireilcroiselesbrassur
sa poitrine et s’installe confortablement.On s’affronte du regard, j’espère qu’il sera le premier àbattreenretraite.—Tusais,jepeuxfaireçalongtemps.Jepousseunsoupird’exaspération.
— Qu’est-ce que tu veux que je te dise Gary, hein ? Que j’ai mal comme jamais ? Que j’ail’impressionquejen’arriveraijamaisàmerelever,quechaqueminutepasséeàêtreaussifâchéeavecluimetueàpetitfeu?jerépliqueplussèchementquejelevoulais.Unsilencepesants’installeentrenous.L’airestsaturédetoutemapeinerefoulée.—J’ail’impressionqu’ilafinalementremplisoncontrat.Jemesensvide.Morte,jemurmure.—Cen’estpasàmoidetedonnerdesexplicationsLinda,maisvousnepouvezpasrestercomme
ça.—Jenesuispasprêteàentendresesnouveauxmensonges,Gary,jenesaismêmepassijeleserai
unjour.Ilneditrienpendantquelquesinstants.Puis, ilselèveetsecontentedem’ouvrirsesbras.Jeme
fige,etaccrochemonregardausien.Delacompassionetdelatendresses’yreflètent.Ceneseraitpaslapremièrefoisqu’ilmeprenddanssesbras,aprèstout.Etjemerendscomptequec’estcedontj’aibesoin.Jeviensposermatêtecontresapoitrine.Sesbrasserefermentsurmoi.Notrepositionabeauêtre intime, jene la ressenspascommetelle.Dumoins,pascelled’amants,maisplusd’amisproches.LeGary joueura laissésaplaceàceluiplus tendreetserein.C’estunefacetteque j’avaisdéjàaperçueàl’hôpitalaumomentdelavisitequ’onarendueàJosh.Preuvequ’ilpeutêtreautrementqu’undragueurd’unelourdeursansfin.—Tunepeuxpas tecacher indéfinimentdanscettechambre,murmure-t-il toutendessinantdes
cerclessurmondos.—Jesais,maislaissez-moitranquilleaumoinscesoir.—D’accord.Jevaist’apporteràmanger,commeçatun’auraspasàdescendre.—Cen’estpaslapeine,jen’aipasfaim.—Cen’estpasdiscutable,jeunedemoiselle.Ildéposeunbaisersurmonfront.—Recouche-toi,jereviensavecunplateau,dit-ilenallantjusqu’àlaporte.Avantdesortir,ilseretourne,leregardespiègle.—Votrepreuxchevalierestàvotreservice,reprend-ilenfaisantthéâtralementunerévérence.Jen’aipasletempsdeluilancerunoreillerquelaporteclaquedéjà.C’estplusfortquelui,mais
aumoinsilaréussil’exploitdefairenaîtrel’ébauched’unsouriresurmeslèvres.Ilrevientquelquesminutesplustard,avecunplateaudébordantdenourriture.—Qu’est-cequetun’aspascomprisdans«jen’aipasfaim»?—Jeneconnaispastesgoûts,alorsj’aiapportéunpeudetout,répond-ilenhaussantlesépaules.Jedétailleleplateau,ilyaunesaladeCésar,deslasagnes,ungratinnonidentifiéet…desmuffins.—Pourquoidesmuffins…?—UneidéedeJosh.Sceptique, je regarde longuementmespéchésmignons. Je repense à ladernière foisque j’en ai
parlé, et c’était avec lui. Ilme promettait des centaines demuffins. Est-ce que je vais associer cesderniers à lui, à présent ? Est-ce que le moindre détail va me ramener à des moments passésensemble?J’essuieleslarmesquicoulentsurmesjouesetfermeleplusfortpossiblelespaupières.—Merci,Gary.—Çavaallermabelle,toutvas’arranger.Ilmepressegentimentlamainets’enva.Jemangepeu,jegrignotedelasaladeetlaisselesplats
pluslourdsdecôté.Jenesuispassûrequemonestomaclessupporte.Jeposeleplateausurlebureauetprendsunmuffin.Auxpépitesdechocolat,commejelesaime!Jelesavourelentement,commes’ilavaitlepouvoirdepansermesplaies.Maisjesaisquec’estimpossible,seulletempslepourra,et
encore…Jesuisassiseàlaterrassed’uncafé,sourianteetenpleinediscussionaniméeavecSophia.Onparle
duserveurplutôtmignonquis’occupedenotretable.Manuqueestparcouruedepicotements,justeavant que ça n’arrive.La balle perforemon cœur. Propre et précis.Direct et efficace.La dernièrepersonnequejevoisc’estLeandro,unfusildesniperàlamain,unsouriresardoniquesurleslèvres.Jemeréveilleensueuretlarespirationhaletante,c’estàpeinesij’arriveàfermerl’œilaprèsça.
Foutusubconscientàlacon!Jeregardel’horlogefixéeaumurenfacedemoi.Septheures,bientroptôtpourmoi.Maisiln’estpasquestionquejetentedemerendormir.Jepasseunpeud’eausurmonvisagedanslasalledebainsetdescendsdanslacuisine.Biensûr,ledestinétantunsacréconnard,ilafallu qu’il soit là aussi. Je passe devant lui, l’ignorant totalement. J’ouvre le réfrigérateur commepourychercherquelquechose,enréalitésurtoutunprétextepournepas l’affronter.Jeprendsunebouteillede jusque jeposesur leplande travail. J’ouvreunàunchaqueplacarddans l’espoirdetrouverunverre.—Besoind’aide…?medemandeLeandro,narquois.—Non,tuenasassezfait,jeréplique,acerbe.Jedénichefinalementunverre,prendsleplateaudemuffinsquitrônesurleplan.J’emportemon
butinetmedirigeverslavéranda.Là-basaumoins,jeseraitranquille.—Tunepourraspasfuiréternellement,Linda.Àcemoment,crois-moi,jeseraislà.Jeneluirépondspas,j’accélèrelepas.Jenesuisdéfinitivementpasprêteàluiparler.Jemeblottis
avecmonplaidetmonverredejusdansunfauteuil.Jecroisquecetendroitvadevenirmonrefugeattitré,interditàtouthomme.Celatombebienpuisqu’iln’yaqueçadanscettefoutuemaison.Je ne sais pas combien de temps je reste assise là, me délectant de cet environnement paisible.
J’aimeraisjustem’enimprégneretréussiràenabsorberassezpoursoignermesblessures.Detempsen temps,Gary et Josh passentme voir,mais je les chasse à chaque fois. Je veux juste être seuleencore un peu. Quand le temps se rafraîchit et qu’un orage s’annonce, je décide de rentrer etd’affrontermapropretempête…Ilesttempsd’enfiniraveccettemission,leschosesonttroptraîné.C’estd’unpasvifquejeparsà
larecherchedeJosh.Ilssonttousattablésautourduplandetravail,uncoupd’œilàl’horlogemuralem’indique qu’il est déjà 13 heures. Je ne pensais pas être restée si longtemps dehors. Dès qu’ilss’aperçoiventdemaprésence,ilss’arrêtentdeparleretseretournentcommeunseulhommedansmadirection.Jem’adosseauchambranledelaporteetattendsqu’und’euxaitlecouraged’ouvrirlabouche.—Bienvenueparminousjeunedemoiselle,meditGary.—Preuxchevalier…Je luiadresseunclind’œil. Joshsepince les lèvrespournepas rire.QuantàLeandro,ehbien,
c’estlevisageimpassiblequ’ilquittelapièce.Ilpassetoutprèsdemoi,maispasuneseulefoissonregardcroiselemien.Mesprunellesnelequittentquelorsqu’iln’estplusdansmonchampdevision.JehausselesépaulesetmeretourneversGaryetJosh.Tousdeuxmelancentuncoupd’œilinquiet.—Çavaaller,lesgars.Desnouvellessurnotreaffaire?—Pasencore,maisontravailledessus,merépondJosh.—Tuaspuvoirquit’avaitkidnappé?—J’en ai fait unedescription àLeandro et d’après lui, ce sont exactement lesmêmesquepour
vous. Par contre, pas une seule fois ils nem’ont pas révélé qui était leur patron. Ils voulaient des
informationssurnotreboulotetlepourquoidenotreprésenceici.Détailsqu’ilsn’ontpaseusdemapart.Alorsjesupposequ’ilscherchaientuneautresourced’informationsauprèsdetoi.—Onnevapaspouvoiravancersionnesaitpascontrequionsebat.Jemontedansmachambre.
Prévenez-moisiçabouge,nevouslajouezpasperso,hein?Ilshochent la têtepourme répondre.Garya rapporté, cematin, desordinateurs sur lesquels ils
n’arrêtentpasdepianoter,à larecherchede lamoindre info. Ilssonten trainderécupérer tous lesdossiers sur lesquels travaillait Todd pour tout passer au peigne fin. Jemonte quatre à quatre lesmarches.Assisesurmonlit,jeréfléchisàmondébutdemission.Auxmoyensqu’onpourraitutiliserpouren finir.Louis !Avec toutça, j’avaiscomplètementoublié lemailque je luiavaisenvoyé. Jerécupèremonordinateuretmeconnecteàmamessageriesécurisée.Jesauteraispresquedejoieenvoyantuneréponse,maisjedéchantevite.Ilmedemandedelerappelerd’urgence,sonmessagedated’ilyadeuxjours.Merde!J’attendsqu’ilmerépondeenmerongeantlesongles.Cettehorriblemanierevientàchaquefois
quejedoisluiparler.Jedevraissansdouteapprofondirlesujet.Unpsyrigoleraitbienavecmoncas.Àlalimite,ilneprendraitquemoicommepatiente.Tropdesujetsàaborderchezmoi.—Bonjour,maprincesse.Toujourscepincementaucœurquandilm’appellecommeça.Jeserrelesdents.—Louis.Tum’asdemandédet’appeler,alorsvoilà.—Droitaubut,hein?J’avaisoubliéàquelpointtupouvaisêtreimplacable,parfois.— Il n’est pas question de parler du bon vieux temps.Alors s’il te plaît, dis-moi. Tu as trouvé
quelquechose?— J’ai identifié le type sur ta photo. Je ne sais pas dans quoi tu es fourrée, mais c’est très
dangereux.Cethommeest recherchépar toutes lesorganisationsmondiales.Mortouvif !Aucuneimportance, tant qu’il est capturé. Je t’envoie tous les détails parmail, promets-moi juste de faireattentionàtoi,maprincesse.Leslarmesmemontentauxyeux.J’inspireungrandcoupavantdeluirépondre.—Jetelepromets.Jeraccroche.Cetappelafinidem’achever.Plusjeluiparle,pluslessouvenirsheureux,avantque
toutnedérape,remontentàlasurface.Ilseffaceraientpresquetoutlemalqu’ilnousafait,presque…J’adopte la même position que la veille, étoile de mer, en attendant son mail. Au bout de dix
minutes,jedécidederafraîchirmapage.Jeprendsmoncourageàdeuxmainsetcliquepourl’ouvrir.Mesyeuxparcourentlafichedétailléedel’individu.—Putain!Merde!Tufaischier,Todd!J’attrapemonordinateur et descends en vitesse dans la cuisine, où je les retrouve tous les deux
exactementdanslapositionoùjelesailaissés–ilsontl’airdesacrémentavancer,eux!JeposemonPCsurleplandetravailetletournedansleurdirection.—Onaunsouci,lesmecs.Unénorme.Jeleurlaisseletempsdetoutlire,voyantleursyeuxs’agrandird’effroi.—Putain,maisc’estquicegars?demandeJosh.—Jel’aiprisenphotopendantmaplanque.IlserendaitauxbureauxdeGDS.C’estleseulqueje
n’aipasréussiàidentifier,alorsjemedemandaiss’iln’étaitpasunpeubeaucouplouche.Doncj’aiappelémonpèreafinqu’ill’identifiepourmoi.—Tonpère?GaryetJoshontposélaquestionenmêmetemps,maispourdeuxraisonsdifférentes.Gary,parce
qu’iln’estpasaucourant,etJoshparcequ’ilestinquiet.JepresselepoingserrédeJosh,enessayant
de lui faire comprendre que ça va aller. Son regard accroche le mien, il doit y trouver ce qu’ilcherchepuisqu’ilm’offreunsourirecrispé,maisunsouriretoutdemême.—Mon père est un politicien, il peut avoir des contacts parfois utiles. Bref, c’est lui qui m’a
envoyécesrenseignements.—MaispourquoicetAlexWilkesétaitdanslesbureauxdeGDS?—Leandrom’aparléd’unepossibletaupechezeux,jepensequec’estpourça.Illuirendaitvisite.—Pourquoiprendrelerisquedesedéplacerenpersonne?questionneGary.—Aucuneidée,etjen’aipastrèsenviedeluiposerlaquestiontoutdesuite.AlexWilkesestrecherchépourcrimeorganisé,participationdirecteàungénocide,ettoutessortes
detrafics.Encoreabasourdieparnotredécouverte, jem’assoissuruntabouretetmeprendsla têteentrelesmains.—Est-cequesionretrouveTodd,jepourrailetuer?—Ilfaudraessayerdemepasserdevantmabelle,jecomptebienluiréglersoncompteaussi.Ta
mèreestavecJackson?—Oui,j’aipudonnerl’alerteavantdepartir.Unsilencetendus’installe,oùchacunréfléchitàlafaçondontonvasesortirdeceguêpier.—Linda,ilfautqu’onparle.JesursauteausondelavoixrauquedeLeandro.Jemetournepourluifaireface.—Cen’estpaslemoment—Rienàfoutre.—ÉcouteLeandro,onadécouvertquelquechosed’important,essaied’argumenterGary.—Çaattendra.Toi,dit-ilenmepointantdudoigt,tuviensavecmoi.Jedescendsdutabouretetàmontour,jelepointedel’index.—Jet’interdisdemedirecequej’aiàfaire,jenesuispasuntoutouqu’onsiffleetquiobéitaux
ordres.Ilattrapemonpoignetetmetireàlui.—Tuviensavecmoi,réplique-t-ilendétachantchaquesyllabe.Ilneme laissepas le tempsd’argumenterqu’ilmehisse sur sonépauleetprend ladirectionde
l’étage,souslesregardsahurisdeJoshetGary.—Lâche-moioujetejurequetuvasleregretter,jehurleentapantdespoingsetdespieds.Maisrienàfaire,ilnemelaissepasdescendre.Ilsedirigeverssachambre,claquelaporteavec
sonpiedetmejettesurlelit.Ilattrapemespoignetsetlestientenétauau-dessusdematête,pèsedetoutsonpoidssurmoi,m’empêchantparlamêmeoccasiondepartir.—Maintenant, tu vasm’écouter et ne pasm’interrompre. J’en aimarre de jouer à ce petit jeu,
Linda!Jenel’avaisjamaisvuaussiencolère.Etlefaitdesavoirquecesentimentestdirigécontremoi
menouelagorge.Jehochelatêteensigned’assentimentetaccrochesonregardintensejusqu’àmenoyerdedans…
Chapitre19
LINDA
—Oui,j’avaispourordredetetuer…uniquementsitureprésentaisunréeldangerpourGDS.Ettun’étaispas laseule têtesur laquellepesaituncontrat.Toddavaitet,a toujours,uncontratsur lasienne.Jet’aiécartéedèsledébut,justeaprèsnotrerendez-vousàl’hôtel.Etj’aicomprisquej’étaistonmeilleuratoutpourteprotéger:enaffirmantàGDSquetunepouvaispasleurnuire,jetemettaisàl’abri.—Lasociétécenséeêtreducôtédesgentilsplacedescontratssurlatêtedesgens?—Ilfautlescomprendre.C’estunesociétéinternationale,traitantdedossierstrèsdélicats.Toute
fuitepourraitêtrecatastrophique.Ilssontjusteprévoyants.—Pourquoinepasmel’avoirditquandjetel’aidemandédanslaprison?—Je…j’aieupeur.Peurdeteperdresijet’avouaistoutelavérité.C’étaitdéjàassezdurpourmoi
detedirequijesuisréellement,cequejefais.Jecommençaisàconnaîtretoncaractère!—Regardeoùçanousamenés!—Jesais,j’aimerdé!—Bienplusqueçamême.Tumedis toujours toutaucompte-gouttes.Auboutd’unmoment, le
lavaboildéborde!—Lelavabodéborde,hein?Encoreunedetesexpressions?—Oui,jerépliqueenfaisantlamoue.Ilmedéposeunrapidebaisersurleslèvresavantdepencherlatêtesurlecôté.—Jesuispardonné?—Pastotalement.Tuavaisquandmêmeuncontratsurmatête.Commentçaseseraitpassési tu
n’étaispastombésousmoncharmeirrésistible?—Impossibledenepascraquerpourcemagnifiquecorps…—Alors,tunem’aimesquepourmonphysique?—Ohnon,j’aimetoutcheztoimapuce,mêmeetsurtouttoncaractèredecochon!—Jen’aipasuncaractèredecochon,jegrogne.Illèvelesmainsensignedereddition.—Tusais,tevoirrireavecGarym’ablessé.Jefroncelessourcils.Garyestsonami,enquoiçaapuêtreblessantpourlui?—C’étaitdouloureuxpourmoiparcequecen’étaitpasmoiquitefaisaissourire.Jenesuispasdu
genrejaloux,maisons’étaitdisputésetonnes’adressaitpluslaparole,alorsçaapeut-êtreaccentué
cesentimentderejet,reprend-il.—Waouh,moiquipensaisqueleshommesnes’épanchaientjamaissurleurssentiments.—Jenesuispasn’importequelhomme,minhaquerida.—Permets-moid’endouter.Unelueursauvagetraversesesirisavantqu’unsourirecarnassiersedessinesursabouche.—Permets-moidetelemontrer.Jelèvelesyeuxauciel,leshommesetleurego!Maistrèsvite,monregardrevientsurlebustede
Leandroqu’ildévoilelentement.Cethommeestlaperfectionincarnée!Jeradote?Non,jebave.Àtelpointquecelafinitdedouchertoutelafureurquejeressentaisàsonégard.Jeneratepasuneseulemietteduspectacle,jesuisàdeuxdoigtsd’applaudirquandsont-shirtatterritsurlesol.Ilsepencheànouveausurmoi,aucuncentimètrenenoussépare.—Tuestrophabillée,mapuce.Il me débarrasse rapidement de mon haut et regarde longuement mon soutien-gorge noir
balconnet,avecdesbroderiesargentéesdessus.—Trèsjoli,maisjevaisdevoirl’enleveraussi.—Fais-toiplaisir!—J’ycomptebien,mesusurre-t-il.Une fois mon soutien-gorge enlevé, il sème un chemin de baisers entre mes seins et descend
jusqu’àmonnombrilavantderemonter.Jefermelesyeuxetmecambre.Salanguefaitletourd’undemestétonstandisquesonautremainpressemonsecondsein.Ilmordillepuissuce,deplusenplusfort jusqu’àcequeçasoit trop.Puissabouchechangede tétonetrecommencelamêmedélicieusetorture.Mesmainsseperdentdanssescheveux,meslèvress’entrouvrentetmarespirations’accélère.Salangueremonteencore,mordmonlobed’oreille,couvremapeaudebaiserssensuelsjusqu’àmaboucheetseslèvressescellentauxmiennes.Onsedévore,demandanttoujoursplusàl’autre.Leandrorecule,légèrementessoufflé,sesprunelleschargéesdedésir,depossessivitéetd’amour
inconditionnel.Ilm’enlèvemonshortetmonboxerenmêmetemps.Seslèvresdessinentunelignehumidesurl’intérieurdemacuisse,sonsouffleeffleuremonsexe,maissaboucheresteàdistance.Ilrenouvellesatortureavecmonautrejambe.Jesuisàdeuxdoigtsdemeliquéfier.—Leandro!—Pasencore,pasencore,chuchote-t-il.Quandjepensedevoirm’enoccupermoi-même,seslèvresseposentenfinsurmonclitoris.Ilest
obligédemettre sonbras surmeshanchespourmeplaquer sur le lit.Sesdoigtsaccompagnent salangue, s’accordant et accélérant le rythme. Ilm’emmèneaubordduprécipice avantde ralentir lacadence. Il répèteplusieurs fois son jeu.Alorsque jesuis sur lepointdecrierde frustration, il selève.J’ouvrelesyeux,desremontrancessurleboutdeslèvres,quimeurentsubitement.Ilenlèvesonpantalon de façon très érotique, en me regardant droit dans les yeux. Il enfile rapidement unpréservatifetmerejointsurlelit.Poitrinecontrepoitrine,onéchangeunbaiserenfiévré.J’enserreseshanchesdemesjambes,luidemandantdemettrefinàmatortureetdenousdonnercequel’onveut.Ilnesefaitpasprier,etd’uncoupdereinspuissant,ilmepénètre.Ilressortlentementavantderevenird’uncoup.Sesva-et-vientsontundélicieuxsupplice.Ilm’enfautplus!J’essaied’accélérerlemouvement,maisLeandrosedétacheetposemeschevillessursesépaules.Oh.Mon.Dieu.Les sensations sont plus intenses dans cette position et il vient de trouvermonpoint sensible. Il
accélère sesmouvements, je ne retiensplusmes cris.Tant pis pour Josh etGary ! Je lâcheun crijouissif,Leandrocontinuesescoupsdereins,prolongeantainsimonorgasme.Encorequelquesva-
et-vient,etiljouitàsontour.Àboutdesouffle, il s’affalesurmoi.Çanemedérangepasdu tout,aucontraire,çamepermet
d’avoir un accès total à son corps. Mes doigts se promènent sur son dos et palpent ses fessesmusclées.Leandroronronneetmedit:—Continuecommeçaetjenebougeplus.—Çanemedérangepaslemoinsdumonde.—Tuvois,jet’avaisditquejen’étaispasn’importequelhommeJ’éclatederire.—Tum’asmanqué,reprend-ilplussérieusement.—Toiaussi.Jepassemesmainsdanssescheveux.Ilsedéplacesurlecôtéetretirelepréservatif.Ilrevientprès
demoi,posesoncoudesurlelitetsatêtesursamain.Jemetournepourluifaireface,pasgênéedutoutparmanudité.—Plusjamaisonnesedéchirecommeça,medit-il.—Promis.Ildéposeunbaisersurmonpoignetetentrelacenosdoigts.—Plusdesecrets?jeluidemande.—Aucun.Laprochainefoisqu’onsedispute,onzappe lapartieonsefait lagueuleetonpasse
directementàlaréconciliationsurl’oreiller.Qu’est-cequetuendis?—Marchéconclu!Jemeserrecontrelui,passantmajambeentrelessiennes,etm’endorsdanscetteposition.Leandro
mesusurrantdesmotsdouxestlameilleuredesberceuses,quedemanderdeplus?J’aitoutcequ’ilmefaut.LeandroCesdernièresheuresontétéunevéritabletorturepourmoi.Jevoulaislaprendredansmesbraset
effacerlatristessequejevoyaisdanssesyeux.Quandj’aitoutracontéàGaryetJosh,cedernierétaitàdeuxdoigtsdem’encastrerdans lemur.Seulenotreamitié l’enaempêché,mais lesmotsqu’ilaprononcésontétéaussiviolentsquedescoupsdepoingàl’estomac.Etjelesméritais,tous.QuantàGary, il m’a interdit de monter la voir, parce que d’après lui, elle avait besoin de temps pourassimilertoutça.Lefaitdesavoirqu’ellesouffraitparmafauteetdenepaspouvoirlaconsolerétaittropduràsupporter.Maintenantqu’elleestaucourant,mesépaulessesententpluslégères.Jesaisquetout ne peut pas se régler aussi simplement, il va falloir construire des bases solides pour notrecouple.Ilvafalloirqu’ellearriveàmefaireconfiancesanslimitesetçaprendradutemps.J’aifoiré,etpasqu’unpeu,maisjesuispatient.Pourelle,jeleserai.Laregarderdormirpourraitdevenirmonpasse-tempsfavori, justederrière l’embrasser, lafaire
rire et la prendre dansmes bras. Elle est couchée sur le ventre, le drap couvre à peine son corpscommeunappelauxcaresses.Mesdoigts l’effleurent,plus légersqu’uneplume, lachairdepoulehabillesapeau.Unsourireniaissurleslèvres,jesuislacourbedesacolonnevertébraleetremontejusqu’àsonépaule.Ellegémit.Cesonestsidouxàmesoreillesquejesuisobligédemecontrôlerpour ne pas la retourner sur le ventre et me glisser entre ses jambes tout de suite. Ses paupièrespapillonnent avant de s’ouvrir totalement et que son regard se noie dans lemien. Ellem’offre unsourireséducteur.MonDieu,cettemagnifiquefemmecauseramaperte.—Jeveuxbienmeréveillercommeçaàchaquefois,murmure-t-elled’unevoixendormie.
—J’essaieraid’exaucertonvœu,alors.Je rapproche soncorpsdumien,ellenepeut ignorer lapreuvedemondésirquiaugmente.Ses
pupilles se dilatent, ellemord sa lèvre inférieure.Commeun signal, je ne peuxplusme retenir etcapturesaboucheenunbaiserpassionné.Jelafaisbasculersurmoiaumomentoùdescoupsfrappésàlaportenousinterrompent.JemetsundoigtsurlabouchedeLinda,qu’ellemord,enespérantquelapersonnenouslaissetranquilles.Maisc’estsanscompterlaténacitédeGary.—Sivousnerépondezpas,peuimportelapositiondanslaquellevousêtes,jerentre.—PutainGary,tufaischier!— Je sais, mais je ne rigolais pas ! Vous ne pouvez pas rester ad vitam aeternam dans cette
chambre.—Laisse-nousvingtminutes,j’aboie.—Jetepensaisplusperformantqueça,monpetit.Surcesmots,ils’éloigne,mortderire.—Trouducul.LecorpsdeLindaestsecouédespasmes.Jen’ycroispas,ellesemoquedemoi,elleaussi!—Jepeuxsavoircequiestdrôle?—Heu…rien,arrive-t-elleàdireentredeuxexpirations.Devantmaminerenfrognée,sonfourireaugmente.—Alorscommeça,toiaussitupensesquejenesuispasperformant…?Jeneluilaissepasletempsderépondre,jelaportejusquedanslasalledebainsetentredansla
cabinededouche.Déterminéàluiprouverlecontraire.—Aurais-jemisàmaltonego,bébé?demande-t-elle,faussementcontrite.—Monegovaparfaitementbien,mercidet’ensoucier…Jepassebienplusque lesvingtminutesdemandéesàGaryà luimontreràquelpoint je suisun
homme parfait. Enfin, on descend rejoindre Josh et le trouble-fête dans la cuisine. Josh a unemeilleuremine,maissonregardresteencorehanté.—Quelqu’un peutme dire pourquoi vous êtes toujours fourrés dans cette cuisine ?Vous savez
qu’ilyad’autrespièces,hein?interrogemonange.—Nourritureetcaféàproximité,toutcedontrêveunhommecommemoi,nousinformeJosh.Lindalèvelesyeuxaucieletvasepréparerunverredejusdefruits.Elleaunjeanmoulantetunt-
shirt bleu qui laisse une de ses épaules dénudées. Peu importe la tenue qu’elle porte,mon regardn’arrivepasàdécrocherdesesformesparfaitesàmongoût.—Jenesuispasd’accord.Moi,j’aitoutcedontrêveunhomme.Unvrai,jeréplique.JemeglissederrièreLindaetluiembrasselaclavicule.Sondosseplaquecontremontorseetje
l’entouredemesbras.—MonDieu,achevez-moi.Tropd’amourdanscettepièce,c’està limitedusupportable,supplie
Josh.Lindaluienvoieunepommequ’ilrattrapeauvolavantdecroquerdedans.Illuifaitunclind’œil,
puisreprendsonsérieux.—Bon, avantque tu fasses ta crised’hommedes cavernes,Lindavenait denous informerd’un
détailimportant.—Jetediraisbienquejesuisdésolé,saufquecen’estpaslecas.—Bref,onabesoindesavoirsituconnaiscemec.Joshretournel’ordinateurversmoi.Moncorpssetend,mesoreillesbourdonnentetmavisionse
brouille.Jem’éloignedeLindaetm’adossecontrelefrigo.Putain,maiscen’estpaspossible!Des
souvenirs demon enfance refont surface, m’inondant de tristesse et de rage. Instinctivement, mespoingsseserrentetmarespirationsefaitdeplusenplusdifficile.Jereplongeàcetteépoqueoùriennecomptaitexceptélasurviedemafamille.SeuleslavoixetlaprésencedeLindam’aidentàsortirdemon brouillard. Je fais un pas en arrière, je vois bien que ce rejet lui faitmal.Mais j’ai justebesoindetempspourgérerça.Cettemerdequimetombedessus.Jesorssur lavérandaetessaie tantbienquemaldemecalmer.J’aibesoinde tapersurquelque
chose. J’entendsdespas,maisneprendspas lapeinedeme retourner. Je saisquec’estLinda, j’aipeurquecequ’elleverradansmesyeuxnelafassefuir,pourdeboncettefois.—Leandro,parle-moi,murmure-t-elle.Faceàmonmutisme,elle sedéplaceet semet justeàcôtédemoi,appuyantsahanchecontre la
rambarde.—Tum’avaispromis,plusdesecret.Jenepartiraipastantquejenesaispascequitemetdanscet
état.Etpuis,onabesoindetouteslesinformationspossiblespoursesortirdecebordel…Jepinceleslèvresetinspireungrandcoup.—Mon père a commencé le trafic de drogue juste aprèsma naissance. Unmoyen facile pour
gagner de l’argent,malgré l’insistance demamère, il n’est jamais sorti du circuit.Dumoins pasvolontairement,luidis-je.Monregardseperdauloin,revivantcettescènecommesij’yétais.— Lorsque j’ai eu treize ans, en rentrant à la maison, mon père est tombé sur une vieille
connaissance. Il lui a tiréuneballe enpleine tête. Jen’ai jamais su lepourquoiducomment, justequ’il y avait un cadavre devant la porte. Après ça, on a vécu la peur au ventre, s’attendant à desreprésaillesàunmomentouàunautre.Unanplustard,monpèreadisparu.Aucunenouvelledeluimalgrénos recherches, jusqu’àcequ’onnousdéposesur leseuil l’annulairedemonpèredansuncolis. La signature d’un concurrent, apparemment. Mon seul but par la suite a été de me venger.Quelques années plus tard, avec une solide expérience et des moyens, j’ai tué le soi-disantcommanditaire.Jenedisrienpendantplusieursminutes,luilaissantletempsdedigérermonpassésombre.—L’hommequeJoshm’amontré…Magorgesenoue,jeserrelesdentsetprononcecesmotsquimeparaissentirréalistes.—C’estmonpère.
Chapitre20
LEANDRO
—Tonpère,tuenessûr?Mêmesiçafaitquinzeansquejenel’aipasvu,jesaisquec’estlui.Iln’apasvraimentchangé,du
moinsphysiquement.—Crois-moi,jesuiscapabledereconnaîtremonpère,jerépondsplussèchementquejelevoulais.—Jesaisquetuesencolèreparrapportàtoutça,maiscen’estpasuneraisonpourt’enprendreà
moi!—Encolère?Jenesuispasencolèrelà,jesuisbienplusqueça!jememetsàhurler.J’aipassé
mon adolescence à préparer un plan pour le venger. C’est ce qui a fait de moi ce que je suisaujourd’hui,c’estcequim’afaitprendrecechemindemerde.Putain,jesuisdevenuunmeurtrier,untueur de sang-froid à cause de ce qu’on a vécu, avec ma famille ! Alors que cet enfoiré étaittranquillemententrainde…jenesaismêmepascequ’ilfaisait!Çamerendmalade…j’ai…Jefaisunpasenarrièreetm’éloigned’elle.—Jevaisfaireuntour.Jetournelestalonsetmedirigeversle4x4garédevantlegarage.Jenemeretournepasquandelle
criemonprénom,j’aibesoindetempspourdigérer.Jecrispelesmainssurlevolantetposematêtedessus. J’ai l’impressionque rienn’auraitpuplusm’acheverqu’apprendreça.Monpèreenvie, jen’aimêmepasdemandéàLindad’oùvenaitcettephoto.Jesuissûrquelaréponsenem’auraitpasplu. Jedémarresanssavoiroù jevais, les scènesdemonenfance tournentenboucledansma tête.Commentest-cepossiblequetoutlemondesesoitfaitavoir?Commenta-t-ilpunousabandonner?De toutes lesquestions, c’est cettedernièrequi fait leplusmal.Qu’est-cequ’onétait pour lui, desmeubles?Devieillespoubelles,bonnesàjeter…?J’arrivedansunepetiteville,lesruessontbientropcalmespourmoi.Jenesaispascommentje
suis arrivé jusqu’ici sans avoir d’accident,mais je ne vais pas tenter plusma chance. Jem’arrêtedevantunbaroùilyapeineassezdeplacepourunevingtainedepersonnes.Mesaoulerlagueule,voilàunebonneidée,évacuercettecolèrequimerongel’âme,rampesousmapeau.Installésuruntabouret,jedemandeaubarmanunwhisky.Un,deux,troisverres, jecommenceàmesentirmieuxdanslesvapeursdel’alcool.Monregard
faituntourrapidedubar,laplupartdesclientssontdesvieux.Tantmieux,pasd’emmerdes,pasde«jesuisceluiquipisseleplusloin».Enfondsonore,devieillesmusiquesdesannées80.Rappeldel’époqueoùmafamilleétaitencoreheureuse.Lessouvenirsaffluentdenouveau.Tropvite,entrop
grand nombre. Le jour où j’ai conduit la voiture de mon père, ma mère était complètementhystérique. Il faut la comprendre, jen’avaisquedouzeans,maisc’étaitunmomententrehommes.Quandonallaitàlapêcheensemble.Lejouroùmessœursontfaitduvélopourlapremièrefoissouslesapplaudissementsdemamèreetmonpère.Ilyaeupeudemomentsoùilétaitprésentet jeleschérissaiscommelaprunelledemesyeux.Maintenant,jen’aiqu’uneenvie,passezunboncoupdebalaidessus,lesenfouirauplusprofond.Lesoublier,l’oublierlui.Ungroupeassezbruyant rentredans lebar, lesautresclientsse fontaussipetitsquepossible.Je
jetteuncoupd’œilauxsixnouveauxarrivants.Despseudosdélinquants,desbranleurs,jenevoispasd’autresmots,certainsontl’aird’avoirunbalaidanslecul.Ilsfanfaronnent,fontlesmecsquienont.Laissez-moi rire, même Linda les ferait se chier dessus. Je détourne le regard de cette bande decomiques.—Hé,levieux.T’aspasentendu?Bougedelà.Il me faut une bonne dizaine de secondes pour comprendre que c’est à moi qu’ils s’adressent.
Pourtantjeneleuraccordetoujourspasunregard.Lebarmansemblesurlepointd’appelerlesflicset c’est un problème que je n’ai pas besoin d’ajouter à ceux que j’ai déjà. L’un d’entre euxm’empoigneparlebras.Jelaisselacolèrequej’avaisessayéd’enfouirressortirettransparaîtresurmon visage. Celui qui m’a attrapé pour me retourner vers eux et le « chef » veulent donc endécoudre…?Parfait!Justementcequ’ilmefallait.Unblondetunauxcheveuxmulticolores,desmusclesdécoratifs.Ilssonttousdeuxaussifinsque
desallumettes,jen’aiqu’àsoufflerdessuspourqu’ilstombent.Jenecomprendspaspourquoiilsnebattentpasenretraite.Ilsm’encerclent,pensantavoirl’avantagesurmoi.Jerisintérieurement,prêtàendécoudre. Je repère les faillesdans leurspostures, dupainbéni pourmoi.Çava êtrebien tropsimple, je regrette presque que les autres ne se joignent pas à eux. Je relâche les épaules et meconcentre.Ilnefaudraitpasquejecassemesjouetstropvite.Ils resserrent leur cercle lorsque jeme lève, j’esquive une clé de bras en envoyant un coup de
coude en plein dans le plexus de celui qui se trouve derrière moi. Plié en deux, l’arc-en-ciel nereviendrapastoutdesuiteàl’attaque.L’autreenprofitepourmemettreunedroite.L’enfoiré,jel’aiquandmêmesentie…!Commequoi,ilnefautjamaissous-estimersonadversaire.Jecontreavecundirect dans l’estomac et enchaîne avec un crochet de l’avant-bras sur son nez. Le craquement quej’entendsne faitquemontermonadrénaline. Je finis avecun frontkick, soncorpsatterrit surunetableenbois.Lesautresontapparemmentprisleurcourageàdeuxmains,puisquel’und’entreeuxmeceinturependantqu’unautremelanceundirectdanslamâchoire.Jeprendsappui sur celuidederrière et envoieuncoupdepiedenpleine facede l’imbécilequi
vientdemefrapper.Putain,çafaitdubien!Jepercuteunmuravec l’autredansmondos, il laisseéchapperungémissementavantderelâcherlapressiondesesbras.Uncoupdepoingenmetournantversluiet l’affaireestréglée.Jefaisunrapidetourdubar.Quatresontausol,unetableenmoins,quelqueschaisesrenverséesetlebarmanestautéléphone.Jecroisquec’estlemomentdem’éclipser,maisavant,jem’avanceverslegroupedesurvivants.Jem’approchedupremieràmaportée,unpetitbrunavecpiercingsettatouages.Jel’attrapeparl’écharpeetluidisd’unevoixoùmacolèresefaitencoreentendre:—Laprochainefois,vousyréfléchirezàdeuxfoisavantdevouloirbougerquelqu’undesaplace.Lesjouesécarlates,ilbalbutieuneréponsequejeprendspourunoui.Jedéposeunebonneliasse
debilletssurlecomptoirpourlesréparationsetm’envaisavantquelapolicen’arrive.Ilesttempsd’affronterlaréalité.
JeretrouveGaryetJoshdansleurrepaire,lacuisine,entraindes’empiffrer.—Lindat’attenddanslavéranda,ditJosh,labouchepleinedepâtes.Je hausse les sourcils. Devant ma mine intriguée, il s’empresse de finir sa bouchée avant de
m’expliquer.—Ellenenousapasditpourquoituétaisparti,nioù.Justedeteprévenirdelarejoindrelà-bas.Jehochelatêteetmedirigeverslavéranda.Jel’yretrouveemmitoufléedansunplaid.Unetasse
de chocolat dans lesmains, son regard perdu vers laLoire, c’est le plus beau tableau quim’a étédonnédevoir.—Tucomptesresteràlaporteoubient’asseoiràcôtédemoi…?marmonne-t-elle.Jefaismieuxqueça,jelasoulèveetlaprendsdansmesbras.Elleposeencatastrophesonmugsur
latable.J’enfouismonnezaucreuxdesaclavicule.Unmélangedenoixdecocoetd’ellem’enivreetréveillemessens.Jepassemesmainsautourdesatailleetlaserreplusfortcontremoi.—Tut’esbattu?—Humhum.—Tucomptesmeraconter?Jeluifaisunrapiderésumédecequis’estpassé.Lamâchoireserrée,elleneditpasunmot.J’ai
soudainpeurdesaréaction.—Jesuissûrequ’ilsportentdesslipskangourous.Jefroncelessourcils,parfoisj’aivraimentdumalàlasuivre.—Oui, des slipskangourous.C’est le genredemec ànepasvouloir la sortir dans les toilettes
publiquesparcequ’ilsenontunepetite.Alorsilsutilisentlapochedesslipskangourous,m’explique-t-elle.Je la regarde avec les yeux comme deux ronds de flan avant d’éclater de rire.MonDieu, cette
femmeestexceptionnellementétrangeetelle faitpartiedemavie.Une foismonfou rirepassé, jereprendsmon sérieux et fais ceque j’aurais dû fairedepuis le début. Je l’embrasse à enperdre lesouffle.Dedoux,notrebaiserdevientviteplusavide.Haletant, jesucesalèvreinférieure.Lindasedétachedemoietmarchejusqu’àlarambarde.—Leandro,attends…Qu’est-cequ’onvafaire?Jesaisqu’ilestquestiondemonpère,àprésent.Jepasselamaindansmescheveux.—Tuvasmedirecequevousaveztrouvésurluietonavisera,jegrogne.—Çanevapasteplaire.Jelesaisbien.Jesaisqueçavafairemal.Maisiln’estplusquestionquedemoi,jedoisprotéger
cellequej’aime.Je regarde sa silhouette élancée, il est certain que cette femme est devenuemon tout,mon roc.
Jamaisjen’étaistombéamoureuxdecettemanière–sivite,etdefaçonsiabsolue.LavoixdeLindameramèneàl’instantprésent.—Çanevavraimentpasteplaire.—Turadotes,mapuce,dis-jeenlarejoignant.Ellemetapesurletorseavantdeseblottircontremoietdeselancer,enfin.—LaphotoqueJosht’amontrée,jel’aifaitequandj’étaisenplanque.Onlevoitunepremièrefois
àl’entréeetunedeuxièmefoisdansundesbureauxdeGDS.J’avaisréussiàidentifiertoutlemonde,sauflui.J’aiétéobligéededemanderunpeud’aide.—Àqui?—Onenparleraplustard,élude-t-elle.Jefroncelessourcils.Pourquoimecache-t-ellecedétail?Ils’agitpeut-êtred’unex.Mespoingsse
crispentàcetteidée,certesjen’aipasàêtrejalouxdesonpassé,maisl’imagineravecunautrem’estinsupportable.Ellenemelaissepasletempsdelaquestionnerplus,ellecontinuesonrécit.—Bref,c’estseulementhiersoirquel’onaapprissonidentité.AlexWilkes.Quandj’aimontréla
photo à Josh etGary, j’ai repensé à ceque tum’avaisdit à proposd’unepossible taupe chez eux.Alors,enfaisantA+B,Joshadécidédet’enparler.Unsilencepesants’installe,Lindadoitredoutermaréactionàlafaçondontmoncorpssetend.—Net’inquiètepas,jenevaispasretournerdansunbarpourmebattreavecdesmecsportantdes
slipskangourous.Jesenscontremapoitrinesoncorpsprisdesoubresauts.J’aimelesonqu’elleémetenessayantde
contrôler son fou rire. Putain, je ne pensais pas qu’il était possible d’être encore plus amoureuxd’elle.—Ilnes’appellepasAlexWilkes.Quandj’étaisplusjeune,monpèreetmoi,onregardaitsouvent
Misery.AnnieWilkesestl’undespersonnagesprincipauxdel’histoire.—Ohoui,jeconnaiscefilm.Ilm’atraumatisée,surtoutlecoupdelamassesurlesjambes.J’en
frissonnerienqued’ypenser.— J’avoue qu’il est un peu flippant. Bref, on était fans de ce film, mais aussi de L’Orange
Mécanique,ils’estinspiréd’AxelDeLargepoursonprénom.—Vousnepouviezpasregarderdescomédiesromantiques?Jeluilanceunregardfarouche,ellelèvelesmainsensignedereddition.—Ilfautdirequecen’estpastrèsgai,commefilms.—Désolé,maisonn’était pasdugenreQuandHarry rencontreSally.Même après sa prétendue
mort,j’aicontinuéàlesregarder,enmesouvenantdubonvieuxtemps,tucomprends?—Oui,c’étaitcommesivouspartagiezencorecemomentàdeux.Jehochelatête,lagorgesoudaintropnouéepourparler.Jereportemonregardversl’horizon.Le
soleilsecouchesur laLoire.Unmélangedeviolet,debleuetd’orangese reflètesur le fleuve.Jecomprendsmieuxpourquoielles’estréfugiéeicipendantnotredispute,cecoinprocureunsentimentdesérénité.—Alors,ils’appellecomment?—FelipeSanchez,jerépondslaconiquement.Unmomentdeflottementpasseavantquejen’oselaregarderdanslesyeux,elleafficheunlarge
sourire.—Donctut’appellesLeandroSanchez!—Oui.—C’estbizarre…—Dequoi?—Quejenesachetonnomquemaintenant.Ilmefautdeuxbonnesminutestrouverpourquoidire.Ellearaison,jeconnaistoutd’elleetmoije
luidonnetoutaucompte-gouttes.Saufmonamour.Jen’aijamaisautantlivrémessentimentsetmespeursqu’àLinda.—C’estvrai,c’estétrange.Maisàmamanièrejet’aidonnéetmontrédemoiplusqu’àn’importe
quid’autre.J’adore la façondont ses joues rougissentquandonparledenos sentiments. Jepensequenotre
relationl’intimide.Mêmemoiparfois,j’ail’impressionquetoutvasivite,quec’esttropintensepourqueçasoitréel.—Jenesaispascommentgérertoutça,soupireLinda.
Jecommenceàpaniquer.Siellepensequ’ellenevapaspouvoirsupportermonpassé,jenesuispasenmesured’assurerquejenevaispascognersurtoutcequibouge.—Eh,détends-toi!Jeneparlepasdenous,maisdecetteaffaire,s’exclameLinda.—Jeterassure,onestdeuxdanslemêmecas,alors.Onresteunmomentcommeça,blottisl’uncontrel’autre,ensilence.Uninstantpaisibledansune
période chaotique. Linda est mon havre de paix. J’espère que j’arrive à lui procurer autant deréconfortqu’ellem’enapporte.Joshvientnouschercher,nousdemandantsil’oncomptemangerunjour. Soi-disant qu’il n’y aura plus rien si on ne se décide pas vite. Linda lève les yeux au ciel etrépondd’unevoixétoufféequ’onarrivedanscinqminutes.Joshgrogneetmarmonnequelquechosesurlefaitdedépériretl’existenced’uneboîtedelasagnesdivinesdanslecongélateur.—Qu’est-cequ’onfaitmaintenant?demande-t-elle,anxieuse.—Onvaendiscuteraveclesautresetétablirunplan,dumoinsessayer.OnlesrejointdansleurQGetonsesertunepartdelasagneschacun.JoshetGarysedisputentà
proposd’unmatchdefoot,apparemmentilssupportentdeséquipesadverses.—Ah,leshommes,marmonneLinda.Elleseretourneversmoietmedemandeleplussérieusementdumonde:—Dis-moiquetun’espasunfandefoot.Pitié,pitié!—Pasdutoutmapuce,jenesuispasfandesport…enfinàpartceluiquisepratiqueàdeux,dis-je
enhaussantplusieursfoislessourcils.Elleserapprochedemoietmurmureàmonoreille.—Jevoistrèsbiendequoituparles,undecessportsoùl’onmouillelemaillotetonjoueavec
d’énormesballes,leterrainpeutmêmeparfoisêtreglissant.Toutlesavoir-faireestdansl’utilisationdelabatte.Elledéposeseslèvresjustesousmonoreilleavantdesemerunchemindebaiserslelongdemon
cou.—Lecricket!susurre-t-elle.Putain!Jeluilanceunregardnoir.Elleestfièred’elle,enplus.—Benalorsbébé,onseretrouveserrédanssonpantalon…?—Tuvasmelepayer,jegrogne.—Oh,maisjen’attendsqueça.JoshetGary,quiavaientinterrompuleurdébatpourécouter,sontmortsderire.Lesenfoirés!—Nefaitespastroplesmalins,vousdeux!jeleurlance.Pensezaufaitquelesrepasn’arrivent
pastoutseulsdanslefrigo!—Oh,moiquipensaisquec’étaitgrâceàGary,s’exclameLinda.—D’ailleursàcesujet,tunenousaspasditquilesfaisait,répliqueJosh.—C’estmamère,dis-jeenhaussantlesépaules.Ellehabiteà40kmd’icietc’estundesesgardes
ducorpsquifaitlelivreur.—Commentçasefaitqu’onnel’aitjamaisvue?interrogeGary.—Vousdormeztrop,lesgars.Ilsprennentunairscandaliséets’apprêtentàrépliquer…quandleverrequeLindaallaitporterà
ses lèvres se brise en un millier de morceaux. Suivi de près par les baies vitrées. Putain, on estattaqués ! On se couche tous au sol, nos réflexes professionnels prenant le dessus. Je vérifierapidementsiLindan’apasététouchée,maislaballen’afaitquel’effleurer.—Suivez-moi,jehurlepourmefaireentendrepar-dessuslesifflementdesballes.Jeme dépêche de les amener dans la pièce attenante et surtout àma planque d’armes.Toujours
accroupi,jefaisladistribution.—Onestsûrementcernés,chuchoteLinda.—Ilyaunpassagesecretpoursortird’ici.Jevouspréviens,çanevapasêtreunepromenadede
santé.Jecommenceàavancerendirectiondusous-sol.Lesballespassent toutprès,on répliqueautant
quepossible tout en restant à couvert.Onprogressebien trop lentementàmongoût etdéjàonestobligés d’abattre ceux qui tentent de rentrer dans la maison. Ils sont nombreux et suffisammentéquipéspoursortirvictorieuxdecetaffrontement.Plusquelquespasetonpourraatteindrelesous-sol.—Grenade!s’écrieJosh.Maisilesttroptardpoursemettreàl’abri,uneexplosionfaiteffondrerunepartiedesmurs,me
coupantdesautres.Putain!Putain,merde!J’entendsdespasserapprocherdemoncôtéetàenjugerparlebruit,cenesontpasceuxd’unseulhomme…
Chapitre21
LINDA
—Leandro!Merde!Jecommenceàpaniquer,marespirations’accélère,toutepenséelogiques’évapore.Josh
seretourneversmoietmesecoueparlesépaules.—Linda,mabelle…Jeneréagispas.C’estcommesimoncerveaus’étaitmissurpauseaumomentdel’effondrement.
Moncorpsnemerépondplus,j’aiperdulecontrôle.Jeneperçoisplusaucunson,mavisiondevientsoudainfloue.Jenepeuxpasaffronterlefaitdel’avoirperdu,alorsjemelaissedériver.Unebrûlureauniveaudemajouemeramèneàlasurface.Ladouleurestbienprésente,lessons
reviennentpetitàpetit.Jetournelatêtededroiteàgauche,cen’étaitvraimentpaslemomentpourunecrised’angoisse.—Désolémabelle,jen’aipaseulechoix.C’estàcetinstantquejecomprendsqueJoshm’agiflée.Jegrimace,frottemamainsurmajoue
avantdemerelever.C’estunchaossansnomdanscequ’ilresteducouloir.Onestabritésderrièreunblocdebéton.Garynouscouvrependantquejereprendsmesesprits.Jesecouela têteetmetsmesémotionsdecôté.—Unrésumédelasituation?jedemandeàmonami.—J’enaiéliminédeux,jediraisqu’ilenrestequatredececôté.Maisriennenousditqu’iln’yena
pasd’autresauniveaudel’entrée.Donc,jepensequ’iln’estpasenvisageabledesortirparlà.Pasdesniper, mais je ne parierais pas là-dessus non plus. Aucun contact possible avec Leandro pourl’instant,meditJosh.PasdecontactavecLeandroPasdecontactavecLeandroCesontlesseulsmotsquemoncerveauretient.Ilsn’ontpaspuletuer,cen’estpasenvisageable.Je
regarde autour de moi, la seule issue qu’il nous reste c’est l’étage. Une partie de l’escalier estdétruite,ilnemanquepasgrand-choseavantqu’ilnes’effondretotalement.Malheureusement,onvadevoirl’emprunter.—Josh,onvamonter.Jesaisquec’estrisqué,maisonestencoreplusexposésici.Tôtoutard,ils
vontenavoirmarredejoueretvontprendred’assautlamaison.Ilfautqu’ontrouveunefailledansleurdisposition,ilsnepeuventpasêtremeilleursquenous,dis-jeavecunsourireforcé.Dumoins, j’espère que ce n’est pas une équipe des forces spéciales, ou je ne sais quoi d’autre.
Sinon,onestmal.Jeposemamainsurl’épauledeGarypourleprévenirqu’ondétaled’ici.Iltireencoreplusieurs
foisavantdenousrejoindre,enrechargeantsonarme.—Bonlesgars,onvaprendrelapiècelaplusaunord.Certes,çanousexposes’ilyaunearmée
quinousattenddevant,maisonauraunmeilleurpointdevue.Josh,tuasprisleslunettesthermiquesouc’estLeandroquilesavait?—Non,j’enaiunepaire.—OK,alorsonsedépêche.Dèsqu’ilsvontcomprendrequ’onn’estplusdans lapièce, ilsvont
venirnouschercher.—Sicen’estpasdéjàcequ’ilssontentraindefaire,grogneGary.Jeneluirépondspas,jelepoussepourqu’ilavancederrièreJosh.Jefermelamarche,monarme
pointéeverslacuisine,àl’affûtdupremierconnardquisemontreraitsatête.Ledoigtsurladétente,je serais ravie d’en faire une passoire. On progresse rapidement et aussi silencieusement quepossible.JesuisétonnéedevoirqueGarysedébrouillesibien,maiscen’estpaslebonmomentpourluiposerdesquestions.Jemefais lapromessequ’ilauradroitàuninterrogatoireenbonneetdueformequandtoutserafini.Sicelanesefinitpasaveclamortdel’und’entrenous.Joshnousconduitdans une chambre, de la fenêtre on aperçoit une partie du lac et surtout la grande alléemenant àl’entréedelamaison,maisaussiaugarage.Toutestbeaucouptropsilencieux.Onsebaissejusteendessousdelafenêtre.—Pourquoionn’entendplusrien?chuchoteGary.—Parcequeçapue,souffleJosh.Mon cœur se serre douloureusement à la pensée deLeandro, seul en bas. Je secoue la tête, une
choseàlafois.Jeluifaisconfiance,ils’ensort.Illefaut,putain!—Josh,teslunettes,dépêche-toi!Dansnotreéquipe,bizarrementetsurtoutmalgrécequ’enpenseTodd,c’estmoilemeneur.Cequi
estarrivétoutàl’heuredanslacuisineestunepremière.Etladernière!Jenepeuxpasmepermettredenepasresterconcentréedansdesmomentsquipeuventêtremortels.—Ilssonttroisdevants.Ilsavancentverslaported’entrée.—OK.Dèsqu’onpeut,onescaladelafenêtreetonsautesurletoitduperron.Jenousdonneune
minutepouryarriver.Joshtuyvasenpremier,Garytusuisetmoijecouvrelaportedelachambre.Joshguettelemomentoùleshommesrentrentdanslamaison.Dèsqu’ilestpossibled’yaller,il
mefaitsignedelamainetouvrelafenêtre.Ill’escaladesansdifficulté.Sonatterrissagesurletoitn’apasfaiténormémentdebruit,iln’yaplusqu’àprierpourquenosassaillantsnel’aientpasentendu.Gary commence à passer une jambe par-dessus la fenêtre, quand un invité surprise arrive dansl’embrasuredelaporte.Jeneréfléchispasetfaisfeuavantqu’ilnepressesadétente.—Grouille,Gary,jeviensdeleurdonnernotreposition.Son saut est plus bruyant que celui de Josh. Jeme hâte vers la fenêtre,mais suis repoussée en
arrière.Mondosheurtebrutalement lesol.Faitchier ! Jene l’aipasentenduarrivercelui-là,ni lecoup de pied en plein dans mon estomac. Je me plie en deux. Reprenant mon souffle, je fais uncroche-piedàl’hommedevantmoiavantdemejetersurlui.Jenesuispasbienlourde,jenevaispasgarderl’ascendantsurluibienlongtemps.Jelaisseparlermoninstinct,mestripes,etfrappedetoutesmesforcessursacarotide.Alorsqu’ilest temporairementparalysé, j’enprofitepour luimettreuncoupdepoingsurlenezetrecule.Jemeretourneverslafenêtre.Maisavantderéussiràl’enjamber,unemainmeretientlacheville.Putain,ilestcoriace!Jefaisvolte-faceetluitireuneballeenpleinetête.
—Désolévieux,maistunem’aspaslaissélechoix,jemarmonne.Haletante,jerejoinsGaryetJoshquisontpostésàuncoindelamaison.—Ils’estpasséquoi?m’interrogeJosh.—J’aieuunpetittêteàtête.Ilfaut…Uneexplosionm’interrompt,lesmurssefissurent.Onseregardetouslestrois,lamêmeangoisse
selitsurnosvisages.Lamaisonestsurlepointdes’écrouler.—IlfautallerchercherLeandro,onn’aplusdetempsàperdre.Ontiresurtoutcequibouge,la
discrétionserapourunautrejour.Cette fois-ci, c’estmoi qui suis en tête du groupe. Je nousmène rapidement jusque derrière la
maison,enjouantsurlesombrespournepasêtrerepéréetoutdesuite.Jem’arrêtesurlecôtéd’unebaievitréebrisée.DeséclatsdevoixsefontentendredelàoùétaitpiégéLeandro.Je jetteuncoupd’œildanslapièce,cinqhommessontcampés,jambesécartées,autourdequelqu’unausol.Unautreestétendu,raidemort,prèsd’uncanapé.—Putain,maistrouvez-moiceconnard.Sinonc’estmoiquivoustue,crieunevoixmasculine.Il laisse échapper un gémissement de douleur, et un sourire narquois apparaît sur mes lèvres.
Leandroadûluitirerdessus.Desbruitsdepasécrasantduverresefontentendre.JemeretourneversJoshet lui fais signequ’il en resteundans lapièce, et cinq autres en trainde se tirer ailleurs.Unnouveauregarddanslapiècem’apprendqueleblesséafermélesyeux,visiblementsousladouleur.Jeleurdisd’attendrelà,Joshmedonneun9mmqu’ilaarméd’unsilencieux.Jefranchislafenêtre,aussisilencieusementquepossible,enévitantlesboutsdeverre.Jem’approchedel’hommeetluitireuneballeenpleincœur.Euxoului.Lechoixestvitefait.Devantnous ilne restequ’uncouloir, cinqhommesàélimineretunà sortirde là.Troiscontre
cinq,unjeud’enfant.Ilesttempsdeleurprouverqu’ilsnesesontpasattaquésàunpetitpoisson.Jejette un coupd’œil à Josh etGary, je leur fais signedeme suivre. Il y a cinqportes devant nous,toutesouvertes.Onvérifielestroispremièrespièces, latensionmonteunpeupluschaquefois.Onretientnotre souffledèsque je rentredans l’uned’entreellesavantdemurmurer«claire».Notreéquipeest rodée, encoreune fois jem’étonnede l’adaptationdeGary. Ilme suitpendantque Joshnouscouvredanslecouloir.Rapides,silencieuxetefficaces.Ilnenousresteplusqu’uneseulepièce.Lorsqu’oncommenceàs’avancerverselle,descoupsdefeuretentissent,unefumées’échappeparl’entrebâillementdelaporte.—Merde,grogneJosh.Jen’auraispasditmieux.Bienquemoncœurmecriedecourir, jenepeuxpasmepermettrede
mettre en danger Gary et Josh. On ne connaît pas la situation là-dedans, il serait complètementsuicidairedeplongertêtebaissée.Arrivésdansl’embrasuredelaporte,onseplaquecontrelemur.Lecalmeest revenu, je regrettedenepasavoirdemiroirdepoche.Cesilenceestplusangoissantencorequelebruitdesballesquisifflent.J’inspireungrandcoupetpousseunpeupluslaporte.Engrinçant,elledévoilederrièreelleunhommeàterre.Visiblementmort.Nerepérantpasdedangerimmédiat,jem’engagedansl’escalierquidescendàlacave.Seuleune
ampoule permet d’y voir un minimum. Il y a beaucoup de zones sombres et se suivre à la fileindiennedansunespacesiétroitfaitdenousdesciblesdechoix.Onarriveaubasdel’escaliersansencombreetc’estbienlesouci.C’étaittropfacile.Jeregarde
autourdemoi,pasdesignedesautresassaillantsnideLeandro.Monangoisseessaiederemonteràlasurface,jelamuselleetlarefouleaufinfonddemoncerveau.Cen’estpaslemoment.JelanceunregardàJoshetilcomprend.Leandroadûprendrelepassagesecret.Etsiceuxquilepoursuiventne
sontpaslà,c’estqu’ilsontdûletrouveraussi.Onfaitletourdelacave,avantdesentiruncourantd’airsurnotredroite.Dansunrenfoncement,untroupasplusgrandqu’unenfantdedixansrévèleuntunnel. Je frissonne rien qu’à l’idée d’être obligée de passer par là. Je déteste les endroits commeceux-là.Unparadispourlessouris,jesuissûrederencontrerlacousinegermainedeXena.Jesouffle,prendsunegrandeinspirationavantdem’accroupiretm’avancerdanslepassage.Josh
etGarysuiventlemouvement.Plusonavance,plusletunnelserétrécit.Onfinitmêmeparsemettreàramper.Auboutd’unecentainedemètres,ondébouleenpleineforêt.«Jevouspréviens,çanevapasêtreunepromenadedesanté.»Non,sérieux?Putain,Leandro,j’espèrequelasortiedetonpassagesecretdonnesurunpontonou
unmagasinremplidemuffinsetdetonnesdechocolat!—TufaischierLeandro,jemarmonne.Au loin, on entend le bruit d’une nationale. Il fait nuit noire, ce qui ne va pas nous aider.
Heureusement, la luneéclairepar-cipar-là lavégétation.Labrisenocturnenousenveloppe, faisantnaîtrelachairdepoulesurmapeau.Laforêtestdense.Jefermelesyeuxettendsl’oreilleàl’affûtdumoindre bruit.Un craquement, puis d’autres se font entendre à l’est. Sans unmot, j’indique notredirectionàGaryetJosh.Essayantd’êtreaussi légersqu’uneplume,évitant lesbassesbranchesdesarbres et les souches au sol, on accélère nos pas. Puis desmurmures, des bribes de conversationsnousparviennent.TroploinOnn’yarriverajamaisPrévenirlepatronDevaitjustetuertoutlemondeOnseregardetouslestrois,sedemandantsiondoitintervenirmaintenant.Alorsquejem’apprête
àdonner l’assaut,unhurlementnous fait sursauter.Onavanceencoredequelquespas, avantde secacherderrièrelesarbres.Lascènedevantnousestcocasse.Unhommeestpenduparlespiedsàunebranche,enplissantlesyeuxjeremarquequ’unpiègeàoursestreferméautourdesachevillegauche.Aïe!Jenevoudraispasêtreàsaplace,sajambevafinirparcéder,déchiréeparlepiège.Unmouvementfurtifattiremonattentionàdroite,lasilhouettesilencieusesedéplacevite.Avantde
s’immobiliser. Je ne comprends pas ce qu’il se passe jusqu’à ce qu’un des hommes tombe au sol.Rapidement, les deux autres semettent à couvert et tirent dans toutes les directions. Jeme plaquecontreletroncquanduneballepassetoutprèsdemonoreille.J’émetsunsifflementqueJoshconnaîtparcœur.Onsedéplacepouravoirunpointdevuedégagé
surlestireurs.Garynebougepas,continuantàfairediversion.Arrivéeàbonnedistance,jetireunepremière balle dans la cuisse de l’un d’eux, alors que Josh élimine l’autre d’une balle en pleinegorge.Ungenouàterre,lesurvivantcontinuedefairefeu,jemetsfinàlamascaradeenl’abattantd’une
balleentrelesdeuxyeux.Lesilenceestrevenu.Oppressant.Cen’estquelorsquejevoisLeandrosurgirdevantmoiquejerelâchemonsouffle.Jemecontente
deledévisagerpourêtresûrequejenerêvepas.Ils’approchedoucementcommes’ilavaitaffaireàunanimalblessé.Il tendlamainetm’enlèvemonarme.Monpoingseserre,jen’aiplusrienàmeraccrocher.Mesyeuxs’embuent,moncorpssemetàtrembler.Pendantcesdernièresminutes,j’aicruquejel’avaisperdu.Qu’ilétaitmort,qu’ilsavaientgagnélapartieenemportantunepartdemoi.Jen’aijamaiseuaussipeurquependantcescourtsinstants.Mêmeenétantenmissionqueçasoitpour
Toddoul’armée,l’angoissequimesaisissaitn’étaitpasaussiforte,aussisuffocantequemaintenant.Je recule d’un pas, l’émotion qui me submerge est trop intense. J’ai besoin de reprendre mon
souffle.MaisLeandro,nemelaissepaslechoix.Ilcombleladistancequinoussépareetmeprenddanssesbras.D’abordcrispé,moncorpsfinitparsedétendre.Jemecramponneàsont-shirt.—Jesuislàmapuce,chuchote-t-ilenmecaressantlescheveux.Jesuislà.Uncrimesortdematorpeur.JeregardederrièremoiavantdemeretournerversLeandro.—Onfaitquoidupendu?—Onvaallerlecuisiner.Jeme détache de son étreinte et observe sa démarche déterminée, ses épaules droites.Une aura
meurtrièresedégagedesoncorps.Jejetteuncoupd’œilaumalheureux,unechoseestsûre,Leandronevaenfairequ’unebouchée.Jemehâtede le rejoindrepournepasenperdreunemiette.Leandrodéfait lepiègeet l’homme
tombelourdementausol.Jegrimaceaubruitsourddelachutedesoncorpsetauxcrisqu’ilémet.—Jepenseque lesprésentationsne sontpasnécessaires,ditLeandrod’unevoix froide. Jevais
justeteposerunequestion,etsiturépondsjetelaisseraipeut-êtrelaviesauve.L’hommeàl’agoniehochefrénétiquementlatête.—Bien.En fait, je vais t’enposer deux.Lapremière est la suivante : est-ce qu’AlexWilkes est
votrepatron?Unefoisencore,l’inconnuhochelatête.Tropmalpourouvrirlabouche.—Votremissionétait-elledetuertoutlemonde?Ilapeurquelaréponsescellesonsort.Ilbaisselesyeuxetmarmonne:—Oui.Leandrosepencheverslui,murmurequelquechosequejen’entendspasàsonoreille,etdéfaitle
piègeavantdetourner ledosà l’individu,quis’enfuitsansdemandersonreste,dérapantsur lesolavecsajambeblessée.Jefroncelessourcils,surprise.QuandjerattrapeLeandro,jeluidemandecequ’illuiaditetpourquoiill’alaisséenvie.—J’aiassezdesangsurlesmainspourcesoir,ilnefaisaitqu’obéirauxordres.Etjecrainsqu’il
nepassepas lanuit, de toute façon.Ondoit retourner à lamaison, récupérerunmaxd’affaires etpartird’iciauplusvite.—Commenttuasfaitpourlepiège,aufait?Rienn’étaitditqu’ilspassentparlà.—J’avaisdel’avanceetj’enaidestoutprèssurlecôtédelamaison,dansdescachesspéciales.
Unefoisquej’aieposécelui-là,jelesaiconduitsjusque-là,toutsimplement.Jemetais,ressassantcettesoiréedefolie.J’aiétémoinsclémentequelui,est-cequecelafaitde
moi une personne sans cœur ? Je trébuche sur une souche d’arbre. La fatigue me submerge,l’adrénalinefaitunechutelibreetmoncorpsaussiparlamêmeoccasion.Avantquejen’atteignelesol,Leandrome rattrapeetme soulèvedans sesbras. Je suis tropcrevéepourmeplaindre. Jemeblottiscontreluietmelaisseflotter.Profitantdemonhavredepaix,tantquejelepeux.
Chapitre22
LINDA
Si jeneressentaispas la tensiondeLeandro, jem’endormiraispresquedanssesbras.Sicelanetenaitqu’àmoi,onresteraitblottisl’uncontrel’autre,loindetoutlemonde.Àl’abridetout.Maisonnepeutvivrequed’amouretd’eaufraîche,etsurtoutcen’estpaslemeilleurmomentpourcela.Jesuis épuisée de courir après la vérité, deme cacher de nos poursuivants. J’aimerais avoir la paix,vivreunevie simpleoù je serais au cinéma, au restaurantou juste à lamaisonavec l’hommequej’aime. Je lève les yeux vers son visage. Ce soir, dans la lumière de la lune, ses traits exprimentclairementsonenviedevengeance.Jecaressesajoue,mesdoigtss’attardentsurseslèvres.Jesenssesmuscles se tendre, quand son regard capture lemien j’y lis une détermination farouche et unbesoinprimairedepossessivité.—Qu’est-cequ’onfaitmaintenant?jeluidemande.Jenesuisplusleleader,jepassevolontiersleflambeauàLeandro.Ilnerépondpastoutdesuite,
analysantprobablementnoschancesdesurvieavectelleoutellesolution.—On change de planque. Vu l’état de l’actuelle, on ne peut clairement pas y rester. Après, on
avisera.—Dommagepourcettemaison.J’auraisaiméyrevenirunefoistoutcebordelfini.—Onentrouverauneautre.Avecbeaucoupdepièces.Énormémentdepiècesàbaptiser.Jeluitapesurl’épaule,l’airfaussementfâché.—Tunepensesqu’àça!—Quandtuesprèsdemoi,oui.Jelèvelesyeuxaucielmaisnerépliquepas,sachantquec’estpeineperdueaveclui.Onarriveprès
denotreplanque,enfindecequ’ilenreste.Leandromereposeàterre,medonneundouxbaisersurles lèvresetsedirigevers legarage.Gary lesuit,pendantqueJoshetmoi-mêmecontemplons lesdégâts. Une partie de la maison s’est totalement effondrée, si l’escalier menant aux chambres estencorelà,ceseraunvraimiracle.Unmiraclequim’arrangeraitpasmal,j’aitoutesmesaffaireslà-haut.—C’estunebellemerdehein,meditJosh.Jemeretourneverslui,j’essaiedesondersonhumeur.Maisilresteimpassible,lesyeuxrivéssur
lamaisonen ruines,commes’ilavaitbâtiunmurentre luiet le restedumonde.Jem’approcheetposemamainsursajoue.Sesyeuxsedétachentdelabâtisse,cequej’ylismeserrelecœur.Ilmeprenddanssesbras.
—Siseulementj’avaissuteprotégerdetoutcebordel,mabelle.—Cen’estpastafauteJosh,tunepouvaispasdevinercequ’ilallaitsepasser.Il laisse lesilences’installer, secontentantde resserrersonétreinte. Jesaisquesaculpabiliténe
partirapascommeça,dujouraulendemain.Illuifaudradutemps,pouraccepterqu’iln’estenrienresponsable de ce qu’il s’est produit et pour guérir de ses blessures. J’espère seulement qu’iln’oublierapasqu’iln’estpasseul.—Ôtetessalespattesdemafemme,s’exclameLeandro.Joshfaittoutlecontraire,allantjusqu’àprovoquerLeandroenmettantsesmainssurmeshanches.—J’étaislàlepremier,mongars.Toi,ôte-toidemonchemin,réplique-t-il.Emmitoufléedanssesbras,mesyeuxfontdesallers-retoursentrelesdeux.Leandroalamâchoire
crispée, les poings serrés. Tandis que Josh se mord la joue pour s’empêcher de rire. Je souffle,exaspérée.—Vousêtesépuisants,touslesdeux.Joshéclatederire,alorsqueLeandromeregardeententantdecomprendrecequ’ilaraté.J’écrase
lepieddeJosh,quicouine.—Tul’asbiencherché.Arrêtedeletaquiner,cen’estpaslemoment!Illèvelesmainsensignedereddition,maisjenesuispasdupe,jesaisquedèsqu’illepourra,il
recommencera.Àsesrisquesetpérils.Jem’avanceversLeandro,passemesbrasautourdesatailleetposematêtesursapoitrine.Jerestelà,l’écoutantnousracontercommentilaréussiàs’échapperdelamaisondesoncôté.Unsentimentdefiertém’envahit.Mêmesicen’estpaslapremièrefoisqu’ildoitêtredanscegenredesituation,çan’enlèverienàl’exploitqu’ilvientd’accomplir.JenereprendslefildelaconversationquelorsqueLeandrosortuntéléphonedesapoche.—Alex,planquen°2pourmafamille.Rejoins-moidèsquetuasfiniletransfert.Il coupe la conversation, sans laisser le temps à son interlocuteur de répondre. Intriguée, je le
regardeenfronçantlessourcils.Ils’expliqueaussitôt.—Alexestundesgardesducorpsdemafamille.Ilvavenirnouschercher.—PlusdeMinialors?—Désolémapuce,ilsaurontsûrementrelevélaplaque.Onvadevoirlalaisserici.Jefaisunemoueboudeuse.C’étaitenquelquesortemapremièreMini.Certes,techniquementelle
n’estpasàmoi,maisjel’aimaisbien.—Ilsmelepaieront,dis-jeleplussérieusementdumonde.Leandroéclatederire.Çafaitdubiendevoirsonvisages’illumineretjesuisheureused’êtrecelle
quiysoitparvenue.—Allezviens,onvavoirsionpeutmonteràl’étageetpréparernossacs.Parchance,l’escalierestencoreàpeuprèsdebout.Onsedépêchedetoutrécupérer,prenantsoin
de ne rien laisser derrière nous. Leandro descend en premier nos affaires. Je m’arrête dansl’embrasuredelaporte.Cetendroitvamemanquer,onyavécudebeauxmoments.Nemevoyantpasarriver,Leandroremonteetencerclematailledesesbras,sonmentonposésurmatête.—Qu’estcequisepasse,mapuce?—Rien,j’emmagasinaistouslessouvenirsduvéritabledébutdenotrehistoire,ici.—Lesbonsoulesmauvais?plaisante-t-il.—Lesdeux.Onn’enseraitpaslàsanslemauvais.Ildéposeunbaiserdansmescheveuxetmurmure:—Je t’aimeLinda, tellementqueçame faitmal.Savoirqu’ilpourrait t’arriverquelquechoseà
caused’unmembredemafamillemetue.Jesaisqueçanefaitpas longtempsqu’onestensemble,
maisjenepeuxplusmepasserdetoi.Jeteprometsdetoutfairepourqu’ilnetouchepasàunseuldetescheveux.C’estbiencequ’ilmefaitpeur.Qu’ilaitàchoisirentresonpèreetmoi.Peuimportecequ’ilafait,
çarestesonpère.JenevoispasLeandrotuerunmembredesafamille.Jeneluifaispaspartdemesdoutes.Jemeretourneetposemeslèvressurlessiennes.Jen’aitoujourspasprononcécestroismotsquimebrûlentlalangue.Jen’yarrivepas,alorsjeluifaiscomprendreparmesgestesàquelpointilestimportantpourmoi.Ilesttoutpourmoi.—Ohlestourtereaux,c’estquandvousvoulez,interpelleunevoixinconnue.Leandro sourit contremabouche.Undernier baiser, ilmeprend lamain etm’emmènevers un
hommesetenantsousleporche.Plusjem’avanceetplusjemedisqueSophiadonneraitcherpourêtre là. Cet homme dégage quelque chose d’intrigant, d’attirant. Il a une carrure imposante, lescheveuxblondcendréetdesyeuxbleusqu’onpourraitpasserdesheuresàregarder.—Linda,jeteprésenteAlexeï,meditLeandroendésignantdumentonl’inconnu.Alexeïmetendlamain.Jepensaisqu’ilsecontenteraitdeserrerlamienne.Maispasdutout,ilme
faitunbaisemain.—Alex,necommencepas,grogneLeandro.Unsourirenarquois,ilrelèvelevisage.—Enchanté,Linda,dit-ilavecunaccentenvoûtant.Pourmoi,personnenepeutdétrônerLeandro.Maisilfautavouerquecethommesaityfairepour
séduireunefemme.—Allez,chauffeur,enroute.Leandrolepousseverslavoiture.—Pourquoic’esttoujoursmoiquilefais?—Parcequetuteplainstoujoursdedevoirlefaire.Alexeï lui fait un doigt d’honneur et monte en voiture. Je m’apprête à monter derrière quand
Leandromeretientparlebras.—Attendsmapuce, ilyaquelquechosequejene t’aipasdit.Quandje t’ai laisséeavecGaryà
l’hôpital,j’airenforcélasécuritéauprèsdemafamilleetjel’aifaitdéménagernonloind’iciavantmême de savoir qui était derrière tout ça. Parmesure de précaution.Mais puisqu’ils ont réussi àtrouvernotreplanque,jepréfèrelesfairechangerdelieuaussi…Bref,cequejeveuxdirec’estqu’onsera dans la même planque qu’elles, du coup je pense que ce serait pas mal que je te présenteofficiellement.Jeleregardebouchebée,avantdedétaillermatenue.Jesuisenjoggingetporteunt-shirtavecune
inscription«LeNutellaaprissarevanche»surlapoitrine.—Maisjenepeuxpasyallercommeça…!Tutefousdemoi,pourquoitunemel’aspasditplus
tôt!Etpuis,ohlala…mais…—Respireminhaquerida,çavabiensepasser,ellesvontt’adorer.Je doute sérieusement de ce dernier point. Je n’ai jamais eu la cote avec les femmes. Trop
compliquéespourmoi.Résignée, jemonteàmon tourdans lavoitureetmemetsàmeronger lesongles.MonDieu,jevaisêtreridicule,jelesens.Josh et Alexeï sont à l’avant, tandis que Gary, Leandro et moi-même sommes serrés sur la
banquette arrière.Lesmecs se lancent des piques, alors que je restemuréedans le silence.La têtecontrelavitre,leregardauloin,j’angoisseàl’idéederencontrersafamille.Minederien,c’estuneétapeimportante.Uneétapequejevaisfranchirpourlapremièrefois.J’aidéjàeudespetitsamis…BonDieuque jedétestecetteexpression,çafait tellementniaisàmesyeux, jenem’yferai jamais.
Chaquefoisquel’onvoulaitmeprésenterofficiellement,jerepoussaisjusqu’aumomentderompre.«Courage,fuyons»étaitdevenumonmantra.Majambecommenceàtressauter,signequemonanxiétémonteenflèche.Leandroleremarqueet
pose samain surmongenou. Je tourne la têtevers lui, il prendmonvisage en coupe.Sespoucescaressent tendrementmes pommettes. En cet instant, j’oublie tout. Que nous sommes devenus descibles,quenousavonsdesproblèmesplusgravesquelefaitd’êtreprésentéeàsafamille.Absolumenttout,saufqu’ilestàmescôtés,qu’ilestprésentpourmoi.—Jesuislà,mapuce.Net’inquiètepas,çavabiensepasser,d’accord?—Mouais,onverraça.Maisjesuisplusquepessimistequantàl’issuedecetteaffaire.—Cetteaffaire?Rencontrermafamillen’estpasunemissionàaccomplirLinda!Çavaêtreun
momentconvivial,jen’endoutepasunesecondeettudevraisenfairedemême.—Facileàdire!Jemeremetsdansmapositioninitiale.—Mademoiselle,siçapeutvousrassurer,Maria,lamèredeLeandroestunefemmeadorable.Et
detoutefaçon,elleestdéjàaucourantdevotrevenue,intervientAlexeï.Jemarmonneun semblantdemerci.Rienn’y fait, j’ai toujours cettebouleauventre.Aveccette
impressiondemarcherversl’échafaud.Cetteimageestglauqueetunpeuexagérée,pourtantc’estcequejeressens.—Onvas’arrêtercinqminutesdansunsupermarché,Mariaaprévuunrepaspourquinzeetillui
manque des ingrédients. Vous deux, dit Alexeï en nous montrant du doigt Leandro et moi, vouspouveznousattendredanslavoiture.Onn’enapaspourlongtemps.—Commentça,«on»?Horsdequestionquej’aillefairelesmagasinsavectoi!s’exclameJosh.—Qu’est-cequetuasmonchou?Tuaspeurquejet’agresseaurayoncharcuterie?répondAlexeï
enbattantdescils.GaryetLeandroéclatentderire,alorsqueJoshnousfaitungesteinsultantetlanceunregardnoir
àsonnouvelennemi.Aumoins,ilsontréussiàmefairesourire.Dixminutesplustard,onarrivesurleparkingd’unegrandesurface.Justeavantdedescendredevoiture,Garynousdit:—Soyezprudents.Je lève les yeux au ciel. Il y a beaucoup trop de testostérone autour de moi. Finalement, me
retrouveravecd’autresfemmesvapeut-êtremefairedubien.—Comments’appellentlesfemmesdetavie?jedemandeàLeandrounefoisqu’onseretrouve
seuls.—Mamères’appelleMaria,messœursNaliaetShayaneet,enfin,ilfautajouteràça…Linda.Jemeretournecomplètementverslui,ilafficheungrandsourire.—Jesuissérieuse,là!—Maismoiaussi.Jedécidedenepas insister sur ce sujet etpréfère luidemanderdesdétails sur sa famille. Ilme
racontequ’aprèsavoirtuélechefdegang,ilavaitsuffisammentd’argentpouraidersafamilleàfuiretàchangerd’identité.Officiellement,leurnomdefamilleestTorres.Ilsontpasmalvoyagéavantdeposer définitivement leurs valises en France. Il décrit Maria comme une femme aimante, un peuenvahissantedanslavieamoureusedesesenfants,maisqu’ilnelachangeraitpourrienaumonde.Jesuissûrequenosmèress’entendraientàmerveille.Shayaneestl’aînéedesdeuxsœurs,elleestâgéedevingt-troisansetfaitdesétudesd’infirmière.
Elleestlapluscalmedesdeux,apparemment,puisqu’ilmedécritNaliacommeunetêtebrûlée,quin’en fait qu’à sa tête.Du haut de ses dix-neuf ans, elle fait vivre un enfer à tous les hommes qui
essaientdel’approcher.PourleplusgrandbonheurdeLeandro.—Ellesserontraviesderencontrercellequiarriveàmecanaliser,medit-ilsesyeuxplongésdans
lesmiens.Jen’aipasletempsdeluirépondre,lesautresarriventensedisputantsurlemeilleurplatquefait
Maria.Ilsnepensentvraimentqu’àça,commequoil’expression«pourgagnerlecœurd’unhomme,passezparsonestomac»estpeut-êtrebienfondée.Jenelesécouteplus,essayantderéduirelaboulequimeserrelagorge.Leandroprendmamain,
etnelalâchepaspendanttouteladuréedutrajet.Onarrivedevantunejoliedemeuresurdeuxétages.Delavignegrimpanteentoure lesmurs.La
bâtissedégageuneatmosphèreaccueillanteetchaleureuse.Unejeunefemmesetientsurlesmarches.On sort tous de la voiture.Alexeï salue l’inconnued’un signede tête raide,mais lui effleure le
bras.Jeplisselesyeuxpourcomprendreàquoiilsjouentetlaissetomberquandjelavoiss’avanceràgrandspasversnous.Grandebrune,elleades traitscommunsavecLeandro.Maissesyeuxsontd’unvert trèsclair.Lorsqu’ellesourit,sonvisages’illumine,révélantquellefemmeaugrandcœurelledoitêtre.—Mapuce,jeteprésentemapetitesœurShayane.Shayane,voiciLinda.Jem’attendsàcequ’ellemefasselabise,maisellemeprenddanssesbras.Unpeugênéeaudébut,
jefinisparluirendresonétreinte.—Jesuistellementcontentedevousrencontrerenfin.Vousêtessublime,s’exclame-t-elle.Jem’examine encore une fois, essayant de trouver ce qu’elle trouve de sublime chezmoi.Une
grimaceeffleuremeslèvres.Shayanequil’aremarquéemetaquine.—Moij’adoreetjeveuxlemêmet-shirt!Laissonslesgarçonsdéchargerlavoiture.Jevaisvous
présenterauxautres.Ellepassesonbrassouslemien,m’emmenantsansquej’aiemonmotàdire.Jelanceunregard
implorantàLeandro,ilafficheunsouriremoqueuretarticulesilencieusement:—Tuvasyarriver.Enfoiré ! Je vais devoir affronter seule sa mère. On déboule dans un salon moderne, dans les
teintesécruesetnoires.Jenerêvequed’unechose,posermesfessessur lefauteuilquia très l’airconfortable.Shayanemeconduitdanslacuisineoùdeuxfemmesnoustournentledos.—Maman,ilssontarrivés,crie-t-elle.Mariaaunsursaut,sesyeuxseposentsurShayane.Petite,avecdescheveuxgris,elledégageune
auradesérénité.—Tum’asfaitpeur,minhamenina4.Sonregardsetourneversmoietsesyeuxs’agrandissentdejoie.Ellesehâted’essuyersesmains
sur un torchon, enlève son tablier etme serre dans ses bras. Fort, trop fort, je suis à la limite del’asphyxie.—Mamanlâche-la,ellemanqued’air,ditLeandroenriant.Ilavisiblementeupitiédemoi,etnousasuivies.—Oh,veuillezm’excuser,Linda.Mais j’étais tellementpresséedevousrencontrer !J’enoublie
lesbonnesmanières,jem’appelleMariaetvoicimaplusjeunefille,Nalia.Naliaestbeaucoupmoinsenthousiastequelesautres,vuleregardnoirqu’ellemelance.Mavenue
neplaîtpasàtoutlemonde,visiblement.Jesavaisquec’étaittropfacile!Un silence gênant s’installe avant que Maria nous envoie dans le salon. Leandro entoure mes
épaulesdesesbras.
—Net’inquiètepaspourNalia,ellelancecemêmeregardàtouteslesnouvellespersonnesqu’ellecroise.Jenerépondspas,jemedemandes’ilneditpasçajustepourmerassurer.Jemeblottisdansses
bras sur le canapé, les autres ne tardent pas à nous rejoindre. Très vite, ma bonne humeur refaitsurface, enmême temps que les vannes que se lancent lesmecs. J’ai fait la connaissance de troisautres gardes du corps : Johann, Jeremy etEkaterina. Le salon se trouve vite rempli de rire et detaquineries.Marianousinformequelerepasseraprêtdansdixminutes.Etpuissoudain,toutdérape.Jesensquelquechosebutercontremespieds,jebaisselesyeuxetme
metsàhurler.Jecoursleplusloinpossibleavantdesauterdanslesbrasd’Alexeï.Moncorpstrembledepeur.BonDieu.MariaetNaliaarriventencatastrophedanslesalon.Pluspersonneneparle.Toutlemondebaisselesyeuxausolavantd’éclaterderire.Iln’yaqu’Alexeïquimetienttoujoursdanssesbrasquim’observeaveccompassion.J’ose enfin regarder ce quim’a foutu une telle frayeur.Une souris oui,mais c’est en réalité un
jouetpourchat.Jen’arrivepasàcroirequejemesoisfaitbernersifacilement.Monregardfouillelapièceàlarechercheducoupable.Josh!Cet enfoiré tient une télécommande à la main. Je relâche mon étau autour d’Alexeï avant de
m’avancer,furieuse,versmonancienmeilleurami.—Toi,jevaistefairelapeau.JemeretourneversLeandro,quicontinuedes’esclaffersurlecanapé.—Quantàtoi,tupeuxresterlàoùtues,parcequeceseratonlitpourcettenuit!—Oh,pourt’aideràtevenger,jepeuxtedonnerpleind’anecdotesembarrassantessurlui!LeandrostoppenetderireetfoudroieShayaneduregard.Maisfinalement,c’estsamèrequinous
fournitunearmecontrelui.—Cet homme, grand, beau et fort que vous voyez là devant vous, se faisaitmaquiller par ses
sœurstouslessoirs.Toutlemondeledévisage,essayantd’assimilercequevientdedireMaria.Leandro,lui,prendun
airrésigné.—Jen’avaispaslechoix,marmonne-t-il.—Ohoui,jem’ensouviens!Mêmequ’unsoir,tuasoubliédetedébarbouillerettuessortiàun
rencardavecdurougeàlèvresetdufardàjoues,s’exclameShayane.Jel’avoue,jesuislapremièreàéclaterderireenimaginantlascène.—Ellem’aprispouruntravesti,bougonneLeandro.—Hé,jepeuxt’appelerLeandramaintenant?demandeGary.Leandroluilanceuncousin.Lapièceestànouveauremplied’éclatsderire.—Mapuce,unpeudecompassion,s’ilteplaît.—Certainementpas!Lasoiréecontinuedanslamêmehumeur.Leandroestheureuxdevoirquejem’entendsbienavec
sa famille,enfinsionexclueNalia.À la findu repas,aprèsavoiraidéMariaàdébarrasser, jemefaufiledanslejardinetm’assoissurlabalancelle.J’aibesoind’êtreunpeuseule.—Toi,lanceunevoixféminine.Nalia.
4Minhamenina:Mafille(NdA)
Chapitre23
LINDA
Unejamberepliéesousmacuisse,unpiedàterre,jecontinueàmebalancer.Jenemeretournepaspour la regarder. Pour un début de relation avec la belle-famille, ça commence plutôt mal.Heureusementquejem’entendsbienavecShayaneetMaria,sinonjecroisquemesnerfslâcheraient.—Toi,jelancepourmeplacersurlemêmetonhautain.Ellevients’asseoirsurlesmarchesdevantmoi,allongesesjambesets’adosseàlarambarde.—Jecroisquejenet’aimepas.—Tucrois?Aumoins,mevoilàfixée,jegrogne.Je suis peut-être un peu agressive,mais je ne suis pas une femmequi se laissemarcher sur les
pieds.Peuimportemoninterlocuteur.J’aiunegrandegueule.Envingt-septans,ellem’aattirébiendesennuisetpourtantjenememaîtrisetoujourspas.Àquoibon?Celafaitpartiedemoncaractère.Unetensionpalpables’installeentrenous.—Qu’est-cequetuveux,Nalia?—Jeteretournelaquestion.Jeluilanceunregardnoir,nesachantpasoùelleveutenvenir.—Qu’attends-tudelui,Linda?Tusais,tun’espaslapremièrequejerencontre,mêmesiçan’a
jamaisétéaussi…officiel.Monfrèreestquelqu’undefortuné,d’influentdanscertainsmilieux.Necroispasquetusoislaseuleàvouloirl’utiliser.Tuneserasqu’unedeplusquisoitpasséedanssonlit.Je serre les dents, je comprends qu’elle veuille le protéger, mais il y a des limites qu’elle va
apprendreàconnaître.—ÉcouteNalia, tout ça, est bien noble de ta part,maisLeandro est un adulte. Il est capable de
prendresesdécisionstoutseul.Jenesuispaslàpourprofiterdelui,c’esttoutcedonttuasbesoindesavoir.Leresteneteregardepas.Je laisse le silence retomber entre nous. Je ne vais pas ressasser indéfiniment les mots cruels
qu’ellem’adits. Ilsnevontavoiraucuneemprisesurmessentimentspour luiousurnotrecouple.Leandromel’aditlui-même,ilm’amontréplusqu’àn’importequelleautre.Tuneserasqu’unedeplusquisoitpasséedanssonlit.Non!Jesuisbienplusqueça.Ilnem’auraitpasmentienmedisantcestroismots.Jesecouelatête,
Naliaaquandmêmeréussiàsemerledoutedansmonesprit.Doutequejedoiscombattre,jeneluipermettraipasdedétruirenotrecouple!
—C’esttoutcequetuavaisàdire?jel’interroge.—Non.Intriguée,j’attendsqu’elledéveloppe.—J’aimebeaucouptont-shirt.Jecherchelamoindretracedesarcasmeoudemoqueriedansletondesavoix,maisiln’yena
pas.Jecroisavoirtrouvéplusbizarrequemoi.—Tupassessouventducoqàl’ânecommeça?—Souvent.C’estunechosequi énerveLeandro,maisquim’amuse, répond-elle enhaussant les
épaules.—OK…Jenesaisplusquoidire,toutd’abordellem’agressepuisl’instantd’aprèsmecomplimentesurce
quejeporte.—Linda?—Hum.Jecontinuedelafixeretvoisunsouriresincèreécloresurseslèvres.Sonvisagen’exprimeplus
qu’uneamabilitéauthentique.—Jesuisdésoléemaisj’étaisobligéedetedireça.Beaucoupontvoulujoueravecluietquandje
leur faisaismonpetit discours elles nemontraient aucune émotion et je comprenais que l’histoireallaitserépéter,encore.Ellesnepensaientvraimentqu’àl’argent.Tueslaseuleànepasêtremontéesur tes grands chevaux.Àm’avoir remis àma place sans hausser le ton. Je ne sais pas commentl’expliquer,maisjesensdésormaisqu’avectoi…ilyaunechancepourqu’iltrouvelebonheur.—Doncsijecomprendsbien,c’étaituntest?—Enquelquesorte,dit-ellel’airpenaud.—Tusais,sij’étaisunegarce,j’iraistoutraconteràLeandro.Maiscommecen’estpaslecaset
quejetecomprendsunpeu,onvasecontenterd’oubliercetteconversation…!Elleselèveetsepostedevantmoi.—Est-cequetupeuxtelever,s’ilteplaît?Jefroncelessourcils,maism’exécutetoutdemême.Soudain,Naliam’écrasecontresapoitrine.
Lesbrasballants,jenesaispasquoifaire.J’imagineàquelpointceladoiténerverLeandrodenepassavoirsurquelpieddanseravecelle.C’estdéroutant.Jefinisparluirendresonétreinte.—Bienvenuedanslafamille,Linda.Ellesedétachedemoi,unénormesourireauxlèvresetlesyeuxlégèrementhumides.—Jelepensevraiment.—Merci…Etmoijepensequetuesunefillebienétrange…!Ellemefaitunclind’œiletrentredanslamaison.Complètementétourdieparcetteconversation
horsnorme,jem’affalesurlabalancelle.Ehbien,cettefilleestvraimenttrèsbizarre,maiselleauncôtéattachant.Jeprofiteducalmeetdel’airfraisdelanuitpourapaisermonesprit.Lelibérerdetoutlestress
qu’ilaressenti.Lesyeuxdanslevide,jerepenseàcettebonnesoirée.C’estlapremièrefoisqu’onaunréelmomentdedétenteavecJosh,depuisledébutdecetteaffaire.Mêmes’ilmontrequ’ilvabien,l’éclatdanssonregards’estéteint.Iln’estpluslemême,leJoshquej’aiconnuestmortdanscetteprison.Jepriepourqueceluiquiaprissaplacenousautoriseàl’aider,qu’ilpenseàs’appuyersurnouspourallermieux.Puis je réfléchis au couple que nous formons avec Leandro. Tout est allé très vite, je lui ai
pardonné tous sesmensonges, aussi énormes étaient-ils. Est-ce que cela fait demoi une personne
faible?Lesgensont tendanceàdirequel’amournousrendplusforts.Certes,maispasseulement.L’amourserévèleêtreaussinotrefaiblesse,onseraitprêtsàtoutoupresquepourgarderl’êtreaimé.Joshdébarqueessouffléàcôtédemoi.—Qu’est-cequisepasse,Josh?—Suis-moi,jevaistel’expliquerenmêmetempsqu’auxautres,çam’éviteraderacontertoutune
deuxièmefois…!Anxieuse,jeluiemboîtelepas.IladéjàprévenuLeandroetGaryquisontdanslesalon.Àl’instant
oùLeandromevoit, ilm’ouvre lesbras.Jesuisheureused’avoircetteprotectionfaceà l’annoncequenevapastarderàfaireJosh.Jesuiscertainequ’ellevabriserlatranquillitédecettesoirée.—C’estàproposdeSophia.Moncorpssetend,mespoingssecrispent.Leandroquiaressentimonangoissemecaresseledos.—Ellevabienmabelle,meditJoshensetournantversmoi.Jerelâchemonsouffle.Jenesupporteraispasqu’illuiarrivequoiquecesoitparnotrefaute.—Parcontre,elleareçude lavisite ilyavingtminutes.Deuxhommesbaraqués,quivoulaient
nousfairepasserunmessage.—C’étaitpournousdirequ’onn’estàl’abrinullepart,l’interromptLeandro.—Ellevabien?—Oui,justeunpeusouslechoc,maistulaconnais,elleatrèsviteretrouvésabonnehumeur.Jesuisunpeusoulagée,unpeuseulementcarjenelacroispasdutouthorsdedanger.—Jevaisluiaffecteruneéquipedeprotection,ditLeandro.Ildéposeunbaisersurmescheveuxets’éloignepourpasseruncoupde téléphone.Jeme laisse
tombersurlecanapéderrièremoi.—Putain,çame tuedenepasêtre là-bas !Çadevraitêtreàmoid’allervérifier siellevabien,
s’exclameJosh.— Josh, si tu y vas, tu lamettras encore plus en danger. Tu sais que tu peux faire confiance à
Leandropoursechargerdesaprotection.Necroispasque tusois leseulàensouffrir,c’estmonamieaussi.—Jesais.J’ai…j’aibesoind’allerfaireuntour.Jelelaissepartir.Sophiacomptepourlui,plusqu’ilneveutl’avouer.Espéronsqu’ilnes’enrende
pas compte trop tard. J’observe Gary qui n’a pas dit unmot depuis que je suis arrivée. Les brascroiséssurletorse,etappuyéauchambranledelabaievitrée,ilal’aircalme,bientrop.—Gary,toutvabien?Ilseredresse,secouelatêtecommepourrevenirparminous.—Nickel,jeunedemoiselle,jesuisjustepresséquetoutçasoitfini.Je me lève et m’approche de lui. On n’a pas passé beaucoup de temps ensemble, mais il était
présentpourmoiquandj’étaisauplusbas.—Sijamaistuasbesoin,jesuislà,hein.Ilmefaitunpetitsourire,jevoisbienlatristessedanssesyeux.Sansunmot,ilm’ouvresesbras.
Jem’yréfugieautantpourleréconforterluiquemoi.Auboutdequelquesminutes,ildesserresonétreinteetdéposeseslèvressurmonfront.—Merci,monange.—Tiens,plusdejeunedemoiselle,dis-jepourlefairesourire.—Paspourcemoment.Surcesmots, il s’éloigne. Je le suisdu regard jusqu’àcequ’ilne soitplusdansmonchampde
vision.Leandro arrive etm’annoncequ’une équipe est en routepour aller chezSophia. Joshn’est
toujourspasrentré,jesaisqu’ilneferapasdebêtise,maisjem’inquiètetoutdemêmepourlui.JefaispartdemescraintesàLeandro,ilmeditdeluilaisserdutemps.Onmontesecoucher,conscientsquelecauchemarestloind’êtrefinietqu’ilfaudrasûrementtrèsvitebougerencoreunefois.Jem’assoissurleborddulit,dépitéedecettefindesoirée.Jeveuxjustesoufflerunpeu,merde!
Jemeprometsqu’àlafindetoutça,jeprendsdesvacancesàMiami.Leandropasseparlasalledebainsavantdemerejoindre.Ilpassesonbrasautourdemesépaulesetmeserrecontrelui.—C’estbientôtlafin,mapuce.—Comment peux-tu en être sûr ?Onne sera jamais tranquilles, ils vont nous pourchasser aux
quatrecoinsdumonde…!—Fais-moiconfiance.—Tefaireconfiancenechangerienaufaitqu’onestdevenusdescibles.Etquetonpèreestceluiquinouschasse.Je suis bien trop épuisée pour continuer cette discussion. Jeme lève etme débarbouille dans la
salledebains.Lesmainsdepartetd’autredu lavabo, j’essaied’enterrer l’angoissequimenacederefaire surface.Putain !Toddnous avraiment foutusdansunbordel sansnom.Monautre souhaitavantmonvoyageestdel’étriperdemespropresmains.Lentement,trèslentement.J’inspireungrandcoup,sorsdelapièceetmeglissesouslacouvertureprèsdeLeandro.Jepose
matêtesursapoitrineetmelaissebercerparlesbattementsdesoncœur.Aumomentoùjesuissurlepointdem’endormir,Leandrosusurreàmonoreille.—Jet’aimeminhaquerida,nel’oubliejamais.Ilresserresesbrasautourdemoietl’instantd’après,jem’endors.Jemeréveilleensursaut,j’aifroid.JetâtonneàcôtédemoiàlarecherchedeLeandro,maisma
main rencontre duvide. Jeme frotte les paupières et plisse les yeux.Un coupd’œil sur l’horlogem’indiquequ’ilest5heuresdumatin.Jegrogne,ilestbeaucouptroptôt.Jeramènelacouverturesurmoietmerendorsaussitôt.Neuf heures, cette fois, c’est une heure plus convenable pour se lever. J’attrapemes affaires de
rechangeetfileàladouche.Leandronem’apasrejointecettenuit,ildoitêtreentraindesuperviserl’équipedeprotectionpourSophiaetsûrementunchangementdeplanque.Je descends dans le salon, tout le monde est sur le pied de guerre. J’en aurais presque honte.
Presque.Ohçava,jepensequej’ailedroitàuntoutpetitpeuderepos,non?JechercheduregardLeandro,maisnelevoispas.Jem’approchedeJoshpourluidemanderoùilsetrouve,ilmerépondqu’il le pensait avecmoi. Je fais le tour des personnes présentes et toutesme répondent lamêmechose.Alexeï tente de le joindre sur son téléphone, et tombe sur le répondeur. Il contacte l’équipeenvoyéeàSophia,Leandron’estpasaveceux.Deuxheuresplus tard,nousn’avons toujoursaucunenouvelle.Je fais lescentpasdans lesalon,
essayantdecomprendrecequ’ilsepasse.Ilestpeut-êtrejustesorticommeça,maisilauraitprévenuquelqu’unouiln’auraitpascoupésontéléphone.Soudain, les mots qu’il m’amurmurés à l’oreille hier soir me reviennent enmémoire, et leur
caractère…définitif.«Jet’aimeminhaquerida,nel’oubliejamais.»Etjecomprends.L’enfoiré ! Il est parti régler ça tout seul !Leshommes et leur complexede superhéros. Je t’en
foutraismoidescollantsetunsliprouge!Monpoingfaitlamalheureuserencontredumurdusalon.Putain,ilsnedisentpasqueçafaitaussimal,danslesfilms.Pourtant,mêmeladouleurnem’aidepas
oublier.Jen’arrivepasàcroirequ’ilaitrecommencé.Ondevaitréglerçaensemble!J’appuiemonfrontcontrelacloison,leslarmesauborddesyeux.Unemainseposesurmonépaule.—Onvaleretrouvermabelle,meditJosh.—Non.Ilestpartienfiniraveccettehistoire.Jejetteuncoupd’œilàsafamille.Jenecroispasqu’ellessoientaucourantqueFelipeestenvie.
Joshquiacomprislemessagem’emmènedanslacuisine.Unefoisàl’abridesoreillesindiscrètes,ilreprendlaparole.—Pourquoivoudrait-ilréglerçatoutseul?—AlexWilkes,c’estsonpère,dis-jelaconiquement.Joshfroncelessourcils.—OK…Maiscommentpourrait-ilsavoiroùestsonpère?—J’ensaisrienputain!Je m’appuie contre l’évier et ferme les yeux aussi fort que possible. Il faut que je me calme.
J’inspireprofondémentettentederéfléchir.Quanda-t-iltrouvéunepiste…?—Leblessé,ditsoudainementJosh.—Quoi?—Lependudelaforêt,Leandroluiaparlé.—Merde!Tupensesqu’ilaservidemessager?Ilhochela tête.Merde!Jem’avanceetm’appuiecontrelechambranledelaporte.Jeregardela
petitefouledanslesalon.Safamille.Leandrol’adéjàprouvé,ilestcapabledesesacrifierpoureux.Ilvientdelefaireencoreunefois.—Tucroisqu’ondevraitleurdire?jelequestionneenlesmontrantdumenton.—Jenepensepas,c’estàLeandrodelefaire.Oui,saufqu’iln’estpaslàpourlefaire.Jepousseunsoupir.—Jevaisdanslachambre,jetrouveraispeut-êtrequelquechosedanssesaffaires.—D’accord.Jemontequatreàquatrelesmarchesmenantàl’étage.Jeretournetoutesleschosesqu’ilalaissées
ici.Rien.Paslemoindreindice.Ils’estjetédanslagueuleduloupsansnousdonnerunechancedel’ensortir.Jem’affalesurlelit.RéfléchisLinda,réfléchis.Jenefaisqueça,ettoujourspasuneseuleidéebrillanteàl’horizon.Jem’allongeenchiendefusil
etcontemplelemur.Jeseraibientôtàmêmededirecombienilyafeuillessurl’arbrequiyestpeint.Descoupsfrappésàmaportem’empêchentdecontinuermoncalcul.—Oui.La petite tête de Shayane passe dans l’embrasure. Jeme redresse et lui fais signe d’entrer. Elle
s’assoitsurlelit,ouvreplusieursfoislabouche,maisaucunsonn’ensort.Jeluipresselamainpourl’encourager.—Est-cequecettemissionestdevenuepersonnellepourLeandro?—Pourquoipenses-tuça?—C’est lapremière fois,depuisque l’onest réellement installésqu’ondoitchangerdemaison.
Dis-moicequisepasseLinda,s’ilteplaît.Jel’observeensilence,enpesantlepouretlecontredecequejedoisluidire.—Oui,cettemissionestpersonnelle.Leandroestpartisansprévenircematin.Onpensequ’ilest
enroutepourallervoir…leresponsabledecettehistoire,dis-jesansrentrerdanslesdétails.—C’estbiensongenre.Etvousn’avezaucunmoyendesavoiroùilest?
—Non.Sij’avaissu,j’auraismisunmouchardsurlui.Commeill’avaitfaitavecmoi.—Personnepourvousaider?Todd&Cosontpeut-êtrebienmortsà l’heurequ’ilest.Sinonnosopposantsn’auraientpasmis
autantdepersonnessurnous.Ondoitêtrelesderniersàéliminer.Donc,nonnousn’avonsplusque…—Shayane,tuesungénie!Jecoursjusqu’autéléphoneetcomposelenumérodesalignesécurisée.—Louis.—Bonjour,c’estLinda.Jevaisavoirbesoindetoi.—Dis-moitout.Je lui fais un rapide récapitulatif de la situation et de ce dont j’ai besoin.On finit par semettre
d’accord, et on se donne rendez-vous dans quatre heures. Shayane qui a été témoin de notrediscussion,dumoinsd’unepartie,estintriguée.—Jecroisqu’onvapouvoirretrouvertonfrère.Jedescends lesmarcheset regroupenotreéquipeélargiedans lesalon.Je refaisunbref topoet
leurindiquecequ’ilsdoiventfaire.Toutlemondesedisperseaprèscetteréunionimprovisée.J’espèrequenotreplanmarcheraetqu’ons’ensortiratoussainsetsaufs.
Chapitre24
LEANDRO
Je laregardeunedernièrefois.Soncorpsestàpeinedissimulépar lacouvertureetsescheveuxsont en bataille sur l’oreiller. Je grave cette image de mon ange dans mon esprit. Mes lèvress’attardentsursonfrontetjem’envaisaussisilencieusementquepossible.Jeluiaiditquetoutseraitbientôtfini,jetiendraicettepromesse.Jeledois.Pourelles.Jemontedans lavoitureetm’attardeun instant,avantdemettrede ladistanceentremoietceux
pourquijedonneraismavie.Uneenparticuliernemelepardonneracertainementpas,maissiçaluipermetd’avoirlaviesauve,j’enprendslerisque.Jedémarreetm’éloigne,prêtàfaireunsautdanslepassé.Ilesttempsd’affronterlesfantômes.J’arrive au lieu de rendez-vous transmis par l’intermédiaire de l’homme que l’on a capturé. Je
savaisparfaitementqu’il serait capablede s’en sortir.C’est là-dessusque j’aimisépourmettreuntermeàcettehistoire.Jegaremavoituresurlebas-côtéetattendsl’arrivéedeceluiquiaétéàuneépoquemonpère. J’ai choisi l’entréed’une forêtpeu fréquentéeen semaineet jemedoutequedetoutefaçon,onnevapasresterici.Dixminutesplustard,un4x4toutesvitresteintéessegareenfacedemoi.Jenepeuxapercevoir
queleconducteuret lepassageràsescôtés.Personnenedescenddevoiture, la tensionmonted’uncran.Ilesthorsdequestionquejesoislepremieràlefaire.Finalement,laportièrecôtéconducteurs’ouvre et un homme d’environ un mètre quatre-vingt-dix sort. Je passe en revue les différentstatouagessursesbras.L’und’euxestrougevif,maisjen’arrivepasàcomprendrecequ’ilyestécrit.L’hommes’avanceversmonvéhicule,ladémarchesoupleetconfiante.Jefouillesoncorpsduregardà la recherche de la moindre arme, mais n’en trouve aucune. À part ses mains, qui pourraientaisément tuer un homme. J’ouvrema portière et reste derrière elle. Sait-on jamais…L’homme seplace devant moi, nullement impressionné. Ne jamais sous-estimer son adversaire, il apprendrabientôtmadevise.—Onvaallerfaireuntour.Maisavant,jevaistefouiller.Jelèvelesbrasetlelaisseconstaterquejeneporteaucunearme.Ilenlèvemonportabledemon
pantalonetlebalancesurlesiègeconducteur.Cethommeestbientropcalmeetpolipourêtreclean.Ilyaquelquechosequicloche.Ilmebandelesyeuxetmelielesmainsdansledos.—Nejouepasauconettoutsepasserabien.J’obéisetcommenceàmarcherlorsqu’ilmepoussepouravancer.Aprèsquelquespas,ilouvreune
portièreetbaissematêtepourmefaireentrerdanslavoiture.J’entendslaporteclaqueravantqu’il
n’entreàsontourdanslevéhicule.Jesensuneprésenceàmescôtésetpourtantpersonneneditunmot.Unsilencedemortrègnedansl’habitacle.Jecroisqu’uneheureestpasséeavantqu’onnechangedevéhicule.Encoreuneheurederoute,et
on s’arrête définitivement. On m’enlève mon bandeau, je cligne des yeux pour m’adapter àluminosité. Je regarde autour de moi, mes nouveaux amis m’ont emmené dans un entrepôtabandonné.—Charmant,jemarmonne.—Tut’yferas.Encoreunefois,c’estceluiquim’aattachélesmainsquiaparlé.J’enconclusquec’estluilechef
de cette petite bande. Les autres n’ont pas ouvert une seule fois la bouche. Ils sont tous dumêmeacabit.Grands,baraquésetsilencieux.Jevoisquemonpèreaprissoindenepasenvoyersagarderapprochée aprèsnousdans laplanque.Leurmissionn’aurait certainementpas échouédans le cascontraire, car ils ne sont pas de lamême trempeque ceuxde la nuit dernière. Ils sont déterminés,loyaux,définitivementprêtàmourirpourlui.—Avance,dit-ilenmepoussant.Plus je m’approche de l’entrée et plus un plan prend forme dans ma tête. Plan qui tombe
complètementàl’eauunefoisquej’aipassélaporte.Del’extérieur,onpenseraitquecettebâtisseesttotalementabandonnée,etpourtantcen’estpasdutoutlecas.C’estunevraiefourmilièreàl’intérieur.Unentrepôtavecdesouvriers.Uneusineàcame.Unimmenselaboratoire.Putain,maiscommentest-ce possible de dissimuler les activités d’un lieu aussi grand… ? C’est impossible… à moins degraisserlesbonnespersonnes.Monpèreabiengravileséchelons.Jeregardeautourdemoi,effaré.Toutlemondes’affaireàranger.Ilfautcroirequ’ilssontenpleindéménagement.—Fils.Jefaisvolte-facepourdétaillerl’hommequioseencorem’appelerainsi.Ilestmoinsnégligéque
sur la photo queLindam’amontrée.Beaucoupmoins. Il est vêtu d’un costume fait surmesure etporteunemontredemarque.Sil’ons’arrêteàça,onpourraitcroirequec’estunepersonnequines’estjamaissalilesmains.Maislorsqu’onregardesonvisage,onvoitderrièresonairhautainqu’iln’hésiteraitpasunesecondeàtueraumoindreécart.—Felipe.—Laissez-nous,dit-ilenfaisantunvaguesignedelamainàsesgardes.Unrictusamersurleslèvres,jedévisageceluipourquij’auraisdonnémavie.Celuiquin’apas
hésitéàdemanderàsamilicedenouséliminer.—Jevoisquetunetelaissespastuersifacilement.Tufaislàmafierté,fils.Jeserrelespoings,l’enviedeluiôterlaviemaintenantmeronge.—Tun’espasmonpère,lemienestmortilyaquinzeans.—Oui,jemesouviensparfaitementdecepetitcolis.Ilagitesamaingauche.J’aperçoissansmalqu’illuimanqueundoigt.—Trêvedebavardage.Jenetecachepasquej’aiétésurprisd’apprendrequetun’étaispasmort
aprèsavoirtuélechefdegang.CommentvontMariaetmesfilles?J’aimeraislesrevoir.Jem’avanceversluisibrutalementqu’ilrecule,collantsondoscontrelemur.—Toucheàunseuldeleurscheveuxetjetetue.Desbrasm’encerclentimmédiatementetm’empêchentdemettremamenaceàexécution.—C’estbon,lâchez-le.J’avaisoubliéqu’ilavaitlemêmesangchaudquemoi.Jeprendsunegrandeinspirationet tentedemecalmer.Cen’estpasenessayantdeletuerqueje
vaism’ensortir.
—Qu’est-cequetuveuxdePerrin?Jepréfèrenepasprononcersonprénom.Jenesaispasjusqu’oùFelipeamenésesinvestigations,
jeneveuxpasqu’ilsacheàquelpointjetiensàelle.—TadouceLinda…Ilsait.Merde!—Ma foi, jemecontenteraisde savie, àprésent.Toddm’abeaucoupénervé. Il connaissait les
risquessijamaisilvenaitàmetrahir.Lamortdetoutesonéquipe.Pasdetémoin,pasdetraces.—Tusaisaussibienquemoiqu’ellen’arienàvoiravectontrafic.—Oui.Maislapauvreétaitlàaumauvaismoment.Jen’aimepasqu’onsurveillemesrendez-vous.Jemetsuncertaintempsàreconstituerlepuzzle.Enfait,ToddaenvoyéLindasurveillerFelipe,et
nonGDS.Maispourquoi,alorsqu’ellen’étaitmêmepasaucourantdecequisetrafiquait?—Situsaisqu’ellen’yestpourrien,pourquoitunet’enprendspasàTodddirectement?— Je l’ai fait. Aumomentmême où il comptait s’envoler avec de la drogue et un stock assez
importantd’armesm’appartenant.Ilaapprisàsesdépensqu’onnevolepasunSanchezsansensubirlesconséquences, très lentement. Ilm’a justefalluunpeude tempspour le trouver, réplique-t-ilenhaussantlesépaules.C’est donc pour cela que Josh a été torturé, pour savoir où se trouvait son patron. Jeme pince
l’arêtedunez,cettehistoireestinvraisemblable.—Allonsfaireuntour,fils.Tusais,cen’estqu’unmalheureuxmalentendu,cequis’estpasséhier
soir.Ildevaitterameneràmoivivant,j’aimeraist’expliquerunpeucequejefais,parcequejevoisungrandpotentielentoi.Ettuferascequejetedis,situtiensàcequetamèrepuissevoirunjoursespetits-enfants.Cethommeestunvéritablepsychopathe.Felipefanfaronnedusuccèsdesonentreprise.Ilestfierdesaréussite.Ilnevoitpasledégoûtqui
sedessinesurmonvisage.Sesgardesducorpsnenouslâchentpasuneseconde,anéantissantparlamêmeoccasiontoutesmeschances.Ilm’emmènedansunbureauquidétonneaveclerestedel’immeuble.Danscetespace,toutrespire
leluxeàoutrance.Toutestdansladémesure.Lesmeublessontenboisexotique,ilyauntapispersanbleuausol.Maiscequimefaitpenserquecethommeestmégalomane,c’est lelustredecristalauplafond.Toutceladansuneusineàpeineréaménagéeetiln’yaquemoiqueçachoque.Felipemefaitsignedeprendreplaceenfacedelui,alorsqu’ils’installedanssonfauteuildigned’unchefd’État.Jepréfèreresterdebout.—Alorsfils,commentseportetonaffaire?Ilcroitqu’onvatoutbonnementsemettreàdiscutercommesiderienn’était.Faceàmonmutisme,
ilsefaitinsistant.—Laviedetueurprofessionneltevaàravir.J’avaispeurquetunetournesmal.C’enesttrop,monsangnefaitqu’untour.J’abatsviolemmentmonpoingsursonbureau.Felipea
unmouvementderecul,maisilreprendvitecontenance.Jebaisselavoix.—Écoute-moiattentivement,Felipe.Nousnesommesplusdelamêmefamille.Nousnesommes
pasamis.Neprétendspast’êtresouciédecommentjemenaismavie.Nousnesommesplusrienl’unpourl’autre.Tupeuxremerciertagarderapprochéeparcequec’estgrâceàellequetuesencoreenvie.Cethommeenfacedemoin’estplusrienpourmoi.Cen’estqu’unconnarddeplussurcetteterre.
Undontjerêved’ôterlavie.C’estàcausedeluiquej’aichoisicettevoie.Etc’estunechosequejeneluipardonneraijamais.Ilréajustesavestedecostumeavantderépliquer.
—Jevoisquetuashéritéducôtémélodramatiquedetamère.Bien,situpréfèreschangerdeton,c’estcequ’onvafaire.Emmenez-leprendre l’airderrière lebâtiment.N’hésitezpasàemployer laforcepourluiapprendrelesbonnesmanières.Ilmeregardedroitdanslesyeuxavantdemefairepartdesavisiondel’avenir.—Quandtureviendras,ondiscuteradenotrefuturpartenariat.J’oseespérerquetutemontreras
plusconciliant.TuvassuivreNikolaï,dit-ilendésignantleseulquim’aadressélaparoleparmilesgardes.JedétailleleditNikolaï,jen’auraisjamaisdevinéqu’ilvientdespaysslaves.Jecomprendsmieux
pourquoi jen’arrivaispasà lire son tatouage, il est écritdansune langueétrangère.Surunvaguesigne de la main de Felipe, deux de ses gardesm’attrapent les bras et m’emmènent à l’extérieur.Intérieurement, je fulmine.S’ilspensentque jevais les laisserme tabasser sansne riendire, ils sefourrentledoigtdansl’œil.Jeneseraipasleseulàavoirdumalàmarcheraprèscette«entrevue»!Onpassedevantdesdizainesdechimistesenherbequicontinuentàremballerleurmatériel.Être
dans ce laboratoire rempli d’autant de produits dangereux neme rassure pas du tout. Lemoindreaccidentconduiraàunecatastropheetjepréfèreêtreloinlorsquecelaarrivera.Notrepetitgroupearrivedevantuneportedontchaînesetcadenasempêchentl’ouverture.Nikolaï
sortuneclédesapocheetouvre.Pasunseulmotn’estprononcé.Jesaiscequim’attend.Lechefnenous suit pas dehors, il appelle le troisième luron de leur bande. Il luimurmure quelque chose àl’oreille et à en juger par l’éclair de surprise qui traverse ses pupilles, ce n’est pas une demandehabituelle.Avantdepartir,ilmeregardeuninstant,mefaitunclind’œilettournelestalons.Encoreenpleineréflexionsurlasignificationdecegeste,jenevoispaslecrochetdudroitarriversurmamâchoire.Jevacillelégèrementsurmesjambes.Jesecouelatête.L’enfoirénem’apasloupé.Lesecondme
donneuncoupdepiedderrièrelegenouavantdemetenirfermementpendantquel’autres’amuseàtesterlarésistancedemonabdomen.Il fautque jemesortedecettesituationou jenedonnepascherdemapeau,mêmesimoncher
papameveutvivant.Jeviselescouillesdeceluifaceàmoiavecmonpied.Lindaseraitfièredemoi.Jeluiassèneensuiteuncoupdepiedsurlatempe.Leandro:1-Connards:0Celui qui me tient resserre son bras autour de ma gorge. Ma respiration se fait sifflante, mes
penséeséparses.Jesensunelourdeurenvahirmatête.Mavisionsetrouble.Leandro,situnetebatspas,jeferaidetoiuneunuque!LavoixdeLindamesortdematorpeur.Jefaiscroireàmonassaillantquej’aiperduconnaissance.
Aumomentoùilrelâchelapression,jeluidonneuncoupdecoudedanslenez.J’enchaîneavecunsemi-uppercutetuncoupdepiedretournéquil’envoievalserdansdesdétritusaufonddelacour.Jesuisépuisé,maisjen’aipasletempsderespirer,lepremierquej’aienvoyéàterreserelèvedéjà.Ilfoncedroitsurmoi,m’encerclelatailleetmoncorpschutelourdementsurlebéton.Jeserreles
dents lorsque jesensunedouleur fulgurante traversermoncôtédroit. Jeprotègema têteavecmesavant-brasquandunepluiedecoupss’abatsurcelle-ci.Àl’aidemonbassinetdemesjambes,j’arriveàretournerlasituationetjemeretrouveau-dessusdelui.Àmontourdeneplusretenirmescoups.Lecontactfroiddumétalcontrematêtestoppenetmespoings.—Jecroisqu’ilesttempsd’arrêterlesfrais,meditNikolaïenappuyantunpeupluslecanonde
l’armecontremapeau.Tuvas te leversansfairedemouvementbrusque.FilsdeWilkesoupas, jen’hésiteraipasunesecondeàt’abattre.
Connards:VictoireparK.-O.Lentement, jemeredresseenlevantmesmainsenl’air.Jeregardemesdeuxadversaires, j’aiau
moins la satisfaction de les voir assommés. Jeme retourne versNikolaï. Je fronce les sourcils, ilafficheungrandsourire.—Jepeuxsavoircequ’ilyadedrôle?— Je savais que tu n’aurais aucun mal à les neutraliser. C’est ce que j’ai dit Dimitri. Plus
exactement:onserevoitenenfer.Ilfautcroirequecen’estpaspouraujourd’hui,dit-ilenhaussantlesépaules.Jesuisdérouté.«Onserevoitenenfer»?Quelgenred’hommesditçaàsoncoéquipier?—Avance,jevaistefairevisiterpendantquetonpaterneljoueauMonopolydanssonbureau.Et
onvaenprofiterpourdiscuterunpeu.Jelesuiscommejepeux,moncorpsperclusdedouleurs.Lebâtimentestàprésentquasimentvide,
seulsquelquescartonstraînentencoreicietlàdansl’espacevide.Plusunchimistedanslesenvirons.Nikolaïm’arrêtedansuncoin,l’airleplussérieuxdumonde.Ilregardeautourdeluiavantdese
mettreàparler.—Écoute,onn’apasbeaucoupdetemps.Jesuissouscouverture.Jeviensderecevoirunmessage
commequoimamissionsefinitcesoir.Onvafrapperungrandcoup.Alex–ouFelipecommetul’appelles – va tomber. J’ai bien compris que tu n’étais pas chaudpour accepter sa propositiondetravailleraveclui,etmêmequetuavaisunesacréedentcontrelui,maisjedoisêtresûr.Dequelcôtétues,exactement?Commentêtresûrquecen’estpasunpiègedeplus tenduparFelipe?Cemaladeestcapabledu
pire.Jeréfléchisuninstantetdécidedetenterletoutpourletout–jen’aipasvraimentlechoix.—S’ilexisteunmoyendefairepayercetteordure,j’ensuis.Pèreoupas,cesoirjen’auraiaucunscrupuleàmevenger.C’estladernièrepenséequej’ai,avant
deressentirunevivedouleursurlatête.
Chapitre25
LINDA
Uneheureplustôt
C’estlecorpstremblantdetoutespartsetlecœurbattantàcentàl’heurequej’attendsLouissurleparkingdecefast-food.Jene l’aipasvudepuisdeuxans.Deuxansoùmacolèreaeule tempsdegrandir, de se nourrir des moindres détails de notre dernière dispute. Où j’ai ressassé encore etencoretouteslesméchancetésquejeluiaidites.Deuxanspeuventparaîtreunepériodeinfime.Maisçam’aparudureruneéternité,parcequel’undemesparentsétaitmaladealorsquel’autreétaitjenesavaisoùetsemblaits’enmoquertotalement.Jemesouviens,presquemotpourmot,denotredernièreconversationtéléphonique.Jel’aiaccusé
den’êtrequ’unlâche,parcequ’ilavaitabandonnémamèreenluiécrivantunelettrederupture.Queladulteosefairecegenredechose,nemêmepasannoncerçadevivevoix?Pourmoi,ilavaitfaitunchoix entre le gouvernement et sa famille. L’amour des siens ne comptait plus, seul le pouvoirl’intéressait.Quandilsm’ontapprisquemamèreétaitmalade,j’étaisencoreenmission.Jenesuispaslapremièrepersonnequ’ilsontprévenue.Non,c’étaitLouisetcetenfoirén’amêmepasrépondu.Etlorsqu’ilaprisconnaissancedesonétatdesanté,ilnes’estmêmepasrenduàsonchevet,pasuneseulefois.Non,monsieuratoutsimplementenvoyédel’argent.Ilabalayétrenteansdemariagecommesicen’étaitqu’ungraindepoussièredanssavie.Allez,
ouste,j’aiplusurgentàm’occuper.Jeneluiaiplusjamaisadressélaparole.Maislesderniersévénementsfontquejesuisdésespérée
et que je n’ai pas le choix.Cen’est pas pour autant que je lui pardonne.Mon cœur saigne encoreprofondément de ce rejet de notre famille qu’il a fait. Je ne sais pas si je serai un jour capabled’oublier.Lebruitd’unevitrequel’onbaissemesortdemespensées.—Çavaaller,mabelle?medemandeJosh.Ilatoutfaitpourmeconvaincredelelaisserm’accompagner,pendantquelesautrespréparaientle
changementdeplanque.Alexeïademandédurenfort.J’ail’impressionqueLeandrotravailleplusenéquipe qu’il ne me l’a fait croire. D’où sortent tous ces renforts ? Est-ce qu’il fait appel à desentreprisesprivéesdesécurité?—Linda?J’aioubliéqueJoshattendaituneréponseàsaquestion.—Oui,net’inquiètepaspourmoi,dis-jeavecunsourireforcé.
Iln’estpasdupe,ilsaitàquelpointçavaêtredifficilepourmoid’affrontermonpère.Ilestleseul,avecSophia,àqui j’ai toutraconté.Mais iln’insistepasplus.Jecommenceàfaire lescentpas,enregardantmamontretouteslesdixsecondes.Ilestenretardetjenesaispassijedoism’eninquiéterplusqueça.Laponctualitén’ajamaisétésonfort.Enfin,uneberline,toutesvitresteintées,arrivesurleparking.Elleseplacejustedevantmoi.Louis
descendduvéhicule.J’avaisoubliéàquelpointilenimposaitdanssoncostumed’hommepolitique.Demarque,bienévidemment.—Louis,dis-je,laconiquement.Il reste un instant sans rien dire. L’émotion se dessine sur son visage. Il avance d’un pas, seuls
quelquescentimètresnousséparent.Illèvelamaincommepourmetoucher,maisseraviseauderniermomentetrestelesbrasballantsdevantmoi.—Maprincesse,tues…Ilseraclelagorgeetreculed’unpas.Jesuisobligéedeserrerlespoingsetdecroiserlesbrassur
mapoitrinepournepasmejeteràsoncou.Jenepensaispasquelatristesseseraitlesentimentquiressortiraitlapremièrefois.J’auraispréféréquecesoitlacolère.C’esttellementplussimpleàgérerpourmoi.Lacolèred’avoirétéabandonnéeplutôtquela tristessed’avoirperduunpèreaimant.Jem’adosseàlaportièredelavoiturepourmettreunpeuplusdedistanceentrenousetlèvelesyeuxaucielpourempêcherleslarmesdecouler.—J’ailesinformationsqu’iltefaut.Commetulepensais,iln’étaitpasimaginablequ’unêtreaussi
recherchésoitsurnotreterritoiresansqu’onlesache.Enfait,nousavonsunagentsouscouvertureactuellement près d’AlexWilkes. L’assaut va être lancé ce soir dans un laboratoire situé dans unbâtiment abandonné.LaprésencedeLeandro sur les lieux a été confirmée.Une équipe est déjà entraindesepréparerpourintervenir.Jepeuxtegrefferofficieusementsurl’assautavecJoshetdeuxautres, comme tume l’as demandé.Mais il faut absolument que vous respectiez les consignes quivousserontdonnées.IlsveulentWilkesvivantetsurtoutaucunblessé.JeregardeJoshquin’apasprislapeinededescendrepoursaluerLouis.Vucequejeluiairaconté
surcedernier,jecomprendssesréticencesàsemontrercourtois.J’ailaissélafenêtreouvertepourqu’ilpuisseentendrel’échange.Ilhochelatêtepourdirequ’ilestd’accord.—C’estOKpournous.Oùdoit-onserendrepourrejoindrel’équiped’intervention?—Tiens,cesontlescoordonnéesGPSdelàoùilssetrouvent.Demandel’agentDavis.Vousdevez
yêtredansuneheure.Avecousansvous, ils lanceront l’assaut.Alorssoyezà l’heure. Ilyauraunéquipementpourvoussurplace.Armesincluses.Essayezdenepasfairefoirercettemission.Malgrémarancœurenverslui,jesaisqu’iljouegrosennouspermettantd’êtresurleslieux.Siun
incidentalieu,çavaluiretomberdessus.—Ongère,toutsepasseracommeilsl’ontprévu.Detoutefaçon,lesortdeWilkesnem’intéresse
pas.JeveuxjustesortirLeandrodelà.Louis neme répond pas. Ilme contemple, son regard plongé dans lemien comme s’il avait le
pouvoirdesondermonâme.—Tunem’aspasditpourquoiceLeandroétaitlà-bas.—Effectivement,maisest-cequec’estsiimportantqueça?Làencore,unsilencepasseavantqu’ilreprenne.—Tutiensà lui.C’estbienque tuaiesquelqu’unsurqui t’appuyer.Prendssoinde toi,mabelle
princesse.Ils’avanceversmoi,déposeunbaisersurmonfrontets’envasansunmotdeplus.Complètement
sonnée,jenebougepas.Lagorgenouée,jelaissefinalementcoulerleslarmesquejeretiensdepuis
ledébut.—Prendssoindetoiaussi,papa.J’essuiemeslarmes,montedanslavoitureetposematêtecontrelevolant.—Tuveuxquejeconduise,mabelle?—Non,çavaaller,Josh.J’aijustebesoindedeuxminutesetonrejointlesautres.Jeprendsdenombreusesinspirations,visualiseuneétendued’eaupaisible.Trèsvite,undécorme
vientàl’esprit.L’océan,laplage.Unpaysagemagnifiquedevacancesauchaud.Voilà,c’estcequ’ilmefaut.Plustard.Unefoismoncalmeretrouvé,jedémarre.—AppelleAlexeï,préviens-lequ’onarrive.Jevaisaussivitequejepeuxtoutenévitantlesvéhiculescivils.Merciàlaformationdeconduite
extrêmequej’aireçue!J’arriveenuntempsrecordàlamaisonoùlesautressontdéjàentraindemonterenvoiture.JedisaurevoiràMariaquimeserrelonguementdanssesbras.Commeunemèreavecsafille.—Mamanlâche-la,tuvasl’étouffer,intervientShayane.Jesuiscontentequ’ellemesortedelà,jesuisdéjàauborddeslarmes.Àsontour,ellem’étouffe
danssonétreinte,maisplusbrièvementquesamère.Nalias’arrêtedevantmoietcroiselesbrassursapoitrine.—Quandtuleverras,j’espèrequetuluibalancerasuneénormegiflepourluiremettrelesidéesen
place.Jesourisethochelatête.Ellemeprenddanssesbrasetmurmureàmonoreille.—Revenez-nousvite,d’accord?Encore une fois, je ne peux que hocher la tête. Je fais signe de lamain alors que les véhicules
démarrent.Lessavoirensécuritém’enlèveunpoidsdesépaules.Jemeretourneversleshommesquisontrestéssurlesmarches.Josh,GaryetAlexeï.Manouvelleéquipe.LeseulespoirdeLeandro.—Bon,lesgars.Jecroisqu’ilestl’heured’allerbotterdesculs.On a à peine pris le temps de se changer, et nous voilà sur la route qui mène à l’équipe
d’intervention.Lesgarçonsessaientdemedérider,maisc’estpeineperdue,jenefaisquestresseretimaginer le pire. Vu le fabuleux CV de son père, mes craintes sont tout à fait légitimes. Je mesouviens encore de l’état dans lequel j’ai retrouvé Josh. Et si jamais il arrivait la même chose àLeandro?Oupireencore?Jeserrelesdentspourgarderlevisageimpassiblequej’arboredepuisque je suismontée en voiture. Seulesma jambequi tressaute etmesmains que je serre à en faireblanchirlesarticulationstémoignentdemonniveaud’anxiété.—Hé,onvaleramener,monange.Jeme tourne versGary. Il neme lâche plus d’une semelle.À croire qu’il a peur que je craque
maintenant,commeilm’adéjàvuelefaire.Mêmes’iln’apastoutàfaittort,cen’estpaspourmoiqu’il faut s’inquiéter actuellement. Leandro doit être notre seule préoccupation. J’ai besoin demechangerlesidées.Alorsjedécidedeletaquiner.—Donctuasdéfinitivementditadieuau«jeunedemoiselle»?Uneombrepassedanssesprunellesavantqu’ilneretrouveunairenjoué.—Jeseraiàjamaistonpreuxchevalier.Àtonservicepoursatisfairelemoindredetesdésirs.—TusaisqueLeandroessayeraprobablementdetetuersitum’appellesmonangedevantlui.—Qu’ilessaie,répliqueGary,l’airfaussementféroce.Jelèvelesyeuxauciel,leshommesetleurego.PourtantjenedoutepasunesecondequeLeandro
soitcapabledemettreGaryausolsanseffort.Maisilrestetellementdechosesquej’aimeraissavoir
surlui.—Commentçasefaitquetumaniessibienlesarmes?Il tourne la tête vers la vitre, je ne sais pas si c’est pourme cacher son expression ou pour se
perdredanssespensées.—C’estunelonguehistoire,souffle-t-il.—Çatombebien,j’aitrenteminutesdevantmoi.Ilmelanceunregardtristeavantderegarderànouveaulepaysagequidéfile.—Unehistoirequinevautpaslapeined’êtreracontée.J’entendssasouffrancederrièresesmots.Jen’insistepas,pourl’instant.Etmecontentedeserrer
samaindanslamienne.Illaserreenretourensignederemerciement.Jenesaispascommentdéfinirlarelationquis’établitentrenous.Notrepremièrerencontreaétéhouleuse,mais les joursqu’onapassés ensemble nous ont rapprochés. Ce ne sont pas des sentiments amoureux qui se sontdéveloppés,maisuneforteamitié.Jesuisconvaincuequ’avecletemps,ils’ouvriraàmoi.Quandilseraprêt,jeseraisprésentepourluicommeill’aétépourmoi.La voiture emprunte un chemin de terre qui débouche sur une petite bâtisse où un attroupement
s’activeàchargercamionset4x4.Unevingtainedepersonnessontréuniesprèsdesvéhicules,pourlaplupartdéjàbardéesd’équipements.—Etbien,çafaitbeaucoupdemondepouruneseulepersonne,marmonneAlexeï.—Serais-tutimide?luidemandeJosh.—J’envauxaumoinsdixd’entre eux, aucune raisond’être timide. Jevais leurmontrer ceque
c’est,unhomme.—Tuvassurtoutleurmontrercommentseridiculiserendeuxsecondes.Regardeàladéfinitiondu
mothommedansledictionnaire,c’estmonpatronymequiestécritàcôté,répliqueJosh.J’ai déjà dit qu’ils me fatiguaient, ces deux-là ? Oui ? Ben, je le redis. Ils sont irrécupérables.
Toujoursentraindesechamailler,j’ail’impressiond’avoiraffaireàuncoupledevieux.Etpourtant,ilsneseconnaissentquedepuislaveille.—Bonlesamoureux,vousavezfini?jelancepourlesfairetaire.Ilsseretournentcommeunseulhommepourmelancerunregardnoir.Aumoins,maméthodea
fonctionné.Jedescendsdevoitureetmedirigeverslegroupeleplusproche.—Bonjour,jechercheleresponsabledel’opération,dis-jeàlacantonade.—Quiledemande?medemandeunevoixderrièremoi.Jefaisvolte-faceetmeretrouvedevantunhommefortséduisant.Lapeaucouleurébène,deslèvres
pulpeuses, mais ce qui fait son charme c’est son sourire ravageur. Quelque choseme dit que lesgarçonsvontseliguercontrelui.C’estconnu,ilnepeutpasavoirqu’unSerialKillerdelaCulottedans un groupe. Sauf dans le mien, j’en ai déjà trois derrière moi. Beaucoup trop d’ego et detestostéronedansunmêmeenvironnement.—Vousêtes?jedemande,mêmesijemedoutedesonidentité.—BrianDavis,leresponsable.JesupposequevousêtesLindaPerrin?Toujourscemêmesourire.J’entendspresquelesmecsgrognerderrièremoi.—Voussupposezbien,Davis.Jevousprésentemonéquipe.Josh,GaryetAlexeï.Illeurfaitunsignedetêteavantdereportersonattentionsurmoi.—Suivez-moi,jevaisvousfaireunrécapitulatifdelasituation.Il nous emmène dans une tente que je n’avais pas remarquée jusque-là. Suffisamment spacieuse
pourymettreunetableetquelqueschaises.Davisseplaced’uncôtédelatable,nousdel’autre.—Commevouslesavezsûrement,Wilkesaunmandatd’arrêtinternationalsurledos.Çafaittrois
ans que notre infiltré est sur le dossier. Ce soir, on clôt définitivement l’affaire Wilkes. Il estactuellementdansunbâtimentabandonnéqui luisertdelaboratoire.Juste ici,dit-ilendésignantunemplacementsurunecarteposéesurlatable.Ils’apprêteàleverlecamppourquitternotrepays.Onestdéjàen trainde filer ladrogueen transit,véhiculéepar lamajoritédesonéquipe. Iln’yaplusqu’unepartiedesagardeaveclui,unechancepournous.Onaassezdechosescontreluipourqu’ilsoitjugédevantlaCourPénaleInternationale.C’estlemomentoujamais.—Pourquoiavoirattenduaussilongtemps?l’interromptGary.—Onvoulaitréunirdespreuvessuffisantespourl’inculperdetouslescrimesqu’ilacommis,et
non seulementquelques-uns.Pasdedemi-mesurepourunepourriturepareille.Toutes sesvictimesméritentqu’onleurrendejustice.Onhochetouslatêteensigned’assentiment.Ildéposeplusieursclichésdevantnous.—J’aidéjàbriefétoutlemondepourl’intervention.Vousserezavecl’équipealpha,vouspasserez
parl’entréeprincipale.Lesautresprendrontlesissuesarrièreetlatérales.Ilyauraaussidessniperspours’occuperdesfuyards.Iln’yaqu’unétage,c’estlàqueWilkesasonbureau.—Etvotreinfiltré,iljouequelrôle?Qu’onneluitirepasdessusparmégarde,intervientAlexeï
pourlapremièrefois.—Nevousinquiétezpaspourlui,ilsauraquandilfautdécamper.—IlvousadonnédesnouvellesdeLeandro?jedemanded’unairfaussementneutre.—Ilvabien,maisavecWilkesonnesaitjamaiscombiendetempsçapeutdurer.Ilpeutêtretrès
calmeetl’instantd’aprèspéterunplomb.Saréponseestloindemerassurer,aucontraire.—Départdanscombiendetemps?jel’interroge.—Danstrenteminutes,répond-ilenregardantsamontre.Ilesttempspourvousdevouséquiper,
allons-y.Onsortdelatenteets’arrêtederrièreunfourgonbourrédematériel.J’enfilerapidementungilet
pare-ballesetchoisisdeuxarmes.Unedepoingetl’autred’assaut.Onn’estjamaistropprudents.Lesautresenfontdemême.Trente minutes plus tard, on est avec l’équipe alpha à l’arrière d’un fourgon en direction de
l’entrepôt.Maintenantoujamais…
Chapitre26
LEANDRO
Matêtemefaitunmaldechien.Putain!Jetâtel’arrièredemoncrâne,unliquidepoisseuxcouvremesdoigtsquandjelesretireengrimaçant.EnfoirédeNikolaï!J’aiétébientropconfiantetjemesuisfaitavoir.Nefaireconfianceàpersonneestpourtantmonmantra.Mantraquejen’appliqueplusdepuisbientroplongtemps.Jememetsdeboutmêmesimesmembresprotestent.J’inspireungrandcoupetattendsquelemalaisesedissipe.Finalement,matêtetournetellementquejesuisobligédemerasseoir.Nikolaïaaumoinseulagentillessedem’installersuruncanapé.J’observecequim’entoure.Je
suisdansunepiècedécoréedansunstyletotalementdifférentdubureaudeFelipe.Ici,iln’yaquelestrictnécessaire.Unlitrecouvertsimplementd’unecouverturepeuépaisse.Lefauteuilsurlequeljesuisassisetdontlahousseestdéchiréeparendroits,etunlavabo.Pasdelustrenidetapispersan.Jesupposequec’estlachambredesgardesquandilsserelayent.Quoiqu’ilensoit,jenevaispasresterlàpourledécouvrir.Doucement,jemelèveetcommenceàmarcherverslaporte.Soudain,celle-cis’ouvrebrusquement.Jemetienssurmesgardes,prêtàtrouverunennemiderrière.Nikolaïseplantedevantmoi, lamine impassibleet lesbrascroiséssur lapoitrine. Il se rapprocheet ferme laporteavecsonpied.Jeneluilaissepasletempsd’enplacerunequemonpoings’abatsursamâchoire.—D’accord,jel’aimérité,maistuauraispufrappermoinsfort,dit-ilentâtantsamâchoire.—Tum’asassommé,jem’exclame,surladéfensive.—Questiondecouverture.Jen’aipaseulechoix,jen’allaispasterameneràWilkesfraiscomme
ungardon.Çaauraitétésuspect,alorsquelesautresétaientencoreausol.Oh.Jecroisquejecomprendsmieux,maintenant.—Supposonsquejedécidedetefaireconfiance.Onfaitquoimaintenant?—TuvasdevoirtecoltinerWilkesetêtregentilavecluienattendantquelesrenfortsarrivent.—Mêmepasenrêve,jeréplique.Il est hors de questionque je fasse semblant de lui avoir pardonnépour ce qu’il a fait et d’être
devenucequ’ilestaujourd’hui.Unêtresansscrupule,prêtàvendrepèreetmèrepouravoircequ’ilveut.Cen’estmêmepasimaginable.—Écoute,onn’apaslechoix.Onnevapasjouerlescow-boysalorsquel’onestquedeuxpourle
moment.Ilfautquetufassesdiversionaveclui.Tupourrasenplusrécolterdesinformationsutilespourl’enquête.Fais-luicroirequetuesd’accordpourtravailleraveclui,tantqueçanouspermetdesortirvivantsd’ici.Ilfautgagnerdutemps.
—Putain,dis-jeencroisantmesmainsderrièremanuque.OK,jevaislefaire,maistonéquipeaintérêtàsedépêcher.Jenesaispascombiendetempsjevaisteniravantd’avoirenviedepassermesdoigtsautourdesagorge.Jeleregardedanslesyeuxpourluiprouveràquelpointjesuissérieux.— Je comprends. Dernier détail… Il va falloir qu’on s’en colle une ou deux, toi et moi, pour
rendrenotrehistoireunpeupluscrédible.Unénormesourireéclairemonvisage.Jemeferaiunejoiedefairepassertoutemafrustrationsur
lui.Çamepermettrapeut-êtredetenirpluslongtempsauprèsdeFelipe.—Quandtuveux,jeréplique.Il décroise les bras et s’avance rapidement vers moi. Malheureusement pas assez pour lui, sa
carrure l’empêchantd’êtreaussivifquemoi. J’esquive lepoingquivisaitmescôteset frappe sontibiademonpied.J’essaiedenepasyallertropfort,histoiredenerienluicasser.Maislaragequej’aiemmagasinéedepuisquejesuisiciestdifficileàcontenir.Jeluientourelatailledemesbrasetsondospercuteviolemmentlaporte.Ellesortdesesgondsetonatterritausol.Ilreprendl’avantageetm’assèneunméchantcoupdepoingsurlatempe.Jegrogneet luibalanceunderniercoupdecoudedans leflancgauche.Ilbasculesur lecôtéen
jurant.Jemerelèvedifficilementetobservelesdégâtsautourdenousetsurnosvisages.—C’estbon,allons-y,ditNikolaïensetenantlescôtes.—Tuveuxpeut-êtreunpetitmassagepouratténuerladouleur?—Tagueuleetavance.J’éclatederire,maismarchetoutdemêmeendirectiondubureaudeFelipe.Ilestassisderrière
sonbureau.Sonvisageestferméetsamâchoirecrispée.Sonénervementmemetdebonnehumeur,jecroiselesbrassurmapoitrineetm’adosseaumur.—Quelquechosenevapas,Felipe?Besoind’aidepourréglerunsouci?jedemande,sarcastique.Ilmelanceunregardnoir,undeceuxquifontchangerlespersonnesdetrottoir.Cettetechniquene
marchepasavecmoi,jelefixeàmontour.Jepeuxjoueràçatrèslongtemps.—Tuaspristadécision?m’interroge-t-il,lesdentsserrées.—Àproposdequoi?Notrepartenariatoulafaçondontjevaistetuer?Nikolaïquiestàl’autreboutdelapiècemelanceunregardd’avertissement.Jesaisqu’ilm’aditde
gagner du temps,mais je ne peux pas devenir le fils soumis du jour au lendemain.Ce serait tropsuspect,etrienquepourvoirFelipefulminer,çavautlecoup.—Nejouepasauplusmalinavecmoi.Turisquesdet’enmordrelesdoigts.Jenerépondspastoutdesuite.Jesaisqu’ilestcapabledupireetmaintenantqu’ilestfaceàmoije
m’enrendsvraimentcompte.C’estcetteauradedangerqu’ilaautourdelui.Cellequivousditquesivousl’énervez,ilvousferavivrelespirestourmentsdevotrevie.—Enquoiconsisteraitnotrepartenariat?Ilpenche la têtesur lecôté.Unsouriremauvaisétireses lèvres.Quelquechosemeditque jene
vaispasaimercequivasuivre.—Tutesouviensdecequetufaisaisàl’époquepourlegang.Ehbien,ceseraàpeuprèslamême
chose.Tutechargerasdusaleboulot, jesaisàquelpoint tuesdouépouréliminer les indésirablesdiscrètement.Enéchange,jet’apprendslesfilonsdemonbusinessettudeviensmonfuturhéritier.Jesavaisquemonpasséallaitmerevenirenpleinepoire.Maisjamaisjen’auraispenséêtreobligé,
ànouveau,detuerdespersonnesjusteparcequ’ellesnesontpasenaccordavecmonpatron.Oui,jesuistueuràgages,maisj’aiuneconscienceàprésent.Contrairementàmonpasséoùjen’étaisguidéqueparlavengeanceetparl’argent,aujourd’hui,j’étudieminutieusementlescontratsquel’onveut
meconfier,jenelaisserienauhasard.Sijepensequeçasentlecoupfourréetquelaciblen’arienàsereprocher,jen’acceptepaslecontrat.—Quelgenred’indésirables?jedemandejustepourlaforme.—Legenrequejeneveuxpasavoirdanslespattes.Jeserrelespoingspourm’empêcherdeledéfigureràlaforcedemespoings.J’inspireungrand
coupethochelatêteensigned’assentiment.—Bien.Jesuiscontentdevoirquetusaisfairepreuvedebonsens,Leandro.Ilesttempsdes’en
aller,lapolicenevapastarderàarriver.Ilfautcroirequejen’aipasgraisséassezpattes.MonregardcroisefurtivementceluideNikolaï,tendu.Voilàquin’étaitpasprévu.—Oùallons-nous?—Jecroisqu’ilest tempsderetournerauxsources, fils.J’aiquelquesdifférendsàrégleret ton
aidemeserautile.Ilselèveetquittesonbureausansvérifiersionlesuit.Jefaisunrapidecalculdemeschancesde
quitter ces lieux en un seul morceau. Les deux gardes du corps que j’ai amochés plus tôt sontprésents,plusunautrequejen’aijamaisvu.Encontinuantàavancersurlapasserellemétallique,jeremarquequ’ilyaunedizainedepersonneslourdementarméesenbas.Nikolaïaraison,àdeuxc’estimpossibledetenterquoiquecesoit.Jeralentispourmeretrouverjusteàcôtédelui.—Combiendetemps?jedemandeàvoixbasse.Jen’aipasbesoindepréciseràquoijefaisréférence,ilregardesamontreetgrimace.—Dixminutes.C’est jouable, il faut juste lesretenirunpeu.Je luimontredumentonsonarmeaccrochéeàson
holster. Il grogne parce qu’il sait exactement comment ça va se passer pour ne pas gâcher sacouverture tout de suite et risquer sa vie. Jem’excuse silencieusement et lui décroche un puissantuppercut. Il s’écroule, j’en profite pour récupérer rapidement son arme et tire sur le premier quis’élançait versmoi. Très vite, jeme retrouve encerclé, une dizaine d’armes braquées surmoi. Jelâchelamienne.—Çasuffit,tonneFelipe.Iltraverselemurquis’étaitforméautourdemoietseplaceàquelquescentimètresdemonvisage.—Jedoisreconnaîtrequetuescourageuxfils,maisjenetelaisseraispastoutgâcher.Maintenant,
tuvasavancersansfaired’histoireoùtuleregretterasamèrement.Jeserrelesdents,maisobtempère.Legroupedescendl’escalier,Nikolaïquis’estàpeuprèsremis
et feint la fureur à mon encontre ferme la marche. Il reste encore quelques bidons de produitsdangereuxdispersésdansl’entrepôt.Putain,sijen’avaispasjouéauhérosstupide,lesfaireexploserauraitétéladiversionidéale.Maintenant,ilsnemelaisserontpasapprocherdeNikolaï.Jedétailleleshommesautourdemoi.Quandjem’apprête,désespéré,àfrapperceluiàmagauche,uneexplosionmeprojettecontrelemur.Mon corps va finir par lâcher à force d’être ainsi malmené. Je secoue la tête et observe la
confusionautourdemoi.Unepartiedel’entrepôtestenfeu,bloquantparlamêmeoccasioncertainessorties.NikolaïsebatdéjàavecplusieursgardesdeFelipe.Celui-cicriedesordresàtoutva.Bientôt,onseraencerclésparlesflammes.Pasvraimentcequej’avaisprévu.Jeme relève difficilement. Je fais un rapide check-up demon corps. Ça tiendra.Quand je vois
Felipeatteindreunedessorties,jemerueàsasuite.Horsdequestionqu’ils’ensorte.Enmoinsdetempsqu’ilfautpourledire,jeluibloquel’issueetluibalanceuncrochetdudroit.
Putain,çafaitdubien!Maismajoieestdecourtedurée,undesgardeslerejointetm’envoievalsercontredescartonsàl’angledelapièce.Jen’aipasletempsdereprendremonsoufflequ’ilestsur
moi.Jecontreetluidéboîtel’épaule.Soncrin’étouffepaslebruitdeséchangesdecoupsdefeuquirésonnent tout autour de nous. Je suppose que la cavalerie est enfin arrivée. L’incendie devientincontrôlable, l’oxygène se raréfie. Jeme débarrasse vite fait demon assaillant etme tourne versFelipe.Unautreestentraindelerelever.Maisilsn’ontnullepartoùalleràpartdansmadirection.Son
garde dégaine son arme et me vise. Il s’écroule avant d’avoir pu presser la détente. Je regardederrièremoietvoisNikolaïmettreenjoueFelipe.Ilnevoitpasarriverl’hommearméderrièrelui.Jelepoussepourluiéviterdeprendreuneballe.
Leprojectilepasseprèsdematêteetexploseunautrebidonquidéversesonliquideparletroudanslaparoi.Leliquides’enflammeetbientôtuncercledefeum’enfermeavecFelipe.Jemeretourneverslui,
cetenfoiréarécupéré l’armequeNikolaïa lâchéeen tombant.Jen’aiaucunechancede l’atteindreavantqu’ilnetire.Jenevoyaispasmafinainsi.Certes,monmilieun’estpasdesplusjoyeux.Maisjamais je n’aurais imaginé mourir de la main de mon père. C’est pour venger sa mort que j’aicommencé,etc’estfinalementluiquimetuera.Ironique,non?—Tumedéçoisfils,maisiln’yenaqu’undenousquisortiravivantd’ici,etceneserapastoi.Jeseraistentédefermerlesyeuxetd’attendrequelamortviennemecueillir.Maisjenedonnerais
pascettesatisfactionàFelipe.J’espèrequemonregardavantqu’ilnetirelehanterajouretnuit.—Onseretrouveraenenfer,Felipe…J’aiunedernièrepenséepourmafamille.J’espèrequ’ellesserontensécuritéaprèsmamort,mais
surtoutqueFelipenelespourchasserapas.Ellesméritentd’avoirenfinunevietranquille.Ledeuilvaêtredifficile,maisensembleellesferontface.Ellesserontfortes,ellesl’onttoujoursété.Puis quand je le vois sur le point de presser la détente, c’estma courageuse et folle Linda que
j’imagine face àmoi.Avec son sourire quimettrait à genouxn’importe quel homme.Ses phrasesincompréhensibles,Sest-shirtsuniques.J’aiuncoupaucœurenpensantàcequ’onauraitpuvivreensemble. J’aurais passémavie à essayerde la combler.À laprotéger…Je l’entendsmêmecriermonprénom.Magorge se noue et j’inspire ungrand couppour essayer de rester digne face à lamort.Lavoixsembleserapprocher.JeregardeFelipe,quin’atoujourspastiré,fixerunpointderrière
moi. Je tourne légèrement la têteet lavois.Saboucheet sonnez sontcouvertsd’unboutde tissu,maismêmecommeçaàtraverslesflammes,elleressembleàunange.Monange.Deuxcoupsdefeuretentissent,jefaisvolte-faceversFelipeaumomentoùiltouchelesol.Dusang
s’écouledesaplaieàl’abdomen.S’iln’estpasdéjàmort,celanedevraitplustarder.C’estcequejevoulais,non?Levoirsixpiedssousterre.Etc’estlàquejemerendscomptedecettefininévitable.Ily a une différence entre vouloir la mort d’une personne et voir sa vie s’éteindre sous vos yeux.Surtoutlorsquecettepersonneestvotrepèrequevousavezaimé.Quevousavezpleuré!Jecontinuede le fixer, son regard n’exprime rien à part la souffrance.Aucun regret.Mes yeux s’embuent, jeviens de comprendre que mon père est mort une deuxième fois pour moi. Et c’est encore plusdouloureux.LavoixdésespéréedeJoshmesortdematorpeur.JemeretourneetnevoisLindanullepart.J’ai
undernierregardpourFelipeettraverseenvitesselecercledeflammes.Unefoispassé,j’ôtemonpull qui a pris feu et tapote les endroits où les flammes ont atteint mes jambes. Ce n’est qu’à cemomentquejemerendscomptedecequim’entoure.Plusieurshommesmenottéssefontsortirdeforcel’entrepôt.Lesflammesetlafuméeserépandentdeplusenplus.L’airestirrespirable.Maiscen’estquelorsquejevoisJoshsouleverunefemmedanssesbrasquemonauditionrevient.
Illuicriequ’ellen’apasintérêtàl’abandonner.Qu’elledoitsebattre.Monsangquittemonvisage,mon cerveau refuse d’admettre que c’est elle. Je le refuse, c’est impossible. Je serais resté là siNikolaïnem’avaitpoussépourquejesorteavantquetoutn’explose.Àl’extérieur,àl’écartdubâtiment,Lindaestausol.Garyestau-dessusd’elleetaboiedesordres.
Toutlemondes’affaireautourpourl’aider.Moi,jerestecampésurmesdeuxjambes,incapabledefairelemoindrepas.LatêtedeLindabougeetsonregardcapturelemien.MonDieu,jenesavaispasqu’il était possible d’avoir aussimal. Son visage exprime une extrême souffrance,mais ses yeuxreflètenttoutl’amourqu’elleapourmoi.Seslèvresbougentetcen’estqu’enmeconcentrantquejecomprends lesmotsqu’elles forment.Je t’aime.Moncœur sebriseenmillemorceaux, les larmescoulentlelongdemesjoues.J’ail’impressionquel’onm’arrachelameilleurepartiedemoi.Ilesthorsdequestionqu’ellenes’ensortepas.Jecoursetm’agenouilleprèsd’elle.Sapeauest
couvertedesuie.Ellelèvesamainensanglantéeetlaposesurmajoue.Ellemefaitunsouriretristeetfatigué.—Jesuisdésolée,j’auraisdûteledireavant.—Chutmapuce,gardetesforces.Tuaurastoutletempsdemeledireplustard.—Promets-moiunechose.—Jeneteprometsriendutout,tais-toietbats-toi…pourmoi…Mavoixflanchesursesderniersmots,meslarmesinondentlecoldemont-shirt.J’aimeraisme
mettreàhurlerpourextériorisermacolère,matristesse.—Promets-moidenepaslaisserJoshetGarytoutseuls…Disàmamèrequejesuisdésolée.Mais
surtout,n’abandonnepasl’idéed’êtreheureux.Je jetteun regardàGary, il serre lamâchoire. Jeprendsenfinmoncourageàdeuxmainspour
baisserlesyeuxsursablessure.Cequejevoismetétanise.Malgrélacompressionqu’exerceGary,lesangcontinueàs’échapper.—Putain,ellearrivequandcetteambulance?hurle-t-il.Linda baisse sa main, je la prends aussitôt entre les miennes. Sa peau est tellement froide. Ses
paupièrespapillonnent,elleluttepourgarderlesyeuxouverts.—Mapuce,resteavecmoi…Nefermepaslesyeux—Promets-moi.—Jenepeuxpas…—J’aiconfianceentoi.Tutebattraspoureux.Savoixn’estplusqu’unfiletetsesyeuxseferment.—Linda?Linda!
Chapitre27
LEANDRO
J’aurais préféré ne jamais assister à ça. J’ai l’impression qu’on m’arrache les tripes. La voirallongéeàmêmelesol,complètementimmobilemebousillelecœur.VoirGaryluifaireunmassagecardiaque fendmonâmeendeux.Voir lavie luiéchapperestau-dessusdemes forces. Jemesenstellementinutile.Jem’étaispromisdelaprotégeretc’estfinalementparmafautequ’elleestblessée.Elleavoulumesauver.Elleestvenuepourmoi.Paramour.L’ambulancearriveenfin,onmepoussesurlecôté.C’estmoiquelamortétaitcenséecueillir,pas
elle.Putain!Jebaisselatêteetposemesmainsàplat.Jelaissemeslarmesarroserlesherbesmortes.Jenesurvivraipasàsamort.Jen’yarriveraipas.JenevoisplusmaviesansLinda.Ellenepeutpasmourir. Elle n’a pas le droit. Un cri de rage et de tristesse mêlées remonte de ma gorge. J’ai lasensationqu’unedagueestplantéedansmoncœuretquequelqu’uns’amuseàlafairetourner.Encoreetencore.Alexeïestauvolantdelavoiturequinousemmèneàl’hôpitalleplusproche.Jen’aipasprononcé
unmotdepuisquejesuismonté.Moncorpsaactivélepiloteautomatique.Moncerveau,lui,utiliselemoderepeat.Lamêmescènerepasseenboucledevantmesyeux.Sesderniersmots,toutcesang.Jefermelesyeuxetappuiematêtecontrelavitre.Jeluiavaispromisquetoutseraitbientôtfini.
Maispascommeça.Çanedevaitpas sepasser commeça.Enfoirédedestin.Noschemins se sontcroisésàuncarrefouretaumomentoùondevaitemprunterlamêmeroute,ilmel’enlève.—Ellevas’ensortir,meditJosh.C’estunebattante.Jesaisqu’iltentedeserassureraussi,degarderespoir.—Elleaperdutellementdesang,jebégaie,tellementdesang.Un silence demort s’installe après mes derniers mots. Je ne devrais pas baisser les bras aussi
facilement, je devrais croire en elle, en sa force.Mais l’avoir vue si faible, avoir vu sa poitrinearrêterdesesoulever,merendentincapabledecroireensonrétablissement.Voirlafemmequevousaimez, pour laquelle vous seriez prêt à tout, agoniser sous vos yeux a de quoi mettre à terren’importequelhomme.Alexeïnousdéposedevantlaportedesurgencespeudetempsaprèsl’ambulance,puispartgarerle
véhiculeplusloin.Jecoursjusqu’àl’accueil,unejeunefemmelèvelatête.Elletented’aborddenouscalmer,maisdevantnosminesdéterminées,ellenousindiquelechemindelasalled’attente.Jesuisincapablederesterenplace,jefaislescentpasdanslapièceexiguë.Laplupartdesgensont
fui.Joshestassis,lesépaulesvoûtéesetlatêtebasse,surunechaise.QuantàAlexeï,ilestadosséaumurdansuncoindelapièce,leregardfixésurmoi.Àchaquefoisqu’unmédecinentre,jesuissurlepointdeluisauterdessus.Maisaucunnevientpourm’annoncerdansquelétatestlafemmedemavie.Jefinisparm’asseoiretbaissemonregardausol.Brisé.L’arrivéed’ungroupeattiremonattention.Jerelèvelatêteetobservelanouvelleagitation.Jereste
pantoislorsquejedécouvrequ’ilssontlàpourmoi.Jemelèveetaussitôtmamèresejettedansmesbras.Jelaserreàenl’étouffer.Trèsvite,ShayaneetNalianousrejoignentpouruncâlinfamilialcomme
lorsqu’onétaitpetits.Mamèremetsesmainsautourdemonvisage,essuiemeslarmesetmeregardedroitdanslesyeux.—Toutvabiensepasser,meufilhoquerido5.Tudoiscroireenelle,tum’entends.J’ai lagorge tropnouéepourparler, jemecontentedehocher la têteetde laserrer,encoreune
fois,dansmesbras.—Vienst’asseoir.Etraconte-moicequ’ils’estpassé.Jen’aipasréfléchiàcequejedevaisleurdire.Putain!Jepassemamainsurmonvisageetexpire
ungrandcoup.Jenesaispascommentellesvont réagir, surtout lorsqu’ellessauront le finmotdecette histoire. Je ferme les yeux et appuiema tête contre lemur.Et sans les regarder, je lâchemapremièrebombe.—Felipeestenvie.J’entendsmamèreaspirerunegrandegouléed’air.— C’est impossible, tu dois te tromper. J’étais là… j’ai vu la boîte… j’ai… Putain, s’exclame
Shayane.—Jenemetrompepas,jel’aivu.—Comment?interrogemamère.—Tuessûredevouloirlesavoirmaman?Çateferapeut-êtreplusdemalencore.—Dis-moi,m’implore-t-elle.Alors c’est ce que je fais, je leur raconte tout ce qui s’est passé depuis le début. Shayane
m’interromptàplusieursreprises.Elleadumalàmecroire.Jelacomprends,elleétaitderrièremoiquandj’aitrouvélaboîteaveclefameuxdoigt.Jenevoulaispasluimontrer,elleainsistéetafiniparmeprendrelecolisdesmains.Parlasuite,cesouvenirl’ahantéependantdesannées.Elleaeudumalàseremettredecetraumatismeetàfairesondeuil.MamèreetNalian’ontpasouvertlabouchedepuisquej’aicommencé.Ellessontsouslechoc.Je
nesaispasencoresijedoisleurdirequec’estFelipequiatiré.—CommentLindaestarrivéeàl’hôpital?medemandeNalia.Jenesaispassi jevaisavoir laforcederacontercettepartie.Plusieursminutespassent,mais je
n’arrivetoujourspasàprononcerlemoindremot.Finalement,Joshvientàmonsecours.—Linda,Alexeï,Garyetmoiavonsrejoint l’équiped’intervention.Notreobjectifétaitdesortir
Leandrodelà-bas,leleurétaitdes’occuperdeFelipe.Maislefeuquis’estpropagédansl’immeubleabouchéplusieursdesissues.Linda,têtuecommeelleest,nevoulaitpasattendre.Ellenevoulaitpastelaisser,souffle-t-ilenmelançantunregardtriste.Elleaétélapremièresurleslieux,onadûsuivresansattendre.Ellet’atrèsviterepérédansuncoin,elleaéliminéceuxquiétaientsursaroute,commesicen’étaitquedesmoucherons.Bref,ellenepouvaitpast’atteindredepuislesflammes.Jesupposequec’estpourçaqu’ellen’apastirétoutdesuite,elleadûavoirpeurdetetoucher.Joshmarqueunepausepuisregardemamèredanslesyeux.
—FelipeatirésurLinda,elleafaitdemêmeenmêmetemps.Elleportaitungiletpare-balles,maisl’armedeFelipedevaitêtrechargéedeballesspéciales.Vulgairement,onlesappelleles«tueusesdeflics».—OhmonDieu,chuchotemamèreauborddeslarmes.—Putain,putain!crieNalia.Shayaneneditpasunmotetquittelapièce.Jem’apprêteàlarejoindrequandAlexeïmeretient.—Jevaisyaller,resteiciaucasoùunmédecinarrive.Jemerassoisdoncetécouted’uneoreilledistraitelesinjuresquisortentdelabouchedemapetite
sœur.Mamèreserremamain,jemetourneverselleetposematêtesursonépaule.Preuvequ’iln’yapasd’âgepoursefaireconsolerparsamère.Plusieursheurespassentsansqu’onnousdonneaucunenouvelle.Nalias’estendormiesurl’épaule
demamère. Josh est toujours aussi silencieux. Alexeï et Shayane ne sont pas encore revenus. Jesupposequ’elleabesoinde tempspour intégrer l’idéeque sonpèreétaitvivantpendant toutescesannées,qu’ilestdevenul’undescriminelslesplusrecherchésetqu’enplusilatirésurlacompagnedesonfils.Çafaitbeaucoupàdigérerdanslamêmejournée.Mêmepourmoi.Quandjesuissurlepointdemeleverpourexigerdesinformations,Garyentredanslapièce.Ila
étéautoriséàregarderl’opération,ilfautdirequ’êtreaccompagnéd’unmembredugouvernementabeaucoup aidé le directeur à donner son accord. Je bondis sur lui. Son expression tendue ne merassurepasdutout.— Je sors du bloc. La balle n’a causé aucun dommage aux organes vitaux, mais elle a perdu
beaucoup de sang. Son cœur s’est arrêté à deux reprises, mais c’est une battante. Ils finissent del’opéreretelleseratransféréeauxsoinsintensifs.Onvadevoirsurveillerqu’iln’yapasdeséquellesauniveaucérébral.Lesprochainesvingt-quatreheuresvontêtredécisives.Jeviendraivouschercherquandvouspourrezlavoir.—MerciGary,dis-je,laconiquement.Ilhochelatête.—Jevoulaisjustetepréveniretnepastelaisserdansleflou.Jereviendraipourvousdirequand
lesvisitessontautorisées.Jerelâchemonsouffle.Ellen’estpasmorte.Jedoiscroireenelle,maguerrière,mabattante.Mafemme.
Quatrejoursplustard
Lindan’atoujourspasouvertlesyeux,maisjesaisqu’ellen’enestpasloin.Hier,j’airenvoyélesautressereposer.SeulsGaryetJoshnem’ontpasécouté.Ilsn’ontquasimentpasfermél’œildepuisqu’on est arrivés dans cet hôpital. Les infirmières ont bien tenté de les chasser,mais c’était peineperdue.On a installé Linda dans une chambre simple. Les murs sont peints en beige, il y a une petite
armoire,unécranplatetunesalledebains.Cen’estpastrèsgai,maisçafaitparfaitementl’affaire.Moi-même, je ne quitte son chevet quepourme laver etme changer.Avecmabarbe,mesyeux
rougis,mescernesetmonteintlivide,j’ail’impressiondesortirtoutdroitd’unfilmd’horreur.C’estcequemavieaété,cesderniersjours.J’aivécuavecl’angoissequ’ellerefasseunarrêtcardiaque.Encore aujourd’hui, j’ai peur qu’elle n’ouvre plus jamais les yeux. Les médecins tentent de merassurer,disentqu’ilfautluilaisserdutemps.Doncc’estcequejefais,jeluilaissedutemps.Jepasselemienàluiracontercequ’onferaquand
elleserarétablie.Maisjeluiprometssurtoutdelachérirjusqu’àlafindemesjours.Jeluiprendslamainetcommenceàparlerd’unevoixenrouéeparl’émotion.— Tu sais ce qu’on fera, aussi, ma puce ? On achètera une belle maison, perdue en pleine
campagne.Aucalme,sansaucunvoisinchiant.C’estlerêve,non?Ilnousfaudrabeaucoupdepièces.D’une,parcequ’ilfautdelaplacepourtouslesenfantsqu’onaura.Dedeux,jesensquemafamilleseferaune joiede squatter de temps en temps.Etde trois, çanous ferades endroits àbaptiser.Maisavantça,oniraenvacances.Ohoui,lepied!Lesablechaud,lameretdescocktailspourtoi.Et…Soudain,jeressensunepressionauniveaudemamain.Elleestfaible,maisjel’aibiensentie.À
moinsqueçasoitmoncerveauquiimaginedeschoses.Ceneseraitpaslapremièrefois,ilyadeuxjoursj’étaissûrqu’elleavaitbougé.—Mapuce?Sesyeuxpapillonnentavantdeserefermer.Jedevraisappeleruneinfirmièretoutdesuite,maisje
veuxd’abordêtresûrquejenedivaguepas.Jeluilaisseletempsdereveniràelledoucement.Elleouvreenfinlesyeuxetfaitunegrimacequim’arrachemonpremiersouriredepuisdeslustres.Elletentedeparler,maisn’yarrivepas.—Tuveuxdel’eau?Lindahochelatêteengrimaçantencore.Jevaisluichercherungobeletd’eauetluiapporte.Jela
faisboirepargorgée.—Doucementmapuce,onvas’arrêterlà,pourl’instant.Jenevoudraispasmefairetaperparles
infirmières.Ellereposesatêtesurlesoreillersettournesonvisageversmoi.Elleplacesamainsurmajoue.
Cemêmegestequelesoiroùmavieabasculé.Leslarmesmemontentauxyeux.—Tuesbienlà,chuchote-t-elle.—Oui,minhaquerida.—Tuasmauvaisemine,Leandro.Ellem’arrachemonpremiersouriredepuisdesjoursquandjel’entendsrépétercequ’ellem’adit
enarrivantdanslacellulecejour-là.Jelaprendsdansmesbrasenfaisantattentionàsablessure.Jeveuxjustesentirsoncœurbattrecontrelemien,sapeauchaudecontrelamienne.BonDieu,jeveuxjustesentiràquelpointelleestréelleetenfinréveillée.Àcontrecœur,jemedétached’elleetaprèsunrapidebaisersurseslèvres,jemelève.—Ilfautprévenirlesinfirmièresquetuesderetour.J’appuiesur leboutond’appeletquelquessecondesplus tard,uneinfirmièreentredans lapièce.
Elleaunsourireéclatantenvoyantmabattantelesyeuxgrandsouverts.—MllePerrin,çafaitplaisirdevousvoirparminous!Elle prévient le médecin qui lui fait passer une batterie d’examens et lui pose une tonne de
questions.Lindaestépuisée,ellefinitpars’endormirpeudetempsaprèssondépart.J’enprofitepourappelerJoshetGaryetleurannoncerlabonnenouvelle.Jeledisaussiàmafamille.Ilsveulenttouspasser dans laminute, je leur explique qu’il serait préférable qu’ils viennent demain pour qu’ellepuissesereposerunpeu.Etpuisçamepermetdel’avoirrienquepourmoi.J’enlèvemeschaussures,monpulletmontesursonlit.Jemeplacederrièreelleetpressesondos
contremapoitrine.Jerespireenfintotalement.L’avoirdansmesbras,c’esttoutcequ’ilmemanquait.Etpourlapremièrefoisdepuisquatrejours,lesommeilvientàmoi.Jesuisréveillépardescaressesdansmescheveux.Jesuisàlalimitederonronnertellementc’est
agréable. Jemedécide à ouvrir les yeux et décrète que c’est lemeilleur réveil que j’ai jamais eu.
Lindaaunénormesourireetmalgrésescheveuxenbatailleellerestepourmoilaplusbellefemmequelaterreaitportée.—Salut,toi,dit-elle.—Salutmamarmotte.Commenttesens-tu?—Çava.Çatireunpeu,c’esttout.—Tumelediraissiçan’allaitpas?—Non,merépond-elleentoutefranchise.—C’estbiencequejepensais.Prépare-toiàêtresurveilléecommedulaitsurlefeu,alors.Ellemepoussepourquejem’allongeetposesatêtesurmapoitrine.Jedéposeunbaisersurses
cheveux.Jen’osebriserlesilenceapaisantquis’installe.—J’aieupeurtusais,dit-ellesoudainement.Pourtoi.Jenepensaisqu’àtefairesortirdelà.Coûte
quecoûte.Quandj’aivul’explosion,j’aieul’impressionquec’étaitmoncœurquiéclatait.—J’aieupeurmoiaussi.J’aibiencruquejet’avaisperdue.Maistoutestfinimaintenant,onnese
préoccupequedel’avenir.—Tuparlesdescocktailsetdesvacancesdonttum’asparlé?—Tum’asentendu?jem’exclame,surpris.—Desbribes.Cen’étaitpastoujoursdistinct,maisc’estcequim’apermisderefairesurface,je
crois.Jemesuisraccrochéeàtoi.Jeplacemonindexsoussonmentonetrelèvesatête.—Jesuisheureuxquetul’aiesfait.Doucement, je posemes lèvres sur les siennes.MonDieu, que çam’avaitmanqué ! Je sèmeun
chemindebaiserslelongdesamâchoire.—Tum’asmanquémapuce,jemurmurecontresabouche.—Jemeferaipardonnerplustard,réplique-t-elleavecunsourirecoquin.Misère,quesaconvalescencevaêtredifficile!Descoupsàlaportem’empêchentdecontinuer.—Entrez,dis-je.Garypasse la têtedans l’embrasure,unsourireéclairesonvisagequandsonregardseposesur
Linda. Ilentredans lapièce, suivideJosh. Jedescendsdu litet remetsmeschaussures.GaryvientprendreLindadanssesbras.—Alorscommentvamabelleauboisdormant?—Sonprincecharmantl’aréveillée,répond-elleenmelançantunregardcomplice.Josh,l’airbouleversé,n’apasbougédelaporte.—Josh,l’interpelleLindad’unetoutepetitevoix.Ilseraclelagorge,avanceverselleets’arrêtebienavantd’arriverjusqu’aulit.—Approchemagrenouille,jenevaispastemanger,tusais?Ilritunpeu.—Dommage,j’auraisbien…Garyluimetuneclaquederrièrelatête,l’empêchantdecontinuersaphrase.—Aïe,maispourquoituasfaitça?—Jesuissonpreuxchevalier,ilfautquejeprennesadéfense.Lindaéclatederireensetenantleventre.Onesttouslestroishypnotisés.Jecroisquel’onesttous
d’accordpourdirequecesonnousavaitmanqué.Aprèsunrapidecâlin,Joshquis’estenfindétendusedétacheetluidemande,intrigué:—Aufait,pourquoitum’appellesmagrenouille?Lindaaunsourireéclatant.
—Quandtuserasplusgrand,jeteledirai.—Jepeuxêtreplusgrandenuneminutesi tuveux,dit-ilenhaussant lessourcilsplusieursfois.
Aïe…Cettefois-ci,c’estmoiquiluiaimisunegrandetapederrièrelatête.C’estdanslamêmeambiance
quesepasselajournée,augrédesvisites.Lesoir,jelaprendsdansmesbrasetlaisselesbattementsdesoncœurmebercer…
5Meufilhoquerido:Monfilschéri(NdA)
Chapitre28
LINDA
Deuxsemainesplustard
—Netrichepas,turesteslesyeuxferméshein,meditLeandro.Jesuissortiede l’hôpital, ilyaunesemainedéjà.Jeseraisbiensortieplus tôt,maisLeandroet
Garyont insistépourque je reste. J’ai été tentéedepartir sans lesavertir,mais les connaissant ilsm’auraientpasséunsavon.Alorsj’aidûsupporterd’êtrematernéeH24.Certes,cesontdesamours,maisàunmomentj’aibiencruquej’allaislesfairepasserparlafenêtre.Surtoutquandj’aiapprisqueLeandro refusaitdese fairesoignerpour resteràmonchevet.Non,maisquelle têtedemule !Lorsquelemédecinm’aautoriséàsortir,j’aifailliluifaireunénormecâlin.Jemesuisretenueauderniermoment.Jeluiauraispeut-êtrebienattirédesennuis!Voilàquelquesjoursquel’oncohabiteaveclafamilledeLeandro,toutsepassemerveilleusement
bien.J’aieuquelquesdisputesavecNalia.Maisriendegrave,ils’avèrequ’onesttouteslesdeuxfansdes muffins de sa mère. Et Nalia a décidé qu’elle avait un droit de priorité dessus. Je lui ai faitcomprendrequej’étaisplusvieillequ’elledoncj’aimoinsdetempspourpouvoirenprofiter.Maisaucunedenousdeuxneveutlâcherl’affaire.Lesmuffins,c’estsacré.Benquoi?C’estvrai!J’aibeaucoupréfléchiàcequej’allaisfairemaintenantqueToddestmort,ainsiprobablementque
lerestedemonéquipe.Jepourraistoujourspostulerauprèsd’uneautreentreprisedesécuritéprivée,maisj’admetsquel’idéed’avoirànouveauunpatronnem’enchantepasbeaucoup.Parcontre,celledefaireunepausepouryvoirplusclair,deprendreletempsdevivremarelationavecLeandromefaitvraimentenvie.Etc’estdéjàcequej’aicommencéàfaireaveclui,onsebalade,onapprendàseconnaître, on reste enlacés pendant des heures sous le porche. Mon amour pour lui ne cesse degrandir et deme donner le vertige enmême temps. L’idée de travailler ensemble nous a traversél’espritetonenparledeplusenplussouvent.Jepensequ’aprèsnotrepausebienméritée,onmonteranotrepropreentreprisedesécurité.Leandrom’aréveilléecematinenmedisantquej’avaisdixminutespourmeprépareretqu’une
surprisem’attendait.Jenemesuispasfaitprier,untourdanslasalledebains,lepremiert-shirtquej’aieudans lamain–avecpourslogan:«Jenefaisunrégimequepourpouvoirmangerplusdechocolat»–etun jean,et j’étaisprête.Quand je suisdescendue, ilm’abandé lesyeuxetemmenéjusqu’àlavoiture.J’aiessayédesavoiroùonallait,maisiln’arienlâché…Une foisqu’ilm’en fait enfin sortir, privéedevue, je tented’utilisermes autres sens aumieux,
mais rien y fait, je ne trouve aucun indice. Leandro m’aide à avancer de quelques pas avant desusurreràmonoreille.—Tuesprête,mapuce?Jehochefrénétiquementlatête,beaucouptropimpatiente.Ilm’enlèvelebandeau,etéblouieparla
lumière je clignedesyeux.Lepaysageestmagnifique.Devantmoi se trouveune immenseprairiefleurieséparéeendeuxparunealléeengravier.Uneétenduedefleursbleuesmènejusqu’àunepetiteforêt.Jefermelesyeuxetinspireungrandcoupcetairpur.Leandrom’entouredesesbras.—Tuaimes?— Si j’aime ? Tu rigoles, j’adore. Cet endroit à quelque chose de magique. On s’y sent bien,
détendu.—Çatombebienparcequecen’estpasçatasurprise.Jefroncelessourcils.—Tunem’aspasemmenéeicijusqu’icijusteparcequec’estbeau?—Etnon.Allez,suis-moi.Il attrapemamainetm’emmène sur le chemin. Jenepeuxm’empêcherde cueillir unbleuet. Je
trouve cette fleur splendide. Leandro impatient dememontrer sa réelle surprise tire surmamainpourmefaireavancer.Onentreàprésentdanslaforêt.Jelèvelatête,lesarbrescouvrentlavueduciel.Auboutdedixminutesdemarche,lechemindébouchesurunevillaimposante.Quatreétagesdemursblancssurplombésparuntoitgris!Ellepossèdeégalementdeuxdépendances.J’aperçoisaussiunepiscine,etohmonDieujerêved’yplonger.Lepropriétairedoitêtresacrémentfortuné!Etmoi,jevaisypassermesvacances,jeferaispresqueunedansedelajoie.JemeretourneetsautedanslesbrasdeLeandro.—Oh,merci!Lesvacancesvontêtregéniales!J’espèrequetuasréservéunmoisetquec’estaux
fraisdugouvernement.Soncorpsestprisdespasmes.Ilestentrainderire.Décidément,ilyadeschosesquinechangent
pas.—Quoi?jeluidemande,intriguée.—Bienvenueàlamaison,mapuce.Bouchebée,jeleregardeavecdesyeuxronds.Iln’apas…non…c’estimpossible.Elledoitcoûter
unefortune,cettemaison!—Tu…tu…oh…Jememetsàfairelescentpasdevantlui.Mesyeuxfontdesallers-retoursentreluietlamaison.—Oui?m’interroge-t-ilavecunsourireencoin.—Tutemoquesdemoi,hein?—Pasdutout.Enfinsiunpeu,maispaspourlamaison.Il sortun trousseaudeclésdesapoche,endétacheuneet laposedans lapaumedemamain. Il
refermemesdoigtsdessus.—Àtoil’honneur,dit-ilenmedonnantunetapesurlesfesses.Fébrile, je gravis lesmarches quime séparent de la porte d’entrée. C’est lesmainsmoites que
j’insèrelaclédansleverrou.—Surpriseeeee…Je frôle lacrisecardiaque !Pourtant,unénormesourireenvahitmonvisage.Tout lemondeest
présent. Maria et ses filles, Josh et mon preux chevalier Gary, Alexeï avec son équipe : Jeremy,JohannetEkaterinaaliasKat.Leslarmesmemontentauxyeux.Lesvoirtousréunisiciestunesupersurprise.Trèsvite, je suisengloutieparunevagued’accoladesetdebaisers. Ilnemanquequema
mèreetSophia,çamefoutuncoupauventrequ’ellesnesoientpaslà.Jenevoulaispasqu’ellesmerendentvisitetantquejen’étaispasparfaitementrétablie.JelesaieuesautéléphoneetparlebiaisdeSkype.Mamèrem’aengueuléeparcequejeluiavaismentisurlerôledeJackson,maissurtoutparceque je l’empêchaisdeme rendrevisite.Aujourd’hui, je tueraispourpouvoir lesprendredansmesbras.Maintenantquejevaismieux,j’auraisadorélesavoirici.—Jen’enrevienspasquevousm’ayezcachéça!—Leandronousauraittuéssionavaitvendulamèche,répondAlexeï.Lesautreshochentlatêteencœur.—Allezviensavecmoi,j’aifaitdesmuffins,mechuchoteMaria.Jenemefaispasprieretlasuisdanslesalonoùunénormebuffetestdisposésurplusieurstables.
Onpeutdirequ’elles’est,encoreunefois,surpassée.Pendantquejem’empiffredemuffins–jemesersavantqueNaliaarriveàlatable–,onsonneàlaporte.Ausondecettevoix,jelâchemonmuffinetcoursdanslecouloirdel’entrée.—Maman!Elle est bien plus petite que moi, et pourtant je lui saute presque dans les bras. Je fonds
immédiatementenlarmes.Ohc’estfoucequ’ellem’amanqué!—Laisse-moiteregarder,machérie.Elleplacesesmainsdechaquecôtédemonvisageetdétaillemonexpression.Ellefaisaitlamême
choselorsquejemeblessaisdanslacourderécré.—Jevaisbien,maman.Çafaitdubiendetevoir.Je laserredansmesbrasencoreunefoisavantdemedétacher.J’essuieses larmesetdéposeun
baisersursonfront.Jeremarquequ’elleabronzé.—Bienvenuechezmoi,jem’émerveille.Jemevanteunpeu…d’accord,beaucoup.Elleavancedans lapièceet je la suis.Deuxmains se
posentsurmesyeux.Jecroisbienquemonsourirenes’effacerapasdemonvisageavantdessiècles.—Devinequic’est,meditunevoixmasculine.—Hum,laisse-moiréfléchir.Neserait-cepasunjeunehommemusclé,beaucommeundieuetqui
faitfantasmermamère?Jacksons’esclaffeavantd’enleversesmains.Unefoiscalmé,ilmeprenddanssesbrasetmefait
tourner.Heureusementquejen’aipasmangébeaucoupdemuffins,sinonjen’imaginepaslesdégâts.Jesaisquejedevraismereposer,jesaisquejevaisleregretterplustard,maispourlemoment,jevisl’instantprésentetensavourechaqueseconde.—Çafaitplaisirdetevoir,mateigne.—Moiaussi,monclown.Alors,tuavaischoisiquoicommedestinationpourmamère?—Miami.Jesiffle.—Etbien,jevoisquecertainsneserefusentrien.Entre,jevaisteprésenteràtoutlemonde.Je n’ai pas fait un pas que l’on sonne à nouveau à la porte. Je fais signe à Jackson d’avancer.
J’ouvreetémetsuncristrident.—Putain!Jevaisfinirparlafaire,cettedansedelajoie.—Sophia!—Linda,crie-t-elleenmêmetemps.On dirait deux gamines,mais on s’en fout.On saute partout.On estmortes de rire, bref on est
heureuses et ça sevoit.Brasdessusbrasdessous,on rejoint tout lemonde.Leandro adû faire les
présentationsàmaplace,finalement.Mariaetmamèreontl’airdebiens’entendre,jedevraispeut-êtrem’inquiéter.Lebuffetestvitedévalisé,heureusementj’aipusauverquelquesmuffinsavantlemassacre.Oui,ce
n’estpasbonpourlasanté,maisjem’enfous.J’aiprisuneballe,j’aibienledroitàdesmomentsdegoinfrerie.Soudain,mamèretapedanssesmainspourattirerl’attentiondetoutlemonde.—Bon,messieurs,jesuisdésoléepourvous.Maisc’estl’heuredelaséancecinéma.Jelanceuncoupd’œilàLeandro,necomprenantpasoùelleveutenvenir.Lesourireauxlèvres,il
hausse lesépaulesetquitte lapièce.Lesautressuivent lemouvement.C’estquandjevoismamèresortirleDVDdeMagicMikeXXL,quejesaisispourquoileshommesontfui.—Maman,jepouffe.—Benquoi,onatoutesenviedelevoir.Enfinlesvoir,précise-t-elle.Gênée,jeregardeendirectiondeMaria.Celle-ciestdéjàconfortablementinstalléedanslecanapé.
Ilfautcroirequetoutétaitdéjàprévu.Jem’installeprèsdemamère,repliemesjambesetposematêtesursonépaule.C’estpartipourlaséancedematage.Prèsdemafamilleagrandie,jemesensbien.Jemesensaimée,enpaix.Quedemanderdeplus?
J’aidéjàtoutcequ’ilmefaut.Unhommemerveilleuxetunegrandefamillesoudée.C’estcequej’aitoujoursvouluetc’estl’amourquimel’aapporté.L’amourm’apermisderéalisermonplusgrandsuccès.J’aiattrapélebonheur…Jelalaisseencompagniedesautresfemmesetemmènelesmecsprèsdelapiscine.Couverte,on
peutenprofiterpar tout temps. Justeàcôté ilyauncoindétente, apparemmentFengshuid’aprèsl’agent immobilier, un bar et une cuisine extérieure. Je vais jusqu’au bar et fais la distribution debières.Onseposeunpeupartout sur la terrasse, les transats, le rebordde lapiscineoucarrémentdedanspourcertains.—DesnouvellesdeDavis?demandeJosh.—Ildoitpasserdans…deuxminutes,s’ilestponctuel.Aumêmemoment,onsonneàlaported’entrée.Jemelève,déposemabièresurlebarettraverse
lamaison. Je passe devant le salon et constate que les filles sont à fond. Je jette un coup d’œil àl’écran, un homme est en train de danser dans une supérette.Et dire quemamère regarde ça ! JesecouelatêteetouvrelaporteàDavis.Jeluiserrelamainetl’emmènedirectementsurlaterrasse.Jeluiproposeunebièrequ’ilaccepte.
Daviss’affalesuruntransatavantd’enboireunegorgée.—Dunouveau,Davis?interrogeJosh.—Jepréfèrequevousm’appeliezBrian.—OK…Davis.Jelèvelesyeuxauciel.Depuislamissiond’extraction,cesdeux-làn’arrêtentpasdeseboufferla
gueule.—Bon,lesnouvellesnesontpasbonnes,souffle-t-il.Onesttoussuspendusàseslèvres.—Commevouslesavezdéjà,Felipearéussiànouséchapper.Joshl’interromptenpoussantunsoupirthéâtral.—On ne sait pas s’il est vivant oumort. Tout ce qu’on sait c’est que son cadavre n’a pas été
retrouvé.Pourl’instant,iln’estnullepartsurnosradars.Onresteàl’affût.—Jenecomprendspascommentvousavezfaitpournepaslevoirsortir,grondeJosh.
—Aveclafumée,lessnipersnepouvaientpasvoircequ’ilsepassaitàl’arrière.Etjeterappellequ’il y a eu beaucoup d’agitation ! Ce n’est pas ma faute si la mission ne s’est pas passéecorrectement.—Tuparlesd’unchef!s’exclameAlexeï.—Jeviensdemefairevirer,alorsnemecherchepastrop.Unsilencedemorts’installe.—Cequiestfaitestfait.Onresterasurnosgardes,maisoncontinueraàvivrenormalement,dis-je
pourromprelesilence.—TucomptesledireàLinda?demandeAlex.—Non,elleenaassezbavécommeça.Jeneveuxpasqu’ellepassesavieàregarderpar-dessus
sonépaule.Jeleferaipourelle.—Espéronsqu’elleneserendejamaiscomptequetuluicacheslavérité,intervientGary.Effectivement, si jamais elle l’apprend, elle risque de vouloir me couper les couilles. J’y tiens
quandmême,etceseraitpréjudiciablepourmoidelesperdre!—Onyretourne?jepropose.Ilsgrognenttous,peutentésparlaperspectived’assisteràlafindufilm.Jesecouelatêteetpars
rejoindremafemme.Lorsquej’arrive,ellessonttoutespenchéesenavant,concentréessurlascènequisejouedevantleursyeux.Jejetteuncoupd’œilàl’écranetsecouelatête,amusé.Unhommesetrémousse dans ce qui semble être un club. Jeme racle la gorge pour signalermaprésence, ellessursautent.Jem’esclaffeavantdetendrelamainàLinda.Aprèsundernierregardàl’écran,ellesefaufilejusqu’àmoi.—Etsionallaitfaireuntour,jechuchoteàsonoreille.Ellem’adresseun sourire coquin et place samaindans lamienne. Je l’entraîne jusqu’àunedes
dépendances.Àl’intérieur,lestyleesttrèsépuré,toutestdansdesteintesbleuesetblanches.Classe,maissimple.Jecrois,simessouvenirssontbons,quecelle-cia4pièces.Maisuneseulem’intéresse,detoutefaçon.DèsqueLindaafranchileseuildelaporte,jelasoulèveetlaplaquecontrelemur.—Onferalavisiteplustard,dis-jed’unevoixrauque.Délicatement,jeposemabouchesurlasienne,mordilleetsucesalèvreinférieure.Lindagémitet
sefrotteàmonentrejambe.J’approfondisnotrebaiser,ildevientplussauvage.Onlaisseparlernosinstincts.Jeladébarrassedesont-shirt,dévoilantunsoutien-gorgebordeauxtoutendentelle.Jesèmeun chemin de baisers sur sa gorge, mes lèvres s’attardent au creux de sa clavicule. Je l’emmènejusqu’à lachambreet ladéposesur le lit. J’enlèvemesbasketsetmeschaussettes. Jemonteàmontour.Alors que jem’appuie sur les coudes,ma bouche reprend possession de la sienne. Je nous fais
rouler,lapositionnantau-dessusdemoi.—Tuestellementbelle.Jem’étonnederéussirencoreàlafairerougir.Mesmainsparcourentsoncorpsets’arrêtentsurla
cicatricedelaballe.Moncœurseserreàcerappeldecequel’onavécu.—N’ypensepas,c’estdupassé.Concentre-toisurleprésentetl’avenir,medit-ellepourmesortir
demespenséeslugubres.Lindamedébarrassedemonhaut,jedégrafesonsoutien-gorge.J’aibesoindelasentirtotalement
nuecontremoi.Sestétonsdurcissefrottentàmonventrealorsqu’elledescendsabouchesurmontorse.Elledébouclemaceintureetjoueuninstantavecl’élastiquedemonboxeravantdepassersamainendessous.MonDieu,ellevametuer.Ellefinitparm’enlevermonpantalon,monboxer,etsedéshabillerentièrement.Salanguepasselelongdemaqueueettrèsvite,seslèvresentrentenaction.
Jeretiensmonsouffleetm’abandonneàsescaresses.—Putain,jegrogne.Sijenel’arrêtepasmaintenant,ceserafiniavantmêmed’avoirvraimentcommencé.Jelasoulève
etlarecouchesurledos.Meslèvresdescendentsursapoitrine.Jemordillesontéton,lelècheavantdesoufflerdessus.Jem’occupedusecondetlesucedeplusenplusfort.Lindan’arriveplusàretenirsesgémissements.Jedescendsencore, j’embrasse longuementsablessureetdéposemeslèvressurl’intérieur de sa cuisse. Elle frissonne. Je glissemon doigt entre les lèvres de son sexe. Puis maboucheseposesursonclitoris,jel’aspire,lemordillependantquemesdoigtsfontdesva-et-vient.Lindaposesamainsurmatêteettiresurmescheveux.Sesparoisseresserrent,j’accélèrelacadence.Jepourraisfairedurerleplaisir,maisçafaittroplongtempsetj’aibesoind’êtreenelle.Quandjelasensaubordduprécipice,jeposemamainlibresursonseinetfaistournersontéton
entremonpouceetmonindex.Lastimulationesttropintenseetellepousseuncridejouissance.Sanslalaisserredescendredesonpremierorgasme,jereprendsmesva-et-vientavecmesdoigtset
ellesetortille.—J’enpeuxplus,dit-ellehaletante.—Ohsi,tupeux.J’enlèvemesdoigtsetprendsunpréservatifdanslapochearrièredemonpantalon.Jeleluitends.
Elledéchirel’emballageetledérouleàunelenteurfolle.Jebasculelatêteenarrièreetsiffleentremesdents.—Désolémapuce,maisçanevapasêtredoux.J’aitropenvieetjenevaispaspouvoirmeretenir.—Jeneteledemandepas.Ellecroiseseschevillesderrièremondosetfaitpressionpourquej’avance.D’uncoupdereins,je
la pénètre. Putain ! Çam’avaitmanqué. Je ressors totalement et rentre d’un coup. Je recommenceplusieursfois.Lindatentedemeretenirenelleàchaquefois.—Leandro,s’ilteplaît…Je recule, posemesmains sur ses hanches et accélère la cadence.Mon corps est en sueur.Mes
assauts deviennent plusbrutaux, plus frénétiques. Je sensdéjà que je suis sur le point de jouir,macolonnevertébraleestenfeu.Jeplacemonpoucesursonclitorisetappuiedessus. Iln’enfautpasplus pour quema douce jouisse à nouveau. J’accélère encoremes coups de reins et la suis sur lamêmevague.Enfin,àboutdeforce,jem’effondresurelle.Desespetitesmains,ellemecaresseledos.—Jet’aime,chuchote-t-elle.Jerelèvelatêteetlaregardedanslesyeux.—Redis-le.—Jet’aime.Aujourd’hui,demain,jusqu’àlafindemesjoursLeandroSanchez.Putain,jenepouvaispasêtreplusheureux.—Jusqu’ànosvieuxjours,LindaPerrin.—Jusqu’aujouroùilfaudramettreànouveaudescouches!J’éclatederire.Jeretrouvelàcellequej’aiapprisàconnaître,àaimer.Elleacepouvoirdeme
faireriren’importequand.Etc’estenpartiepourçaquejel’aime.Jel’embrassesurlenezetluidisunephrasequejen’aijamaisautantrêvédeprononcer:—Deviensmafemme,Linda.Ellerigoleavantderetrouversonsérieux.—Jelesuisdéjà,monsieurSanchez.Jesuistiennedepuislepremierjour.Mes lèvres se posent délicatement sur les siennes. Je compte bienm’appliquer à ce qu’elle soit
miennepourtoujours.J’ancremesyeuxdanslessiens.Jesaisquemavieneserajamaispluslamême.Depuisquej’aivu
Felipe,ilyaunechosedontjesuissûr,c’estquejeneseraiplusjamaiscejeunegarçonprêtàtoutpoursevenger,prêtà tuern’importequi.AvecLindaàmescôtés, jesaisquejevaisemprunteruntoutautrechemin.Oh,jenevaispasprendretotalementmaretraite,Lindam’adéjàprévenuequ’elles’ennuierait,sinon.Maisjevaisutilisermesressourcespourlesgensquileméritent.Enattendantdesavoir ce qu’on va faire exactement de nos compétences professionnelles, on profite des petitsinstantsdelavie.Àdeux.
Épilogue
Lapièceaumurblancimmaculéestd’unsilenceinquiétant.Seullesondesmachinesrésonne.Leurnombre est impressionnant. Sur le lit, un homme est allongé, immobile. Le corps recouvert debandagesetreliéàplusieurscathéters.Unechaleurétouffanterègnedanslapiècestérile.—Vouspensezqu’ilvas’ensortir?demandeunejeunefemme.— Je ne sais pas. Je préfère vous dire la vérité, une partie de son corps est brûlé au troisième
degré.Ilvaavoirbesoindebeaucoupdegreffes,ilvayavoirunnombreimportantd’interventions.Maisd’abord,ondoitréussiràstabilisersonétatetsurveilleràcequ’iln’aitpasd’infections.Jenepeuxpasvousdires’ilvas’ensortir.Justequejevaistoutfairepour.—Vousavezintérêt,jevouspaiepourça.La jeunefemmesortde lapièceet fonden larmesdans lecouloir.Ellenepeutpassepermettre
d’êtrefaible.Alexnel’auraitpaspermis.Ellearrachesablouseetsesgants,dévoilantuntailleursurmesure.Ellesortunmiroirdepoche,arrangesonmaquillage,refaitàlava-vitesonchignonetpartretrouversonchauffeur.—Allons-y,somme-t-elle.Elleregardelespaysagesdéfiler,lecœurmeurtri.Elle s’appelle KeenaWilkes, et elle se fait la promesse que ceux qui ont fait ça a son père le
paierontdeleursang.Peuimporteletempsqueçaluiprendra…
REMERCIEMENTS
J’aitoujourspeurd’oublierunepersonne,c’estunpeucommeparlerenpublic,pourmoi.Alorsj’espèrenepasmeraterici.Jevoulaistoutd’aborddireunénormemerciàmonéditriceHélènequiafaitunexcellenttravail
surCollisionensipeudetemps.Àmonchéri,sansquijen’auraisjamaisécritlespremièreslignesdecettehistoire.Quim’apoussé
àcroire enmes rêves,mais surtoutquime supportequand jememets à chanterdes chansonsdesannées80!Àmasœurquicroitenmoietmesoutientcommepersonne!À ma sœur jumelle littéraire Ever ! Mon Dieu, nos fous rires et discussions m’ont toujours
remontélemoralquandjevoulaistoutarrêter!Unefilleexceptionnelleentoutpoint!ÀlaGirlPower,rencontréilyaunanmaintenant!Christina,Jessica,Sophie,Albine,Oksanaet
Chloé,vousêtesungroupedefillesavecuncœurenor!Iln’yapasdemotassezfortpourdireàquelpointjesuisheureusequenoscheminssesoientcroisés!Jevousaimelesfilles!À tous mes lecteursWattpad, de plus en plus nombreux ! Vous m’avez engueulée, parfois fait
pleurerderirevoirepleurer toutcourt!Jevousdisunénormemerci,parcequewaouh,vousêtesjustegéniaux!!Etpourfinir,merciàlapersonnequiainventélescookies,surtoutceuxauchocolat!!Monfidèle
compagnon, tout le long de l’écriture et la réécriture quand je suis sur le point dem’arracher lescheveux.Lechocolat,c’estlavie!J’espèrequecettehistoirevousaplu,quevousserezaurendez-vouspourlasuite,maisaussipour
d’autreshistoires.Àbientôt!
JohHarperavingt-cinqansetvitprèsdeReims.Lalectureestsadrogue–toutcommelechocolatetdésormaisl’écriture,unenouvelleaventure!Uneaventurecouronnéedesuccès,puisquelajeuneauteuredisposedéjàd’unejoliecommunautédefanssurlaplateformeWattpad.Sesamisdisentd’ellequ’elleaungrain…etellel’avouevolontiers,toutcommeelleestpersuadéedeletransmettreàsespersonnages.
MiladyestunlabeldeséditionsBragelonne
©Bragelonne2016
Photographiedecouverture:©Shutterstock
L’œuvreprésentesurlefichierquevousvenezd’acquérirestprotégéeparledroitd’auteur.Toutecopieouutilisationautrequepersonnelleconstitueraunecontrefaçonetserasusceptibled’entraîner
despoursuitescivilesetpénales.
ISBN:978-2-8205-2823-0
Bragelonne–Milady60-62,rued’Hauteville–75010Paris
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C’ESTAUSSI…
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CouvertureTitre1.Linda2.Linda3.Linda4.Linda5.Linda6.Linda7.Linda8.Linda9.Linda10.Linda11.Leandro12.Leandro13.Linda14.Linda15.Linda16.Leandro17.Linda18.Linda19.Linda20.Leandro21.Linda22.Linda23.Linda24.Leandro25.Linda26.Leandro27.Leandro28.LindaÉpilogueRemerciementsBiographieMentionslégalesBragelonnec’estaussi