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www.imctc.org 28 Numéro Août 2021 CRITIQUE DE LIVRE COMPRENDRE LES MÉTHODES DE RECRUTEMENT CHEZ LES GANGS DU CRIME ORGANISÉ ET LE TERRORISME UN LIVRE DE DAVID WEISBURD ET AL., CHERCHEURS EN CRIMINOLOGIE, SPRINGER, SUISSE.

CHEZ LES GANGS DU CRIME ORGANISÉ ET LE TERRORISME

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28Numéro

Août 2021

CRITIQUE DE LIVRE

COMPRENDRE LES MÉTHODES DE RECRUTEMENT CHEZ LES GANGS DU CRIME ORGANISÉ

ET LE TERRORISME

UN LIVRE DE DAVID WEISBURD ET AL., CHERCHEURS EN CRIMINOLOGIE, SPRINGER, SUISSE.

Critique de livrePublication Mensuelle de la Coalition Islamique Militaire pour Combattre le Terrorisme

Superviseur Général

Le Général-Major Mohammed bin Saïd Al-Mughaidi Secrétaire Général désigné de la Coalition Islamique Militaire pour Combattre le Terrorisme

Rédacteur en Chef

Ashour Ibrahim AljuhaniDirecteur du Département d’Études des Études Recherches

Conception, réalisation et édition

Société Taoq pour la Recherche et les Médias

Courriel: [email protected]éléphone: +966 114890124

Le livre, composé de 348 pages, est divisé en deux parties sur 12 cha-pitres. Les auteurs de cet ouvrage tentent de nous faire comprendre les méthodes de recrutement chez les gangs du crime organisé et les ré-seaux terroristes en combinant sociologie et technologie.

Critique de livre

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Août 2021

COMPRENDRE LES MÉTHODES DE RECRUTEMENT CHEZ LES GANGS

DU CRIME ORGANISÉ ET LE TERRORISME

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Vue généraleLa première partie traite des facteurs d’extrémisme et de recrutement pour le terrorisme d’après des cas étudiés en Italie, en Amérique, aux Pays-Bas et autres. Cette partie rapporte certains discours qui constituent des facteurs pour le terrorisme et étudie la capacité de résister au terrorisme, aux politiques opposées, la relation entre les stéréotypes et la vie dans le monde du crime, et les conditions qui influencent les tendances de l’extrémisme violent religieux et non religieux.

La deuxième partie retrace les causes du recrutement dans le crime organisé et le rôle des disparités économiques, des comportements psychologiques, des taux de chômage et des pénuries de main-d’œuvre à soutenir l’extrémisme violent. Les auteurs ont discuté de l’ère post-11 septembre afin de lier les actes de terrorisme passés aux actes de terrorisme et de criminalité actuels, en tant que principale menace pour les fondements des démocraties occidentales.

Les différences entre le crime organisé et le terrorisme, quant à leurs objectifs, ne masquent pas les similitudes entre eux et les menaces à la sécurité et à l’ordre public, et les grands dommages économiques que les pays occidentaux font face à l’heure actuelle.

Pour profiter au maximum du livre, nous en présenterons les grandes lignes, suivies d’une conclusion brève et critique.

Extrémisme et recrutementOn peut distinguer l’extrémisme et le recrutement chez les gangs terroristes selon leurs activités violentes et non-violentes. L’abus de la religion, le chômage et le faible niveau d’éducation sont les facteurs qui alimentent l’extrémisme et poussent vers le terrorisme.

Les auteurs ont conclu qu’il n’y a aucune information définitive dans la communauté scientifique qui puisse montrer, au-delà de tout doute raisonnable, pourquoi les gens rejoignent des organisations terroristes.

Le but de ce livre étant de dépasser les limites de la théorie et des concepts en matière de terrorisme et de ses perspectives secondaires.

lutte pour l’informationLa fin de la guerre froide a inauguré l’ère connue de (trouble post-bipolaire), qui a conduit à l’effacement de la personnalité bien connue de l’ennemi incarné dans l’Union soviétique à l’époque, et la déstabilisation des analyses stratégiques traditionnelles Ce qui a entraîné une ère d’indifférence à toutes sortes d’ennemis et de menaces. Depuis lors, l’extrémisme et le terrorisme ont été installés et enracinés sur le terrain, étant l’un des principaux facteurs de la menace contemporaine, avant qu’ils ne deviennent au lendemain du 11 septembre 2001 au rang de menace stratégique pour la paix et la sécurité collective.

Les événements du 11 septembre ont conduit à l’émergence d’une conviction de la nécessité de renouveler les pratiques et les systèmes de sécurité, de redéfinir la menace et de la reformuler. Or la menace est définie comme le processus dans lequel un individu ou un groupe adopte une forme de violence qui est directement liée à des croyances extrémistes avec des motifs politiques, sociaux ou religieux qui remettent en cause l’ordre politique, social ou culturel établi. Depuis lors, la guerre contre le terrorisme est devenue la doctrine de la sécurité dans les démocraties occidentales.

Le premier chapitre portant sur la recherche systématique des facteurs de risque passe ainsi en revue les causes profondes de l’extrémisme. Le résultat de cette revue indique que la « littérature spécifique » des facteurs de risque de radicalisation est très vaste. En effet, l’image floue du terrorisme met en évidence de sérieuses difficultés dans la pratique de décrire et de définir la menace, et de formuler des propositions pour s’en prévenir.

Par conséquent, la relation entre les intentions et les actions extrémistes, qui illustrent les motifs du

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fondamentalisme, de l’extrémisme et de la violence, est inutile, puisque les intentions, à elles seules sans action, sont vaines. C’est pourquoi, on dit : « La possibilité de dissuader les actions de l’extrémisme violent ou de rejoindre un groupe extrémiste, de s’en détourner et d’arrêter son soutien, du côté du mécontentement envers l’État, ne sont pas les seuls facteurs de risque ».

Le deuxième chapitre examine l’impact de la religion, du nationalisme ou des tendances séparatistes, ainsi que l’impact des modifications psychologiques et comportementales dans la limitation du recours à la violence. À la lumière de ces événements, de leur compréhension et de la formulation du problème qu’ils posent, il y a une possibilité d’un glissement vers l’extrémisme violent.

Notons que cette vision est devenue un centre puissant qui a attiré un ensemble unifié d’interprétations, d’explications, d’arguments, de pratiques et d’organes militants. Depuis lors, cette vision a pu être un lieu de rencontre pour des mesures préventives générales, des efforts de recherche scientifique, des questions et des enquêtes pour promouvoir une bonne compréhension de l’extrémisme. Bien que les étapes explicites de l’extrémisme soient présentées, les séquences de besoins individuels, d’événements motivants, de récits intellectuels, d’affiliation à un groupe et d’identité sociale ne sont pas unifiées et ne conduisent pas nécessairement à des actions violentes.

Retour des crimes terroristesLes auteurs des crimes aux yeux de l’État sont ceux qui menacent la sécurité nationale, ou organisent des activités illégales liées à la foi nationale. Par rapport au taux normal de criminalité, les terroristes ont augmenté la récidive en fonction du temps qu’ils passent en prison et du nombre de fois qu’ils sont incarcérés, ce qui rend difficile de proposer des programmes de déradicalisation et de dissuasion appropriés.

La violence excessive pratiquée par les États à l’encontre des coupables peut renverser la balance du jugement, de sorte que le délinquant devient une victime.

Les résultats négatifs involontaires de la police antiterroriste indiquent que les efforts de lutte contre le terrorisme se sont retournés contre eux, afin de lutter contre l’extrémisme et le recrutement.

Pour le Dr. Justice Tankebe de l’Université de Cambridge, les actions des personnes au pouvoir, et leurs réactions à la violence, génèrent parfois des sentiments de mécontentement chez les citoyens qu’elles sont chargées de protéger.

Les pratiques d’injustice et d’oppression contre les musulmans au Royaume-Uni sont l’un des motifs qui alimentent le recrutement et le terrorisme, tout en s’opposant et en empêchant le terrorisme. C’est pourquoi, les failles de la justice ou l’arbitraire des

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procédures augmentent les risques de recrutement et de récidive.

Comprendre l’extrémisme politique violent est désormais rendu possible par une approche multidisciplinaire, dans laquelle la criminologie et le terrorisme ont des fondements communs et évolutifs. La distinction entre le crime ordinaire et le comportement terroriste déviant découle de leur relation avec les tendances politiques et idéologiques, bien que les deux activités soient des crimes sanctionnés par la loi.

Dans ces conditions, toute personne impliquée dans un acte illégal, même s’il est politiquement justifié, risque de tomber dans l’abîme de l’extrémisme. Par conséquent, la prévention du terrorisme doit être renforcée afin de conjurer les maux de l’histoire criminelle.

L’extrémisme a tendance à utiliser la violence comme méthode d’expression politique des revendications, de rejet des griefs et de marginalisation. En utilisant une approche comparative, les auteurs ont réalisé qu’aucun crime ne pouvait être inclus dans la liste de l’extrémisme violent, que ce soit en Amérique ou à l’étranger. Au lieu de cela, les recherches futures pourraient prendre en compte la relation entre les crimes illégaux qui conduisent ou non à l’extrémisme violent dans l’ensemble de population en dehors des États-Unis d’Amérique.

Certains récits mettent en garde contre l’utilisation excessive de pratiques antiterroristes, car elles peuvent avoir des effets négatifs involontaires qui l’emportent sur les avantages souhaités. Selon Benjamin Franklin: Ceux qui sacrifient une partie de leur liberté pour offrir un peu de sécurité ne méritent ni l’un ni l’autre, et finissent par perdre les deux, et c’est plus courant maintenant que jamais. C’est pour cela que, dans la lutte contre l’extrémisme, les gouvernements ont proposé moins que la censure publique, telle que celle imposée aux médias sociaux. La stratégie du Royaume-Uni pour prévenir le terrorisme cible de manière inappropriée les communautés musulmanes et les examine au microscope, ce qui est très contre-productif.

Depuis 2010, la France connaît un renouveau de la répression purement administrative du terrorisme sans garanties pour les accusés en matière judiciaire. Cette coercition s’est manifestée notamment lorsque l’état d’urgence décrété en 2015 et en 2017, suivi de

campagnes de perquisition de milliers de personnes sans aucun contrôle de l’autorité judiciaire.

Facteurs de recrutement criminelDr. Vanja Ljujic de l’université d’Amesterdam UvA et al. parlent des facteurs sociaux, économiques et psychologiques composant l’image du terrorisme, du point de vue de la menace, comme aux Pays-Bas. Les auteurs ont développé un profil de menace multi-modèle, une approche nuancée qui a permis de distinguer l’attitude du grand public et celle des criminels envers le terrorisme.

Dans tout pays où la séparation inconstitutionnelle entre les communautés indigènes et celles d’accueil est appliquée, il devient facile, pour des motifs religieux et ethniques, à tout religieux d’être arbitrairement arrêté pour des attaques terroristes par des rebelles extrémistes aux Pays-Bas.

Il est clair que le mécontentement augmente parmi les jeunes musulmans, concernant leur statut social et économique, et la discrimination à leur encontre. À cet égard, les auteurs ont travaillé contre la distinction entre la participation au terrorisme et le développement d’un comportement criminel.

Les deux justifications ont à voir avec les contextes et les circonstances psychologiques auxquels les personnes sont confrontées, comme le désir fondamental d’auto-libération chez les jeunes des deuxième et troisième générations d’immigrants, un désir de construire leur propre identité.

Se livrer à l’extrémisme violent et à d’autres activités terroristes dans de telles circonstances alimente l’intolérance et la polarisation envers tous les opposants à ces jeunes qui se soucient de leur situation dans leur pays.

Par conséquent, l’extrémisme violent peut être interprété comme des réactions émotionnelles qui reflètent un état d’insatisfaction politique à l’égard de l’image d’un musulman dans un pays non musulman. C’est pourquoi, la menace terroriste augmente dans ce pays, et c’est ainsi que la menace perçue peut provenir de sources lointaines et proches. Par exemple, le crime organisé nécessite la contribution d’auteurs nationaux et internationaux, et la création d’un tel réseau nécessite des antécédents criminels communs, ainsi que des registres judiciaires. À partir d’un échantillon de 48 731 articles, les auteurs ont pu séparer les gangs, la mafia et d’autres organisations

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criminelles, tout en analysant leurs relations systémiques avec les organisations criminelles.

L’âge, la race, le sexe, l’éducation, le chômage, la famille, les antécédents personnels, le taux de criminalité et le code de conduite sont des facteurs importants capables de montrer la relation qui implique les individus dans les gangs du crime organisé selon la nature de l’étendue géographique. La capacité de se réorganiser rapidement et de recruter constamment de nouveaux membres a contribué à consolider les liens du crime organisé dans certaines zones géographiques.

L’expansion des gangs du crime organisé est due aux trois facteurs principaux: le trafic illicite de biens et de personnes, les changements de politiques et d’institutions, et surtout les développements techniques. Les principaux domaines d’activité des gangs traditionnels du crime organisé, tels que le trafic international de drogue, la traite des êtres humains et la criminalité financière, restent les principales sources de préoccupation.

En Italie, des études sur les inégalités socio-économiques ont confirmé que le crime organisé et l’économie partagent une relation étroite, car le chômage, les pénuries de main-d’œuvre ou le niveau des inégalités, ont une influence déterminante sur le contrôle de cet équilibre.

L’intérêt d’étudier la criminologie à la lumière du mouvement économique est implicite et indirect. Il s’intéresse aux conséquences économiques, et non à l’économie elle-même, à l’impact du crime et au processus de l’acte criminel. C’est-à-dire que l’économie peut générer de la richesse, fournir des emplois, promouvoir l’égalité ou augmenter le taux de pauvreté, de chômage et d’inégalité. Ce sont les facteurs qui ont été associés, au fil des ans, à l’augmentation des taux de délinquance ou de criminalité. Ainsi, les différentes théories permettent d’expliquer le développement de la criminalité et le passage au crime par le contexte économique d’un pays.

Ernesto Savona a préparé une étude approfondie utilisant une approche analytique sur la façon dont le porteur criminel de la mafia italienne a été condamné. Il s’agit d’un facteur essentiel qui prend en compte les profils des criminels, leurs parcours et l’influence de l’environnement qui les entoure. Le modèle de Blumstein a théoriquement démontré que la participation active ou passive au crime d’un point de vue fonctionnel, est une question de temps pour affiner la distinction entre délinquants accidentels et gangs mafieux. La profession criminelle est définie comme « la séquence longitudinale des crimes commis par un délinquant qui conserve un dossier connu des infractions pendant une période spécifiée ».

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Comprendre de telles manières de vision individuelle est un point central dans la lutte contre le recrutement et la violence perpétrée par la mafia italienne.

Il n’y a aucun signe de déclin du mouvement mafieux en Italie. Il a suivi le rythme de la modernité et est devenu plus secret, réduisant le nombre d’assassinats et d’enlèvements pou s’occuper d’activités lucratives telles que le trafic de drogue et la traite des êtres humains. Cependant, leur influence dans la société existe toujours, compte tenu du manque apparent de moyens mis en œuvre pour les affronter. C’est pourquoi, le premier combat à mener est de conquérir les zones dévastées par la pauvreté et l’exode massif des campagnes, en donnant à la population locale la possibilité de vivre sans être soumise à la délinquance. Par conséquent, plus de justice sociale doit être faite pour réduire le rejet de la légitimité. Ce chemin est long et semé de doutes de part et d’autre, et nécessite un engagement commun qui transcende les frontières régionales et nationales, même européenne.

La psychologie des individus est également un moyen important pour comprendre la relation entre la violence et l’état d’âme. Il s’agit d’une réaction émotionnelle reflétant un état d’insatisfaction politique de l’homme contre sa société.

Un grave trouble de la personnalité sadique, la vengeance masochiste et l’élimination des préjugés

stéréotypés sont les caractéristiques les plus importantes du comportement criminel.

Les études sur le comportement criminel contrastent avec l’observation courante selon laquelle les individus sont rarement délinquants tout au long de leur vie. De tous les individus qui empruntent cette voie à l’âge de 18 ans, peu se sont impliqués dans des activités criminelles à l’âge de 30 ans, alors que la grande majorité s’est installée dans une vie sociale selon les normes en vigueur. Cette observation indique que ce que nous appelons la personnalité de l’individu ne nous donne pas d’informations fiables qui nous permettraient de prédire son comportement futur.

Soutien logistique et crimePlus le volume d’activités illégales est important, plus le profit à réaliser est important, mais au prix d’un risque accru de détection et de perturbation. On peut voir que les grandes entreprises illégales sont mieux placées pour gérer ces risques, parce qu’ils peuvent mettre en commun leurs ressources, recruter des personnes qui peuvent être remplacées pour des tâches dangereuses ou recruter des personnes pour des tâches spécialisées comme la sécurité.

Les activités illégales s’intensifient davantage, passant de petits groupes individuels à de grandes organisations qui changent selon la nature des crimes

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commis. Il est difficile d’élaborer des stratégies légales efficaces pour contrôler et perturber les réseaux du crime organisé. D’après les preuves empiriques de l’analyse des médias sociaux, de nombreux réseaux criminels peuvent résister aux stratégies légales traditionnelles ciblant les chefs d’organisations criminelles. La recherche montre que les réseaux criminels manquent de flexibilité s’ils veulent se protéger des processus censés les perturber. Cependant, on n’a pas suffisament de moyens pour savoir comment les réseaux criminels s’adaptent et se remettent d’une attaque de démantèlement.

Les perturbations improbables des réseaux criminels organisés et des groupes délinquants, et la mentalité de contre-espionnage qu’ils ont développée au fil du temps, encouragent les canaux de recrutement au cours de la lutte pour accéder facilement à l’argent.

L’âge du délinquant, ses antécédents personnels, le chômage et le manque de main-d’œuvre sont des raisons traditionnelles de transmission de la délinquance. La participation dès le plus jeune âge à la formation de bandes criminelles conduit l’individu à recourir à ces professions criminelles tout au long de sa vie, après qu’elles deviennent une source principale de ses revenus.

En ce qui concerne l’emploi et le chômage, la perception des risques de criminalité diminue aux Pays-Bas après l’âge de 50 ans. Il est à noter que l’échec des méthodes de socialisation, les conditions pathologiques, la répétition de certains traits de personnalité chez les délinquants habituels, l’égoïsme et l’immaturité émotionnelle sont des traits qui prédisposent à un taux accru de délinquance et de déviation.

Dans ces circonstances, le délinquant place son sentiment d’injustice au-dessus des injustices qu’il peut causer, ainsi que son intolérance aux frustrations et aux fardeaux de son présent, et sa perte fréquente de contrôle émotionnel. Son côté enfantin forme des tendances psychologiques qui développent la criminalité. La délinquance courante fait référence à un comportement spécifique qui, si le jeune est un adulte, peut s’apparenter à un comportement criminel. Il est très probable que ces comportements antisociaux persisteront à l’âge adulte. Une analyse longitudinale claire permettrait de déterminer clairement si les facteurs de risque conduisent à la criminalité à l’âge adulte. Dans le même contexte, d’autres études sur

les comportements délinquants juvéniles s’attachent à déterminer si ces facteurs de risque sont attendus, tout en poursuivant le rôle prédictif de la délinquance, notamment lorsque les jeunes quittent leur famille, leur emploi et leur environnement scolaire d’exercer les responsabilités qui leur sont confiées. Changer l’environnement affecte les jeunes de différentes manières, avec la nécessité d’évaluer les revenus des jeunes qui ont subi toute sorte de délinquance ou d’implication dans la criminalité.

Renuska Maderie et Erdwin kruisbergen montrent comment le transfert social peut alimenter le soutien « logistique » des gangs du crime organisé aux Pays-Bas, tout en mettant l’accent sur les responsabilités professionnelles et en favorisant la stabilité familiale, d’une manière qui empêche les individus de se livrer dans le luxe de la vie, tout en divulguant le soutien illégal et illicite fourni aux gangs du crime organisé aux Pays-Bas, sans éveiller aucun soupçon, et en surveillant les failles de sécurité du réseau.

Points de vue comparatifsLe livre présente une analyse critique des facteurs qui justifient le recours à la violence en Italie, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Les contributions des auteurs aident à mettre en parallèle ce qui se passe en Afrique en ce qui concerne l’extrémisme violent. En Afrique subsaharienne, les actes criminels sont motivés par la religion et les gains faciles. Les interprétations rigides des préceptes des religions prônées par ces mouvements séduisent certains chômeurs en leur donnant la possibilité de construire leur propre identité. Ces mouvements opèrent au niveau local en pénétrant les structures administratives. Ils offrent une issue à la pauvreté et aux perspectives sombres. Beaucoup de ces jeunes sont impliqués dans de nombreux trafics d’êtres humains, mais défendre une cause religieuse renforce la position de l’individu dans la société pour devenir ensuite le « héros local » comme l’a mentionné Victor Van der Geest et al.

L’organisation terroriste Boko Haram par exemple, séduit les jeunes avec sa rhétorique et son récit anti-occidental. Les enseignements religieux et politiques fournissent à ces organisations une norme émotionnelle et psychologique pour recruter des jeunes.

Les enseignements religieux et politiques des mouvements extrémistes fournissent une norme émotionnelle et psychologique pour recruter des

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jeunes capables de se reconstruire et leur donnent une identité. Ces organisations ne se limitent pas aux seuls programmes religieux.

L’endoctrinement intellectuel pour le recrutement a ouvert la voie, s’appuyant sur la rébellion des jeunes contre les autorités de l’État, qu’ils ne voient pas comme une solution à leurs problèmes. Le risque d’exacerber l’extrémisme des jeunes est grand. L’absence de contrôle de l’État sur les écoles publiques qui enseignent les croyances religieuses corrompues facilite le recrutement des jeunes dans l’extrémisme violent.

Les formes d’inégalité dans l’accès des diplômés aux opportunités d’emploi après la fin des études scolaires entre les diplômés de l’enseignement traditionnel et les diplômés de l’enseignement franco- et anglo-arabe sont des facteurs qui soutiennent l’extrémisme, le terrorisme et la participation au crime. Cette crise au Nigeria a provoqué le retour d’un grand nombre de jeunes immigrés. Le dénuement qui imprègne des milliers de familles dans certaines zones pousse les jeunes à accepter toutes sortes d’offres, ce qui constitue une menace sécuritaire majeure et une source d’inquiétude pour les pays de la région avoisinnante. Cette approche valide les contributions de Vanja et al. au développement d’un modèle qui traque les menaces terroristes. Ce livre a permis de comprendre les moteurs de l’extrémisme dans les villages, les zones urbaines, les universités et les prisons, au Cameroun, au Tchad et au Nigeria.

L’ignorance des devoirs et droits est le moteur de l’extrémisme dans les villages, les zones urbaines, les universités et les prisons dans ces pays, ce qui plonge les jeunes dans un état d’inconscience que les extrémistes exploitent pour les mobiliser contre le pouvoir établi.

La perte d’opportunités d’emploi est une raison majeure de la propagation du phénomène de l’extrémisme. Comme les zones rurales offrent très peu d’opportunités d’emploi, les jeunes se retrouvent sans travail ni métier, et deviennent marginalisés socialement, sans égard pour leur famille et la société. Vu leurs grandes capacités physiques, les jeunes sont une proie précieuse pour les extrémistes et les criminels qui leur offrent une inclusion sociale et économique.

L’analphabétisme et le décrochage scolaire sont aussi des facteurs qui ravagent la jeunesse, dans la mesure où leur niveau d’éducation ne leur permet pas d’appréhender la démocratie et la vie politique de leur pays. Les dirigeants politiques et religieux profitent souvent de ce manque de sensibilisation

et de connaissances pour semer les graines de la violence. Cela révèle deux sentiments chez les jeunes: un sentiment d’injustice et un sentiment de mauvaise gestion des ressources publiques.

Le phénomène de l’extrémisme religieux chez certains étudiants àl’université pousse les jeunes à se considérer comme des chefs religieux pour appliquer ce qu’ils ont appris dans les écoles religieuses françaises, ou les écoles religieuses anglaises.

Le sentiment de discrimination dû à la limitation à un diplôme arabe dans l’administration, et la perte d’opportunités d’emploi selon leurs programmes, renforcent les principaux facteurs d’extrémisme et de recrutement dans des groupes terroristes et criminels dans la région.

Dans les centres pénitentiaires, l’extrémisme provient d’erreurs judiciaires et de retards dans les procès, conduisant à un sentiment de frustration et d’injustice dans le cœur des détenus.

La combinaison de détenus ordinaires et de suspects de terrorisme fait courir le risque que des détenus ordinaires soient impliqués dans des activités terroristes et criminelles.

Discuter des résultats du livreLe terrorisme est une réalité concrète identifiable, mais la notion est vaste et ambiguë. Tous les actes terroristes ne sont pas pareils, car il est difficile de les réduire à une seule forme de violence. Comment mettre sur le même plan le terrorisme de la drogue des militants colombiens, ou l’attentat du 11 septembre, ou les violences en Irlande du Nord ? Il semble que les sociétés qui offrent des emplois, des services publics et une éducation à tous leurs citoyens soient exemptes d’extrémisme.

L’échec de la gouvernance et l’absence de perspectives jettent de nombreuses personnes dans le désespoir et la perte de dignité. Pour cela, certaines personnes se retrouvent du côté de la résistance, qu’elles considèrent comme une réaction logique et la seule influence pour construire un avenir meilleur.

Pour Rami Khoury de l’Université américaine de Beyrouth, lutter contre l’extrémisme ne prend pas toujours en compte les griefs qui ont alimenté les violences, comme au Moyen-Orient, en Tchétchénie ou en Irlande du Nord.

La nature des actes terroristes est proche des actes de guerre et des activités criminelles, mais leur finalité est

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une forme de violence politique proche du terrorisme et des crimes de haine.

Bien que le terrorisme soit un type de violence, il a sa propre nature et ses différents types. Le livre offre des réponses aux questions sur les méthodes économiques et le terrorisme, la logique de l’extrémisme violent, les niveaux de violence, les conditions qui expliquent le passage au terrorisme et la base économique du terrorisme.

Dans la section concernant le crime organisé, la question de la délinquance courante est traitée de manière rudimentaire, et n’articulent pas clairement l’idée de réseaux criminels en entier.

Ce livre n’a pas présenté une discussion sur les crimes à but lucratif, tels que le pillage, qui négligent les crimes de marché et les crimes commerciaux qui sont d’importantes sources de revenus et reviennent à la criminalité et au recrutement.

Le crime est-il rentable ? Et qui en profite ? Les auteurs semblent avoir pris en compte des considérations financières, un fait qui a été négligé par d’autres. Cependant, les théories économiques présentent le crime à la suite d’une analyse du coût que subit le délinquant et le profit qu’il en gagne. Alors que les chercheurs ont passé beaucoup de temps à scruter les

coûts, mais ils ont gardé le silence sur le niveau de profit attendu que le crime pourrait offrir aux contrevenants.

Dans leur analyse du crime, des méthodes de dissuasion et du choix rationnel, Pilianvin et al. voient qu’il existe une théorie intégrée qui peut embrasser les deux éléments de l’équation. Les organisations criminelles sont un moyen de mettre fin à une action concrète qui produit un résultat positif ou négatif. Les auteurs retracent la capacité des délinquants à générer des revenus qui satisfont leur désir de créer les conditions nécessaires à la réussite de leurs crimes, ou leur capacité à saisir des opportunités. Les gains financiers peuvent en fait aider à expliquer pourquoi les auteurs récidivent au moins partiellement, et ne sont pas découragés par les épreuves du crime par rapport à ce qu’ils en retirent.

ConclusionCe livre a passé en revue l’extrémisme religieux, les identités ethniques, le chômage, l’environnement mafieux, le faible niveau d’éducation et le retour de la criminalité dans les prisons. Les pays étudiés doivent apporter des réponses globales aux moyens contre le crime organisé, le terrorisme et le recrutement, pour que les pays d’Afrique subsaharienne tirent les leçons des méthodes et politiques adoptées pour lutter contre ce phénomène meurtrier.

ÉditeurSpringer - 12 juin 2020

COMPRENDRE LES MÉTHODES DE RECRUTEMENT

CHEZ LES GANGS DU CRIME ORGANISÉ

ET LE TERRORISME

ISBN-10 : 3030366383

ISBN-13 : 978-3030366384