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Chine et Europe: Évolution et particularités des rapports Est-Ouest du XVIe au XXe siècle.(Actes du IVe Colloque international de Sinologie, Chantilly - 1983)Review by: Françoise AubinArchives de sciences sociales des religions, 37e Année, No. 80 (Oct. - Dec., 1992), pp. 252-253Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30128614 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES SOCIALES DES RELIGIONS

Lorsque sera achev6e la parution de ce re- marquable corpus destin6 i recueillir l'ensem- ble des inscriptions musulmanes dissdmindes i travers la R6publique populaire en des lan-

gues autres que le chinois, la connaissance des d6buts de l'islam en Chine aura progress6 d'un grand pas.

Frangoise Aubin.

80-20

Chine et Europe: Evolution et particulari- tis des rapports Est-Ouest du XVIe au XXe sibcle. (Actes du IVe Colloque international de Sinologie, Chantilly - 1983). Taipei-Paris- Hong Kong, Institut Ricci, Ricci Institute, avec la collaboration de l'Institute for Chinese - Western Cultural History, Universit6 de San Francisco, 1991-1992, XXXVI-314 p., cartes (coll. i< Vari6t6s Sinologiques >, nouvelle sdrie, vol. 73).

Les colloques internationaux de sinologie, qui se tiennent depuis 1974 tous les trois ans dans le cadre de l'Institut j6suite des Fontaines ? Chantilly, ont pour thbme g~ndral les rap- ports pr6modernes entre l'Est et I'Ouest et pour centre d'int6r6t principal les missions j&- suites dans la Chine des XVIIe-XVIIIe sibcles. Le retrait du P. Joseph Dehergne, s.j. (1903- 1990), l'ime de ces r6unions savantes, peu aprbs la tenue du IVe colloque en 1983 a gran- dement retard6 la parution des communications qui y avaient 6t6 pr6sent6es. Neuf ans plus tard, celles-ci ne sont pourtant pas d6mod6es, mise i part leur bibliographie qui, pour les par- ties modernes, ne d6passe gubre la fin des an- n6es soixante-dix.

Certaines contributions concernent le c6td europ6en des missions de Chine. Un ultime ap- port du P. Dehergne i l'histoire de ces mis- sions, dont il 6tait un des maitres incontestables (Cf sa n6crologie et sa biblio- graphie, p. 303-14), traite (p. 134-52), avec la science prdcise qui lui 6tait habituelle, des dif- ficultds gdo-politiques auxquelles s'est heurt6e la requate adressde par Matteo Ricci (1552- 1610) mourant au confesseur de Henri IV, le P. Coton, s.j. (1564-1626), pour que soient en- voyds i la Chine des j6suites frangais: bien que le message soit certainement arriv6 i des- tination, c'est seulement 75 ans plus tard que le voeu de Ricci sera exauc6, lorsque Louis XIV osera d6pacher six j6suites math6mati- ciens hors du padroado portugais. Dans le pro- longement de ces rfflexions, on peut lire la contribution de Lewis Pyenson (p. 249-71) sur le travail des j6suites physiciens et astronomes

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frangais dans la Chine du XIXe sibcle finissant et du XXe (ainsi qu'd Beyrouth et Tananarive) et l'usage que le gouvernement frangais en fai- sait pour favoriser son < impdrialisme cultu- rel >, selon le terme de l'auteur.

Autre face des curiosit6s et visdes politiques des puissances europdennes face i l'immensit6 chinoise: la mission de Nicolas Spathar (ou Nikolai Spatharii Milescu, 1636-1708), un aventurier grec de Moldavie au savoir ency- clopddique, ambassadeur du tsar Alexis Mi- khailovich auprbs de l'empereur K'ang-hsi en 1676, dont traite assez bribvement Mme Egly Alexandre (p. 1-11). Ajoutons que d'autres orientalistes se sont intdressds i ce personnage hors du commun et aux rfcits de son voyage, vers le moment oh Mme Alexandre regrettait l'oubli dans lequel il paraissait

,tre tomb6 : le

sinologue Rudolf Loewenthal dans un article richement document6 (Monumenta Serica. 37, 1986-87, p. 95-ll1); la mongolisante rou- maine Rodica Pop, dans une communication prfsentde en anglais, d'aprbs des sources et tra- vaux roumains, au 4e congrbs international des 6tudes mongoles t Ulan-Bator (Olon ulsyn mongolch erdemtnij IV ikh khural, tome I, 1985, p. 323-26); un historien chinois des re- lations internationales, Hao Zhenhua, dans un article publid d'abord i P6kin en 1985, puis en anglais dans Ferdinand Verbiest Founda- tion. China and Europe Yearbook 86, (Leuven University Press, 1986, p. 110-39), oji il atta- que, s travers la moralit6 douteuse de Spathar, l'expansionnisme russe.

Les ddbuts des 6tudes chinoises en Europe sont retracds par le Dr. Knud Lundbaek (p. 228-36) d'aprbs la monographie qu'il a consacrde i T.S. Bayer, 1694-1738 (parue en 1986, Cf Arch., 63, no 347. Signalons A ce pro- pos que le r81e de Bayer dans la tradition sa- vante russe est rappel6 par Sina M. Dubowoj, dans Canadian Slavonic Papers, XXVII, no 2, 1985, p. 122-39). Le pr6sent recueil propose 6galement des vues varides sur les apports des j6suites de la grande 6poque i la connaissance de la Chine en Europe: par leur cartographie (Shannon McCune, p. 237-48, i propos de Jean-Baptiste R6gis, 1663-1738 ; et Christophe Comentale, p. 125-33, a propos d'Antoine Gaubil, 1689-1759); par leur traitement de la chronologie chinoise (Thdodore N. Foss, p. 153-92, h propos de l'oeuvre de Jean-Bap- tiste Du Halde) ; mais aussi par la distorsion iddologique du << figuriste > Joachim Bouvet (par Claudia von Collani, la sp6cialiste haute- ment renomm6e du sujet, p. 107-24, et par Ge- nevibre Javary, p. 193-227). G6ographie et dfnonciation de l'affabulation se milent dans l'intdressante critique i laquelle le sinologue

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BULLETIN DES OUVRAGES

Michel Cartier, p. 75-93, soumet le pr6tendu voyage en Chine, en 1542-1550, du Portugais Ferna5 Mendes Pinto, en le comparant h la car- tographie portugaise de son temps, pour dice- ler finalement un curieux mouvement d'aller et de retour entre la r6alit6 et la fiction.

Si l'on choisit le versant chinois de l'his- toire, I'on tombe sur un autre type de fantaisie imaginative: l'id6e de l'Europe, telle que les premiers jdsuites l'avaient inculquie i leur dis- ciple et collaborateur Hsii Kuang-ch'i (1562- 1633), par un historien chinois rfsidant au Canada, Chen Min-sun (p. 94-106). L'introduc- tion en chinois de la terminologie anatomique occidentale est traitde par Erhard Rosner (p. 272-87) dans l'ampleur de son d6veloppe- ment depuis les essais des j6suites ayant une formation m6dicale au XVIIe sibcle, afin d'il- lustrer un aspect important des 6changes cultu- rels: la formation d'un langage technique moderne en chinois.

Une forme d'apostolat peu connu est celui qu'ont dfvelopp6 quelques missionnaires pro- testants oeuvrant chez les musulmans chinois, depuis la fin du XIXe sidcle jusqu'd l'arriv6e du communisme ; la conversion de masse n'en a pas d6could, mais la propagande 6vang61lique a eu l'effet inattendu, pervers eu 6gard au but missionnaire chr6tien, de r6veiller l'intdret des musulmans de Chine pour l'approfondissement des 6tudes coraniques dans leur langue (Fran- goise Aubin, p. 12-74, avec une mise A jour bi- bliographique en 1990).

Enfin le peuple chinois lui-mime forme le sujet de la contribution de Jean-Paul Wiest (p. 288-302) sur les motifs et les circonstances des mouvements antichr6tiens de la seconde moitid du XIXe sibcle.

Une pr6sentation impeccable ; des caractbres chinois dispens6s i profusion dans le texte et les notes, ces dernitres 6tant en bas de page et non en fin de livre ou de chapitre, les r&- sum6s des contributions en frangais et en an- glais: les dditeurs du recueil, Theodore N. Foss et les Phres j6suites, Edward Malatesta et Yves Raguin n'ont pas m6nag6 leurs peines pour maintenir l'entreprise au niveau souhait6 par le regrettd P. Dehergne.

Frangoise Aubin.

80.21 CHOLVY (Gerard) dd.

Le patronage ghetto on vivier ? Actes du col- loque des 11 et 12 mars 1987. Paris, 6d. Nou- velle cit6, 1988, 295 p. (Avec le concours du GRECO II du CNRS).

La lecture de cet ouvrage ne peut qu'8tre conseill6 i quiconque s'intdresse aux pro- blames de la jeunesse, repris et trait6s particu- librement dans une perspective religieuse. Plus d'une vingtaine de textes, - actes d'un collo- que tenu i Paris, - retracent I'histoire, - au cours du XIXe et du XXe sibcles,- de cette institution qu'est le patronage, ce lieu d'ac- cueil pour activit6s diverses, cette << nouvelle pratique des bonnes oeuvres >>. De nombreux faits et documents, des t6moignages, quelques analyses socio-historiques en constituent la trame. Il s'agit pour l'essentiel d'un dossier, - non d'une synthise ordonn6e et critique -, rendant compte, dans leur complexite et leurs 6volutions, des enjeux, des strat6gies, des af- filiations, des affinit6s, des oppositions que comportent ces oeuvres de jeunesse d6finies comme patronage.

Le d6but des patronages serait dat6 de 1835, avec la fondation du << Patronage des appren- tis >> par la Soci&t6 de Saint Vincent-de-Paul. A noter des antic6dents des la fin du XVIIIe sibcle. En toile de fond, la p6riode post-rdvo- lutionnaire, le d6veloppement du catholicisme social et le face t face avec une opposition lai'- que et anticl6ricale. L'objectif principal est alors de remobiliser et de moraliser les jeunes d'un point de vue religieux, i partir d'activit6s ludiques, notamment sportives. Cette institu- tion prendra un essor important, aura une pe- riode faste dans l'entre-deux guerres et au cours des ann6es suivant la Liberation ; mais i partir des ann6es 1960, elle subira bien des ruptures. Ce sera la d6crue, due autant i l'6- volution de la soci6td, du systhme 6ducatif, de l'organisation des loisirs et de la consomma- tion, qu'aux 6volutions propres des Eglises. En suivant cet itindraire, on retrouve toutes sortes de d6bats internes aux institutions confession- nelles : la paroisse comme lieu d'implantation des activit6s religieuses, la pastorale du dedans ou du dehors, la masse et I'dlite, les Mouve- ments et les (Euvres. Ce n'est pas le moindre des int6r~ts de ce dossier de montrer aussi le r61e d'dveil de militants, essaimant vers d'au- tres formes d'activitis, telles que, notamment, l'Action Catholique sp6cialis6e ou le scou- tisme, et s'6loignant de celles que repr6sentent les patronages. Ghetto ou vivier ? Sans doute l'un et l'autre. Mais il resterait a s'interroger de fagon plus aigue sur le caractbre instrumen- tal des activit6s de loisirs ou de sport, utilisdes ici i des fins de reconquate religieuse.

Jacques Sutter.

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