20
Femmes dans les médias : avancée ou leurre ? Par Gisèle Halimi INTERVIEW Margot Wallström Vice-présidente de la Commission européenne « La Clause de l’Européenne la plus favorisée est une excellente idée. » N° 104 • octobre • novembre • décembre 2008 • 3 Euros Fondé par Simone de Beauvoir & Gisèle Halimi POINT DE VUE Pierre Concialdi Chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) Travailler plus pour gagner plus ? AUDREY PULVAR • FRANCE 3 Co-animatrice avec Frédéric Taddéi du colloque sur « LA CLAUSE DE L’EUROPéENNE LA PLUS FAVORISéE» organisé les 27 et 28 novembre 2008 à Paris par Choisir la cause des femmes Choisir lacause desfemmes Ruth Elkrief Anne-Sophie Lapix Hélène Jouan Claire Chazal Elizabeth Martichoux Laurence Ferrari Christine Ockrent BFM TV Canal+ France Inter TF1 RTL TF1 Audiovisuel Extérieur de la France

Choisir desfemmes lacause Fondé par Simone de Beauvoir ... · Fondé par Simone de Beauvoir & Gisèle Halimi POINT DE VUE Pierre Concialdi Chercheur à l’Institut de recherches

  • Upload
    dinhanh

  • View
    221

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Femmes dans les médias :avancée ou leurre ?

Par Gisèle Halimi

INTERVIEWMargot Wallström

Vice-présidente de la Commission européenne

« La Clause de l’Européenne la plus favorisée est une excellente idée. »

N° 104 • octobre • novembre • décembre 2008 • 3 Euros

Fondé par Simone de Beauvoir & Gisèle Halimi

POINT DE VUEPierre Concialdi

Chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES)

Travailler plus pour gagner plus ?

Audrey PulvAr • FrAnce 3Co-animatrice avec Frédéric Taddéi du colloque sur « la ClaUsE DE l’EUROPéENNE la PlUs FaVORIséE» organisé les 27 et 28 novembre 2008 à Paris par Choisir la cause des femmes

Choisirlacausedesfemmes

RuthElkrief Anne-SophieLapix HélèneJouan ClaireChazal ElizabethMartichoux LaurenceFerrari ChristineOckrent BFMTV Canal+ FranceInter TF1 RTL TF1 AudiovisuelExtérieurdelaFrance

25 août 2008 : La blonde hitchcockienne, Lau-rence Ferrari présente

le journal télévisé de TF1. Journal le plus regardé d’Europe, 8 à 9 mil-lions de téléspectateurs dit-on. Elle succède à une vedette incontestée depuis plus de 20 ans, le journaliste Patrick Poivre d’Arvor. Comment ? Pourquoi ? Laissons les misogynes, coutumiers des mêmes rumeurs, ex-pliquer que le Président de la Répu-blique serait intervenu auprès de ses

amis décideurs de la chaîne. Après avoir lui-même viré, dit-on Patrick Poivre d’Arvor pour « insolence ».

Une telle responsabilité, pour la pre-mière fois confiée à une femme, me-sure a priori une avancée(1). Un tam-tam assourdissant des médias, infos et people confondus, nous sommait de le remarquer. Ferrari – faux pas ? – s’est prêtée complaisamment à cette campagne de promotion excessive.

Anne-Sophie Lapix a succédé à Lau-rence Ferrari sur Canal + (« Dimanche plus ») et dans le même temps, Hé-lène Jouan est nommée première di-rectrice de la rédaction sur France In-ter. La liste s’allonge, à notre grande satisfaction. Voilà qu’Elisabeth Marti-choux est l’auteure du journal le plus écouté de France (RTL 8h00). Quant à Audrey Pulvar, son intelligence et son savoir-faire font progresser l’audimat (modeste) de FR3 dans le 19/20. On ne parle même plus des

« anciennes », Arlette Cha-bot, directrice de la rédaction de France 2 et Christine Oc-krent, directri-ce générale de France Monde. Elles font natu-rellement par-tie du paysage médiatique. En haut de l’affi-che, s’entend.De la joie, presque de la

gourmandise à écrire les noms de ces femmes chargées d’informer, de commenter, d’être le miroir vivant et juste de l’événement.

Enfin, se dit-on, parvenues à des postes décisionnels jusqu’alors hé-gémoniquement occupés par les hommes. Précisons aussitôt que leur réussite personnelle n’intéresse que dans la mesure où elle se confond avec celle de leurs fonctions. Et pour

cela, nous aurons les mêmes jauges que pour leurs homologues mascu-lins : honnêteté, objectivité, rigueur, intelligence, clarté.

Conquête symbolique ?

Car leur succès – si succès il y a – doit dépasser celui de la conquête symbolique de chasses gardées des hommes. Et, pour faire sens, marquer une avancée des femmes dans l’image que leur réservent,

globalement, les médias. Ou, a tout le moins, un mieux- être vers plus d’égalité. Plus de dignité ? Autrement dit, ces promotions de femmes journalistes pour faire les médias peuvent-elles être interpré-tées comme le signe avant coureur, l’avant garde d’une égalité de traite-ment pour toutes les femmes (51 % de la population française) par les médias ?

S’officialise alors en même temps ce que nous avions, chacune dans no-tre coin, constaté. Les femmes, selon un rapport rendu public(2) par Valérie Létard, Secrétaire d’Etat chargée de la solidarité, « majorité peu visible », ne bénéficient dans les médias que d’un statut discriminatoire, de « se-conde zone ». Le rôle d’expert, à la radio, à la télé ou dans la presse, res-te dévolu à l’homme, la femme de-vant se contenter de jouer le témoin émouvant, spontané, prolixe… Pro-lixe jusqu’à un certain point cepen-dant car la parole masculine (68 %) réduit celle des femmes à la portion congrue (32 %) à la télévision. Som-

femmes dans les médias : avancée ou leurre ?

2 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

EDITOPar Gisèle Halimi

©S

huva

Rah

im-

Foto

lia.c

om

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 3

SOM

MA

IRE

mes-nous mieux lotis dans la presse ? Guère. Le sexe fort occupe trois fois plus d’articles (36 %) que les femmes (11 %). Et les photos ? On aurait pû croire que… eh bien non. Sauf si el-les sont coquines ou grivoises, pré-férence absolue est donnée à celles qui représentent les hommes (53 %) au détriment des femmes (17 %). L’ambiance de travail dans certaines radios et télés nous est décrite com-me franchement méprisante pour les rescapées de notre sexe. Je veux dire les assistantes, téléphonistes, hôtes-ses dépourvues du bouclier de « la chef » et/ou de l’aura de la vedette. A peine consultées, souvent contre-dites, on ne les hèle que par leur pré-nom, la plupart du temps, histoire de montrer « qu’au boulot, les nanas et les mecs, c’est pas pareil… »Cette discrimination par les médias du « peuple femme », traité comme les obscures et les sans grade, n’est pas anodine. Elle révèle en effet une faille de notre démocratie, que l’opinion et l’information structu-rent et inscrivent dans la société d’aujourd’hui.

Progrès ou leurre ?

Pour remédier aux conclusions ca-tastrophiques de ce rapport, que propose t-on ? Une « mission d’ob-servation » (après un rapport sur l’état des lieux ça va faire trembler les misogynes au pouvoir !) et un « suivi des stéréotypes féminins » (autant dire un autre rapport pour remédier aux maux dénoncés dans un précé-dent rapport…)

En 1986, alors Ambassadrice de Fran-ce à l’Unesco, j’avais organisé un très sérieux séminaire intitulé « Femmes et médias ». Si le nombre des fem-mes aux commandes a progressé, les chiffres globaux sur l’image des femmes dans les médias ont peu évolué.Alors, avancée des femmes ou suc-cès de quelque-unes sans effet sur l’avancée de toutes ? Femmes aux commandes dans les médias : pro-grès ou leurre ?Questions qui méritent réflexion. Deux ou trois hirondelles (blondes ou brunes) ne font pas un printemps féministe n1) Claire Chazal ne présente, depuis 1991, que le J.T. du week-end2) « L’image des femmes dans les médias ». Rapport du Secrétariat d’État à la Solidarité, sept. 2008.

2 - 3 EDITO

4 - 5 INTERVIEW : Margot Wallström

6 COLLOQUE : « La Clause de l’Européenne la plus favorisée »

7 ECHOS EUROPE

8 - 9 ECHOS FRANCE

10 -11 POINT DE VUE : Pierre Concialdi Travailler plus pour gagner plus ?

12-13 ENQUÊTE : Comment vivent les Européennes

14 FAUSSE INTERVIEW : Sarah Palin

15 ÉCHO MONDE

16-19 CULTURE20 CHOISIR

D.R

.

«Entre les murs» Rubrique CULTURE Page 18

Quel a été votre parcours, qui vous a conduit à la Vice-présidence de la Commission européenne ? Quelle place le féminisme y a-t-il pris ?

Avant Bruxelles, j’ai passé la plus grande partie de ma carrière impli-quée dans la vie politique suédoise. De 1979 à 1985, j’ai été députée au Parlement suédois. En 1988, je suis devenue Ministre des Affaires Civiles chargée des Consommateurs, des Femmes et de la Jeunesse et suis res-tée à ce poste pendant quatre ans. En 1994, j’ai été nommée Ministre de la Culture pour deux ans, puis Ministre des Affaires Sociales pour deux an-nées encore. De 1999 à 2004, j’ai été Commissaire à l’Environnement dans la Commission Prodi, puis nommée Vice-présidente de la Commission européenne chargée des Relations institutionnelles et de la Communi-cation en août 2004. Je me considère chanceuse d’être née en Suède où les droits des femmes sont solidement

établis. Je n’ai pas eu à lutter contre un biais institutionnel simplement pour mettre le pied dans l’arène po-litique. En même temps, j’ai toujours été motivée par le besoin d’une éga-lité pour les femmes et j’ai toujours eu le désir d’utiliser toute l’influence que j’étais en mesure d’apporter pour aider les autres femmes. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai récem-ment accepté une invitation à prési-der l’Initiative Ministérielle du Council of Women World Leaders.

Dans notre « Clause de l’Européenne la plus favorisée », nous avons élu la Suède à plusieurs reprises, en particu-lier, nous avons considéré que les lé-

gislations sué doises sur l’avortement, le congé parental et la prostitution sont les plus favorables aux femmes. Que pensez-vous de ces choix ?

J’approuve ces choix. Un avortement sûr est une question de santé et un droit fondamental. Les droits des jeunes filles et des femmes et leur accès gratuit à un avortement sûr et légal ont été reconnus par la Suède depuis l’entrée en vigueur de la Loi suédoise sur l’Avortement de 1974. Avant cette loi, il était difficile d’obte-nir un accord à une demande d’avor-tement et le recours à l’avortement illégal était important. Aujourd’hui, il n’y a plus d’avortement illégal en Suède et les méthodes utilisées per-mettent un avortement sûr avec peu de complications médicales. De plus, depuis le 1er janvier 2008, la Suède permet l’avortement aux non-rési-dents. Le « modèle suédois » de po-litiques généreuses de conciliation, c’est-à-dire des périodes de congés

INTERVIEW

Margot WallströmVice-présidente de la Commission européenne

Dans la perspective du colloque européen organisé par Choisir les 27 et 28 novembre prochain (voir encart détachable), Margot Wallström, a accepté de répondre à nos questions et de nous faire part de ses ré-flexions sur la cause des femmes en Europe, notamment, sur la Clause de l’Européenne la plus favorisée.

4 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

D.R

.

« La Clause de l’Européenne la plus favorisée est une excellente idée. »

parental bien rémunérées et longues ainsi que des mésures pour inciter les pères à prendre le congé parental a bénéficié à l’égalité femmes-hom-mes et à la participation des femmes au marché du travail. Le modèle sué-dois démontre également que les incitations aux pères à prendre leur congé parental peuvent contribuer à mettre fin à l’écart entre les femmes et les hommes s’agissant de l’emploi. Il est prouvé que l’augmentation du taux de participation des mères (et le taux de natalité relativement haut et stable) en Suède a été atteint no-tamment, par l’introduction de sché-mas très flexibles de congés paren-taux encourageant l’implication des pères et une grande disponibilité de garde d’enfants.Les politiques de la Suède contre la prostitution, en particulier, l’interdiction de l’achat de services sexuels, sont considé-rées comme des exemples dans de nombreux pays. Les efforts pour combattre la prostitution (et la traite à des fins sexuelles) sont fondés sur les droits de l’Homme et consistent en une combinaison de mesures ju-diciaires, sociales et de genre. Bien évidemment, il peut être fait encore plus, par exemple, la protection et l’assistance des personnes en ris-que, un plus grand travail préventif et l’introduction de standards élevés dans le système judiciaire – ce que le gouvernement suédois a récem-ment proposé dans un plan d’action pour la lutte contre la prostitution et contre la traite à des fins sexuelles.

La « Clause de l’Européenne la plus favorisée » sera le thème d’un collo-que européen à Paris, les 27 et 28 no-vembre prochains. Quelle serait votre contribution à ce colloque ?

La « Clause de l’Européenne la plus favorisée » est une excellente idée. Le recueil des « meilleures pratiques » s’agissant des droits des femmes, dans toutes les législations au sein de l’Union européenne sera utile à de nombreux égards. Non seulement permet-elle de souligner le besoin des femmes d’avoir leur mot à dire et de voir leurs intérêts représentés, mais encore, elle focalise l’attention sur la situation existante en Europe. Le colloque sur la « Clause de l’Euro-péenne la plus favorisée » pourrait être une bonne opportunité pour des

participants de haut niveau, issus de tous les Etats membres, de discuter des moyens de faire avancer l’égalité femmes-hommes en Europe. Nous avons maintenant étudié nos légis-lations. Que ferons-nous à partir de maintenant pour changer la situation des femmes ? Que ferons-nous pour s’assurer que les législations européennes dans les do-maines de la fa-mille, du travail, de l’éducation et du harcèle-ment sont mo-difiées de façon à créer un réel équilibre entre les sexes ? Per-sonnellement, je pense que la démocratie représentative sans égalité femmes-hommes est une contradiction dans les termes. Les femmes et les hom-mes doivent être également repré-sentés dans la politique européenne afin d’avoir leur mot à dire sur les dé-cisions qui affectent leur vie. Il s’agit d’écouter et de répondre aux besoins de toutes les personnes vivant en Eu-rope ; c’est une question de démocra-tie. L’une des trois composantes du Plan D est d’améliorer la structure dé-mocratique de l’Union européenne en incluant tous les citoyens dans le processus de prise de décision. Nous travaillons continuellement à ins-taurer un meilleur dialogue entre les citoyens, en écoutant leurs préoccu-pations et en prenant les mesures qui s’imposent. Les femmes représentent la moitié des intéressés et devraient donc être représentées par l’élabora-tion de lois qui affecteront la vie de tous les citoyens européens.

La République Tchèque succèdera à la France à la Présidence de l’Union européenne, puis la Suède… Quel avenir les Européennes peuvent-elles attendre ?

L’égalité femmes-hommes est un objectif prépondérant de l’Union européenne et une importante composante de la Stratégie de Lisbonne. L’égalité des chances est cruciale pour la croissance et l’emploi. Dans le cadre de la Feuille

de route de l’égalité entre les femmes et les hommes 2006-2010 et le Pacte Européen pour l’Egalité des Genres, les Présidences tchèque et suédoise de l’Union européenne continueront à œuvre vers un haut niveau d’équili-bre entre les femmes et les hommes. Nous pouvons espérer plus de tra-

vail vers l’éga-lité dans l’in-d é p e n d a n c e é c o n o m i q u e des femmes et des hommes, incluant des mesures visant à réduire l’écart des rémunéra-tions. Je prévois également que l’Union euro-péenne conti-nuera d’œuvrer vers une éga-

lité des chances dans l’entreprenariat et vers une conciliation du travail, de la famille et de la vie privée tant pour les femmes que pour les hommes. Les Présidences futures de l’Union euro-péenne se sont également engagées à l’élimination des stéréotypes de genre dans l’éducation et la vie pro-fessionnelle ainsi qu’à la promotion des femmes à des postes de décision. La lutte contre les violences faites aux femmes sera un autre défi pour l’Union européenne dans les pro-chaines années. Nous continuerons d’évaluer les progrès et de suivre la mise en œuvre de la Plateforme d’Ac-tion de Pékin, de préparer un rapport pour l’ONU sur ce suivi et de prendre en compte la question des femmes et des conflits armés n

Interview recueillie et traduite de l’an-glais par Faye Fisch

« La démocratie représentative sans

égalité femmes-hommes est une

contradiction dans les termes. »

« Un avortement sûr est une question de santé et un droit fondamental »

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 5

COLLOQUELA CLAUSE DE L’EUROPEENNE LA PLUS FAVORISEE

Comme nous vous l’annoncions dans les précédents numéros de notre journal, nous consacrons un colloque international à la Clause de l’Européenne la plus favorisée. Ce colloque sera l’occasion de faire réfléchir et dialoguer des représentants politiques, des féministes, des chercheurs des 27 pays de l’Union Européenne sur la proposition législative de la Clause de l’Européenne la plus favorisée à laquelle nous avons consacré un ouvrage paru aux Editions des femmes en mai 2008. Ces deux journées de colloque seront animées par Frédéric Taddéi et Audrey Pulvar de France Télévisions. En voici ci-contre un avant-programme.

Les 27 et 28 novembre 2008Au Centre des Conférences Internationales 19, avenue Kléber – 75016 Paris, FranceLe colloque se déroulera en français et en anglais (traduction simultanée)

Préprogramme du colloquejeudi 27 novembre 20089h -10h30 OUVERTURE

n Discours D’ouverture GisèleHalimi,PrésidentedeChoisirlacausedesfemmes BernardKouchner,MinistredesAffairesétrangèresValérieLétard,Secrétaired’EtatàlaSolidarité.MargotWallström,Vice-présidentedelaCommissionEuropéenneJean-PierreJouyet,Secrétaired’EtatchargédesAffaireseuropéennesVladimirSpidla,CommissaireeuropéenauxAffairessociales(sousréserve)

10h30 -11h30 PRésENTaTION DE la ClaUsEn Présentation des méthodes de travail et des domaines de la clausen Projections commentées et annonce du bouquet législatif

11h45 -12h45 FaIsabIlITé jURIDIqUE DE la ClaUsEn Avec la participation du Professeur Jean-Luc sauron et de plusieurs spécialistes étrangers de droit communautaire14h15-18h aTElIERsn choisir de donner la vien La famille : havre affectif ou piège pour les femmes ?n violences : femmes battues, femmes violées, femmes prostituées,n travail : l’indépendance économique des femmes, socle de toutes les libertés n Politique : quelle démocratie pour les femmes ?

vendredi 28 novembre 20089h -12h lE PaRlEmENT EUROPéEN à l’éCOUTE DEs RaPPORTEUREs

n Deux tables rondes : présentation des conclusions de chaque atelier par sa rappor-teure, suivie d’un débat de 20 minutes avec les Présidents de cinq groupes parlementai-res (PPe, ADLe, Pse, verts, Gue)

14h -15h30 DROITs DEs FEmmEs = DROITs DEs hOmmEs ? n Aveclaparticipationde:GisèleHalimiRamaYade,Secrétaired’EtatchargéedesAffairesétrangèresetdesDroitsdel’HommeNyamkoSabuni,Ministredel’Intégrationetdel’Egalitédessexes(Suède)(sousréserve)DzamilaStehkilova,Ministredesdroitsdel’Hommeetdesminoritésnationales(RépubliqueTchèque)

15h30 -17h qUEls ENgagEmENTs POUR lEs PRésIDENCEs à VENIR ? n Aveclaparticipationde:RoselineBachelot,MinistredelaSanté.CarlBildt,MinistredesAffairesétrangères(Suède)KarelSchwarzenberg,MinistredesAffairesétrangères(RépubliqueTchèque)

17h -18h FEmmEs EN aTTENTE D’EUROPE ?n La clause de l’européenne la plus favorisée et les femmes des pays voisins de l’eu-rope : dialogue entre des femmes représentants des pays-candidats à l’entrée dans l’union et des pays de l’union pour la Méditerranée.

18h -18h45 ClÔTUREn Le secrétariat permanent européen de la clauseParGisèleHalimi

réservation et inscription pour le colloque auprès de l’Agence Polynome :• www.polynome.fr/choisir • e-mail : [email protected]• tél.: 01 70 15 44 71

6 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

ECHOSEUROPEALLEMAGNE

Cordon coupé entre le mariage civil et religieux

Les chrétiens allemands pour-ront, à partir du 1er janvier 2009, se marier à l’Eglise sans

s’être auparavant dit « oui » devant le maire, mais ce mariage ne sera pas reconnu par l’Etat. Cette ré-forme, votée l’an dernier par les députés allemands dans le cadre d’une loi sur l’état-civil, était passée totalement inaperçue, mais a été ré-vélée par le quotidien Süddeutsche Zeitung.Depuis 1875, les prêtres et pasteurs allemands n’avaient pas le droit, sous peine de sanctions pénales, d’unir par le mariage religieux un couple qui ne se serait pas marié civilement au préalable. En sup-primant ce point de la loi, le légis-lateur allemand avait argué début 2007 que le contexte actuel n’avait plus rien à voir avec celui de la fin du XIXe siècle, et qu’il n’était désor-mais plus nécessaire d’imposer par la loi la prééminence du civil sur le religieux. « Il est difficile de prévoir si cette réforme va avoir des consé-quences importantes », a dit à l’AFP Dieter Schwab, professeur de droit de la famille à l’Université de Re-gensburg. « On peut supposer que peu de couples en feront usage, car s’ils ne se marient pas à la mairie, ils n’auront aucun des avantages du

mariage en terme de patrimoine, d’héritage, de fiscalité ».Selon l’agence catholique de presse KNA, l’Eglise catholique elle-même se montre peu enthousiaste face à la future libéralisation du mariage religieux car il était dans l’intérêt de l’Eglise de ne pas instaurer de fossé entre les deux formes de mariage.La loi de 1875 avait été instaurée par le chancelier allemand Otto von Bis-marck à l’issue de son « Kulturkam-pf » (« combat pour la civilisation »), par lequel il avait pris une série de mesures pour réduire l’influence du clergé. T.G.

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 7

©O

livie

rDes

sy-

Foto

lia.c

om

©R

amon

aH

eim

-Fo

tolia

.com

©F

abie

nCi

met

ière

-Fo

tolia

.com

UNION EUROPéENNECongé de maternité La Commission européenne planche sur une révision de la directive sur la durée minimum du congé de maternité aujourd’hui fixée à 14 semaines qui passerait à 18 semaines. Pour mémoire la durée du congé de maternité varie beaucoup d’un pays à l’autre : 14 semaines en Allemagne; 15 semaines en Belgique; 16 semaines en France ou en Espagne; 18 au Danemark, Roumanie et Chypre pour atteindre jusqu’à 45 semaines en Bulgarie. La directive révisée recommanderait aussi aux employeurs de payer la totalité de leur salaire aux femmes en congé de grossesse. S.D.

ItALIE

La prostitution en débatSur proposition de Mara Carfagna, ministre pour

la Parité, le co nseil des ministres italien a ap-prouvé un projet de loi interdisant la prostitution dans les lieux publics (5 à 15 jours de prison et de 200 à 13.000 euros pour les clients et les « travailleurs du sexe »). Le projet de loi ne rend pas la prostitution illégale car elle n’est considérée comme un délit si elle s’exerce dans les lieux privés. Un autre projet à l’étude permettrait le renvoi dans leur pays d’origine des «travailleurs du sexe» âgés de moins de 18 ans n’ayant pas la nationalité italienne. S.D.

ECHOSFRANCEELECTIonS SénaToRIaLESLa parité malmenée 18 femmes élues, 13 issues des partis de gauche et 5 issues des partis de droite, sur 114 sièges renouvelables (11 femmes sur 40 élues figurent à parité sur les listes du scrutin à représentation proportionnelle et 7 sur 74 au scrutin majoritaire), tel est le triste bilan du renouvellement du Sénat du 21 septembre dernier. Comme le note l’observatoire de la parité il ne s’agit que « d’une apparente féminisation, le ratio de candidatures féminines perd 7 points par rapport à 2004, ensuite le pourcentage d’élus par sexe en fonction du nombre de candidature témoigne que les candidats ont en-core deux fois plus de chance d’être élus que les candidates (1 chance sur 5 contre 1 chance sur 10) ». Plusieurs facteurs expliquent ce résultat, le rétablissement du scrutin majoritaire, la quasi totalité des têtes de liste confiées à des hommes (52 sur 57) et les partis qui ne jouent toujours pas le jeu de l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonc-tions électives comme les y invitent la Constitution française. S.D.

Au 1er janvier 2007 il y avait 2 400 000 enfants de moins de 3 ans.Les crèches accueillent 265 000 en-fants et les crèches familiales 63 000.Les chiffres parlent d’eux même.D’ici 2012( date à laquelle le « droit opposable à la garde d’enfants » pro-mis par Nicolas Sarkosy entrera en vigueur) , Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la Famille, nous promet 350 000 places supplémentaires.Le Premier Ministre, à la suite de la remise du rapport de Michèle Taba-

rot (députée UMP des Alpes Mariti-mes) sur « le développement de l’of-fre d’accueil de la petite enfance », rappelle : « qu’il convenait avant tout d’améliorer l’accompagnement des parents, afin de les guider au mieux dans la recherche d’un mode de garde adapté à leur besoins » sic, et Michèle Tabarot ne nous dit rien de moins (en page 5) que « l’emploi ma-ternel pourrait avoir des effets néga-tifs sur le développement cognitif de l’enfant » …Au secours. M.H.

LE MLF A 40 ANSLancé en 1968 par une quinzaine de femmes (parmi lesquelles Antoinette Fouque) le Mouvement fut, d’abord, un sigle symbolique, auquel se sont identifiées des femmes de tous les horizons, féministes ou, simplement, revendicatrices d’égalité, de liberté et de dignité. Par la suite, le MLF s’est transformée en Association 1920 et poursuit ses combats initiaux aux côtés d’autres mouvements féministes. A l’occasion de cet anniversaire, les Editions des femmes publient « Génération MLF » un livre de témoignages sur le chemin parcouru. (Editions des femmes – 600 pages) C.F.

8 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

D.R

.

D.R

.

FloREnCE PaRly, (44 ans) qui fut Secrétaire d’Etat au Budget, en janvier 2000, dans le gouvernement Jospin, va prendre la direction d’Air France Cargo.

En 2006, 209 700 IVG ont été pratiquées en France. Ce nombre est pratiquement stable depuis 2002. Toutefois, les IVG médicamenteuses progressent sensiblement : 18 % en 1996 et 46 % en 2006. C.F.

VIolEnCES ConJUGalES166 femmes sont mortes, en France l’an dernier, à la suite de violences conjugales. Ce chiffre est en hausse de 30 % par rapport à 2006 (137 décès). C.F.

FEMME PRIX NOBELFrançoise Barre-Sinoussi a été couronnée par le Prix Nobel de Médecine pour avoir découvert, avec le Professeur Luc Montagnier, le virus du sida.Il y a bien longtemps qu’une française n’avait pas été ainsi honorée, dans un domaine qui semble de plus en plus réservé aux chercheurs américains.Les femmes sont très fières de la nouvelle lauréate.(Rappelons que Choisir a eu comme Président un Prix Nobel de Médecine : Jacques Monod) C.F.

Trouver une place en crèche ou le stress du parcours du combattant

D.R

.

ECHOSFRANCE

Les deux décrets du 20 août 2008 précisant le régime de l’acte d’enfant sans vie, consti-tuent un danger, discret mais grave, pour le

droit à l’avortement, liberté ou droit fonamental des femmes. Selon les Ministères de la Santé et de la Justice, ces mesures sont censées apporter « une réponse pragmatique et humaine » aux familles d’enfants mort-nés confrontées à des « situations administratives complexes et traumatisantes ».Le problème est le suivant : jusqu’à aujourd’hui, lorsqu’une femme accouchait d’un enfant mort-né, l’article 79-1 du Code civil issu de la loi du 8 janvier 1993 prévoyait qu’il était établi un acte d’enfant sans vie , inscrit à sa date sur le registre des décès. Pour savoir à partir de quel moment un fœtus pouvait être considéré comme un enfant né sans vie, une circulaire du 22 juillet 1993 re-prenait les critères de viabilité établis par l’OMS de 22 semaines d’aménorrhée ou d’un poids de 500 grammes. Or certaines familles, soutenues par plusieurs associations, réclamaient qu’un tel acte puisse être établi avant ces délais afin de pouvoir mentionner un prénom sur les registres de l’état civil et de réclamer le corps pour organi-ser des obsèques. Cette demande a été entendue pour la première fois par la Cour de Cassation le 6 janvier 2008, dans trois arrêts qui déclarent que l’article 79-1 ne subordonne pas l’établissement

d’un tel acte au poids du fœtus ou à la durée de la grossesse, et qu’il ne revient pas au juge d’apporter des limites là où la loi n’en a pas crée. Les deux décrets survenus cet été viennent confirmer cela en ne faisant plus référence aux conditions de durée ou de poids, et (nouveauté) en permettant de remettre un livret de famille aux parents qui en sont dépourvus comportant « l’indication de l’en-fant sans vie, la date et le lieu de l’accouchement ».

Ces deux textes, qui veulent pallier de façon sym-bolique la souffrance causée par le deuil d’un fu-tur enfant posent de nombreux problèmes : le fait qu’on parle d’« enfants » pour un fœtus de quel-ques semaines, qu’on puisse lui donner un prénom inscrit sur un livret de famille et sur les registres de l’état civil, qu’on puisse lui organiser des obsèques opère un glissement sémantique et idéologique qui tend à reconnaître au fœtus le statut de per-sonne. Et c’est précisément ce que recherchent ceux qui luttent contre le droit à l’avortement. L’absence de délais conduit à ce qu’un fœtus dont on pourrait avorter soit dans d’autres cas l’objet d’une reconnaissance, certes symbolique mais lé-gale. Est-ce là la vocation de la loi que de prendre en compte la souffrance de certaines au risque de stigmatiser les autres, celles qui ne souffrent pas, celles qui avortent, ou celles qui veulent vivre leur souffrance autrement ? La confusion que créent ces textes en employant le terme d’enfant, terme qui par ailleurs n’est pas ju-ridique, pour désigner un fœtus voire un embryon est dangereuse, car il ne s’agit à ce stade que d’un projet d’enfant, projet qu’on doit être libre d’ap-préhender comme on le veut. Il est important d’avoir en permanence à l’esprit que le droit de choisir de donner la vie est le pilier de la liberté de la femme, il lui permet d’être seule maîtresse de son existence, de décider si elle veut des enfants, à quel moment et combien. Par conséquent il faut être d’une vigilance envers toutes les atteintes di-rectes ou indirectes contre ce droit, et les juristes et avocates de Choisir y travaillent. M.C.

Statut du fœtus : restons vigilants !

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 9

©P

aulin

eBr

eije

r-F

otol

ia.c

om

L’anonymat sur le don de gamètes à nouveau en débat

Le Sénat a publié début septembre une étude de législation comparée sur l’anonymat de don de gamè-tes. L’analyse des législations allemande, danoise, espagnole, italienne, hollandaise, anglaise, suédoise et

suisse montre une tendance à la levée de l’anonymat. L’Allemagne, la Suède et la Suisse reconnaissent aux enfants nés à la suite d’un don de sperme ou d’ovocytes le droit

de connaître leur origine génétique ainsi que les Pays-Bas pour les dons après le 1er juin 2004 et le Royaume-Uni pour les dons effectués après le 1er avril 2005.

Ces pays, à l’exception de l’Allemagne ont éliminé tout risque juridique pour les donneurs grâce à des dispositions explicites sur la filiation. En Italie, le don de gamètes est interdit et en Espagne et au Danemark le principe de l’anonymat a été réaffirmé en 2006 lors de la révision de leurs lois

sur l’assistance médicale à la procréation. Rappelons qu’en France le don est anonyme sauf en cas de nécessité thérapeu-

tique. La question de l’anonymat est régulièrement débattue depuis l’adoption des premières lois de bioéthique en 1994 et sera à l’ordre du jour en 2009 lors de leur

réexamen. Une proposition de loi de Valérie Pécresse, non examiné, en date du 28 juin 2006, propose d’instau-rer un double régime de don qui permettrait aux donneurs d’autoriser la levée de l’anonymat et aux couples bénéficiaires, le choix entre un donneur anonyme ou identifié. S.D.

Introduction dans la Constitution du principe d’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et socialesSur proposition de Marie-Jo Zimmermann et de Claude Greff, le Parlement a enrichi l’article premier de la Constitution d’une disposition permettant au législateur de garantir une représentation équilibrée des femmes aux responsabilités professionnelles et sociales. La loi favorise aussi l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives.Cette disposition permet de lever les obsta-cles identifiés par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 16 mars 2006 relative à l’examen de loi sur l’égalité salariale entre les hommes et les femmes qui l’avait conduit a déclarer contraires à la Constitution l’accès des femmes à des instances délibératives et juridictionnelles. Il s’agit d’une avancée de taille pour l’avenir professionnel des femmes. Choisir veillera à son application. S.D.

ParitéL’Insee a publié au premier trimestre 2008 le dossier « Regards sur la parité », qui permet de faire le point sur les disparités de genre en France. Les principaux constats sont : les femmes seules sont de plus en plus nombreu-ses à cause du vieillisse-ment de la population ; les filles ont de meilleurs résultats scolaires mais le monde du travail est toujours plus favorable aux hommes ; les femmes sont désormais plus présentes dans la vie politique et elles passent toujours plus de temps à faire les tâches ménagères que les hommes. A.M.

Femmes et médias Fin septembre, Michèle Reiser a rendu son rapport sur l’image des femmes dans les médias à Valérie Létard, secrétaire d’Etat à la solidarité. Les conclusions sont édifiantes : non seulement les femmes sont peu visibles dans les médias mais quand elles y sont présentes, elles sont enfermées dans des « représenta-tions stéréotypées symboliques ». Pour pallier à tous ces manquements, le rapport propose notamment de créer une mission d’observation et de suivi des stéréotypes féminins. A.M.

D.R

.

La crise économique et sociale n’a pas démarré avec la chute des cours boursiers, mais elle va probablement s’accé-

lérer avec la crise financière ac-tuelle. L’accès à l’emploi et aux droits sociaux constitue une des dimensions majeures de cette crise qui a d’abord touché les femmes et qui devrait, sauf chan-gement radical d’orientation po-litique, continuer à les pénaliser.

La crise de l ’e m p l o i c o n s t i -tue sans doute le s y m p t ô -me le plus v i s i b l e de cette crise éco-nomique

et sociale. Les femmes sont en première ligne pour en subir les conséquences. Le « surchômage » des femmes est bien connu. Les femmes sont aussi, bien plus massivement que les hommes, en sous-emploi. Près de 50% des femmes à temps partiel souhai-teraient travailler davantage. Et parmi celles qui ne déclarent pas « souhaiter » travailler da-vantage, une très large majorité occupe un temps partiel en rai-son de contraintes familiales ou pour des raisons de santé. En fait, le temps partiel correspon-drait à un « choix » pour à peine 20% des femmes.

Qui dit temps partiel dit salaire tout aussi partiel. Rien d’éton-nant à constater que les femmes représentent environ 75% des salariés à bas salaire. La pro-portion de salariés à bas salaire a fortement augmenté depuis vingt cinq ans. Ce processus a été encouragé par les pouvoirs publics qui ont d’abord mis en place des exonérations de coti-sations sociales sur les emplois à temps partiels, avant de généra-liser ces exonérations à l’ensem-ble des emplois à bas salaire. Aujourd’hui, environ un emploi sur six est un emploi à bas sa-laire .

Travailler plus pour gagner plus ?

Depuis très longtemps, les

femmes savent que c’est un leurre

POINT DE VUE

10 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

©fo

to.fr

itz-

Foto

lia.c

om

Pierre ConcialdiChercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES),

membre notamment du Réseau d’alerte sur les inégalités et de la Fondation Copernic.D

.R.

Au moment de la mise en place de la Prime pour l’emploi (PPE) [en 2001 - NDLR], de nombreux observateurs avaient criti-qué ce dispo-sitif. Non seu-lement parce que ces sub-ventions aux petits boulots ne peuvent qu’encoura-ger les em-ployeurs à les multiplier. Mais aussi parce que, de fait, comme on l’a observé dans d’autres pays, ces disposi-tifs pénalisent l’emploi des fem-mes, notamment quand elles vivent en couple. Avec le revenu de solidarité active (RSA), cette tendance à la multiplication des petits boulots ne pourrait que s’accélérer, sans grand bénéfice pour les personnes concernées.

En première ligne, les parents isolés aujourd’hui au RMI (un quart des allocataires) qui, même avec un SMIC à temps complet ne pourront pas sortir de la pau-vreté, contrairement à ce que répète le gouvernement. Parmi ces parents isolés, une immense majorité de femmes.

Avec la « crise » de l’Etat-provi-dence, l’idée s’est installée qu’il ne serait plus possible de finan-cer les dépenses sociales et qu’il faudrait réduire notre système de protection sociale à des dis-positifs d’assistance. De plus en plus de dispositifs de protection sociale se transforment dans une logique « assurantielle », selon l’idée que l’on devrait recevoir strictement à hauteur de ce que l’on a donné.

Autrement dit, la protection so-ciale devient de moins en moins sociale et tend de plus en plus à reproduire la logique des as-surances commerciales indivi-duelles. L’exemple des retraites l’illustre bien. Avec les réformes en cours, les inégalités de retrai-

te devraient davantage refléter les inégalités de salaire que par le passé. Les (faibles) éléments

redistributifs du système tendent à dis-paraître. Ce qui pénalise surtout les femmes dans la mesure où ces éléments de redistri-bution per-mettaient de c o m p e n s e r - très partiel-lement - les inégalités en-tre femmes

et hommes sur le marché du tra-vail.

Un système de pro-tection sociale plus « assuran-tiel » mais qui se réduit, aussi, à une assistance de plus en plus conditionnelle. Là encore, le RSA en fournit une bonne illus-tration. L’idée force du RSA, c’est en effet qu’on peut sortir de la pau-vreté en travaillant. Autrement dit, qu’on ne pourra sortir de la pau-vreté qu’en travaillant. Sachant que les femmes ont beaucoup plus de difficultés que les hom-mes pour accéder à l’emploi, cette logique les pénalise.

Travailler plus pour gagner plus ? Depuis très longtemps, les fem-mes travaillent bien plus que les hommes sans pour autant gagner plus, loin de là. Elles savent bien que cette idée est un leurre n

ECHOSFRANCE Les femmes et leur retraite : un éclairage utileClaude Greff, députée d’Indre-et-Loire, a publié en juillet dernier au nom de la délégation de l’Assemblée Nationale aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes un rapport sur les femmes et leur retraite. Ce rapport liste les problèmes propres aux femmes et leur retraite : écarts des niveaux de pen-sions versées aux femmes et aux hommes, disparité au sein des retraites versées aux femmes, faiblesse des droits directs, impor-tance des avantages familiaux et conjugaux dans le niveau des pensions. La délégation souligne la situation extrêmement précaires de certaines femmes et s’élève contre une attitude passive qui consisterait à attendre une amélioration de l’emploi des femmes. La délégation appelle l’adoption de mesures immédiates : s’agissant des pensions de réversion, elle demande le bénéfice de la revalorisation étendue à toute les pensions;

la prise en compte des périodes de congé de maternité dans l’évalua-

tion du salaire annuel moyen servant au calcul de la

retraite ; une réflexion sur la compensation des conséquences des aléas de carrière et des interruptions d’activité; une ré-flexion avec les sec-

teurs qui recourent le plus à l’emploi partiel

en mettant l’accent sur le besoin d’information sys-

tématique des salariés sur les conséquences en matière de retraite

d’une activité exercée à temps partiel ou lors du passage d’un temps plein à un temps partiel ou encore de la possibilité existante de cotiser à l’assurance vieillesse sur l’équi-valent d’un temps plein (sur ce dernier point la délégation souhaite que s’ouvre une réflexion sur une éventuelle compen-sation ou prise en charge de son coût) ; une meilleure prise en charge des veuves ayant des enfants à charge et enfin le partage des droits à la retraite entre conjoints divorcés pour le conjoint qui n’a pas exercé d’activité professionnelle, ou l’a interrompue pour s’occuper de l’éducation des enfants. S.D.

Toujours plus pauvresSelon le rapport 2007-2008 de l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale (ONPES), les familles monoparentales – prin-cipalement constituées de femmes seules avec enfant(s) – sont plus touchées par le risque de pauvreté que les autres types de ménages. De plus, le taux de pauvreté des personnes âgées isolées – encore une majorité de femmes – a augmenté ces dernières années. A.M.

« Les femmes sont en première

ligne pour subir les conséquences de la crise économique et

sociale »

« Avec les réformes en cours, les inégalités de retraite devraient davantage refléter les inégalités de salaire »

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 11

D.R

.

Zita Gurmai, députée européenne hongroise

Mme Gurmai est députée européenne et représentante du Parti Socialiste Européen (PSE). Elle est de plus vice-présidente de la

commission des droits de la femme et de l’égalité des genres et prési-dente de la section Femmes du PSE. Des représentantes de Choisir sont al-

lées la questionner à propos de la Clause, qui lui est apparue comme une « initiative formidable et encourageante ». Elle a insisté sur l’importance des femmes sur le marché du travail et sur l’attention à porter à l’écart des rémunérations.

ZOOM

les hongroises se marient relati-vement tôt mais ne font pas beau-coup d’enfants

Les femmes hongroises se marient à 25,8 ans en moyenne, pour un premier enfant à 25,9 ans. Ces chiff res sont respectivement de 27,4 et 28,0 sur l’ensem-ble des pays de l’Union Européenne (UE). Ainsi, les Hongroises sont plus pré-coces que la moyenne euro-péenne en termes de mariage et de procréation. Leur indice de fécondité est de 1,3 (contre 1,5 en UE), ce qui risque à terme de poser des problèmes de vieillisse-ment de la population et de non re-nouvellement des générations. Par ailleurs, ce taux de fécondité a claire-ment diminué entre 1990 et 2005 (- 0,6). Leur taux d’emploi est de 51,1 % mais elles sont payées 11 % de moins que les hommes. Même si ce constat est alarmant, cet écart de rémunéra-tion est plus petit que celui constaté

au niveau de l’UE. Elles sont expo-sées à hauteur de 14 % au risque de pauvreté, contre 13 % des hommes

de leur pays. L’âge offi ciel de la

retraite est le même que celui des hommes (62 ans) mais le départ ef-fectif se fait à 57,2 ans pour les fem-mes, alors qu’il est de 59,6 pour les hommes. Ces 4,8 ans qui séparent la

théorie de la pratique pour les fem-mes sont certainement un problème pour avoir une retraite complète. L’espérance de vie à 65 ans des Hon-groises est de 17,2 ans en moyenne, pour 20 ans sur l’ensemble des pays de l’UE. Il est, en toute logique, supé-rieur à celui des Hongrois (13,3).

les femmes slovaques prennent leur retraite bien avant l’âge légal

Les femmes slovaques se marient en moyenne à 25 ans. C’est également l’âge moyen constaté pour leur pre-mier enfant, ce qui correspond à un âge plus petit que la moyenne euro-péenne. Leur indice de fécondité est de 1,3, comme en Hongrie. Il a très fortement baissé depuis 1990, où il était de 2,1. Leur taux d’emploi est de 51,9 % mais elles sont nettement (24 %) moins rémunérées que les hommes. C’est d’ailleurs un des plus grands écarts constatés en Europe. Leur risque de pauvreté est de 12 % et est identique à celui des hommes – fait assez rare pour être souligné. Leur âge offi ciel de départ à la re-traite est de 62 ans alors que celui des hommes est de 63. Cependant, les femmes slovaques partent eff ec-tivement à la retraite à 55,5 ans, ce qui amène à un écart de six ans et demi entre la théorie et la pratique. Cet écart est un des plus importants de l’UE et devrait mettre en avant le problème typiquement féminin des petites retraites. Enfi n, l’espérance de vie à 65 ans des femmes slova-

ques est de 17,1 ans, contre 13,3 ans pour les hommes. Ces quatre ans d’espérance de vie en moins sont également remarqués au niveau européen.

12 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

©C

hGus

s-F

otol

ia.c

om

Parité à l’Européenne : il vaut mieux être Finlandaise qu’Estonienne !

ENQUÊTE

Suite au portrait statistique des Allemandes, Slovè-nes, Françaises, Tchèques et Suédoises, voici celui des Hongroises, Slovaques, Lituaniennes, Lettones, Estoniennes et Finlandaises, avec les principaux indicateurs de niveau voire de qualité de vie des femmes, fournis par Eurostat.

D.R

.

les lituaniennes sont fortement exposées au risque de pauvreté

En Lituanie, les femmes se marient et font des enfants à des âges (res-pectivement 24,4 et 24,5 ans) bien inférieurs aux moyennes européen-nes. Leur indice de fécondité est identique à celui des Hongroises et Slovaques et a diminué de 0,7 en 15 ans. Leur taux d’emploi est de 61 % et est ainsi supérieur à celui sur l’en-semble des pays de l’UE (54,7 %). En outre, l’écart de rémunération avec les hommes est de 15 %, ce qui correspond exactement au chiffre observé en Europe. 19 % sont ex-posées au risque de pauvreté, contre 20 % des hommes de Lituanie. Il n’est pas courant de constater un risque de pauvreté plus élevé pour les hommes que pour les fem-mes. En Lituanie, l’âge offi-ciel de départ à la retraite est de 60 ans pour les femmes et de 62,5 ans pour les hommes. Ce-pendant, les Lituaniennes arrêtent de travailler deux mois avant l’âge théorique, alors que leurs congé-nères masculins arrêtent neuf mois après la date présumée. L’espérance de vie à 65 ans de ces premières est de 17,6 ans, contre 13 ans pour ces derniers. Ces chiffres sont réelle-ment inférieurs à ceux de l’UE.

En lettonie, on retrouve les mê-mes problèmes qu’en lituanie

En Lettonie, les femmes se marient en moyenne à 24,8 ans et ont leur premier enfant à 24,6 ans. Leur in-dice de fécondité est également de 1,3 alors qu’il était de 2,0 en 1990 – le renouvellement des généra-tions étant alors presque assuré. Leur taux d’emploi de 62,4 % est supérieur à celui de l’UE. Cepen-dant, elles sont mois bien payées que les hommes, avec un écart de rémunération de 17 %, supérieur à la moyenne européenne. Elles sont 18 % à être exposées au risque de pauvreté, de même que leurs com-patriotes masculins. L’âge officiel de la retraite est de 60,5 ans pour les femmes et 62 ans pour les hommes. Dans les deux cas, l’âge effectif de la retraite précède de quelques mois la date prévue. L’espérance de vie à 65 ans est de 17,2 pour les femmes

et 12,5 ans pour les hommes – la plus petite de l’UE.

En Estonie, l’écart de rémunéra-tion entre hommes et femmes est important

En moyenne, les Estoniennes se ma-rient (à 25,5 ans), après avoir donné naissance à leur premier enfant (à 24,6 ans). Leur indice de fécondité est de 1,5, ce qui correspond exac-tement à la norme européenne. Il était plus élevé (2,0) en 1990. Elles sont 65,3 % à travailler, ce qui corres-

pond à un pour-centage plus

élevé que celui sur l’ensemble de l’UE. Par contre, l’écart de rémuné-ration y est bien plus grand : les Es-toniennes sont en moyenne payées 25 % de moins que les Estoniens. Au niveau du risque de pauvreté, la pa-rité est établie puisqu’il est de 17 % pour les hommes comme pour les femmes. L’âge de départ à la retrai-te est officiellement plus petit pour les femmes que pour les hommes (respectivement 59,5 et 63,0). Aussi étonnant que cela puisse paraître, les Estoniens comme les Estonien-nes travaillent après l’âge limite : les femmes restent près d’un an de plus au travail alors que les hommes le font pendant deux ans. Enfin, l’es-pérance de vie à 65 ans est de 18,1 ans pour les femmes et 13,1 pour les hommes.

Des meilleures conditions de vie en Finlande que dans l’ensemble des pays de l’UE

Les Finlandaises se distinguent nettement des Européennes citées

précédemment sur de nombreux points de vue. Tout d’abord, elles se marient en moyenne à 28,5 ans et leur premier enfant naît pour leurs 27,9 ans. De plus, leur taux de fé-condité est de 1,8 et donc au-dessus de celui reconnu au niveau de l’UE. C’est d’ailleurs un des plus forts taux de fécondité d’Europe. Les Finlan-daises sont 67,3 % à travailler. Une fois de plus, cette donnée est supé-rieure à celle de l’UE. Il existe tout de même des bémol à ce portrait idyllique. En effet, en Finlande, les femmes sont en moyenne payées 20 % de moins que les hommes. De plus, 10 % d’entre elles sont expo-

sées au risque de pauvreté (contre 11 % pour les hommes). L’âge of-ficiel de départ à la retraite est le même pour tous (65 ans) mais les femmes partent effectivement à la retraite à 60,7 ans, contre 61,5 pour les femmes. Dans tous les cas, il ap-paraît difficile d’avoir une retraite à taux complet. Enfin, l’espérance de vie à 65 ans est de 21 ans pour les femmes (ce qui est supérieur à la donnée pour l’ensemble des pays de l’UE) et de 16,8 ans pour les hom-mes n A.M.

Aconsulter:« La vie des femmes et des hommes en Europe : un portrait statistique », par Eurostat, édition 2008, disponible sur Internet à l’adresse http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OF-FPUB/KS-80-07-135/FR/KS-80-07-135-FR.PDF

Edit Bauer, députée européenne slovaque

Mme Bauer est députée européenne depuis 2004 et fait partie du groupe du Parti Populaire Européen et des Démocrates Européens

(PPE-DE). Elle est également membre de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres et, à ce titre, a reçu des représentantes de Choi-

sir pour donner son point de vue sur la Clause. Elle a estimé que c’était un projet intéressant, tout en soulignant la responsabilité de chaque pays de mettre en œuvre une telle proposition. Elle a également signalé l’importance du principe de l’égalité de salaires.

ZOOM

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 13

D.R

.

FAUSSE INTERVIEW

SARAH PALINConnaissez-vous Sarah Palin ? Elle vient de faire irruption sur les écrans du monde à l’occasion de sa nomination comme colistière du candidat républicain à la prési-dence des Etats-Unis. Après l’échec d’Hilary Clinton, Sarah Palin devient susceptible de faire le plein de voix des femmes, une minorité sur l’échiquier politique. Elle va tenter ainsi de couper l’herbe sous le pied de Barack Obama, le candidat démo-crate, qui vise les voix des minorités politiques, en particulier des noirs. Est-ce qu’un agrégat de minorités politiques arrivera à constituer une majorité ? Nul ne le sait encore. Mais, le pari républicain ne peut réussir que si l’électorat de ce parti ultra-conservateuraccepte de voter pour une femme. Mais qui est-elle exactement ?Propos (presque) recueillis par Barbara Vilain

Barbara Vilain : Vous êtes la colistiè-re du candidat républicain John Mc-Cain. Estimez-vous que cela consti-tue une victoire pour les femmes ?

Sarah Palin : Oui, bien sûr ! C’est une grande victoire pour toutes les mères de famille... nombreuses. Les autres n’ont aucun mérite. C’est aussi une victoire pour tous ceux qui vi-vent sur un lac, les adeptes de moto-neige, les propriétaires d’hydravion, les pêcheurs sur glace et tous les chasseurs. C’est surtout une victoire pour les membres de la NRA* et les mangeurs d’hamburgers d’élan, dont je me sens très proche...en tant que mère.

Que voulez-vous dire ?Vous savez, j’en suis déjà à ma cin-quième portée - Oh my God ! - et ce

n’est sans doute pas terminé. Toutes celles qui ont mis bas et dirigent ces petites armées, sont des américaines réellement méritantes. Il faut les sou-tenir. Ce ne sont pas comme ces mè-res indignes qui ne pensent qu’à leur carrière et qui ont oublié que leur rôle consistait avant tout à fournir de futurs soldats à notre armée qui combat pour la liberté en Irak et en Afghanistan.

« Mettre bas » ? Vous voulez dire ac-coucher ?Si vous voulez... Ecoutez plutôt une blague d’Alaska qui m’a valu un franc succès lors de la convention républi-caine : quelle est la différence entre un pitbull et une maman qui assiste aux matchs de hockey de ses enfants ? C’est le rouge à lèvre ! Ah, ah, ah !

Vous ne considérez pas que vous avez beaucoup fait pour votre carrière ?(Agacée) Mais non voyons, ce n’est pas une carrière. C’est une mission di-vine que de servir mon pays. Dès 12 ans, j’ai abattu mon premier caribou à 300 mètres. J’ai ensuite été capitaine et entraîneur de l’équipe féminine lo-cale de basket-ball. Je les ai conduit à la victoire au championnat de l’Etat en 1982. Puis j’ai aussi remporté le concours de Miss Wasilla en 1984 et fini première dauphine de Miss Alaska. Ce sont de véritables gages de courage et de savoir-faire pour les États-Unis.

Vous êtes farouchement opposée à l’avortement. Pourriez-vous nous ex-pliquer pourquoi ?(Elle se signe) Oh my God ! Tous ces millions d’innocents tués chaque

année. C’est une barbarie, un crime ! De plus qui s’engagera dans nos ar-mées sans ces milliers de petits ? En revanche, je suis plus partagée pour certains pays ennemis de l’Amérique (elle lève les yeux au ciel) comme la Russie, l’Irak et l’Afghanistan, l’avor-tement devrait y être obligatoire... comme le libre échange.

Votre fille Bristol, 17 ans, est en-ceinte. a l’image du film « Juno », lui conseilleriez-vous de se mettre à la recherche d’un couple pour faire adopter l’enfant ? Cette annonce a fait d’autant plus de bruit qu’en dé-but d’année, vous avez réduit le bud-get d’un programme venant en aide aux mères adolescentes?Pour le petit...Nous avons déjà débu-té notre prospection mais pour une raison inexpliquée nous ne trouvons pas preneurs. Oh my God ! Je ne comprends pas. Les médecins sont pourtant formels, le petit aura tout de sa grand-mère maternelle : des mandibules herculéennes, le petit ne lâchera pas facilement son os, lui non plus.

Quel message souhaitez vous adres-ser aux américains ?Parents n’ayez plus peur ! Avec moi plus de cours d’éducation sexuelle à l’école. Américains n’ayez plus peur ! Avec moi, fini les Gay Pride et autres défilés de dépravés. Et surtout fini les assistantes dans le bureau ovale, oui je vous le dis : l’Amérique n’aura plus

à trembler à cause d’un cigare !Je rédige actuellement un ouvrage « L’anti-Lewinsky code » qui sera une référence en matière de morale et de bonne conduite.

* La National Rifle Association (NRA) est un lobby des États-Unis en faveur des armes à feu.

14 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

D.R

.

©Y

anyk

o-F

otol

ia.c

om

ECHOSMONDE

Quatre féministes condamnées à six mois de prison Quatre féministes, Parvin Ardalan, Jelveh Javaheri, Maryam Hossein-khah et Nahid Keshavarz, ont été condamnées à six mois de prison fer-me en première instance, a déclaré leur avocate Shirin Ebadi mercredi. Les quatre activistes ont été condam-nées pour avoir écrit des articles dans deux sites internet féministes « taghir baray-é Barabari » (change-ment pour l’égalité) et « zanestan » (pays des femmes), filtrés depuis 2007 par les autorités. Quotidien Kar-gozaran/AFP, 3 septembre

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 15

AFGHANIStANMalalaï Kakar assassinéeMalalaï Kakar était connue aussi bien en Afghanistan qu’au-delà de ses frontières, autant pour son courage que pour sa détermination. La responsable du département des crimes contre les femmes de la police de Kandahar a été abattue par des talibans devant son domicile le 28 sép-tembre 2008. Elle est morte sur le coup, touchée d’une balle à la tête. « Malalaï Kakar était l’une de nos cibles et nous avons aujourd’hui réussi à l’éliminer », a déclaré à l’AFP par téléphone, un porte-parole des talibans. Elle avait déjà reçu de multiples menaces de mort des talibans avant son exécution en pleine rue. Malalaï Kakar, âgée d’une quarantaine d’années, était mère de six enfants. Fille d’un officier de police, Kakar a intégré la police en 1982. Sa carrière tourne court quand sa famille décide de fuir l’Afghanistan en guerre pour trouver refuge au Pakistan voisin. Après la chute des Taliban en 2001, elle revient sur sa terre natale et réintègre le commissariat. En 2003, lorsqu’elle était l’unique femme policière de la ville, elle avait déclaré qu’elle adorerait travailler avec une autre femme. Mais, avait-elle ajouté, « je ne pense pas que ça arrivera dans un futur proche. C’est l’Afgha-nistan… », avait-elle conclu, amère. Pourtant grâce à son combat, Malalaï Kakar est morte en laissant au commissariat de Kandahar une équipe forte d’une dizaine de femmes. Il y a seulement cinq ans, ce chiffre dépassait complètement l’entendement. La police afghane compte environ 82 000 policiers, dont seulement quelques centaines de femmes. T.G

IRANDes petits pas dans le bon sensShirin Ebadi, l’avocate prix Nobel de la paix, réussit à faire retirer une nouvelle législation sur la famille qui devait permettre aux hommes de prendre une deuxième femme sans l’accord de la première épouse. M.H.

QUébECDeux groupes féministes du Québec, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) se sont immiscés pour la première fois dans une campagne électorale fédérale pour s’opposer au Parti conservateur de Stephen Harper. Ils ont organisé une manifestation à Montréal,

pour défendre le droit à l’avortement et pour protester contre le projet de loi C-484, aussi connu sous le nom de «Loi sur les enfants non encore nés victimes d’actes criminels». S.D.

IRANCouleurs interdites aux femmes Les autorités de la province de Kerman ont interdit aux femmes de porter du blanc, du rouge ou du jaune. Selon le décrété du conseil local du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, ces couleurs sont excitantes.SiteKermankhabar,3septembre

étAtS-UNIS

« Best Hotelier of the Year » Ce titre a été décerné à Las Vegas à Franka Holtmann, directrice générale de l’hôtel Le Meurice. C’est la première fois qu’il est dé-cerné à une femme. S.D.

D.R

.

D.R

.

D.R

.

CULTURELIVRE

16 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

MON EVASION Benoîte GROULT« A l’âge où il devient plus que temps d’écrire son autobio-graphie, ma vie passée m’ap-paraît comme une longue marche vers une autonomie qui m’échappait sans cesse et vers une indépendance qui ne serait plus limitée par d’autres mais conquise pas à pas dans une direction que j’aurais libre-ment choisie… »Ainsi s’ouvre le dernier livre de Benoîte Groult sur lequel son amie Gisèle Halimi se propose de revenir dans no-tre prochain numéro mais dont nous voulions, dès à présent, vous recommander la lecture. Livre tonique, à l’image de son auteure, qui fait ici, une fois de plus, la preuve de sa lucidité, de son courage et de son humour. C.F.Grasset - 333 pages - 19,50 Euros

j’ecris, j’agis, je fais reculer la feminisation de la pauvreté185 associations de « Femmes solidaires », à travers la France, ont recueilli des centaines de témoignages de femmes de milieux défavorisés qui disent les dif-ficultés de leur vie quotidienne et leur volonté de lutter pour un monde plus juste. Ces témoignages, pleins de dignité et, malgré tout, d’espérance, ont été réunis dans un document, graphiquement illustré par trente peintres et publié par « Clara Magazine ». A lire et à relire quand vous prend la tentation de baisser les bras. C.F. Clara Magazine – Femmes solidaires – 25, rue du Charolais – 75012 PARIS – 175 pages – 5 Euros

D.R

.

CULTURELIVRE

Ce petit ouvrage d’Elsa Dorlin devrait devenir le livre de che-vet de toutes celles (et de tous

ceux !) qui s’investissent dans les luttes des femmes pour

leurs dignité d’êtres humains à part entière.

« Il s’agit » écrit l’auteure, « d’un parcours possible dans

les théories féministes, qui doit être compris à la fois

comme un hommage à l’histoire de la pensée et du mouvement des femmes et comme une contribution à

l’émergence d’un questionne-ment féministe ». C.F.

Presses Universitaires de France. Philosophie – 153 pages -

12,00 Euros

Sexe, genre et sexualités

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 17

ATTACMondialisation de la prostitution, atteinte globale à la dignité humaine.

FugitivesAlice Munro, née en 1931 au Canada, est une très importante romancière, lauréate de nombreux Prix littéraires et, cependant, assez mal connue en France, malgré la publication de huit de ses romans chez Albin Michel et aux Editions Rivages.« Fugitives » est un recueil de huit nouvelles qui met-tent en scène des femmes « comme les autres » mais qui, « un beau matin… par usure ou par hasard…par-tent, fuguent, s’enfuient, s’en vont voir ailleurs…sans se retourner… »Une romancière de grand talent mais aussi une femme lucide, à découvrir. C.F.Grasset – 395 pages – 19,50 Euros

le rapport d’aTTaC vient de sortir« La prostitution revêt aujourd’hui dans son organisation des formes directement empruntées à la mondialisation fi nancière.Est-ce une voie à suivre ?Est-on prêt à renoncer au respect des droits humains? »Mille et une Nuits - 111 pages - 3 Euros

D.R

.

D.R

.

D.R

.

ENtRE LES MURSBien sur. Il faut courir voir ce film magnifique. Dommage que les fem-mes « profs » y soient si banales si « seconds rôles ». Heureusement que, parmi les élèves de troisième d’un quartier « chaud » parisien, il y a deux ou trois adolescentes qui crèvent l’écran et dont on se dit : « Pourvu que la société leur donne la chance, l’essor qu’elles méritent ! » En sachant que ça ne sera sans doute pas le cas…A Choisir, nous n’avons pas toujours été d’accord avec Begaudeau. Mais, tirons notre chapeau à l’auteur et au comédien ! C.F. Film de Laurent Cantet, d’après le roman de François Begaudeau – Galli-mard 2006 qui joue le rôle principal

CULTURECINEMA

A l’occasion de la sortie du film de Martin Provost, qui raconte la vie tragique de Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis (1864-1942), femme de ménage et peintre illuminé, le Musée Maillol expose ses œuvres jusqu’au 5 janvier. Autodidacte, ses compositions représentent des bouquets de fleurs imagi-naires d’inspiration naïve. S.D.

Séraphine doublement à

l’honneur

18 • CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008

Parlez-moi de la pluie

n Dans le nouveau film du tandem Jaoui-Bacri, Agnès Jaoui campe le personnage d’Agathe Villano-va, une femme politique, une féministe convaincue.« Parachutée » dans la région de son enfance par les impératifs de la parité, elle accepte d’être le sujet d’un documentaire tourné par deux journalistes locaux (Jean-Pierre Bacri et Djamel Debbouze) ; l’occasion pour elle de répondre à une question souvent posée aux femmes politiques : « l’obligation de certains quo-tas a favorisé votre entrée sur la scène politique, ça ne vous dérange pas ? »A Télérama (n°3062, du 10 septembre 2008), Agnès Jaoui déclare avoir été inspirée par « Clémentine Autain ou Elisabeth Guigou. Mais aussi [par] Gisèle Halimi ou [par] Françoise Giroud. »Elle y explique que la montée de Ségolène Royal durant la campagne présidentielle en 2007 lui a fait craindre « d’avoir un métro de retard » lors de la sor-tie du film, après les élections.Agnès Jaoui avait tort de s’inquiéter : la parité en po-litique demeure une idée avant-gardiste. F.F.

« Parlez-moi de la pluie », réalisé par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Sortie en salles le 17 septembre 2008

D.R

.

D.R

.

D.R

.D

.R.

CULTUREEXPO

CHOISIR - N°104 - octobre-novembre-décembre 2008 • 19

El Sett*Oum

KalsoumDebout sur la scène, quasi-

immobile, un mouchoir de soie tendu au bout de son bras, sa

voix chaude jaillit et transporte le cœur de ceux qui l’écoutent.

Depuis le 17 juin 2008, l’Institut du Monde Arabe ouvre ses portes

sur l’Astre de l’Orient, dans une exposition-spectacle en quatre

thèmes : « l’Egyptienne », « le talent », « l’héritage ».

Et « l’engagement ».Car outre son engagement

politique nationaliste auprès de Nasser, celle qui, autrefois, avait

débuté sa carrière déguisée en garçon, incarnait aussi un certain féminisme arabe. Lors de certains de ces concerts, n’incitait-elle pas,

par exemple, les femmes voilées de l’assistance à « garder

la tête haute et nue » ?Oum Kalsoum, son nom

se suffit à lui-même. F.F.

* En arabe, la Dame.

« Oum Kalsoum, la quatrième pyramide »

Institut du Monde Arabe : 1, rue des Fossés Saint-Bernard, Place Mohammed V – Paris 5e,

jusqu’au 2 novembre 2008.

Le Musée Dapper présente, depuis le 10 octobre et jusqu’au 12 juillet 2009, une exposition accompagnée de nombreuses manifestations (ren-contres, débats, lectures, pièces de théâtre, films, etc.) sur divers aspects de la vie des femmes.Si vous habitez la région parisienne ou si vous vous y rendez – notam-

ment à l’occasion des fêtes de fin d’année – ne manquez pas cette su-perbe initiative. C.F.Musée Dapper, 35 bis, rue Paul Valéry – 75116 PARIS Téléphone : 01.45.00.91.75 Plein tarif : 6 Euros. Demi tarif et entrée gratuite pour de nombreuses personnes. Se renseigner, y compris sur le program-me des manifestations.

FEMMES DANS

LES ARTS D’AFRIQUE D

.R.

D.R

.

CHOISIR

n Paris le 2 juillet 2008 : Accueil et réception

des commissions parlementaires de

l’Union Européenne à la Présidence de

l’Assemblée nationale .A cette occasion, Gisèle

Halimi a exposé, en séance plénière, les travaux de

Choisir sur « la Clause de l’européenne la plus

favorisée ».

Ce numéro a été réalisé par Nathalia Baltzinger, Maria Cornaz, Sandrine Denos, Séverine Dupagny, Claude Faux, Faye Fisch, Tina Glibotic, Monique Guittard, Gisèle Halimi, Martine Houyvet, Violaine Lucas, Alice Mainguené, Barbara Vilain. Nos remerciements pour cette nouvelle maquette à Bernard Daniélou.Choisir la Cause des Femmes : 102, rue saint Dominique – 75007 PARIS. Directrice de la publication : Violaine LucasDépôt légal : juin 2008 – ISSN : 0294-0949. Trimestriel. Prix : 3 €uros. Abelia Imprimerie – 6, rue de la Claie. BP20053 49071 BEAUCOUZE CedexPHOTOS DE COUVERTURE: A. Pulvar : France 3 : © Charlotte Schonsboe/France3. Ruth Elkrief. BFM TV : © BFM TV. Anne-Sophie Lapix. Canal+ : © Canal+.Hélène Jouan. France Inter : © Christophe Abramowitz / Radio France. Claire Chazal et Laurence Ferrari : © TF1. Elizabeth Martichoux. RTL, présentatrice du journal de 8h, le journal radio le plus écouté de France avec près de 2 millions d’auditeurs. Christine Ockrent : © Audiovisuel Extérieur de la France

BiBliogrAPhie de choisirla clause de l’Européenne la plus favoriséeEditions des femmes, 2008avortement, une loi en procèsGallimard, coll. « Idées », 1973, 2006Viol, le procès d’aix-en-ProvenceGallimard, coll. « Idées », 1978le Programme commun des femmesGrasset, 1978Choisir de donner la vieGallimard, coll. « Idées », 1979quel Président pour les femmes ?Gallimard, coll. « Idées », 1981Fini le féminisme ?Gallimard, coll. « Idées », 1984Femmes : moitié de la terre, moitié du pouvoirGallimard, coll. « Idées », 1981

BiBliogrAPhie de gisèle hAlimiDjamila boupachaGallimard, 1962, 1978, 2003le procès de burgosGallimard, coll. « Témoins », 1971la Cause des femmesGrasset 1974 ; Gallimard, coll. « Folio », 1992le lait de l’orangerGallimard, coll. « Blanche » 1988 ; « Folio », 1990 ; « Pocket », 2003Une embellie perdueGallimard, 1995la nouvelle cause des femmesSeuil, 1997FritnaPlon, 1999 ; coll. « Pocket », 2001avocate irrespectueusePlon, 2002, ; coll. « Pocket » 2003l’étrange monsieur KPlon, 2004la KahinaPlon, 2006

n La chaine parlementaire a diffusé, le 3 octobre, un

documentaire intitulé « Chronique d’une naissance

agitée » de Sylvain Desmille, qui rappelle les événements de

mai 1958, à Alger : révolte des partisans de l’Algérie française,

putsch de de Gaulle et naissance de la Ve république.

Gisèle Halimi, qui fut arrêtée le 13 mai, par les parachutistes

alors qu’elle était venue, une fois de plus, à Alger, pour défendre

des militants du FLN, a participé à ce téléfilm, en témoin de ces

journées dramatiques.

Il n’est jamais trop tard pour régler sa cotisation ou adhérer. Choisir a besoin des femmes comme les femmes ont besoin de choisir

©G

régo

ryD

elat

tre

-Fot

olia

.com