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Christian SOUCHON EDUCATION A L'ENV IRONNEMENT LE GRAND PUBLIC SOUS ANESTHÉSIE La nécessité de l'Education à l'Environne- ment ou plutôt pour l'Environnement devrait se faire chaque jour plus fréquente. L'instinct de survie devrait en effet jouer face aux atteintes à l'env ironnement qu i vont des accidents les plus spectaculaires (restons- en sur ce point au célèbre duo Tchernoby i- Tchernobâle) aux processus plus insid ieux car un peu plus lent à l'échel le de la planète (trou dans l'ozone), des continents (dépér is- sement des forêts de nos contrées, défor es- tations dramatiques en pays tropicaux .. .), de notre vie de tous les jours dans notre col lec- tivité ou dans notre maison (pollution de l'air, atteintes aux paysages, béton à tout va, nitrates dans l' eau de boisson ... ). Et pourtant tous ces problèmes environnementaux - qui ne sont qu e le reflet logique de nos modes de vi e et de la façon dont sont gérées les ressources diverses - ne sembl ent réel- lement inquiéter q ue l es groupes l es mi eux armés a priori pour une réelle prise de conscience. La plus grande masse, encore prête à reve n- diquer sur le slogan vague de la "qualité de vie", reste à la merc i des agents médiatiques bien davantage prêts à la faci lité, qui est ce l le de suivre la règle des taux d'audience et donc de l'efficacité publicitaire, plutôt que d'alimenter objectivement des débats essen- tiels sur de s problèmes essentiels (mais les exécutants au contact direct du public ont-ils seulement la possibi lité de se mere en lue san s courir au suicide !). Cee passivité se marque assez bien par la relative faiblesse, dans notre pays, d'un mouvement écologiste pour lequel les effos de ses m i l itants ne sont guère payés et d' un mouvement consumé- riste dont une paie - majeure par so n organe de presse - risque bien trop la sou- mission aux thèses officiel les. Aménagement et Nature no 86 Par ail leurs, il est certain que la pression du chômage, l es incertitudes économiqu es, ne favorisent guère l'exigence pour un environ- nement de qualité. Exitdonc, la possib il ité d'une Education envi- ronnementale vis-à-vis du public : quel groupe pourrait tenter de l a promouvoir en face d'une télévis ion - entre autres médias- dont la tendance aggrave la fai- blesse qualitative et quantitative des émis- sions scient if iques (sauf sous forme de grand spectacl e), des documentaires, des débats de fond ! L'INSTITUTION SCOLAIRE EST- ELLE PLUS PERMÉABLE A L' E.E.? Se retourn er alors vers l'Ecole est à la fois le moyen de contourner l'obstacle précédent et de jouer sur l'avenir. En effet, d'un e part : l'éducation de parents se fait, aussi, b ien souvent, grâce à cel le donnée aux enfants, ne serait-ce qu e par l es questions posées par ces derni ers à l eur retour à la maison et leur esprit cr itique naturel ("Le roi est nu !") ; d'autre part, le futu r est déjà présent pour des lycéens qui, dans quelq ues années, seront cadres, ingé nieurs, responsables politiques. En u nissant les réels effos officiel s des deux min istères de l'Education Nationale et de l'Environnement, et ceux du domaine extra- scolaire, via les associations assez souvent souten ues a ussi par les pouvoirs publics, - en comptabilisant les résultats pour I'E.E. de certains types de P.A.E. (Projets d'action éducatives), de s séjours en C.P .I.E . (Centres permanents d'i nitiation à l'environnement), des classes transplantées, - en appréciant à leur juste va leur l'action des chargés de mis- sion dan s des D.R.A.E. (Délégation rég ionale à l'architecture et à l'environnement), pour la formati on et le soutien aux P.A.E. par exem- ple, en prenant en compte le protocole d'ac- - 16 - cord entre les deux min istères sur I'E.E., q ui marque une volonté d'officia lisation de ce domaine éducatif, on formulerait volontiers un satisfecit en prenant acte d'un bilan posi- ti t ' Mais, à la fois, l'enthous iasme pour une cause et la lucidité obligent à que lques réserves d'importance. Tout d'abord - et bien que l'on manque sur ce point d'études comparatives et que l'on puisse uniquement s'appuyer sur l'avis des experts internatio- naux - la France semble plutôt ma l classée pour l'intérêt réel porté à I'E.E. aussi bien parmi les pays fortement industr ial isés que parmi d ivers pays du Ti ers-Monde qui, mal - gré la faib lesse de leurs moyens, compren- nent mieux l' importance de ce type d'éduca- tion. En second lieu, force est de constater que l'inst itut ion scolaire (prima ire et surtout secondaire) n'accueille I'E.E. que comme une activité marginale de type parascola ire. Une réel le institutionnalisation passerait par diverses mesures : 1. établissant l'existence des plages horaires, part ies intégrales de l'emplo i du temps, réservées à I'E.E . et permettant l'acti- vité interdiscipl ina i re ; 2. donnant aux enseignants une formati on méthodologique adéquate; 3. favorisant le r egroupement cohérent et la publication d'aides didactiqu es (modules pratiques, guides méthodologiques, comptes rendus d'expérience ...). La tâche est- elle insurmontabl e? - le point 1 nécessite un e volonté po litique claire qu i puisse convaincre l es lobbies for- més par les tenants de l a sectorisation par discipline, ceci dans chacune d'entre elle; - le point 2, surtout, et le point 3 appel lent quelques moyens financiers ; mais beaucoup d'él éments favor ables exist ent déjà ; ce sont notam ment : - une réflexio n méthodologique déjà fo avancée (on pourrait presque dire achevée, s'il y avait une fi n dans ce domaine) ; - un corpus d'aides d idactiques, notam- ment sous for me de divers modules de pro- positions d'activité ; - de très nombreux comptes rendu s d'ex- périences concrètes. Cet ensemble résu lte essentiel lement d' ef- forts : d'une pa, au niveau international de la Section Education Environnementale de I'U.N.E.S.C.O. (coll oques, nombreuses publi- cations) et des organismes c ommunautaires européens ; d'autre part, dans le cad re natio- nal, avec les résultats du projet pilote U.N.E.S.C.O. en France, les comptes rendu s de l'action pil ote dans les Ec oles Normales, la pub lication de la revue Pour une Educa- tion à I'Environnemen� - l'action associa- tive, etc.

Christian SOUCHON EDUCATION A L'ENVIRONNEMENT

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Page 1: Christian SOUCHON EDUCATION A L'ENVIRONNEMENT

Christian SOUCHON

EDUCATION A L'ENVIRONNEMENT

LE GRAND PUBLIC SOUS ANESTHÉSIE

La nécessité de l 'Education à l 'Environne­ment ou plutôt pour l 'Environnement devrait se fai re chaque jour p lus fréquente. L' i nsti nct de survie devrait en effet jouer face aux atteintes à l 'environnement qu i vont des accidents les plus spectaculaires (restons­en sur ce point au célèbre duo Tchernoby i ­Tchernobâle) a u x processus p l u s ins id ieux car un peu p lus lent à l 'éche l le de la p lanète (trou dans l 'ozone), des conti nents (dépéris­sement des forêts de nos contrées, défores­tations dramatiques en pays tropicaux . . . ) , de notre vie de tous les jours dans notre col lec­tivité ou dans notre maison (po l lution de l 'a i r, attei ntes aux paysages, béton à tout va, n itrates dans l 'eau de boisson ... ) . Et pou rtant tous ces problèmes environ nementaux -qu i ne sont que le reflet logique de nos modes de vie et de la façon dont sont gérées les ressources d iverses - ne semblent rée l ­lement inqu iéter que les g roupes les mieux armés a priori pour une réel le prise de conscience.

La p lus grande masse, encore prête à reven­diquer sur le slogan vague de la "qual ité de vie", reste à la merci des agents médiatiques bien davantage prêts à la faci l ité, qui est cel le de suivre la règle des taux d'audience et donc de l 'efficacité publ icitai re, plutôt que d'al imenter objectivement des débats essen­tiels sur des problèmes essentiels (mais les exécutants au contact d i rect du publ ic ont- i ls seu lement la possibi l ité de se mettre en l utte sans courir au suicide !). Cette passivité se marque assez bien par la relative faiblesse, dans notre pays, d 'un mouvement écologiste pour lequel les efforts de ses m i l itants ne sont guère payés et d'un mouvement consumé­riste dont une partie - majeure par son organe de presse - risque bien trop la sou ­mission aux thèses officiel les.

Aménagement et Nature no 86

Par a i l leurs, il est certain que la press ion d u chômage, l e s incertitudes économiques, ne favorisent guère l 'exigence pour un environ­nement de q ual ité.

Exitdonc, la possib i l ité d 'une Education envi­ronnementale vis-à-vis du pub l ic : que l g roupe pou rrait tenter de la promouvo i r en face d ' u n e télév is ion - e ntre a u tres médias - dont la tendance aggrave la fai ­b lesse qua l i tative et quantitative des émis­s ions scientif iques (sauf sous forme de g rand spectacle), des documentai res, des débats de fond !

L'INSTITUTION SCOLAIRE EST-ELLE PLUS PERMÉABLE A L'E.E. ?

Se retou rner alors vers l 'Ecole est à la fois le moyen de contourner l 'obstacle précédent et de jouer sur l 'avenir. En effet, d 'une part : l 'éducation de parents se fait, aussi, b ien souvent, g râce à cel le donnée aux enfants, ne serait-ce que par les questions posées par ces dern iers à leur retou r à la maison et leur esprit crit ique naturel ("Le roi est nu !") ; d'autre part, le futur est déjà présent pour des lycéens qu i , dans quelques années, seront cadres, i ngénieurs, responsables politiques. En un issant les réels efforts officiels des deux min istères de l 'Education Nationale et de l 'Environnement, e t ceux du domaine extra­scolaire, via les associations assez souvent soutenues aussi par les pouvoi rs publ ics, ­en comptabi l i sant les résultats pour I 'E. E. de certains types de P.A.E. (Projets d'action éducatives), des séjours en C.P. I .E . (Centres permanents d' in itiation à l 'envi ronnement), des classes transplantées, - en appréciant à leur juste valeur l 'action des chargés de m is­s ion dans des D.R.A.E. (Délégation rég ionale à l 'arch itecture et à l'envi ronnement), pour la formation et le soutien aux P.A.E. par exem­p le , en prenant en compte le protocole d'ac-

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cord entre les deux m in i stères sur I 'E .E. , qu i marq u e une volonté d'off ic ia l isation de ce domaine éducatif, on formulerait volontiers un satisfecit en prenant acte d 'un b i lan posi -tit

'

Mais , à la fois, l 'enthousiasme pour une cause et la l uc id ité ob l igent à q uelques réserves d ' importance. Tout d'abord - et b ien q u e l 'on manque sur ce point d 'études comparatives et que l 'on pu isse u n i quement s'appuyer sur l 'avis des experts i nternatio­naux - la France semble p lutôt mal c lassée pour l ' i ntérêt réel porté à I 'E.E. aussi bien parm i les pays fortement industria l isés que parm i d ivers pays du Tiers- Monde q u i , mal ­g ré la faib lesse de leurs moyens, compren ­nent m ieux l ' importance de ce type d 'éd uca­t ion.

En second l ieu, force est de constater que l ' i nstitution scolaire (pri ma i re et su rtout secondai re) n 'accuei l le I 'E .E. que comme une activité marg i nale de type parascolaire. Une rée l le i nstitutionnal isation passerait par d iverses mesu res :

1 . éta b l i s s a n t l 'e x i ste n c e des p l ages horai res, parties in tégrales de l 'emplo i du tem ps, réservées à I 'E .E . et permettant l 'acti ­vité i nterd isc ip l ina i re ;

2. donnant aux enseignants u n e formation méthodolog ique adéquate ;

3. favorisant le regroupement cohérent et la pub l ication d'aides d idactiques (modu les p r a t i q u e s , g u i d es m é t h o d o l o g i q u e s , comptes rendus d'expérience . . . ) .

La tâche est-e l le insurmontable ?

- le po int 1 nécessite une volonté pol it ique c la i re qui pu isse convaincre les lobbies for­més par les ten ants de la sectorisation par d isci p l i ne, ceci dans chacu ne d'entre e l le ;

- le point 2, surtout, et le point 3 appel lent quelques moyens f inanciers ; mais beaucoup d'éléments favorables existent déjà ; ce sont notamment : - une réflexion méthodolog ique déjà fort avancée (on pourrait presque d i re achevée, s ' i l y avait une fin dans ce domaine) ;

- u n corpus d 'aides d idactiq ues, notam­ment sous forme de divers modu les de pro­positions d 'activité ;

- de très nombreux comptes rendus d 'ex­périences concrètes.

Cet ensemble résulte essentiel lement d'ef­forts : d 'une part, au n iveau i nternational de la Section Education Envi ronnementale de I 'U .N .E.S.C.O. (colloques, nombreuses publ i ­cations) et des organismes communautai res européens ; d 'autre part, dans le cadre natio­nal, avec les résultats du projet p i lote U.N.E.S.C.O. en France, les comptes rendus de l 'action p i lote dans les Ecoles Normales, la publ i cation de la revue Pour une Educa­tion à I'Environnemen� - l'action associa­tive, etc.

Page 2: Christian SOUCHON EDUCATION A L'ENVIRONNEMENT

Quel pourrait être l ' i ntérêt pour un gouver­nement de mettre en place une véritable Education environnementale à l 'école (pri­maire et secondaire) sol idement i mplantée dans l ' institution ? (Rappelons, à ce propos, que nos amis britanniques n'ont pas hésité à fai re de I 'E.E. une part effective de l 'ensei­gnement, par l 'official isation au n iveau même des examens de fin d u secondai re.)

L'E.E. se présente à la fois comme :

- un besoi n i mpérieux de formation d u citoyen vis-à-vis des problèmes d'environ­nement et de gestion des ressou rces ;

- une possib i l ité d'assu rer une éducation civique concrète basée sur l 'analyse de cas et de situations vécues et sur une réflexion de type "économique" (l'économie étant alors abordée d irectement au n iveau physique et matériel, et non un iquement monétai re) ;

- u ne chance d'ouvrir l 'Ecole sur l 'extérieur et de permettre aux élèves de mobi l iser prati ­quement dès leur scolarité une partie de leur acqu is, ce q u i a l 'avantage de contrebalan­cer les rejets (voi r la question : "A quo i ça sert ?") créés par l'abstraction et l 'acadé­m isme d'un enseignement beaucoup trop formel et de plus en p lus pesant ne serait-ce qu 'à cause de la prodig ieuse croissance des

connaissances, diffic i le à intégrer dans le cadre scolaire.

Le passage d'un enseignement élit iste à u n enseignement de masse, qu i semble avoir tant de mal à se réal iser, serait sûrement grandement faci l ité par cette uti l isation de I 'E.E. dans un cadre institutionnel clair, qu i pourrait d'ai l leurs ut i l iser pleinement les structures existantes : P.A.E., C.P. I .E. . . , et aussi les thèmes transversaux, nouveaux venus au niveau du collège.

CITOYENS ET CADRES-CITOYENS FACE AUX PROBLÈMES D'ENVIRO.NNEMENT

L'E.E. ne peut s'arrêter à la sortie d u lycée. L'afflux des étud iants à l 'Un iversité doit être l 'occasion de donner à tous - notamment au n iveau du premier cycle - une possib i l ité d'approfondissement en ce domaine, aidant à une réflexion sur la société. De même dans les deuxièmes cycles spécial isés, ce peut être une façon pour beaucoup de fi l ières de découvri r la "dimension envi ronnementale" et l ' impact extérieur des savoi rs d iscip l i ­nai res théoriques ou appliqués.

Par ai l leurs les formations spécial isées rela­tives à l 'Aménagement, l 'Environnement, la Conservation de la Nature... doivent être

vo u s AVEZ LA

encouragées pour que les spécial istes nécessai res pu issent être formés. De même, au sein des institutions formant des cadres et responsables de haut n iveau (grandes écoles dé gestion et d' i ngénieurs), dont l ' im­pact des décisions sera souvent considéra­ble, une E.E. présentant le maximum de garanties d'objectivité par le biais des approches g lobales et systématiques devrait être considérée comme une facette majeure de l'enseignement dans ce cadre.

CONCLUSION

Le titre du l ivre "Quelle terre laisserons-nous à nos enfants ?" de Barry Commoner, for­mule selon nous une question qui prend chaque jour de plus en plus d 'acuité. A cha­cun de vous, à chacun de nous responsable et responsable d i rectement ou ind i rectement des problèmes d'environnement, d'y réflé­chir.

Cldstlan SOUOIOII, Maitre de Conférences à I'U.E.R.

de didadique, Univenité Paris 7, Consultant UNESCO pour

les problèmes d'Education à l'Environnement.

PARO LE tribune de l'environnement quotidien Pourquoi ne pas ouvrir une tribune consacrée aux mini-problèmes, aux moustiques de l'environnement qui nous "taonnent"

chaque jour, aux petites "castastrophes " qui réduisent cette qualité de vie, cette qualité de cadre dont nous rêvons ? C'est

notamment aux responsables de notre environnement, élus ou fonctionnaires, mais aussi aux citoyens que s'adresse cette

chronique. Que ceux, qui, administrés ou responsables, veulent utilement y participer, nous soumettent leurs idées.

Mais, pour que nous puissions la tenir, cette chronique des lecteurs, pour que nous puissions simplement "tenir", et maintenir la

parution de la Revue, après vingt-deux ans d'acrobatique équilibre, il nous faut non seulement des collaborations, mais des

adhésions, des abonnements, des "sponsors " grands et petits, qui prennent une petite annonce, une fraction de page, ou une

page entière de publicité, des sympathisants qui provoquent des abonnements en diffusant la revue (commandez-nous des

numéros et recommandez-les à vos amis). Toutes les suggestions réalistes et constructives seront examinées. L 'équipe, plus

jeune qui, nous l'espérons, va prendre la relève des "anciens", a besoin de soutiens, d'appuis, de concours .. .

On se préoccupe beaucoup des grands pro­blèmes, notamment du péril nucléaire à l'échelle de l'humanité entière, on s 'inquiète des pollutions qui menacent, dans l'air de modifier le climat, dans le sol et dans l'eau, d'entrainer de graves risques pour la terre arable, et pour les habitants, dans les forêts de réduire Je couvert végétal producteur d'oxygène et régulateur du climat, on expose

les dangers de l'industrie chimique, on dénonce ta surpopulation et l'urbanisation qui sont parmi les causes des risques précé­dents, et la désertification de certaines régions. Mais, les petits problèmes de tous tes jours, ceux qui influent aussi - et bien plus fréquemment que les grands - sur notre vie quotidienne, sur l'aménagement de notre existence dans notre ville, dans notre village, ne sont-ils pas bien négligés ? Pour un bon nombre de maires, soucieux de la satisfaction et même du bien-être de leurs

Aménagement et Nature n° 86

administrés, proches de ces petits pro­blèmes, combien yen a-t-il qui, cumulant des fonctions plus prestigieuses, survolent majestueusement ces questions, et pour qui les concitoyens sont surtout des électeurs don t il s 'agit d'abord de s 'assurer les votes. Si certains problèmes sont les plus négligés, c 'est souvent qu 'ils ne correspondent pas à une compétence administrative donnée, à une catégorie bien tranchée, bien étiquetée, bien classée qui concernera tel ou tel minis­tère, tel ou tel fonctionnaire, tel ou tel élu, tel ou tel organisme, car la Vie se moque de ces subdivisions administratives. S'agit-il de la santé ? De l'environnement ? De /;industrie ? Des transports ? De J'équipement ? De la sécurité ? Ou d'un autre domaine ? Le plus souvent, plusieurs de ces domaines seront concernés ; le responsable de chaque sec­teur estimera que c'est du ressort d'un autre, et devant ce vide administratif, cette solution

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de continuité, le citoyen restera avec son "petit" problème.

Je pensais devoir faire un texte sur ces pro­blèmes quotidiens, notamment ceux qui concernent les maires, afin de compléter, modestement la contribution des éminents collaborateurs de notre revue qui ont abordé /es grands problèmes actuels et futurs. Mais j'ai rencontré un maire rural, qui précisément, se préoccupait de ces problèmes. // /es évo­quait avec un humour parfois un peu dés­abusé mais de façon tout à fait réaliste.

Si je me suis trouvé particulièrement en sym­pathie avec ce représentant du peuple, c'est que pour mieux voir son pays, pour pouvoir s 'arrêter aisément, pour regarder de plus près, et pour, non seulement voir, mais respi­rer le pays, il circule à bicyclette, ce que j'ai fait moi-même jadis dans toute la France et dans quelques autres pays d'Europe et que