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Christianisme, spiritualité, religion catholique louange | mp3 · son hégémonie par une diplomatie d’intimidation face aux puissances rivales et par des opérations militaires

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  • unité nationale, mais se trouve devant une impasse lorsqu’ils’agit de combattre la catholique Autriche. Des complots desociétés secrètes (les carbonari) aux révoltes de républicains(Mazzini)l’Italieestentraînéedansunmouvementdelibérationetd’unificationquidébouchefin1848surlarévolutionàRome,et lepapedoits’enfuirenexilàGaète.Larépubliqueromaineest proclamée en février 1849. L’intervention conjuguée del’Autriche et de la France assure la restauration du pouvoirtemporeldupapequirevientsolennellementàRomedurantl’été1850.Cependant l’évolutionest irréversibleeten1861Victor-Emmanuel est proclamé roi d’Italie,Rome et sa région restanttoutefoisprotégéesparlaFrance.LorsqueNapoléonIIIrappelleses dernières troupes en 1870, celles de Victor-Emmanuels’emparent de Rome qui est aussitôt proclamée capitale duroyaumed’Italie.Jusqu’en1876desgouvernementsdedroitesesuccèdenttandisqueleMezzogiornos’enfoncedanslapauvretéetquel’émigrationsedéveloppe.Quelquesannéesplustard,desgouvernementshostilesà laFranceetquiprônentdesmesuresanticléricalessemettentenplace.

    L’AllemagneLaconfédérationgermaniquedetrente-neufétatsautonomesestsecouée de 1848 à 1850 par des mouvements nationaux oulibéraux qui échouent. La Prusse et l’Autriche luttent pourconstitueràleurprofitune«Grande»ou«Petite»Allemagne.De1862à1871,Bismarckréalisel’unitéallemandeaprèsavoirbattu l’Autriche en 1866 et la France en 1870. L’empireallemandestproclaméàVersailles.Puisentre1871et1890,lemême Bismarck met en œuvre la politique du Kulturkampf(littéralement, combat pour la culture), avec une législationanticléricale qui s’adoucit progressivement. L’expansion

  • industrielle remarquable va de pair avec la formation d’unpuissantpartisocialiste.

    L’Autriche et la Suisse connaissent des combats quiressemblentàceluiduKulturkampf.

    SouslareineVictoria1ère(de1837à1901),l’Angleterreestàl’apogéedesapuissancepolitiqueetéconomique.Elleaffirmeson hégémonie par une diplomatie d’intimidation face auxpuissances rivales et par des opérations militaires (guerre deCrimée, 1854-1856). C’est l’ère des grandes réalisationscoloniales. En 1876, la reine est proclamée impératrice desIndes,cependantquecommenceunelonguecriseéconomique.Sur le plan religieux, l’Angleterre est marquée par le« mouvement d’Oxford », avec John-Henry Newman, quientraîne de nombreux anglicans vers l’Église catholique. AuCarmel de Pau, sœur Marie-Carmel et mère Véronique sontdeuxfruitsdecemouvement.

    L’année1830voit l’indépendancedelaBelgique, jusque-làunieauxPays-Bas,puis lanaissancedu royaumedeBelgique.Sous le règnedeLéopoldII, l’essor industrielsedoubled’uneimplantation en Afrique avec le Congo devenu propriétépersonnelle du roi. En 1869, c’est le drame de la mortprématuréeduprincehéritier.

    Desoncôté,l’EspagnequiaperduaudébutduXIXèmesiècleses coloniesd’Amérique entredansune crise constitutionnelletrès grave à lamort du roi FerdinandVII en 1833. Isabelle II,fille deFerdinand, accède au trône à l’âgede trois ans, tandisquelescarlistessoutiennentenvuedelasuccessionlefrèreduroi, donCarlos, ce qui entraîne des guerres et troubles qui sepoursuiventjusqu’en1875.

  • En 1868, la reine doit s’exiler avec son tout jeune filsAlphonse. Elle passe par le Carmel de Pau et rencontre lacommunauté.IlestintéressantdenoterqueMariampréditalorsla future accession au trône d’Alphonse, cependant qu’elleexprimera dans ses lettres beaucoup de sympathie pour donCarlos (petit-fils du don Carlos précédemment cité), lesouhaitantunmomentcommeroi.Entre 1868 et 1875 divers types de pouvoirs se succèdent defaçonparfoischaotique.Lesmoments prospères pour l’Église alternent avec les crisesd’anticléricalismecommelorsde l’éphémèrerépublique(1873-1875).

    LaGrèce aprèsune longueguerre insurrectionnelledevientun royaume indépendant, marquant de façon très nette lespremières atteintes à l’Empire ottoman : par un traité signé àLondresen1830souslaprotectiondelaGrandeBretagne,delaFranceetdelaRussie,l’indépendancedelaGrèceestacquise.Elledisparaîtraàlasuitedelaguerrede1914-1918.

    L’EmpireottomanetleProcheOrientFatigué par les ingérences constantes de l’Autriche et del’Espagne dans les affaires religieuses, l’Empereur ottomanintervientauprèsdupapePieIXnouvellementéluafind’obtenirlanominationd’unpatriarche latinquisoit leseuletvraichefde la communauté latine à Jérusalem, enlevant ainsi auxEuropéens toute juridiction. Un premier patriarche est nomméenlapersonnedeJosephValergaquiarriveàJérusalemen1848.Pourmarquersabonnevolontéà l’égarddupatriarchelatin, lesultanluidélivreunfirmanparlequelilautoriselaconstructiond’unepremièreégliselatineàBeitJala.

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  • bonnemère, l’obéissanceest lapremièrechosepourmoi.Vousdésirezsavoirdemesnouvelles.Ehbien!Jesuistrèsheureuseet très contente jusqu’à présent, j’ai été très souvent malade,maisenfinlebonDieum’aaccordélagrâcedepouvoirobservertoutelaRègleduCarmel.Ohmamère,jenepuispasvousdirelebonheurquej’aid’êtreauCarmel,ilmesemblequejesuisauparadisetjepensecommentserai-jedoncauciel,puisquec’estcommeçasurlaterre.Ohquellecharité!Cen’estpas,non,lacharitédelacréature,c’estDieu.Jamaisdepuisquejesuisici,je n’ai entendu une parole d’ennui entre sœurs, ni pour moiquandj’aiétésisouventmalade.Onnevoitpaslacréaturedanslessœurs,onnevoitqueJésus.Enrécréation,toujoursparlerdubonDieu,commentfairepourl’aimer,leservir,pourimiterlessaints,toujoursetpartoutlacharitéentresœurs,c’estàcellequiprendra tout le travail, toute la peine pour l’éviter aux autres.Toute la journéeongarde le silence, la solitude, enfin c’est leparadisqueleCarmel.Ilm’estimpossibledevousexprimertoutcequejesenset toute lavérité.Noussommesicivingt-six,ehbiençanefaitqu’uneâme,uneseuleâmeentretoutes.Mamèrequellecharité,quellebontédeDieudem’avoirconduiteici,moipauvre misérable, orgueilleuse, je suis confondue de tant demiséricorde. Je ne puis pas vous écrire, vous rendre comptecommejelesensdetantd’amouretdebontédeJésuspourmoi.Jevousledisencore,n’ayezpasdepeineàmonégard,jesuisplusheureusequejenepuisledire,jenevousoubliepasaucunjour, je parle de vous à mes mères et mes sœurs, toutes vousaimentetnousprionspourvousetvotrecommunauté.Mamère,souvenez-vous de cette parole que je vous disais toujours :« Saint Joseph notre père m’a donnée à notre sainte mèreThérèse»,c’estluivrai2etjelecomprendsmieuxtouslesjours.Je vous en prie, priez beaucoup pour moi, pour que je

  • corresponde à la grâce que le bon Dieu m’a faite, je suistoujoursbienignorante,bienmisérable.JevouspriedeprésentermessouvenirsrespectueuxàlasœurHonorineetàlasœurAugustineetàtouteslessœurs,dites-leurquejenelesoubliepasetquejepriepourelles.Àprésent,mamère,jevaisdirequelquesmotsàmasœurCatherine.MachèresœurCatherine,

    Jeprie toujourspourvous, jenevousoubliepas, jedemandebienaubonDieuqu’ilvousfasse lagrâced’êtreunebonneetsainte novice, afin que vous soyez une sainte religieuse. Ah,combien à présent, je souffre de n’avoir pas profité desoccasions que j’ai eues ! Vous, Catherine, vous en avez, etbeaucoup. Oh, profitez-en bien, pensez qu’aujourd’hui noussommessurlaterrepourservirJésusetdemainnousn’yseronspas,carlaviepassecommeunjour.Jevoussuppliededireàtouteslesnovicesquisontavecvousmille choses de ma part, dites-leur que je suis heureuse etcontente. Ilme sembleque je suis auparadis et jene saispascomment sera le ciel pour y être plus heureux. Quand vousécrirez àma sœur Hélène à Jérusalem3, dites-lui beaucoup dechosesdemapartetdites-luiqu’ellen’oubliepassapromesse,dites-luiquejesuisheureuseetcontentecorpsetâme,jenel’aijamaisétéautant.Ah ma sœur Catherine, à présent, je désirerais souffrir pourJésus,fairequelquechosepourluietjen’ensuispasdigne,jen’airienàluioffrir.Vous ferez dire aussi beaucoup de choses àma sœur Sophie.Dites mille choses à Pétronille, je prie pour elle toujours,quoique je ne sois pas digne d’être exaucée, je ne l’oublieraijamais.

  • MamèreBaptistine,Jenesaispasmaintenantquiestavecvousouquin’yestpluspourleurécrireenparticulier,maisjen’oubliepersonnedevantlebonDieu.Oh,mamère!Letempspasse,bientôtnousseronsensembleauciel, nous nous verrons avec la sœur Augustine et la sœurHonorine. En attendant, priez beaucoup pourmoi, afin que jesoisbonnenovice,quejemepréparebienàlasainteprofessionduCarmel,quejecorrespondeàlagrâcedemasaintevocation,j’aibeaucoupàfairepourenvenirlà.Priezdoncetfaitesprierpourmoi.Soyezassuréequedemoncôté, jenevousoublieraijamaisdansmesfaiblesprières.Jedésiresavoirdevosnouvellesainsiquedenoschèressœurs,surtoutdelasœurHonorineetdelasœurAugustine.Jesuistoujoursvotrepetitefillebienindigne.

    SœurMariedeJésusCrucifié,n.c.ind.4

    2ÀSŒURHONORINE,SŒURBAPTISTINEETSŒURCATHERINE,MARSEILLE

    CarmeldePau,octobre1867Quelle grâce de dire le saint office, quel trésor l’Église nousmet entre lesmains!–Mariamsesentàlafoisindigneetheureused’êtreauCarmel.

    +J.M.J.T.

    MachèremèreHonorine,Votrelettrem’afaitbeaucoupdeplaisir.J’airendutoutdesuitegrâce auSeigneur parcequ’il fait prospérer sa vigne.Vousmepardonnez,n’est-cepasbonnemère,d’êtresiparesseusedenevous avoir pas écrit d’abord, ce n’est pas notremère la cause,c’estmaparesse,etpuisletempspassesiviteauCarmel,ilme

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  • 1.SœurdeSaint-Joseph.2.Datationtardiveenmarge.3.Sansdoutepour«j’aiprié».4.Cedernierparagrapheestécritpar-dessuslerestedelalettre,entravers,etrendl’ensembledifficileàdéchiffrer.5. Cette portion de phrase a été ajoutée entre les lignes, le « souvenez-vous»peutêtreassociéauxdeuxpropositionsquisuivent.6.Mariamadictédeuxfoisdesuite«zâmes»aulieude«âmes».7.Peut-êtreaprèslamortdemèreBaptistine.8.L’écritureestcelledemèreÉliequiaéténomméemaîtressedesnoviceslorsdesélectionsdemai1868.9. En 1868,Mariam commence à parler français, et sa secrétaire n’a pasbeaucoup aidé, cumulant fautes d’orthographe et de ponctuation. Il étaitdifficiledefairetropderetouchessanstransformerlalettreoriginelle,cequirend la lecture un peu difficile. Certaines fautes non retranscritescorrespondaient sans doute à l’accent de Mariam : « quéque », pour«quelque»;«jémédis»,pour«jemedis»;«quandlétait»,pour«quandelleétait».10.«Rassurez-vous».11.SainteThérèse.La mauvaise ponctuation de tout ce passage ne facilite pas lacompréhension. Sans douteMariam parle-t-elle de la pauvreté sur laquellesainteThérèseatoujoursétablisesfondations,carlafondationdeMangaloreseferadansunegrandepauvreté.12.LerosiersymboliselaFrance.13.«Quelquechosemesembledéjàsûr».14.«Beaucoupontdésirécettegrâce».15.«Cepaquet».

  • ANNÉE1869

    Mariampassetoutel’année1869auCarmeldePau.Aprèslesexpériences de possession diabolique puis angélique qu’elle aconnuesl’annéeprécédente,elleentredansunepériodedetroisannées durant lesquelles lesmoments de possession sont pluscourts,lebienetlemalsontenchevêtrés,etilestdifficilepourelle comme pour son entourage d’y voir clair. C’est ce donttémoignentparticulièrementleslettresdecetteannée.Adresséesà son ancienne maîtresse des novices de la congrégation deSaint-Joseph mère Honorine, à son évêque MonseigneurLacroix, au supérieur du Carmel l’abbé Saint-Guily et à celuiqui fut son confesseur à Marseille le père Abdou, ces lettresmettentenévidencelafaçondont,aumilieudesépreuves,c’esttoujours dans lamédiation de l’Église queMariam cherche lalumière.Parmilestentationsouobsessionsdiaboliquescaractéristiquesdecetteépoque,onpeutnoter:

    celledequitter leCarmeldePauparcequ’ellenepeutpas vivre complètement la Règle compte tenu de lasouffranceducorpsetdel’âmequ’elleendure;celle du désespoir de se voir condamnée à l’enfer partous les péchés qu’elle sent avoir commis, le Seigneurpermettant parfois qu’elle éprouve ce sentiment pourd’autres,danslemystèredelacommuniondessaints;

  • celles qui visent l’Eucharistie et qui se traduisent soitparlacraintedecommettreunsacrilègeencommuniantindignement, soit au contraire par la crainte d’actes deviolenceirrépressibles.

    Mère Élie évoquantMariam au cours de cette période écrit :« elle fut criblée de toutes manières comme le saint hommeJob.»Pourl’Église,1869marquel’ouvertureduconcileVaticanIparle pape Pie IX. Dans plusieurs de ses lettres Mariam faitallusionauxnombreusesdivisionsquiexistentalorsauseindel’épiscopat et du peuple chrétien et qui se cristallisent plusparticulièrement autour de la question de l’infaillibilitépontificale.Àtroisreprises,maisenvain,Mariamprévientquedesopposantsà l’Égliseontminé lacaserneSerristori,procheduVatican.QuantàMonseigneurEphrem,ilquittel’Indeencoursd’annéepour participer auConcile et visite au cours de son voyage leCarmeldePaupuis le«petitCarmel»demèreVéronique,cequi lui donne l’occasion de recevoir les vœux de la premièretertiaire. Des différends apparaissent néanmoins à l’automneentreMonseigneurEphremetmèreVéronique,etcelle-civaêtreprogressivementmiseàl’écart.

    5ÀMONSEIGNEURLACROIX,BAYONNE

    CarmeldePau,25janvier1869Dansdesmomentsdetentationautempsdepossession,Mariamdemandelalumièredel’Égliseparl’intermédiairedesonévêque.

    J.M.J.T.Monseigneuretmoncherpère,

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  • tout crie contre moi, je ne craindrais rien si je bouchais mesdeux oreilles. Voici, selon moi, ce que c’est que ces deuxbouchons:lapremièreoreille,c’estlavérité.Commentappelerla vérité ? Ca veut dire l’humilité. La seconde, c’estl’obéissance. Si j’ôte les deux bouchons de mes oreilles parl’orgueilet lavolontépropre, je tombedansquelque trouet jeme perds ; mais si je tiens par ces deux vertus mes oreillesfermées,cequiveutdireméprisermonimagination,j’iraidroitàJésus,nil’eau,nilefeu,nilescavernesnoires,nilesmontagnesrudes, ni Satan, ni l’enfer, rien ne pourra m’arrêter nim’empêcherd’alleràJésus.(Unpeuplusbas)Je me demandais comment faire pour avoir l’amour de Dieuparfait.Oh!quejevoudraiséviterdetomberentrelesmainsdela justice de Dieu ! Comment faire pour acquérir, mon Dieu,votreamourvéritable?AlorsceDieuToutPuissants’estabaisséversmoiquinesuisqu’unepetitepoussière.Voicicomment ilm’afaitcomprendre:uneâmequiveutavoirlevéritableamourdeDieudésirequelebonDieusoitaimédetous.Ellevoudraitpour elle toutes les croix, les souffrances, les épreuves ; elleaccepte tout par amour pour Dieu. Elle jouir du bonheur desautres.Elle voudrait être coupée parmorceaux pour faire allerlesâmesàDieu,elleseréjouitdubienquereçoiventlesâmes,elle se réjouit qu’elles aiment le bon Dieu plus qu’elle etqu’ellessoientaiméesdubonDieuplusqu’elle-même.Ensuite,siellesontquelquechosedebonenelles,cesâmesvoudraienttout donner aux autres, elles s’oublient elles-mêmes, et nepensentplusniàcielniàl’enfer,rienquelesâmesaimentDieuplusqu’elles10.Alors j’ai entenduunevoixmedire : « quandune âme est dans ces dispositions, Dieu est obligé par son

  • amouretsamiséricordedelasauveretdeluipardonnertoussescrimes,fussent-ilsplusgrandsquelamer.»

    12ÀMONSEIGNEURLACROIX,BAYONNE

    CarmeldePau,novembre1869Mariamdécritsesdiversestentations:désirdefuir,orgueil,peurdetromperleconfesseur.

    Monseigneuretmonpère,Merci beaucoup de votre charité dem’avoir écrit,moi pauvrepetite novice misérable, étrangère, ramassée ici par charité !Vraiment,mon père, j’ai été confondue.Que le Seigneur vousrécompensera, comme il dit dans l’Évangile que tout ce qu’onfaitàlepluspetitenfant,c’estfaitàlui-même.Cependantmonpère,jemesensintérieurementjenepeuxpasvousdirecommemoncœurdireàvotrecœur,devantDieulescœursselediront.Jem’étonne pas que, ce jour-là11 que vousm’avez écrit, vousayez lu dans mon cœur, car j’étais en effet bien tentée et jemenaçaismèreÉlieetl’infirmière.Jevousdisfranchement:jeme cherche dans ma pensée, si j’avais quelque chose pourm’empoisonner, je leferais,ousi jepouvaism’échapperpar lejardin, je le ferais. J’espéraisque,pendantque la communautérenouvellerait lesvœuxaprès laMesse,alors jeseraisseule, jepourraism’échapper;maismèreÉliem’aforcéeàresteraveclacommunauté,cequim’abiencoûté,maisj’aiobéi,malgrémoipresque. Mon père, je ne peux pas vous dire tout. Je voistoujoursmespéchésdevantlesyeux,soitàl’oraisonetpartout,etçamedécourage.Ets’ilmeresteunpetitbrind’espéranceaufond de mon cœur, il me semble que c’est illusion. Il n’y apersonnesur la terrequiaitcommisautantdepéchésquemoi,quiaitfaitautantdemal.Aussiilmesemblequetoutcequiest

  • créémedéteste,quelepainmedéteste.Quelquefoisenbuvantleslarmestombentdansl’eauquejebois,ellesmouillentlepainque je mange. Alors, dans le moment je dis : « Seigneur jemérite encoreunpeuplusdechâtiment.»Alors j’entendsunepetitevoixdanslecœurquimedit:«EspérezenDieu.»Camedonneunpeulapaixquimedureenvironunedemi-heure,maisaprèsj’entredansl’orgueil,ilmevientdesottespensées:«Tuvois,lebonDieut’éprouveparcequetuessainte.»Alorscettepensée me fait tant de peur, voyant l’ange tombé du ciel parorgueil,quepournepasmeperdreaussiparorgueiljemelaisseparaîtretouteslespenséesquimeviennentdansl’idée,jesuislanature sans me faire violence afin qu’on me voie telle que jesuis, etnepas tromper.Etquand jevaismeconfesser, c’est lamême histoire d’orgueil ou découragement. Je dis toute monâme àmon confesseur, je lui dis tous les péchés que je croisavoircommis,silepèreveutm’écouter,etaprèsjesenslapaix.Ilmesemblequel’absolutionatoutlavé,maisuneheureaprèsje crois avoir trompé le confesseur, qu’il ne me connaît pas,qu’il ne voit pas toutmon orgueil, et çamemet dans un étatterrible.Sijedistoutcequisepasseenmoi,ilmesemblequejemetstoutlemondedansl’illusionsurmoncompte;etsijeneledispas,jecroisaussitrompertoutlemonde,ensortequejenesaisplusquoifaire.Jen’osepastoujoursfairelaCommunionetjememaîtrise,m’obligeàlafaireparobéissance,alorsjefaislaCommunion,maisçamemetdansunedésolationquejenepuisdire.Jecroisfairebiensûrunsacrilège,etcomprenezdansquelétatdetrouble,dedésespoir,çamemet.Toutelajournéejevaiscommeça.D’autresfois jesouffrebeaucoupducorps,etalorsj’aiunpeudecalmeetdepaixdansmonâme.Àprésent,monpère,j’aiassezparlédemoi-même.Jevoudraissavoirdesnouvellesdevotresanté.Jesuistristeparcequ’ilme

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  • présenter une croix. Il m’a dit : “regarde, le Seigneur m’adonnécettecroix,tuaspassélamoitiédetonchemin,ilteresteencore à passer l’autre moitié, et puis je te donnerai cinqroses.5J’aichoisitroissœurspourêtreavectoi,etaprèstamortjeleurdonneraicepain,voiscepain,illeurferasentirl’odeurdes roses.Elles t’assisteront à tamort etquand toncorps serarenduàtamère(laterre),cestroissœursrendronttémoignagedetoidevant lepeupleetmonpère seraglorifié. Jeveuxquecestroissœurssachentceciafinqu’ellessoientbienuniesenDieu,qu’elles se détachent de tout sur la terre, qu’elles soient bienpetites, bien humbles,mortes à tout ce qui n’est pas Dieu, etqu’elles combattent le démonqui excitera des jalousies contreellesmaisqu’ellessoientfidèlesàDieu.”Jenecrainsrien,meditlanovice.Abandonnons-nousàDieu,ilaccompliratoutessesvolontés!»Le lendemain, 4 mai, n’ayant pu souper la veille, je la fisdéjeuner.NotrechèrepetitesœurétaitsioccupéedeDieu,decequi l’avait occupée pendant son oraison, qu’elle ne pouvaitmanger. Je lui fis signe de manger sans scrupule, qu’elle enavaitbesoin.Ellerépondit:«pasdescrupule.C’estDieu,toutdonné ; c’est Dieu, tout créé. Je mange avec plaisir, c’estcréaturedeDieu,toutestbonvenudeDieu,crééparluipourl’homme.ÔmonDieu,jevousaitantoffensé!»Etseslarmescoulaient :«Seigneurayezpitiédemoi.»Sa figure respiraitl’amourdeDieu:«Ayezpitiédemoi»,etd’unaccentpleindeconfiance elle ajouta : « le démon même a pitié de moi.Combienplusvousenaurez,vous,monDieu,monpère!»Ilyavaitpeudejoursqu’ellem’avaitdit:«Jenecrainsrien,je suis si petite. Je sens que le bon Dieu m’aime, je suis sacréature,sonenfant,toutlemondeapitiédecequiestfaibleetdecequelebonDieuaime.Ilmesemblequeledémonmême

  • serait forcé d’avoir pitié de moi si j’allais en enfer, il nepourraitpasmefairedumalparcequelebonDieum’aime.»Le dimanche (8 mai), fête du patronage de notre père saintJoseph,notrepetite sœurétait si souffrantequ’ellen’avaitpurienprendrede la journée.À troisheuresnous l’envoyâmesàl’infirmeriepourprendrequelquechose.

    6EspritSaint,inspirezleConcile.AmourdeDieu,consumezleConcile.MariemaMère,regardezleConcile.AvecJésus,bénissezleConcile.ParlapuissancedeDieu,faitesrégnerl’unionetlacharitéaumilieuduConcile.Detoutmaletdetoutprestigedesméchants,quevousconfondieztouslesennemisduConcile.EspritSaint,inspirezleConcile.AmourdeDieu,consumezleConcile.MariemaMère,regardezleConcile.AvecJésus,bénissezleConcile.Parsapuissance,faitestriompherleConcile,DétournezlecomplotdesméchantscontreleConcile.

    18ÀMÈREHONORINE,MARSEILLE

    CarmeldePau,6août1870Mariam annonce son prochain départ pour la fondation en Inde, et lepassageàMarseilleàcetteoccasion.

    +J.M.J.T.

    MabienchèremèreHonorine,

  • Jevousdemandebienpardond’avoirtanttardéàrépondreauxbonnes lignes que vous écriviez pourmoi l’année dernière. Jevoulaisécrire,etaprèsletempsapassé,etpuisvoussavezaussiquenousécrivonspassouventauCarmel,maispourçajevousaipasoubliée.Jepenseque,commeJésusvousaimebeaucoup,ilvoustienttoujourssursacroixetquevosinfirmitésvousfontacquérirbiendesméritespourleciel.Fiat,mabonnemère,etjevous prie d’offrir quelques-unes de vos prières et de vossouffrances pour moi afin que je devienne enfin une bonnenovice.Offrez-lesaussipournotrecommunautécarlebonDieuvaluidemanderdessacrifices:jeveuxparlerdelafondationdel’Inde, qui se fera bientôt, et il en coûtera à nos sœurs de seséparer, nousnous aimions tant !Enfin, toutpour lagloiredeDieu, mais demandez-lui qu’il nous accorde la grâce de bienaccomplirsasaintevolontéetaussiparfaitementquepossible.Lorsquenouspartirons,nousauronslebonheurdevousvoiràMarseille,mais nous vous écrirons d’avance pour vous avertir,lorsqu’ilenseratemps.JevouspriededireàlasœurXavierquejenel’oubliepas,quejeprielebonDieupourelle,qu’elleenfassedemêmecarj’enaibienbesoin,etjevousrecommandedenouveau,bonnemère,deprier beaucouppour celle qui aime toujours à se dire votretoutepetitefille.SœurMariedeJésusCrucifiéJe pense que notremère ou lamère Élie ajouteront quelqueslignesàcettelettre,c’estpourquoijelatermine.Ma digne mère, je suis extrêmement pressée aujourd’hui, jen’ai que le temps de vous dire qu’il nous sera bien doux,passant par Marseille, de faire votre connaissance, de nousrecommander à vos saintes prières, à celles de votre honorée

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  • 12. Le père Lazare doit poursuivre le voyage, tandis que les sœurs vontresteràAden.MonseigneurMarie-Ephrem,quiavaitpris lebateausuivant,lesrejoindraàAdenetcontinuerasarouteaveclessœurs.13.Ils’agitd’uneextase.14.C’est-à-dire«celanem’arienfait».Lesdeuxsœurssurvivantes,outreMariam, sont nommées l’une prieure et l’autre maîtresse des novices,puisquemèreÉlieassumaitcedoublerôle.Étantdonnél’aideinappréciableque Mariam recevait de mère Élie, elle aurait pu être troublée par cettesuccessiond’événements.15.MèreMariedesAngesestalorsprieureduCarmeldePau.

  • ANNÉE1871

    La petite communauté de Mangalore voit arriver fin mars lerenfortdetroiscarmélitesdePau,parmilesquellessœurThérèsede Jésus et sœurAgnès qui sontmentionnées dans les lettres,d’unecarmélitedeBayonne,sœurMariedel’EnfantJésus,etdedeuxtertiaires.LeCarmeldeMangalorecompteainsidésormaissept sœurs. La prieure est sœur Marie du Sauveur, la sous-prieure sœurMarie de Jésus, et lamaîtresse des novices sœurMariedel’EnfantJésus.Endébutd’annéeMariamvitdesétatsmystiquesdifficilesavecune nouvelle période de possession diabolique au cours delaquelle son confesseur, le père Lazare, lui sera d’une aideprécieuse.Le30juin1871marquepourMariamladélivrancedecet état et son exquise charité fraternelle peut s’exprimerlibrementaucoursdesmoisquisuivent.Quelquesoitsonétat,elleparticipeàtouslestravauxqu’exigelafondation.C’estle21novembre1871,aprèsuneretraitedetroissemainessous la vigilance attentivedeMonseigneurMarie-Ephrem,queMariamfaitprofessioncommesœurconverse,dansl’allégressegénérale.Maislorsdelarécréationdusoir,ellevitunnouveaumomentdepossessionangélique.L’angequiparleàtraverselledurantcetteextaseadressereprochesetexhortationsàcertainessœursqui en sont irritées.Quelques joursplus tard, laprieureveut obligerMariam à une ouverture de conscience sur toutesses grâcesmystiques, etMariamqui peut légitimement refuser

  • sentqu’elledoitlefaire.Cesdifférentsévénementsfontquelasituationcommenceàsedégrader : lacondamnationsuccèdeàl’admirationenversMariam,voireàcequipouvaitparfoisêtredelavénération.CequevitMariamestdéclarévenirdudémon.MonseigneurMarie-Ephremlui-mêmeselaisseconvaincre.IlneresteplusàMariamquel’appuidupèreLazare,maiscelui-civas’éloignerdeMangaloreaprèsavoiréténomméle12décembreàMahé,autrepostedemissiondudiocèse.Durant cette année, la France vit une période troublée. Lesélections à l’Assemblée nationale qui conduisent à une largemajoritéroyalistealorsquelaRépubliquevientd’êtreproclaméeentraînent une guerre civile. Le 18 mars, la Commune estproclamée à Paris, elle durera deux mois. L’Église a fort àsouffrir de l’hostilité accumulée contre elle durant le SecondEmpire, nombreux sont ses membres pris en otages dans leconflit, et lorsque l’armée pénètre dans Paris, beaucoup sontmassacrés,dontMonseigneurDarboy,l’archevêquedeParis.À Pau, le Carmel vit quelques changements avec l’arrivée encette année 1871 de deux postulantes, le retour de sœurEmmanuelpartieaiderleCarmeldeBayonnedepuisdouzeans,la mort au printemps de l’une des fondatrices, sœur Félix duSacré-Cœur, l’élection en mai de mère Marie de l’ImmaculéeConceptioncommeprieure etde sœurMarie-Alphonsecommesous-prieure, et enfin la prise d’habit en octobre de sœurThérèsedeJésusquideviendramèreThérèseàBethléem.

    21ÀLAPRIEUREDUCARMELDEPAU

    CarmeldeMangalore,juillet1871Aprèsuntempsderecul,MariampeutenfindonneràlaprieureduCarmeldePaudesdétailsduvoyageaucoursduqueltroissœurssontmortes.

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  • Mariam compare le pèreManaudas à un flamboyant. Elle lui parle de sonâme:«Jesuisàprésentdanslapaix,riennemetrouble,jesuisàDieu.»

    Monbiencheretvénérépère,Commentêtes-vous?Etcommentestaussimonbien-aimépèreMonseigneurLacroix?DitesàMonseigneurqu’iln’oubliepassapetitefillesiindignepourpenseràelle.Jenevousdispasàvous,pèrechéri,parcequevousnem’oubliezpasdutout.Savez-vous, bien-aimé père, que vous êtes à cher Carmel deMangalore ? Vous y êtes planté ! Je m’en vais vous le direcommentvousêtesplanté.Vousyêtesplantéetjamaisvousnesereztransplanté.Jem’envaisvousdirelesfleursdecetarbre,elles sont toutes rouges très vives. Au milieu, il y a uneblancheurmagnifique.Aussiilyauncœurunpetitpeuviolet.Ilyaau-dedansdespetitesplumaches17jaunesetàlatêteviolette,maisvertetoujourscouvertedefeuilles.Jem’envaisvouslediremesréflexionssurcetarbre.Ilvousressemblebeaucoup.D’abord,ils’appelleflamboyant,etvousaussi,pèrechéri,vousflamboyezlesâmes.Lablancheur,mesemblequec’estlapuretéde la charité de Jésus-Christ en son ministre. Le rouge, j’aipensé que c’est l’amour, le zèle pour sauver les créatures, sonprochain, pour gagner des âmes à Jésus. J’ai pensé aussi quec’estlefeudelasaintecolèrepourvengerlagloiredeDieu.Lejaune, j’aipenséquec’étaitvotre folied’amourdeDieu,et ceviolet,l’humilitédeJésus-Christenvous.Cetarbreadegrandesbranches qui s’étendent au loin, et moi pensé que c’est votrezèlequis’étendàtout.C’estnotremaîtressequiaplantél’arbreenvotrehonneur.Àprésent,monpère,finil’arbre.Etcommentçavavotresanté,cheretbien-aimépère?Jedésiretantavoirquelquesconseilsécritesdevotremain.Jem’envais

  • vousledire,icilesconseilsnememanquentpas,maisdevous,pèrechéri,çameréveilleraitunpeuplus.Jem’envaisvousledireunpeudemonâme.Monpère,grâceàvosprièresetauxprièresdenossœurs,monâmeestpluslibrepourpenserunpeuàDieu.LebonDieum’aretiréedel’abîmeoùj’étaisenfoncée,ilfallaitbienquejesoisgrandepécheressepour être ainsi perdue dans lamer.Dans lemoment où j’étaisenfoncée jusqu’aucoudans leplusprofondde l’abîme, lebonDieum’adécouvertaussitoutcequis’estpasséàPaupourm’yfaireplongerunpeuplus ;mais je l’ai acceptédebonplaisir,quoiquej’étaisbientourmentée,j’étaisaveugletoutàfait.Maislaissons le passé. Je suis à présent dans la paix, rien ne metrouble, rien ne m’agite, je suis à Dieu. Si vous étiez ici jepourraistoutvousdire;maisvouscomprenez,parceques’estpasséàPau,cequis’estpasséici18.Jevoisbienquec’estJésusquimeparlaitparcequetouts’estréalisé.J’acceptelecalice,jevoisquetoutseréalisera.Vousleverrezavantdemourir.Vousensentirez l’odeuravantdemourir,c’estcequimecombledejoiesurtoutdepuisdeuxjours,jesensquecequejevousaiditarrivera;c’estcequimecombledeconfusionça,etbientôtcelaremplira votre cœur de joie. Votre cœur sera rassasié de joie,c’estcequimedonneunegrandeconsolation.Adieu,pèrechéri,bénissezvotreenfantquivousaime.SœurMariedeJésusCrucifié,novicec.ind.

    24ÀMONSEIGNEURLACROIX,BAYONNE

    CarmeldeMangalore,septembre1871Mariampriepourl’ÉgliseetleSaint-Père–Elleaétéadmiseàlaprofession.

    Monseigneur,

  • Votrepetiteenfantvientsejeterauxpiedsdesonbien-aiméetcherpère,voussuppliantdeluidonnervotresaintebénédiction.Vousêtestoujourslepèrelepluschéridevotrepetiteservante.Si vous savoir, Monseigneur, combien moi pense à votrematernellebonté!Oui,vouspèrechéri,plusmeilleurpourmoiqu’unemère.Aussi,devantlebonJésus,moin’oubliejamaisderecommander toutes vos intentions. J’ai surtout pour vous uneamitié toute particulière, parce que vous aimez beaucoup laSainteÉgliseetlesicheraiméSaint-Père.Que vous êtes heureux d’avoir compris la vérité. Oui,l’infaillibilitémisenragetoutl’enfer.Bisque,bisqueSatan.Je vous le dis, cher et bien-aimé père, je prie beaucoup,beaucouppourletriomphedelaSainteÉgliseetpourlaFrance.Ne croyez pas que lemoment de lamiséricorde du Seigneursoittrèséloigné;vousleverrezbientôtdevosyeux,ettoutelaterreseradans l’étonnementde laPuissanceduDieutroisfoissaint.Ilyadéjàlongtempsquejemesenscetteimpression,maispasvoulu dire encore,mais à présentmon espérance est si grandeque je n’y peux plus tenir sans dire àmon chéri et bien-aimépère.Avantdemourirjevoudraisbienquevouslevoyez.Jepriepourça.Voussavoir,Monseigneur,dansquelabîmemoienfoncée.MaisJésusm’atendulamain,ilm’aretiréedesfiletsduchasseur,del’homme injuste etmauvais.À présent je suis jouir de la paixdesanges.JesensqueleSeigneuraexaucélesprièresqu’onluiafaitespourmoi,quoiquesi indigne :Jésusmeveutpoursonépouse.Dimanche dernier, fête de Notre-Dame de la Merci, j’ai étéreçue au chapitre pour la profession, et je l’espère que le bon

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  • canonisation de ma chère bien-aimée Mathilde. Je désiraisbeaucoup depuis longtemps vous écrire,mais je ne le pouvaispas.Quand vous viendrez à Pau, je vous dirai tout en détail ;maisenattendantjevousendiraiunpeuseulementpourvotreconsolation. Je ne doute pas que Notre-Seigneur vous l’a faitconnaître d’un autre côté, mais c’est égal. Je vous le dis trèssecrètement pour le moment, plus tard vous pourrez le dire.Maintenant, il faut laisser les hommes faire les ténèbres etattendre que le Seigneur Jésus fasse le jour, parce que c’estl’affaire du Très-Haut, nous ne pouvons que faire le mal,laissonsDieufaireletriomphelui-même.LelundidePâques,voiciquoiarrivé:j’étaismaladeetferméeenoraison.Jepensaisquetoutpasse,queDieuseulsuffit,notrejugec’est leTrès-Haut,nousnesommesdevant luiquecequenoussommes,lesparolesdeshommesnenousferontnigrandsnipetits.Encespenséesjemesentaislatêteunpeufatiguée,jegémissais surmamisère ;à l’instantmême, jevis lamèreÉliepasser devant moi comme un éclair avec Mathilde. Voici lapremière parole de Mathilde : « Le royaume du ciel souffreviolenceetvoiciquoileSeigneurveutdevous:vousaurezdescroix sur croixmais néanmoins la paix du Seigneur sera dansvotre cœur. » Et voici la parole que les deux ensemble medirent : « Le Seigneur va vous transporter dans le berceau oùvousétiezavant,pourunmoment,paspourlongtemps.»AprèsMathildem’adit:«Quandvousserezdansvotreberceau,vousécrire à notre père : assez vous donnez pour la fondation del’Inde et si vous donnez plus ça ne sera pas pour la gloire deDieu. Plus tard vous laisserez quelque chose en secret àquelqu’un que le bonDieu vous inspirera pour le donner à lafondation, après lamort deMonseigneurMarie-Ephrem, parcequ’il a été dit : tant qu’il vivra il n’y aura aucune conversion.

  • Mais celuiqui lui succédera il y auraunbien immensequi seferaentresesmains.»Après,Mathildeagémietm’adit:«LaBelgiqueneresterapastoujourstranquille,avantlongtempsilyauraunecrise»;ellem’aditletemps,maisjel’aioublié.Jepuispasvousdiretoutelaraisondanslepapier;maisvousviendrez,jediraitout5.EnattendantgardezcecitrèssecrètementpourlagloiredeDieuetlabéatificationdeMathilde.Voiciencorecequiestarrivé:ensortantdecetétat, lemêmejour,lepèreGratienvintmediretouteespèced’histoiresetmefaire toute espèce de tribulations. Alors je lui dis : « Je veuxsortir»,sansluidireoù.Jedis:«JeveuxalleràJérusalem».Alorsilmedit:«Ah!jesaisvotrepenséequevousvoulezalleràPau.»Alorsjedis:«Non,jeveuxalleroùDieuveut,maisjesensquejenepuispasresterici.»Lemêmejour,Monseigneuret lepèrePaul, tous,medirent :«Si lecielet la terrenousledisaient, nous ne vous enverrons pas même au diocèse deMonseigneur,jugezdoncàPau.»Jenepuspasm’empêcherderireetilsdirent:«C’estl’orgueilquivousfaitrire.»–«Nonjerisdemoi-même,demonimagination,maisc’estégal,jelaisseDieu faire.»Alors ilsdirent : «Elle est folle exorcisons-la.»Onm’interdit,onfittantdechoses,maisjenepuispasdire,jediraiquandvousviendrez.Pendant toutes ces tribulations, je ne vis plus Mathilde, jen’eus pas une seule consolation,mais la paix au fonddemonâme malgré tout ce qu’ils dirent et qu’ils firent parce que jesentaisquejenevoulaisaufonddemoncœurqueleSeigneur.Mais tout m’était très pénible. Mathilde m’avait dit que leSeigneur me laisserait à moi-même et en effet, je vous leconfesse,toutm’étaitsensible;personnesurlaterreétaitaussifaible que moi, un mot un seul mot me mettait dans tous lesétats.Et jusqu’à la semainedemondépart,Monseigneur, tous

  • lespères,nosmèreset sœursm’ont toujoursassuréequeni lecielnilaterrenelesferaientchangerpourm’envoyeràPau.Etmoi aussi, dans les derniers temps j’avais une répugnanceextrêmeàveniràcausedetoutcequ’ilsm’avaientditcontrelacommunauté. Ils le savaient qu’à la fin je ne le voulaisabsolument pas. Et la semaine avant le départ, ils ont toutchangéetm’ontobligéeparobéissanceàpartirpourmerendreauCarmeldePau.Je vous dis tout ça pour vous que vous connaissiez commentDieuest lemaîtreducœurdeshommeset leschangequand ilveut.C’estaussipourmaconfusionque toutcelas’est réalisé.Jevousdemandepardondetoutcequejevousaidit,maisjemesentais poussée à vous dire malgré moi, et c’est pour maconfusion, jenesaispassiçavientdemonimagination,faitescommeDieu vous inspirera pour tout ce que j’ai dit. Quant àmoi,j’aicrudevoirdireenconscience.Monbien-aimépère, jevaisvousdireunepetitenouvelle.Nevous en rapportezpas tropàmon imagination,mais seulementj’en ai la foi que Notre-Seigneur le réalisera. Voici ma petiteimagination devant le Seigneur. Dites à madame votre fille6 :«Pourquoitantdedésolation,pourquoitantdesoupirs?»Ellen’estpasstérile.Jevaisvousledire,monbien-aimépère,ditesàmadamefillequelaSainteViergeNotre-DameduMont-CarmeldePauveutêtrelamarrainedupremierenfantqu’elleaura,etletempsn’estpasloin,etquandl’enfantviendravoirsamarraineildevraluiapportertroischandeliers,niplusnimoins.AditleSeigneurquejeneresteraipasici, jenesaispassi jeverrai lavisitedecetenfant.Hélas!jesaispassileSeigneurmedonneracette consolation.Mes iniquitésme chargent et je ne sais pascomment la terre et quelle maison pourra me supporter, mesiniquités s’élèvent continuellement contre moi7. Cependant,

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  • SouventMonseigneurMarie-Ephrem, le pèreGratien, le pèrePauletnosmèresontassuréque,silecieletlaterredisaientdem’envoyer àPau,onnem’yenverrait jamais ; et puis, ce sonteux, malgré moi, qui m’ont chassée et renvoyée à Pau, sansmêmesavoirsiàPauonmevoudrait.Dansunpeudetempsvoussaureztout,monpère.Je vous conjure une seconde fois, laissez parler, laissez diretout cequ’onvoudra.Dieu estDieu, et tout le ciel et toute laterreseretourneraientpourébranleruneâmequeDieuregarde,ils ne pourraient rien faire. Je ne vous dis pas cela pourmoi,non!JesuisrempliedeconfusiondevantDieu,nonpasdevantlescréatures,maisdevantmonCréateur.Onpourraitmedire,commeonadéjàfait,quejesuispourleciel,etpuisquejesuispourl’enfer:nil’unnil’autrenem’ontréjouie ni troublée, nous sommes ce que nous sommes devantDieu. L’exil est court, je n’ai qu’un désir, mon père : aller àDieu le plus vite possible et quitter cette terre, parce que jecrains,envoyantdesâmessipures,sisavantes,quiontfaitdeschutes épouvantables ; et moi qui suis couverte de péchés etd’ignorancequepuis-jedevenir?Oh!demandezauSeigneurdemeretirerdecetteterreplutôtquedel’offenser.Oh!non,millemillions de fois, non ! Je ne voudrais pas l’offenser ! Plutôtmourir!JedissouventauSeigneur:«Sijedoisvousoffenser,mettez-moi en enfer ; si je dois vous offenser en la moindrechose,ôtez-moilavie.»Jedoisvousdire,monpère :hélas !macompagnedevoyageest perdue pour la religion16. Vous savez le reste, vous devezcomprendre.Cevoyageaétépourmoisipénible,quejenecroispasavoir rienfaitpourDieupendantmavie ;maisceque j’aisouffert.Cevoyage, jecrois, seracompté.Oh !quedepeines,

  • qued’angoisses!Jepuisvousledire,monpère:queceuxquisontdansl’enfern’ontpassouffertautantquemoicevoyage.Maintenant jevoisquemesimpressionsn’étaientpasfausses.J’ai failli perdre la tête plusieurs fois. Mais le Seigneur acompris l’angoisse de mon pauvre cœur et lui seul peut merendrecetémoignagequetouslespassagers,hommesetfemmes,même le commandant, les officiers et surtout le médecin, ontcomprisunpeuceque je souffrais,quoique je couvrais autantque possible par la charité de Jésus-Christ, et ils semblaientm’entourer de bonté et de charité pour me consoler, et ilsvenaient quelquefoisme dire : « Parlons un peu de Jésus,masœurdeJésusCrucifié.»Ilsvenaientmetaquinersurlareligion,parcequ’ilssavaientqueriennepouvaitmedistrairequedemefaireparlerdeJésus.Ah !monpère, l’avenirdira tout.Vous souvenez-vous,quandonvoulait lademanderàMangalore?J’étaiscommeunefolle,je disais : « Si vous la faites venir, vous perdez cette âme. »Souvenez-vousmadésolationpendanttroisjoursettroisnuits;jevousledis,ettoutlemondeétaitcontremoietdisaitquejen’aipasdecharité,etcontrevousparcequevouscroyiezàmaparole.Souvenez-vous,quandNotre-Seigneurmedit :«Assezdit,elleviendrapourvous17,etmaparoles’accomplira.Laissezl’hommeagir.»Pardon,monpère,decettemauvaiselettrequej’écrisàvous;pardonnez-moi,bénissez-moi,demandezsanscesseàJésusqu’ilmegardetoutepourlui.Votreindignepetitefille,SœurMariedeJésusCrucifiéBénissezaussilasecrétairequivousdemandel’aumôned’uneprière.

    34

  • ÀMONSIEURDENÉDONCHELCarmeldePau,26mars1873

    Le faux repentir de sœur Marie-Alphonse et son départ du Carmel –Parabole de l’arbre sec et de la poule qui ne peut protéger le poussinrécalcitrant.

    Moncherbien-aimépère,

    LapaixduSeigneur soit avecnous.Voici la tristenouvelle18que vous avez reçue, je vais vous parler un peu de cette tristechute.Jeprévoyaisçadepuislongtemps,jevousl’aiditunpeupour que vous soyez pas si étonné. Ma prière criaitincessamment:«Seigneur,faitesquecesoitpasvrai.»Quantàla communauté, cher et bien-aimé père, je dois vous dire queNotre-Seigneurestbiencontentdenotrecommunauté,surtoutlacharitéqui règnedans lamaison ; l’actehéroïquequ’ellevientdefaire19,lesplusgrandsscélératsauraientétéconvertis.Voici que toutes les sœurs ont embrassé ma sœur Marie-Alphonse au chapitre, elles venaient de tout savoir, elleséclataientensanglotset luiont témoignétoutel’affectionet lacompassion possible et l’ont assurée chacune que, s’il fallait,ellesauraientdonné jusqu’à ladernièregouttede leur sang,etc’étaitsincère.QuantàsœurMarie-Alphonse,monpère,toutlemonde était dans la jubilationpensant qu’elle était revenue auSeigneur.Quant à moi, je voyais toutes les sœurs sangloter et pleurerd’attendrissement et de consolation, j’allai devant le Saint-Sacrement rendre grâce au Seigneur de cette bonne nouvelle ;voilàquej’entendisunevoixmedire:«Cen’estpassincèreetcen’estpaspourleSeigneur,c’estcraintequ’onlamettedehorset crainte de l’humiliation, et précisément elle l’aura. » Jem’effrayaisdecelaetjen’aipasvouludireàpersonnepourne

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  • Ilm’est venu une pensée : je pensais combien vous avez faitpourmoi ;vousenavezeu tantd’humiliationsàmonsujet,ettout de même vous m’avez ouvert la porte à travers tout38, etcettepenséem’anéantitdevantJésusenpensantquec’estluiquitient tous lescœursentresesmainset leschangecommeil luiplait.Or,c’estàluiquejedoistout;àvouslareconnaissance,maisaussiàluiquichangelecœur.Aumêmeinstant,jemesensmoncœuretmonespritanéantis,

    si j’avais eu devant moi un abîme pour m’y enfoncer, je meseraisenfoncée,tellementjetrouvaislabontédeDieuadmirableenversmoi.Etjeregardaistoutemaviejusqu’àprésent,toutcequej’aifaitpourDieuetjen’airienfaitquin’aitquelquetacheou de l’orgueil. Enfin vous savezmon père, plusieurs défautsm’accompagnent.Hélas!jemesensmabassesseplusquejenepuis le dire, et j’étais terrassée, je ne pouvais rien dire que :«Seigneuroùestvotredemeure?»Etjem’entendiscettevoix:«dansuncœurdroitetunesprithumilié.»Àl’instantmêmeunevoixm’adit:«Voulez-vousquejevousfasse voir ce qui est cher à mon cœur ? Regardez dans cenuage.»Cenuagetellementblancquejesensenlevoyantquemoncœursefondaitcommelacire.Jemevoiscenuageblanc,et je regarde, je le vois sur une haute montagne. Je vois uneprocession, Jésus marche devant et une troupe de vierges,d’anges, jesaispas,quisuiventJésus ;cenesontpaseuxquimarchent, car ils ne se fatiguent pas et ils ne restent pastranquilles, mais la lumière les porte. Je ne puis pas vousexpliquer, mon père, la largeur, la longueur, l’ordre de cetteprocession.Mais ce quim’a frappée, c’est qu’àmesureque leSauveur dumonde passe, les fleurs, les roses qui couvrent lesdeuxcôtésducheminsepenchent,s’inclinentàsonpassageetdonnentleurparfumàJésusetàceuxquilesuivent.Jenepuis

  • pas l’exprimer comme je l’ai vu, quoique j’en dise quelquechose.DevantJésusjevoyaiscommeunesource,untorrentquisort et déborde par moments, et qui se referme pour s’ouvrirensuite avec plus de force. Si je vous disais combien grandecette source vous comprendriez pas, mais je n’ai pas vu quil’ouvraitetquifermait.Savez-vous,chéripère,quelacuriositém’accompagnepartout,mêmeensommeil?Jevoyaisunenfantdevantmoi,etjeluiaidemandé:«Qu’est-cequecetteprocession,etqu’est-cequecesfleurs?Etcettesource?Etpourquoisuis-jeclouéeiciquejenepuispassuivre?Pourtantc’estnécessairequejelesachecequec’est,siDieuveut.»Etj’aioubliécequejesais,cequej’étaisaucommencement39,pouroserfairedepareillesdemandes.Voici l’explicationde l’enfant :«Les fleursquidonnent leurparfum à Dieu, c’est la figure des âmes qui sont sauvées, etselonlesméritesdechacunesurlaterre,ellesontétéplantées;ellesnepeuventpassuivre,maisellessontheureuses.Etceluiquimarchedevantlaprocession,c’estJésus!»Àcenom,moncœurdansedejoie.Jem’entendisencore:«Ceuxquisuivent,cesontlesvierges,lesconfesseurs,lesmartyrs,lesâmesquisesont sacrifiéesauTrès-Haut, cellesquiont cherché lebonheurdu prochain plutôt que le leur, parce que j’ai accompli maparole : ils ont été tristes pour contenter leur prochain, c’estpourçaqueleurrécompensenefinirajamais.»J’aivuensuitedes rosiers, il y avaitdespiedsplusoumoinscouverts de boutons et de roses, et des arbres fruitiers quiapportent beaucoup de fruits, il y avait des rangs, des rangs.TousvoientJésus,maisilsnecomprennentpascequechantentceux qui suivent Jésus. Peut-être que je dis qu’ils necomprennent pas parce que je ne comprenais pas moi-même ;maismoncœurdansaitdejoie.

  • J’aidemandéà l’enfant :«Quoiveutdirecesarbresfruitiers,cesfleurs,cesroses?»Etiladit:«Voussavez,ilaétéditqueles stériles auront leurmaison remplie d’enfants. Voici ce quil’explique : dans la terre où vous êtes, la mère n’enfante passans douleur ; et aussi la vierge ne peut pas enfanter sansdouleur, sans persécution, des enfants spirituels et des fruitsqu’ilsprésenterontéternellementàDieu;aulieuquelesmèresde la terre ont souvent leurs enfants qui deviennent leurspersécuteurs. Considérez l’Église, votre mère. Le Seigneur l’aenfantée avec douleur sur la croix, elle est sortie de son côtédroit ; c’est pour vous donner l’exemple. Sur la terre vous nepouvez porter des fruits que dans la souffrance, et cessouffrancesserontlacouronnequeleSeigneurvousadestinée.Lesâmesquisontdanslecielnepeuventpluss’éleverendegrédegloire, ils sontassis làoù ils sontarrivésselon leurmérite.Vousautresici-bas,vouspouvezmonteretdescendre,monterdeplusenplusetdescendredeplusenplus.Nemurmurezpassurla terre, car la terre est une perle précieuse pour ceux qui enprofitent.Danslecieltoussontanimésd’unmêmeesprit,quandDieuveutunechosetousveulentlamêmechose.»Voicicequim’afrappée.Ilm’aétédit:«Ceuxquisontaucielprientpourvous ;maisquandà lamort on tombeen enfer, lepèreetlamère,mêmesic’estleurenfant,sontenfureurcontreceuxquisontsortisdeleurseinparcequ’ilsvoienttoutenDieuetcommeDieu:c’estl’EspritdeDieu,toutunmêmeesprit.Cen’estpascommesurlaterre:celuiquitravaillepournotrebien,nous ne le reconnaissons pas, parce qu’il nous fait souffrir, etpourtantc’estnotreami.»J’aidemandé:«Etcettesourcequis’ouvreetquiseferme,queveut dire ça ? » Je m’entendis dire : « La source, c’est lamiséricorde de Dieu, c’est sa bonté qui condamnera un jour

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  • Pardon chère et bien-aiméemarraine, priezpourmoi. Je vousquittedansleCœurdeJésus;jesuistrèspressée.Adieu,chèremarraine.VotrefilleulequidésireaimerbeaucoupJésus,cartoutpasse!SœurMariedeJésusCrucifié,r.c.ind.

    45ÀL’ABBÉREBOUL,MONTPELLIER

    CarmeldePau,16février1874MariamévoquesesvisionsconcernantlerelèvementspiritueldelaFranceetletriomphedel’Église.

    J.M.J.T.Moncheretbien-aimépère,

    Secret pour vous seul…Et si vous jugez à propos, dites-le àpater,maispasàd’autres:entreDieuseuletvous.Mon père, hier dans un moment où je priais beaucoup pourl’ÉglisenotremèreetpourlaFrance,voicicequej’aivuetcequej’aientendu:«Oui,jeferaimesdélicesdansleseindelaFrance;elleseraencorelareinedetouslesroyaumescommejel’aiditaupa-ravant(aumoisd’août1870).Maisilfautquelapassoirepasse,ilfautqu’ellesoittoutàfaitrienpourquemoijesoisàlatêtedes armées, afin que toutes les nations disent entre elles, degénérationsengénérations:vraiment,c’estleTrès-Hautquiestà la têtedelaFrance!Toutes lesgénérations lecrierontd’unemêmebouche,d’unemêmevoix,sur lemêmeton,etmêmelesimpies.»Enentendantça, j’aicrié :«Et l’Église?Etcechervieillardqui souffre tant ?» Jem’entendis cettevoixmedire :«Parcequejel’aime,jelefaissouffrir;maissajoienefinirajamais.Je

  • vousdéclarequetousceuxquiserontsoumisàluiserontsoumisàmoi,etquetousceuxquiserontcontrelui,moijeseraicontreeux, car le Seigneur dortmais il veille enmême temps. » J’aientendulavoixquiaditencore:«Pourletriomphedel’Église,jeleretarderaiplusquevousnecroyezàcausedel’égoïsmeetde l’orgueildeceuxqu’elleentouredanssonsein. Jeprendraitous lesmoyenspour les en tirer, carmalheur,malheur à ceuxquidonnentduscandale.»

    La voix a dit ensuite : « Les jésuites souffriront beaucoup5,maisjeseraiaveceux,etceuxquisontdansunemauvaisevoiedans son sein je les ferai sortir, et après je bénirai de plus enpluslaCompagnieetjelesaimeraideplusenplus.»Je suppliais aussi la voix que j’entendais et je dis : «Et nospèresetnosfrères?Pourtantvousavezpromis,Seigneur?»–«Oui, je lesbénirai.»Le reste, jenepuispas te ledire,monpère.Maintenantvoici,monpère,cequis’estpassél’autrejour.Lerévérend père provincial (Joseph-Marie) et le révérend pèreBernard(unpèreanciendel’ordreparait-il)sontvenus.Notremère me fait appeler au parloir sans que je savais rien. Lapremièreparolequemeditlepèreprovincialc’est:«L’évêquedeMangaloreestnommé.Devinezqui?»–«Monpère,jenesais pas, je n’ai pas la lumière. » – « Mais devinez, vous leconnaissez,devinez?»–«Monpère,jeneconnaisquelepèreGratien, lepèrePaul, lepèreHenri…»Enmêmetemps, ilmefixaitla6

    467

    ÀMONSIEURBORDACHAR,MAULÉON?Finavril1874

  • Visiondel’abîmeoùrisquentdetomberceuxquicomptentsurleurproprelumière–SaintJosephmontreàMariamcommentéviterledanger.

    Voici,monpère,cequej’airêvé(ellesesertdecetermerêve,maisadûavouerquec’étaitunevision):Samedidernier(25avril1874),jerêvaisquejemarchaisdanschemindoux, ilyavaituneherbedouce.Puis j’étaisdansuneterre étrangère et je vois que je marche à côté d’un jardindélicieux ;mais je vois que je n’étais pas là poury rester.Aumilieudecejardinilyaunabîme,l’ouvertureestrondeetpastropgrande,maisendessousetaufondl’abîmeesttrèsgrand;la flammequiensortmonte toutdroit enhaut, ellenevaniàgaucheniàdroiteetelleremplittoutel’ouverturedel’abîme.Ilyabeaucoupdemondequivatoutdroitsejeterdanscetabîme.À côté, dans le parterre, il y a ça et là de petites pierres quicachentlestrousd’oùsortaussidelaflammequandellessontôtées. Des évêques, des prêtres, des religieuses vont dans ceparterre, guidés par leur propre lumière ;mais ils ne sont pastoutàfaitaveuglespuisqu’ilsvoientcettepetitelumièreetDieuleur montre cette flamme (cachée sous la pierre) et ils seprécipitent,s’ilsavancent,aveclapierreoùilsontmislepied,et ilsvontau fondde l’abîmequiest lemêmeendessousqueceluid’où sort la flammede l’abîme toutouvert.Ces évêques,ces prêtres, ces personnes consacrées àDieumarchent sur lespierres,laflammesort;maiscomptantsurleurproprelumière,surleurforceetleurintelligence,aulieudereculerilsavancent,laflammelesaveugleetilsseprécipitentdansl’abîme.Ensuite, en contemplant cela, je me sentis même dans moncorpstouteespècededouleurs,jecraignaispourmoiparcequ’iln’yapasd’autrecheminpourmoi.J’étaisdésolée,j’aiétéàlaSainte Vierge et à saint Joseph. La Sainte Vierge m’a sembléavoir disparu, mais saint Joseph n’a pas disparu et je lui ai

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  • Merci de toutes vos charités, mon père. Jésus vousrécompensera et il a déjà commencé, je n’en doute pas.Notrechère mère Immaculée13 ne laisse rien tomber par terre. LeSeigneuramisunlienentrevousetmoi,etilneseséparerapas.Votresouvenirestgravédansnotrecœuràtous.Voulez-vousquej’osevousdemanderlalettredeMonseigneurLacroix aupatriarche, en français ?Notremère aussi la désirepour lamontrer à la communauté et je voudrais la faire voir àmonsieur de Nédonchel qui viendra bientôt. Nos sœurs deMangalore lui avaient écrit queMonseigneur allaitme chasserdesondiocèse.Adieu cher et bien-aimé père Raphaël, bénissez votre petiteenfant,SœurMariedeJésusCrucifiéExtraitdenotesprises surmasœurMariedeJésusCrucifié(lachèrepetiteignorequej’ajoutececiàsalettre)

    18 octobre 1874.Ma sœurMarie de Jésus Crucifié était enextase,etcommenousparlionsavecnotremèredetoutcequis’estpasséàRomeau sujetde la fondation, ellenousadit :« Le Saint-Père a senti que c’était de Dieu. Le cardinalAntonellietlepèregénéraldesfranciscainsontaussisentiquec’étaitdeDieu.Plustard,ilseferatantdeprodigesàBethléemqu’onvénéreraicicemonastère;maissoyezfidèles.»Unpeuplus tardelleadit,maisnond’un traitcommenousl’écrivons:«Avantletriomphe,ilyauradusangrépandu;ilyenaurajusqu’àlachevilledupied.Carlos,Dieuestaveclui,maisilyabeaucoupdemauvais.Ilnetriompherapasencore,non,maisceuxquisontavecluietquicombattentpourlacausede Dieu, il leur pardonnera beaucoup de péchés et leur feramiséricorde. Il permettra que les mauvais se trahiront eux-

  • mêmes.Envérité,etc’estleSeigneurquimelefaitconnaître,vous entendrez des choses que vos cheveux en deviendrontblancssurvotretête,sic’estpossible.EnFranceetenAngleterreilyenadebonsquifontlebien,mais il y enaqui trahirontendessous ;mais leSeigneur lestrahira.La reine d’Angleterre viendra un jour la tête nue, elle sedécouvrira elle-même la tête.Ne cherchez pas ce que ça veutdire, Dieu ne m’en fait pas connaître davantage. Écrivez ça,plustardvouslesaurez.Soncœurestchrétien.Après le jour des tribulations, où l’on marchera sur lesmourants, les turcs, lesmusulmanset les juifsseconvertiront.L’Égliseseraouverteàtouteslesnations.14

    Lemomentdusangdesmartyrsapproche,iln’estpasloin.D’un côté, je suis heureuse et de l’autre non. Je suis tristepour ceux qui trahissent le Seigneur. Ils marcheront sur lespetitsenfants;ceseraleursangpurquiapaiseralajusticedeDieu,bientôt.»(Icielleversaitdegrosseslarmes).Le Seigneur a promis qu’il aura pitié du diocèse deMonseigneurLacroix.Si vousêtespetites etunies encharité lesunes lesautres, leSeigneur vous gardera, il ne nous arrivera rien ; mais soyezfidèles.CeseralesangdespetitsenfantsquicrieraversleTrès-Haut.Le diable sera enragé. La terre sera purifiée par le sang desenfants.Lemauvaisroiquivavenirdomineraetcroiraqu’ilrégneratoujours;ils’élèveratantpourtoucherlecielparl’orgueilettellementsihautquesachuteenseraplusbasse.Partoutoùil

  • marchera il versera le sang, et sa chute sera si épouvantablequ’ellemèneraplusdepeuplesàl’Église.»Elleditceciànotremère:«delapartdeJésus,jedisaupèreLazareque le Seigneur va se réveiller bientôt pour lui ;maisqu’il soit de plus en plus petit et anéanti, et quand tout lemondeviendradireàlui‘pèreLazarevousaviezraison’c’estalors qu’il faudra surtout pratiquer l’humilité.Écris ça, je ledisdelapartdeJésus.»19octobre.«J’airêvécettenuit(nousditmasœurMariedeJésusCrucifié) que je voyais le ciel chargé de nuages. Et lesnuagessesontchangésendeuxarméesetaussiendestentes.Puis,plushaut,jevoyaisdesviergesdebout,latêteetlesmainsélevéesversleciel;unesurtoutétaitplusélevée,etlesautrespriaientens’unissantàelle.Puisj’aivuleSaint-Pèrecommesuruneterrasse,ilétaitassisappuyé.Nousétionsenbasetnouslevoyionsenhaut.Ilsortaitdesatêtedeuxcornes15,etcommetoutelamaisonétaitd’unortrèspur,toutbrillaitautourdeluietjenepouvaisvoirenquoiétaient ces cornes, la lumière les cachait.Pourvenir ànous, ildevait rentrer dans la maison et descendre. Puis j’ai revu lesnuages et les troupes comme auparavant et l’impression m’aréveillée.»Deux jours après,ma sœurMarie de JésusCrucifié était enextaseetsipresséederecevoirsonJésusqu’onluiafaitfairela Communion avec les malades. Revenue à elle-même, ellevoulaitlafaireencore.Notremèrevousdiracequis’estpassé.Priezpournous.

    53ÀMONSIEURBORDACHAR,MAULÉON

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  • ANNÉE1875

    L’événement central de l’année 1875 pourMariam et pour leCarmeldePauestlafondationduCarmeldeBethléem.Après l’encouragement du pape, puis les échanges intervenusentre le patriarche de Jérusalem et Monseigneur Lacroixmarquant leur accord, manque l’autorisation canonique écrite.C’est la raison pour laquelle, en avril, la duchesse de Parme,filleule du pape et demeurant alors à Pau, part à Rome pourtenterd’accélérerlaprocédure.Maisellen’yparvientpas.En mai, Mariam reçoit la révélation de la nécessité d’uneintervention immédiate auprès de Rome pour unereconnaissancedelacongrégationdespèresdeBétharram.Cettecongrégation est en effet sous la dépendance de l’évêque deBayonne, ce qui fragilise son avenir. Poussée par Mariam,BertheDartigaux réussit àconvaincreMonseigneurLacroixdesigner lademandede reconnaissanceenattentesur sonbureaudepuisdesannées.UnvoyageàRomedespèresBordacharetEstrate,suscitéparMariam,vaavecunerapiditésurprenanteserviràlafoislacausede la fondation du Carmel de Bethléem et celle de lareconnaissancedespèresdeBétharram.EncequiconcernelesconstitutionsdelacongrégationdeBétharram,leurapprobationrapide est liée notamment à l’interventiondupèreBianchi, undominicainquiapuapprécier l’inlassabledévouementdupèreBordachar auprès des dominicaines de Mauléon. Quant à

  • l’autorisation de fonder leCarmel deBethléem, elle se trouvefacilitée par une intervention du gouvernement français auprèsdugouvernementturcàl’initiativedudéputéChesnelong,cequipermettra l’obtentiond’un rapport trèsencourageantduconsuldeFranceenPalestinesurceprojet.Unautreélémentessentielest la prise en charge par Berthe Dartigaux de tous les frais,d’oùletitredefondatricequiluiseradonné.Ainsi,le20août1875,dixcarmélitesquittentleCarmeldePaupourBethléem:Mariam,AngèleAudioldevenuesœurÉlielorsde sa prise d’habit en juillet, sœur Thérèse, sœurMarie de laCroix, sœur Emmanuel, sœur Marie de l’Enfant Jésus, sœurMarie-Madeleine, sœur Joséphine, sœur Marie-Thérèse (mèreVéronique) et mère Anne comme prieure. Elles sontaccompagnées des pères Estrate et Bordachar, ainsi que deBerthe Dartigaux, désignée sous le nom de Marie de Jésus.Arrivé à Jérusalem le 7 septembre, le groupe se rend à pied àBethléem où il arrive le 11 et, après la vénération des Lieuxsaints,s’installeàproximitédelabasiliquedelaNativité.Le8septembre,Mariamalarévélationdulieud’implantationdufuturCarmel:la«collinedeDavid»,enfacedecelledelaNativité. Le curé de Bethléem est ainsi sollicité pour faciliterl’achat du terrain qui nécessitera un certain temps. Le24septembre,l’installationsolennelledanslaclôtureprovisoirealieu,présidéeparlepatriarcheetdansl’affluencedeshabitantsde Bethléem. Les pères Estrate et Bordachar accompagnés deBerthepeuventalorsrepartirenFrance.Les lettresécritesparMariamaucoursdecetteannée1875àsestroiscorrespondantsprivilégiés,lepèreEstrate,laprieuredePauetBertheDartigaux,respectivementnommésparellepater,mater,etsœuretteoumaman,permettentdesuivrelesdifférentesétapes de la fondation.C’est en effetMariamqui tient le rôle

  • principal pour l’ensemble des démarches et travaux entourantcettefondationpuisqu’elleestseuleàparlerarabe.Lecaractèreombrageux du curé de Bethléem rend parfois les opérationsdifficiles et nécessite de la part de Mariam une grandediplomatie.Cette fin d’année 1875 est aussi la période oùMariam et lepatriarchefontconnaissance,unegrandesimplicités’établissantentre eux.Mariam rappellerad’ailleurs souvent avechumour àMonseigneurBraccoque,dansunpremiertemps,ilavaitrefusélafondationd’unCarmelàBethléem.

    56ÀMONSIEURBORDACHAR,MAULÉON

    CarmeldePau,10janvier1875Un rêve ou vision symbolique et apocalyptique dont Mariam doit rendrecompteauchefdel’Église–Laméfiancedesunsvis-à-visdesautresmalgrélebienquel’ondésirefaire.

    +J.M.J.T.

    Moncheretbien-aimépère,Vousserezsurprisque jevousécrive toutdesuite,maisvoicicequim’estarrivécettenuit.J’ai rêvéque j’étais surunehautemontagne.Enmême tempsj’entendsunevoixquimedisait:«Regardez,écoutezetrendezcompteauchefdel’Église».Tout à coup j’ai vu un nuage, et il a un peu effrayé tout lemonde et il est devenu très grand, très puissant, il s’étendaittellementqu’ilacouvertleciel.Lesoleilétaitcachéetsemblaitavoir peur de ce terrible nuagequi le cachait.L’étoilemême adisparuderrièrecenuage.Enmême temps, j’aivuqu’ilaparu

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  • puissionsavoirc’estd’êtrelesenfantsdel’Église.Carpensons:qued’âmessontauciel !Quede saints,quedemartyrsprientpournousetsontnotrefamille!Adieu, chère et bien-aimée marraine, priez pour moi, que lecherpatermebénisseetnousbénisseàtoutes.Jesuistoujoursvotrebienaffectionnéefilleule.SœurMariedeJésusCrucifié,r.c.ind.1ermars1875.Chèreetbien-aiméemarraine,cette lettreétaitrestée cachée dans des papiers et on la croyait partie. J’enprofite pour vous dire que j’ai écrit à monsieur l’abbé unecommission pour pater. Je sais que vous ne faites tous qu’un,aussijevouspriededireàmonsieurl’abbéetàpateraussi,oubienàl’unouàl’autre,quepèreLazaren’envoiepasàRomecequejeluiaiditqu’ilpouvaitfaire.J’aisentidevantDieuqu’ilpeutlepréparer,maispasl’envoyertoutdesuite.Quandj’auraiune réponsedequelquechose je luiécriraipourqu’il fassecequ’il voulait faire, alors ça aura plus de poids pour lui. Enattendant,qu’ilprennepatienceetqu’ilprie,etvousaussi,ànosintentions.JesensqueMangaloreestplusfurieuxquejamais.Ilécritplusque jamais. Il ne sait rien,mais il sent un poison sans savoirquoi.Le révérend père Hippolyte fait un grand bien à Pau, il estvenunousvoir;notrepetiteéprouvedelaconfianceencesaintpère,quiesttoutamourdeJésus.

    61ÀMONSIEURBORDACHAR,MAULÉON

    CarmeldePau,2mars1875

  • Rêve et intercession au sujet de deux martyrs – Mariam reçoit un sévèrerappelàl’ordre:pourquoinecommunique-t-ellepascequeleSeigneurluimontreausujetdelasituationenFrance?

    +J.M.J.T.

    Moncherbien-aimépère,Voici ce quim’est arrivé cette nuitmême. J’ai vu que j’étaisdans un endroit, je ne sais pas où. J’ai vu deux hommescondamnésàavoir lecoucoupé,et ilsétaientcalomniés.Jenesaispassic’étaitdesprêtresoudesévêques,maisc’étaitpourlacausedeDieuqu’ilssouffraient.L’uns’estapprochédemoietm’a dit : « Ma sœur, priez pour moi afin que je combattegénéreusement sans faiblir. J’invoque tous les saints dem’assister et de renouveler mes forces, car j’ai une grandeméfiancedemoi-même.»Jeme dis àmoi-même : c’est l’esprit deDieu ou l’esprit dudiable?Pourtantl’espritdudiableneseméfiepasdelui-même.Et je lui dis : « Quoique mes prières soient bien faibles, jeprieraipourvousde toutesmes forces.Maissouvenez-vousdemoiquandvousserezdevantDieu.»Àl’instantmême,lesmauvaissontvenuss’emparerdeluietilsont dit : «De vous couper la tête c’est facile à souffrir,maisnous vous ferons souffrir le plus difficile. » Lui n’a rien dit,qu’éleverlesyeuxauciel,ets’ilparlejen’ycomprendsrien;ilétaitunpeuloindemoietl’impressionm’épouvantait.Ils l’ontenterré toutvivant, jusqu’àmoitiécorpset ils luiontlapidé l’autre moitié. Ils jetaient les pierres de loin. Et luidisait:«Seigneurjevousrendsgrâcedem’avoirfaitressembleraupremierdevosdisciplesquiasouffert.»Àmesurequ’onlefrappe le sang sautait, et en sautant le sang parle. Plusieursgouttes viennent tomber surmoi et je dis : «Seigneur je vous

  • rendsgrâce,parcesangvousmebaptisezunesecondefois.Jesensquelesangquisortdececorpsestpur.»Ilestmortetsonsangétaitvivant,ilparle.Àl’instantmêmel’autrequiétaitaveclui,on lui a coupé simplement la tête.Aussitôt j’aivu la terrecommebouleversée, les rochersmêmese fendent et jettentdesboules sur la terre. J’ai vu des choses que je ne puis pasexprimer,maisdesmalheursaffreux,destremblementsdeterre,toutrenversé.Je me suis réveillée, saisie, effrayée d’une frayeur qu’il estimpossiblederendreetjelasensencore.Ilétaitentreminuitetuneheure.Jenevoulaisappelerpersonne,mais jepriaisd’uneprièredequelqu’unsaisi,effrayé.Vouscomprenez,monpère.Jem’endorsdenouveauet j’entendsunevoixdire:«Toutceque vous avez vu arrivera. » Je ne sais pas où ni quand,maistoujoursjesaisquecen’estpasenFrance.

    Lavoixm’adit:«Pourquoiavez-vousgardélesilencejusqu’àprésentsurcequeleSeigneurvousamontré,cartoutcelan’estpaspourvous.Pourquoivousfaites-vouspropriétairedeschosesquinevous regardentpas?Dites-le leplusvitepossible.»Etj’ai vu de nouveau ce que j’avais vu mercredi, avant que jequittailachemise8.Etvoicicequej’aivu:unenfantplanaitau-dessus d’une chambre remplie d’hommes. J’ai vu que les troisquarts de ces hommes voulaient Dieu sincèrement au fond deleurcœur.Maislafrayeur,laterreurlesasaisis,ilsnesaventcequ’ils font. Ils ont tous commeunbandeau sur les yeux et ilscherchentàfairelemieuxpoureuxetpourlepeuple.Ilyenadeux entre ces hommes qui vont dans cette assemblée ets’approchent de Mac-Mahon comme de l’air de l’aimervéritablement,maisderrièreilstrahissent,etpasseulementMac-Mahonmais la France entière devant l’ennemi. Alors l’enfant

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  • beaujouroùiln’yauraplusdeséparation,maisl’unionlapluspure.Pouravoircebeaujour, il fautbienquenousfassionslesacrificequiplaîtàsavolontéadorable.Ne pensons pas si bas comme les hommes pensent, maispensons comme les anges.Mon désir et ma prière a été pourvousdepuisque jevousquittais, jen’ai jamaispriépourvousvoir;maismaprièrecontinuelleversDieu,c’estquevoussoyezunsaintseloncequeDieudésiredevous.Jen’aipointd’autresambitions,d’autreintérêtpourvous.Voussavez,cherpère,quelaSainteVierge, toutepurequ’elleétait,n’apaspasséunseuljoursurcetteterresanssouffrances.Cherpère,jevousdemandeuneseulegrâce,commejevousdemandaisàMangalore,d’êtreprudent. Souvent vous dites des choses en confiance à despersonnesquevouscroyezpourvous,etderrièreonvoustrahit.Cequiestcausedevossouffrancesc’estquevousmanquezdeprudence.Sijepouvaisvousdiretoutcequej’aientendudepuisquejesuisici,ilyenauraitdequoifaireunlivre,maissilebonDieu me fait la grâce de vous voir, je vous dirai en quelquesmots.Jevousdemandeengrâcedenepasdirelejourquenouspassonsàpersonne,oubienvousverrezqu’àcausedemoionferacequ’onpourrapourvousexpédierprêcher loin,afinquenousnenousvoyionspas.Laissezcroirequenousnepassonspasencore.Adieu, cher père, n’oubliez pas que le Saint-Esprit aime laprudence.Votrebénédiction.QueDieusoitbéni,lediablerôti.Votrefillecrucifiée

    C’estlatroisièmefoisquejetâche,pardon,maisjen’aipaslecourage de la refaire une quatrième fois. Le dîner a sonné, je

  • prieraimonsieurl’abbé23devousdiredevivevoixcequejen’aipasletempsd’écrire.SœurÉlie

    6824

    AUPÈRELAZARE,MONTPELLIERCarmeldePau,23juillet1875

    SilepèreLazaresefaittoutpetit,leSeigneurprendrasadéfense.

    Monbiencheretdévouépère,Votre chère Crucifiée, lorsque je lui ai dit que j’allais vousécrireaétéheureuseetellem’adit:«Écoute,tuluidirasàcecherpère,courage!QueleSeigneurprendrasadéfensemaisàlaconditionqu’ilseferapetit,bienpetit.Qu’ilnedemandedelui que l’anéantissement. Qu’est-ce que c’est, cher père, quevingt, trente et quarante ans de souffrances ? Tout passe,courage!Heureuxlecœurquisouffreensilence.»Etpuisellem’aajouté:«Moivousécrirevite,etraconte-luiquehiernousavonsvulegrandpapa25».LejourdesaintÉlie,notrepère,monsieurSaint-GuilyaditlaMesse à l’ermitage de Notre-Dame du Mont-Carmel. Maissœur Marie de Jésus Crucifié était perdue depuis le grandmatinetellen’estsortiedecetétatqu’aprèsl’actiondegrâces,désoléedenepasavoircommuniéetentendulaMesselejourdesaintÉlie.Ellenesedoutantpaslemoinsdumondequ’elleavait reçu Notre-Seigneur dans des transports de joie etd’amour, s’écriant : « vite, donnez-moi mon Bien-aimé », etnotrepère l’avaitcommuniée lapremière.Pendant l’actiondegrâces,elleditplusieursfoisqu’ilfallaittuerlemoi,queJésusnerégnaitpasdansuncœuroùilyavaitlemoi,quel’hommen’avaitpasdeuxcœurs,qu’iln’enavaitqu’un,desortequ’ilnepouvaitaimer lemoietJésus.Qu’uneâmequin’avaitplus le

  • moi était humble, douce, obéissante, charitable, et que lecontrairesetrouvaitdansuneâmeoùrégnaitlemoi.L’âmequin’estpassous ladominationdumoiestdans la lumière, toutest clair pour elle, et l’âme dominée par le moi est dans lesténèbres,toutestnoir.Lorsque l’abbé partit, elle était au lit ; ces jours-ci elle estmieux.

    69AUPÈREETCHÉCOPAR,BÉTHARRAM

    CarmeldePau,23juillet1875Unepetitelettred’amitié.QuelamaisondeBétharrametleCarmeldePaunefassentqu’un.

    +J.M.J.T.

    Moncherbien-aimépèreEtchécopar,Vous dites dans votre lettre que vous avez prié pour nous lejour de Notre-Dame du Mont-Carmel, merci beaucoup,beaucoup.Etvousdemandezsij’aipriépourvous.Jugezvous-mêmeunpeusiunenfantpeutoublier sonpère,unpèrequ’ilaimetendrement?Enfin,laissonstoutesceshistoires.Commentallervotresanté?Donnez-lesmoivotrenouvelle,carçam’intéresse beaucoup. Et le pèreAugé ? Et tous nos cherspèreset frères?Jevousprie,dites-leurqu’ilsprient touspourmoi,queDieumepardonne tousmespéchésetqu’ilme fassemiséricorde.Etsurtout,cherpère,priezquenousayonstoujoursl’union, que les pères ne fassent qu’un entre eux et que lessœursunaussi.QuelamaisondeBétharrametleCarmeldePaunefassentqu’un.Jevousenvoieungriffonnagesuruneimage,vousleconnaîtrezmontalentetmascience.

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  • J’aiuntourmentdansmonâmequepersonnenepeuts’enfaireune idée et je ne puis rien dire à personne. Enfin, priez pourmoi,quejeprofitedetout.17 octobre. Chère maman, quelle joie ! Quel bonheur ! Unepêche39, unepêchequi dit que sœurette et pérette sont arrivésheureusement à Marseille. Mais combien ont dû souffrir !Encore,deuxjoursaprès,unelettredePortSaïd.Oh!quevousautresavezsouffert.Jenem’étonnepasquej’étaistantdanslapeine!Ah ! chèremaman tu savais pas : sœur Emmanuel dit devanttoutesà la récréationetpersonnegrondéàellequanddirequemoitrèsgrosse,queleboisesttrèsrareici,quemoncercueilluicoûteratrèscher.Etmoijeluiairépondu:«Ilnetecoûterarienmon bois, je n’en veux pas de vous autres. Je demanderai àsœuretteetellemel’enverradeFrance.»Adieu,j’écriraiencore,chériemaman,SœurMariedeJésusCrucifiéChérie,dites-moi:quelquefoisonmefaitdesréflexionsquandje dis de faire ça ou ça de ce quevous avezdonné.Dites-moidans une lettre si vousme dispensez d’en disposer ou si vousvoulezquejelefasse.

    78AUPÈREETCHÉCOPAR,BÉTHARRAM

    CarmeldeBethléem,16octobre1875MariamdemandedesnouvellesdespèresdeBétharram.ElleditsonestimeetsonaffectionpourlepèreEstrateetpourBerthe.LeSeigneuracoupétouslesliensqu’illuiavaitdonnés.

    +J.M.J.T.

    Cheretbien-aimépèreEtchécopar,

  • Comment allez-vous ?Etnos saints frères ? Jedemande tousles jours au divinEnfant Jésus que tous nos frères deviennentsaints,devéritablessaints.Votresanté,cherpère,commentelleest?Sont tousbien,vosenfants ?Si je pouvais être petit zoiseaupour visiter tous noschers frères, nos chères sœurs. Mais hélas ! je ne suis qu’unemplâtre.Unechosemeconsolec’estquenoussommespèlerinstous,nousmarchonstousaumêmechemin,nousarriveronstousà lamêmeporteoùnous frapperons.Alors iln’yauraplus lesunsloin,lesautresprès;maisquandviendracetheureuxjour?Oui,père,ilviendra…Laissez-moi vous dire de notre cher père Estrate et de notrechère petite maman Berthe. Quelle sainte ! Tout ce qu’elle asouffert en chemin et surtout sur mer, et jamais une plainte,toujours contente, toujours heureuse et toujours comme unemère entourer ses enfants. Et nos pères nous entourer toutescommeunpèreentouresesenfants.Pourtantcombienilfautquelecœurdesenfantssoitgrandetreconnaissantpourlamamanetpourlespères.LacharitédupèreEstratec’estincroyable,ilfautêtreaveccetteâmepourlacomprendre.Oh!cherpère,queDieuvousrendesaintstousvosfils.Enquittantnosdeuxcherspèresetnotrechèremère,quenotrecœurétaitgros.Maispourvotreservantetoutdevenirnoiretellenefaitquecrier:ilfautbienquecesoitpourvotreamourômonDieu. Toutes les branches que vous m’avez données vous lesavez coupées, quevotreSaintNom soit béni, je n’ai plus riensurlaterre.Hâtez-vousSeigneur,venezàmonsecours,tirez-moidecetteterre.Le lendemain à la première Messe après eux partis, quelletristesse sansnospères.Maisdepuis, quelle angoisse : quinze

  • jourssansdépêchequ’ilsavaientpromise.Pourtantj’aiunejoieaufonddemonâme,jenesaispascequec’est.Remerciez Dieu pour nous, remerciez le père Estrate de sapaternelle bonté et charité, remerciez à lui et à notre chèremaman, ils nous laissent un baume qui toujours se renouvelled’une nouvelle odeur.Adieu, cher père, àDieu tous nos chersfrères.BénisseztoutesvosenfantsdupetitCarmeldeBethléemetsurtoutvotrepetitefillequinevousoubliepasaucunjour.SœurMariedeJésusCrucifiéAh!moncherpère,quellejoiepourmoncœuretpourtoutes,nousavonsreçuunedépêchedechèremamanqu’ilssontarrivésàMarseilleheureusement.EtaprèsunelettredePortSaïdnousditcombieneuxsouffert.ToutpourJésus!

    79ÀBERTHEDARTIGAUX,PAU

    25octobre1875«Commentvavotresanté?»–Mariamacommencésonjeûne.Lecorpsseportebienmaisl’âmesouffre.

    À chèremaman, je désire vous écrire depuis longtemps pourvous dire comment va votre santé. Chère maman nous prionspourvous.ToujoursvotrepetitBethléemvousaimebien.Soyeztoujoursmaconsolation.ADieuchérie.

    SœurMariedeJésusCrucifié40

    +J.M.J.T.

    Chèrebien-aiméemaman,DeoGratias!NousavonsreçulabonnedépêchedeRome,cematin.Quandnotremèrem’aporté la pêche j’avais bien faim,

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  • SœurMariedeJésusCrucifié,r.c.ind.

    Je suis toute heureuse quand il me reste quelques lignes àremplir,maismalgréça jenediminuerai riendecequevotrebien-aimée vous dit, pourmoi comme pour vous c’est ce quenousavonsdepluscher.N’est-cepasquevousm’excusezdenepasécrirelongnipourchéripater?Jen’aipasuninstantpourregarderunmotd’arabe,jevaistâcherd’écrirequelquesmots,et vous verrez où en est votre chérie sœur. Je crains de nepouvoircontinuerlong.Matervousdirapourquoi.

    85ÀAMÉLIECABIRAN,PAU56

    CarmeldeBethléem,29novembre1875ÀunepostulanteduCarmeldePau : le« trousseauspirituel»nécessaireàl’entréeauCarmel.

    +J.M.J.T.

    Chèresœurbien-aimée,

    Savez-vousquenousvenonsderecevoirvotrelettre?Lebateauquilaportaitn’avaitpaspuentreràJaffajepense,ilavaitétéàBeyrouth,etc’estparlàquenousl’avonsreçue,aprèscellequiétaitécritehuitjoursaprès.Enfin,voilàquel’heureduSeigneurestvenuepourvousouvrirlaporte,c’estsignequeDieuvousouvrelaporteduparadis!Jepartagevotrejoie,maisnesuffitpasça.Ilfaut,enentrant,qu’ilentre trois choses avec vous, c’est votre trousseau principal.Voici, chère amie, le trousseau qui doit entrer avec vous : unechemise,unerobe,etunvoile.Lachemisesignifiel’humilité.Larobesignifielacharité,ladouceur.Etlevoilesignifiequ’ilfauttenir lesyeuxfermésà touteschoses ici-bas.Dieuseulsuffit !Voilà les trois choses queDieu demande de vous, c’est-à-dire

  • l’humilité,lacharité,douceuretpatience.Avecçajevousdirai:vousêtesparfaite,lecielestouvertpourvous.Surtoutcequejevousdemandelatroisièmechose:ayeztoujourslesyeuxferméssurlesautresetsurtoutcequinevousregardepassurlesautresparlacharité.Dites-voussouvent:qu’estcequej’aivouluenreligion?Dieuseul ! Laissez donc tout le reste ! Ne soyez pas comme moimauvaise religieuse, jevoudraisquevous fussiezplusparfaite,plusfidèleàDieuquemoi.Quantàvotremère,elleaquittécemisérable exil, qu’elle est heureuse ! Cela veut dire que nosjours,pour longsqu’ilssoient,sontcourts icibas!C’estpourça,ayezvotretrousseauavecvous.Jevousdemandeengrâce,nesuivezjamaisl’exempledevotrecousine,vouscomprenez?Neregardez jamais en bas,mais en haut. Plus nous regardons enhaut, quoique nous paraissions malheureux, nous sommesheureux ; et plus nous regardons en bas, quoique paraissantheureux,noussommesmalheureux.ÀDieuchériesœur,soyonsuniesdansnosprières.Votrepetitesœurquivousaime,SœurMariedeJésusCrucifié,r.c.ind.Lapauvre secrétaire partage votre bonheur d’entrer dans cebéniCarmeldePauque j’aime tant.Nem’youbliezpasdansvos prières comme je ne vous oublie pas dans les miennesquoiquesifroides.

    86ÀMADAMEDERREY,PAU

    CarmeldeBethléem,14décembre1875Il faut s’approcher souvent de Jésus dans la Communion – On peutdemanderàDieutoutcedontonabesoin,maissurtoutdefairesavolonté:«NotrecœurestfaitpourDieuseul,luiseulpeutleremplir.»

  • +J.M.J.T.

    Bienchèredame,Comment avez-vous pu croire que je vous aie oubliée ?Non,certes, c’est pas possible, j’ai pensé bien souvent à vous et àvotrefamille,j’aipriépourvous.Je suis bien heureuse que le Christ vous a fait plaisir, il atouchétouslesLieuxsaints.Vousavezpasmalfaitd’écrireàmoi,non,quoiquej’avaispasbesoindeçapourmesouvenir.Lesbontés, lesprévenancesduconsuldeJaffaetdeBeyrouthnousontété trèsutilesetnousvous ledevons. Jevous endismercide lapartdupetit Jésus.Maisencoresansçajemeseraissouvenirdevous.J’espère que votre santé et celle de votre chère famille estbonne, je le demande à Dieu. Nous sommes toutes bien, leclimatmeilleuriciqu’enFrance;etaprès,Jésusnousyvoulait,çaveutdiretout.Pourvous,chèredame,jedésirequevousapprochiezbeaucoupettrèssouventdeJésus,vouscomprenez!Après,ilfauttoujoursdemander à Dieu ce que nous avons besoin, comme il nousl’enseignedanslePater.Maisilnousenseigneaussiàdire:quevotrevolontésoitfaitesurlaterrecommeauciel.Etquisaitsicequenousdésironsnenousseraitpasnuisibled’unemanièreou d’une autre, si Dieu ne nous l’accordait que pour nouscontenter ?Après tout, chère dame, quand vous auriez tout ceque vous pouvez désirer, croyez-moi, votre cœur ne serait pasencorerassasié :notrecœurest faitpourDieuseul,et luiseulpeutleremplir.Toutpasse,toutfiniticibas,uneseulechosereste:nosbonnesœuvres.Tâchonsd’enfairebeaucoup.

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  • ÀPauencetteannée1876, lacommunautéaide leCarmeldeBethléem par le don de cinq sœurs : sœur Marie-Thérèse duSacré-Cœur part en septembre, suivie de sœur Saint-Louis etsœurMarie-AntoinetteenoctobrepuisdesœurMarie-Élisabethetd’unepostulante,sansdoutelafuturesœurMarie-Joseph,àlafin de l’année. De son côté, Berthe Dartigaux assure lefinancementdelafondationdeBethléem,etdoitfairefaceàlacritiquedecertainsdesesprochesquijugentinsenséeunetelleprodigalité. Sa vie spirituelle profonde en fait une amieirremplaçabledeMariam.

    90ÀMADAMEDERREY,CAUTERETSCarmeldeBethléem,17janvier1876

    Remerciementspourlesprovisionsreçues–IlfautallersouventàJésus!+

    J.M.J.T.

    MachèremamanDerrey,Commentallez-vous,etcommentvavotrecherfils?Jen’aipasoubliésonremèdeetj’attendslasaisondel’herbequicroîtdanscepayspourvous l’envoyer.Jepensesouventàvouspourquevousdevenirunegrandesainte.Comment pouvoir vous exprimer ma reconnaissance pour lesbons fromages et autres choses que vous nous avez envoyés ?Jésusvousrendraaucentuplepourtoutcequevousfaitespourle Carmel de Pau et pour celui de notre cher et bien cherBethléem.J’ai une grande confiance que vous allez toujours à Jésus,comme vous m’avez promis avant notre séparation. L’âme demamanm’estbienchère.Jenepuispasalleraucielseule,sansquemamanDerreysoitavecmoi.Quandjeconsidèrelajoieet

  • lapaixquenoustrouvonsàcettechèreCrèche,jemedis:«Quesera-cedoncleciel?»Oui,quandlepetitJésusestvenunousvisiter, maman n’était pas oubliée, ni son fils, ni sa fille, niaucunmembredesafamille.ToutesnosmèresetnossœursdemandentàJésusquetouslesamis duCarmel jouissent un jour dans le ciel, et vous êtes lapremièredesamies.JedésireécrireunelonguelettreàpapaetàmamanCamy,maisje ne suis pas trop bien aujourd’hui. Je crois, pour cette fois,pouvoirleurfaireautantplaisirenenvoyantàceschèrespetitesdemoisellesdeuxgravures.Pourlaprochainefois,jemetâcheraide la faire.Vous leur direzbeaucoupde choses demapart, etdites-leur d’aller souvent à Jésus. Vousmercirez de toutes lesbonnes choses qu’ils nous ont envoyées. Je prierai beaucouppoureux.Adieu,mabienchèremaman.Jesuistoujoursvotrepetitefille,SœurMariedeJésusCrucifié,r.c.ind.

    91ÀMONSEIGNEURBRACCO,JÉRUSALEM

    CarmeldeBethléem,3février1876Mariam confie au patriarche un prêtre un peu exalté qui cherche un appuiauprèsd’elle–Elleaunefoisencorelavisionduvieillardaveclelivreetdelaviergequifilelesangdesoncœur.

    +J.M.J.T.

    Cherbien-aimépèreMonseigneur,Votre petite enfant a besoin de vous communiquer quelquechose. Mais avant, je veux vous dire combien moi contente

  • d’avoirvotrecierge1etquemoncœurvousditbienmercietDeoGratias.Jevousdisceciensecret:cesjours-ciilestvenuunprêtreetilm’a parlé de ses affaires. Je ne voulais pas le voir,mais notremèrem’adit d’aller parobéissance.C’est unhommedeDieu,désirantDieu,mais un peu exalté dans ses idées. L’ennemi lemetdansl’illusionenluidonnantl’espritd’exaltation.Jeneluiairiendécidéetjeluiaidemandéquiestsonsupérieur.Ilm’adit:«Pourlemoment,c’estlepatriarche.»Jeluiaiditalors:« Adressez-vous à lui, il a la lumière mieux quemoi. » Et ilvoulait savoir si je voulais dire en confession. J’ai répondu :« Parlez-lui de vos œuvres et si votre cœur s’ouvre, dites-luitoute votre âme ouverte, ne restez pas ainsi seul avec vous-même,maisconfiezvotreâmeetlaissez-latoujoursgouverneràquelqu’uncarpourmoijenevoudraispasfaireunseulactedemaviesansêtregouvernée.»Cherpère,jen’aipasmissionpourparler,moi.Sivouspouvieztoutdoucement le tirer de l’exaltation. Il s’exalte, il exalte lesautres,maiscetteexaltationnedurepas.Sivouspouviezlefairemarcher dans une voie prudente et plus calme, car plus tard ilpourraitfairebeaucoupdebien,c’estunhommedeDieu.Pourmoi,jeluiaiditquelquesvéritéstoutescruesetill’abienpris.Je vous dis tout ça parce que je ne voudrais pas parler àpersonnesansquevouslesachiez.Jenesaispascequevautmapensée,maisjedis:«Oh!silebonDieupouvaitinspireràmonpèrelepatriarchedemedéfendredeparlerenparticulieràaucunprêtre sans sa permission ! » Comme ça je marcherais parl’obéissance et ça me ferait beaucoup plaisir. Vous ferez monpèrecequelebonDieuvousinspirera.Depuisdeuxoutrois joursensuivant,monpère, jevoisdeuxétoiles très petites ; peu à peu, elles s’approchent et se

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  • regardant Beit Jala.Dans la cassette qu’elle renfermait nousavionsaussimis,toujoursàl’insudemasœurMariedeJésusCrucifié,deslingesteintésdusangdesesstigmates.

    96ÀBERTHEDARTIGAUX,PAUCarmeldeBethléem,8avril1876

    PuisqueBerthenedonne jamaisdenouvelles de sa santé,Mariamva fairecommeelle!–Lesdifficultésetlesconsolationsaveclecuré–Questiondepain,questiond’eau–Berthedoitsedétacherunpeudupère.

    +J.M.J.T.

    Bien-aiméechériesœuretteetmaman,Tunemeparles jamaisde ta santé, laisse-moi tegronder ! Jesuis pas contente de vous, j’entends à droite et à gauche quevoussouffrezetvousnemeditesrien.Ehbienchérie,jenesuispas contente, je m’en vais suivre votre exemple car la mèredonne des leçons à la fille et je vous promets qu’il sera biensuivi, car cen’estpasdifficile, il nem’encoûtepasbeaucouppourlesuivre.Alors,chèrebien-aimée,jedésirequevousvousconvertissiezsurcepoint.Laissonscettequestion;jeviensàuneautrequestion:lalettreque vous avez écrite au père curé, je l’ai lue selon votreintention. Je n’ai pas senti queDieu veut que je la lui donne.Voyantsonesprit,jel’aidéchirée.Pourl’espritilesttoujourslemême,mais toujours grand dévouement. Il a dit à nosmères :« Je prends tout ce qui est de la bâtisse surma conscience. »Depuis qu’il l’a pris sur sa conscience, je suis en paix. Voussavez, quand il y a eu les affaires passées, il a eu après uneexplicationavecnosmères, il est revenu ;maisquantàcequiest de rendre compte de l’argent, il n’y a pas moyen de riensavoir. L’autre jour quand il y eut cette explication, le père

  • custodenousaécritquecequitouchelepèrecuréletoucheàlui. J’ai vu qu’ils se tiennent tous. Et laissez-moi vous direqu’ilssonttrèsdévoués,maisilssonttrèspetits,entrenoussoitdit. Je n’ai pas envoyé encore votre lettre au père custode ; jeverrai devant Dieu et je vous l’écrirai. Le père curé a besoind’être flatté, vous ferez bien de lui écrire une lettre trèsaffectueuse et reconnaissante, en le prenant par le cœur, peut-être vous gagnerez quelque chose… Vous avez en lui un peul’image de sœur Aimée devant vous, quand elle est tentée ouquand elle se dévoue ; mais sœur Aimée n’a pas le moi. Il abonnevolontéàfairelemieux, iladévouement,et ilveuts’ensortirenhonneur.Quant au pain, chérie, nous enmangeons, entre tous, quinzepar jour ;ornouscomptonsàpeuprèsmille francspar an. Jecroisquenousauronsdesraisonspournepasaccepterlepain.Je pense, chérie, qu’il vaudrait mieux que vous-même versiezdirectementaupèrecustodeleprixdupainet,bienentendu,luidire que c’est pour le pain de vos filles que vous fixez pourchaqueannée.Deo Gratias ! Voilà que le Seigneur nous envoie un peu depluie,pasbeaucoupcarc’estuneannéedesécheresse.LepèreBelloni lui-mêmea fait une citerneneuve, et si on la laisse lapremièrefoissanseau,ellesecasseetnelagarderaplus,etsionne la remplitpas, l’annéeprochaineelle sevidera jusqu’oùon a laissé le vide. Il a dû acheter l’eau bien cher tandis quenous sommes près du canal ; chaque qerbé12 (outres) quatresous. Le père curé, quand il a vu qu’il n’avait pas plu, a faitporterdel’eaupourremplirlagrandeciterne,etaveclapompeillaferadescendreàlapetite,etdelàonbâtira.JecroisqueDieua fait cette sécheresse pour nous, car s’il avait plu commechaque année, tous les ouvriers nous auraient quittées pour

  • gagnerplusàJérusalem,onfaitbâtirbeaucoup.Maisonnepeutpas13parcequ’iln’yapaslecanaldeSalomoncommeici.Oh ! que je désire que vous viendrez un jour vous promener,avantdemourir,dansvotremaison!Ilmesemblequevotrecœurtressaillira.Chérieécoutez-moiunpeu,quemoncœurenDieuesttoujoursavecvousetpater.Sijepouvaisêtrepetitzoiseaupourallerfaireungrosbaiseràvoussurlefront,etàpaterdanssonâme!Aumoinspater,ilmedonnequelquenouvelledevotresanté,ilestplussagequevous.Pluslelointainestloinentrenousetpluslebienm’estsensible!JesensdevantJésusunechosequiestavantageusepourlebiendupèreetvotresanctification,queDieuvouslademande,entrenoussoitdit:Notre-Seigneur,chérie,m’afaitcomprendrequ’ilveut quevous voyiez le père rien qu’uneheure par semaine etunedemi-heurepourvousconfesser.Cafaitentoutuneheureetdemiequevouspouvezpartageràqueljourquevousvoudrez.Sivous avez quelque chose, vous pouvez écrire au père et lui àvous.J’aidemandéauSeigneursicesacrificeétaitàcausedescréatures et il m’a dit que c’est uniquement lui qui vous ledemande