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Actualité | p.3 VERS UN NOUVEAU GENRE DE FINANCE ? N° 20 - octobre 2019 CHRONIQUES DE L ISR Point de vue académique | p.4 et 5 DÉSINVESTISSEMENT DES ÉNERGIES FOSSILES ET PERFORMANCE DU PORTEFEUILLE

CHRONIQUES DE L’ISR... · 2020. 6. 18. · ASSET MANAGEMENT - LES CHRONIQUES DE L’ISR 3 Deux ans après « Me-too », nous nous sommes intéressés à une étude publiée par

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Actualité | p.3

VERS UN NOUVEAU GENRE DE FINANCE ?

N° 20 - octobre 2019

CHRONIQUESDE L’ISR

Point de vue académique | p.4 et 5

DÉSINVESTISSEMENT DES ÉNERGIES FOSSILES ET PERFORMANCE DU PORTEFEUILLE

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L’URGENCE CLIMATIQUE CAR « NOTRE MAISON BRÛLE »

L’actualité nous rattrape sur un sujet dont l’horizon attendu est pour-

tant de long terme, c’est-à-dire 2030-2100. Il s’agit du changement

climatique et l’enjeu de limiter à +2.0°C, voire moins si possible, le

réchauffement global de la seule planète dont nous disposons. Tout

d’abord une nouvelle étude scientifique1, venant de France cette fois-

ci, met à +7.0°C le scénario catastrophe si rien n’est fait. Des travaux

du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat

(GIEC) publiés cet été mettent aussi en avant l’urgence de défis aussi

différents que la déforestation2 ou l’élévation du niveau des mers3.

Parallèlement, l’événement le plus important de toute l’histoire de

l’investissement responsable PRI in Person s’est déroulé les 10-12

septembre à Paris. Lui aussi a abordé en priorité le climat en invitant

les investisseurs à ne pas sous-estimer l’interventionnisme croissant

des gouvernements4. Greta Thunberg, porte-parole de la jeunesse

mondiale, a d’ailleurs interpelé directement ces mêmes décideurs

politiques dans un discours à New York peut-être parfois maladroit

mais pour autant à fort impact.

Notre contribution sur cette thématique porte sur la synthèse d’un

article académique qui devrait faire du bruit dans les prochains mois. Il

porte un regard quantitatif et de long terme (période 1927-2016) sur la

performance financière liée à la présence ou non des énergies fossiles

dans les deux grands indices boursiers S&P 500 et FTSE 100.

Dernière actualité avec un hommage à Jacques Chirac, Président de

la République française pendant 12 ans, dont le bilan global fut certes

contrasté, mais dont le discours en 2002 au Sommet de la Terre de

Johannesburg est plus que jamais pertinent, en espérant qu’il ne soit

pas prophétique.

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. […] La nature, mutilée,

surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de

l’admettre […] Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas  !

Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations

futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie ».

Enfin, l’investissement responsable ne concerne pas que l’environne-

ment. Vous pourrez le constater à travers le passage en revue d’autres

sujets dans ce numéro, tels que les femmes et la finance ou notre

politique de votes et d’engagement.

1. http://www.cnrs.fr/fr/les-deux-modeles-de-climat-francais-saccordent-pour-simuler-un-rechauffement-prononce

2. https://www.ipcc.ch/report/srccl/

3. https://www.ipcc.ch/srocc/home/

4. https://www.unpri.org/climate-change/what-is-the-inevitable-policy-response/4787.article

Edmond de Rothschild Asset Management co-sponsorise la Chaire Finance Durable et Investissement Responsable, co-dirigée par l’École Polytechnique et la Toulouse School of Economics et co-sponsorise le prix européen de la recherche FIR - PRI.

JEAN-PHILIPPE DESMARTINDirecteur de l’Investissement Responsable

ÉDITORIAL

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3ASSET MANAGEMENT - LES CHRONIQUES DE L’ISR

Deux ans après « Me-too », nous nous sommes intéressés à une étude publiée par la Revue de la Régulation mettant en lu-mière les différences et inégalités hommes/femmes dans le domaine financier. Cette étude que nous vous invitons à lire étant très riche, nous nous sommes concentrés sur deux thèmes  : les attitudes des femmes en matière financière et, en miroir, l’attitude du secteur financier à l’égard des femmes qui travaillent en son sein.

L’étude confirme au premier degré les stéréo-types de genre tels qu’une appétence féminine au risque moindre, avec comme conséquence, une préférence pour des placements plus prudents. Les femmes sont ainsi 60% à dé-clarer préférer placer toutes leurs économies dans des placements sûrs, contre 53% pour les hommes. Mais quid des raisons et des conséquences ? Les facteurs génétiques (comme le taux de testostérone) jouent, au mieux, un rôle modeste, contrairement à l’éducation et aux inégalités de revenus et de patrimoine. Nous notons par ailleurs que l’appétence moindre des femmes pour le risque n’a pas nécessairement une incidence négative sur la rentabilité de leurs placements et donc sur leur patrimoine et bien-être. Et quand les femmes gèrent elles-mêmes des portefeuilles financiers, les rendements nets sont en moyenne plus élevés que ceux de leurs homologues masculins. De son côté, le jeu des préjugés

renforce et polarise les comportements, les conseillers financiers ayant par exemple tendance à orienter des femmes vers des placements plus conservateurs ou à proposer des crédits d’une moindre envergure.

Regardant du côté des « femmes dans la finance » le constat est plus clair mais le tableau plus sombre. Si les femmes sont majoritaires dans l’ensemble des métiers de la banque et de la finance, elles sont minoritaires dans les fonctions de cadre. Sans surprise, cette sous-représentation est plus forte dans les postes à responsabilité et augmente à fur et à mesure de la pyra-mide hiérarchique.

Sur-représentées dans les fonctions support moins va-lorisées, les femmes pâtissent d’écarts de salaires parfois très significatifs, de l’ordre de 45% dans une banque française représentative. Les écarts sont encore plus importants pour les bonus, allant jusqu’à 85% par exemple dans le cas d’une grande banque britannique. Une culture finan-cière toujours sexiste et plus largement un éthos professionnel masculin encore dominant sont des puissants facteurs explicatifs. Ainsi un quart des femmes dans le secteur de la finance déclarent ne pas bien réussir à concilier vie privée et profession-nelle contre …. trois pour cent des hommes.

Les exemples de réussite éclatante telles que Christine Lagarde, actuelle Directrice générale du FMI et future présidente de la BCE, illustrent plutôt une capacité élevée à coller aux normes exigées et ne participent pas, à l’heure actuelle, à leur remise en question. Le chemin vers un nouveau genre de finance reste encore long.

Capelle-Blancard G., J. Couppey-Soubeyran & A. Reberioux, 2019, Vers un nouveau genre de finance ?, La Revue de la Régulation, 25(1).

https://journals.openedition.org/regulation/14632

VERS UN NOUVEAU GENRE DE FINANCE ?

ACTUALITÉ

QUAND LES FEMMES GÈRENT ELLES-MÊMES DES PORTEFEUILLES FINANCIERS, LES RENDEMENTS NETS SONT EN MOYENNE PLUS ÉLEVÉS QUE CEUX DE LEURS HOMOLOGUES MASCULINS.

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Dans un monde confronté au changement climatique, dont l’impact sur nos sociétés ne cesse d’augmenter, on peut s’interroger sur le rôle que pourrait jouer le secteur financier dans la transition en faveur d’une économie à faible émission de carbone. Cet article1 se penche sur une pratique de plus en plus utilisée par les investisseurs et qui vise à lutter contre le changement climatique : le désinvestissement des entreprises liées à l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz. Il étudie la façon dont une telle pratique peut avoir une incidence sur la performance des portefeuilles des gestionnaires d’actifs. Ses auteurs avancent que l’ex-clusion de sociétés exploitant les énergies fossiles n’a pas d’impact sur la performance financière des portefeuilles.

INVESTISSEMENT SOCIALEMENT RESPONSABLE (ISR) ET COÛTS DE DIVERSIFICATIONLe désinvestissement des énergies fossiles est considéré comme une branche spécifique de l’ISR, à savoir l’exclusion. Par l’intermédiaire de l’ISR, les investisseurs visent à assurer une cohérence entre les aspects éthiques et financiers, mais également à prendre en compte l’« impact social négatif » que leurs produits d’investissement peuvent causer. Une manière de réaliser cet objectif consiste à ne plus investir dans des activités dangereuses ou controversées. Ce phénomène de désinvestissement, qui a débuté en 2011, aspire à catégoriser les entreprises exploitant les énergies fossiles comme des « valeurs non éthiques » – c’est-à-dire des titres de sociétés actives dans des secteurs controversés (comme le tabac, les jeux d’argent, etc.). Cette classification peut se justifier par leur impact important sur les émissions de carbone, et, par conséquent, leur contribution négative au changement climatique.

Néanmoins, la théorie moderne du portefeuille laisse entendre que toute contrainte limitant l’univers d’investissement aura une incidence défavorable sur l’efficacité des portefeuilles des investisseurs. Le désinvestissement peut ainsi imposer une inefficacité, voire un coût, en augmentant le risque idiosyn-cratique (diversifiable), qui n’est pas entièrement compensé par une hausse des rendements. Cet article vise à analyser l’impact financier potentiel de l’exclusion des entreprises du secteur des combustibles fossiles en termes de réduction de l’univers d’investissement. Par ailleurs, si la campagne de désinvestissement était suivie par l’ensemble des investisseurs, nous pourrions alors anticiper une sous-valorisation des actions d’entreprises exploitant les énergies fossiles, tandis que les cours des autres valeurs s’ap-précieraient, entraînant ainsi une possible surperformance de ces mauvais élèves après ajustement au risque. L’analyse des chercheurs revêt donc une importance capitale afin de comprendre si le désinvestissement impose un coût aux investisseurs.

DONNÉES ET MÉTHODOLOGIEL’article s’appuie sur les données des actions d’entreprises exploitant les énergies fossiles et de celles qui ne prennent pas part à cette activité. Pour

POINT DE VUE ACADÉMIQUE

DÉSINVESTISSEMENT DES ÉNERGIES FOSSILES ET PERFORMANCE DU PORTEFEUILLELE DÉSINVESTISSEMENT DES ENTREPRISES DU SECTEUR DES COMBUSTIBLES FOSSILES NE SEMBLE PAS NUIRE À LA PERFORMANCE DU PORTEFEUILLE

ARJAN TRINKSDoctorant en Finance Durable

University of Groningen

DR. LAMMERTJAN DAMProfesseur agrégé de Finance

University of Groningen

MACHIEL MULDERProfesseur de Régulation des Marchés de l’Énergie

University of Groningen

BERT SCHOLTENSProfesseur de Banque et de Finance Durables

University of Groningen

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5ASSET MANAGEMENT - LES CHRONIQUES DE L’ISR

ce faire, il utilise différentes classifications sectorielles possibles afin d’identifier les valeurs du secteur des combustibles fossiles, plusieurs définitions du désin-vestissement des énergies fossiles et des indicateurs de référence du marché. Les sociétés exploitant les énergies fossiles sont identifiées par l’intermédiaire de codes de classification type des industries (CTI), mais également par le « Carbon Underground 200 » (CU200), une liste des 100 plus grandes entreprises im-pliquées dans l’exploitation du charbon et des 100 plus grandes sociétés du secteur du pétrole et du gaz. Les chercheurs ont ensuite construit six portefeuilles (trois selon la classification CTI et trois selon la liste CU200) d’entreprises américaines exploitant les énergies fos-siles – le charbon et/ou/ou le pétrole et le gaz – pour les comparer à six portefeuilles composés d’entreprises n’ayant pas recours aux énergies fossiles, en écartant les valeurs présentes dans les catégories susmention-nées. Par la suite, les auteurs ont pu recueillir l’ensemble des performances mensuelles, des cours de clôture et des actions en circulation des indices NYSE, AMEX et Nasdaq de 1927 à 2016. Les résultats ont ainsi été mesu-rés à l’aune d’une combinaison de deux indicateurs de la performance de portefeuille – les ratios de Sharpe2 et de Sortino3 – et du modèle à quatre facteurs de Carhart, qui associe la performance aux facteurs de risque.

INVESTISSEMENTS DANS LES ÉNERGIES FOSSILES : AUCUN SIGNE DE SURPERFORMANCE NOTABLELes auteurs ont constaté qu’entre 1927 et 2016, le rende-ment excédentaire mensuel d’un portefeuille constitué d’entreprises exploitant le charbon, le pétrole et le gaz était en moyenne de 0,73 % avec un risque (écart-type) de 5,92 % contre 0,65 % et 5,35 % respectivement pour le portefeuille de référence du marché. Cependant, une fois que les facteurs de risque sont maîtrisés, la surper-formance du portefeuille est négligeable comparée à celle du portefeuille de référence, lequel met en évidence le risque systématique considérable associé au secteur des combustibles fossiles qui compense les rendements supérieurs à ceux du marché. Les actions d’entreprises exploitant les énergies fossiles ont tendance à provenir du segment des titres « Value » à grande capitalisation, tandis que les valeurs de sociétés n’opérant pas dans ce secteur sont plutôt de petite capitalisation et adoptent un style « Growth ». L’industrie des énergies fossiles n’af-fiche donc pas de surperformance notable comparée à celle enregistrée par d’autres secteurs controversés comme l’alcool, le tabac ou les jeux d’argent.

L’IMPACT DU DÉSINVESTISSEMENT DES ENTREPRISES EXPLOITANT LES ÉNERGIES FOSSILESLes chercheurs ont comparé les portefeuilles compo-sés d’entreprises qui n’ont pas recours aux énergies fossiles avec celui du marché, qui n’est soumis à aucune contrainte, et ont constaté que le risque était

légèrement plus élevé et le rendement relativement plus faible. Ils ont ensuite conclu que les portefeuilles d’en-treprises n’exploitant pas les énergies fossiles n’avaient pas surperformé, après ajustement au risque, durant la période visée (1927-2016). Par conséquent, l’adoption d’une stratégie de désinvestissement n’a pas entraîné de réduction importante du nombre de sources de diversification. Ces résultats peuvent être expliqués par l’absence d’opportunités de diversification du porte-feuille offertes par les actions d’entreprises exploitant les énergies fossiles, mais également par le fait que les valeurs du charbon ne représentent qu’une part négli-geable de l’ensemble des titres (entre 0,04 % et 0,75 %).

L’IMPACT DES CAMPAGNES DE DÉSINVESTISSEMENTEn dernier lieu, les auteurs ont comparé la performance des portefeuilles à partir du lancement des campagnes de désinvestissement (2011-2016). Si les chercheurs tablaient sur une surperformance des entreprises du secteur des combustibles fossiles (du fait de la sous-valorisation de leurs titres après d’importants désinvestissements), celle-ci ne s’est pas produite et les portefeuilles « décarbonés » ont nettement surperfor-mé depuis 2011. Ce résultat peut toutefois être expliqué par l’analyse d’une courte période, caractérisée par la chute du prix des combustibles fossiles suite à un choc pétrolier. Si l’on observe le ratio dividende/prix des combustibles fossiles, celui-ci n’a pas augmenté durant la période, ce qui indique que les investisseurs suscep-tibles de s’engager sur la voie du désinvestissement ne sont pas encore assez nombreux pour qu’il y ait une incidence notable sur les cours.

Enfin, cet article révèle que les portefeuilles ayant fait l’objet d’un désinvestissement des énergies fossiles n’auraient pas sensiblement sous-performé sur une période de 90 ans. Par ailleurs, l’absence de coûts de diversification peut être expliquée par le fait que les ac-tions de ce secteur ne constituent qu’une source limitée de diversification. Si les combustibles fossiles ont ef-fectivement sous-performé depuis le début de la cam-pagne de désinvestissement, cela est principalement dû à l’impact négatif du choc pétrolier. Cependant, il n’y a pas non plus d’argument (empirique ou théorique) étayant la thèse d’une surperformance des portefeuilles ayant fait l’objet d’un désinvestissement. Ce phéno-mène peut ainsi tirer parti de l’accent désormais mis sur ses bienfaits potentiels en tant qu’outil contribuant à la lutte contre le changement climatique, au détriment des aspects financiers.

1. Trinks, A., Scholtens, B., Mulder, M., Dam, L., 2018. Fossil Fuel Divestment and Portfolio Performance. Ecological Economics, 146, 740-748. https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2017.11.0362. Le ratio de Sharpe mesure l’écart de rentabilité d’un portefeuille d’actifs finan-ciers (actions par exemple) par rapport au taux de rendement d’un placement sans risque3. Le ratio de Sortino mesure le rendement ajusté en fonction du risque d’un actif, d’un portefeuille ou d’une stratégie de placement.

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CARL ZEISS MEDITEC AGSpécialiste du matériel médical en ophtalmologie et microchirurgie, Carl Zeiss Meditec AG est un exemple réussi d’entreprise intégrant une approche de long terme, d’innovation, de responsabilité et de stratégie globale.

Carl Zeiss Meditec AG est une entité cotée du groupe Carl Zeiss, du nom du fondateur, créé en 1846 à Iéna et spécialiste de l’optique depuis ses origines. Les chiffres environnementaux 2018 confirment l’ambition du groupe. La maison mère Carl Zeiss AG qui promettait de réduire l’intensité carbone et énergétique de ses activités de 50% entre 2010 et 2020 les a effectivement diminués de 47% et 46% sur la période allant de 2010 à 2018. En matière d’écoconception, le groupe cherche pour chaque produit le potentiel de réduction de son empreinte environnementale.

Carl Zeiss Meditec AG se démarque également par une politique de qualité sur le plan social. La santé et la sécurité de ses travailleurs sont une priorité. L’entreprise s’est fixée comme objectif une baisse de 43% de la fréquence de ses accidents d’ici 2023. Le groupe est également acteur du partage équitable de la valeur. A titre d’exemple, le salaire du dirigeant est 12,5 fois supérieurs au salaire moyen, qui est lui-même élevé à 102.000 euros. L’innovation est une constante de l’entreprise pour satisfaire ses clients et ses actionnaires.

Du point de vue de la gouvernance, Carl Zeiss se dé-marque pour sa culture du minoritaire, à commencer par le respect du principe « one share, one vote » (une action, une voix). La co-gestion allemande implique les salariés au plus haut niveau au sein du conseil de surveillance. Enfin, l’intégration du développement durable dans la stratégie est facilitée par l’adoption d’une vision à long terme et une forte culture de l’innovation qui ont fait le succès du groupe au fil des générations.

Les informations sur les sociétés ne sauraient être assimilées à une opinion d’Edmond de Rothschild Asset Management (France) sur l’évolution prévisible desdites valeurs et, le cas échéant, sur l’évolution prévisible du prix des instruments financiers qu’elles émettent. Ces informations ne sont pas assimilables à des recommandations d’acheter ou de vendre des actions de ces sociétés.

I.A. LA PLUS GRANDE MUTATION DE L’HISTOIRE, éditions les Arènes, 2019

THE TECHNOLOGY TRAP - CAPITAL, LABOR, AND POWER IN THE AGE OF AUTOMATION, Princeton Edition 2019

À LA RENCONTRE

DES SOCIÉTÉS

CONSEIL DE LECTURE

QUID DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DE L’EMPLOI ET DES INÉGALITÉS ?Nous recommandons deux ouvrages récents consacrés à l’intelligence artificielle. L’un, tourné vers la Chine, est signé par Kai-Fu Lee, un des grands praticiens du sujet aussi bien en entreprises (Apple, Microsoft et Google) qu’en tant qu’investisseur. L’autre, orienté USA, a été rédigé par Carl Benedikt Frey, académique d’Oxford qui a déjà publié avec succès sur le sujet en 2013. Les deux auteurs abordent les impacts sociaux de la révolution intelligence artificielle. Optimistes et/ou effrayants ? Dans tous les cas, ces deux ouvrages passionnants posent clairement l’intelligence artificielle comme un défi pour les 2 grandes thématiques sociales que sont la question de l’emploi et celle des inégalités.

2 200 000 000 Nombre de personnes ne disposant pas de services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité, selon l’OMS et l’Unicef.Source : https://www.who.int/fr/news-room/detail/18-06-2019-1-in-3-people-globally-do-not-have-access-to-safe-drinking-water-–-unicef-who

7°C Hausse de la température du globe d’ici 2100 dans le scénario le plus pessimiste d’après le calcul effectué par des scientifiques français.Source : http://www.cnrs.fr/fr/les-deux-mode-les-de-climat-francais-saccordent-pour-simu-ler-un-rechauffement-prononce

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L’année 2019 des votes aux assemblées générales n’est pas terminée mais la saison a été riche : au-delà du cas emblématique de la résolution de BP proposée par Climate Action 100+ demandant plus de transparence sur la stratégie du groupe par rapport à l’accord de Paris, et approuvée par 99% des actionnaires car soutenue par le management, on a vu de nombreuses résolutions demandant plus de transparence sur un nombre varié de thématiques telles que la déforestation ou les droits humains.

Edmond de Rothschild Asset Management exerce sa responsabilité d’ac-tionnaire avec rigueur et indépendance : en 2018, rappelons que nous avons voté sur 95% de notre périmètre dont 99% en France (67 assemblées sur 68). Au niveau global nous avons un taux d’opposition de 20%, notamment sur la composition des conseils d’administration ou de surveillance, pour lesquels nous demandons indépendance, diversités et disponibilités.

Par ailleurs, dans le cadre de notre démarche d’engagement, nous avons participé à un dépôt de résolution initiée par Phitrust chez EssilorLuxottica.

Déjà en 2018, nous avions participé à un dépôt de résolution aux cotés de Phitrust demandant d’abaisser la limite d’âge du Directeur général de 95 à 75 ans, ce qui aurait de facto conduit à une séparation des fonctions. Malheureusement cette résolution n’avait pas réuni le capital nécessaire à son inscription à l’ordre du jour de l’assemblée générale.

En mars 2019, dans un contexte de gouvernance pouvant déboucher sur le blocage du fonctionnement du conseil d’administration, Edmond de Rothschild Asset Management s’est encore une fois associée à Phitrust et une coalition d’investisseurs qui proposait à l’assemblée deux administra-teurs indépendants pour contribuer à une sortie de crise par le haut. Ces résolutions n’ont pas été approuvées mais ont été fortement soutenues par les actionnaires minoritaires. Le travail mené autour de ces résolutions a

Octobre2019. Document non contractuel exclusivement conçu à des fins d’information. Toute repro-duction ou utilisation de tout ou partie de son contenu est strictement interdite sans l’autorisation du Groupe Edmond de Rothschild. Les informations figurant dans ce document ne sauraient être assimilées à une offre ou une sollicitation de transaction dans une juridiction dans laquelle ladite offre ou sollicitation serait illégale ou dans laquelle la personne à l’origine de cette offre ou sollicita-tion n’est pas autorisée à agir. Ce document ne constitue pas et ne doit pas être interprété comme un conseil en investissement, un conseil fiscal ou juridique, ou une recommandation d’acheter, de vendre ou de continuer à détenir un investissement. EdRAM ne saurait être tenu responsable d’une décision d’investissement ou de désinvestissement prise sur la base des informations figurant dans ce document. Ce document n’a pas été revu ou approuvé par un régulateur d’une quelcon-que juridiction. Les données chiffrées, commentaires, projections, et autres éléments figurant dans cette présentation reflètent le sentiment d’EdRAM sur les marchés, leur évolution, compte tenu du contexte économique et des informations possédées à ce jour. Ils peuvent ne plus être pertinents au jour où l’investisseur en prend connaissance. EdRAM ne saurait être tenu responsable de la qualité ou l’exactitude des informations et données économiques issues de tiers. «Edmond de Rothschild Asset Management» ou «EdRAM» est le nom commercial des entités de gestion d’actifs du Groupe Edmond de Rothschild. Ce nom fait également référence à la division Asset Mangement du Groupe Edmond de Rothschild.

L’ÉQUIPE INVESTISSEMENT RESPONSABLE EN ACTION

UN ENGAGEMENT RÉCOMPENSÉ PAR L’INTERNATIONAL FINANCIAL FORUM

EDMOND DE ROTHSCHILD ASSET MANAGEMENT (FRANCE)

47, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75401 Paris Cedex 08

Société anonyme à Directoire et Conseil de Surveillance au capital de 11 033 769 euros Numéro d’agrément AMF GP 04000015 – 332.652.536 R.C.S. Paris

www.edram.fr

permis un début d’amélioration tangible de la gouvernance du groupe EssilorLuxottica.

Lors de la cérémonie du Grand Prix de l’AG 2019, dans le cadre du International Financial Forum (IFF) de Paris EUROPLACE, le jury a d’ailleurs exceptionnellement déci-dé de donner son prix spécial non à un émetteur mais à cette coalition d’investisseurs menée par Phitrust et Comgest aux côtés de Baillie Gif-ford, Edmond de Rothschild Asset Management, Fidelity Internatio-nal, GuardCap Asset Management et Sycomore Asset Management. Le jury a particulièrement retenu « l’originalité de la démarche de campagne commune de ces investisseurs institutionnels, qui constitue une première en Europe Continentale ».

Les informations sur les valeurs ne sauraient être assimilées à une opinion d’Edmond de Rothschild Asset Management (France) sur l’évolution prévis-ible desdites valeurs et, le cas échéant, sur l’évo-lution prévisible du prix des instruments financiers qu’elles émettent. Ces informations ne sont pas assimilables à des recommandations d’acheter ou de vendre ces valeurs.

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EDMOND DE ROTHSCHILDL’AUDACE DE BÂTIR L’AVENIR.

ON NESPÉCULE

PAS SURL’ AVENIR.ON LECONSTRUIT.

MAISON D’INVESTISSEMENT | edmond-de-rothschild.com