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Qui est visé ?

L’ensemble SSP s’adresse à l’audiophile qui utilise son système tant pour savourer sa musique en stéréophonie que pour regarder un film en mode

multicanaux dans une pièce multifonction-nelle et qui veut goûter à plus qu’un récep-teur produit à grande échelle et qui n’a pas nécessairement les poches assez profondes pour s’offrir le menu le plus haut de gamme. En effet, les composantes de la série Sigma, même si on ne peut pas parler de produits économiques, sont environ 50 % moins chers que les appareils « phares » de la com-pagnie.

Ainsi, en configuration 5.1, un SSP-Sigma combiné à un AMP5 représente un inves-

tissement de 10 000 $. Il faudrait ajouter 9 000 $ pour obtenir un SSP 800 et un CA 5300. Vous ne trouverez pas moins cher en vous tournant vers la compétition cana-dienne : chez Bryston, un SP3 avec un 9B c’est aussi 19 000 $ et chez Anthem, avec un D2v et un P5, on atteint 21 800 $.

Design, choix et décisionsClassé a pu contrôler le prix de la série

Sigma en s’attaquant à plusieurs aspects du design et de la construction de ces appareils sans compromettre la reproduction sonore. On remarque immédiatement la simplicité de l’étage vidéo du SSP qui n’offre que des connections HDMI v1.4. Huit entrées pour une seule sortie sans conversion ascendante

(upscaling). On coupe la section vidéo ana-logique coûteuse et obsolète et on attend avant d’implanter la norme HDMI 2.0 que le contenu 4K natif soit disponible. Et par le temps qu’il le devienne, la norme HDMI 2.0 sera peut-être elle aussi obsolète. De toute façon, la construction modulaire permet la mise à niveau matérielle de la section vidéo si le besoin devient essentiel. Entre-temps, laisser votre lecteur Blu-ray ou votre téléviseur effectuer les conversions vidéo. Cependant, l’omission d’une deuxième sor-tie HDMI est décevante. J’ai dans ma pièce « multimédia » un téléviseur et un projecteur et l’idée d’avoir à utiliser un petit diviseur HDMI qui pendouille derrière le SSP pour les alimenter me fait sacrer.

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On se limite à trois paires d’entrées audio analogique stéréophonique dont une symé-trique sur connecteurs XLR. Amplement suffisant. Et si le vinyle fait partie de votre diète, le module phono du Classé CP 800 est aussi disponible pour le Sigma SSP. Pour l’audio numérique, 3 entrées coaxiales SPDIF et 2 entrées optiques TOSlink viennent com-pléter les entrées HDMI.Bien de son temps, le SSP permet la connexion USB d’un iPod, iPad, iPhone à l’avant et d’un serveur musical à l’arrière. Cette prise supporte jusqu’à 24 bits à 192 kHz. Un port Ethernet permet d’écouter de la musique en flux à parti d’un ordina-teur, d’un serveur NAS ou en utilisant Air Play d’Apple.

Le Sigma SSP permet huit sorties audio analogiques. Les canaux gauche-droit se retrouvent à la fois sous forme symétrique et asymétrique sur connecteurs XLR et RCA. Toutes les autres sorties ne sont qu’asymé-triques : centre, sous-grave, ambiophonie gauche-droite et auxiliaires 1 et 2. Ces der-nières peuvent être configurés de quatre façons : ambiophonie stéréophonique arrière, canaux de hauteur, conversion stéréophonique de la source principale ou bien miroir des canaux gauche-droit pour la bi-amplification. Si vous avez deux caissons de sous-grave, un « splitter » en Y sera néces-saire.

Le Sigma SSP décode tous les formats audio jusqu’à 7.1 canaux d’ambiophonie. Pas de Dolby Atmos ni de Auro-3D pour l’instant : trop peu de contenu disponible à l’heure actuelle. Encore une fois, la modula-rité du Sigma SSP permettra de changer la carte de décodage multicanaux. D’ailleurs, Classé n’utilise pas un circuit développé à l’interne pour ce processus mais plutôt un carte DAE-82 de Momentum Data Systems fondée sur une puce Texas Instrument (de la série DA 810). Une façon d’économi-ser quelques dollars. Autre économie : les convertisseurs audio numérique à ana-logique de référence Texas Instrument PCM 1792 qui sont utilisés dans le SSP 800 sont remplacés par des Wolfson 8741, qui est aussi une excellente puce mais moins chère.

Le design, c’est l’art de marier un but, un prix et des compromis. Au bas de l’échelle, il existe plusieurs designs de classe D éco-nomique qui offrent une efficacité et des performances avantageuses par rapport à la classe AB. Cependant, en augmentant le prix, la classe AB reprend le dessus avec un rendu audio supérieur. Toujours en remon-tant l’échelle de prix, on atteint une zone où il est possible de s’attaquer à la déficience principale des amplificateurs de classe D : le dead band time, ce court instant où les deux phases de l’ampli se retrouvent au point mort produit beaucoup de distorsion simi-laire à la distorsion de commutation de la classe AB mais qui est plus difficile à enrayer. Le savoir-faire de Classé s’illustre ici dans l’élaboration d’une solution maison pour juguler ce problème. Au final, Classé obtient un circuit avec un temps mort sous les 10 millisecondes ce qui minimise l’utilisation de la rétroaction négative et porte le filtrage de la fréquence de commutation bien au-delà de la bande audible.

Qui dit classe D dit bloc d’alimentation à découpage (Switch Mode Power Supply, SMPS) et c’est un autre secteur où Classé investit beaucoup depuis une dizaine d’an-nées déjà. D’abord apparu dans le préampli-ficateur CP 800, puis utilisé dans l’amplifica-teur CA-D200, ils se retrouvent maintenant dans tous les appareils de la série Sigma. Une fois toutes les complexités techniques maîtrisées, un bloc d’alimentation à décou-page bien conçu peut présenter un rapport signal-bruit supérieur à celui d’une alimen-tation linéaire tout en étant moins sensible aux variations de voltage du circuit élec-trique et en rejetant moins d’interférence dans celui-ci. Mais surtout, il peut atteindre une efficacité énergétique de 95 %. Ou si vous préférez, seulement 5 % de l’énergie consommée se transforme en chaleur. Les blocs linéaires ne dépassent généralement pas 60 % d’efficacité et sont tellement plus lourds et volumineux. Donc, Classé estime avoir atteint le compromis optimal entre puissance, performance et prix et offre en surplus une grande efficacité énergétique dans des boîtiers compacts et élégants qui génèrent peu de chaleur. Si le design est

canadien, la construction est réalisée dans l’usine chinoise du groupe B & W.

ConfigurationClassé, à l’instar de nombreux manufac-

turiers haut de gamme, résiste à l’utilisation d’un système de calibration automatisé. Tout se fait manuellement. C’est un peu plus long mais avec les bons outils, les résultats s’avèrent moins extravagants. Avec un ana-lyseur de spectre, c’est un charme d’aplanir la réponse en fréquences du système à l’aide des neufs bandes d’égalisation para-métrique disponibles pour chaque canal, incluant le sous-grave. Je répète souvent que l’égalisation n’est pas une panacée mais utilisée intelligemment, elle permet de corriger et d’amenuiser les aberrations que l’on rencontre inévitablement, surtout dans les basses fréquences dans une petite pièce. Tous les studios de mixage que j’ai visités utilisent l’égalisation pour parfaire et finaliser la réponse en fréquence du système de reproduction. Si les professionnels le font avec parcimonie, pourquoi pas nous à la maison ?

En plus de l’égalisation, le Classé permet la programmation de six configurations d’enceintes acoustiques. On peut définir pour chacune d’elles le nombre de haut-parleurs, la fréquence et la pente des filtres de coupe pour chaque canal si la gestion des fréquences graves est activée. Chaque configuration permet aussi des ajustements distincts du niveau et de la distance pour chaque canal. Par exemple, on peut définir une configuration stéréophonique à deux haut-parleurs sans gestion des basses pour écouter un vinyle, une configuration 5.1 sans gestion de basse pour écouter un SACD multicanaux et une configuration 7.1 avec gestion des basses pour regarder un disque Blu-ray. Les possibilités sont infinies et permettront d’optimiser l’utilisation de vos haut-parleurs en fonction de chaque type d’écoute. Tout le paramétrage du Sigma SSP s’effectue par un des menus accessibles sur l’écran tactile de l’appareil. Les menus peuvent être aussi incrustés dans l’image de la sortie HDMI et la navigation est possible avec la petite télécommande. Ne vous lais-

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sez par berner par son format réduit et ses onze boutons, on peut tout faire avec elle : 3 boutons sont dédiés à la mise sous tension, à la sélection de source et à la mise en sourdine. Les deux contrôles de volume et les trois boutons de transport se dédoublent en outil de navigation à travers les menus. Finale-ment, les trois derniers boutons sont assignables et donnent accès aux fonctions de notre choix. Pour ma part, F1 et F2 me permettaient d’accéder directement à mes deux sources princi-pales et F3 activait la page d’accueil des menus du SSP.

Pour encore plus de contrôle, le port Ethernet permet d’assi-gner une adresse IP au Sigma SSP et avec l’application Classé disponible gratuitement dans le App Store d’Apple, votre iPod Touch, iPhone ou iPad importe virtuellement le tableau de bord du Sigma et devient la télécommande de choix pour contrôler l’appareil en vous permettant aussi d’accéder à vos fichiers musicaux à travers votre réseau domestique.

A l’écouteC’est souvent dans le haut du spectre que les amplis de

classe D affichent des faiblesses, alors nous allons débuter en musique SACD multicanaux avec Yannick Nézet-Séguin et l’orchestre Métropolitain du Grand Montréal et le Prélude à l’après-midi d’une faune de Debussy. J’ai choisi cette pièce pour l’introduction à la flûte qui est douce et veloutée, sans aspérité. Intervient ensuite une harpe précise et définie. L’image sonore est à la fois large, profonde et très stable. L’ensemble Sigma offre une superbe musicalité et n’est pas pris en défaut dans l’aigu.

Descendons un peu dans le spectre avec Diana Krall en SACD 5.1. Tout au long de l’album The Girl in the Other Room, sa voix est naturelle, la sibilance bien contrôlée. Le haut-médium affiche une belle présence sans jamais tomber dans l’agressivité. L’articulation du piano et de la contrebasse est sans reproche. Les ajustements apportés avec l’égalisation dans le bas du spectre adoucissent les résonances de ma pièce d’écoute et augmentent le réalisme de la contrebasse.

Avec Sing Sang Sung du Big Phat Band en Dolby Digital 5.1, le Sigma AMP5 exhibe ses « muscles » et son « cardio » avec de la puissance à revendre qui ne s’essouffle jamais. Le haut du spectre est éclatant et la limpidité des solos de trompette et de clarinette font oublier que l’on écoute un encodage Dolby Digital à travers un ampli de classe D. Surprise, c’est le bas du spectre qui n’affiche pas la même articulation, le même contrôle, le même aplomb que les meilleurs amplificateurs de classe A B (beaucoup plus chers) que j’ai eu la chance d’écouter. Petite hypothèse : les composantes passives utilisées pour filtrer la fréquence de commutation du stage d’amplification aug-mentent l’impédance de sortie de celui-ci et réduit par consé-quent le facteur d’amortissement.

Terminons avec The Lone Ranger en Blu-ray avec une trame sonore en DTS HD Master Audio 7.1. La poursuite en train du chapitre 21 est un test de torture avec les sept canaux utilisés au maximum. Même sans la gestion des basses fréquences activées, c’est puissance, puissance, puissance. L’alimentation ne bronche pas et l’époustouflante dynamique ne s’écrase jamais même à très haut volume. La bande sonore à la fois chargée et détaillée est mise en valeur grâce à la précision de l’équilibre tonal atteint avec tous les ajustements permis par le Sigma SSP.

La section vidéo est transparente. L’absence de conversion accélère la commutation entre les sources et semble mieux pré-server le synchronisme entre le son et l’image.

Pour terminer : à l’orée du très haut de gamme

J’ai vraiment beaucoup aimé cet ensemble Sigma. Le pro-cesseur offre vraiment toute la flexibilité dont on peut rêver et l’omission des branchements que la grande majorité n’utilisera jamais et qui simplifie grandement le panneau arrière se jus-tifie pleinement. Les performances audio multicanaux sont irréprochables et je ne pense pas que l’absence du décodage Dolby Atmos ou Aura-3D soit un facteur pour la clientèle cible de ces produits. Que dire de tous les menus de configuration et de calibration sinon que même s’ils demandent du temps, une certaine expertise et des instruments de mesure spécialisés, ils permettent d’obtenir des ajustements précis et probants. Des résultats que les revendeurs Classé se feront sûrement un plai-sir de vous aider à atteindre.

Côté amplification, Classé pousse la classe D vers de nou-veaux sommets. Si à certains égards on n’atteint pas le niveau des meilleurs amplis de classe AB, on s’en rapproche beaucoup à la moitié du prix et on gagne la guerre du poids et de l’effica-cité énergétique.

Entre un récepteur à 3 000 $ et un système à composantes séparées de 20 000 $, il y a une belle place pour la série Sigma. Classé propose un rapport performance-prix qui permettra à plusieurs audiophiles-cinéphiles de s’offrir un produit distinctif et de goûter au très haut de gamme.

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RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX

Préamplificateur-processeur multicanal Sigma SSPPrix : 5 000 $Garantie : 5 ans, pièces et main-d’œuvreAmplificateur 2 canaux Sigma AMP2Prix : 3 500 $Garantie : 5 ans, pièces et main-d’œuvreAmplificateur 5 canaux Sigma AMP5Prix : 5 000 $Garantie : 5 ans, pièces et main-d’œuvreFabricant-distributeur : Classé Audio Inc., Tél. : 514.636.6384, www.classeaudio.com

MédiagraphieYannick Nézet-Séguin, La Mer – Debussy, Britten, Mercure, Atma Classique, SACD22549Diana Krall, The Girl In The Other Room, Verve, 602498648247Gordon Goodwins’s Big Phat Band, Swingin’ For The Fences, Silverline DualDisc, 284107-2The THX Ultimate Demo Disc, THX Ltd., 2003Johnny Depp, The Lone Ranger (2013), Disney/Buena Vista, 11919/02