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CLASSEMENT 2018 DES 400 AGENCES D’ARCHITECTURE PAR CHIFFRE D’AFFAIRES SOIRÉE ANNUELLE DU MAGAZINE d’a MERCREDI 16 JANVIER 2019 AU 19 LCL

CLASSEMENT 2018 DES 400 AGENCES D’ARCHITECTURE PAR … · chiffre d’affaires déclaré. À la différence des éditions passées, nous avons choisi cette année de publier les

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CLASSEMENT 2018DES 400 AGENCES D’ARCHITECTURE PAR CHIFFRE D’AFFAIRES

PRIX DE VENTE : 60 EUROS TTC

SOIRÉE ANNUELLE DU MAGAZINE d’aMERCREDI 16 JANVIER 2019 AU 19 LCL

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SOIRÉE ANNUELLE DU MAGAZINE d’aMERCREDI 16 JANVIER 2019 AU 19 LCL

CLASSEMENT 2018DES 400 AGENCES D’ARCHITECTURE PAR CHIFFRE D’AFFAIRES

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2 D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018

La loi Elan a changé la donne. Jusqu’alors, le corpus législatif reconnaissait aux architectes leur capacité à conduire le chantier. Désormais, c’est à nous architectes de démontrer la pertinence de notre implication dans cette étape décisive du projet. Pour ce nouveau défi, j’ai souhaité que la MAF se positionne une fois encore en allié de notre profession. La MAF a créé la boîte à outils chantiers portée par la conviction que l’architecte doit conserver les missions de suivi de tous ses chantiers.

Un chantier n’est jamais une sinécure et l’inflation réglementaire et technique ne cesse de complexifier chacune de ses étapes. Nous nous retrouvons ainsi à jongler au quotidien avec un fouillis réglementaire et technique accablant. Mise en ligne en avril 2018 sur le site www.maf.fr, elle s’apparente à un guide pratique numérique en 23 chapitres. Elle aborde toutes les étapes, de la signature des marchés à la fin de la période de garantie de parfait achèvement, en passant par des problématiques telles que : les rôles des intervenants du chantier, l’immixtion du maître d’ouvrage, le devoir de conseil ou l’assurance. Tous les concepteurs pourront y trouver les outils méthodologiques et les modèles de documents nécessaires pour garder la maîtrise de leurs chantiers. Fondés sur les retours d’expérience de la profession et de juristes et des documents élaborés par un comité de rédaction composé d’architectes, de juristes de la MAF et d’avocats spécialisés, ils sont proposés à titre de modèle pour régler différentes situations selon les règles professionnelles en vigueur et mis à jour régulièrement.

Jean-Claude Martinez, président de la MAFJean-Claude Martinez, architecte, président de la MAF (Mutuelle des architectes français assurances)© MAF (Mutuelle des Architectes Français assurances) – Photographe : Ecliptique - Laurent Thion

Aider les architectes à garder la maîtrise du chantier

CLASSEMENT > LA MAF, PARTENAIRE DE LA SOIREE DU CLASSEMENT

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D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018 3

Véritable guide pratique numérique, la boîte à outils fournit à l’architecte et aux bureaux d’études les méthodes et modèles de document dont ils ont besoin pour garder la maîtrise de leurs chantiers. Elle leur permet de mieux appréhender le déroulement d’une opération de construction et d’anticiper les points importants

qu’il est nécessaire de vérifier pendant la construction d’un bâtiment.Ainsi, 23 chapitres élaborés par un comité de rédaction composé d’architectes, de juristes de la MAF et d’avocats spécialisés passent en revue les temps forts de la direction de chantier. Leurs contenus s’appuient sur la

réglementation et fourmillent de recommandations pour répondre aux situations complexes. Bien que ce ne soit sa vocation première, la Boîte à outils chantiers participe également à la prévention des sinistres par une gestion maîtrisée du chantier.

La boîte à outils chantiers MAF

Pascale Guédot.© MAF (Mutuelle des Architectes Français assurances) – Photographe : Ecliptique - Laurent Thion

Michel Klein.© MAF (Mutuelle des Architectes Français assurances) – Photographe : Tomoya Fujimoto

QUESTION À PASCALE GUÉDOTarchitecte et administrateur de la MAF

La pratique du chantier est-elle aujourd’hui risquée pour l’architecte ?

Si vous mettez trois architectes autour d’une table, vous constatez qu’ils ne procèdent pas de la même manière. Pour eux, les praticiens juristes de la MAF et des architectes ont défini les pratiques les plus fiables en répondant à des questions simples : comment établir le compte rendu de chantier ? Quelles sont les formes de réception de travaux ? Quelles sont les procédures de paiement ? À quel moment faut-il faire un ordre de service ? Etc.

Quelle recommandation contient ce guide par exemple ?

Les architectes doivent notamment écrire mieux pour se protéger dans un environnement toujours plus technique et désormais très juridique. Mais, en réalité, ils ne savent pas bien s’y prendre. À ce propos, le chapitre « Comment écrire au maître d’ouvrage ? » les guide dans la relation avec leur client.

QUESTION À MICHEL KLEINdirecteur des sinistres à la MAF

Que signifie concrètement « sécuriser le suivi de l’exécution des travaux » ?

Sécuriser, c’est donner les bonnes interprétations que l’on doit faire des textes. Dans sa Boîte à outils, la MAF fournit des conseils fiables sur les actions à accomplir en répondant à des questions simples : comment ça fonctionne ? Comment ça s’applique ? Et cela pendant toute la durée du chantier.

Quelle période couvre la Boîte à outils chantiers ?

Il s’agit de la période qui va de la signature des marchés à la fin de la période de garantie de parfait achèvement, en passant par des problématiques qui ne relèvent pas nécessairement des étapes du chantier, telles que les rôles des intervenants sur le chantier, l’immixtion du maître d’ouvrage, le devoir de conseil, ou l’assurance.

« La Boîte à outils prépare la reconquête du chantier »

« Avec la Boîte à outils, la MAF apporte des réponses fiables et pratiques»

Retrouvez la boîte à outils chantiers sur www.maf.fr

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CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISESpar Maryse Quinton

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1. Étude « Archigraphie 2018, Observatoire de la profession d’architecte », publiée en novembre 2017, réalisée par le CRÉDOC, sous la direction d’un comité de pilotage présidé par Elizabeth Gossart, conseillère nationale de l’Ordre des architectes.

Ci-dessus : résidence hôtelière, Paris Montparnasse, Suzel Brout, architecte (maîtrise d’ouvrage : Espaces ferroviaires).

Chaque année, d’a publie un tableau des agences d’architecture classées en fonction de leur chiffre d’affaires déclaré. À la différence des éditions passées, nous avons choisi cette année de publier les 400 premiers noms de ce classement. Face aux critiques qui peuvent parfois être formulées envers cet exercice, il nous faut insister pour rappeler que le critère retenu est exclusivement celui de la santé financière des agences et, en aucun cas, celui de la qualité architecturale. Un classement factuel qui suscite certes la polémique mais aussi l’intérêt des architectes qui sont finalement très peu nombreux à refuser d’en être.2018 a été marquée par l’adoption de la loi ELAN dont d’a s’est fait le relais tout au long de l’année. Une loi qui suscite l’inquiétude et la colère de la profession qui voit ses prérogatives mises à mal. Publiée par le CNOA, l’étude Archigraphie 20181 nous apprend que « l’évolution de la place de l’architecte au sein de la maîtrise d’œuvre constitue le défi principal à relever pour l’avenir. En effet, 77 % l’ont citée au moins une fois comme un des défis à relever pour leur profession. La complexification des processus de construction, l’émergence de nouvelles techniques de production et de matériaux ainsi que le poids des réglementations a conduit à un morcellement des tâches et une diversification des professions de la maîtrise d’œuvre. Alors qu’historiquement, les architectes possédaient, au sein de leur agence, l’ensemble des compétences économiques et techniques, un nombre croissant de ces missions sont aujourd’hui externalisées ». Le chantier figure parmi les missions qui, paradoxalement, échappent de plus en plus à l’architecte – une évolution encore impensable il y a peu. Alors que la Cité de l’architecture et du patrimoine consacre une exposition passionnante à l’imaginaire du chantier (voir p. 34), nous avons souhaité donner la parole aux architectes à l’occasion d’une table ronde.

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1. Étude « Archigraphie 2018, Observatoire de la profession d’architecte », publiée en novem

bre 2017, réalisée par le CRÉDOC, sous la direction

d’un comité de pilotage présidé par Elizabeth G

ossart, conseillère nationale de l’Ordre des architectes.

Ci-dessus : résidence hôtelière, Paris M

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aîtrise d’ouvrage : Espaces ferroviaires).

Chaque année, d’a publie un tableau des agences d’architecture classées en fonction de leur chiffre d’affaires déclaré. À la différence des éditions passées, nous avons choisi cette année de publier les 400 prem

iers noms de ce classem

ent. Face aux critiques qui peuvent parfois être form

ulées envers cet exercice, il nous faut insister pour rappeler que le critère retenu est exclusivem

ent celui de la santé financière des agences et, en aucun cas, celui de la qualité architecturale. Un classem

ent factuel qui suscite certes la polémique m

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ent très peu nombreux à refuser d’en être.

2018 a été marquée par l’adoption de la loi ELAN

dont d’a s’est fait le relais tout au long de l’année. Une loi qui suscite l’inquiétude et la colère de la profession qui voit ses prérogatives m

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al. Publiée par le CNO

A, l’étude Archigraphie 20181 nous apprend que « l’évolution de la place

de l’architecte au sein de la maîtrise d’œ

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i les missions qui, paradoxalem

ent, échappent de plus en plus à l’architecte – une évolution encore im

pensable il y a peu. Alors que la Cité de l’architecture et du patrimoine

consacre une exposition passionnante à l’imaginaire du chantier (voir p. 34), nous avons souhaité

donner la parole aux architectes à l’occasion d’une table ronde.

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6 D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018

174 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

Le 13 novembre dernier, à l’occasion d’une table ronde, les architectes Suzel Brout (aasb), Élise Giordano (Atelier Aïno), Christine Leconte (présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France), Valérie Nègre (architecte et historienne), François Noir (Corelo) et Ingrid Taillandier (ITAR) ont dialogué avec l’équipe de d’a, Emmanuel Caille (rédacteur en chef), Maryse Quinton et Agathe Viguier. L’occasion d’échanger autour du chantier, des diffé-rentes pratiques en la matière et des dérives qui inquiètent la profession quand l’archi-tecte tend à devenir indésirable sur le terrain.

Table ronde organisée par Maryse Quinton

D’a : L’année dernière, nous avons organisé une table ronde sur l’explosion de la com-mande privée (voir d’a 259). Parmi les consé-quences majeures de cette évolution, une ten-dance à exclure de plus en plus fréquemment l’architecte sur le chantier. Si certains s’en réjouissent, nombreux sont ceux qui s’en in-quiètent. Quel fut votre premier contact avec le chantier ?

Élise Giordano : Dès que nous sommes sorties de l’école, notre première envie fut de faire du chantier. L’enseignement était assez éloigné de la façon dont on construit. Pour mon mémoire de master, je m’étais intéressée à certains collectifs d’architectes qui jus-tement, pour avoir accès à la commande, réalisaient de petites structures qui leur permettaient de s’y confronter et d’apprendre à construire. Nous avons eu nos premiers projets dans le cadre familial ou ami-cal, ce qui nous a permis d’avoir directement accès au chantier à de petites échelles.Suzel Brout : Nous avons réalisé notre premier pro-jet avec Laura Carducci (groupe scolaire Alain-Savary à Évry en 1992) sans avoir jamais fait de chantier. Avant de m’installer, j’ai travaillé en agence mais on ne me donnait pas les chantiers à suivre. Nous avons appris sur le tas et passé deux ans à ne faire que ça. Nous étions sur un plateau avec d’autres architectes à qui on demandait des conseils, on n’était pas toutes seules et, dans ces moments, je me disais : c’est ça l’architecture. Ce n’était pas un fantasme. Tout à coup, il y avait 50 ouvriers qui construisaient ce que nous avions dessiné. C’est un sentiment incroyable à la fois de surpuissance et d’extrême modestie, parce

qu’on n’est évidemment pas tout seul. La création architecturale n’est pas l’œuvre d’un génie solitaire, nous sommes pris dans une aventure collective. Cette expérience du chantier permet de sortir de cette mythologie de l’architecte-artiste qui œuvre seul, de faire preuve d’humilité, car ce n’est pas nous qui construisons nous-mêmes nos projets. C’est par le chantier que je suis devenue architecte.Ingrid Taillandier : Je défends une position assez classique de la discipline. Je cite souvent la triade de Vitruve, « Utilitas, firmitas, venustas » (utilité, péren-nité et beauté) qui sont pour moi totalement imbri-quées. Sans ces relations intrinsèques entre ces trois notions, on perd une partie de notre discipline et de nos qualités d’architecte. Cette définition a toujours une vraie valeur au XXIe siècle, une vraie réalité. Il faut avoir fait du chantier pour se permettre de ne pas en faire. Si les agences n’en font plus, je ne vois pas comment nous allons pouvoir former les jeunes géné-rations. Ce n’est pas à l’école que l’on fait du chantier.Christine Leconte : Cette transmission entre les gé-nérations est extrêmement importante, et elle passe bien évidemment par le chantier.Suzel Brout : À l’agence, les stagiaires font du suivi de chantier. Certains ont horreur de ça, d’autres sont ravis ! Ils se révèlent.François Noir : Certains jeunes architectes sont d’emblée très à l’aise sur le chantier ; d’autres ont une relation problématique aux entrepreneurs, ou ne savent pas comment se positionner.Christine Leconte : C’est une belle opportunité pour les jeunes de se retrouver sur le chantier, c’est loin d’être la règle. Ils sont plus souvent à faire une 3D derrière un ordinateur.

Atelier Aïno, réhabilitation de la maison Francis-André à la Turbie, livrée en 2017 (maîtrise d’ouvrage privée) : construction d’un mur en pierre sèche par les participants du chantier-école encadré par un artisan murailler. DR

LE CHANTIER EN QUESTION : QUELLES STRATÉGIES POUR LES ARCHITECTES ?

174 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

Le 13 novembre dernier, à l’occasion d’une table ronde, les architectes Suzel Brout (aasb), Élise Giordano (Atelier Aïno), Christine Leconte (présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France), Valérie Nègre (architecte et historienne), François Noir (Corelo) et Ingrid Taillandier (ITAR) ont dialogué avec l’équipe de d’a, Emmanuel Caille (rédacteur en chef), Maryse Quinton et Agathe Viguier. L’occasion d’échanger autour du chantier, des diffé-rentes pratiques en la matière et des dérives qui inquiètent la profession quand l’archi-tecte tend à devenir indésirable sur le terrain.

Table ronde organisée par Maryse Quinton

D’a : L’année dernière, nous avons organisé une table ronde sur l’explosion de la com-mande privée (voir d’a 259). Parmi les consé-quences majeures de cette évolution, une ten-dance à exclure de plus en plus fréquemment l’architecte sur le chantier. Si certains s’en réjouissent, nombreux sont ceux qui s’en in-quiètent. Quel fut votre premier contact avec le chantier ?

Élise Giordano : Dès que nous sommes sorties de l’école, notre première envie fut de faire du chantier. L’enseignement était assez éloigné de la façon dont on construit. Pour mon mémoire de master, je m’étais intéressée à certains collectifs d’architectes qui jus-tement, pour avoir accès à la commande, réalisaient de petites structures qui leur permettaient de s’y confronter et d’apprendre à construire. Nous avons eu nos premiers projets dans le cadre familial ou ami-cal, ce qui nous a permis d’avoir directement accès au chantier à de petites échelles.Suzel Brout : Nous avons réalisé notre premier pro-jet avec Laura Carducci (groupe scolaire Alain-Savary à Évry en 1992) sans avoir jamais fait de chantier. Avant de m’installer, j’ai travaillé en agence mais on ne me donnait pas les chantiers à suivre. Nous avons appris sur le tas et passé deux ans à ne faire que ça. Nous étions sur un plateau avec d’autres architectes à qui on demandait des conseils, on n’était pas toutes seules et, dans ces moments, je me disais : c’est ça l’architecture. Ce n’était pas un fantasme. Tout à coup, il y avait 50 ouvriers qui construisaient ce que nous avions dessiné. C’est un sentiment incroyable à la fois de surpuissance et d’extrême modestie, parce

qu’on n’est évidemment pas tout seul. La création architecturale n’est pas l’œuvre d’un génie solitaire, nous sommes pris dans une aventure collective. Cette expérience du chantier permet de sortir de cette mythologie de l’architecte-artiste qui œuvre seul, de faire preuve d’humilité, car ce n’est pas nous qui construisons nous-mêmes nos projets. C’est par le chantier que je suis devenue architecte.Ingrid Taillandier : Je défends une position assez classique de la discipline. Je cite souvent la triade de Vitruve, « Utilitas, firmitas, venustas » (utilité, péren-nité et beauté) qui sont pour moi totalement imbri-quées. Sans ces relations intrinsèques entre ces trois notions, on perd une partie de notre discipline et de nos qualités d’architecte. Cette définition a toujours une vraie valeur au XXIe siècle, une vraie réalité. Il faut avoir fait du chantier pour se permettre de ne pas en faire. Si les agences n’en font plus, je ne vois pas comment nous allons pouvoir former les jeunes géné-rations. Ce n’est pas à l’école que l’on fait du chantier.Christine Leconte : Cette transmission entre les gé-nérations est extrêmement importante, et elle passe bien évidemment par le chantier.Suzel Brout : À l’agence, les stagiaires font du suivi de chantier. Certains ont horreur de ça, d’autres sont ravis ! Ils se révèlent.François Noir : Certains jeunes architectes sont d’emblée très à l’aise sur le chantier ; d’autres ont une relation problématique aux entrepreneurs, ou ne savent pas comment se positionner.Christine Leconte : C’est une belle opportunité pour les jeunes de se retrouver sur le chantier, c’est loin d’être la règle. Ils sont plus souvent à faire une 3D derrière un ordinateur.

Atelier Aïno, réhabilitation de la maison Francis-André à la Turbie, livrée en 2017 (maîtrise d’ouvrage privée) : construction d’un mur en pierre sèche par les participants du chantier-école encadré par un artisan murailler. DR

LE CHANTIER EN QUESTION : QUELLES STRATÉGIES POUR LES ARCHITECTES ?

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D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018 7

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« Cette expérience du chantier permet de sortir de cette mythologie de l’artiste-architecte qui œuvre seul, de faire preuve d’humilité »

Suzel Brout est architecte, récompensée par les AJAP en 1989 et le Prix de la première œuvre en 1992. Elle a créé l’agence aasb à Paris en 1995. Elle est architecte conseil de l’État en Haute-Corse depuis 2001. <www.suzelbrout.com>

Ingrid Taillandier : Est-ce que les écoles doivent être réformées ? Je ne sais pas, car à intégrer trop de réalités dans notre métier en conception, on risque de perdre de notre capacité à inventer. À l’agence, jusqu’à présent, celui qui a conçu le projet suit le chantier. Cette continuité est nécessaire parce que les projets s’inscrivent dans le temps long. Pourquoi nous avons fait tel ou tel choix ? Qu’est-ce qu’il est possible de lâcher ou non ? Quelles sont nos prio-rités ? C’est celui qui conçoit qui peut donner ces grandes lignes. Parce que, durant le chantier, les compromis sont inévitables. Il est impossible de tout imaginer en amont. Il faut travailler en collaboration avec les entreprises et les artisans, le dialogue est très important pendant cette phase. Je pense que la conception continue en chantier. Sur tous mes pro-jets, cela a été le cas.Suzel Brout : Je pense qu’un enseignement plus technique comme en Espagne, en Suisse ou dans les pays anglo-saxons ne serait pas mauvais pour les écoles d’architecture. On n’enlèverait pas le génie, au contraire. Tous les grands architectes se positionnent par rapport à la construction et cette position-là peut aussi s’apprendre et s’envisager à l’école. Notre métier est en train de se déqualifier. Nous avons perdu la technique et maintenant nous perdons les chantiers. Quant au rapport avec les entreprises et à la manière de construire, il y a des dysfonctionnements évidents. Un dossier de DCE n’est pas un dossier d’exécution. La conception est faite mais le dossier technique est très incomplet. L’entreprise arrive, elle chiffre, et en chiffrant elle évalue, elle optimise et elle variante pour donner le meilleur prix possible. La variante sur les chantiers est un point de conflit permanent entre

l’architecte et l’entreprise. Car avec la variante, l’entre-prise reprend une part de la conception. Nous sommes obligés de redessiner un projet comme si les études n’étaient pas vraiment valables. Actuellement trois types de BET interviennent sur un projet : celui de la maîtrise d’œuvre (qui donne les principes), celui de la maîtrise d’ouvrage (qui contrôle) et celui de l’entreprise qui recalcule et redimensionne. C’est une dilution de la technicité et des responsabilités. Il y a là une non-effi-cacité, une perte de temps, une perte d’argent.

D’a : Comment pallier cette déficience ?

Suzel Brout : Je rêve de projets en exécution, avec des BET très performants, bien payés – ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui – qui prennent leurs responsabilités, et qu’ensuite, l’entreprise exécute. Cela serait beaucoup plus simple et plus efficace. Chacun aurait son rôle. Si on veut gagner du temps et de l’argent, c’est là que ça devrait se jouer. Les plus gros sinistres que j’ai eus portaient sur les va-riantes que j’ai dû finalement accepter. Aujourd’hui, je cherche à construire de plus en plus en systèmes de préfabrication : c’est un choix constructif mais également une stratégie pour éviter les variantes, avoir une vraie synthèse et les meilleurs conducteurs de travaux. En bref : garder le plaisir du chantier et éviter le conflit.

D’a : Que nous enseigne l’histoire du chantier sur ces questions ?

Valérie Nègre : L’histoire du chantier est un do-maine en plein développement. Il m’intéresse car

j’ai une formation d’architecte ayant un peu exercé. Pour le moment, on connaît mal cette histoire du chantier, on ne sait pas très bien la manière dont les architectes travaillaient sur les chantiers autrefois. On a cette image de l’architecte vitruvien, reven-diquant la phase de conception d’une œuvre que d’autres mains vont réaliser pour lui. En réalité cette posture de la Renaissance a mis des siècles à se réaliser. Et parfois elle ne s’est jamais réalisée. Un architecte comme Scarpa, par exemple, n’a jamais pensé l’architecture de cette manière. Depuis tou-jours, il y a en réalité plusieurs attitudes par rap-port à l’exécution. Il y a ceux qui délèguent, comme Alberti, et ceux qui, comme Prouvé et Pouillon par exemple, s’impliquent dans la construction en créant leurs propres entreprises. Pour les grands chantiers publics, l’organisation administrative faisait que les architectes étaient nécessairement impliqués dans les chantiers. L’histoire nous montre qu’en sortant des Beaux-Arts, les architectes tra-vaillaient en agence où la hiérarchie faisait que l’ar-chitecte secondaire était celui qui assurait le suivi des chantiers. Avant de construire la bibliothèque Sainte-Geneviève, Henri Labrouste a ainsi passé plusieurs années comme chef de chantier de Félix Duban pour l’École de beaux-arts. À cette époque, les « inspecteurs » étaient sur le chantier tous les jours. Pas une fois par semaine, tous les jours ! Cette question du temps de présence sur le chantier doit nous interpeller.

D’a : De la même façon qu’aujourd’hui, il y a différentes manières d’envisager le métier d’architecte…

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8 D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018

176 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

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Christine Leconte : Nous sommes à un moment clé : qui est l’architecte du XXIe siècle ? Est-ce qu’il est juste directeur artistique, penseur d’une image de syn-thèse ou est-il celui qui va jusqu’au bout de son œuvre avec le courage que cela demande d’aller se confron-ter au réel ? Ce courage est fondamental dans l’acte créatif de l’architecte. Car lorsque l’on va jusqu’au bout de ce que l’on a dessiné, et donc, une fois que l’on a eu cette confrontation au chantier, au réel, notre façon de concevoir est forcément différente et plus affirmée. Aujourd’hui, surtout dans la promotion privée, on nous exclut du chantier et c’est un vrai pro-blème. Mais balayons devant notre porte, il y a aussi des architectes qui ne veulent plus faire de chantier, et cela pour plein de raisons : vision du métier, responsa-bilité, stress, aspect chronophage et économique de la mission… Toutes ces raisons sont recevables mais à terme confortent l’image d’un architecte-artiste, loin de la technique constructive, des matériaux, de l’éco-nomie et de la compréhension des enjeux quotidiens.Ingrid Taillandier : Il y a deux points qui me semblent essentiels. L’architecte a un vrai problème de visibilité : les gens ne croient plus que l’architecte sait faire du chantier. Il faut le prouver et cela peut passer par la médiatisation, ce que les ingénieurs et les entreprises savent très bien faire. Pourquoi pas nous ? Le deuxième point concerne l’économie. Comment comprendre les variantes de l’entreprise, pourquoi elle les propose, ce que cela va lui rapporter si on n’a pas fait de chantier ? La maîtrise de l’économie s’acquiert à travers le chan-tier, au fur et à mesure de nos expériences.Suzel Brout : Plus on résout de problèmes sur le chantier, plus on acquiert une connaissance des mises en œuvre, plus on apprend à dessiner autre-

ment nos projets, pour justement éviter que les pro-blèmes ne se reproduisent.

D’a : Comment l’architecte en est-il arrivé à être indésirable sur le chantier ?

Ingrid Taillandier : Pour faire le chantier en com-mande privée, il faut prouver nos compétences en la matière. L’image de l’architecte qui ne sait pas faire du chantier vient bien de quelque part. Il y a forcé-ment des architectes qui se désintéressent tellement du chantier que notre réputation en pâtit.François Noir : Pour que les promoteurs privés aient considéré qu’ils prenaient moins de risques en ne confiant pas les chantiers aux architectes, c’est qu’il a dû se passer des choses !Suzel Brout : Je n’arriverai jamais à être compéti-tive financièrement parlant face à un technicien que le promoteur peut embaucher pour suivre le chan-tier. Si je suis payée comme lui, je vais mal suivre mon chantier ou alors mon agence travaille à perte, auquel cas elle n’est pas crédible. Le nerf de la guerre, c’est le temps, mais surtout l’argent. Or, le différentiel d’honoraires est peu important comparé au coût global d’un bâtiment. Je ne crois pas que les bâtiments dont les chantiers ne sont pas suivis par les architectes soient mieux construits, dans les meil-leurs délais et avec moins de sinistres. L’économie est dérisoire. Cela devrait alerter les maîtres d’ouvrage et les décideurs et nous faire réfléchir, architectes, à réinvestir les domaines concrets, à prendre part à l’organisation des chantiers et à leur économie.François Noir : Je viens d’un monde où les archi-tectes faisaient tout dans les agences, du concours

au chantier. On a ensuite basculé dans un monde où les grandes maîtrises d’ouvrage préfèrent, pour des raisons que l’on peut discuter, avoir des maîtrises d’œuvre d’exécution qui dirigent les travaux. Petit à petit, il est vrai que l’architecte est dépossédé du chantier. Notre activité est de remettre l’architecte au cœur du chantier, de faire en sorte qu’il garde le pouvoir. Ce qui passe par une expertise spécifique que les architectes n’ont plus toujours et qui leur est déniée par les grandes maîtrises d’ouvrage qui s’in-terrogent : « Est-ce qu’ils arriveront à tenir l’écono-mie du chantier ? À éviter les contentieux avec l’en-treprise ? À gérer les variantes de façon satisfaisante pour tout le monde ? » Le chantier requiert un champ de compétences de plus en plus complexe. Il y a une augmentation des exigences des maîtrises d’ouvrage sur la gestion des chantiers qui est très difficile.Suzel Brout : Je ne comprends pas que certaines maîtrises d’ouvrage pensent que l’architecte n’a pas l’expertise vis-à-vis de l’argent, de l’économie, des visas, des variantes… D’ailleurs pourquoi les assu-reurs continuent d’assurer le chantier quand l’archi-tecte n’y met pas un pied ?François Noir : C’est la raison pour laquelle je pense que l’architecte doit faire le chantier. Les chantiers sans architectes ne fonctionnent pas. Il y a un risque d’appauvrissement du projet. Mais il y a une part de l’activité sur le chantier qu’il faut appré-hender avec précaution. Quand tu dis, Ingrid, que la conception continue pendant le chantier, je dirais les choses différemment. La conception se termine à l’attribution des marchés. C’est le travail du projet qui continue pendant toute la phase du chantier. Et je suis d’accord, il est essentiel.

Élise Giordano est architecte. Elle a créé l’atelier Aïno en 2016 à Marseille avec Charlotte Lovera et Louise Dubois. L’agence est lauréate des AJAP 2018. <www.atelier-aino.com>

« Il y a une différence entre la starchitecte qui se montre face caméra et notre quotidien où nous souhaitons simplement qu’on nous laisse la place pour exercer nos compétences sur le chantier »

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Le 13 novembre dernier, à l’occasion d’une table ronde, les architectes Suzel Brout (aasb), Élise Giordano (Atelier Aïno), Christine Leconte (présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France), Valérie Nègre (architecte et historienne), François Noir (Corelo) et Ingrid Taillandier (ITAR) ont dialogué avec l’équipe de d’a, Emmanuel Caille (rédacteur en chef), Maryse Quinton et Agathe Viguier. L’occasion d’échanger autour du chantier, des diffé-rentes pratiques en la matière et des dérives qui inquiètent la profession quand l’archi-tecte tend à devenir indésirable sur le terrain.

Table ronde organisée par Maryse Quinton

D’a : L’année dernière, nous avons organisé une table ronde sur l’explosion de la com-mande privée (voir d’a 259). Parmi les consé-quences majeures de cette évolution, une ten-dance à exclure de plus en plus fréquemment l’architecte sur le chantier. Si certains s’en réjouissent, nombreux sont ceux qui s’en in-quiètent. Quel fut votre premier contact avec le chantier ?

Élise Giordano : Dès que nous sommes sorties de l’école, notre première envie fut de faire du chantier. L’enseignement était assez éloigné de la façon dont on construit. Pour mon mémoire de master, je m’étais intéressée à certains collectifs d’architectes qui jus-tement, pour avoir accès à la commande, réalisaient de petites structures qui leur permettaient de s’y confronter et d’apprendre à construire. Nous avons eu nos premiers projets dans le cadre familial ou ami-cal, ce qui nous a permis d’avoir directement accès au chantier à de petites échelles.Suzel Brout : Nous avons réalisé notre premier pro-jet avec Laura Carducci (groupe scolaire Alain-Savary à Évry en 1992) sans avoir jamais fait de chantier. Avant de m’installer, j’ai travaillé en agence mais on ne me donnait pas les chantiers à suivre. Nous avons appris sur le tas et passé deux ans à ne faire que ça. Nous étions sur un plateau avec d’autres architectes à qui on demandait des conseils, on n’était pas toutes seules et, dans ces moments, je me disais : c’est ça l’architecture. Ce n’était pas un fantasme. Tout à coup, il y avait 50 ouvriers qui construisaient ce que nous avions dessiné. C’est un sentiment incroyable à la fois de surpuissance et d’extrême modestie, parce

qu’on n’est évidemment pas tout seul. La création architecturale n’est pas l’œuvre d’un génie solitaire, nous sommes pris dans une aventure collective. Cette expérience du chantier permet de sortir de cette mythologie de l’architecte-artiste qui œuvre seul, de faire preuve d’humilité, car ce n’est pas nous qui construisons nous-mêmes nos projets. C’est par le chantier que je suis devenue architecte.Ingrid Taillandier : Je défends une position assez classique de la discipline. Je cite souvent la triade de Vitruve, « Utilitas, firmitas, venustas » (utilité, péren-nité et beauté) qui sont pour moi totalement imbri-quées. Sans ces relations intrinsèques entre ces trois notions, on perd une partie de notre discipline et de nos qualités d’architecte. Cette définition a toujours une vraie valeur au XXIe siècle, une vraie réalité. Il faut avoir fait du chantier pour se permettre de ne pas en faire. Si les agences n’en font plus, je ne vois pas comment nous allons pouvoir former les jeunes géné-rations. Ce n’est pas à l’école que l’on fait du chantier.Christine Leconte : Cette transmission entre les gé-nérations est extrêmement importante, et elle passe bien évidemment par le chantier.Suzel Brout : À l’agence, les stagiaires font du suivi de chantier. Certains ont horreur de ça, d’autres sont ravis ! Ils se révèlent.François Noir : Certains jeunes architectes sont d’emblée très à l’aise sur le chantier ; d’autres ont une relation problématique aux entrepreneurs, ou ne savent pas comment se positionner.Christine Leconte : C’est une belle opportunité pour les jeunes de se retrouver sur le chantier, c’est loin d’être la règle. Ils sont plus souvent à faire une 3D derrière un ordinateur.

Atelier Aïno, réhabilitation de la maison Francis-André à la Turbie, livrée en 2017 (maîtrise d’ouvrage privée) : construction d’un mur en pierre sèche par les participants du chantier-école encadré par un artisan murailler. DR

LE CHANTIER EN QUESTION : QUELLES STRATÉGIES POUR LES ARCHITECTES ?

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Chez Valode et Pistre, nous avions accès à de grands marchés privés sur lesquels nous faisions très sou-vent les chantiers. Je dirigeais une cellule qui était spécialisée dans la direction de travaux, c’est-à-dire qui gérait ses relations parfois conflictuelles avec ses entreprises, tous les ordres de service, la gestion administrative, la sécurité sur le chantier, les relations avec le contrôleur technique, l’anticipation des com-missions de sécurité, etc. Tout ce qui demande une expertise particulière que l’on n’acquiert pas tout de suite. Parallèlement, il y avait une équipe de visa et de suivi de la conformité, composée de personnes qui avaient suivi les études, qui connaissaient le projet, son histoire, qui savaient ce qu’on pouvait accepter ou pas. Une séparation des activités peut-être un peu artificielle mais qui fonctionne plutôt bien. Gérer d’une part tout ce qui touche au projet et d’autre part tout ce qui touche à l’organisation du chantier. C’était un moyen efficace pour l’agence de contrer ces velléités des maîtrises d’ouvrage de retirer les architectes du chantier.Ingrid Taillandier : D’autant que nous n’avons pas tous cette culture de la gestion du conflit, du calen-drier…François Noir : Et de gestion du contrat ! « Quand est-ce que j’applique ou pas les pénalités de retard ? », « Que dire quand je reçois un courrier de l’entreprise qui a manifestement été fait par trois juristes qui pré-parent le coup d’après ? », « Comme réagir face à des variantes imposées de façon plus ou moins sau-vages ? » Toutes ces questions relèvent d’une exper-tise qui n’est pas innée pour les architectes.Christine Leconte : En ce moment se pose quand même la question d’évacuer potentiellement l’archi-

tecte de tous les types de chantier. Il faudrait se dire que même si ce n’est pas le même architecte qui suit la totalité du projet, la possibilité d’avoir d’autres missions existe, faites par d’autres architectes. La formation d’architecte mène à tous ces métiers-là. Nous ne sommes pas obligés de faire toutes les missions, nous pouvons fonctionner en binômes. Il n’est pas toujours judicieux de laisser ces missions à d’autres qui n’ont pas notre formation. Il est fonda-mental pour notre profession de réinvestir l’ensemble des missions que nous sommes capables de faire : programmation, étude urbaine, diagnostic, planifica-tion, chantier ou, pourquoi pas, accompagnement en maintenance.François Noir : Certains architectes pensent que le mieux placé pour défendre les dispositions du projet, c’est surtout un architecte qui n’a pas fait la concep-tion parce qu’il n’est pas attaqué sur ses choix. Il peut réagir froidement. Il y a effectivement plusieurs stra-tégies possibles.

D’a : Il y a plein de manières différentes de faire le projet. Pour défendre l’architecte sur le chantier, on ne peut pas le défendre d’une façon générale, mais bien par rapport à des rôles qui sont définis.

Valérie Nègre : C’est aussi ce que nous montre l’histoire. Chaque chantier est différent, en fonction de la localisation, et c’est important de ne pas le catégoriser. Si l’objectif est de replacer l’architecte au cœur du chantier, la formation pourrait être un moyen qui dépasse les points de vue divergents des architectes. Le chantier est un lieu où l’on apprend

beaucoup, c’est un lieu d’échange de savoirs, de savoir-faire mais aussi un théâtre social. On s’y trouve confronté à des gens avec lesquels on n’a pas l’habi-tude de dialoguer. Dans les écoles d’architecture, la manière dont on intègre l’exécution mériterait d’être repensée. N’est-il pas étrange d’enseigner l’architec-ture en considérant le matériau comme une variable ? Ne devrait-on pas toujours élaborer un projet en pen-sant d’abord à la nature du terrain et au matériau ? Le terrain ne reste-t-il pas encore trop souvent secon-daire comme à l’École des beaux-arts ?

D’a : Alors que les jeunes générations sont pourtant très demandeuses…

Christine Leconte : Un certain nombre de jeunes architectes s’installe en collectif et ne s’inscrit pas à l’Ordre. Ils vont construire dans l’espace public à petite échelle, ils ont besoin de toucher la matière, de se confronter au matériau. À l’école, il n’y a pas si longtemps encore, on dessinait des bâtiments en béton, comme s’il n’y avait pas d’autres possibilités !Ingrid Taillandier : À l’école de Versailles où j’enseigne, sans rentrer dans une réalité construc-tive du chantier, les étudiants apprennent très vite à concevoir des bâtiments avec différents types de matériaux et presque tous les étudiants, au bout de leurs études, arrivent à fabriquer quelque chose à l’échelle 1. Cela aiguise l’appétit.François Noir : Ce que reprochent les maîtres d’ou-vrage qui ne veulent pas donner le chantier, c’est en premier lieu le manque de savoir technique des archi-tectes. Les architectes belges ou espagnols ont un savoir infiniment supérieur aux architectes français.

Architecte et urbaniste, Christine Leconte est Présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France depuis le mois d’octobre 2017.

« La transmission entre les générations est extrêmement importante, et elle passe bien évidemment par le chantier »

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Il y a également un manque de savoirs réglemen-taires, mais aussi un manque certain d’appétence contractuelle. L’application des grandes options contractuelles sur le chantier n’est pas connue. C’est une décrédibilisation des architectes et une mésesti-mation de leur part pour les stratégies d’entreprises, les contraintes du maître d’ouvrage et d’un environ-nement complexe. En revanche, quand les archi-tectes savent gérer et comprendre ces contraintes, les maîtres d’ouvrage sont extrêmement contents de travailler avec eux.Suzel Brout : Et même les entreprises ! Quand il y a un problème pour construire quelque chose ou ré-soudre un détail particulier que l’entreprise ne com-prend pas, c’est l’architecte qui est appelé. Le chan-tier est bien le lieu de la résolution des détails. Que l’architecte n’intervienne pas dans les chantiers, c’est plutôt du fait du maître d’ouvrage ou de l’architecte même qui renonce. Mais en général, les entreprises ne sont pas contre les architectes.Christine Leconte : Cela prouve bien qu’il y a be-soin d’architectes partout, et pas seulement en maî-trise d’œuvre. La formation d’architecte ne forme pas que des maîtres d’œuvre. Mais toutes celles et ceux qui ont suivi un cursus d’architecte ont un langage commun. Car entre maîtrise d’ouvrage et architectes, nous nous reprochons mutuellement de ne pas nous comprendre. On ne nous explique pas le langage des uns en fin de formation d’architecte, et les écoles de commerce dont sortent parfois nos interlocuteurs ne forment évidemment pas à l’architecture.François Noir : Le chantier, c’est le fait de mettre en relation des gens qui n’ont rien à faire les uns avec les autres ! C’est d’autant plus vrai quand les maîtres

d’ouvrage privés sortent des écoles de commerce et peuvent avoir des approches extrêmement intéres-santes mais qu’il faut comprendre et, inversement, un savoir technique et constructif limité. Les entre-preneurs dialoguent avec les uns et les autres mais avec les architectes le plus possible, me semble-t-il.Élise Giordano : Ce n’est pas la même probléma-tique pour nous car nous n’avons jamais été confron-tées au chantier pour de la commande publique. Mais la question du temps de présence me semble essen-tielle. Lors de notre première expérience de chantier, nous étions sur place, nous avons eu l’opportunité de vivre à côté du chantier. On a tissé des liens de proxi-mité avec l’entreprise qui menait les travaux, on en a vu aussi les limites mais on a surtout vu la richesse de pouvoir expérimenter par les échanges.

D’a : Quelles limites ?

Élise Giordano : La prise de confiance jusqu’à la prise d’initiative remettait parfois en question la conception. À ce moment-là, nous n’étions plus tou-jours d’accord. Nous n’avons pas la même formation et nous n’avons pas la même vision de ce qui est bien ou non pour le projet. Une fois, nous avons dû demander de défaire les prises d’initiative car cela n’allait pas dans le sens du projet. Cette expérience de proximité nous a quand même permis d’enrichir nos propres propositions par le savoir-faire de l’entre-prise. Il s’agissait d’une maisonnette de campagne en ruine, à repenser avec une enveloppe budgétaire peu importante. Nous avons déposé les tuiles poreuses en les concassant sur place pour les réutiliser. Une partie a été réduite en poudre et, avec un pochoir,

nous avons appliqué cette poudre sur la dalle exté-rieure de la terrasse pour en faire un tapis décoratif. Le reste a été concassé pour faire un drain autour de la maison. Le site était contraint au niveau de l’accès et il était important pour nous de créer le moins de déchets possible. Nous avons expérimenté sur place, durant le temps du chantier avec le maître d’ouvrage.

D’a : Est-ce que quelqu’un d’autre que l’archi-tecte pourrait avoir cette idée ? Peut-il retrou-ver un savoir-faire avec ce type d’initiatives ?

Élise Giordano : Beaucoup d’entreprises sont en-gagées dans cette voie car elles ont tout intérêt à réinvestir les déchets. Ça peut être un gain d’argent. Pour nous, c’est une façon d’être frugal et de réinves-tir l’ornement de façon artisanale. On s’inscrit dans cette perspective et dans cette attitude, le rôle de l’architecte ou du designer est fondamental.Christine Leconte : Ce n’est pas uniquement la valeur économique mais aussi celle des enjeux so-ciaux et environnementaux. L’architecte à un vrai rôle à jouer depuis la conception jusqu’au chantier. On a consommé 36 fois plus de matériaux au XXe siècle que dans les trois siècles précédents. L’architecte n’est pas uniquement dans la conception. Il doit faire un diagnostic de ce qu’il y a sur place et avoir une vision de l’exécution des choses. La question du chantier est fondamentale pour conserver la dimen-sion de l’architecture dans la société, et ce d’autant plus au regard du contexte et des enjeux actuels de mutations sociales et environnementales.Élise Giordano : Il faut aussi faire le distinguo entre architecture neuve et réhabilitation. Sachant

Architecte de formation, Valérie Nègre est professeur d’histoire des techniques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est commissaire de l’exposition « L’art du chantier » présentée à la Cité de l’architecture et du patrimoine jusqu’au 11 mars 2019.

« Dans l’histoire, il y a ceux qui délèguent, comme Alberti, et ceux qui, comme Prouvé et Pouillon par exemple, s’impliquent dans la construction en créant leurs propres entreprises »

2 STYLES EN 1 SEULE CRÉATION

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Le 13 novembre dernier, à l’occasion d’une table ronde, les architectes Suzel Brout (aasb), Élise Giordano (Atelier Aïno), Christine Leconte (présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France), Valérie Nègre (architecte et historienne), François Noir (Corelo) et Ingrid Taillandier (ITAR) ont dialogué avec l’équipe de d’a, Emmanuel Caille (rédacteur en chef), Maryse Quinton et Agathe Viguier. L’occasion d’échanger autour du chantier, des diffé-rentes pratiques en la matière et des dérives qui inquiètent la profession quand l’archi-tecte tend à devenir indésirable sur le terrain.

Table ronde organisée par Maryse Quinton

D’a : L’année dernière, nous avons organisé une table ronde sur l’explosion de la com-mande privée (voir d’a 259). Parmi les consé-quences majeures de cette évolution, une ten-dance à exclure de plus en plus fréquemment l’architecte sur le chantier. Si certains s’en réjouissent, nombreux sont ceux qui s’en in-quiètent. Quel fut votre premier contact avec le chantier ?

Élise Giordano : Dès que nous sommes sorties de l’école, notre première envie fut de faire du chantier. L’enseignement était assez éloigné de la façon dont on construit. Pour mon mémoire de master, je m’étais intéressée à certains collectifs d’architectes qui jus-tement, pour avoir accès à la commande, réalisaient de petites structures qui leur permettaient de s’y confronter et d’apprendre à construire. Nous avons eu nos premiers projets dans le cadre familial ou ami-cal, ce qui nous a permis d’avoir directement accès au chantier à de petites échelles.Suzel Brout : Nous avons réalisé notre premier pro-jet avec Laura Carducci (groupe scolaire Alain-Savary à Évry en 1992) sans avoir jamais fait de chantier. Avant de m’installer, j’ai travaillé en agence mais on ne me donnait pas les chantiers à suivre. Nous avons appris sur le tas et passé deux ans à ne faire que ça. Nous étions sur un plateau avec d’autres architectes à qui on demandait des conseils, on n’était pas toutes seules et, dans ces moments, je me disais : c’est ça l’architecture. Ce n’était pas un fantasme. Tout à coup, il y avait 50 ouvriers qui construisaient ce que nous avions dessiné. C’est un sentiment incroyable à la fois de surpuissance et d’extrême modestie, parce

qu’on n’est évidemment pas tout seul. La création architecturale n’est pas l’œuvre d’un génie solitaire, nous sommes pris dans une aventure collective. Cette expérience du chantier permet de sortir de cette mythologie de l’architecte-artiste qui œuvre seul, de faire preuve d’humilité, car ce n’est pas nous qui construisons nous-mêmes nos projets. C’est par le chantier que je suis devenue architecte.Ingrid Taillandier : Je défends une position assez classique de la discipline. Je cite souvent la triade de Vitruve, « Utilitas, firmitas, venustas » (utilité, péren-nité et beauté) qui sont pour moi totalement imbri-quées. Sans ces relations intrinsèques entre ces trois notions, on perd une partie de notre discipline et de nos qualités d’architecte. Cette définition a toujours une vraie valeur au XXIe siècle, une vraie réalité. Il faut avoir fait du chantier pour se permettre de ne pas en faire. Si les agences n’en font plus, je ne vois pas comment nous allons pouvoir former les jeunes géné-rations. Ce n’est pas à l’école que l’on fait du chantier.Christine Leconte : Cette transmission entre les gé-nérations est extrêmement importante, et elle passe bien évidemment par le chantier.Suzel Brout : À l’agence, les stagiaires font du suivi de chantier. Certains ont horreur de ça, d’autres sont ravis ! Ils se révèlent.François Noir : Certains jeunes architectes sont d’emblée très à l’aise sur le chantier ; d’autres ont une relation problématique aux entrepreneurs, ou ne savent pas comment se positionner.Christine Leconte : C’est une belle opportunité pour les jeunes de se retrouver sur le chantier, c’est loin d’être la règle. Ils sont plus souvent à faire une 3D derrière un ordinateur.

Atelier Aïno, réhabilitation de la maison Francis-André à la Turbie, livrée en 2017 (maîtrise d’ouvrage privée) : construction d’un mur en pierre sèche par les participants du chantier-école encadré par un artisan murailler. DR

LE CHANTIER EN QUESTION : QUELLES STRATÉGIES POUR LES ARCHITECTES ?

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Avec Unica, Schneider Electric réinvente l’interrupteur pour en faire un véritable objet de décoration. La collection Unica Pure se décline en 5 textures authen-tiques. Son design moderne et inspiré, ses contours raffinés et ses matières inédites sublimeront le décor. Chacune des plaques vient épouser à la perfection le chevalet, signature de cette gamme. Unica a été conçue aussi bien pour le secteur résidentiel que tertiaire ; elle habillera à la perfection tous les espaces de vie d’un hôtel avec ses nombreuses fonctions adaptées, comme les interrupteurs à carte, les ports USB et RJ45 ou encore le variateur de lumière. Schneider Electric va plus loin et ajoute la haute technicité au design ; la gamme Unica propose des mécanismes connectés permettant de piloter les appareillages via Bluetooth grâce à la technologie Wiser. Elle est également compatible avec les standards domotiques KNX. schneider-electric.fr

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qu’à l’école, quand j’ai fait mes études, il n’y avait aucun cours sur la réhabilitation alors que nous étions en demande dès la première année. C’est très compliqué pour un architecte de faire un projet de réhabilitation sans être sur le chantier et sans avoir une bonne connaissance des ressources disponibles sur place.François Noir : La récupération est un immense enjeu mais qui nécessite de modifier complètement la manière d’aborder les choses.Christine Leconte : Les architectes peuvent très clairement faire du lobbying sur ces questions !Ingrid Taillandier : La marge de manœuvre pour expérimenter est faible… C’est assez édifiant de voir comme les contrats sont de plus en plus lourds entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre. Il est désormais écrit noir sur blanc que tout ce qui est mis en œuvre doit être sous avis technique. Tout le monde veut se protéger et cela ressurgit jusque dans nos contrats de maîtrise d’œuvre. Le recyclage devient compliqué dans ces conditions.Élise Giordano : Comment expliquez-vous ça ?François Noir : Toute la chaîne pousse vers ça. Les grands promoteurs ont besoin d’emprunts, les banquiers ne veulent pas de sinistres donc ils leur imposent d’écrire dans les contrats : « Tout est sous avis technique. » Pour les assurances, idem, ce sera plus cher ou plus compliqué si on s’aventure dans des ATEX. En bout de chaîne, l’architecte est face à son contrat où tout est sous avis technique. C’est très difficile de le contrer. Et néanmoins, il n’y a pas beau-coup moins de sinistres ! Les avis techniques sont un mantra contre les sinistres mais ça ne marche pas complètement.

D’a : Innover sur le chantier est donc de moins en moins possible…

Christine Leconte : La puissance publique a longtemps porté l’innovation. La loi ELAN rebat les cartes sur l’obligation contractuelle dans un certain nombre de marchés publics de travailler en mission complète de maîtrise d’œuvre, conception et exécu-tion. Ceci pose question : qui pourra encore porter l’innovation dans le futur ? Quelle est la philosophie actuelle en termes d’innovation ? Innovation gadget ou innovation reproductible répondant à des enjeux ou des objectifs précis ? Quand on réalise un ATEX, le but est tout de même qu’il soit reproductible. Or aujourd’hui, un promoteur freine à cause de l’assu-rance, des banques…François Noir : Dans les bilans d’opérations, le promoteur privé fait jouer les variables. De facto, ils s’interdisent eux-mêmes les procédures d’ATEX si le chantier ne peut être fait que dans un temps qui in-terdit ces procédures. Il ne suffit pas de dire de façon incantatoire qu’il faut expérimenter. C’est déjà plié bien en amont dans certains programmes.Ingrid Taillandier : Nous avons un projet commun avec François, la tour de logements de Batignolles conçue avec Fresh Architectures. Il était AMO tech-nique de notre maître d’ouvrage à un moment où le projet coinçait car nous voulions mettre le nez dans le processus de mise en œuvre. C’est en allant visiter l’usine de préfabrication à Angers que nous avons réussi à les convaincre alors que c’était un non définitif du promoteur. Cela concernait un mur préfabriqué isolé, l’avis technique s’arrêtait à R+9. Il fallait faire un ATEX et persuader du bien-fondé de

la préfabrication, une entreprise habituée au béton coulé en place. Mais cela a été un processus long et conflictuel.François Noir : Il a fallu convaincre le maître d’ou-vrage de l’intérêt de s’engager dans cette procédure longue et compliquée. Nous l’avons fait ensemble en lui montrant les avantages et les possibilités du produit. C’est vrai que la visite en usine qui a permis de voir et d’apprécier les choses a été déterminante.Ingrid Taillandier : Je reste convaincue comme Suzel que la préfabrication est une autre façon de maîtriser les détails, d’avoir des ouvriers qualifiés qui travaillent dans de meilleures conditions que les chantiers soumis aux intempéries et de réduire les nuisances en milieu urbain.

D’a : On constate également que le chantier est devenu un outil de communication pri-vilégié…

Valérie Nègre : L’histoire montre que les archi-tectes ont longtemps été réticents à se faire repré-senter sur les chantiers alors que, paradoxalement, ils s’y rendaient souvent. Cela change au XXe siècle. Le Corbusier, par exemple, comprend ce que cette médiatisation de l’image de l’architecte sur le chan-tier pourrait lui apporter. Parallèlement, c’est le moment où les artistes commencent à investir les chantiers qu’ils voient comme des lieux inspirants. Il est paradoxal de voir que l’architecte qui est sur le chantier n’est pas celui qui l’exploite le mieux. Les artistes nous montrent qu’ils aiment la poésie qui s’en dégage. Les architectes le voient d’abord comme un lieu de travail. Il faudrait qu’ils arrivent à mieux

Architecte de formation, François Noir a longtemps travaillé chez Valode et Pistre. Il codirige aujourd’hui Corelo, une structure double de conseil et de maîtrise d’œuvre d’exécution. Il est également expert auprès de la MAF. <www.corelo.fr>

« Le chantier requiert un champ de compétences de plus en plus complexe. Il y a une augmentation des exigences des maîtrises d’ouvrage sur la gestion des chantiers qui est très difficile »

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y faire valoir leurs compétences, à la fois pratiques et théoriques, techniques et esthétiques. L’exposition « L’art du chantier1 » montre que chantier est un lieu fascinant, et une activité à la fois politique, sociale et artistique. Cela serait dommage que les architectes n’en tirent pas profit.

D’a : D’autant plus que les entreprises savent très bien communiquer autour de leurs chan-tiers…

Ingrid Taillandier : Les grosses entreprises savent très bien jouer là-dessus et il y a des chantiers phare qui sont des usines à visites. Ce sont des stratégies et ils reçoivent énormément de monde. C’est un très bon outil de communication.Valérie Nègre : Quand on voit que les comman-ditaires et les entreprises investissent aujourd’hui le design du chantier souvent pour faire accepter ces nuisances qui sont mal perçues, il y a matière à réflé-chir. En 2014, un colloque a été organisé à Montréal sur ce thème, « Quel chantier ! Le design au secours des grands chantiers urbains », colloque qui s’inté-ressait aux manières dont on pouvait designer les chantiers. Que penser de cette tendance ? Faut-il y voir une réouverture du chantier à la ville et aux habitants, celui-ci s’étant progressivement retranché derrière des palissades infranchissables ? Une mar-chandisation de l’acte de bâtir ? Christine Leconte : Le chantier est un enjeu de sen-sibilisation à la construction de la ville. Cela touche tout le monde, depuis la petite enfance jusqu’à ceux qui veulent découvrir comment bouge leur environ-nement urbain. Le chantier ne se cache plus derrière

les barricades. C’est un bon moyen de réappropria-tion de la ville, dont les architectes doivent se saisir pour parler au grand public.Valérie Nègre : C’est très clairement une bonne façon de parler d’architecture au grand public.Élise Giordano : Actuellement, on aimerait juste-ment ouvrir le chantier d’un projet aux habitants. Le maître d’ouvrage souhaiterait pouvoir montrer la par-celle patrimoniale et, pourquoi pas, ouvrir le projet en amont du chantier, organiser un événement au sein du bâtiment… On peut aussi être force de propositions sur ces questions en même temps qu’être architecte. Notre rôle n’est pas que celui de dessiner des plans mais aussi de comprendre les aspects sociaux. Nous partageons la vision d’Encore Heureux présentée à la Biennale de Venise cette année, avec les Lieux infinis dans lesquels le projet inclut la vie et les interactions sociales permises ou impulsées pendant la transforma-tion du bâtiment. Il y a une différence entre la starchi-tecte qui se montre face caméra et notre quotidien où nous souhaitons simplement qu’on nous laisse la place pour exercer nos compétences sur le chantier.Christine Leconte : Toute la profession n’est pas obligée de sortir de l’ombre mais il faut sortir d’un isolement que nous pouvons parfois avoir. Il faut s’unir pour porter des messages communs.Ingrid Taillandier : On a tendance à isoler l’archi-tecte comme s’il travaillait seul. La loi ELAN stigma-tise l’architecte comme un empêcheur de tourner en rond, or il faut retrouver les moyens de montrer qu’on construit à plusieurs. Il faut consolider et défendre l’équipe de maîtrise d’œuvre et c’est ainsi que nous serons plus solides sur le chantier. Face à la maî-trise d’ouvrage, nous devons nous affirmer comme

une équipe compétente composée d’architectes, de paysagistes, d’ingénieurs, de spécialistes. Je ne sais pas comment faire mais si les écoles d’architecture se rapprochaient des écoles d’ingénieurs, avec des cours ou des workshops communs, avec des bureaux d’études qui puissent aussi bien faire des projets en conception que des plans d’EXE, on arrivera peut-être à mieux se parler.

D’a : Mais si les architectes perdent du ter-rain, c’est aussi parce que beaucoup d’entre eux ne savent pas le faire, voire ne veulent pas le faire. Ils sont quand même les grands responsables de cette dérive !

François Noir : Les maîtres d’ouvrage ont été échaudés par certains chantiers qui ont dérapé, ont connu des surcoûts ou des problèmes dans lesquels ils ont considéré, pas toujours à tort, que l’architecte avait une part de responsabilité. Une défiance s’est instaurée. Nous avons créé cette société de conseil aux architectes (Corelo Conseil) pour, à l’origine, sécuriser l’environnement des architectes et les dé-charger de tout ce qui n’était pas leur cœur de mé-tier : gestion des contrats, gestion d’agence, gestion financière… Nous avions clairement identifié pour la gestion et l’appréhension du chantier un besoin qui était au-delà de ce que nous avions imaginé. Nous nous sommes battus sur les honoraires des architectes pour qu’ils aient du temps à passer sur le chantier, qu’ils puissent ne pas limiter leur présence à une fois par semaine mais y aller plus souvent, péren-niser les équipes sur le chantier, disposer des outils et des procédures adaptées… Mais nous avons été

Tour de logements Allure à Paris-Batignolles, Ingrid Taillandier avec FRESH Architectures (maîtres d’ouvrage : OGIC et Demathieu Bard Immobilier).

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Le 13 novembre dernier, à l’occasion d’une table ronde, les architectes Suzel Brout (aasb), Élise Giordano (Atelier Aïno), Christine Leconte (présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France), Valérie Nègre (architecte et historienne), François Noir (Corelo) et Ingrid Taillandier (ITAR) ont dialogué avec l’équipe de d’a, Emmanuel Caille (rédacteur en chef), Maryse Quinton et Agathe Viguier. L’occasion d’échanger autour du chantier, des diffé-rentes pratiques en la matière et des dérives qui inquiètent la profession quand l’archi-tecte tend à devenir indésirable sur le terrain.

Table ronde organisée par Maryse Quinton

D’a : L’année dernière, nous avons organisé une table ronde sur l’explosion de la com-mande privée (voir d’a 259). Parmi les consé-quences majeures de cette évolution, une ten-dance à exclure de plus en plus fréquemment l’architecte sur le chantier. Si certains s’en réjouissent, nombreux sont ceux qui s’en in-quiètent. Quel fut votre premier contact avec le chantier ?

Élise Giordano : Dès que nous sommes sorties de l’école, notre première envie fut de faire du chantier. L’enseignement était assez éloigné de la façon dont on construit. Pour mon mémoire de master, je m’étais intéressée à certains collectifs d’architectes qui jus-tement, pour avoir accès à la commande, réalisaient de petites structures qui leur permettaient de s’y confronter et d’apprendre à construire. Nous avons eu nos premiers projets dans le cadre familial ou ami-cal, ce qui nous a permis d’avoir directement accès au chantier à de petites échelles.Suzel Brout : Nous avons réalisé notre premier pro-jet avec Laura Carducci (groupe scolaire Alain-Savary à Évry en 1992) sans avoir jamais fait de chantier. Avant de m’installer, j’ai travaillé en agence mais on ne me donnait pas les chantiers à suivre. Nous avons appris sur le tas et passé deux ans à ne faire que ça. Nous étions sur un plateau avec d’autres architectes à qui on demandait des conseils, on n’était pas toutes seules et, dans ces moments, je me disais : c’est ça l’architecture. Ce n’était pas un fantasme. Tout à coup, il y avait 50 ouvriers qui construisaient ce que nous avions dessiné. C’est un sentiment incroyable à la fois de surpuissance et d’extrême modestie, parce

qu’on n’est évidemment pas tout seul. La création architecturale n’est pas l’œuvre d’un génie solitaire, nous sommes pris dans une aventure collective. Cette expérience du chantier permet de sortir de cette mythologie de l’architecte-artiste qui œuvre seul, de faire preuve d’humilité, car ce n’est pas nous qui construisons nous-mêmes nos projets. C’est par le chantier que je suis devenue architecte.Ingrid Taillandier : Je défends une position assez classique de la discipline. Je cite souvent la triade de Vitruve, « Utilitas, firmitas, venustas » (utilité, péren-nité et beauté) qui sont pour moi totalement imbri-quées. Sans ces relations intrinsèques entre ces trois notions, on perd une partie de notre discipline et de nos qualités d’architecte. Cette définition a toujours une vraie valeur au XXIe siècle, une vraie réalité. Il faut avoir fait du chantier pour se permettre de ne pas en faire. Si les agences n’en font plus, je ne vois pas comment nous allons pouvoir former les jeunes géné-rations. Ce n’est pas à l’école que l’on fait du chantier.Christine Leconte : Cette transmission entre les gé-nérations est extrêmement importante, et elle passe bien évidemment par le chantier.Suzel Brout : À l’agence, les stagiaires font du suivi de chantier. Certains ont horreur de ça, d’autres sont ravis ! Ils se révèlent.François Noir : Certains jeunes architectes sont d’emblée très à l’aise sur le chantier ; d’autres ont une relation problématique aux entrepreneurs, ou ne savent pas comment se positionner.Christine Leconte : C’est une belle opportunité pour les jeunes de se retrouver sur le chantier, c’est loin d’être la règle. Ils sont plus souvent à faire une 3D derrière un ordinateur.

Atelier Aïno, réhabilitation de la maison Francis-André à la Turbie, livrée en 2017 (maîtrise d’ouvrage privée) : construction d’un mur en pierre sèche par les participants du chantier-école encadré par un artisan murailler. DR

LE CHANTIER EN QUESTION : QUELLES STRATÉGIES POUR LES ARCHITECTES ?

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également surpris du désintérêt d’une partie de nos clients pour cette question du chantier. « Les archi-tectes » ne forment pas une population homogène, cela ne veut pas dire grand-chose. Ingrid Taillandier : Sur la question du concours, c’est la même chose. Il n’y a pas de consensus.François Noir : Prenons l’exemple d’Herzog et de Meuron qui ne font pas tous leurs chantiers et tra-vaillent souvent avec des architectes locaux. Il n’em-pêche qu’ils ont un savoir technique et un savoir sur le chantier qui est infiniment supérieur à la moyenne.

D’a : Pour se permettre de ne pas faire de chantier, il faut d’abord en avoir fait et le maîtriser. C’est tout le paradoxe.

Christine Leconte : Oui, car être architecte, c’est avant tout un être un « créateur-constructeur », et non un directeur artistique.Élise Giordano : Pour nuancer cet aspect tech-nique, il y a quand même des champs dans l’archi-tecture assez larges. Par exemple, Sophie Ricard, qui travaillait chez Patrick Bouchain, est allée s’ins-taller sur le chantier à Boulogne-sur-Mer pour aller à la rencontre des habitants. C’est une autre façon de faire du chantier qui ne demande pas forcément beaucoup de compétences techniques approfondies, mais qui incite à échanger avec les habitants, à les accompagner en autoréalisation. Ce qui peut don-ner un projet tout aussi qualitatif, qui exige d’autres compétences, elles aussi liées à l’architecture, des aspects sociaux qu’on perdrait peut-être si on faisait des recrutements en école d’architecture, basés uni-quement sur un savoir-faire technique.

Valérie Nègre : Je pense que la technique n’a jamais empêché quelqu’un d’être créatif, c’est notre société qui oppose art et technique. On peut placer les questions sociales ou artistiques au cœur de son approche quand on est un technicien.Suzel Brout : Le chantier, c’est à chaque fois une aventure. C’est un temps et un lieu spécifique. Et c’est la raison d’être de notre métier. Nous dessinons nos projets dans la perspective de les construire.François Noir : Si tu ne t’occupes pas de la tech-nique, la technique s’occupe de toi. Si on chasse le savoir technique sous prétexte qu’on ne veut pas être pollué, ça finit souvent mal.Ingrid Taillandier : Il faudrait que les architectes qui ne veulent plus faire de chantier acceptent de faire de la sous-traitance de chantier.François Noir : C’est ce que nous proposons. C’est une configuration possible. Les architectes prennent la globalité de la mission et sous-traitent ce qu’ils ne veulent ou ne peuvent pas faire par manque de ressources. On s’occupe du reste et cela marche plu-tôt bien. Ils veulent juste qu’on leur crée un envi-ronnement sécurisé, favorable et bienveillant. Mais cela fonctionne aussi si l’on est membre cotraitant du groupement ou même en contrat direct avec le maître d’ouvrage.Suzel Brout : C’est bien sûr ce qu’on fait quand on s’associe sur des chantiers en région quand on sait qu’on ne pourra pas être suffisamment présent.

D’a : Comment les architectes peuvent-ils selon vous retrouver leur place perdue ?

Ingrid Taillandier : Retrouver des missions d’exé-

cution nous replacerait au centre et pourrait faire bouger les lignes.François Noir : L’exécution, c’est une culture géné-rale, qu’on trouve en Isère ou en Alsace par exemple. Les architectes ont l’habitude. Cette culture existe aussi dans les entreprises.Suzel Brout : Et il faut d’excellents partenaires tech-niques !François Noir : Pour les grandes missions d’exécu-tion que j’ai faites, le BET s’est contenté de pousser des solutions techniques un peu plus loin que le dos-sier PRO. Tout ce qui fait le sel du chantier, comment je fais des rotations de banches qui me font gagner du temps sur le chantier, comment je repère les usines de préfabrication dans la région, tout ceci n’est pas pris en compte par les ingénieries de maîtrise d’œuvre qui ne font que pousser une logique de maîtrise d’œuvre. Pour les entrepreneurs, une mission EXE réfléchit et prend en compte tous les aspects du chantier. Donc il ne suffit pas de dire qu’on veut les missions EXE, il y a toute une chaîne de compétences à revoir. ■

1. « L’art du chantier. Construire et démolir du 16e au 21e siècle »,

jusqu’au 11 mars 2019 à la Cité de l’architecture et du patrimoine

(voir article page 34).

D’a tient à remercier chaleureusement l’Ordre des archi-tectes d’Île-de-France, et plus particulièrement Christine Leconte, pour avoir accueilli cette table ronde à la Maison de l’architecture d’Île-de-France au Couvent des récollets à Paris.

Ingrid Taillandier est architecte. Elle a fondé ITAR en 2006 à Paris. Elle enseigne depuis 2005, d’abord à la Villette puis à l’École d’architecture de Versailles depuis 2011. <www.itar.fr>

« Si les agences ne font plus de chantier, je ne vois pas comment nous allons pouvoir former les jeunes générations. Ce n’est pas à l’école que l’on fait du chantier »

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CLASSEMENT 2018DES 400 AGENCES D’ARCHITECTURE PAR CHIFFRE D’AFFAIRES

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ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

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ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

01 AREP 75013 Paris 62000 80900 63500

02 RENZO PIANO BUILDING WORKSHOP

75004 Paris 41257 45939 44856

03 VALODE ET PISTRE 75007 Paris 36000 34000 35200

04 ATELIERS JEAN NOUVEL 75011 Paris 27313 25000 34000

05 CHABANNE + PARTENAIRES 69009 Lyon 30214 30858 30960

06 WILMOTTE & ASSOCIÉS 75012 Paris 27408 29496 29164

07 AIA LIFE DESIGNERS 75015 Paris 24723 25300 28293

08 BAUMSCHLAGER EBERLE 75003 Paris 17700 24559 24150

09 A26 ARCHITECTURES 75015 Paris 17677 20692 21549

10 PATRIARCHE 73370 Le Bourget-du-Lac

14314 15059 20066

11 KARDHAM CARDETE HUET ARCHITECTURE

31400 Toulouse 17890 18100 18800

12 SUD ARCHITECTES ASSOCIÉS 69009 Lyon 15500 17700 18200

13 GROUPE-6 75011 Paris 20000 20141 18004

14 JEAN-PAUL VIGUIER ET ASSOCIÉS

75013 Paris 12242 11518 17387

15 AS ARCHITECTURE STUDIO 75012 Paris 12642 15265 15452

16 ATELIERS 2/3/4/ 75012 Paris 9560 11005 14002

17 2PORTZAMPARC 75009 Paris 17080 15333 13695

18 ARTE CHARPENTIER ARCHITECTES

75002 Paris 11021 12299 13107

19 CALQ 75002 Paris 8837 10269 12947

20 STUDIOS ARCHITECTURE 75008 Paris 9846 11947 12590

21 RDAI (ARCH, INT, DÉCO) 75002 Paris 9615 11146 12194

22 MAJORELLE (ARCH, INT, DÉCO)

75009 Paris 10331 8147 11147

23 SCAU 75005 Paris 9614 11072 10886

24 STUDIOS D’ARCHITECTURE ORY & ASSOCIÉS

75007 Paris 8720 11965 10817

25 DGM ET ASSOCIÉS 92300 Levallois-Perret

7612 10531 10467

26 STUDIO JACQUES GARCIA (ARCH, INT, DÉCO)

75001 Paris 10829 7867 10444

27 GALERIE JOSEPH KARAM (ARCH, INT, DÉCO)

75116 Paris 4825 7004 10398

28 RICHEZ ASSOCIÉS 75011 Paris 12832 8736 10212

29 PROFIL DESIGN & STANDS 92110 Clichy 7558 7444 9567

30 REICHEN ROBERT ET ASSOCIÉS 75014 Paris 9334 10624 8776

31 AEA ARCHITECTES 67000 Strasbourg 8014 6752 8404

32 A+ ARCHITECTURE 34000 Montpellier 7100 7987 8278

33 FRANÇOIS LECLERCQ ARCHITECTES URBANISTES

75020 Paris 5600 6200 8100

34 ART & BUILD ARCHITECTES 75010 Paris 8250 8520 7980

35 BRENAC-GONZALEZ ET ASSOCIÉS

75002 Paris 6307 5696 7961

36 SACMA (ARCH, INT, DÉCO) 42000 Saint-Étienne

8903 9088 7686

37 ATAUB 76231 Bois-Guillaume

6994 6526 7639

38 ARCHIGROUP 69760 Limonest 6462 6836 7507

39 DTACC 75007 Paris 6809 7478 7364

40 MAES THIRION WINDELS 59000 Lille 8216 7007 7283

41 PIERRE-YVES ROCHON (ARCH, INT, DÉCO)

75008 Paris 7039 7204 7130

42 4 BI ET ASSOCIÉS - BRUNO MOINARD (ARCH, INT, DÉCO)

75008 Paris 4924 4439 7106

43 BLEZAT ARCHITECTURE INGÉNIERIE

75008 Paris 7600 7000 7000

44 LOBJOY-BOUVIER-BOISSEAU 92100 Boulogne-Billancourt

3834 5430 6926

45 LONSDALE (ARCH, INT, DÉCO) 75008 Paris 4383 11401 6788

46 PCA-STREAM 75003 Paris 4056 5097 6773

47 ERTIM ARCHITECTES 75005 Paris 5076 6280 6717

48 JACQUES FERRIER ARCHITECTURE

75014 Paris 6663 6681 6633

49 CRR ARCHITECTURE 63100 Clermont-Ferrand

5329 5616 6590

50 TANGRAM ARCHITECTES 13002 Marseille 5789 6260 6537

51 SRA ARCHITECTES 92320 Châtillon 5364 6158 6484

52 BRUNET SAUNIER ARCHITECTURE

75003 Paris 5810 6906 6463

53 LES ATELIERS 4+ 69003 Lyon 5417 5466 6430

54 CHAIX & MOREL ET ASSOCIÉS 75020 Paris 7582 5386 6414

55 ZUO 93100 Montreuil 4625 4755 6245

56 2BDM ARCHITECTES 75017 Paris 6620 7091 6240

57 AA GROUP 69003 Lyon 4468 5154 6153

58 ANMA 75010 Paris 8161 6436 6067

59 MASSIMILIANO FUKSAS 75003 Paris 7353 6496 5960

60 TAILLANDIER ARCHITECTES ASSOCIÉS

31300 Toulouse 3220 4710 5887

61 ARTEFACT ARCHITECTURES ET URBANISME

76000 Rouen 4038 5308 5845

62 MICHEL BEAUVAIS ET ASSOCIÉS

75015 Paris 4963 4889 5804

63 COLDEFY ET ASSOCIÉS 59000 Lille 2274 3152 5740

64 SOHO-ATLAS 69002 Lyon 3782 5560 5716

65 ENIA ARCHITECTES 93100 Montreuil-sous-Bois

3498 4346 5653

66 PATRICK JOUIN ET JOUIN MANKU (ARCH, INT, DÉCO)

75011 Paris – – 5643

67 D&A DEVILLERS ET ASSOCIÉS 75013 Paris 4578 4673 5596

68 AMELLER DUBOIS ET ASSOCIÉS 75012 Paris 3808 5090 5466

69 BRUNERIE ET IRISSOU ARCHITECTES

81000 Albi 5334 5329 5435

70 DIETMAR FEICHTINGER ARCHITECTES

93100 Montreuil 5169 – 5271

71 QUADRI FIORE ARCHITECTURE 92100 Boulogne-Billancourt

3500 4113 5265

72 ATELIER REC 31700 Blagnac 3390 3084 5072

73 ATEBAT 51510 Fagnières 3683 4212 5051

74 LAN ARCHITECTURE 75010 Paris 2782 3416 5021

75 ATELIER COS 75009 Paris 4362 3766 4904

76 MAP MARSEILLE ARCHITECTURE PARTENAIRES

13002 Marseille 4921 4897 4903

77 TLR ARCHITECTURE ET ASSOCIÉS

33800 Bordeaux 4017 4034 4874

78 DRLW ARCHITECTES 68200 Mulhouse 3800 3900 4785

79 L35 ARQUITECTOS 75011 Paris 5895 4890 4778

80 GILLES ET BOISSIER (ARCH, INT, DÉCO)

75008 Paris 3441 4991 4774

81 B. ARCHITECTURE 75001 Paris 5569 5161 4679

82 OCTANT ARCHITECTURE 76100 Rouen 3616 3914 4635

83 CONTEXTE 78000 Versailles 1999 – 4629

84 AVANTPROPOS 59000 Lille 3482 4005 4600

Page 16: CLASSEMENT 2018 DES 400 AGENCES D’ARCHITECTURE PAR … · chiffre d’affaires déclaré. À la différence des éditions passées, nous avons choisi cette année de publier les

16 D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

190 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

RAN

G

ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

RAN

G

ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

85 CHRISTOPHE BIDAUD 76000 Rouen 3632 4146 4578

86 ARUA ARCHITECTES 31300 Toulouse 3493 4705 4531

87 FRANÇOIS VIEILLECROZE 83990 Saint-Tropez 4655 5411 4493

88 DHA 75001 Paris 3950 4330 4450

89 BROCHET / LAJUS / PUEYO 33300 Bordeaux 3965 – 4440

90 CHARTIER DALIX 75011 Paris 3365 3238 4348

91 HARDEL ET LE BIHAN ARCHITECTES

75010 Paris 1953 2585 4270

92 OSLO ARCHITECTES 67300 Schiltigheim 2500 3019 4248

93 MP & A 75017 Paris 4630 4822 4240

94 FORMA 6 44000 Nantes 3950 3959 4183

95 BOUCHAUD ARCHITECTES 75011 Paris 1665 2247 4150

96 LCR ARCHITECTES 31130 Balma 3588 3875 4039

97 BVL ARCHITECTURE 75007 Paris 3410 3106 4021

98 CUSSAC ARCHITECTES 75013 Paris 3013 3223 4014

99 MOON SAFARI 33000 Bordeaux 1278 1906 3945

100 ATELIERS 115 ARCHITECTES 92100 Boulogne-Billancourt

4155 2850 3893

101 AER ARCHITECTES 74000 Annecy 3089 3437 3811

102 ARQUITECTONICA 75009 Paris – 7443 3744

103 VALERO GADAN 75003 Paris 3586 4395 3738

104 FRANÇOIS DE ALEXANDRIS 75015 Paris 2982 3754 3703

105 FRESH ARCHITECTURE 75011 Paris – 2277 3701

106 UNANIME ARCHITECTES 69007 Lyon 4688 4445 3691

107 LEIBAR ET SEIGNEURIN 64100 Bayonne 3496 3063 3689

108 FRÉDÉRIC ROLLAND 49100 Angers 3255 3111 3682

109 SÉQUENCES 31000 Toulouse 2382 2656 3665

110 ARCHI5 PROD 93100 Montreuil 3002 3933 3661

111 XAVIER CARTRON (ARCH, INT, DÉCO)

75018 Paris 3493 2770 3607

112 COBE ARCHITECTURE ET PAYSAGE

75014 Paris 2004 2809 3592

113 PASCAL MERZ 31130 Quint-Fonsegrives

1556 2213 3577

114 DERBESSE, DELPLANQUE ET ASSOCIÉS

75014 Paris 3685 3841 3568

115 CHAMBAUD ARCHITECTES 71000 Macon 3670 3539 3563

116 AXEL SCHOENERT ARCHITECTES

75001 Paris 3374 3442 3549

117 FRANÇOIS CHATILLON ARCHITECTE

01210 Ferney-Voltaire

3117 3468 3528

118 ADVENTO 33600 Pessac – 2894 3504

119 FRANKLIN AZZI 75002 Paris 2982 4029 3477

120 AW2 75006 Paris 3082 3146 3463

121 EGA ERIK GIUDICE ARCHITECTS

75011 Paris – – 3432

122 MAISON ÉDOUARD FRANÇOIS 75011 Paris 1902 2697 3392

123 RELIEF ARCHITECTURE (ESCUDIE FERMAUT)

59200 Tourcoing 3005 3025 3381

124 DVVD 75013 Paris 7043 5957 3357

125 THIERRY LANCTUIT 92100 Boulogne-Billancourt

2929 3032 3351

126 L’ATELIER ARCHITECTES 97400 Saint-Denis 3219 3575 3347

127 TVK TREVELO ET VIGER-KOHLER 75020 Paris 3239 3264 3341

128 STUDIO MHNA (ARCH, INT, DÉCO)

75011 Paris 2710 2814 3340

129 CASTRO DENISSOF ASSOCIÉS 75020 Paris 3485 3598 3314

130 BBC ET ASSOCIÉS 69120 Vaulx-en-Velin

1844 2911 3308

131 SYNTHESE (ARCH, INT, DÉCO) 73190 Challes-les-Eaux

2820 3500 3307

132 ANTHONY BECHU 75015 Paris 3742 3198 3278

133 PARTENAIRES ARCHITECTES 92150 Suresnes 2232 2009 3253

134 GOULARD BRABANT LOÏEZ 59700 Marcq -en-Barœul

1800 2154 3245

135 INTERNATIONAL D’ARCHITECTURE

75019 Paris 2167 – 3241

136 GAUTIER CONQUET 69006 Lyon 2601 2344 3227

137 CÉDRIC VIGNERON 92100 Boulogne-Billancourt

2649 2746 3227

138 THALES ARCHITECTURES 67300 Schiltigheim 2036 2175 3200

139 EXPLORATIONS ARCHITECTURE 75010 Paris 1702 2159 3187

140 GIOVANNI PACE 51100 Reims 3031 3233 3147

141 EMMANUEL COMBAREL DOMINIQUE MARREC

75001 Paris 4440 4678 3131

142 BRIÈRE ARCHITECTES 74940 Annecy 2766 2927 3125

143 L’HEUDÉ ET ASSOCIÉS ARCHITECTES

45100 Orléans 2671 3089 3098

144 AGENCE SEARCH 75012 Paris 1202 1643 3088

145 PAD ARCHITECTES 85100 Les Sables-D’Olonne

2703 2770 3076

146 AI PROJECT 13010 Marseille 2959 2747 3075

147 ARCHITECTONIA 92150 Suresnes 1763 1975 3047

148 TOA ARCHITECTES ASSOCIÉS 93100 Montreuil 3203 2320 3030

149 DARAGON CHEYSSON 74200 Thonon-les-Bains

2388 2672 3021

150 SEURA 75011 Paris 3272 3156 3013

151 ATELIERS LION ASSOCIÉS 75014 Paris 3689 3795 3010

152 REY LUCQUET ET ASSOCIÉS 67100 Strasbourg 2500 2613 3009

153 AGENCE COSTE ARCHITECTURES

78550 Houdan 3100 3850 3006

154 ARCHIPEL 41 93390 Clichy -sous-Bois

2504 2542 2995

155 VURPAS ARCHITECTES 69005 Lyon 3008 2853 2994

156 SAHUC ET KATCHOURA 75003 Paris 2520 2813 2963

157 AU*M ARCHITECTES 42300 Roanne 2479 2839 2959

158 AGENCE WILLIAM GOHIER ASSOCIÉS

35000 Rennes 2688 3135 2954

159 IN FINE 69009 Lyon 2595 3138 2907

160 TERTIAM 75017 Paris 3250 3128 2887

161 DAQUIN ET FERRIÈRE ARCHITECTURE

93100 Montreuil 2867 2997 2867

162 STUDIO ARCH 73372 Le Bourget-du-Lac

2171 2505 2852

163 S’PACE 94200 Ivry-sur-Seine 2765 2365 2818

164 TETRARC 44200 Nantes 2185 2051 2816

165 CHRISTIAN GIRAT 94300 Vincennes 2800 2975 2814

166 BOYELDIEU DEHAENE ARCHITECTES

59000 Lille 2983 3162 2804

167 ATELIER NOVEMBRE 75011 Paris 1911 2245 2802

168 ARCHIPOLE 35000 Rennes – 2453 2790

169 GAËTAN LE PENHUEL 75002 Paris 3105 2647 2747

170 BARTHÉLÉMY GRINO ARCHITECTES

75011 Paris 2515 2404 2726

171 DOMINIQUE COULON ET ASSOCIÉS

67000 Strasbourg 1909 2832 2706

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174 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

Le 13 novembre dernier, à l’occasion d’une table ronde, les architectes Suzel Brout (aasb), Élise Giordano (Atelier Aïno), Christine Leconte (présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France), Valérie Nègre (architecte et historienne), François Noir (Corelo) et Ingrid Taillandier (ITAR) ont dialogué avec l’équipe de d’a, Emmanuel Caille (rédacteur en chef), Maryse Quinton et Agathe Viguier. L’occasion d’échanger autour du chantier, des diffé-rentes pratiques en la matière et des dérives qui inquiètent la profession quand l’archi-tecte tend à devenir indésirable sur le terrain.

Table ronde organisée par Maryse Quinton

D’a : L’année dernière, nous avons organisé une table ronde sur l’explosion de la com-mande privée (voir d’a 259). Parmi les consé-quences majeures de cette évolution, une ten-dance à exclure de plus en plus fréquemment l’architecte sur le chantier. Si certains s’en réjouissent, nombreux sont ceux qui s’en in-quiètent. Quel fut votre premier contact avec le chantier ?

Élise Giordano : Dès que nous sommes sorties de l’école, notre première envie fut de faire du chantier. L’enseignement était assez éloigné de la façon dont on construit. Pour mon mémoire de master, je m’étais intéressée à certains collectifs d’architectes qui jus-tement, pour avoir accès à la commande, réalisaient de petites structures qui leur permettaient de s’y confronter et d’apprendre à construire. Nous avons eu nos premiers projets dans le cadre familial ou ami-cal, ce qui nous a permis d’avoir directement accès au chantier à de petites échelles.Suzel Brout : Nous avons réalisé notre premier pro-jet avec Laura Carducci (groupe scolaire Alain-Savary à Évry en 1992) sans avoir jamais fait de chantier. Avant de m’installer, j’ai travaillé en agence mais on ne me donnait pas les chantiers à suivre. Nous avons appris sur le tas et passé deux ans à ne faire que ça. Nous étions sur un plateau avec d’autres architectes à qui on demandait des conseils, on n’était pas toutes seules et, dans ces moments, je me disais : c’est ça l’architecture. Ce n’était pas un fantasme. Tout à coup, il y avait 50 ouvriers qui construisaient ce que nous avions dessiné. C’est un sentiment incroyable à la fois de surpuissance et d’extrême modestie, parce

qu’on n’est évidemment pas tout seul. La création architecturale n’est pas l’œuvre d’un génie solitaire, nous sommes pris dans une aventure collective. Cette expérience du chantier permet de sortir de cette mythologie de l’architecte-artiste qui œuvre seul, de faire preuve d’humilité, car ce n’est pas nous qui construisons nous-mêmes nos projets. C’est par le chantier que je suis devenue architecte.Ingrid Taillandier : Je défends une position assez classique de la discipline. Je cite souvent la triade de Vitruve, « Utilitas, firmitas, venustas » (utilité, péren-nité et beauté) qui sont pour moi totalement imbri-quées. Sans ces relations intrinsèques entre ces trois notions, on perd une partie de notre discipline et de nos qualités d’architecte. Cette définition a toujours une vraie valeur au XXIe siècle, une vraie réalité. Il faut avoir fait du chantier pour se permettre de ne pas en faire. Si les agences n’en font plus, je ne vois pas comment nous allons pouvoir former les jeunes géné-rations. Ce n’est pas à l’école que l’on fait du chantier.Christine Leconte : Cette transmission entre les gé-nérations est extrêmement importante, et elle passe bien évidemment par le chantier.Suzel Brout : À l’agence, les stagiaires font du suivi de chantier. Certains ont horreur de ça, d’autres sont ravis ! Ils se révèlent.François Noir : Certains jeunes architectes sont d’emblée très à l’aise sur le chantier ; d’autres ont une relation problématique aux entrepreneurs, ou ne savent pas comment se positionner.Christine Leconte : C’est une belle opportunité pour les jeunes de se retrouver sur le chantier, c’est loin d’être la règle. Ils sont plus souvent à faire une 3D derrière un ordinateur.

Atelier Aïno, réhabilitation de la maison Francis-André à la Turbie, livrée en 2017 (maîtrise d’ouvrage privée) : construction d’un mur en pierre sèche par les participants du chantier-école encadré par un artisan murailler. DR

LE CHANTIER EN QUESTION : QUELLES STRATÉGIES POUR LES ARCHITECTES ?

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D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018 17

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

192 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

RAN

G

ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

RAN

G

ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

172 CAMBORDE ARCHITECTES 64320 Bizanos 1850 2673 2696

173 ATELIER DU PONT 75012 Paris 2020 2080 2693

174 A/LTA TASSOT LE TRIONNAIRE

35000 Rennes 1952 1985 2687

175 HUBERT GODET 92400 Courbevoie 1604 1815 2647

176 FRANÇOIS DE LA SERRE 47550 Boé 1702 2113 2620

177 TRIADE 79000 Niort – – 2600

178 GERA ARCHITECTES 92800 Puteaux 3009 2513 2600

179 SYNTHESE ARCHITECTURE 94110 Arcueil 3313 2853 2583

180 AADA ATELIERS D’ARCHITECTURE DELANNOY ET ASSOCIÉS

62200 Boulogne-Sur-Mer

1968 2175 2567

181 CIMAISE ARCHITECTES 42000 Saint-Étienne 2225 2140 2535

182 GOES-PERON ARCHITECTES 94160 Saint-Mandé 678 2218 2535

183 ATELIERS JEAN-FRANÇOIS MARTINIE

31300 Toulouse 2582 3034 2530

184 ARCHIBUILD 75017 Paris 2200 2344 2500

185 JEAN-PASCAL CLÉMENT 83700 Saint-Raphaël

2774 2500 2489

186 IVARS ET BALLET 37000 Tours 2749 2157 2481

187 ATELIER D’ARCHITECTURE KING KONG

33300 Bordeaux – 1755 2476

188 FARCOT ET ASSOCIÉS 75008 Paris 1824 2239 2470

189 ARCHICRÉA DP 77100 Meaux – – 2468

190 PPA PUIG PUJOL ET ASSOCIÉS 31000 Toulouse 1493 1765 2462

191 AGENCE ARCHI CONCEPT 66000 Perpignan 2019 2152 2456

192 TECTONIQUES 69003 Lyon 1896 1813 2438

193 JEAN-PIERRE LOTT 75001 Paris 1921 1917 2431

194 BADIA BERGER ARCHITECTES 75003 Paris 2291 1898 2425

195 4A 33700 Mérignac 2431 2431 2417

196 BDVA ARCHITECTES 75014 Paris 2769 2796 2412

197 IN SITU ARCHITECTURE & ENVIRONNEMENT

44000 Nantes 2113 2525 2410

198 ATELIER THIERRY ROCHE ET ASSOCIÉS

69160 Tassin -la-Demi-Lune

2159 2232 2408

199 ÉRIC GIUSTI ET ANTOINE VERSINI

20000 Ajaccio – 2229 2397

200 CADENCE 75010 Paris 2276 2601 2395

201 LAMBERT LENACK ARCHITECTES

75010 Paris 1456 1734 2394

202 STUDIO D’ARCHITECTURE FLORENT MAKO

74100 Ville-La-Grand

2289 2279 2381

203 AFAA ARCHITECTURE 69003 Lyon 1753 2343 2378

204 NICOT ARCHITECTE 35000 Rennes – – 2362

205 DNS DUPONT NICOLAY ARCHITECTES

75017 Paris – – 2362

206 JEAN AMOYAL 76600 Le Havre 2616 3238 2354

207 ARCANE CONCEPT (ARCH, INT, DÉCO)

94340 Joinville -le-Pont

2073 2410 2353

208 AXIS ARCHITECTURE 10000 Troyes 2309 2453 2352

209 HB ARCHITECTES ASSOCIÉS 75011 Paris 2817 3025 2343

210 TRACE ARCHITECTES 59510 Hem 1680 2076 2340

211 H & A ARCHITECTURE 78300 Poissy 1900 2083 2333

212 ESPAGNO MILANI ARCHITECTES

31000 Toulouse 1551 1669 2325

213 NOMADE ARCHITECTES 75013 Paris 2340 2325 2325

214 FRES ARCHITECTES 75013 Paris 1645 2978 2302

215 VIGNEU ET ZILIO 31000 Toulouse 1632 2082 2290

216 L’ATELIER 127 69100 Villeurbanne 1741 1953 2285

217 NICOLAS LAISNÉ ARCHITECTE 93100 Montreuil – 2202 2269

218 ARCHETUDE 60000 Beauvais 2585 2104 2268

219 ELLEBOODE ARCHITECTURE 75005 Paris 2165 2275 2264

220 BRUNO DUMETIER 69006 Lyon 1739 2116 2250

221 HTVS ARCHITECTURE 69009 Lyon 2370 2275 2239

222 AAMCO ARCHITECTURES 69100 Villeurbanne 1800 1221 2235

223 TANK ARCHITECTES 59000 Lille 2016 5096 2231

224 CRÉATURE 45000 Orléans 1899 1776 2208

225 PARALLÈLES ARCHITECTURE 37000 Tours 2450 2150 2200

226 MAAC / LES ARCHITECTES CVZ 75014 Paris 3773 2807 2198

227 GP ARCHITECTES 60520 La Chapelle-en-Serval

2226 1959 2193

228 PATRICK SCHWEITZER & ASSOCIÉS

67000 Strasbourg 1765 2012 2187

229 DEBARD DAVID LE CORVEC 56100 Lorient 1336 1776 2186

230 EPICURIA ARCHITECTES 75008 Paris 1516 1840 2185

231 PETITDIDIER PRIOUX 75011 Paris 2102 2457 2184

232 ATELIER FERRET ARCHITECTURES

33100 Bordeaux 2363 1495 2164

233 ARCANE ARCHITECTES 38000 Grenoble 1976 2043 2152

234 ABC ARCHITECTES 06270 Villeneuve-Loubet

1607 1847 2147

235 PALISSAD ARCHITECTURES 75013 Paris 1906 2186 2137

236 ARCHI ET PARTNERS INTERNATIONAL

06250 Mougins 1844 2020 2132

237 A3A 84120 Pertuis – – 2131

238 ATELIER PHILÉAS 75012 Paris – – 2128

239 ATELIER EMPREINTE 13600 La Ciotat 2127

240 ARCHIGRIFF 31400 Toulouse 1713 1983 2126

241 TOURRE SANCHIS ARCHITECTURE

34000 Montpellier – 2323 2124

242 TOURRET JONERY ARCHITECTES

69005 Lyon – 2000 2122

243 BPA ARCHITECTURE 34070 Montpellier 2577 2320 2112

244 ARPEN ARCHITECTURE PAYSAGE

68200 Mulhouse 1748 1938 2106

245 LOCI ANIMA ARCHITECTURE 75018 Paris 2401 1800 2100

246 OMLB ARCHITECTURE 34760 Boujan-sur-Libron

1628 1727 2099

247 ARCHITECTES CÔTE D’AZUR 06200 Nice 1572 2038 2095

248 POISSONNIER FERRAN 13016 Marseille – 2113 2093

249 ATELIER ZÜNDEL CRISTEA 75013 Paris 2014 1706 2084

250 AGENCE PELLEAU ET ASSOCIÉS

85000 La Roche-Sur-Yon

1680 1816 2078

251 ATLANTE ARCHITECTES 59650 Villeneuve-D’Ascq

2381 2121 2074

252 GROUPEMENT D’ARCHITECTES GD’A

75013 Paris – – 2073

253 ATELIER D’ARCHITECTURE BPM 33800 Bordeaux – 1960 2070

254 CRO & CO ARCHITECTURE 75005 Paris 1702 2026 2069

255 LES ARCHITECTES ASSOCIÉS 06230 Saint-Jean-Cap-Ferrat

2756 2531 2065

256 BROSSY & ASSOCIÉS 75011 Paris 2572 2468 2029

257 AXEL LETELLIER ARCHITECTURE 31000 Toulouse 1870 1895 2021

258 JULIEN RIVAT ET ENGIBAT 42100 Saint-Étienne 1796 1625 2010

259 FRADIN WECK ARCHITECTURE 13100 Aix-en-Provence

1695 2189 2007

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Page 18: CLASSEMENT 2018 DES 400 AGENCES D’ARCHITECTURE PAR … · chiffre d’affaires déclaré. À la différence des éditions passées, nous avons choisi cette année de publier les

18 D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

194 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

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ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

RAN

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ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

260 HESSAMFAR & VÉRONS ARCHIT. ASSOC

33000 Bordeaux – – 2006

261 ESPACE ARCHITECTURE 57500 Saint-Avold 1514 2080 2002

262 IDEA ARCHITECTES 44000 Nantes 2315 2321 2000

263 ARVAL 60800 Crépy-en-Valois

1541 1802 1998

264 MATTE DEVAUX ROUSSEAU 34000 Montpellier – 1995 1989

265 ARTEXIA 75001 Paris 1584 1975 1975

266 AAPP PHILIPPE PROST 75002 Paris 1352 1508 1975

267 UBIK (STARCK) (ARCH, INT, DÉCO)

75016 Paris – – 1975

268 DUPONT-NICOLAY-RATTIER ARCHITECTURE

14200 Hérouville-Saint-Clair

– – 1965

269 AGENCE AA 79000 Niort 2338 2008 1960

270 BLUTEAU ET NASSIF 13400 Aubagne 1836 1756 1955

271 DAUDRE-VIGNIER ET ASSOCIÉS 75013 Paris 1694 1953 1953

272 PADW PELLEGRINO ASSOCIÉS DESIGN

44000 Nantes 1921 2218 1950

273 WEBER ET KEILING 67000 Strasbourg 1800 1790 1950

274 AEC ARCHITECTURE 75020 Paris 2079 2082 1950

275 SOCIÉTÉ D’ARCHITECTURE BOITTE

41200 Romorantin-Lanthenay

1738 1749 1943

276 FRANCIS DIANA AAD 31000 Toulouse 1567 1906 1941

277 MEIGNAN ENGASSER PERAUD 35921 Rennes 1718 1868 1939

278 ATELIER DU CANAL 35000 Rennes 1770 1803 1923

279 SERAU 75010 Paris 3260 2549 1923

280 THIENOT BALLAN ZULAICA 51100 Reims 2032 2113 1922

281 GARBIT ET BLONDEAU 69005 Lyon 2798 2349 1916

282 PARIS & ASSOCIÉS ARCHITECTES

38200 Vienne 1782 1781 1914

283 TECHNI ARCHITECTURE 13008 Marseille 2555 2515 1900

284 DEGW FRANCE 75013 Paris 1728 1907 1898

285 IN SITU ARCHITECTES 59300 Valenciennes 1616 2120 1890

286 BTA ARCHITECTES 75004 Paris 1315 1860 1877

287 SCENARIO-ARA 62223 Saint-Laurent-Blangy

1757 1841 1858

288 AAVP 75011 Paris 1302 1589 1857

289 FRANÇOIS FONTÈS 34000 Montpellier 2056 1503 1853

290 CLCT ARCHITECTES 75009 Paris 1650 1650 1850

291 CHRISTOPHE ROUSSELLE 75002 Paris – – 1848

292 ARCHITECTURE & TERRITOIRE 38000 Grenoble 2406 1663 1839

293 YM ARCHITECTURE 75116 Paris – 1636 1838

294 A5A ARCHITECTES 75013 Paris 1709 1536 1807

295 ATELIER XAVIER BOHL 83310 Cogolin 1065 1045 1800

296 DHD BILLARD DURAND 14280 Saint-Contest 2084 – 1789

297 ART RÉALISATIONS 92130 Issy-les-Moulineaux

1672 1602 1788

298 3A ARCHITECTES ASSOCIÉS 13010 Marseille 1061 1461 1787

299 3A ARCHITECTURE 76530 Grand-Couronne

1061 1461 1787

300 CRESPY AUMONT ARCHITECTES

49000 Angers 1291 1699 1781

301 BOUCHET ARCHITECTURE 42160 Andrézieux-Bouthéon

2173 – 1777

302 TEKHNÊ 69008 Lyon 1350 1678 1776

303 ATELIER M3 75006 Paris – 1515 1774

304 ATELIER FGA FRANÇOIS GUIBERT ARC

33800 Bordeaux 1493 1504 1769

305 BLP ARCHITECTES 51000 Reims 1459 1621 1767

306 GPAA 44200 Nantes 1598 2169 1765

307 DE ALZUA+ 59000 Lille 2038 2038 1761

308 VICTOR ET JULIEN ARCHITECTES

76000 Rouen 1589 1667 1760

309 LAIR ET ROYNETTE ARCHITECTES

75009 Paris 1740 1600 1759

310 3A2U 75012 Paris – – 1750

311 ARCHI CONCEPT EUROPE 33700 Mérignac 1603 – 1747

312 ATELIER AGOPYAN 92160 Antony 1918 1946 1745

313 MICHEL GRZESZCZAK 51000 Chalons -en-Champagne

1631 1610 1724

314 AGREGA ARCHITECTES 69007 Lyon 715 1261 1721

315 A&B ARCHITECTES 75004 Paris 1709 1609 1701

316 ANDRÉ & MOULET ARCHITECTURE

54000 Nancy 1404 1386 1691

317 MÛRISSERIE PARENT + RACHDI 44000 Nantes 1627 1608 1690

318 PAINDAVOINE PARMENTIER ARCHITECTE

59650 Villeneuve-D’Ascq

1782 1670 1690

319 AROTCHAREN 64100 Bayonne 1180 1287 1681

320 AGENCE HUBERT SALADIN ARCHITECTE

33300 Lormont 1253 1551 1678

321 AADI 64121 Serres-Castet 1455 1565 1660

322 AXP URBICUS 78000 Versailles 1330 – 1656

323 CLÉMENT VERGÉLY ARCHITECTES

69002 Lyon 1006 1333 1652

324 STUDIO D’ARCHITECTURE GALLIOT-VANNIER

91350 Grigny – – 1650

325 ATELIER D’ARCHITECTURE ALAIN JAN

92600 Asnières-sur-Seine

1740 1534 1636

326 PHILIPPE RUBIO ARCHITECTES 34070 Montpellier 1227 1287 1634

327 OUTSIGN 75002 Paris – 3097 1632

328 HYPHEN ARCHI 75005 Paris – – 1630

329 Z ARCHITECTURE 69002 Lyon 1030 1405 1617

330 ATELIER 3A 07400 Le Teil 1568 1628 1611

331 ALTER EGO 75020 Paris 1322 1511 1610

332 DENU & PARADON 67000 Strasbourg 1879 1613 1605

333 331 CORNICHE ARCHITECTES 13007 Marseille 1598 1607 1603

334 AGENCE JACQUES ROUGERIE 75008 Paris – – 1594

335 ATELIER ARCAU 56000 Vannes 1588 1650 1573

336 RAYSSAC 11100 Narbonne – 1365 1569

337 TREUTTEL GARCIAS TREUTTEL FICHOU

75020 Paris – 1871 1564

338 GILCH KALK GILCH 67205 Oberhausbergen

1637 1611 1560

339 SÉMÉIO ARCHITECTURE 93100 Montreuil 1525 1482 1559

340 SOA ARCHITECTES 75011 Paris 1920 1904 1553

341 ATELIER ACONCEPT 91000 Évry 830 1100 1550

342 PATEY ARCHITECTES 73000 Chambéry 1131 1507 1527

343 BIK ARCHITECTURE GRAND EST

67960 Entzheim 1319 – 1515

344 AACD 27200 Vernon 2026 1669 1513

345 BLAQ ARCHITECTURES 59260 Hellemmes - Lille Métropole

1371 – 1511

346 AGENCE BEST 91230 Montgeron 1179 1175 1511

347 BRUNET ARCHITECTES 49100 Angers 1345 1372 1504

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174 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

Le 13 novembre dernier, à l’occasion d’une table ronde, les architectes Suzel Brout (aasb), Élise Giordano (Atelier Aïno), Christine Leconte (présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France), Valérie Nègre (architecte et historienne), François Noir (Corelo) et Ingrid Taillandier (ITAR) ont dialogué avec l’équipe de d’a, Emmanuel Caille (rédacteur en chef), Maryse Quinton et Agathe Viguier. L’occasion d’échanger autour du chantier, des diffé-rentes pratiques en la matière et des dérives qui inquiètent la profession quand l’archi-tecte tend à devenir indésirable sur le terrain.

Table ronde organisée par Maryse Quinton

D’a : L’année dernière, nous avons organisé une table ronde sur l’explosion de la com-mande privée (voir d’a 259). Parmi les consé-quences majeures de cette évolution, une ten-dance à exclure de plus en plus fréquemment l’architecte sur le chantier. Si certains s’en réjouissent, nombreux sont ceux qui s’en in-quiètent. Quel fut votre premier contact avec le chantier ?

Élise Giordano : Dès que nous sommes sorties de l’école, notre première envie fut de faire du chantier. L’enseignement était assez éloigné de la façon dont on construit. Pour mon mémoire de master, je m’étais intéressée à certains collectifs d’architectes qui jus-tement, pour avoir accès à la commande, réalisaient de petites structures qui leur permettaient de s’y confronter et d’apprendre à construire. Nous avons eu nos premiers projets dans le cadre familial ou ami-cal, ce qui nous a permis d’avoir directement accès au chantier à de petites échelles.Suzel Brout : Nous avons réalisé notre premier pro-jet avec Laura Carducci (groupe scolaire Alain-Savary à Évry en 1992) sans avoir jamais fait de chantier. Avant de m’installer, j’ai travaillé en agence mais on ne me donnait pas les chantiers à suivre. Nous avons appris sur le tas et passé deux ans à ne faire que ça. Nous étions sur un plateau avec d’autres architectes à qui on demandait des conseils, on n’était pas toutes seules et, dans ces moments, je me disais : c’est ça l’architecture. Ce n’était pas un fantasme. Tout à coup, il y avait 50 ouvriers qui construisaient ce que nous avions dessiné. C’est un sentiment incroyable à la fois de surpuissance et d’extrême modestie, parce

qu’on n’est évidemment pas tout seul. La création architecturale n’est pas l’œuvre d’un génie solitaire, nous sommes pris dans une aventure collective. Cette expérience du chantier permet de sortir de cette mythologie de l’architecte-artiste qui œuvre seul, de faire preuve d’humilité, car ce n’est pas nous qui construisons nous-mêmes nos projets. C’est par le chantier que je suis devenue architecte.Ingrid Taillandier : Je défends une position assez classique de la discipline. Je cite souvent la triade de Vitruve, « Utilitas, firmitas, venustas » (utilité, péren-nité et beauté) qui sont pour moi totalement imbri-quées. Sans ces relations intrinsèques entre ces trois notions, on perd une partie de notre discipline et de nos qualités d’architecte. Cette définition a toujours une vraie valeur au XXIe siècle, une vraie réalité. Il faut avoir fait du chantier pour se permettre de ne pas en faire. Si les agences n’en font plus, je ne vois pas comment nous allons pouvoir former les jeunes géné-rations. Ce n’est pas à l’école que l’on fait du chantier.Christine Leconte : Cette transmission entre les gé-nérations est extrêmement importante, et elle passe bien évidemment par le chantier.Suzel Brout : À l’agence, les stagiaires font du suivi de chantier. Certains ont horreur de ça, d’autres sont ravis ! Ils se révèlent.François Noir : Certains jeunes architectes sont d’emblée très à l’aise sur le chantier ; d’autres ont une relation problématique aux entrepreneurs, ou ne savent pas comment se positionner.Christine Leconte : C’est une belle opportunité pour les jeunes de se retrouver sur le chantier, c’est loin d’être la règle. Ils sont plus souvent à faire une 3D derrière un ordinateur.

Atelier Aïno, réhabilitation de la maison Francis-André à la Turbie, livrée en 2017 (maîtrise d’ouvrage privée) : construction d’un mur en pierre sèche par les participants du chantier-école encadré par un artisan murailler. DR

LE CHANTIER EN QUESTION : QUELLES STRATÉGIES POUR LES ARCHITECTES ?

Page 19: CLASSEMENT 2018 DES 400 AGENCES D’ARCHITECTURE PAR … · chiffre d’affaires déclaré. À la différence des éditions passées, nous avons choisi cette année de publier les

D’ARCHITECTURES - CLASSEMENT 2018 19

CLASSEMENT > CLASSEMENT PAR CHIFFRE D’AFFAIRES DES 400 PREMIÈRES AGENCES FRANÇAISES

196 D’ARCHITECTURES 268 – DÉCEMBRE 2018 / FÉVRIER 2019

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ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

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ADRESSE CHIFFRE D’AFFAIRESen milliers d'euros

2015 2016 2017

AGENCE

348 ATTEA 77220 Tournan-en-Brie

– 1398 1502

349 C2A - ARCHITECTES & INGÉNIERIE

75009 Paris 1613 1454 1491

350 ATE 77000 Vaux-le-Pénil

1683 1652 1491

351 CABINET LARIGAUDRY 93100 Montreuil 1240 1397 1490

352 BÉAL & BLANCKAERT 59000 Lille 1600 1439 1483

353 MY ARCHITECTES SOUVIRON-LACOMBE

31000 Toulouse – 1131 1473

354 URBAN ARCHITECTES 97420 Le Port 2258 – 1449

355 HBM ARCHITECTES 12000 Rodez 1015 1248 1442

356 AUTRET GILBERT ARCHITECTURE

45160 Olivet 1505 1279 1441

357 CABINET BOISROUX 50000 Cherbourg – 1369 1424

358 JEAN-FRANÇOIS SCHMIT ARCHITECTES

75013 Paris – 1033 1418

359 ROCHETEAU SAILLARD 44000 Nantes 2249 1825 1414

360 VDDT ARCHITECTES 59800 Lille 1160 1387 1409

361 BARRÉ LAMBOT ARCHITECTES 44000 Nantes 1529 1438 1406

362 DWA ARCHITECTES 69007 Lyon 1692 1475 1405

363 CIANFAGLIONE GRAVEREAUX 75013 Paris 1552 1599 1401

364 L’AGENCE VERSIONS (ARCH, INT, DÉCO)

78000 Versailles 1620 – 1400

365 LOUVEL ET ASSOCIÉS 35500 Vitré – 1653 1386

366 BRIENNE DETREZ DARLOY ATRIUM

59500 Douai 1484 1394 1372

367 AAUPC CHAVANNES ET ASSOCIÉS

75011 Paris 1573 1421 1351

368 ENZO & ROSSO 31600 Muret 1045 – 1346

369 TOMASINI DESIGN ARCHITECTURE

38000 Grenoble 1137 1054 1342

370 2AD ARCHITECTURE 92310 Sèvres 1554 1342 1321

371 AKTIS ARCHITECTURE ET URBANISME

38000 Grenoble 1433 1316 1316

372 ATELIER 4 PARIS 75020 Paris 1324 1210 1312

373 ATELIER GASNIER GOSSART 80000 Amiens 1324 1293 1312

374 CARATY ET POUPART-LAFARGE

37000 Tours 1830 974 1294

375 ATIC ARCHITECTES 78000 Versailles 1174 1359 1293

376 ATELIER D’ARCHITECTURE ARCADIA

13300 Salon -de-Provence

1164 1283 1274

377 BRUHAT & BOUCHAUDY 63100 Clermont-Ferrand

1893 1584 1268

378 AZ ARCHITECTURE 76000 Rouen 1346 1205 1265

379 CHABAL ARCHITECTES 38000 Grenoble 1576 1033 1252

380 AGENCE DND 75012 Paris 997 1030 1252

381 LUC WEIZMANN 75011 Paris 1657 1516 1244

382 3A IDF 94230 Cachan 1498 1220 1221

383 DOMINIQUE LYON 75020 Paris – 1004 1206

384 LBL & ASSOCIÉS 56300 Pontivy 1693 1524 1202

385 DUCHIER + PIETRA ARCHITECTES

83130 La Garde 1146 1317 1200

386 JEAN DUBROUS 33260 La Teste-de-Buch

1150 – 1191

387 ATELIER AR-CHÈ 69006 Lyon – 1122 1181

388 L’ATELIER ARCHITECTES 69140 Rillieux-la-Pape

1369 1298 1177

389 MARIAN RUBIO ARCHITECTE 35700 Rennes 996 1006 1176

390 BLEHER ARCHITECTES 56420 Plumelec 1220 1243 1164

391 ADQUATIO 75003 Paris 1971 1739 1152

392 XXL ATELIER 42000 Saint-Étienne

2892 1148 1130

393 AMPLITUDE 38000 Grenoble 1452 – 1100

394 E.T.A.R.I 69200 Venissieux – – 1068

395 ARCHITECTURE MALACAN ET MARTRES

31000 Toulouse 1084 1111 1065

396 TUKANA ARCHITECTURE 92200 Neuilly-sur-Seine

1083 1608 1047

397 INTÉGRAL LIPSKY+ROLLET 75019 Paris – 1111 1015

398 BEHREND RAMONDT 75010 Paris 1117 – 1008

COMMENT EST RÉALISÉE L’ENQUÊTE POUR DRESSER LE TABLEAU DES 400 AGENCES CLASSÉES PAR CHIFFRE D’AFFAIRES ?

Le tableau des 400 premières agences de France est établi à partir des chiffres fournis par la société Archiliste, qui a sélectionné 1 000 agences d’architecture parmi les 20 000 recensées dans sa base de données. Ont été retenues les agences ayant déclaré au moins 1 million d’euros de chiffre d’affaires. Une recherche sur Infogreffe doublée d’un courrier adressé aux agences a renseigné la colonne « chiffre d’affaires ». C’est ce critère, à l’exclusion de tout autre, qui établit ce clas-sement ne prétendant nullement constituer un palmarès de la qualité architecturale. Nous estimons que, malgré toutes les précautions prises, quelques agences échappent au clas-sement. Sans compter celles qui n’ont ni pu-blié leurs comptes, ni souhaité répondre aux sollicitations d’Archiliste. Elles sont de fait absentes d’un tableau où elles auraient leur place. Les cases vides du classement corres-pondent aux CA qui, pour différentes raisons, ne nous ont pas été communiqués.Si les paysagistes ne figurent pas dans le clas-sement, les agences d’architecture intérieure et de décoration en font partie, différenciées par (arch, int, déco).Les cases vides du classement correspondent aux CA qui, pour différentes raisons, ne nous ont pas été communiqués

Vous souhaitez figurer dans le classement l’année prochaine ? Contacter : [email protected] d’informations sur www.archiliste.fr.

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